Face à la crise climatique et aux engagements internationaux, la transition vers un modèle économique « bas carbone » devient une priorité. Si le mécanisme ouvre des perspectives pour le secteur privé, sa mise en place au Mali pose encore des défis. C’est l’enjeu de la 5ème édition du Forum pour le développement durable (FDD), organisé par le Centre international pour le conseil et la formation (CICF) les 24 et 25 juin 2025 à Bamako.
Axé sur le thème « Le marché du carbone, une opportunité pour le secteur privé », le forum réunit institutions publiques, entreprises, bailleurs et experts pour une stratégie adaptée au contexte malien et à ses contraintes économiques et institutionnelles spécifiques. Il vise à mobiliser les acteurs économiques autour du développement bas carbone, en mettant l’accent sur la sensibilisation des entreprises aux impacts économiques, l’analyse du cadre réglementaire et les conditions d’engagement du secteur privé. Innovation et technologies vertes sont identifiées comme leviers.
À ce jour, les projets de cuisson propre au Mali ont déjà généré plus de 1,4 million de tonnes de crédits carbone certifiés, selon Climate Focus, preuve de la faisabilité d’un marché carbone structuré et de l’intérêt croissant des bailleurs pour ce type d’initiatives vertueuses. Le potentiel malien est considérable, dans un secteur mondial estimé à 2,7 milliards de dollars en 2024 pour 430 millions de tonnes de CO₂ échangées.
Développement responsable
Le marché carbone européen lancé en 2005 repose sur un système de quotas d’émissions : les entreprises qui polluent moins que le seuil alloué peuvent vendre leur excédent à celles qui dépassent leurs limites. Ce mécanisme incitatif permet d’investir dans la décarbonation tout en réduisant les émissions globales. Ce système a montré ses effets positifs sur la réduction progressive des émissions dans plusieurs secteurs à forte empreinte. Il offre un modèle reproductible, y compris pour les pays à faibles émissions comme le Mali, qui subissent néanmoins de plein fouet les effets des dérèglements climatiques.
À l’instar des autres États, le Mali doit honorer ses engagements climatiques. Plusieurs secteurs sont jugés porteurs dans le cadre du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) : énergie, reboisement, lutte contre la déforestation, biomasse, industrie, gestion des déchets ou encore transports.
En février 2025, un atelier national a posé les bases d’un cadre structurant conforme à l’Article 6 de l’Accord de Paris, pour mobiliser entre 45 et 125 millions de dollars grâce aux crédits carbone. Ce dispositif vise à renforcer la résilience climatique du pays tout en ouvrant de réelles perspectives économiques pour les acteurs locaux, notamment les PME rurales, souvent exclus des dispositifs de financement classique.