Maintien de la paix : l’ONU très présente en Afrique

Sur les 12 missions de maintien de la paix de l’ONU en cours dans le monde, 6 sont déployées en Afrique. En plus du Mali (MINUSMA), elles sont présentes en RDC (MONUSCO), en Centrafrique (MINUSCA), au Sahara occidental (MINURSO), au Soudan du Sud (MINUSS) et à Abiyé, au Soudan  (FISNUA).

Elles tirent leur légitimité du Chapitre 7 de la Charte des Nations unies, qui stipule qu’en en cas de menace à la paix le Conseil de sécurité peut autoriser l’usage de tous les moyens, y compris coercitifs. Et visent donc très souvent à faciliter le processus politique et l’organisation d’élections libres, à aider au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants et à protéger les civils.

La Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a remplacé le 1er juillet 2010 la MONUC (Mission de l’organisation des Nations unies en République démocratique du Congo). Ce changement reflétait la nouvelle phase dans laquelle le pays était entré en application de la Résolution 1925 du Conseil de sécurité du 28 mai 2010. La nouvelle mission est autorisée à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat.

En République Centrafricaine, c’est dans un rapport, le 3 mars 2014, que le Secrétaire général a recommandé au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement d’une opération de maintien de la paix multidimensionnelle, dont la priorité première serait la protection des civils. Ainsi naissait la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA), en remplacement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, sous conduite africaine (MISCA), déployée dans le pays en 2013.

Créée par la Résolution 690 du 29 avril 1981, suite à l’acceptation des propositions de règlement par le Maroc et le Front Polisario le 30 août 1988, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) est la plus vielle mission de maintien de paix sur le continent. Le 29 avril 2016, alors que le différent persistait, le Conseil de sécurité a adopté la Résolution 2285, demandant aux parties de continuer à faire preuve de volonté politique afin d’engager des négociations résolues et axées sur le fond.

La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) a été créée par la Résolution 1996, le 9 juillet 2011, après l’indépendance du pays. Auparavant, l’ONU avait mis en place une Force intérimaire de sécurité pour Abiyé (FISNUA), pour répondre à l’urgence dans cette zone du Soudan réclamée par les deux pays.

Autorisée à faire usage de la force pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires, la FISNUA contrôle cette zone et facilite l’acheminement de l’aide.

Sahara occidental : Nouvel épisode diplomatique

Le Conseil de sécurité de l’ONU devait se pencher le 25 avril sur le prolongement du mandat de sa mission dans le pays. Aucune date n’est annoncée mais les négociateurs veulent donner l’opportunité aux parties de « poursuivre des consultations ».

L’avant-dernier acte de la question du Polisario, bande de territoire disputée par le Maroc et l’Algérie et en proie à une insurrection, était les dénonciations d’incursion émises par le Maroc. Début avril, Rabat a annoncé que le Front Polisario avait mené des incursions dans la ville de Mahbes, dans le nord-est du Sahara occidental, en violation d’un accord militaire établissant une zone tampon sous la responsabilité de l’ONU. Information démentie par l’organisation, mais qui démontre que la tension n’est pas près de retomber. Ce mercredi 25 avril, alors que devait se dérouler le vote sur la prolongation de la mission d’interposition de l’ONU, la Minurso, les États-Unis ont décidé d’annoncer son report. En charge de la rédaction du texte de résolution et responsables des négociations, les États-Unis ont soumis un document demandant aux parties au Sahara occidental de reprendre les négociations « sans préconditions et de bonne foi », afin de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable. L’actuel mandat de la Minurso arrive à terme fin avril. L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, l’ex Président allemand Horst Koehler, a promis au Conseil de sécurité un nouveau round de négociations après des années d’interruption.

Le texte demande aux États voisins d’accentuer leur implication dans les négociations. Les actions de plaidoyer et les pressions des politiques, mais aussi des leaders d’opinion de ces pays continuent. Le Forum d’action pour le Sahara occidental (WSAF), basé à Londres et qui englobe 90 organisations de plus de 40 pays, a adressé une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle il demande aux pays de prendre des mesures à même de protéger les Droits de l’Homme du peuple sahraoui et de « mettre fin à l’impunité marocaine au Sahara occidental ».

Le Sahara occidental est un territoire de 266 000 km2, revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976, et soutenue par l’Algérie. Ancienne colonie non autonome selon l’ONU, il n’a toujours pas trouvé de statut définitif au plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976. Devenu un enjeu global illustrant la rivalité entre le Maroc et l’Algérie, le dossier saharien est récurrent et empoisonne les relations entre les deux voisins et leurs alliés.