Convention 189 de l’OIT : le MTC plaide pour sa ratification par le Mali

Avec pour objectif d’amener les autorités politiques du Mali à ratifier et mettre en application la Convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) permettant aux travailleurs et travailleuses domestiques de jouir effectivement de leurs droits à la protection sociale, le Mouvement des travailleurs croyants du Mali (MTC-Mali) a organisé jeudi 25 mai 2023 une journée de plaidoyer à Bamako. Plusieurs travailleuses domestiques de la capitale, des membres du CNT et des représentants des pouvoirs publics y ont pris part.

« Oui à la valorisation des droits des travailleurs domestiques par la ratification de la C189, stop aux violences basée sur le genre ». C’est le thème de cette journée de plaidoirie tenue à l’hôtel Millénium de Bamako. Pour le MTC-Mali, et l’Etat malien et le groupe cible (travailleurs et travailleuses domestiques) gagneraient si la Convention 189 de l’OIT est ratifiée. Parmi les retombées possibles, le mouvement met en avant, entre autres, la conformité de l’Etat malien avec les engagements pris au niveau international, la réduction des conflits sociaux de travail, ce qui va contribuer à créer un climat de paix sociale propice à la productivité, l’extension des systèmes de prévoyance sociale aux travailleurs et travailleuses domestiques grâce à leur immatriculation, ou encore l’amélioration de l’image de marque du pays.
La Conférence Internationale du Travail de l’OIT a adopté le 16 juin 2011, la convention 189 sur le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques qui est entrée en vigueur depuis le 5 septembre 2013. Le Mali, qui compte plus d’un million de travailleurs et travailleuses domestiques dans différents secteurs d’activité sur son territoire et plus d’un million de maliens expatriés dont certains travaillant comme des travailleurs ou travailleuses domestiques dans d’autres pays d’accueil, n’a pas encore ratifié cette convention.
« Nous interpellons le gouvernement, les membres du CNT et les délégués des ministères à s’associer à nous afin que cette convention qui est en vigueur soit ratifiée et mise en œuvre au Mali pour que les travailleurs et travailleuses domestiques soient mis dans leurs droits », a plaidé Mme Sanou Hortense Dembélé, présidente du Mouvement des travailleurs croyants du Mali
« Après le plaidoyer, nous attendons de nos ministères, qu’ils le prennent à bras le corps, et se disent que cette lutte n’est pas seulement pour ce mouvement qui se bat à travers ses petites forces mais que c’est une lutte de tout un peuple parce qu’aujourd’hui nous défendons un Mali nouveau et cela ne peut voir le jour que lorsque tous les maliens sont mis dans leurs droits, vivent dans la paix et bénéficient des avantages de leur travail », a-t-elle insisté.
Cette journée de plaidoirie, à laquelle étaient présentes en masse des travailleuses domestiques de Bamako, a été mis à profit pour véhiculer des messages de sensibilisation à travers des sketchs, non seulement pour la ratification de la convention 189 de l’OIT mais également sur l’arrêt des violences basées sur le genre dont sont victimes certaines de ces travailleuses domestiques.
Pour l’ancien Premier ministre Moussa Mara, parrain de la journée de plaidoirie, il faudrait « tout faire pour que cette convention 189, si elle ratifiée, qu’elle puisse être appliquée, contrôlée et surveillée à travers des interpellations régulières du ministre au niveau du CNT ». « Ces travailleurs et travailleuses à domicile sont d’abord des citoyens qui ont les même droits que tous et ils sont indispensables dans nos vies et domiciles. Je voudrais que nos autorités fassent de cette question une question majeure », a-t-il souligné
Quant à Adama Fomba, membre du CNT, représentant le président de la Commission Culture, Magma Gabriel Konaté, il a assuré que le CNT ne ménagera aucun effort et fera tout son mieux pour le respect des droits de tous les Maliens. « Il est important que nous nous donnions la main pour l’amélioration de vie et des conditions de ces travailleuses. Elles méritent un meilleur traitement. Le Mali que nous voulons n’est pas possible si nous ne respectons pas le droit de tout un chacun », a-t-il indiqué.
Le Mouvement des Travailleurs Croyants du Mali est un mouvement d’action catholique crée en 1985 au Mali. Il est affilié au Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens qui a été créé dans les années 1967 et regroupant 156 pays sur 4 continents. Le MTC milite au sein de deux réseaux nationaux, le réseau de défense de droit des travailleurs domestiques et le Réseau Multi-acteurs droit à la protection Sociale, International Network for Social Protection Rights Mali (INSPIR-Mali). De 2017 à nos jours plus de 3 000 travailleurs et travailleuses domestiques ont bénéficié des formations dans ses centres au Mali.

Forum National sur le Travail Décent au Mali : Faire du travail décent une réalité au Mali

Ce forum s’est ouvert sous la présidence du Ministre du Travail, de la Fonction Publique et des Réformes de l’Etat, M. Abdoul Wahab Berté, en présence du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, du Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et du représentant du Bureau sous régional de l’OIT à  Dakar et d’autres personnalités. Dans son intervention, le représentant de l’OIT, M. Dramane Haà¯dara, a indiqué que le travail décent peut s’appréhender à  travers quatre objectifs stratégiques que sont, les principes et droits fondamentaux au travail, les normes internationales du travail, les possibilités d’emploi et de rémunération, la protection et la sécurité sociale et enfin le dialogue social et le tripartisme. Le travail décent, un droit pour tous Selon M. Dramane Haà¯dara, le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail, leurs aspirations à  accéder à  un emploi et à  une juste rémunération, à  jouir de droits… Pour le représentant du patronat, la promotion du travail décent est un aspect de consolidation de la paix dans tout pays. Au dire de ce dernier, ce forum symbolise le dialogue national sur les stratégies de reprise devant permettre l’identification des avancées réalisées, des opportunités à  saisir, mais également des contraintes et des besoins (techniques et financiers). Pour sa part, le secrétaire général de la CSTM, M. Amadoun Amion Guindo, a souligné que, dans un pays o๠la violation des conventions des lois et règlement est légion, la tenue d’un tel forum sur le travail décent ne peut être que salutaire. En outre, le Ministre du Travail de la Fonction Publique et des Réformes de l’Etat, a signalé que, pour réduire la pauvreté et atténuer les conséquences de la récession dans le monde du travail, les politiques nationales visant à  soutenir la reprise économique doivent être davantage tournées vers la réalisation de l’objectif d’un travail décent pour tous. Par ailleurs, le Ministre a cité les défis à  relever en matière du travail décent dans notre pays. Il s’agit entre autres du chômage et du sous-emploi, le travail des enfants, l’insuffisance de la couverture sociale etC’… Evaluation et recommandations Au cours de ces deux jours de travaux, les discussions tourneront autour de questions comme l’évaluation du chemin parcouru et des pistes de solution pour assurer l’application des normes du travail dans un contexte de crise économique aigue, favoriser la création d’emplois décents et renforcer le tripartisme. Aussi, il est à  signaler qu’en matière de respect des normes internationales du travail, le Mali a ratifié les 8 conventions fondamentales de l’OIT et mis en œuvre des programmes d’actions, notamment dans le domaine de la lutte contre le travail des enfants et l’élimination de la discrimination dans l’emploi. Par ailleurs, les services du travail ont été renforcés de manière significative pour mieux assurer le contrôle de l’application de la législation du travail. Notons enfin que le travail décent implique un certain nombre d’éléments à  savoir, un revenu équitable, la protection contre les risques professionnels, l’égalité de traitement et de chances pour tous, le droit des travailleurs et des employeurs à  négocier librement, l’existence de canaux institutionnels de règlements des conflits du travail…..