Opération Kapidgou 2 : quel impact à la frontière Burkina – Mali ?

C’est l’une des premières retombées du renforcement en cours depuis quelques mois de la coopération bilatérale militaire entre le Mali et le Burkina Faso. L’opération Kapidgou 2, menée conjointement par les armées des deux pays, a été officiellement lancée le 21 avril dernier. Entre ratissages de villes et traque des terroristes, peut-elle contribuer à une sécurisation complète le long des deux frontières ?

L’objectif de Kapidgou 2 est double : augmenter d’une part la pression sur les groupes armés terroristes (GAT) qui sévissent le long de la frontière Mali-Burkina en détruisant leurs bases et d’autre part faciliter le retour des populations et de l’administration tout en promouvant le développement socio-économique de la zone.

Pour le Commandant Abdoul Wahab Coulibaly, chef de Kapidgou 2 côté malien, cette opération diminuera de manière significative l’insécurité dans cette région, parce que « les groupes armés terroristes se trouvent maintenant pris au piège entre deux déluges de feu qui les contraindront à abandonner leur dessein ».

Concernant un premier aperçu des actions menées sur le terrain quelques jours après le début de l’opération, la Direction de l’information et des relations publiques des Armées du Mali (Dirpa), que nous avons contactée à Bamako, n’a pas souhaité communiquer. Il ressort des explications fournies que le PC (Poste de commandement) conjoint qui mène l’opération n’a encore fourni aucun rapport.

Par contre, côté burkinabé, où une première phase était en cours depuis le 3 avril 2023, on en sait un peu plus. Selon une source proche de l’opération, plus de 800 combattants issus du 5ème BIR (Bataillon d’intervention rapide), du 23ème RIC de Koudougou (Régiment d’infanterie Commando), d’un bataillon mixte de marche composé de soldats et de VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) et d’une compagnie de marche, le tout appuyé par un vecteur aérien en QRF (Force de réaction rapide), sont mobilisés pour l’occasion.

Roquettes lancées depuis 30 ou 40 km sur les bastions terroristes, ratissages et fouilles systématiques des villes et villages de la zone transfrontalière, démantèlement d’engins explosifs improvisés (EEI), l’armée burkinabé déploie de gros moyens. Résultats, plusieurs localités ont été reprises, des suspects appréhendés et des terroristes neutralisés, selon elle. Toutefois, ces dernières semaines, plusieurs militaires et VDP sont tombés suite à des attaques de GAT dans le pays.

Efficace ?

Les opérations conjointes entre le Burkina Faso et le Mali n’en sont pas à leurs débuts. Elles avaient été arrêtées il y a plus d’un an avant de reprendre en 2023, avec la nouvelle dynamique insufflée par les Présidents de transition des deux pays, le Colonel Assima Goïta et le Capitaine Ibrahim Traoré. L’analyste politique et sécuritaire Siaka Coulibaly, pour lequel la pertinence de l’opération en cours n’est plus à démontrer, est quand même inquiet sur son efficacité finale.

« Les deux pays ne semblent pas se rendre compte de la nature réelle du phénomène terroriste à son stade actuel. Au Burkina Faso, beaucoup plus qu’au Mali, les terroristes, après la destruction de leurs grandes bases, sont rentrés dans la population. C’est cela la dimension communautaire du conflit, qui en appelle plus à un travail de police que d’armée classique », avance-t-il.

« Les deux pays doivent faire preuve d’adaptabilité pour terminer le conflit, sinon il durera longtemps, d’autant que certains acteurs sont préparés à soutenir les irrédentistes », poursuit l’analyste.

Selon un spécialiste des questions sécuritaires qui a requis l’anonymat, pour plus d’efficacité dans cette traque commune des terroristes, essentiellement du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), dans la zone transfrontalière, il faut mettre l’accent sur le partage des renseignements et aboutir à des canaux d’échanges assez dynamiques entre les deux pays, sans oublier les formations communes d’éléments des deux armées.

Siaka Coulibaly est du même avis. « Les opérations relèvent maintenant plus du renseignement social que des affrontements directs avec des groupes armés. Si l’on continue avec l’approche militaire, on aura des cas dramatiques parce que l’adversaire est fondu dans la population », prévient-il.

En juin 2021, le Burkina Faso et le Mali s’étaient joint à la Côte d’Ivoire pour mener une opération tripartite dans les zones frontalières des trois pays. Dénommée Tourbillon vert, elle avait permis de de neutraliser 4 terroristes, de détruire 3 motos, d’interpeller 64 personnes et de récupérer des téléphones portables et des matériaux explosifs.

Lutte contre le terrorisme: 15 djihadistes tués dans des frappes aériennes de Barkhane

L’opération Barkhane a annoncé ce vendredi 18 janvier qu’une quinzaine de djihadistes avaient été tués par des frappes françaises le 10 janvier au Mali.

Une quinzaine de djihadistes soupçonnés de préparer une attaque ont été tués le 10 janvier dans le centre du Mali par des frappes aériennes françaises, a annoncé l’opération Barkhane dans un communiqué transmis à notre rédaction ce vendredi.

« Le 10 janvier, des frappes aériennes ont été menées par des Mirage 2000 et un Atlantique 2 de la force (Barkhane), appuyés par un drone Reaper, sur ce groupe terroriste » localisé dans la zone de Dialoubé, au nord de Mopti, et « une quinzaine de terroristes a été mise hors de combat », selon le communiqué.

« Ces succès ont permis de réduire le niveau de menace dans cette région peu accessible du delta intérieur du Niger » et « s’inscrivent dans la continuité d’opérations menées conjointement avec les forces maliennes, mi-décembre et début janvier », se félicite l’opération.

Une série d’opérations menées début janvier avec les forces maliennes dans la forêt de Serma (Douentza) ont permis de démanteler des camps d’entraînement, de saisir de l’armement et de collecter des renseignements selon lesquels « un groupe de terroristes en lien avec le centre de formation démantelé s’apprêtait à conduire une action contre une emprise institutionnelle symbolique dans la région de Dialoubé », détaille le communiqué.

Coopération renforcée

Le communiqué souligne en outre le renforcement des modalités de coordination entre les forces armées maliennes et Barkhane, « ce qui a permis d’obtenir des résultats probants notamment dans la forêt de Serma et à Dialoubé ».

 

Général de division Frédéric Blachon : «Barkhane n’est ni manipulée, ni manipulable»

Commandant de l’opération Barkhane depuis le 1er août 2018, le Général de division Frédéric Blachon a accordé une interview exclusive au Journal du Mali. Lutte contre le terrorisme, coopération avec les FAMa et le G5 Sahel, défiance de la population à son égard, le nouveau chef de Barkhane se prête à un exercice assez inédit pour cette force, présente au Mali depuis 2014.

Mon général, vous avez pris vos fonctions à la tête de la force Barkhane le 1er août 2018. Ces derniers mois, vos raids ont porté de grands coups aux terroristes. Votre prédécesseur affirmait même qu’il n’y avait plus de sanctuaire terroriste dans le pays. Pouvez-vous nous dire quelle est la situation un mois après votre arrivée ?

Tout d’abord, je suis très heureux de répondre à ma première interview à un journal malien depuis mon arrivée dans la bande sahélo-saharienne. En effet, Barkhane a obtenu de grands résultats dans sa lutte contre les groupes armés terroristes (GAT). Ces derniers n’ont pas totalement disparu, mais ils sont fortement affaiblis et désorganisés, car nous visons tant leurs chefs que leurs combattants ou leur armement.

Nous les frappons pour qu’ils ne disposent plus de sanctuaire et qu’ils ne soient plus en mesure de conduire des opérations d’envergure. Notre action dans la lutte contre les GAT est donc unanimement reconnue. Mais je constate aussi depuis mon arrivée que les succès de Barkhane s’observent dans bien d’autres domaines, comme le partenariat avec les FAMa et les autres forces partenaires et surtout les actions qui sont menées au profit de la population avec ces mêmes forces partenaires.

Certains observateurs y voient néanmoins des succès relatifs, les principaux chefs de ces groupes terroristes étant toujours dans la nature…

La menace de ces groupes ne se résume pas à leurs chefs, mais à leur capacité d’action. Dès lors que celle-ci est affaiblie, le gain est réel. Comme je vous l’ai dit, nous visons aussi les chefs. Cela peut prendre un peu de temps, mais nous arrivons régulièrement à en neutraliser. Ils peuvent encore frapper, comme ils l’ont fait malheureusement le 7 septembre à Boni, mais leurs stocks d’armement sont régulièrement détruits.

J’invite vos observateurs, qui semblent bien connaitre ces chefs, et la population, qui désire vivre en paix, à communiquer à Barkhane et aux forces partenaires toutes les informations qui nous permettront d’être encore plus efficaces. La sécurité, c’est bien l’affaire de tous !

Vous avez neutralisé récemment un chef, mais vous avez déploré au cours de ce raid la mort de 2 civils. Une investigation est ouverte. Qui la mène ?

Barkhane a effectivement mis hors de combat un chef important de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) qui avait commis de nombreux crimes à l’encontre de la population et des forces partenaires. Il ne faut jamais oublier de rappeler ces exactions et de les condamner, tout comme il faut condamner le comportement des terroristes qui s’abritent lâchement derrière les populations ou qui les attaquent sans discrimination.

C’est à cette lâcheté que Barkhane a été confrontée tout récemment. Comme vous le savez, elle a immédiatement annoncé que deux civils avaient malheureusement trouvé la mort lors de cette frappe qui a mis un terme à la cavale meurtrière de Mohamed Ag Almouner, l’un des chefs de l’EIGS.

Une analyse interne a montré que nos procédures strictes, visant à épargner les populations, ont bien été appliquées. Sa conclusion nous pousse à renforcer encore  notre prudence avant action, pour ne pas alimenter l’immoralité de nos adversaires.

Barkhane semble s’être rapprochée de certains groupes armés signataires de l’Accord de paix afin de lutter contre le terrorisme. Pourquoi cette nouvelle approche ?

Il n’y a pas de solution à la situation qui soit totalement extérieure au Mali. En ce sens, Barkhane est un appui, mais pas la solution. La solution appartient au Mali, à ses forces armées, à sa population et, d’une certaine manière, à tous les Maliens de bonne volonté. En signant l’Accord pour la paix et la réconciliation, ces groupes ont témoigné de cette bonne volonté. Si celle-ci est sincère, et qu’elle est démontrée par les faits, il n’y a pas de raison de ne pas associer ceux qui en font preuve. Le Mali a besoin de toutes les forces utiles pour se débarrasser de la menace terroriste.

Le récent rapport de l’ONU, qui fait état de l’implication de certains membres de ces groupes dans des actions terroristes, pourrait-il rebattre les cartes ?

Bien sûr. Comme je vous le disais, la situation exige un engagement sincère, prouvé par les faits. Ceux qui démontrent le contraire s’excluent de la solution pour appartenir au problème. Et, comme pour les groupes terroristes, le moment où la justice demande des comptes finit toujours par arriver.

Des informations font état de manipulations de Barkhane de la part de ces « nouveaux alliés »…

Barkhane n’est ni manipulée, ni manipulable, et ceux qui disent le contraire mentent. Il arrive toujours un moment où l’ambiguïté n’est plus possible. Ceux qui auront joué risquent fort de tout perdre. J’invite donc ces joueurs éventuels à bien réfléchir et à prendre rapidement des décisions qui préserveront leurs intérêts sur la durée. Dans mon esprit, ces intérêts vont de pair avec la préservation de la paix et avec la conformité à la loi malienne.

La coopération avec les populations est très importante dans la lutte contre le terrorisme. Ces dernières ont, vers la fin de 2017, manifesté une certaine défiance à l’égard de Barkhane. La situation a-t-elle évolué favorablement depuis ?

C’est parce que Barkhane est impartiale et efficace qu’elle gêne tous ceux qui n’ont pas d’autre projet que de vivre aux crochets de la population. Ainsi, de manière cyclique, Barkhane est attaquée, sous la forme de désinformations et de manifestations dont la mise en scène grossière devrait attirer l’attention, notamment des journalistes.

La situation que nous rencontrons sur le terrain est bien meilleure que ce qui est parfois publié et notre force est globalement bien acceptée. Il suffit de le demander aux populations. Nos échanges ne se limitent pas aux autorités locales et les populations voient les actions qui sont entreprises pour améliorer leur quotidien.

La force Barkhane est ici à la demande de l’État malien, au service de la sécurité de tous les Maliens, et s’efforce chaque jour, au péril de la vie de ses soldats, d’améliorer la situation. Elle s’efforce, là où elle est présente, de reconstruire les conditions nécessaires au retour d’une vie normale pour les habitants. Ici en creusant un puits, là en rebâtissant une école ou un pont, là en électrifiant une laiterie…

Notre mission est globale et le développement y prend une place grandissante. Un chargé de mission développement est d’ailleurs depuis quelques jours à mes côtés, dont l’action sera visible dans les mois à venir.

La mission de Barkhane étant de lutter contre le terrorisme, comment expliquer que la force ne soit pas plus opérante au centre du Mali ?

Le centre du Mali n’a malheureusement pas le monopole de la présence de GAT ou de groupes menaçant la sécurité des populations. Il y a donc eu un partage des zones d’actions en totale transparence avec les hautes autorités maliennes : les FAMa dans le centre, Barkhane dans le Nord. D’ailleurs, depuis mon arrivée, j’ai pu constater l’efficacité des forces de défense et de sécurité maliennes dans le domaine de la sécurisation, notamment pendant cette période électorale.

Le Président Macron a fait savoir que les récentes actions devaient se dérouler en « complétant Barkhane ». Quelle est la priorité pour votre force ?

Barkhane est une force militaire. Sa principale action se situe donc dans le champ militaire. Toutefois, nous savons que la solution durable ne se situe pas seulement là. Par le soutien au développement, tout d’abord, nous entendons donner une impulsion susceptible de recréer les conditions d’une vie normale. Cette impulsion doit être poursuivie, approfondie et c’est le travail d’autres acteurs. Certains sont déjà à l’œuvre. Enfin, le retour à la sécurité ne peut advenir qu’en faisant abandonner à tous le champ de la violence pour entrer dans le champ politique. Il y a donc là aussi un travail à accomplir pour inciter tous les acteurs à réformer leurs méthodes pour être entendus. C’est le jeu démocratique : l’abandon des armes pour entrer dans la confrontation des idées et des faits.

Cinquante militaires estoniens sont venus renforcer Barkhane. Peut-on y voir les prémices d’un engagement européen plus soutenu auprès de cette force ?

Comme vous l’avez remarqué, il ne s’agit plus de prémices, mais d’une réalité. Les pays de l’UE sont déjà présents au sein de Barkhane. Les Britanniques mettent en œuvre des hélicoptères lourds à partir de Gao, mais vous avez également l’Espagne, par exemple, qui participe au transport aérien au profit de Barkhane. Il y a également les contingents qui arment la MINUSMA et dont nous soutenons la mission. Je pense aux Allemands notamment. Je peux témoigner de leur efficacité sur le terrain au profit de la paix au Mali et dans la région. Car, comme l’ont bien compris les pays de la bande sahélo-saharienne en se regroupant au sein du G5 Sahel, l’union renforce l’efficacité de la lutte contre le fléau commun.

A n’en pas douter, d’autres pays européens viendront certainement nous rejoindre.

Comment se déroule la coopération avec les FAMa, qui semblent ne pas être très associées dans les opérations menées par Barkhane ?

C’est tout l’inverse, en réalité. Les FAMa sont nos partenaires. Nous nous engageons pleinement dans leur entrainement opérationnel avant de conduire des opérations ensemble. Le partenariat militaire opérationnel est une vraie réussite et nous combattons ensemble, en apportant quelques fonctions opérationnelles, comme du renseignement, certains appuis aériens et parfois un complément logistique.

Quel rôle Barkhane joue-t-elle auprès de la force G5 Sahel ?

La France, vous le savez, mais aussi l’Europe, et plus largement l’ensemble de la communauté internationale, soutiennent totalement la création et l’action de cette force, souhaitée par les pays membres du G5 Sahel et qui représente une réponse à la menace transfrontalière que représente le terrorisme. Face à cette menace, qui se joue des limites entre États, la Force Conjointe G5 Sahel constitue d’ores et déjà une capacité d’action crédible. Barkhane, depuis sa création, lui a apporté son soutien dans sa montée en puissance par des actions de formation, d’assistance ou d’entrainement. Elle l’a également épaulée lors de ses opérations. Barkhane poursuivra cette action avec détermination.

Opérations d’achèvement du RAVEC: la société civile fait le point

C’est la Maison de la presse de Bamako qui a abrité ce lundi 29 décembre 2014, la conférence de presse du consortium des organisations de la société civile pour l’observation du processus électoral. Elle intervient après celle tenue, le 31 octobre dernier au cours de laquelle le consortium demandait aux autorités maliennes la prolongation de la période d’enrôlement. Pour les quatre organisations de la société civile (Caritas-Mali, SOS Démocratie, Réseau Plaidoyer et Lobbying et la JCI-Mali), la recommandation relative à  la prolongation a été motivée par la constatation de nombreuses insuffisances et la faiblesse de l’affluence des citoyens vers les centres de recensement. La rencontre était présidée par M. Demba Tounkara, coordinateur du consortium qui avait à  ses côtés le secrétaire général M. Samba Touré. C’est ainsi que le consortium a effectué une observation du déroulement des opérations d’achèvement et de pérennisation du Recensement Administratif à  Vocation d’Etat-Civil (RAVEC) sur la période allant du 1er novembre au 25 décembre 2014. Pour ce faire, il a déployé des observateurs nationaux non partisans dans les communes urbaines de Bamako et dans toutes les régions du Mali excepté Kidal. l’observation du processus RAVEC hors du Mali a été rendue possible grâce à  l’appui du National Democratic Institute (NDI) dont les bureaux d’Algérie, Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, de la Mauritaine, du Niger et des Etats Unis d’Amérique ont renforcé le consortium hors du Mali. Pour ce qui concerne les améliorations, le consortium déclare avoir observé une amélioration par endroit de l’affluence des citoyens au niveau des centres d’enrôlement notamment à  Sikasso, Djenné. La mobilité des équipes sur le terrain et l’usage du carnet de famille ont beaucoup contribué à  la fluidité du travail, des tablettes pour le recensement ont été mises à  la disposition des préfectures de certaines localités telles que Kayes, Gao, Nianfunké, Tombouctou, ont indiqué ces organisations. Elles notent toutefois que l’affluence des citoyens vers les centres d’enrôlement a considérablement baissé à  partir de la 2è quinzaine du mois de décembre dans certaines localités telles que Mopti, Kayes et Ségou. Des insuffisances Le consortium évoque entre autres, de longues pannes du matériel de travail dans certaines localités, les difficultés de mobilité des agents recenseurs dans les régions du nord pour raison de sécurité, la faible implication des partis politiques dans la sensibilisation et la mobilisation des citoyens à  se faire enrôler. Pour l’avenir, ces organisations invitent les autorités à  procéder à  une analyse minutieuse des données des citoyens recueillies sur le terrain afin de tenir compte de tous ceux qui se sont recensés dans le fichier biométrique. Elles appellent à  renforcer la communication dans les régions et zones rurales, à  identifier avec précision le nombre de nouveaux majeurs non recensés, à  établir un fichier biométrique accepté par tous, etc. Les données recueillies de l’observation seront présentées dans un rapport global prochainement.

Général Passalet : A Kidal, l’armée française est confrontée « aux limites de l’’efficacité militaire »

Avec l’opération « Barkhane », le général Passalet commande 3 000 hommes, ce qui en revanche, à  cette échelle, semble une goutte d’eau. Mais dans cette opération antiterroriste, une guerre dont le nerf est la liaison satellite, le général ne reconnaà®t qu’une impuissance : Kidal. La ville touareg de l’extrême nord du Mali, o๠il s’est rendu lundi 20 octobre, représente « un axe d’effort », admet le général. l’insécurité y règne toujours, depuis le début de l’intervention française contre Al-Qaida au Maghreb islamique et les groupes affidés, Ansar Eddine et le Mujao, qui ont manqué de prendre Bamako en janvier 2013. Paris aurait voulu que ses soldats soient partis de Kidal depuis bien longtemps. Le 7 octobre, une attaque au mortier de 81 mm – une arme française, récupérée on ne sait o๠– a visé le camp militaire que se partagent, à  l’écart de la ville, trente soldats de Barkhane et mille casques bleus de la force de l’ONU Minusma, tuant l’un d’eux. Des sept impacts, deux ont touché les installations du détachement français, sans gros dégâts. Le 12 octobre, une mine belge de 6 kilos explosait à  800 mètres du camp français, coupant les deux jambes d’un cadre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui tenait un des check points de la ville. Un règlement de compte entre groupes locaux, selon les militaires français. Les mines arrivent du nord du Sahel, en provenance des trafics et des arsenaux pillés de Kadhafi, parmi d’autres munitions, cartouches chinoises ou roquettes russes de 122 mm. Car « tout passe par Kidal, comme l’on dit ici », rappelle le capitaine Cyrille S.. « Après cet épisode, nous avons suggéré aux mouvements touareg d’étendre le couvre-feu », explique-t-il. Depuis une semaine, sortir est donc interdit de 18 heures à  6 heures, au lieu de 23 heures précédemment. Le MNLA, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), les trois mouvements signataires du cessez-le-feu en cours avec Bamako, arment conjointement les quatre check points de la ville. Ils sont censés contrôler le recensement des armes en circulation. Et le couvre-feu. « CELA FAIT VINGT ANS QU’IL Y A UN PROBLàˆME TOUAREG à€ KIDAL » Dans la foulée de cet incident, les soldats du capitaine Cyrille S. ont participé à  une importante opération en ville, au cours de la nuit du 17 au 18 octobre. Tandis qu’ils sécurisaient la zone d’intervention, les forces spéciales françaises ont arrêté trois combattants dont l’identité n’a pas encore été révélée, et saisi un très important stock d’armes. Ces jours-ci, les cadres des « groupes signataires » se sont rendus à  Alger pour un troisième round de négociations avec Bamako. Le processus piétine et la période est propice à  la surenchère. « Ce n’est pas moi qui dois avoir du résultat à  Kidal, ce sont les politiques », s’exclame le général Palasset. « Cela fait vingt ans qu’il y a un problème touareg à  Kidal, il serait bien arrogant de ma part de prétendre vouloir le résoudre ». La principale action que mène inlassablement la force Barkhane avec la Minusma, ici, est donc d’« éviter que reprennent les hostilités entre les groupes signataires et Bamako ». Aux Tchadiens et Sénégalais de la Minusma, la ville. Aux Français, les alentours, plus dangereux, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres. Mais à  Kidal, comme le rappelle le colonel T., un gradé tchadien de la Minusma présent ce jour-là , « on ne sait pas qui est qui ». Les groupes touaregs négociateurs circulent avec leurs armes depuis qu’à  la mi-mai, après la visite du premier ministre Moussa Mara et les incidents qui en ont découlé, ils ont quitté leur cantonnement. Les accrochages avaient fait une cinquantaine de morts dans les rangs des soldats maliens. Le président mauritanien Aziz avait obtenu que les hostilités cessent au prix d’un nouveau départ sans gloire des forces maliennes et de leurs tout nouveaux bataillons formés par l’Union européenne. Depuis, leurs soldats sont partis ; dans le nord du pays, l’armée nationale ne monte plus au-delà  de al-Mustarat à  une journée de route de Kidal. A Tessalit, le bataillon Sigui reste cantonné. « TRAQUER LES TERRORISTES » Quant aux djihadistes et criminels locaux, racontent les militaires français, ils ont trois drapeaux dans leurs poches. Quand ils sont arrêtés, tout aussi armés, ils sortent, selon l’humeur, qui celui du MNLA, qui celui du HCUA ou du MAA. Dans les petits véhicules blindés français, les soldats qui patrouillent tous les jours ont affiché des fiches techniques. « On arrive là  aux limites de l’efficacité militaire », convient le général Palasset. Cela ne veut pas dire que de nouvelles opérations « coup de poing » n’auront pas lieu dans le nord du Mali. l’état-major de Barkhane, depuis N’Djamena, est chargé de les planifier et Paris les veut nombreuses pour empêcher les groupes terroristes de reprendre racine. « l’efficacité, C’’est ce que Barkhane fait : traquer les terroristes », estime le colonel tchadien. Les soldats du président Idriss Déby sont ceux sur lesquels comptent les Français. Depuis un an et demi, les combats au nord Mali ont tué 54 Tchadiens et en ont blessé 107 autres. N’Djamena a cependant décidé d’augmenter son contingent ; il comptera bientôt 1 400 soldats, répartis entre Kidal, Tessalit et Aguelhok. Du « camp numéro 2 » dans lequel les soldats de français sont installés, un ancien bâtiment de terre rouge à  étage de l’armée malienne, on a une bonne vue sur le désert et la ville. l’installation demeure très sommaire et va faire l’objet d’aménagements. Le camp de la Minusma lui va s’agrandir. Un hôpital militaire doit être installé.

RCA: une nouvelle opération de l’ONU, pour quoi faire?

Une énième mission de l’ONU se déploie officiellement dans deux semaines en Centrafrique: dans un pays que la crise armée ouverte en 2013 a achevé de réduire en lambeaux. La plupart des 7.600 Casques Bleus sont déjà  présents sur le sol centrafricain dans le cadre de la force africaine Misca, qui passera sous pavillon ONU. A terme, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine) doit compter 12.000 hommes à  effectif plein. Misab, Minurca, Bonuca, Fomuc, Micopax, etc. : conséquence de son histoire mouvementée, la Centrafrique est championne des interventions militaires internationales en tout genre sur son sol – plus d’une dizaine. Sous le drapeau de l’ONU, de l’Union africaine ou d’organisations régionales, aucune n’a permis de sortir durablement le pays du marasme. Comment faire pour que la nouvelle force attendue ne soit pas, comme les précédentes, un échec? Selon son mandat, la Minusca aura pour mission de protéger les populations, soutenir la transition politique, désarmer les ex-combattants, aider à  la distribution de l’aide humanitaire et à  la protection des droits de l’homme. Mais pour beaucoup d’observateurs, il faut cette fois aller plus loin, alors que la communauté internationale s’engage une nouvelle fois à  contreC’œur. Car après des décennies d’incurie politique, puis le désastreux passage aux affaires de l’ex-rébellion Séléka (mars 2013-janvier 2014) qui a mis le pays à  feu et à  sang, la Centrafrique est aujourd’hui en ruines. Début 2014, le diplomate français Didier Niewiadowski, longtemps en poste à  Bangui, dressait dans une étude un constat accablant: la Centrafrique n’est même plus un Etat fantôme, elle est devenue « un Etat fictif ». « L’Etat n’existe plus dans ce pays. On est face au néant », renchérit un autre diplomate occidental. « Il va falloir tout repenser, tout reconstruire. Et les Centrafricains n’ont pas les capacités pour cela, disons-le clairement ». Ressusciter l’Etat Face aux crises successives, la réponse internationale s’est à  chaque fois « limitée à  trois éléments importants mais insuffisants: une présence militaire, une forte assistance humanitaire et une aide budgétaire pour assurer la survie de l’administration », explique dans un récent rapport l’International Crisis group (ICG). De même, l’intervention actuelle des 6.000 soldats de la Misca et de 2.000 militaires français « pare au plus pressé et continue d’appréhender la crise à  travers un prisme sécuritaire ». « La protection des civils est certes importante », mais cette attitude condamne la communauté internationale à  l’échec en « répétant des interventions superficielles qui ne traitent pas la principale cause de la crise: la prédation structurelle », écrit l’ICG. « Les précédentes interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce problème structurel de la prédation comme mécanisme de pouvoir, sous sa forme étatique (banditisme d’Etat à  travers la corruption, les pillages et la +mise en coupe réglée du Trésor public+ notamment) comme contre-étatique (les groupes armés) », détaille le rapport. Il faut donc aujourd’hui une intervention internationale à  la hauteur de l’enjeu, selon l’ICG: « Il est indispensable de ressusciter l’Etat centrafricain comme acteur », qui devra « poser des actes effectifs aux yeux de la population ». Partenariat, cogestion, curatelle, mise sous tutelle… Ce nouveau partenariat reste à  définir entre les dirigeants de la transition et la communauté internationale, lasse de cette interminable crise. Pour M. Niewiadowski, les vieilles recettes ne marcheront pas et il faudra faire preuve d’imagination. Il sera même crucial de « reconsidérer le cadre de l’Etat unitaire centralisé », en travaillant plutôt sur une forte décentralisation et des régions plus autonomes, tout en prenant en compte la dimension transfrontalière de la crise. Et surtout, il faut éviter de « s’en remettre à  des échéances électorales » précipitées qui « donneraient certes bonne conscience (…) mais risqueraient de remettre en selle les politiciens qui ont participé au désastre actuel », souligne le diplomate. La transition actuelle doit s’achever d’ici février 2015, avec l’organisation d’élections présidentielle et législatives. « Ces élections ne sont clairement pas la priorité. D’ailleurs, personne n’en parle à  Bangui », observe un analyste régional. « L’organisation des élections n’équivaut pas à  une sortie de crise », rappelle ICG, qui avertit: « une opération de maintien de la paix n’est pas une stratégie mais un outil ».

Fin de Serval en juillet ?

Bientôt la fin de l’opération Serval au Mali. Après 18 mois sur le théâtre des opérations, les troupes françaises vont passer le relais aux troupes de la mission de paix des Nations Unies. Cette fin de mission pourrait intervenir dans les prochains jours, et pourrait être officiellement annoncée d’ici le 14 juillet par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, attendu à  Bamako. On se souvient que les militaires français sont intervenus au Mali le 11 janvier 2013 pour stopper l’avancée des colonnes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) du nord du pays, qui progressaient dangereusement vers les régions encore hors de leur contrôle et particulièrement la capitale Bamako. De 4500 au début de l’opération, environ 1.000 militaires français restent encore basés au Mali, et 600 répartis entre le Tchad et le Niger. Les forces armées maliennes, d’environ 7.000 hommes, et les effectifs de la Minusma (Mission de maintien de la paix des Nations Unies) d’environ 8.000 hommes prendront le relais de la Force Serval . Les militaires français quant à  eux resteront déployés dans la région. Mais cette fois-ci un dispositif qui couvrira toute la bande sahélo-saharienne s’articulera à  présent autour de N’Djamena au Tchad.

Opération de salubrité au CHU Gabriel Touré

Appuyée par la mairie à  travers Mme Touré Djénéba Sissoko, maire de Bagadadji, l’association des femmes travailleuses du CHU Gabriel Touré a mobilisé les jeunes et femmes pour rendre propre, l’hôpital le plus fréquenté de Bamako. Munis de balais, de brouettes, de gants et de pelles, les femmes et les jeunes ont débarrassé l’hôpital public de ses déchets bio-médicaux et autres saletés. Selon la présidente de l’association des femmes, Mme Sacko Inna Tandina, la santé est d’abord l’hygiène. « C’’est les femmes qui s’occupent de l’hygiène dans les familles et cette même attitude hygiénique des femmes doit être transposée partout o๠elles se trouvent », a-t-elle défendu. A l’en croire, l’hôpital Gabriel Touré est accessible à  tout le monde et reste l’établissement sanitaire le plus convoité de Bamako. Mais il reste un hôpital sale. « Au regard de tout ça, nous les femmes de l’hôpital avons décidé de rendre propre notre service avant d’élargir à  d’autres structures », précise Mme Sacko. Quant à  la secrétaire générale de l’association, Mme Traoré Oumou Koné, les femmes veulent donner un bon exemple aux autres en matière d’hygiène. C’est également l’avis partagé par son adjointe Mme Diallo Aà¯ssata Sissoko. l’opération a été rendue possible grâce au soutien matériel et financier de Mme le maire de Bagadadji, Mme Touré Djénéba Sissoko, la marraine de l’évènement. Ce n’est pas tout, Mme Touré a aussi mobilisé des jeunes et des femmes pour prêter main forte aux femmes l’hôpital. « Je voudrai encourager ces femmes à  faire l’hygiène, un moyen de lutte contre la maladie et leurs rassurer de mon engagement à  soutenir toutes leurs actions », a-t-elle dit. A noter que l’association des femmes travailleuses a vu le jour en 2003 et mènent des actions de sensibilisation sur la nutrition, les maladies sexuellement transmissibles, la ménopause des femmes, etc.

IBK à Konna : rendre hommage aux fils de la Nation

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita doit se rendre la semaine prochaine à  Mopti. Dans la venise malienne, Ibrahim Boubacar Kéita doit procéder à  l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo à  Sévaré. l’inauguration des installations de l’Energie du Mali S.A (EDM S.A) ainsi que des visites dans certains cercles de la région meubleront la tournée du chef de l’Etat. l’étape de Konna sera l’un des moments forts de la visite présidentielle à  Mopti, la 5ème région du Mali, du 17 au 19 mars. Ibrahim Boubacar Kéita doit certainement y rendre un hommage national appuyé aux militaires tombés sur le champ de l’honneur. Une visite de la première personnalité de la République, dans la ville martyre de Konna vaut sa symbolique. En effet Konna demeure désormais un haut lieu de l’histoire contemporaine du Mali depuis la bataille décisive du 11 janvier 2013. Date à  laquelle un coup d’arrêt a été porté à  la progression des forces djihadistes vers Bamako, grâce à  l’intervention française, Serval, appuyée par les militaires maliens. C’’est à  Konna o๠mourut, le 11 janvier 2013, le premier soldat français, le lieutenant Damien Boiteux auquel un monument à  son effigie rend hommage. Des militaires maliens y ont également laissé la vie sans compter les nombreux blessés lors de cette bataille décisive. La visite du président interviendra presque deux mois après le festival des Arts et de la Culture de Konna pour la Paix, tenu du 17 au 19 février 2014.

Serval: un bataillon de Chasseurs alpins en route pour le Mali

Ce choix est dicté par leur expertise en topographie et en raison de leurs qualités d’adaptation aux conditions extrêmes. Une cérémonie de levée des couleurs s’est tenue, lundi dernier à  Varces, à  l’occasion du départ pour le Mali de 300 hommes du 7ème BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins). Ils partiront, par vagues successives, dans les prochains jours, toujours dans le cadre de l’opération Serval à  laquelle participent actuellement 2500 militaires français. Ce départ intervient alors que la France poursuit actuellement, l’allégement de son dispositif militaire. Un an après le début de l’opération Serval visant à  lutter contre les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du pays, « l’essentiel de la mission a été accomplie », a estimé François Hollande il y a une quinzaine de jours. Le président de la République avait alors confirmé que l’effectif français au Mali serait ramené à  1600 hommes mi-février. Mais la réorganisation du dispositif militaire français vise à  un rapprochement de la bande sahélienne, o๠la menace jihadiste est la plus forte. Une triple mission Les hommes du 7ème BCA seront déployés à  Kouri, Kidal, et Gao. Ils auront pour mission l’accompagnement au combat des militaires maliens et des Casques bleus, la formation des unités maliennes et l’installation d’un bataillon autonome à  Gao. Le colonel Lionel Catar, chef de corps du 7ème BCA, prendra le commandement de ce bataillon du GTIA (Groupement Tactique InterArmes), à  Gao, à  compter du 8 février. Les Chasseurs alpins avaient déjà  été envoyés en mission en Afghanistan mais c’est une première en Afrique. Formés à  la base pour le combat en montagne, ils devront faire appel à  leur expertise en matière de topographie, à  leur aptitude à  se reconnaà®tre quel que soit le terrain. Plutôt habitués à  se protéger du froid, ils devront, cette fois, lutter contre la chaleur avec des températures dépassant souvent les 40 degrés.

Pour Hollande, l’opération au Mali est une victoire…

Face à  la presse mardi 14 janvier, François Hollande a abordé les questions internationales et africaines. « Les valeurs de la république sont les valeurs de la France au plan international » a expliqué le président français qui est revenu sur les opérations au Mali en Centrafrique qu’il considère comme des réussites. Victoire au Mali Pour le président français, l’opération Serval est une réussite. Elle a permis de booter les djihadistes hors du Mali. « Au Mali, il y a un an presque jour pour jour, je décidais d’une intervention militaire dans le cadre des Nations unies avec les Africains, a rappelé le président français. Le résultat est là . Les jihadistes ont été repoussés, vaincus, le Mali a retrouvé son intégrité territoriale, des élections ont eu lieu, présidentielles, législatives. » En résumé, la France a joué son rôle. « « Oui, il y a des moments o๠il faut saluer les victoires ! C’’en est une. Victoire contre le terrorisme, victoire pour la démocratie, victoire pour le développement, a salué le président français. Je veux rendre hommage à  nos soldats. Mais l’opération va s’achever ! Elle ne comptera que sur 1 600 soldats en février et 1 000 à  la fin du printemps. Voilà  ce qu’est une intervention utile, o๠la France a pu être à  sa place ». Et cette opération n’a pas vocation à  perdurer. D’autant que le retrait progressif se fera. Avec à  terme 1000 soldats français en fin avril.

Opération Serval, il y a un an déjà…

Appelée Serval, cette opération a eu le mérite de stopper net l’offensive des djihadistes qui voulaient mettre le cap sur le sud pays après avoir régenté les régions nord du Mali. Retour sur les péripéties d’une opération salvatrice Le 10 janvier 2013 aux environs de 18 heures, la peur-panique s’empare des Maliens qui suivent minute après minute les informations relatives à  la défaite de ses militaires face la fulgurante progression des forces obscurantistes qui, après avoir conquis la ville Konna, s’élancent à  l’assaut de Sévaré (région de Mopti), verrou stratégique dont la chute allait ouvrir la voie sur Bamako. Face à  la gravité de la situation, le président par intérim d’alors, Dioncounda Traoré, demande à  François Hollande d’envoyer des militaires français pour éviter l’humiliation. Hollande réagit Le président français répond positivement à  l’appel de détresse du Mali. Aussitôt les forces françaises se mettent en branle avec une rapidité et une efficacité appréciable qui vont vite contrarier le dessein funeste des forces du mal mises en débandade par la puissance de feu des Français. Dans ces affrontements, le lieutenant d’aviation Damien Boiteux perd la vie et devient du coup le premier martyr de la libération du Mali. l’homme recevra un hommage appuyé et unanime de tout un peuple. Pour l’immortaliser, une rue de Konna porte désormais le nom du vaillant soldat. Konna libérée, combats à  Diabali Les troupes maliennes aux côtés des militaires français entrent triomphalement à  Konna le 12 janvier avant de nettoyer ses environs des derniers djihadistes retranchés dans la ville. A Bamako o๠l’on retient son souffle, C’’est le soulagement général. Deux jours plus tard, les djihadistes tentent un baroud d’honneur à  Diabali avant d’être vite anéantis par les forces franco-maliennes. Offensive franco-malienne La bataille de Konna marquera le début d’une grande offensive franco-malienne qui permettra de libérer les trois régions du nord sous le joug des djihadistes depuis près de dix mois. A la fin du mois de janvier 2013, les populations du nord reprennent avec goût à  la vie après la débâcle de leurs bourreaux et remercieront la France pour leur délivrance. La partie ne sera pas de tout repos pour les militaires français. Leurs efforts sur le terrain seront payés, fin février, par l’élimination de l’un des émirs chefs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d. De Serval à  Panthère à  Hydre… Pour consolider son emprise sur le nord et surtout éviter de se faire surprendre, l’opération Serval va engendrer une kyrielle d’opérations. l’opération Panthère menée dans l’Adrar des Iforas avec les militaires tchadiens en février 2013, l’opération Gustav lancée en février à  Gao, l’opération Nétero du 24 juin au 9 juillet 2013 avec plus de 600 militaires de la force Serval, l’opération Centaure, du 21 juillet au 21 août 2013, avec près de 800 militaires français bien armés, les opérations Dragon et Constrictor sont autant de faits d’armes de l’opération Serval ayant permis de détruire les poches de résistance des djihadistes dans le nord du pays. A cela, il cela il faut ajouter la grande opération antiterroriste «Hydre » du 20 octobre au 3 novembre. Cette opération qui a regroupé les forces françaises, maliennes et de la Minusma avait un double objectif : dégager la région de Kidal des djihadistes et le déploiement de soldats africains pour prendre le relais des militaires français à  long terme…

Serval, le bon samaritain du Mali

Parent éloigné du lion, faux cousin du guépard, le Serval, qui fait penser au chat, a sauvé le Mali. Seulement, ce félin africain au cou long ne se laisse pas facilement avoir comme le chat. Il voit au loin, entend avant tout le monde, perçoit vite et prend ses dispositions pour soit attaquer sa proie ou se mettre à  l’abri. Grand sur pattes d’environ 60 centimètres, long de presque 105 centimètres et pouvant peser jusqu’à  26 kilogrammes, le Serval marque vite son territoire, tenez-vous bien en urinant presque toutes les deux minutes. Serval, le bon samaritain du Mali Bien des mois après le début de l’intervention française au Mali, on peut dire merci à  cet animal qui préfère chasser à  la nuit tombée. On comprend à  présent pourquoi les MIG 21 ont nuitamment donné l’assaut en janvier dernier. La proie repérée, le Serval attend la pénombre pour entrer en action. Avec des sauts de six mètres de long et trois mètres de haut, ce redoutable chasseur enregistre un taux de succès global en termes de chasse nocturne qui dépasse la moyenne. l’opération Serval n’est pas appelée à  durer au vu de sa dénomination d’autant que le Serval n’aime pas les zones arides. Il dévore les petites proies et obstrue les grandes. Hum, est-ce à  dire que les hommes de l’opération Serval n’ont pas trop de temps à  consacrer aux seconds couteaux ? Depuis douze maintenant, en tous cas, ils traquent les grands noms du désert comme Moctar Belmokhtar. Le Mali peut scruter l’avenir avec espoir, beaucoup d’espoir d’autant que le Serval ne cède jamais face à  sa proie. Petits, frêles et squelettiques narcotrafiquants, cachez –moi vos longues barbes ébouriffées et vos encombrants boubous, le Serval nage, saute, escalade, court et frappe fort. Pourquoi ne pas lui dédier un satisfécit pour l’immense travail déjà  abattu ! Merci Serval !

Après récolte: près de 60 milliards de francs CFA de perte par an

l’agriculture au Mali reste confrontée à  un problème de maà®trise des activités post-récoltes, comme le battage, le stockage. l’Ong Sassaka-Wa Global 2000 a initié le Warrantage, un module enseigné aux producteurs. Selon, le directeur de cette Ong, Dr. Abou Berthé, si les producteurs ne récoltent pas au bon moment, c’est-à -dire, au moment o๠la plante est assez mature, cela entraà®ne des pertes, de même qu’après la récolte, si les produits ne sont pas bien séchés il y également des pertes. « s’ils transportent, et qu’ils ne stockent pas correctement, cela entraà®nera des pertes et s’ils ne vendent pas à  la bonne période, cela peut être aussi une source de perte », a-t-il expliqué. Sur le terrain, la plupart des producteurs maliens ne maà®trisent pas les techniques de l’après récolte. Ce qui engendre, selon Dr. Abou Berthé, un manque à  gagner de près de 60 milliards de FCFA pour l’économie malienne. En effet, les pertes poste-récoltes ne sont pas dues seulement au poids (la physique) mais C’’est aussi biochimique. La sécurité alimentaire rime avec une bonne maà®trise des activités post-récoltes. Ces activités peuvent être également une réponse à  la lutte contre la pauvreté. La gestion post-récolte, C’’est vraiment le nerf de la sécurité alimentaire, de la lutte contre la pauvreté et de la sécurité nutritionnelle. Et selon l’avis d’un agriculteur, « même si vous avez une très bonne production, vous ne préservez pas vous n’avez pas de mesure de gestion après récolte, cela va jouer sur la qualité du produit, vous perdez du poids et de la valeur nutritionnelle, parce que, le produit va se décomposer. Et vous ne pourrez pas ni manger ni vendre le produit ». Il est bien de produire mais il est mieux de maà®triser les paramètres post-récoltes. Car C’’est par là  que passe la conquête des marchés des produits agricoles. Et il urge que les autorités trouvent des voies et moyens pour faire en sorte que les producteurs agricoles maà®trisent enfin ces techniques afin de freiner les pertes.

Mali : les violences qui ont mené au lancement de l’opération anti-terroriste « Hydre »

MALI – Après plusieurs semaines sanglantes au Mali, l’opération anti-jihadiste de plus de 1500 soldats français, maliens et de l’ONU en cours dans le nord du pays illustre clairement la crainte d’un regain de pouvoir et de nouvelles attaques de groupes islamistes. Les Français, l’ONU et les Maliens « ont été surpris et sont inquiets par cette résurgence de groupes différents (islamistes et touaregs, ndlr) qui frappent à  nouveau dans le nord du Mali » (voir le diaporama en fin d’article), d’o๠cette opération de grande envergure », explique Jean-Hervé Jezequel, chercheur à  Dakar pour l’International Crisis Group (ICG). Lancée dimanche, cette opération appelée « Hydre » est composée à  part environ égale de soldats de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), de la France et du Mali et doit durer « au moins une dizaine de jours », selon une source militaire malienne. « Le terrorisme n’a pas été vaincu, il a été abà®mé » C’est la première fois qu’autant d’hommes de chaque force militaire travaillent ensemble dans le nord du Mali, avec pour but de lutter contre « le terrorisme » qui « est installé » au Mali et dans d’autres régions du Sahel, a reconnu vendredi 25 octobre à  Bruxelles le président François Hollande. Selon ce dernier, « le terrorisme […] n’a pas été vaincu par notre seule intervention au Mali », même s’il « a été abà®mé, attaqué ». En effet, après une accalmie de plusieurs mois et l’élection d’IBK, les groupes jihadistes ont repris leurs attaques meurtrières au mois de septembre, tuant en une vingtaine de jours une dizaine de civils et de militaires maliens et tchadiens membres de la Minusma. Des violences qui se sont produites à  quelques semaines du premier tour des élections législatives, « cible idéale » pour le « type d’opérations » menées par les jihadistes, remarque Jean-Hervé Jézequel. Prévues le 24 novembre et 15 décembre, ces élections auront pour objectif de confirmer la restauration des institutions maliennes après le coup d’à‰tat qui, en mars 2012, avait précipité la chute du nord aux mains des jihadistes. 

Mali: l’armée lance l’opération « Hydre » contre les djihadistes

La traque des islamistes armés continue. Dimanche 20 octobre, dans une chaleur étouffante, près de 1500 soldats ont quitté Gao, dans le nord-est du Mali, pour se déployer de part et d’autre de la boucle du fleuve Niger. Cette opération de longue durée, baptisée Hydre, est la première de cette envergure: elle est menée conjointement par les militaires français de la force Serval, les soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et l’armée malienne (Fama). Cette dernière a engagé pour la première fois les quelque 700 hommes de son deuxième bataillon, Elou, formé au camp de Koulikoro par la mission européenne d’entraà®nement au Mali (EUTM), commandée par un général tricolore. De leur côté, les Français mobilisent environ 600 militaires du groupement tactique interarmée Désert, appuyés par des hélicoptères de combat Tigre et Gazelle du groupe aéromobile. Explorer les réseaux Lors d’une visite aux troupes, sur la base de Gao, le 16 octobre, le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud a rappelé que la « désorganisation des réseaux terroristes » demeurait la priorité des soldats de Serval. « Il reste des zones o๠les groupes terroristes se rassemblent de façon résiduelle, confie un officier. Nous devons les explorer en profondeur afin de réduire leur potentiel logistique en interceptant les flux d’approvisionnement. » Lors d’une opération menée au début de septembre dans le nord de Gao, les patrouilles françaises avaient ainsi permis de découvrir deux pick-up bourrés d’explosifs, des obus et une quantité importante d’armes de poing et d’assaut. Un peu plus tard, lors d’une mission de reconnaissance à  l’est de Bourem, une ville proche, les militaires ont, cette fois, dû engager le feu contre des insurgés. Trois djihadistes ont été fait prisonniers; l’un d’eux est mort de ses blessures. Le 7 octobre, ce sont cinq roquettes de 122 millimètres qui se sont abattues sur Gao, blessant un soldat malien: elles ont été tirées à  plus de 15 kilomètres de la ville, à  partir de lanceurs artisanaux. La mise à  feu a été déclenchée grâce à  la fonction réveil de téléphones portables.

Sanogo, définitivement out ?

Pour le Gal récemment nommé, le garde-à -vous est aussi obligatoire. Il aurait été demandé au Général de quitter Kati et des rumeurs disent qu’il sera nommé « Conseiller aux affaires militaires du Président », cela met certains en colère. « Comment peut-on nommer quelqu’un qui tout le temps o๠il a dirigé le soi disant Comité de réformes de l’armée, n’a rien fait, sinon troubler la quiétude des habitants de Kati? »,exprime Malé enseignant à  Kati Plateau. Dans les rues de la ville, le calme est revenu. On est même soulagé de cette opération qui a permis de calmer les ardeurs des ex putschistes.  » Ils avaient tellement investi l’autorité dans la ville garnison, qu’il fallait faire des détours pour aller dans certains endroits », se réjouit Fanta commerçante.  » Parfois même pour aller à  l’hôpital, c’était des passages par le camp Soundjata Keita qui était devenu un vrai far west ». Quant à  l’avenir du Gal Sanogo, dont les éléments ont été appréhendés, la question divise. « Il faut le faire quitter le pays ! », clame Ahmed, étudiant au Conservatoire. S’il veut sauver sa peau, qu’il parte du Mali. » Sanogo en danger ? A plusieurs reprises, la vie du militaire a été menacée. Surtout du temps o๠il était encore l’homme fort de l’ex junte, à  l’époque o๠toute la République devisait sur les hauteurs de la ville. Avec son bâton magique en main. Fini le temps de l’Accord Cadre, des sorties médiatiques musclées à  la télévision nationale. Fin du Sanogo show. L’avenir du Gal Désormais, Sanogo peut-il rester au Mali et vivre en toute quiétude ? Si beaucoup de Maliens ont apprécié le discours du président IBK sur les troubles de lundi dernier, on estime encore qu’il faut protéger le Gal.  » Nous allons le faire mettre à  l’abri quelque part, prévient un proche collaborateur du pouvoir, quant à  le nommer, conseiller, c’est tout simplement ridicule ». Le discours comme quoi c’est grâce au Coup d’Etat, qu’IBK a accédé au pouvoir est obsolète désormais », poursuit-il. Sanogo déménagera donc près de la base B loin de Kati. Si le capitaine Daddis de Guinée, qui a eu la vie sauve après une tentative d’assassinat manquée, est désormais exilé à  Ouagadougou au Burkina, beaucoup montrent du doigt le sort du Gal Sanogo. « On pourrait l’envoyer quelque part o๠il ne ferait pas trop de vagues », admet un militaire sous couvert d’anonymat. Général, au garde-à -vous !

Kati ne fera plus peur à Bamako…

Kati ne fera plus peur à  Bamako. Voilà  l’expression qui circule sur toutes les lèvres ce vendredi matin. Après qu’une opération de « nettoyage » ait eu lieu dans la ville garnison, située à  une quinzaine de kilomètres de Bamako, il semble que le mot d’ordre soit désormais à  la discipline. A écouter les propos du chef d’Etat major des armées, le général Dahirou Dembélé, les soldats devront se mettre sous le commandement de leurs chefs et états majors ou s’en aller. Voilà  qui répond au discours à  la Nation du chef de l’Etat, prononcé suite aux évènements de lundi dernier, o๠une dispute a éclaté entre éléments de l’ex junte, avec un blessé dans l’histoire. La suite, on la connaà®t. Opération « Saniya » En résumé, toutes les armes individuelles et collectives qui étaient en possession des mutins ainsi que celles détenues à  la résidence du Général Amadou Aya SANOGO ont été récupérées et réintégrées dans les dépôts logistiques sécurisés par les troupes déployées dans le cadre de l’Opération « SANIYA », a précisé le lieutenant-colonel à‰lisée Jean Dao, qui menait les opérations. On apprend ainsi que la place d’armes de Kati, qui a fait les beaux jours du coup d’Etat, est bien sous contrôle de l’Etat-major Général des Armées. En effet, des obus, des missiles et même des mortiers étaient en possession d’éléments incontrôlés, pouvant mener à  une attaque d’envergure. Souvenons-nous de la guéguerre fratricide entre bérets rouges et verts, très vite contrôlée par les bérets verts et en quelques heures seulement. Ces derniers disposant d’un arsenal incroyable. Et pis, les rumeurs ont enflé entrer hier jeudi et ce vendredi, lorsque beaucoup affirmaient à  Kati et à  Bamako que le Gal Sanogo était introuvable ou encore que certains éléments de l’ex junte avaient fui. Du reste, si certains ont été appréhendés, on a même évoqué des mercenaires en appui au Gal Sanogo. Des informations à  prendre avec précaution. Ce vendredi matin, le calme est revenu à  Kati, la ville garnison, qui s’enorgueillissait d’être une forteresse imprenable, après le coup d’Etat, à  tel point que certains avaient acclamé les ex putschistes. Désormais, il faudra se mettre au pas. Car Kati, on l’espère en tous cas, ne devrait plus faire peur à  Bamako. Militaire au garde à  vous !

Coût de l’opération Serval: plus de 400 millions d’euros en 2013

En mai dernier, 300 millions d’euros ont déjà  été engagés. Au total, explique le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le surcoût des opérations extérieures (OPEX) devrait « dépasser, comme en 2011, le milliard d’euros ». Cette année-là , les OPEX avaient coûté au budget français 1,24 milliard d’euros, gonflé notamment par les surcoûts de l’opération Harmattan en Libye (368,5 millions d’euros pour sept mois d’intervention environ). Une telle « perspective est préoccupante », a souligné le CEMA au moment o๠la contrainte budgétaire est très, très forte. En 2012, Paris devrait avoir réduit la facture autour de 900 millions d’euros. Soit une stabilisation des dépenses à  l’image des montants déopéenses en 2010 (860 millions d’euros) et en 2009 (870 millions). 100.000 euros par homme et par an La facture globale d’une telle opération est « de l’ordre de 100.000 euros par homme et par an », a précisé le CEMA. Au Mali, au pic de l’engagement des troupes françaises, il y avait 4.500 hommes mobilisés appartenant à  101 formations différentes, soit 3.000 hommes en moyenne annuelle, en incluant les forces présentes au soutien – à  la périphérie. Une fois consommés les crédits dédiés (630 millions d’euros), « il faudra trouver de l’argent ailleurs et, le ministère du budget proposera probablement de prélever une partie des sommes sur notre propre budget, Matignon accordant éventuellement une rallonge », a expliqué l’amiral Guillaud. Car depuis quelques années, les provisions inscrites dans la loi de finances initiale (LFI) permettent de couvrir une partie des coût des opérations à  hauteur de 630 millions d’euros (soit autour de 70 % à  l’exception de 2011). Cette enveloppe est incluse dans le budget général du budget de la Défense. Une base française au Mali ? Le président malien Dioncounda Traoré a demandé à  François Hollande « l’installation, au Mali, d’une base militaire française comparable à  celle qui existe à  Dakar ». « Nous ne pouvons évidemment être partout », a expliqué l’amiral Guillaud. En revanche, des détachements d’instruction comme d’assistance militaire opérationnelles demeurent, et pas seulement à  base de forces spéciales, a expliqué le chef d’état-major des armées. « Le plan Sahel se poursuit également et la coopération avec les Maliens, interrompue en janvier 2012, reprend, y compris dans un cadre bilatéral, en complément de la mission européenne de formation – celle-ci ne concerne que le Mali, mais il existe aussi un plan EUCAP Sahel Niger, que les instances bruxelloises ont toutefois du mal à  ajuster à  la situation : l’hystérésis est d’au moins dix-huit mois, délai particulièrement long au regard du rythme de développement des crises dans la région ».

Laurent Fabius : « Au Mali, nous avons gagné la guerre. Reste à gagner la paix »

De mémoire de Quai d’Orsay, nul ministre des Affaires étrangères n’a autant voyagé que lui en un an. Fort heureusement, Laurent Fabius, 66 ans, dort dans les avions. « Pas que dans les avions, sourit-il, allusion à  ces fréquents piquages de nez en pleine Assemblée nationale qui font le miel des photographes. Mais attention, comme les crocodiles de Yamoussoukro, je ne dors que d’un oeil ! » On ne connaissait pas cet humour à  celui qui fut, il y a trois décennies, le plus jeune Premier ministre de France, tant l’image de froideur, de manque d’empathie, voire de suffisance, jointe à  un langage souvent corrosif, avait fini par lui coller à  la peau. Si Laurent Fabius a quelque peu changé, de l’avis de ses proches, c’est tout simplement qu’il est heureux. Heureux d’occuper le bureau du comte de Vergennes qu’il convoitait, heureux de s’asseoir dans ce fauteuil à  sa mesure, soulagé d’avoir enfin fait son deuil de toute ambition présidentielle, exactement comme son prédécesseur et quasi-clone de droite, Alain Juppé – pour qui il n’a d’ailleurs que des phrases aimables. Revenu de tout, ou presque (outre Matignon, il a déjà  occupé trois ministères différents, la présidence de l’Assemblée et la direction du Parti socialiste), le numéro deux du gouvernement découvre avec une passion évidente ce qu’il connaissait mal : le monde. Lui qui eut pour François Hollande des mots bien peu amènes jouit désormais d’une relation de confiance avec le président, dont le portrait trône sur un chevalet à  la droite de son bureau de travail. L’ancien rival rallié sous la contrainte de la primaire est devenu un légitimiste suffisamment habile pour cacher ses états d’âme. Un homme libre aussi, même si, en passant du technocratique au diplomatique, il n’est pas sûr que la langue fabiusienne ait beaucoup gagné en tonicité. Entre deux avions donc, le ministre des Affaires étrangères de la France a fait pour Jeune Afrique son tour du continent. « Je serai intraitable », a dit François Hollande à  propos de la tenue d’élections au mois de juillet. Le mot a déplu, son côté comminatoire… Ce que le président a voulu dire, c’est que, pour traiter les problèmes du Mali, il faut non seulement veiller à  la sécurité de ce pays, à  son développement économique, mais aussi à  la démocratie et au dialogue politique. Celui-ci implique notamment l’organisation par les Maliens d’élections dans les délais prévus. L’Assemblée nationale a voté, à  l’unanimité, une feuille de route qui fixe la date de la consultation au mois de juillet. C’est le bon moment. Malgré l’absence de fichier électoral ? Malgré les problèmes de sécurité ? Je me suis rendu récemment sur place et j’ai évoqué l’ensemble de ces points avec les autorités de la transition et les dirigeants des principaux partis. Ils sont d’accord sur la nécessité d’organiser la présidentielle en juillet. Les candidats se déclarent, la campagne se prépare. Tout doit être mis en oeuvre sans délai sur le plan technique pour que cet objectif soit respecté. Pour les législatives, il est raisonnable et souhaitable qu’elles aient lieu dans la foulée. Nous sommes en train de gagner la guerre au Mali, il faut maintenant gagner la paix. L’armée malienne est tout sauf opérationnelle et républicaine. Quand le sera-t-elle ? L’armée malienne a été très affaiblie, c’est vrai. Ce n’est pas son courage qui est en cause, mais sa formation, son organisation et son équipement. Depuis quelques semaines, l’EUTM, c’est-à -dire l’Union européenne, conduit un intense travail de formation sous la direction efficace du général Lecointre. Celle-ci se fait bataillon par bataillon. Elle va donner des résultats, mais cela prendra du temps. à€ terme, l’armée malienne sera renforcée, capable de défendre le territoire national et de protéger la démocratie. Entre-temps, pour garantir la sécurité, une vaste mission onusienne de maintien de la paix va bientôt être déployée. Dans le cadre d’une convention entre les gouvernements français et malien, et en liaison avec l’ONU, une force française d’environ un millier d’hommes sera présente sur place pour empêcher tout retour des groupes terroristes. Le rétablissement durable de la sécurité du territoire malien est engagé. Le capitaine putschiste Amadou Sanogo conserve une forte influence à  Bamako. Comment le tenir à  l’écart de la scène politique ? Il existe une règle dans tout pays démocratique : l’armée est au service du pouvoir civil. Point à  la ligne. Lire l’intégralité de l’interview sur jeuneafrique.com : http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2729p060.xml0/france-diplomatie-politique-rwandalaurent-fabius-au-mali-nous-avons-gagne-la-guerre-reste-a-gagner-la-paix.html

La prolongation de l’intervention française soumise au vote

Le Parlement doit se prononcer ce lundi 22 avril sur la prolongation de l’opération militaire française au Mali, dont le dispositif est peu à  peu allégé, près de quatre mois après le début des combats contre les groupes islamistes qui occupaient le nord du pays. Le vote des parlementaires ne devrait pas réserver de surprise, députés et sénateurs ayant jusqu’à  présent soutenu massivement l’intervention. Après le démantèlement des réseaux jihadistes par les forces françaises, l’incertitude sur le processus de réconciliation malien et l’avenir politique du pays, clé d’une stabilisation de la région, devraient être au coeur des débats. Fin février, un large consensus s’était dégagé lors d’un premier débat sur l’opération Serval. Lundi, la discussion sera cette fois suivie d’un vote, l’article 35 de la Constitution stipulant que quand la durée d’une opération extérieure excède quatre mois, sa prolongation est soumise à  l’autorisation du Parlement. Un millier d’hommes fin 2013 L’intervention française a débuté le 11 janvier, mais les vacances parlementaires programmées dans la première quinzaine de mai ont conduit à  avancer le débat. Les soldats français sont actuellement un peu moins de 4.000 au Mali, mais leur retrait a débuté mi-avril avec le retour en France d’une centaine d’hommes. Cinq avions de chasse, Rafale et Mirage 2000 D, ont également été désengagés. Un retrait dont le président François Hollande a répété vendredi qu’il sera « progressif » en « fonction de la situation ». « Dès lors que nous avons libéré l’ensemble du territoire, sécurisé la totalité des villes, nous n’avons plus à  avoir la même présence (…) En même temps, nous devons nous assurer que les troupes – africaines notamment – vont avoir la même efficacité », ce qui « prendra du temps », a-t-il fait valoir. Selon le calendrier fixé par le gouvernement, les effectifs français devraient être ramenés à  2.000 hommes en juillet et à  un millier fin 2013, pour une durée indéterminée. Cette force « parallèle » pourrait intervenir au côté de la mission de stabilisation de l’ONU qui doit se mettre en place, « pour lutter contre le terrorisme ». « Une véritable réconciliation » La Commission de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat s’est déjà  prononcée mardi pour la prolongation de l’intervention française. Dans un rapport adopté à  l’unanimité par la commission, les sénateurs Jean-Pierre Chevènement (RDSE) et Gérard Larcher (UMP) appellent en revanche à  « consolider d’urgence le processus de réconciliation malien ». « Le dialogue avec le nord, qui n’a pas commencé, est le noeud gordien de la reconstruction de l’Etat et de la refondation politique du Mali », écrivent-ils. La volonté des autorités maliennes à  promouvoir « une véritable réconciliation » n’étant pas, selon eux, totalement avérée. Paris veut la tenue d’élections en juillet au Mali, pour restaurer une légitimité démocratique à  Bamako. Mais le dialogue entre les autorités maliennes et les populations du nord, notamment les Touaregs, tarde à  se mettre en place. Sur le terrain, l’armée française poursuit ses opérations dans le nord, notamment dans la région de Gao, parallèlement au début de retrait. Des opérations, selon l’état-major, « de sécurisation des zones reprises », au cours desquelles les jihadistes évitent généralement tout contact avec les forces françaises.

Mali : offensive majeure de l’armée française au nord de Gao

Un millier d’hommes, plusieurs dizaines de blindés, des hélicoptères, de l’artillerie, des drones et de l’aviation : l’armée française a lancé dimanche, à  l’aube, au nord de la ville de Gao, une des plus importantes offensives militaires depuis le début du conflit au Mali en janvier. Baptisée «Gustav», l’opération visant à  traquer des islamistes est toujours en cours ce lundi et devrait se poursuivre plusieurs jours, selon un reporter de l’Agence France-Presse qui l’accompagne. Lors de la première journée de l’opération Gustav, le long d’un oued (rivière) asséché, aucun combattant jihadiste n’a été découvert et aucun coup de feu tiré, mais les hommes du Génie ont trouvé et neutralisé environ 340 obus et roquettes de gros calibre, sommairement cachés sous des acacias, dans des ravins creusés par l’érosion. «Nous avons encerclé cette vallée au nord de Gao, dont nous pensons qu’elle sert de base logistique aux groupes jihadistes, et nous avons commencé à  la fouiller méthodiquement», a précisé le général Bernard Barrera, commandant de la composante terrestre de la force Serval, basé à  Gao mais arrivé auprès de ses troupes en hélicoptère dimanche en fin d’après-midi. Tous les accès à  la vallée ont été bouclés et ses crêtes contrôlées à  6 heures locales (8 heures à  Paris) dimanche. Deux heures plus tard, les hommes de la 3e brigade mécanisée, commandés sur le terrain par le colonel Bruno Bert, ont entrepris la fouille d’un bois touffu, o๠les renseignements militaires estimaient que pouvait être cachée une base jihadiste. Gao, l’ancien fief jihadiste Gao, plus grande ville du nord du Mali, située à  1.200 kilomètres de Bamako, était un fief du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés qui ont occupé le nord du pays l’an dernier avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), jusqu’à  ce que l’opération militaire franco-africaine lancée le 11 janvier les en déloge en grande partie. La ville a cependant subi en février des attentats-suicides – les premiers de l’histoire du Mali – et a été le théâtre de violents accrochages entre les forces franco-maliennes et les jihadistes, dont le dernier en date il y a deux semaines a fait sept morts. L’opération va se poursuivre dans les prochains jours. Cette vallée de vingt kilomètres de long sur deux de large va être passée au peigne fin, en collaboration avec des soldats et des gendarmes malien, qui vont pénétrer en premier dans les campements de nomades ou des maisons de terre des habitants. «C’est le quatrième oued que nous fouillons dans la région de Gao, il y aura sans doute d’autres opérations de ce genre, mais peut-être pas de la même ampleur», a précisé le général Barrera. Quelque 4.000 soldats français sont actuellement engagés au Mali pour lutter contre les groupes islamistes armés. Mais à  compter de fin avril, ils vont entamer leur retrait jusqu’à  la fin de l’année. Il n’y en aura alors plus qu’un millier, selon Paris.

Mali : le récit d’une bataille entre Français et djihadistes

En ce lundi matin, Gao se méfie encore. La veille, une poignée de djihadistes, entre quatre et six hommes bien armés, se sont infiltrés dans la cité du Nord-Est malien. Il aura fallu plus de quatre heures et un mort à  l’armée malienne pour réduire cette petite bande de combattants suicidaires qui fuyait de maison en maison, mitraillant tout sur son passage. Le Mujao (Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe islamiste qui occupait Gao jusqu’à  l’intervention française, signait là  sa troisième incursion urbaine. Alors que, dans le grand nord, dans l’adrar des Iforas, Aqmi a mis un genou à  terre sous les coups des troupes françaises, Gao et sa région deviennent la priorité sécuritaire des officiers. La zone, o๠stationne un millier d’hommes, est renforcée. «La stratégie du Mujao est différente de celle d’Aqmi. Al-Qaida avait choisi, au moins au début, une confrontation frontale avec nous. Le Mujao lui a opté pour une guerre asymétrique, une guerre de harcèlement et de guérilla», souligne le général Bernard Barrera, le chef des opérations au Mali. à€ Gao et dans les villages des alentours, profitant des cachettes offertes par les arbres de cette brousse sèche, le Mujao n’a jamais vraiment lâché prise. Depuis la fin février, les accrochages s’y multiplient, presque quotidiens, autour de Bourem, Djebok ou Gao. Chaque fois l’histoire est la même: un groupe de quelques djihadistes est débusqué puis «traité». Mais rien jusqu’alors n’avait vraiment préparé les militaires français à  la bataille Imènas. «C’était un scénario qui avait été planifié», reprend le colonel Bruno Bert. Le 1er mars, à  la tête d’une colonne de 200 hommes et de 16 blindés du 92e régiment d’infanterie (RI) de Clermont-Ferrand, appuyés par autant de soldats maliens, l’officier s’approche d’Imènas à  l’aube. Trois jours que la troupe ratisse la région, dans un calme relatif. Imènas est le dernier objectif. Ce gros village, signalé par les renseignements comme un possible site de transit de l’ennemi, doit être fouillé. Quelques djihadistes, surpris, tentent une vague résistance, puis préfèrent fuir. Le plan est mis en place: le capitaine Jean-Baptiste place ses véhicules pour assiéger la bourgade et l’armée malienne entreprend de visiter les maisons. Imènas se révèle sans grand intérêt. «La population était très calme, tout se passait bien», souligne le capitaine. « On les voyait dans les yeux. » Avant le départ, les militaires se décident néanmoins à  vérifier les alentours, une forêt touffue, d’aspect innocent sous la chaleur. La section envoyée pour cette mission n’atteindra pas le sous-bois. «Ils ont tout de suite été pris sous un feu extrêmement intense et violent», rapporte le colonel Bert. Des dizaines de Gad («Groupe armé djihadiste» dans le jargon français) se ruent hors du couvert, kalachnikov en mains. Plusieurs roquettes RPG7 frôlent les blindés. Pris de court, les Français manœuvrent à  la hâte. Le QG mobile, un transport de troupes blindé, est presque submergé par l’ennemi. Pour se dégager, la mitrailleuse 25 mm crache sur l’ennemi à  moins de 20 mètres. Les fantassins prennent position comme ils le peuvent, vidant leurs chargeurs. Même les officiers doivent prendre leurs pistolets et tirer. «C’était très dur», commente le capitaine. «On les voyait dans les yeux.» La colonne française finit par se réorganiser, et prendre deux petites hauteurs qui surplombent ce qui devenu un champ de bataille. «Il nous fallait garder l’initiative pour ne pas subir», expliquer le jeune officier. Des hélicoptères sont dépêchés sur place, pour pilonner les arrières du Mujao et le priver de tout espoir d’obtenir des renforts ou de se réapprovisionner. Le combat durera toute la journée. Par deux fois au moins, les djihadistes relanceront des assauts insensés. Les vagues s’approchent parfois à  moins de dix mètres des fantassins français, qui encore et encore ouvrent un feu nourri. Caches d’armes dans la forêt à€ ces souvenirs, le regard des soldats, les plus jeunes d’abord, se perd un peu. «Ils étaient juste là . Les têtes éclataient comme des melons», décrit l’un. Ce combat de près, qui n’a rien de virtuel, va laisser des traces. Les Maliens, moins armés moins protégés que leurs homologues français, sont eux aussi violemment engagés. «On tirait, on tirait et ils revenaient encore. J’avais pris 100 balles et j’ai tout utilisé», se rappelle le soldat Ousman, qui n’en revient pas. L’ennemi espérait profiter de la relative faiblesse malienne pour briser l’offensive. «Les djihadistes n’étaient pas du tout désorganisés. Ce n’était pas du suicide. Ils bougeaient. Ils ont tenté à  plusieurs reprises de nous contourner tant par la droite que par la gauche. Ils ont combattu», analyse le colonel Bert. « Les têtes éclataient comme des melons » Ce n’est que le soir tombant que la fusillade cesse. Le bilan côté franco-malien est vierge. «Un vrai miracle. Le fruit de l’entraà®nement sans doute», assure un deuxième classe. Toute la nuit, le 92e RI veille. Aux premières lueurs, les forces coalisées lancent l’attaque. Cette fois, le bois tombe sans mal. Profitant de l’obscurité, les djihadistes ont fui. Sous les arbres les Français retrouvent 51 corps abandonnés. Seuls les blessés ont été emmenés par les islamistes. Combien étaient-ils au plus fort de cette bataille? «Vraisemblablement pas moins d’une centaine», estime le colonel Bert. Au moins le double, selon un responsable des renseignements. Le mystère des effectifs restera entier. La visite, serrée et tendue, des taillis d’Imènas lèvera en revanche celui de la motivation des djihadistes. Sous des bâches et branchages, dans des trous, on découvre des dizaines de caches d’armes de tous calibres. Des postes de combats bien préparés sont aussi mis au jour. Un arsenal qui n’étonne pas les officiers français. Fondus dans la population «C’est leur stratégie. Ils cachent leurs armes et vont les chercher quand ils veulent», rappelle le colonel Bert. Entre-temps, les islamistes se fondent dans la population, se muant en bergers ou en artisans. Comme en Afghanistan, l’ennemi peut donc être partout, n’ayant besoin que de quelques heures pour surgir ou se cacher à  nouveau. Chaque village peut être un jour un Imènas. Et difficile de savoir si, dans cette guérilla des plus classique, les civils sont les otages ou les complices du Mujao. «L’une des grandes différences entre la région de Gao et le reste du Mali, c’est qu’ici les islamistes ont réussi à  convaincre une partie des habitants du bien-fondé de leur thèse. Cela fait au moins une dizaine d’années que les salafistes se sont implantés avec succès», explique l’un des rares humanitaires à  être resté en ville au cours des derniers mois. Paris n’ignore rien de cette imprégnation. Les morts retrouvés sur le champ de bataille étaient tous de jeunes Noirs. Des gamins perdus recrutés sur place et qui forment aujourd’hui l’ossature du Mujao. Alors, même si après le choc d’Imènas le Mujao s’est fait nettement plus discret, les militaires se gardent bien de crier victoire.

Serval: 2 mois et plus de 100 millions d’euros

En soixante jours de guerre, beaucoup de jihadistes ont été tués ou blessés, la plupart de leurs bases arrières et leur logistique ont été détruites ainsi que d’importantes caches d’armes ont été découvertes. Neuf prisonniers de guerre soupçonnés d’appartenir au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont été transférés, le 26 février dernier, vers Bamako, après avoir été arrêtés à  Gao. Ces lourdes pertes enregistrées dans les rangs des jihadistes ont été l’œuvre de l’armée française à  travers l’opération baptisée Serval, une opération qui a permis de stopper dans un premier temps la progression, vers le sud du Mali, de ces combattants qui avaient pris le contrôle de la localité de Konna située au centre du pays. Après la prompte intervention de l’aviation française, les forces françaises et maliennes ont repris tour à  tour les régions de Tombouctou et de Gao. La région de Kidal, est également tombée mais dans les mains de l’armée française, soutenue par les militaires tchadiens. Le début de l’opération française a été non seulement salué par la majeure partie de la classe politique française mais aussi par la communauté internationale. Un accueil chaleureux a été réservé au président français, François Hollande lors de sa visite le 2 février à  Mopti, Sévaré, Tombouctou et Bamako. Le héros du jour a déclaré devant une foule enthousiaste « je viens de vivre la journée la plus importante de ma vie politique. » La grosse artillerie a un coût Bien que beaucoup d’islamistes aient été neutralisés, le Mali a connu le premier attentat suicide de son histoire le 8 février o๠un homme s’est fait exploser dans une attaque visant des militaires maliens. Deux autres sont également survenus à  Gao et à  Kidal. Déjà  en 45 jours de guerre, le ministre français de la défense Jean-Yves le Drian avait indiqué le 26 février que plus de 100 millions d’euros ont été dépensés. Dès le début de cette opération, la France a déployé ses hommes sur le terrain alors qu’en Libye C’’était plutôt une guerre aérienne qui avait coûté près de 300 millions d’euros. Ainsi, près de 200 bombes ont été tirées sur des objectifs au Mali depuis le début des combats. Le prix d’une bombe de précision GBU 12 coûte environ 20 000 dollars pièce et l’heure de vol pour un avion cargo affrété Antonov 124 est facturée à  30 000 euros. Les interrogations de Sarkozy En deux mois, quatre militaires français sur les 4000 mobilisés sur le sol malien ont été tués sur le théâtre des opérations. La présence militaire française au Mali est de plus en plus critiquée par l’opinion française. La dernière sortie de l’ancien président Nicolas Sarkozy a suscité beaucoup de réactions au Mali et ailleurs. Parlant du Mali lors d’une interview, Sakozy se demande «Que fait-on là -bas, sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4.000 hommes». Il a peut être oublié son implication dans l’intervention militaire française en Lybie quand il était aux commandes. Si certains s’interrogent, C’’est qu’il y avait des femmes à  qui l’on mettait le voile sans qu’elles l’aient elles-mêmes demandé, qu’il y avait des femmes qui n’osaient plus sortir de chez elles, qu’il y avait des femmes qui étaient battues parce qu’elles voulaient être libres. […] Nous voulons lutter contre le terrorisme, contre la barbarie, contre le fondamentalisme, mais aussi pour la liberté religieuse parce que ceux qui étaient traités ainsi étaient des musulmans et que nous étions de leur côté», a implicitement répondu François Hollande. l’armée malienne quant à  elle reste silencieuse en ce qui concerne les pertes en vies humaines. Actuellement, le ratissage continue dans l’extrême nord, et de l’avis du ministre français de la Défense, 70 % du travail a été fait, mais des jihadistes sont toujours sur le terrain. Cependant, il n’est pas question de minimiser la force de frappe de ces islamistes qui sont lourdement armés même si l’opération connaà®t des succès par endroit.

Visite surprise de Jean Yves le Drian au Mali

« En délogeant les djihadistes de leurs derniers bastions, vous êtes les têtes de pont de cette guerre sans répit que la France a décidé de livrer contre les groupes terroristes qui sévissent encore au Mali », a dit le ministre aux militaires français sur l’aéroport de Tessalit. « Sur vous, ainsi que sur nos frères d’armes tchadiens, dont je sais les souffrances et dont je salue le grand courage, repose désormais une grande part du succès de l’opération Serval », a-t-il ajouté. Jean-Yves Le Drian s’était auparavant rendu dans la vallée de l’Amettetaà¯, au C’œur du massif des Ifoghas, sanctuaire des djihadistes, o๠de rudes combats viennent d’être menés. Le ministre a rendu hommage aux quatre militaires français morts au Mali depuis le début de l’opération Serval, il y a près de deux mois. Les troupes françaises commenceront à  se retirer du Mali à  partir d’avril, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères. « A partir d’avril, il y aura un début de décroissance des troupes », a dit Laurent Fabius sur RTL, confirmant les propos tenus la veille par François Hollande. « Cela ne veut pas dire que l’on va partir du jour au lendemain », a ajouté le chef de la diplomatie française. « Nous avons dit depuis le début que nous n’avions pas vocation à  rester éternellement au Mali. » Le « ratissage » de la barre des Ifoghas sera terminé « dans quelques semaines », et certains soldats commenceront alors à  quitter le pays, a dit Laurent Fabius. L’opération Serval mobilise 4.000 soldats français sur le terrain. François Hollande a fait état mercredi de la mort de « chefs terroristes », une information confirmée par Laurent Fabius. « Nous savons qu’il y a pas mal de chefs parmi les plusieurs centaines de terroristes qui ont été tués dans toute cette opération », a dit le ministre des Affaires étrangères. Il a ajouté ne pas être encore en mesure de confirmer que parmi ces chefs figuraient les chefs djihadistes Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeà¯d, dont la mort a été annoncée par les autorités tchadiennes. « Pour l’identité des deux ou trois chefs qui ont été cités, il faut faire des vérifications précises avec l’ADN, et c’est ce que les services de l’armée sont en train de faire », a dit Laurent Fabius. « Normalement, ça devrait être assez rapide. » Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse .

VIDEO : l’armée française filmée en plein combat dans les Ifoghas

Avant d’essuyer des tirs ennemis au niveau d’une crête montagneuse. On voit alors les soldats français riposter avec mortiers, tirs d’infanterie et soutien aérien. L’armée française, qui diffuse régulièrement des images de l’intervention Serval au Mali, a mis en ligne sur Youtube une séquence particulièrement impressionnante filmée au coeur du massif de l’Adrar des Ifoghas, le fameux nid de guêpes dans lequel les djihadistes se sont retranchés et défendent très chèrement leurs positions. D’autres images de l’opération Serval

Médias : sur la ligne de front ou derrière la ligne de front ?

Au lendemain de l’opération Serval, l’office de radiodiffusion et de télévision du Mali (ORTM) a initié un programme dénommé « Sur la ligne de front ». Pour nous faire vivre, en direct le déroulement des opérations depuis les zones de conflits. C’’est aussi une des missions de l’organe d’information national car l’information doit être accessible à  tous et surtout au grand public. Alors que nos amis de la DIRPA (Direction des relations Presse de l’armée) nous convoquait il y a peu, pour préciser aux journalistes, que plus rien ne serait caché au peuple, il y de quoi s’interroger… Après le journal télévisé de 20h donc, J’attendais impatiemment de voir des plateaux en situation, des journalistes faire le direct, des images inédites, des témoignages d’habitants, des récits, des scoops, les coulisses des batailles, des chiffres sur les affrontements, le bilan des deux côtés des forces, l‘information à  chaud. Bref, être au courant des derniers développements sur le théâtre des opérations. « Accès à  l’information réduit » Mais, en lieu et place, un présentateur, au demeurant sympathique, mais qui reçoit sur son plateau des personnalités de Bamako, des politiques, des colonels de l‘armée ou des chargés de communication de la DIRPA. A écouter leurs propos, on ne peut réellement se faire une idée claire de l’avancée des troupes françaises ou maliennes sur le terrain des opérations. Encore moins de comprendre les enjeux réels ou les derniers développements de la force africaine (MISMA) sur le terrain. O๠en est donc ce déploiement des forces africaines ? Plutôt verra -on des reprises d’éléments du journal télévisé ou des journaux de la journée. En clair, nous ne sommes pas vraiment sur la ligne de front mais dans un studio télé avec un générique choc « l’heure de la mobilisation a sonné ! », qui laisse croire le contraire. De son côté, la DIRPA affirme qu’on ne peut tout dévoiler, tout dire, au risque de favoriser l’ennemi, mais n’est-ce pas une question de moyens finalement et d’accès à  l’information ? Les journalistes maliens dans les rédactions, ont-il tout le loisir de se rendre sur le théâtre des opérations pour comprendre ce qui se passe…? Existe-t-il au Mali de vrais reporters de guerre ou « Grand reporters » ? Plutôt se rabat-on sur l’institutionnel pour masquer le vide de contenus en termes d’information de guerre.  » Primeur aux médias internationaux  » Car finalement, C’’est toujours les chaà®nes internationales qui ont les moyens et sont les premières à  nous informer sur le déroulement des opérations au nord Mali. Il suffit pour cela d’ouvrir une radio mondiale fort bien connue. Avec les scoops et les exclusivités sur les prises d’otages ou même la mort d’un soldat français, les dernières déclarations des Etats majors français etc… Les grandes agences comme l’AFP, Reuters ou même AP, ont la primeur des annonces sur l’opération Serval menée au Mali et que reprendront ensuite nos amis de la ligne de front, fort occupés à  couvrir l’institutionnel, le ballet diplomatique de Bamako ou les audiences du chef de l’Etat. Rarement, verra-t-on quelques images de l’armée malienne entrain de ratisser les villes libérées par la France, comme à  Diabaly, après une rude bataille avec les jihadistes… Un vide se dessine aussi sur la troisième phase de l’opération Serval, dénommée Panthère. Aussi, se retrouve t-on à  la phase 4 de cette opération, qui a vu mourir un deuxième soldat français… En fin de compte, l’émission Sur la ligne de front», si elle a le mérite d’exister, s’attelle plus à  véhiculer ou en tout cas à  essayer de restaurer la fibre patriotique sérieusement entamée des Maliens, qu’à  donner des informations, claires, précises et fiables sur le front des opérations. Peut mieux faire…

Le Drian : « Nous sommes dans la phase la plus difficile de l’intervention au Mali

D’après Jean Yves le Drian, le chef de la Défense française, l’opération militaire des français est entré dans sa phase la plus difficile au Mali. Près de 150 soldats français et maliens ont lancé lundi une opération dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas, dans le nord du pays, o๠sont retranchés les groupes islamistes. Le sergent-chef Harold Vormezeele a été tué mardi, au cours d’un « accrochage sérieux », a indiqué mardi le président François Hollande. Les rebelles qui se trouvent dans ce massif montagneux sont parmi les plus « fondamentalistes, les plus durs, les plus organisés, donc c’est une phase assez complexe », a déclaré le ministre. « On s’attendait à  de la résistance, il y en a eu, il y a des combats très violents, hier et peut-être encore aujourd’hui », a-t-il ajouté. Mais « il faut poursuivre parce qu’il y a là  la fin de l’opération », a assuré Jean-Yves Le Drian.

VIDEO : L’entrée des soldats français à Bourem

Les jihadistes ont fui trois jours auparavant. Les militaires ont été chaleureusement accueillis par la population qui brandissait des petits drapeaux français et maliens. « C’est la délivrance aujourd’hui », s’exclame le maire de Bourem au micro des envoyés spéciaux de France 2. Il explique que les islamistes se comportaient en « maà®tres » car ils « droit de vie ou de mort sur [eux] ». Toutefois, les forces françaises restent en alerte car des islamistes peuvent encore se cacher dans la population. « On a tous l’expérience de l’Afghanistan dans notre armée française et on connaà®t leur mode d’action. Ils sont capables à  tout instant de nous infliger des pertes », explique le lieutenant-colonnel Christophe Loridon, de l’Etat-major de la brigade « Serval ». Francetv info / Loà¯c de la Mornais, Annie Tribouart – France 2

 » MALI CIKAN  » : tout savoir donc sur l’opération Serval…

www.mali-cikan.fr. Cikan, signifie le message en Bambara. Face à  la multitude d’informations délivrées ça et là , l’armée française vient de lancer un blog, à  destination de la population malienne. Mali-Cikan.fr entend informer l’opinion internationale des dernières actualités de l’opération Serval. Ansi apprend t-on que les deux tiers du contingent sénégalais, dans le cadre de la MISMA, aurait rejoint Bamako, ces derniers jours… Mais surtout, le site devrait permettre aux journalistes maliens, confrontés au manque d’information sur le front, de récupérer des images, des textes et des sons sur l’opération Serval et d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Une première pour l’armée, entre partage de contenus et communication d’influence. Mais pour certains, le site serait d’abord un outil de propagande « Bienvenue à  la branche Propagande du Ministère de la Défense dans la droite ligne des régimes socialistes, qu’ils soient soviétiques ou nationalistes. CIKAN signifierait MESSAGE, c’est donc un SIGNAL, rapporte un internaute. Pour d’autres, le site manque de réactivité et on y apprend pas encore grand chose :  » Pour avoir vécu et travaillé pendant dix ans en Afrique, je peux assurer que la rue africaine est avide d’infos. Quand on traite d’une opération militaire dans un Etat o๠les déplacés se comptent par dizaines de milliers, o๠les nouvelles du pays manquent, o๠les communications téléphoniques sont capricieuses, ce n’est pas en proposant une version « africanisée » du site du MinDef que l’on va rendre service aux internautes locaux ». Contrôle de l’information Du reste, ce qu’on peut découvrir sur ce site, suffit-il à  éclairer l’opinion ? En réalité, le minsitère de la Défense, ne délivrera que ce qui l’arrange. Un reportage d’Envoyé Spécial diffusé il y a quelque temps, nous permettait d’entrer au coeur même du PC de commandement de l’Opération Serval, en plein coeur de l’Elysée à  Paris. Alors qu’à  Bamako, l’émission quotidienne  » Sur la ligne de front », ne nous permet pas d’appréhender la réalité du terrain, on en vient à  penser que l’information est au fond une question de moyens. Des moyens dont manque cruellement la presse nationale, nous poussant quotidiennement à  avoir recours aux grand médias internationaux comme France 24 ou encore RFI. L’Afrique, c’est certain, n’a pas encore la maà®trise de sa propre information, en témoigne la création de Mali-cikan.fr…