Émissions de titres publics : Le Mali prévoit de lever 1 443 milliards FCFA

La direction nationale du trésor et de la comptabilité publique a procédé ce 19 février 2024 au lancement du calendrier des émissions publiques au titre de cette année. Au total le trésor sollicite un montant de 1443 milliards FCFA pour faire face au déficit budgétaire et au paiement des dettes.

En 2023, le calendrier initial des émissions du Mali se chiffrait à 1 389 milliards FCFA. Finalement, il a mobilisé 1 012 milliards lors de 26 émissions dont 24 par adjudication et 2 emprunts obligataires par appel public à l’épargne.  Si les résultats sont en deçà des attentes, ils sont tout de même satisfaisants, au regard du contexte particulier, a rappelé le Directeur national du Trésor et de la comptabilité publique Monsieur Siaka Samaké. Certains facteurs comme l’essoufflement des acteurs majeurs que sont les banques, les tensions de liquidité et le faible taux de couverture ou même des annulations expliquent ces résultats. A cela, s’ajoute le renchérissement des coûts de financement dû à la hausse des taux directeurs de la BECEAO. Le Trésor public déplore aussi la participation timide de certaines banques locales.

Le montant à mobiliser pour 2024, s’élève à 1 443 milliards FCFA pour assurer le financement du déficit et le paiement de la dette, expliquent les responsables du Trésor. Le déficit budgétaire estimé à 4,4% du PIB, reste à un niveau « appréciable », au regard des nombreux défis que traversent le pays, relèvent les autorités. Avec un ratio de l’encours de la dette à 51,6%, contre 70%, la norme communautaire, cet endettement préserve la viabilité de la dette publique du Mali.

Le taux de croissance est maintenu à 5% en 2023, grâce au dynamisme du secteur minier et la bonne tenue du secteur agricole ». L’inflation contenue à 2,5%, juste en dessous de la norme communautaire à 3%. Elle reste marquée par la crise Russo ukrainienne et le renchérissement des prix des produits alimentaires et énergétiques. Ces « performances », découlent d’une gestion prudente et d’une bonne politique de mobilisation des recettes, soutiennent les responsables. La pression fiscale à 14,6% et la maîtrise des dépenses publiques avec un ratio 22,7% PIB.

Réformes

Les réformes prévues visent un réaménagement institutionnel, la transformation numérique, l’introduction de la facture normalisée, le nouveau code minier ou encore l’imposition du commerce électronique. Les réformes ont déjà permis « une certaine performance », des services de recouvrement dont les impôts  avec  1170,45 milliards FCFA en 2023, contre une  réalisation  de 996,9 milliards en 2022.

Les services des Domaines ont enregistré 176,9 milliards FCFA en 2023 contre 162,3 milliards, les services des Douanes 758,29 milliards FCFA contre 611,3 milliards FCFA en 2022.

Les perspectives sont aussi positives avec une croissance de  5,1% en 2024, 5,5% 2025 et 5% en 2026. Un solde budgétaire à 4,4% en 2024, 3,6% en 2025 et 3% en 2026. L’inflation, malgré le contexte, est maintenue à 2,5% sur la période projetée. Le taux de pression fiscale à 14,8% en 2024, 15,4% en 2025 et 16,1% en 2026. L’encours de la dette passe de 51,6% en 2024, à 51,7% en 2025 avant de retomber à 51,6% en 2026.

En 2023, le remboursement du capital s’est élevé à 613,11 milliards FCFA. La stratégie d’endettement entend désormais privilégier les emprunts de plus longue maturité, afin que l’Etat puisse s’endetter à moindre coût. Le remboursement en capital pour 2024 est de 626 milliards FCFA.

Perspectives : quelques chiffres de l’économie malienne en 2019

En 2018, l’économie malienne a connu une forte croissance avec la hausse du Produit intérieur brut réel à 5%. Même si le PIB a connu une baisse de trois points par rapport à 2017 où il affichait 5,3%, il faut dire que l’économie a principalement été portée par l’agriculture notamment le secteur du coton; d’ailleurs le Mali a gardé son rang de premier producteur africain avec 728 606 tonnes de coton graine. Il arrive ainsi devant le Burkina Faso avec une production de 612 723 tonnes, le Bénin avec 597 373 tonnes, la Côte d’Ivoire avec 413 205 tonnes, le Sénégal avec 13 376 tonnes, le Togo avec 117 166 tonnes et la Guinée en dernière position avec 9 878 tonnes. Le secteur des services mené par les activités financières et le commerce a aussi une impulsion considérable.

En 2019, la croissance du PIB du pays va connaître une légère baisse de 3 points pour s’établir à 4,7 en 2020. Dans cet ordre de choses, l’inflation va être de 1,7 contre 1,8 en 2020. Des analystes estiment aussi que l’assainissement devrait permettre au déficit budgétaire de se réduire progressivement passant de 2,4% du Produit intérieur brut à 1,5% en 2020. Et en ce qui concerne le déficit de la balance courante, il devrait rester supérieur à 6% jusqu’en 2020.

Malgré la crise sécuritaire qui a une incidence sur l’économie nationale, le Mali commence à mobiliser davantage de recettes et à accroître l’efficacité et la qualité des dépenses publiques dans le but de créer une marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour l’investissement publique selon les analystes de la Banque africaine de développement.

En outre, le gouvernement a mis en place un cadre de consultation pour faciliter la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix signé en 2015. Toutes ces mesures, si elles sont bien suivies pourront donner un autre visage au pays.

INSTAT : Premier recensement des unités économiques

L’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT) organise pour la première fois un recensement des unités économiques (RGUE) sur l’ensemble  du territoire. Il s’agit d’un comptage des unités de tous les secteurs, à l’exception du primaire, regroupant  l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie. L’opération, qui a démarré le 14 février 2019, rencontre quelques difficultés, comme la réticence de certains acteurs ou le bouclage de son financement. Le but est d’obtenir des données complètes et fiables et surtout une nouvelle base de calcul pour le PIB.

« Le recensement de ces  unités économiques, formelles et informelles, se déroule en 2 phases », explique Madame Fatou Dia, cheffe du projet RGUE. La première, « Cartographie / repérage », qui a démarré le 14 février par le District de Bamako, consiste en une géolocalisation des entreprises et un certain nombre d’adressages. La seconde phase, quant à elle, prendra en compte toutes les autres caractéristiques pour le dénombrement. Sont concernées toutes unités de production de biens et services, comme par exemple le commerce, l’industrie, etc….

Cependant, seules les unités économiques disposant d’un « local professionnel bâti et d’une porte d’entrée » seront prises en compte au cours de ce recensement, explique M. Seidina Oumar Minta, le Directeur technique du RGUE. Ce qui exclut les unités ambulantes ou autres étalagistes. Cette exclusion n’aura pas cependant un impact  négatif sur l’opération, car ces unités sont peu représentatives.

L’objectif de ce recensement, qui est d’actualiser les bases de données sur les entreprises au niveau du système statistique national, s’étend à la « migration vers le système de comptabilité nationale 2008, qui est une exigence des Nations Unies », ajoute M. Minta. Une telle migration requiert donc une opération statistique de ce genre, afin d’avoir l’exhaustivité et «  d’aller vers une nouvelle année de base ».

Cette nouvelle base permettra en outre  de servir  de base de sondage pour d’autres études et aussi d’avoir une nouvelle base en ce qui concerne les calculs du PIB.

Pour cette première, « les difficultés rencontrées sont celles inhérentes à toutes les opérations de statistique auprès des entreprises », relève M. Minta. Car certains acteurs réticents « se méfient et pensent que toutes les opérations de ce genre sont à but fiscal ». Ces difficultés, qui ne sont pas les moindres, ne devraient cependant pas constituer une entrave, selon le Directeur technique du RGUE.

Le financement d’environ 5 milliards de francs CFA, qui n’est pas encore bouclé, permettra d’exécuter seulement la première phase de l’opération.