Adema – PASJ : la vie sans le président

Il n’aura présidé aux destinées de la Ruche que pendant 21 mois. Alors qu’il aurait fêté les deux ans de son élection à la tête du Comité exécutif de l’Adema le 18 octobre prochain, « Big Mari », comme le surnommaient ses proches camarades politiques, s’en est allé définitivement le 23 juillet 2023, laissant derrière lui un parti qui, après plusieurs soubresauts, semblait avoir enfin retrouvé le calme ces derniers mois.

Feu Marimantia Diarra a succombé des suites d’une maladie à l’âge de 75 ans, après un récent séjour à l’étranger pour des raisons de santé. Inhumé le 25 juillet, l’ex-membre du Conseil national de Transition, était, selon l’un de ses proches, un « homme politique de grande valeur, d’une grande courtoisie, d’une sérénité constante et d’une dignité jamais prise en défaut ».

Ses compagnons de l’ancien Comité exécutif du parti l’avaient choisi pour remettre l’Adema au-devant de la scène, pour un mandat de 5 ans. Il laisse son parti orphelin de « père » à un peu plus de trois ans du prochain congrès.

Confronté pour la toute première fois de son histoire au décès d’un Président en exercice, le parti des Abeilles, le mieux implanté sur l’étendue du territoire national, doit faire face à une première expérience aussi douloureuse qu’imprévue.

Toutefois, selon une source interne, « il n’y a pas le feu à la maison ».  « Dans nos textes, le parti est dirigé par ordre de préséance. Aujourd’hui, le poste de Président étant vacant, c’est le premier Vice-président qui va assurer ces fonctions », explique-t-elle

« Pour un renouvellement, il faut un congrès. À défaut d’un congrès, il faut une conférence nationale, qui se tient entre deux congrès. Mais même la conférence nationale ne peut pas faire un renouvellement, juste un remembrement », poursuit notre interlocuteur.

Secousses à l’horizon ?

Avant le congrès d’octobre 2021, qui a porté l’ancien ministre du Plan et de l’aménagement du territoire à la tête de l’Adema, le parti a longtemps été secoué par des divisions internes, avec la formation de plusieurs clans.

L’actuel 1er Vice-président, Abdoul Kader Konaté dit Empé, qui prend aujourd’hui la tête du parti, avait longtemps été pressenti comme candidat à la présidence de l’Adema avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra.

L’ancien ministre du Commerce va-t-il réussir à rassembler autour de lui pour finir le mandat en cours ? Les anciens soutiens du défunt Président, Adama Noumpounon Diarra ou l’ancien ministre Moustapha Dicko, tous deux candidats eux aussi à la présidence du parti avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra il y a deux ans, s’aligneront-ils aujourd’hui derrière le nouveau leader ?

À en croire Mohamed Chérif Coulibaly, Président du Bureau national de la jeunesse du parti, l’Adema n’a pas pour l’heure comme priorité l’organisation d’un congrès avant la fin du mandat de l’actuel Comité exécutif, en 2026.

« Le risque zéro n’existe pas. Mais nous ne planchons par sur l’organisation d’un congrès extraordinaire avant la fin du mandat actuel. Il n’y a pas d’homme providentiel à l’Adema. Chez nous, si le Président n’est pas là, le parti ne s’écroule pas, parce qu’il ne s’identifie pas à une personne. C’est ce qui constitue notre force et en même temps notre faiblesse », avance-t-il.

Mais, au-delà du leadership du parti, l’épineuse question d’une candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle n’est pas encore tranchée et pourrait raviver les différends entre les clans au sein de la Ruche. Avant même le décès du Président Diarra, les cadres du parti étaient partagés entre une candidature propre à l’Adema ou le soutien à un candidat issu d’une coalition politique.

Fin 2022, le Bureau national de la jeunesse exhortait le Comité exécutif à enclencher le processus de désignation du candidat à l’élection présidentielle de 2024. Mais cette sortie, qualifiée à l’époque de malencontreuse et de contre-productive par le Secrétaire général Yaya Sangaré, n’était pas du goût de certains membres du Bureau exécutif.

Ces derniers estimaient que la candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle était une recommandation forte du 6ème congrès ordinaire, mais que sa mise en œuvre appartenait au Comité exécutif, où les débats se tiennent. À quelques mois de la date prévue pour le scrutin, le débat risque de refaire rapidement surface.

ATT : deux ans après, le repère tient debout

Deux ans jour pour jours après le décès d’Amadou Toumani Touré, Souleymane Koné, ex-ambassadeur, actuel conseiller à la Primature rend hommage à l’ex-président dans cette contribution.

Deux après sa disparition,  les idées et actions de ATT restent  le repère d’un autre Mali possible dans l’unité et le rassemblement. Du soldat de la démocratie et du Bâtisseur de la nation qu’il a incarné, ATT demeure l’absent le plus présent dans notre vie nationale.

Il est resté un repère dans la lutte pour la souveraineté du Mali. Son refus de l’installation de 500 soldats français sur la base de Tessalit ;  son refus pour la construction d’un observatoire des mouvements par la France à Gao ou Sévaré si les produits ne sont pas partagés par le Mali et son refus de signer l’accord d’admission avec la France attestent éloquemment l’esprit et la capacité de résistance du patriote qu’il fut.

Son soutien déterminé au Col. Kadhafi  qu’il  avait fini par convaincre d’accepter une solution africaine à la crise dans son pays ; son obsession à trouver une solution régionale à la sécurité dans le Sahel, révèlent la lucidité et la dimension panafricaniste de l’homme.

Faut-il  rappeler que le mort-né G5-Sahel  n’a été une pale copie de l’idée de ATT de la nécessité d’une coordination régionale dans la lutte contre l’insécurité dans le Sahel.

Sa vision structurante de l’agriculture comme pilier fondamental du développement, visait à faire du Mali une puissance agricole capable de nourrir l’Afrique de l’Ouest ; les  constructions des routes nationales et secondaires et des ponts comme facteurs  essentiel d’accompagnement du développement économiques et d’intégration nationale témoignent  tout aussi de sa vision pointue  et stratégique de l’avenir de notre pays.

Le Président ATT a érigé  la solidarité nationale en culte avec un engagement jamais égalé dans notre pays : les logements sociaux spontanément baptisés ATTbougou par les populations reconnaissantes ; l’assurance maladie obligatoire, ont fondamentalement restructuré l’univers social de notre pays.

Jamais la culture malienne n’avait été aussi vivante et diversifiées dans ses expressions que sous le Président Amadou Toumani Touré.

Sur le plan politique après la transition démocratique de 1991-1992, ATT  est resté la figure tutélaire de la démocratie malienne. Sa seule présence au sein de l’armée, a  permis malgré les secousses de toutes sortes à la démocratie de fêter ses dix premières années sous la direction d’un pouvoir civil.

Face à une classe politique déchirée, convaincu qu’il n’aura pas la même chance d’avoir une figure protectrice de la démocratie,  il a tiré toutes les leçons dès son retour au pouvoir en 2002, de la décennie 1992-2002 en initiant le concept de consensus politique comme modèle de gestion partagée du pouvoir.

D’ailleurs, au moment où la nécessité de recoudre le Mali s’impose à tous, la revisite du consensus politique en tant que construction politique la plus intelligente et la plus créative que notre pays a connue est un impératif.

Ce modèle alors en construction  était un pari sur la capacité des acteurs dans la  gestion sage et raisonnable des intérêts sociaux divergents, en vue de maintenir la paix civile et le minimum de sécurité qui permette à chacun de s’atteler au développement de sa structure d’origine. Il reposait  sur l’idée selon laquelle le chemin suivi pour trouver une décision est une partie importante de la décision elle-même.

Faire  pour que les gens ordinaires se sentent concernés par le fonctionnement de la démocratie ; que la confiance soit restaurée dans nos institutions et les procédures publiques ; que l’action politique devienne crédible ; que s’élargisse la participation électorale, demeurent encore parmi les défis  dans  l’évolution politique notre pays.

Aussi  le consensus politique présentait-elle  comme une réponse à la démocratie détournée dès sa naissance ; un effort de repenser la politique  dans notre pays ; la construction d’une  nouvelle éthique politique ; une dynamique pour réhabiliter la politique et une démarche pour un renforcement  du contenu social de la démocratie.

Le Président ATT a été un grand leader charismatique et un éclaireur politique, mais il n’a pas été un prophète, même s’il a subi les traitements éprouvés par les  par  tous les prophètes : la méchanceté et les mesquineries de ses contemporains.

A titre d’exemple, en dépit du fait que le consensus politique ait permis  au Mali de survivre à la guerre civile en Côte d’ivoire, pour les détracteurs du modèle, le Mali serait  devenu un  étrange pays démocratique qui, aura  aboli quasiment toute vie politique, puisque les grands partis auparavant opposés et la société civile,  évoluaient ensemble dans un consensus politique.  Cette situation aurait créé une « démocratie apolitique » elle-même devenue  un cercle carré.

Le modèle a été détruit par la France de Nicolas Sarkozy avec l’appui de ses relais nationaux et  au-delà du modèle démocratique, le pays lui-même.

Le soldat de la démocratie a vu ses adversaires détruire l’œuvre de sa vie, son pays qu’il a tant aimé et servi…Mais sa vision et ses réalisations demeurent le repère qu’un autre Mali est possible dans l’unité et le rassemblement.

Depuis son départ du pouvoir, les différentes structures  de légitimité crédibles dans le pays ont été divisées. L’Etat a davantage été désacralisé et dépouillé de son manteau de respect et de considération. Il a perdu sa force, les institutions publiques sont devenues des coquilles vides intellectuellement corrompues, ne maintenant qu’une apparence de légalité.

Le Mali a évolué dans une caricature de démocratie. Cette caricature était  illustrée par l’asservissement du personnel placé à la tête de ces institutions ces dernières années.

S’il y a une certitude, c’est que depuis, le Mali cherche vainement un rassemblement de ses forces vives  pour sortir de la  présente crise.

C’est pourquoi et pour tant d’autres raisons, le président ATT,  est devenu l’absent le plus présent dans nos préoccupations. Il en est ainsi quand ses réalisations sont constamment mises au-devant dans tous les domaines de la vie publique. Depuis 2012, les pouvoirs en exercice  peinent à avoir une identité propre, sans que l’ombre de ATT ne soit plus lisible et plus visible.

Aujourd’hui encore,  la Nature se contente  de nous rappeler le souvenir du bonheur, celui que l’on  n’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Elle s’est chargée de nous  faire  inaugurer des parenthèses douloureuses d’équipes venues conspuer les nombreuses chances que ATT avait ouvertes  et/ou  offertes à  notre pays.

Pour le pays, ATT avait compris qu’il était vain de vouloir  traiter les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier.  C’est pourquoi il avait foi en un Mali fort et capable lorsqu’il se donne la chance d’avancer. Car, au cours de ses siècles d’existence, ce pays a appris que l’on peut trébucher sur une pierre et être capable de gravir une montagne.

Souleymane KONE

Ancien Ambassadeur

solokone189@gmail.com

 

 

 

 

URD : la crise s’aggrave

La crise que traverse l’Union pour la République et la démocratie (URD) depuis le décès de son fondateur, feu Soumaila Cissé, fin 2020, n’en finit pas. Elle a pris un nouveau tournant le 16 janvier dernier, suite au Congrès extraordinaire tenu pour élire un nouveau Président. Ce dernier n’est pas reconnu par une partie de la direction nationale du parti, pour laquelle le 1er Vice-président reste le Président par intérim.

Après la tenue du Congrès extraordinaire qui a conduit M. Gouagnon Coulibaly, 60 ans, ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé, à la présidence du parti de la poignée de main, le Pr. Salikou Sanogo, 78 ans, affirme toujours continuer à assurer l’intérim à la tête de la formation politique.

C’est lui qui a présidé, le samedi 23 janvier 2022, la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de l’URD à la presse. Une cérémonie qui a enregistré la présence de plusieurs cadres du parti et à laquelle a assisté la veuve de feu Soumaila Cissé, Mme Cissé Assitan Traoré.

Congrès contesté

« Le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 est nul et de nul effet », clame le 2ème Vice-président, le Pr. Iba N’diaye. Le 1er Vice-président, soutenu par une partie de la direction nationale, continue d’assumer les fonctions du président du parti. Pour ses partisans, le Congrès extraordinaire du 16 janvier a été entaché d’irrégularités.

« Le soi-disant congrès n’a pas été convoqué par le Président par intérim, le Pr. Salikou Sanogo. Quelque chose qui n’émane pas de la direction du parti ne peut être considérée comme un acte posé par le parti. Le Bureau national ne reconnait pas ce congrès », balaie Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la Communication de l’URD.

« Ils ont remplacé le Président Soumaila Cissé par le 14ème Vice-président. De quel droit ? Les autres Vice-présidents ne sont pas d’accord avec cela », poursuit-il, avant de préciser qu’à l’URD, quel que soit le type du congrès, il est toujours convoqué par le Président du parti. Et ce dernier ne peut refuser un congrès dûment demandé.

Mais Abdrahamane Diarra, le Président du Mouvement national des jeunes de l’URD, n’est pas du même avis. « Nous avons largement dépassé le quorum. Parmi les personnalités présentes, il y avait, à part moi, la Présidente des femmes, la majorité des Vice-présidents, l’ensemble des Présidents de fédérations. Le congrès s’est tenu dans le strict respect des textes de l’URD », avance-t-il.

« Salikou Sanogo ne peut pas continuer d’assurer l’intérim pendant que le peuple URD s’est retrouvé en congrès. C’est lui qui est sur du faux. Ils sont dans des interprétations des textes et nous nous sommes dans l’application intégrale et stricte de ces textes », clame-t-il.

À en croire Daouda Koné, 7ème Vice-président et proche de Salikou Sanogo, après vérification il s’avère que la liste ne contient les 2/3 réels des membres requis pour convoquer régulièrement un congrès. Faux, rétorque le Président du Mouvement national des jeunes, qui assure que cela a été constaté par voie d’huissier.

Quelle suite ?

Le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 a enregistré la participation de 1 204 délégués sur 1 421 qui ont élu à l’unanimité, M. Gouagnon Coulibaly à la tête du parti. Ce dernier a appelé la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage de l’URD à « redoubler d’efforts pour la recherche de solutions idoines de conciliation qui soient en adéquation avec les textes et pratiques convenus du parti ».

C’est à cette Commission que s’en remet également M. Daouda Koné, qui estime que son rôle sera déterminant. « La direction du parti va indiquer la conduite à tenir pour la suite. Ce qui est important, c’est d’éviter de casser ce parti. Pour cela, il faut que les responsables se parlent », admet le 7ème Vice-président.

Si M. Diarra souhaite également la conciliation entre les deux camps, il s’élève en revanche contre une « réconciliation forcée au détriment des textes du parti », ce qui reviendrait, selon lui, à créer une jurisprudence.

Mali – IBK : du Premier ministre à poigne au président de la République contesté

En retrait de la vie politique depuis sa chute du pouvoir en août 2020, le « Kankeletigui » qui était souffrant depuis plusieurs années, s’en est allé définitivement le 16 janvier 2022, laissant derrière lui un parcours politique contrasté. L’homme politique à poigne, rigoureux et ferme, à la réputation forgée en tant que Premier ministre du Mali de 1994 à 2000, a laissé la place à un président de la République contesté, de 2013 à 2020. Retour sur le parcours de celui qui aura consacré sa vie à servir le Mali.

Né le 29 janvier 1945 à Koutiala, Il aurait eu 77 ans le 29 janvier 2022. Mais Ibrahim Boubacar Keita a passé l’arme à gauche 13 jours avant cet anniversaire qui se serait déroulé, s’il avait eu lieu, sobre dans l’intimité familiale de sa résidence privée sise à Sebenikoro. Une résidence héritée de son père, Boubacar Keïta, ancien fondé de pouvoir du Trésor, à laquelle l’ancien président de la République était particulièrement attachée.

Le parcours politique de celui qui a gravi tous les échelons de l’État depuis son retour au pays dans les années 1980, après 26 années passées en France, est assurément le plus abouti et le plus dense de toutes les grandes figures politiques contemporaines du Mali. Il peut se résumer en trois grandes étapes, ponctuées de fortunes diverses. La première, débute lors de sa nomination comme Conseiller diplomatique du président Alpha Oumar Konaré en 1992 et dure jusqu’à l’année 2000, période où il fut successivement ambassadeur en poste à Abidjan, chef de la diplomatie malienne, puis Premier ministre. La seconde démarre en 2002 après sa 1ère défaite à la présidentielle qui le conduit malgré tout à la tête de l’Assemblée nationale (2002-2007), suivie d’une période de traversée du désert. La troisième et dernière grande étape, commence avec son élection à la présidence de la République, en août 2013, pour s’achever au moment du putsch militaire en 2020.

Premier ministre à poigne

En février 1994, quand le président Alpha Oumar Konaré le nomme à la primature, Ibrahim Boubacar Keita, en déplacement à Addis Abeba, n’est à l’époque à la tête de la diplomatie malienne que depuis quelques mois. IBK Premier ministre doit alors faire face à des grèves et une crise scolaire et estudiantine sans précédent, dans un contexte d’ajustement structurel imposé par le FMI et de dévaluation du franc CFA. C’est aussi l’époque où la rébellion touareg sévit. Sur ces différents fronts le chef du gouvernement réussit à trouver des alternatives rigoureuses, procède à de nombreuses arrestations, y compris de leaders estudiantins et religieux, déclare l’année scolaire blanche, et parvient finalement à renouer le dialogue et à restaurer l’autorité de l’Etat. second mandat en 1997.

« Un Premier ministre d’autorité, très convivial, qui avait le sens de l’équipe, qui déléguait et qui assumait et pour le président de la République et pour les ministres ». C’est en ces termes que Moustaph Dicko, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique décrit IBK. « Il a permis de redresser notre pays et de jeter les bases d’une étape démocratique forte (…) Ibrahim Boubacar Keita a été un excellent Premier ministre, qui a rendu à notre pays sa stabilité et a permis de restaurer l’autorité de l’Etat, », ajoute-t-il.

Du perchoir à la traversée du désert

Démissionnaire de la primature en février 2000, IBK pense devoir se préparer pour être le porte-étendard de l’ADEMA à l’élection de 2002. Or, il est mis en minorité au sein de son parti lors d’un congrès qui voit le club des rénovateurs, incarné par le clan CMDT et mené par Soumaïla Cissé, prendre le dessus. IBK démissionne alors avec fracas en octobre 2000 et prend du champ au Gabon, où il compte parmi ses soutiens l’ancien président Omar Bongo Ondimba.

Pour partir à l’assaut de Koulouba, IBK créée le 30 juin 2001 le Rassemblement pour le Mali (RPM) avec de nombreux transfuges de l’ADEMA qui lui sont restés fidèles. Son aura et son bilan à la primature font de lui l’un des favoris à l’élection présidentielle d’avril 2002. A l’issue du 1er tour, arrivé 3ème avec 21,03% des suffrages et seulement 3 500 voix d’écart avec le second, Soumaïla Cissé, ses partisans crient à la fraude électorale suite à l’annulation de plus de 541 000 voix, essentiellement à Bamako, fief d’IBK. Ce dernier appel au calme et apporte son soutien à ATT qui sera éluau 2nd tour.

Dans la foulée, les élections législatives consacrent en juillet 2002 la victoire du RPM qui arrive en tête avec 46 députés sur 147, ce qui permet à son leader d’être consensuellement élu à la tête de l’institution, où il fait office d’allié exigeant du pouvoir exécutif, jusqu’à 2006 et la signature de l’Accord d’Alger, un désaccord profond synonyme d’opposition pour le RPM. Vaincu à la présidentielle de 2007, IBK entame alors sa traversée du désert, malgré sa réélection en tant que député RPM, qui n’en compte plus que 11.

Présidence contestée

Après le coup d’Etat du capitaine Sanogo contre ATT en mars 2012, IBK revient sous les radars. Victimisé, son aura d’homme à poigne intacte, il surfe sur le sentiment d’honneur perdu des Maliens après la débâcle de son armée. « Il apparaissait objectivement comme celui qui, du fait de son parcours, ses réseaux et son expérience, pouvait remettre de l’ordre dans la maison Mali, redresser l’appareil militaire, et mettre fin à la grande corruption », souligne un diplomate en poste à l’époque. Résultat des courses,  « Kankelentigui » est triomphalement élu en aout 2013 avec 77% des voix.

« L’excellent Premier ministre a rappelé au souvenir des maliens le candidat IBK, ils en ont fait le président de la République. Je pense que l’homme est un tout, il a des forces et des faiblesses, IBK n’y échappe pas », résume Moustaph Dicko, tout en nuançant le rôle des militaires et des religieux dans l’accession au pouvoir du Président Keïta.

La rébellion touarègue, la perte de contrôle de pans entiers du territoire, la débâcle de l’armée et la faiblesse de l’appareil de défense, l’apparition du djihadisme, l’affaissement de l’autorité de l’Etat, la corruption endémique, la faillite de l’éducation nationale, et le contexte économique global, sont autant de difficultés dont le président élu a hérité. « Quand il revient en 2013 après une longue traversée du désert, notre pays avait évolué. Notre système institutionnel s’était plus ou moins dévoyé. Il y avait plus l’image de l’individu que l’image du groupe. L’individu ayant pris le pas sur le collectif, de même que les projets personnels sur les projets pour le pays, il n’y avait plus de cohésion au niveau de la gouvernance d’IBK », explique Moustaph Dicko, qui a longtemps cheminé avec lui, un « frère et ami » depuis le congrès constitutif de l’Adema en 1991. « Sa seule personnalité ne suffisait pas, il fallait en plus un projet commun, un engagement commun, une vision commune, ce qui n’a plus existé quand il est revenu au pouvoir ».

Selon l’analyste politique Salia Samaké, il y a « également le facteur âge qui a fait son effet, et dont il faut tenir compte », mais également le choix des hommes, pour lequel le président admettait volontiers qu’il n’avait pas eu « la main heureuse », et une gestion relativement lointaine des affaires de l’Etat. Les scandales provoqués par l’acquisition de l’avion présidentiel et d’équipements militaires, dont les dossiers sont en cours d’instruction par la justice, ont provoqué l’émoi auprès de l’opinion dès la première année de sa présidence, tout comme la perception d’une gestion clanique du pouvoir. Ajoutés aux difficultés à juguler l’insécurité et aux fréquents changements de gouvernement, le président IBK est devenu impopulaire auprès d’un peuple qui l’avait plébiscité, et envers lequel il vouait selon ses propos un « amour fou ». L’émergence du mouvement Antè A bana, qui bloqua le projet de réforme institutionnelle en 2017, en fut l’illustration, tout comme la contestation de sa réélection en 2018.

Un bilan qui reste à écrire

Au chapitre des avancées, la signature d’un accord de paix avec la rébellion armée, le développement de certaines infrastructures économiques (routes, échangeurs, centrales énergétiques, logements sociaux), l’extension de la couverture maladie universelle, tout comme la montée en puissance de l’armée et la relance de la production agricole, sont à l’actif de la gouvernance IBK.

Il est sans doute trop tôt pour dresser un bilan exhaustif des années IBK. Mais jusqu’au bout, le Président, qui sera conduit à sa dernière demeure ce vendredi 21 janvier après des obsèques nationales dus à son rang, aura servi le Mali « de toutes ses forces, pas toujours avec le même bonheur en retour  mais, j’en suis sûr, avec la même volonté », conclut Moustaph Dicko qui regrette la perte d’un homme qui aimait profondément le Mali.

Mohamed Kenouvi

ATT : Le Mali dont il rêvait

« Un acteur majeur de la démocratie », dont « l’empreinte restera forte ». C’est en ces termes que le Président de la transition, Ba Ndaw, a rendu hommage à l’ancien Président Amadou Toumani Touré, décédé ce 10 novembre 2020. Son parcours public, débuté en 1991, aura marqué l’histoire du Mali et connu bien des rebondissements. Si le consensus politique, dont il avait fait sa marque de fabrique, lui a permis de réaliser une « partie de son rêve », il ne lui a pas permis d’aller au bout de son second mandat, écourté à quelques semaines de son échéance en 2012. Mais ATT restera pour beaucoup un patriote, initiateur de grands projets pour le Mali.

Il « a profondément marqué le Mali, par une empreinte physique » dont personne ne nie la réalité. C’est l’image, s’il n’y en avait qu’une seule, que retient M. Seydou Cissouma, proche et ex Directeur de cabinet de l’ancien Président. Son action réformatrice à la tête de l’État, à travers la mise en œuvre d’un ensemble de programmes, restera dans le cœur et dans l’esprit des Maliens, selon lui.

Évoquant lui-même ses réalisations à la tête de l’État, l’ancien Président citait, parmi celles qui l’ont « rendu fier », la mise en place de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), qui continue d’inspirer au-delà des frontières maliennes et est un système de protection sociale qui en réjouit plus d’un.

Le « patriote, très accessible, très proche du peuple, qui tenait à la concorde nationale et à la paix en Afrique » est aussi pour M. Zoumana Sacko, son Premier ministre lors de la transition, un grand bâtisseur d’infrastructures socio-économiques. C’est « son souci pour le mieux être du petit peuple » qui est à la base du programme des « logements sociaux, appelés logements économiques, pendant la transition ».

Sa disparition intervient dans un contexte où « il faut plus que jamais un dialogue entre les forces politiques ». Son héritage dans ce sens doit donc servir d’inspiration aux nouvelles générations, ajoute M. Sacko.

Après une transition jugée exemplaire, celle qu’il a menée suite au coup d’État contre Moussa Traoré en 1991, l’homme politique ATT s’investit dans des causes humanitaires, dont l’une des plus symboliques est toujours la lutte contre la dracunculose, plus communément appelée maladie du ver de Guinée. Une « action humanitaire qui a profondément changé la vie de beaucoup de Maliens et d’Africains ». Les réalisations du Président ATT ont été appréciées au-delà des frontières et ses missions de médiation, notamment en Afrique, lui ont valu le titre de Soldat de la paix, dont il n’était pas peu fier.

Mais, pour réaliser ses rêves d’homme d’État, l’ancien soldat finit par endosser le costume politique. S’il n’en a jamais été loin, le monde politique et ses réalités n’ont pas toujours permis au général à la retraite d’avoir « la baraka » et la vision, indispensables pour atteindre les objectifs dont il aurait pu se réjouir.

Pourtant ATT, « a réalisé une bonne partie de son rêve pour le Mali », estime Cissouma. Parce que, même pour « un patriote avec tant de projets et d’ambitions », un ou deux mandats ne suffiraient pas à les mettre en œuvre. Mais, entre 1991 et 1992, où il a balisé le chemin de la démocratie, et entre 2002 et 2012, avec les actions de transformation à Bamako et à l’intérieur du pays, ATT « peut rendre grâce à Dieu pour l’inspiration et la baraka qu’il a eues », car, il en était convaincu, c’est cette double combinaison qui lui a permis d’engranger des résultats satisfaisants.

Les limites du choix politique

S’il a choisi lors de son premier quinquennat le consensus, c’est parce que le second mandat du Président Konaré avait été caractérisé par « une période politique agitée », analyse M. Gaoussou Drabo, journaliste. Son ambition était donc « de réconcilier un personnel politique très divisé et qui avait manifesté des positions antagonistes ». Une option qui a rencontré une adhésion immédiate, favorisant un climat de cohabitation entre d’anciens adversaires politiques et permettant de réaliser un programme avec l’accompagnement des principaux acteurs.

Cependant, l’option politique du Président ATT « avait une faiblesse fondamentale ». « Le consensus n’avait pas été accompagné de discussions préalables », ajoute M. Drabo. Une multitude d’acteurs étaient associés à « l’exercice du pouvoir sans un contrat politique ».

Ce qui ne tardera pas à faire naître des clivages et des ambitions, dans la perspective de la succession du Président ATT, qui en était à son dernier mandat. L’accompagnement des forces politiques ayant été « très défaillant dans les moments difficiles », même la création de son mouvement de soutien, le parti PDES, ne sera pas suffisante pour créer un consensus politique fort pour appuyer son action.

L’homme du compromis devra donc prendre des décisions seul. Une mission délicate pour celui dont le credo était le dialogue. Et, selon certains, c’est un certain laxisme qui empêche l’État d’agir. La crise qui éclate en 2012 aura raison de la capacité de dialogue du Président et le coup d’État qui interviendra moins de 3 mois avant la fin de son mandat sera accueilli avec soulagement par beaucoup.

Pourtant, selon M. Drabo, c’est moins son tempérament, se faire comprendre à travers le dialogue, que l’absence de bases pour le consensus qui est à la base de cette disgrâce.

La réhabilitation

« Ce qu’ATT a fait pour le Mali ressortira encore davantage après sa disparition », assure M. Cissouma. Convaincu que c’est le consensus et la stabilité qui ont permis « d’obtenir toutes ces réalisations ». « Après l’écume des auto-justifications, les choses se sont clarifiées sur le projet funeste ourdi par certains acteurs et dont nous voyons les résultats aujourd’hui », s’emporte t-il. Les facteurs extérieurs, sur lesquels ATT avait attiré l’attention en son temps, sont déterminants dans la crise que nous vivons encore aujourd’hui.

Malgré tout, il n’a eu que de la compassion lors de son départ en exil, « même de la part de ceux qui pouvaient avoir des projets contre lui ». « Un homme en paix avec lui-même, toujours dédié au Mali », insiste Cissouma.

En tout cas, c’est en véritable héros qu’ATT a fait son retour en décembre 2017, après 5 ans d’exil forcé au Sénégal. Si elles n’ont pas été comptées dans son bilan final, « les améliorations du quinquennat positif » n’ont pas été oubliées, relève M. Drabo.

Auteur d’un coup d’État, qui l’a fait accéder au pouvoir, ATT a été renversé lui-même par un coup d’État. Un coup du destin, estime Zoumana Sacko. Dans les pays africains, nul n’est à l’abri et lorsque les difficultés surviennent, « les chefs deviennent des boucs émissaires ». L’ancien Premier ministre veut retenir de l’homme « affable et accessible », dont le talent de négociateur a été apprécié à travers toute l’Afrique, sa disponibilité permanente à trouver les solutions par le dialogue. Dont nous devons explorer les vertus en ces périodes difficiles pour notre pays et le continent.

Mali : Assimi Goïta, nouveau chef de l’Etat selon l’acte fondamental du CNSP

Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a désormais une base juridique. Son acte fondamental a été publié, jeudi 27 août, dans le numéro spécial du journal officiel du Mali. Il en ressort que pour l’heure le Colonel Assimi Goïta, président du CNSP, assure les fonctions de chef de l’Etat.

« Le Comité national pour le Salut du Peuple désigne en son sein un Président qui assure les fonctions de Chef de l’Etat », dispose l’article 32 de l’acte fondamental du CNSP. Ainsi, c’est le Colonel Assimi Goïta qui devient le nouveau chef de l’Etat du Mali avec toutes ses prérogatives. Il nomme aux emplois civils et militaires, signe les ordonnances et les décrets adoptés, accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès d’autres pays et ceux de l’étranger sont accrédités auprès de lui.

L’acte fondamental ne se contente pas uniquement d’avoir une base juridique au CNSP, mais fait aussi montre de sa légitimité. Dans le préambule, les nouvelles autorités militaires se fondent sur la Constitution du Mali et qualifie de populaires « les événements du 18 août 2020 ayant conduit à la démission du président de la République Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA ». Elles indiquent que c’est « conscient de l’urgence de doter le Mali d’organes de transition pour la conduite des affaires publiques » que l’acte fondamental a été adopté.

L’acte fondamental préserve également les droits et devoirs de la personne humaine, la souveraineté de l’Etat et de l’unité africaine. Et ce sont ses dispositions « qui s’appliquent comme dispositions constitutionnelles, complètent, modifient ou suppléent celles de la Constitution du 25 février 1992 » avant l’adoption d’une Charte pour la transition

Boubacar Bocoum : « Élire un homme est une chose, s’opposer à une politique en est une autre »

L’Honorable Moussa Timbiné a été porté au perchoir de l’Assemblée nationale le 11 mai 2020, lors de a session d’ouverture de la 6ème législature. Une  consécration pour cet ancien leader de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Boubacar Bocoum, politologue, livre à Journal du Mali son analyse de cette élection.

Comment analysez-vous l’élection de Moussa Timbiné ?

Le symbole le plus important est que pour la première fois un jeune de cette envergure arrive à la tête de l’Hémicycle. C’est un signal fort. Au niveau de l’Assemblée nationale,  aujourd’hui il y a également un quota de femmes élevé. Cela montre que la législature sera placée sous le signe de la jeunesse et des femmes.

Il revenait quand même de loin…

Il faut faire le distinguo. Ce sont deux problèmes différents. Celui de l’élection locale et celui au niveau de l’Hémicycle. Ce qu’il est important de retenir est que la Cour constitutionnelle, dans sa composition actuelle, peut prêter à suspicion. Mais le format n’a pas changé et il a profité à cette même classe politique en d’autres lieux et en d’autres temps. Il est convenu par tout le monde que le ministère de  l’Administration territoriale ne donne que des résultats provisoires et que les réclamations sont redressées par la Cour constitutionnelle. Maintenant, si cette loi n’est pas bonne, il faut la changer, mais c’est un autre débat.

Comment expliquer les votes des députés de l’opposition en sa faveur ?

Quand on est élu député, on l’est d’abord au plan national. On n’est pas élu contre tel ou tel parti politique ou individu. Pour l’instant nous n’avons pas de Déclaration de politique générale du Premier ministre. Nous ne savons pas non plus dans quelle direction est en train d’aller le Président de la République. Élire un homme parce qu’on a confiance en ses capacités est une chose, s’opposer à une politique en est une autre. Une fois que le Président de la République va donner ses orientations, les partis politiques et groupes parlementaires se positionneront pour ou contre. Mais il ne faudra pas qu’on entre dans des oppositions systémiques.

Peut-il être à la hauteur des attentes ?

Je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas. Il est jeune et la gouvernance de l’Assemblée, c’est juste du management. Il s’agit de diriger les débats, d’avoir des orientations par rapport à une vision nationale. C’est un poste électif, pas technique. Moussa Timbiné a les capacités de tenir le rôle. Il ne faut pas oublier qu’il a été longtemps 1er Vice-président de l’Hémicycle lors de la législature écoulée.

Germain KENOUVI

Harouna Maiga : « J’aime travailler sous pression»

Élu le 29 avril dernier à la tête de la fédération malienne de basket-ball pour un mandat de quatre ans, Harouna Maiga livre en exclusivité à Journal du Mali ses ambitions et les objectifs qu’il se fixe pour le basket malien.

Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

Sous celui de la continuité. Nous allons conserver les axes prioritaires du bureau sortant, en essayant de les compléter. Prioritairement, nous ferons la relecture des textes prévue bien avant les élections. Nous allons essayer de les harmoniser avec ceux de la FIBA et de corriger quelques insuffisances. Nous commencerons à le faire dès la semaine prochaine, le temps de mettre les choses en place. Au-delà, nous continuerons également les formations des acteurs du basket (entraineurs, arbitres, officiels techniques). Nous formerons également les Secrétaires généraux des Ligues sur les textes, car une bonne compréhension de ceux-ci peut nous permettre d’éviter beaucoup de situations malencontreuses. Nous ne nous limiterons pas à eux, nous formerons les SG des clubs. La performance nationale ne sera pas négligée. L’ancienne équipe a, pendant son mandat, remporté neuf trophées majeurs. Nous nous évertuerons à atteindre au moins ce chiffre. Ce ne sera pas facile, car les périodes ne sont plus les mêmes et qu’au niveau des différentes catégories d’âges beaucoup de pays se sont armés pour nous attendre. Nous sommes désormais, en effet, le pays à battre.

Le bureau sortant a un très bon bilan. Cela représente-t-il pour vous une pression supplémentaire ou plutôt une source de motivation ?

Les deux. J’aime travailler sous pression, j’ai toujours été comme cela. Je suis un  financier et il y a beaucoup de pression dans mon milieu professionnel. Pour la pression, il n’y a pas vraiment de problème. J’aime relever les défis et c’est ce que j’entends faire. Je compte beaucoup sur mon équipe pour y arriver. Elle n’est composée que de chevronnés de basket et je crois en elle.

Le bilan aurait pu être meilleur, notamment chez les garçons. Avez-vous mis en place une stratégie spéciale pour les mener au sommet ?

Le bureau sortant nous a déjà prouvé que nous pouvions le faire avec les garçons. Le principal problème avec eux est que la plupart s’expatrie. Ils arrivent dans des clubs où ils n’ont pas assez de temps de jeu, alors que lorsqu’ils jouaient à domicile ils étaient très bons. Nous ferons donc de sorte que notre ossature nationale soit composée de locaux. Et cela ne sera possible qu’en renforçant le championnat. Il faut donc que les clubs jouent leur partition en recherchant des sponsors afin de convaincre les joueurs de ne pas s’exiler. Nous avons de très bons joueurs chez les garçons, mais il nous arrive d’avoir des difficultés à les mobiliser. Ceux qui sont universitaires, aux États-Unis ou ailleurs, ne sont pas facilement déplaçables. C’est pourquoi nous miserons sur nos locaux, qui seront complétés par ceux qui pourront être libérés par leurs clubs étrangers. Nous ne sélectionnons pas un joueur parce qu’il est à l’étranger. Je ne suis pas entraineur, je ne me mêlerai donc pas de la sélection, mais, quand même, les entraineurs sauront ce que nous attendons d’eux.

Le sélectionneur Remi Guitta a été très décrié, pour ses choix notamment. Allez-vous lui renouveler votre confiance à un mois d’une échéance capitale (Ndlr : la phase retour des éliminatoires de la Coupe du monde) ?

Il a contrat qui court toujours et nous comptons lui renouveler notre confiance. Mais, comme je le disais, nous lui dirons de prendre les meilleurs. Nous voulons les meilleurs, qu’importe où ils jouent. Guitta nous a lui-même confié que lors du dernier rassemblement il ne connaissait pas certains des joueurs. Il faut reconnaitre qu’il n’a eu que trois jours pour faire connaissance avec l’équipe. Cette fois-ci, ce sera différent.

Des chances de qualification ?

Oui, évidemment. Sur les quatre équipes de notre groupe, trois se qualifieront. Pour l’heure, nous en faisons partie. Nous nous qualifierons pour la deuxième fenêtre et c’est là que ça deviendra coriace. Mais nous aurons la chance d’avoir certains de nos professionnels qui n’ont pas pu se déplacer auparavant, parce que le calendrier de la FIBA le permettra.

Pouvons-nous espérer voir Cheick Diallo ?

Il a déjà donné son accord. Très bientôt nous entrerons en contact avec lui

A l’issue de votre mandat, dans quatre ans, où espérez-vous voir le basket malien ?

Nous voulons faire autant que le bureau sortant. Remporter au moins une autre coupe masculine ou même deux. Et, si possible, nous qualifier pour l’une des compétitions majeures mondiales ou olympiques, aussi bien chez les Messieurs que chez les Dames.

 

Zuma désapprouve la décision de l’ANC et s’accroche au pouvoir

Jacob Zuma, qui n’a pas annoncé sa démission mercredi, a jugé « injuste » la demande que l’ANC lui a adressée de quitter le pouvoir.

Zuma « désapprouve » la décision de l’ANC de le révoquer. Jacob Zuma, qui n’a pas annoncé sa démission mercredi, a jugé « injuste » la demande que l’ANC lui a adressée de quitter le pouvoir. Le président sud-africain, Jacob Zuma, a dit désapprouver, mercredi, la décision de l’ANC (congrès national africain) de le révoquer, tout en démentant vouloir ainsi défier le parti au pouvoir en Afrique du Sud. Le comité national exécutif de l’ANC, la direction du parti, a « rappelé » lundi le chef de l’Etat, lui demandant de quitter ses fonctions. « Je n’ai rien de fait de mal », a déclaré le président sud-africain. « Je pense que c’est injuste », a-t-il ajouté. Jacob Zuma a été sommé d’obtempérer ce mercredi, faute de quoi une motion de défiance contre lui sera débattue dès jeudi. Le président sud-africain, affaibli par une série de scandales de corruption et l’élection à la présidence de l’ANC du vice-président Cyril Ramaphosa en décembre dernier, a promis de faire une déclaration dans la journée. Le mandat de Zuma court normalement jusqu’à la mi-2019. 

Yelema quitte la majorité présidentielle

Après quatre mois de suspension de sa participation à la majorité présidentielle, le parti Yelema a quitté la majorité présidentielle. Une décision qui fait suite au constat des « dérives » du régime actuel et son incapacité à trouver les solutions aux maux de la société.

Après avoir soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de la présidentielle, en 2013 et l’avoir accompagné pendant 3 ans, le parti Yelema se retire de la majorité présidentielle, non sans amertume. « Nous avons soutenu le président (IBK) sur la base de son programme. Notre président a été nommé ministre et a assumé les fonctions de Premier ministre. Mais force est de constater que trois ans après, la grande majorité des attentes des populations n’a pas été comblée et nous constatons une dérive totale qui mène le pays vers des lendemains sans issue », affirme Monsieur Amadou Aya, Secrétaire politique du parti Yelema.
Le parti en veut pour preuve, l’insécurité qui gangrène le nord et maintenant le centre du pays. Yelema reproche également au gouvernement de « ne pas être à l’écoute de la population ». L’une des raisons qui ont, d’ailleurs conduit le parti à suspendre sa participation à la majorité présidentielle, lors du processus de révision constitutionnelle. Car si Yelema soutenait la révision constitutionnelle, il estimait que le moment n’était pas opportun et jugeait le processus pas assez inclusif. Des arguments qui justifient la fin de l’alliance entre le parti de Moussa Mara et le camp du régime du président IBK.

Une opposition dite « républicaine »

Désormais, dans l’opposition, le parti entend garder son indépendance et n’entend pas s’allier à une opposition dite « républicaine ». Le parti qui souhaite un renouvellement de la classe politique à travers de nouvelles façons de faire, ne jure que par l’alternance, en 2018. Et il ne s’agit pas seulement pour eux de changer le parti au pouvoir et ses alliés, mais de changer profondément la classe politique. Même ceux qui ne sont pas actuellement au pouvoir, ne sont pas plus crédibles aux yeux du parti Yelema. Car « la plupart d’entre eux étaient aussi de la majorité, étant issu du parti majoritaire du 26 mars 1991, notamment le parti ADEMA », soutient le Secrétaire politique de Yelema. Ne pourrait-on pas faire le même reproche au parti Yelema qui a aussi exercé le pouvoir ? « Nous sommes comptables de notre bilan et nous l’assumons », ajoute Monsieur Aya.

Réaffirmant la volonté de son parti de contribuer au changement, en 2018, le parti Yelema n’entend pas cependant être la seule force à l’incarner. « L’alternative ne se trouve pas que dans Yelema. Il y a d’autres hommes et femmes de valeur qui peuvent incarner cette alternance. Nous sommes conscients qu’un parti seul ou un homme seul ne peut faire ce changement. (…) Si ce choix ne se portait pas sur nous, nous sommes prêts à mettre de côté notre candidature pour soutenir cet homme ou cette femme », conclut Monsieur Aya.

Clap de fin pour Robert Mugabe !

Après une semaine mouvementée pour le Président nonagénaire, voilà, depuis quelques heures, que son sort est connu. Il vient de démissionner après 37 ans à la tête du Zimbabwe et affirme que cette décision est « volontaire ». Pour l’heure, c’est Emmerson Mnangagwa qui devrait reprendre le flambeau. À Harare, la population est euphorique.

Robert Mugabe vient de vivre ses dernières heures à la fonction suprême. La nouvelle est tombée par la voix du Président du parlement et s’est répandue comme une traînée de poudre. Alors que le Parlement statuait sur son sort, Robert Mugabe a préféré lui couper l’herbe sous le pied. « Moi Robert Gabriel Mugabe (…) remet formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », c’est ce  qu’à lu Jacob Mudenda, le président du Parlement. L’ancien homme fort du Zimbabwe déclare dans ce courrier qu’il « choisi volontairement de démissionner », en justifiant son choix par sa volonté d’assurer une passation de pouvoir sans heurts.

Seul contre tous

Suite au coup de force opéré par l’armée dans la nuit du 14 au 15 novembre dernier, le positionnement de cette dernière a été clair : elle soutient l’ex vice-président limogé Emmerson Mnangagwa. Un soutien de taille dont ne dispose pas Grâce Mugabe, désignée successeur de son époux au détriment de son successeur légitime – selon ce qui était prévu par Mugabe – et compagnon de route de longue date. Cette dernière est accusée d’avoir précipité la chute de son mari en raison de son ambition politique. Pire, son propre parti, le Zanu PF, au pouvoir depuis son accession à la fonction suprême lui tourne le dos, le démet de ses fonctions, moins d’une semaine après le début de ce qui s’apparente à un coup d’État.

Le retour en force du « crocodile »

Devancé par la désormais ex Première Dame du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa a vu ses plans de carrière réduit à néant lors de son limogeage, le 6 novembre dernier. À la suite de ce revers, qui a lancé le début de cette perturbation, il décide de fuir le pays. Certains pensent qu’il serait le commanditaire de ce coup d’État qui ne dit pas son nom. À la suite du limogeage de Robert Mugabe à la tête du parti, celui-ci a choisi d’y mettre à sa tête Emmerson Mnangagwa. Depuis l’indépendance du pays, en 1980, Mnangagwa a eu en charge de nombreux portefeuilles ministériels, la Défense et la Finance, pour ne citer qu’eux. Pour l’ancien fidèle de Mugabe, c’est un retour à la normale qui semble s’opérer, avec la prise du poste tant convoité.

Euphorie à Harare

Jacob Zuma ainsi que son homologue angolais, Joao Lourenço doivent se rendre ce soir au Zimbabwe pour aider le pays à trouver une issue à ce contexte politique. Pendant ce temps-là, à Harare, la capitale, depuis l’annonce de la nouvelle, brandissement du drapeau national, cris de joie, danses viennent rythmer la satisfaction des Zimbabwéens. Le plus vieux Président au monde, jadis héros de la libération, vient d’être poussé vers la porte de sortie après 37 ans à la tête du pays.