Référendum : comment les partis politiques se préparent ?

Le référendum constitutionnel, prévu pour le 18 juin prochain, approche à grands pas. À deux semaines de l’ouverture de la campagne référendaire, la classe politique continue d’être divisée sur la légalité de ce scrutin, mais aussi sur la consigne de vote à donner. Malgré les divisions apparentes, les partis politiques ne comptent pas le boycotter. Si certains affichent déjà leur option pour le « Oui », d’autres, opposés au projet pour la plupart, jouent la carte de la prudence.

Le compte à rebours est bien lancé dans les partis politiques depuis l’annonce de la convocation du collège électoral le 5 mai dernier. Répondant à l’appel du Président de la Transition pour contribuer à la vulgarisation du texte du projet de nouvelle Constitution, certains s’investissent auprès de leurs bases pour une meilleure imprégnation de leurs militants. C’est le cas de l’URD, dont le « Oui » au référendum était un secret de polichinelle, ou encore de l’ADP-Maliba de l’ancien candidat à la présidentielle Aliou Boubacar Diallo.

Le parti de la Poignée de mains est d’ailleurs déjà dans l’arène, avec la Forsat Civile, pour la campagne de vulgarisation et surtout pour une victoire du « Oui » le 18 juin. Le 13 mai 2023, le Forum des forces du changement  (FFC), dont le Président de l’URD Gouagnon Coulibaly avait annoncé la gestation en début d’année, lors de la présentation de ses vœux à la presse, a été officiellement lancé. Outre ces deux fers de lance, il regroupe près d’une vingtaine d’organisations de la société civile, dont, entre autres, Yerewolo Debout sur les remparts et le Mouvement Mali Espoir (MME). Selon les responsables du FFC, une stratégie efficace de campagne sera définie dans les prochains jours pour atteindre une « victoire écrasante du Oui » à l’issue du référendum.

Même combat, approche différente. À l’ADP-Maliba, on mise beaucoup plus sur l’appropriation du document du projet de nouvelle Constitution au niveau des bases du parti. « Notre travail de vulgarisation se  matérialise au niveau de nos rentrées politiques à Nioro du Sahel, à Yanfolila et à Dioïla. Nous avons saisi l’occasion de ces différentes rencontres pour remettre symboliquement des copies du projet de Constitution à nos représentants qui viennent de ces sous-sections pour qu’ils le vulgarisent auprès de nos militants à la base », confie Me Abdoulaye Sidibé, Secrétaire général du parti.

« Prudence »

Au Rpdm comme chez les Fare An ka wuli, le ton est tout autre. Le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui a déjà appelé les autorités de la Transition à abandonner le projet d’adoption d’une nouvelle Constitution, estime qu’il n’est pas encore question d’appeler au Oui ou au Non tant « que nous ne serons pas sûrs que la version finale du document est effectivement celle dont nous disposons ». À  en croire une source au sein du parti, plusieurs versions du projet de Constitution circulent et le risque que les partis politiques se prononcent sur la base d’un document non officiel est réel.

Le Rpdm de Cheick Modibo Diarra, malgré ses réserves sur le changement de Constitution, compte bien lui se plier à la volonté de la majorité des Maliens, mais continue toujours de plancher en interne sur la conduite à tenir face à ce « cas spécial, que le parti doit aborder avec sagesse », selon son Vice-président Yagaré Baba Diakité.

Reconquérir l’opinion

Selon Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13 (Sorbonne – Paris Nord), les partis politiques ne pourront pas se préparer en seulement un mois pour aller à ce référendum dans les conditions maximales. Mais, au-delà du timing, ils doivent faire également face à un défi de taille, celui de la reconquête de l’opinion populaire parce que, avance-t-il, « aujourd’hui ces partis politiques sont discrédités et c’est aussi en partie l’échec de cette classe politique qui justifie l’important soutien des populations au gouvernement de transition ».

À l’en croire, par ailleurs, rares sont les partis politiques qui oseront faire campagne pour le « Non » au risque d’être confrontés à un rejet de la population. « À mon sens », conclut-il, « ceux qui sont opposés au projet opteront pour l’option du silence plutôt que pour une véritable campagne ».

Cheick Modibo Diarra : que devient-il ?

Le 13 janvier 2022, il invitait les militantes et militants de son parti, le Rassemblement pour le développement du Mali (RpDM) à « participer massivement » à la mobilisation générale du 14 janvier pour « soutenir le peuple malien », aux lendemains des sanctions imposées par la CEDEAO. Depuis, l’ancien candidat à la présidentielle, en 2013 et 2018, communique peu. Pour autant, assurent ses proches, Cheick Modibo Diarra reste pleinement engagé pour son parti et surtout pour le Mali.

En déplacement privé aux États-Unis depuis quelques semaines, Cheick Modibo Diarra  se garde de se prononcer depuis un moment sur la vie politique nationale, notamment la conduite de la Transition. Mais, contrairement à ce que cette attitude pourrait faire croire, l’ancien astrophysicien de la NASA n’as pas encore pris sa « retraite politique ».

Cheick Modibo Diarra continue de présider les réunions hebdomadaires du RpDM,  chaque jeudi et dernier samedi du mois au siège du parti, pour plancher sur « toutes les grandes questions qui concernent la Nation malienne ».

S’il n’est pas en déphasage avec les autorités actuelles du pays, le silence apparent de l’ancien Premier ministre de Transition est un choix qu’il assume, à en croire ses proches. « Cheick Modibo Diarra a fait le choix de ne pas entrer dans le populisme. Le Malien lambda croit que faire de la politique actuellement revient à faire des sorties médiatiques sur les différents réseaux sociaux, mais il n’est pas de ce genre. Chaque acte qu’il pose est uniquement dans l’intérêt supérieur de la Nation », clame Yagaré Baba Diakité, Vice-président du RpDM.

« En tant que démocrate, il a beaucoup de retenue sur certaines situations et, à partir du moment où certains ont la destinée du pays en mains, il peut intervenir en donnant son opinion mais pas en abordant le moindre sujet sur les réseaux sociaux », ajoute-t-il.

Candidat en 2024 ?

Porté par la « Coalition CMD 2018 » à la dernière élection présidentielle, Cheick Modibo Diarra était arrivé 4ème au 1er tour. Si le prochain rendez-vous, à la fin de la Transition en 2024 n’est pas encore à l’ordre du jour, l’ancien Premier ministre tient toujours la route pour porter les couleurs du RpDM.

« Nous ne pouvons pas nous prononcer pour l’instant sur une éventuelle candidature, mais il n’y a aucune opposition au leadership de Check Modibo Diarra au sein du RpDM, c’est sûr », glisse Yagaré Baba Diakité. Son seul souci aujourd’hui est de « rendre au Mali ce que le pays lui a donné ».

Cheick Modibo Diarra : Le joker?

On le disait dégoûté du Mali après son échec à la présidentielle de 2013, trop esseulé ou encore à la tête d’un micro-parti. Tous ceux qui l’enterraient déjà se sont trompés. Pas étonnant. Cheick Modibo Diarra est un personnage plein de surprises. A la tête de la coalition CMD 2018, il arrive en quatrième position du premier tour de la présidentielle du 29 juillet.

Vendredi 27 juillet, dernier jour de campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle. Cheick Modibo Diarra, candidat de la coalition CMD, tient son meeting final non loin de la place de l’Obélisque (Bougie Ba). Peu avant 18 heures, il fait son entrée, accompagné de Moussa Mara, et salue chaleureusement les militants qui l’attendent. « Enfin, voici Cheick Modibo de la NASA », laisse échapper, émue, Bintou. La cinquantaine révolue elle assure être venue par ses propres moyens assister au meeting. Sur les podiums, artistes et humoristes se succèdent. Détendu et naturel, l’astrophysicien de 66 ans se délecte du spectacle. « Regardez, il rit, lève son poing, j’ai même peur qu’il ne se lève pour danser », plaisante Moussa Mara, s’adressant aux militants venus nombreux. « Il ne s’en cache pas, il aime le Mali et les Maliens et notre pays a besoin d’un dirigeant qui l’aime », ajoute-t-il. Alors que les dernières lueurs du soleil laissent place à l’obscurité de la nuit, Diarra, physique de rugbyman, s’adresse à ses partisans. Dans un discours en bambara, il harangue ses « troupes » et leur promet un Mali différent si la confiance du peuple lui est accordée. « Me choisir, ce n’est voter pour moi mais pour un groupe. Si vous pouviez acheter une paire de chaussures 1 000 francs CFA ou en avoir cinq de qualité pour le même prix, que choisiriez-vous ? » questionne-t-il.

Revenu de loin

C’est peu de le dire. Nommé Premier ministre durant la transition, le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diarra voit sa carrière politique accélérer. Avec les pleins pouvoirs, il a la difficile tâche de redresser un pays au bord du précipice, miné par la rébellion et sous embargo. L’ancien de la Nasa parvient tout de même à contenir l’hémorragie. De cette période, les Maliens gardent de lui l’image d’un homme intègre et rigoureux dans le travail. Plus tard, contraint à la démission par la junte militaire de Amadou Aya Sanogo, le gendre de l’ex Président Moussa Traoré confiait dans une interview à Journal du Mali avoir eu ensuite à soigner une « infection respiratoire inexpliquée », après un rythme de travail infernal. Désireux « d’être au chevet » du Mali, il se présente à la présidentielle de 2013. En dépit d’un certain engouement, il ne fera « que » 2,14%, bien en deçà de ses attentes. Une déception qui le fait s’éloigner de la scène politique. Atrophié par cette catatonie politique, on aurait pu craindre un retour silencieux. Il n’en a rien été, car CMD a été bien aidé par des « béquilles solides », qui ont su le pousser.

Choix consensuel

La décision de Moussa Mara, Président du parti Yelema, de retirer sa candidature au profit de Cheick Modibo Diarra en a étonné plus d’un. L’ancien Premier ministre d’IBK, dépeint comme orgueilleux et très ambitieux, a vu ce choix faire l’objet de certaines controverses, y compris au sein de son parti. « Il est vrai que certains l’ont accepté avec des grincements de dents. Cela a été très difficile mais le parti a joué le jeu », confie-t-il. Car certains n’acceptaient pas qu’en dépit de son vécu politique et du poids de son parti il s’efface au profit du Président du RPDM. Les discussions furent longues. En décembre 2017, Mara, Diarra, Aliou Boubacar Diallo et Hamadoun Touré, entre autres (ils étaient une dizaine), entament des discussions dans le but de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2018. « Nous n’avons pas pu nous entendre. Nous avons donc libéré les uns et les autres en mars », raconte Mara. Affaire pliée ? Pas vraiment. Deux mois plus tard, en mai, le Forum des organisations de la société civile a démarché Mara, Diarra, Oumar Mariko et Zoumana Sako afin qu’ils se mettent ensemble. « Ce fut l’élément décisif. Ils nous ont fait savoir qu’ils verraient Cheick Modibo Diarra comme le candidat de cette coalition. J’ai dit oui, Mariko a refusé, en avançant que son parti l’avait déjà investi, et Sako a demandé un temps de réflexion », poursuit Mara. Désireux d’élargir la coalition naissante, ils prospectent auprès de politiques qui partagent le même désir de changement qu’eux. Convaincu, Konimba Sidibé, Président du Mouvement pour un destin commun (MODEC) adhère au projet. « Nous voulions un candidat qui soit à la fois intègre, d’une grande compétence et d’un grand engagement vis-à-vis du Mali. Tout cela, on le retrouvait chez Cheick Modibo Diarra. Pour nous, il incarne le vrai changement », confie l’ancien ministre de la Promotion de l’investissement et du secteur privé.

Campagne de proximité

Pas de concert géant, ni de meeting dans les grands stades du Mali. La coalition CMD a misé sur une campagne de proximité, au plus près des Maliens. « Dans certaines localités, quand les gens apercevaient les véhicules aux couleurs de la coalition, ils accouraient vers nous en nous présentant leurs initiatives personnelles, qu’ils finançaient eux-mêmes. En plus de 20 ans de politique, je n’avais jamais vu cela », assure Sidibé. La réputation de Diarra, l’implantation de Yelema et l’apport de Sidibé dans les zones rurales : la machine électorale du tryptique se met en place. « Notre résultat, c’est grâce au citoyen lambda, qui a vu en la coalition le début de quelque chose. Nous nous sommes rendu compte que des centaines de citoyens menaient campagne pour nous sans que nous le sachions. Cela a été un moteur important de succès, surtout à Bamako », affirme Mara. Des bénévoles ont donné de leur temps et quelquefois puisé dans leur portefeuille pour le succès de la campagne. Un accent particulier a été mis sur les réseaux sociaux et sur les radios communautaires. La coalition affirme avoir diffusé des messages dans plus de 300 radios à travers le pays. Approche différente dans un écosystème politique très porté sur le règne de l’argent, auquel Cheick Modibo Diarra et ses soutiens ont refusé de prêter allégeance. Yehia Maiga, l’un des chargés de communication de la campagne de Diarra, assure que dans certaines localités il leur a été demandé de l’argent contre un vote. « Ils avaient reçu des sommes d’argent de la part d’autres partis et ils voulaient que nous fassions de même ». Surenchère à laquelle le candidat, passablement énervé par ces demandes, a refusé de se soumettre. Tranchant avec ses adversaires, il s’est retenu de faire campagne à Kidal, qu’il estime n’être que « symbolique ». « Il ne voulait pas singulariser Kidal, être pris en charge par les groupes armés et avoir les drapeaux de l’Azawad derrière lui. Cela ne fait pas « Mali » et il a eu raison », révèle Mara.

Faiseur de roi ?

Les premières tendances officieuses qui se dessinent le placent dans cette position.  «L’effet Moussa Mara y est pour beaucoup. Les Maliens ne votent pas pour le programme, mais pour la personne, et Check Modibo Diarra est souvent présenté comme le renouveau », analyse Khalid Dembélé, économiste chercheur au Centre de recherche et d’analyse politique, économique et sociale (CRAPES). Position enviable diront certains, mais dans ce cas assez épineuse. Avant le scrutin, des rumeurs affirmaient que le seul but de la coalition était d’apporter son soutien au Président IBK, candidat à sa réélection. Rapidement balayées d’un revers de la main par les principaux acteurs du mouvement. « C’est un vent nouveau qui souffle dans le pays et il en a rendu fou certains. Cela ne m’étonne pas, ce vent est un tourbillon pour beaucoup. Je vous l’affirme, nous n’allons soutenir personne au second tour, car nous y serons nous-mêmes. Nous n’aiderons personne », clamait l’ancien Directeur de Microsoft Afrique lors de son dernier meeting de campagne. Mais avec les résultats provisoires qui le place en quatrième position, tout juste derrière Aliou Boubacar Diallo, ce scénario ne tient plus. « Cela m’étonnerait que le candidat de la CMD donne des consignes de vote. Et je pense que dans ce cas la coalition éclatera, car tous ses membres ne respecteront pas ce positionnement », prophétise le chercheur. La candidat Diallo étant un plus que probable soutien au challenger Soumaila Cissé, tous les regards sont donc fixés sur la coalition CMD 2018 et son candidat. Qui ont les cartes en main, avec leur 7,46% de suffrage, pour faire la différence. Alors, joker ou poker face?

Cheick Modibo Diarra : « Je n’ai pas d’autre choix que d’aller au chevet du Mali »

Nommé Premier ministre le 17 avril 2012, aux premières heures chaotiques de la transition, Cheick Modibo Diarra, ancien de la Nasa et de Microsoft Afrique, s’est vu confier la difficile mission de rétablir l’intégrité territoriale, de sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le nord, et d’organiser une élection présidentielle transparente. De ses neufs mois à la Primature, les Maliens retiendront, entre autres, le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et le maintien des denrées de première nécessité à des prix abordables, alors que le pays était sous embargo. Fortement critiqué par la classe politique se disant écartée, taxé d’abuser de ses « pleins pouvoirs » au détriment du président Dioncounda Traoré, il fut arrêté par les putschistes du capitaine Sanogo le 11 décembre 2012, et contraint à la démission. Après une diète médiatique qui aura suivi sa défaite à l’élection présidentielle, Cheick Modibo Diarra, 63 ans, est de retour pour dynamiser ses troupes et mettre son parti, le RpDM, en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales. Très en verve, il nous livre dans une interview exclusive, sa vision pour un Mali nouveau et révèle quelques secrets…

Vous avez démissionné du gouvernement en décembre 2012, puis on a plus entendu parler de vous après l’élection présidentielle de 2013. Aujourd’hui vous revenez en politique. Qu’avez-vous fait durant cette période ?

Le rythme auquel je travaillais pendant la transition était infernal. J’étais devenu une sorte de couteau suisse, sur tous les fronts, je n’arrêtais pas. Cela m’a fatigué physiquement et émotionnellement. Lorsque l’on m’a forcé à  démissionner, j’étais en partance pour la France afin de me faire soigner pour une infection respiratoire inexpliquée. J’ai été contraint de rester au Mali, pendant presque 45 jours, et la maladie a pris de l’ampleur. Quand j’ai pu enfin gagner la France et être hospitalisé, il ne me restait que 40 % de ma capacité respiratoire. Après toutes ces épreuves, j’ai presque tout laissé tomber ici et ailleurs, y compris les conseils d’administration, j’ai tout annulé. Pendant 3 ans, j’étais à  Bamako. J’en ai profité pour me vider un peu la tête, trouver le moyen de redevenir positif par rapport à  la situation du pays et par rapport à  mes compatriotes dont certains ont eu des attitudes détestables. Toute cette digestion a pris du temps pour ne pas en sortir aigri. Ensuite, j’ai dû reprendre toutes les activités que j’avais laissé tomber. Voilà  pourquoi vous ne m’avez pas beaucoup vu, ni entendu. Vous avez été un Premier ministre de « pleins pouvoirs » durant la transition, contraint de démissionner.

Vous avez été candidat à  la dernière élection présidentielle sans succès. Qu’est-ce qui motive votre envie de revenir sur la scène politique aujourd’hui ?

Ce qui me motive, c’est l’envie de partager ce que j’ai appris avec les autres, de partager ma vision pour le Mali. Un projet de société n’est qu’un projet complexe, la gestion d’un projet de ce type demande des techniques, ça ne se fait pas au hasard. Je suis un pur produit de cette éducation malienne. Je n’ai jamais travaillé dans ce pays, je n’ai jamais dépendu de ce pays pour quoi que ce soit, mais c’est ce pays qui m’a donné la vie, qui m’a donné mon éducation de base, qui m’a donné une bourse et donc tout ce que je sais faire, toutes les personnes que je connais dans le monde, mon carnet d’adresses, tout cela appartient à  ce pays qui est dans une situation très difficile actuellement. Je n’ai pas d’autre choix que d’aller à  son chevet, pour l’aider à  traverser cette période sombre. Voilà  ce qui motive mon retour sur la scène politique.

Comment vous définir aujourd’hui ? Êtes-vous un technocrate, un politicien, un homme d’État ?

Je suis d’abord un cultivateur. Beaucoup de gens ne le savent pas, mais dès l’âge de neuf ans j’ai dû aller cultiver les rizières pour mon père, pour nourrir ma famille. Je suis un ingénieur, je suis aussi un très bon technocrate. On ne vous met pas à  la tête de Microsoft Afrique pendant 6 ans si vous n’êtes pas un bon gérant qui gère avec rigueur. Et je suis un politicien car j’ai eu à  gérer les problèmes de la cité. Je suis ces trois-là  ! Je ne sais pas si je serai un homme d’État, parce qu’un homme d’État n’a pas besoin d’être chef d’État. Si Nelson Mandela n’avait pas été président de l’Afrique du Sud, il aurait néanmoins été un homme d’État. Un homme d’État c’est quelqu’un qui a la capacité d’influencer ses concitoyens pour tracer une ligne durable pour son pays, dans le but d’amener la prospérité à  tout le monde, quelqu’un qui réfléchit à  moyen et à  long terme et pas de période électorale en période électorale. Si vous voulez me caractériser, voyez-moi comme un soldat du développement. Quand l’armée à  laquelle j’appartiens me met de garde quelque part, je tiens ce poste du mieux que je peux. Je suis comme un couteau suisse, car nos problèmes sont nombreux.

Est-ce à  dire que les leaders maliens ne prennent pas les bonnes décisions pour le pays ?

Comme je l’ai dit, la gestion d’une société, c’est la gestion d’un problème complexe, et quand vous n’avez pas l’expérience pour gérer des projets complexes, la première réaction, quand vous avez des ressources limitées, c’est faire du saupoudrage. Le peu que vous avez, vous le mettez un peu partout, et quand vous faites ça, 10 ans après, rien n’est achevé, rien n’est résolu. Avec les moyens qu’on a aujourd’hui, on ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps. Il faut se concentrer sur ce qui va nous permettre d’augmenter nos ressources. Nous ne pouvons pas continuer comme nos politiciens l’on fait depuis les indépendances, à  faire du saupoudrage. Si vous êtes un homme d’État au lieu d’être un politicien, ce qui vous importe c’est que la génération qui viendra dans 50 ans trouve un pays développé. Cette génération se souviendra qu’à  un moment donné quelqu’un a placé l’intérêt de la nation avant ses propres intérêts, car cette nation-là  est plus grande que la vie d’un individu, et que les choses ont été faites pour permettre au pays de prendre un élan irréversible.

Lors de la période de transition, vous avez pu maintenir le pays alors que toute l’aide internationale était suspendue. Comment avez-vous fait?

Lorsque j’ai été Premier ministre du Mali, je me suis assis, j’ai regardé dans quel état était le pays, et j’ai compris que dans cette période de chaos, il n’avait pas besoin de politicien. Il avait besoin de personnes compétentes qui détiennent les bons outils pour travailler dans des domaines précis. Beaucoup de gens ne savent pas que pendant la transition, nous avons géré le pays avec quelque chose comme 17 % du budget national, pas plus. En réalité c’était une question de choix : dans cette période difficile, il fallait faire en sorte que les gens puissent garder l’espoir. Nous avons dit à  la population que nous allions trouver une solution pour tout le monde. Je n’ai pas pour habitude de penser que ce qu’il y a dans les caisses de l’État soit là  pour améliorer la condition de vie du fonctionnaire. Le fonctionnaire est un citoyen comme les autres. La chose qui est commune à  tous les citoyens, c’est la nourriture. Nous avons alors décidé que tous ceux qui font des affaires, pouvaient tous rentrer de la nourriture dans le pays, hors taxe. Nous leur avons donné des exonérations, la nourriture est rentrée dans le pays, la concurrence a fait le reste, et les gens ont pu manger à  leur faim malgré l’embargo. Il y a eu suffisamment de nourriture pour tenir 6 mois. Tout est une question de choix ! à€ chaque problème qui se pose, il y a une opportunité qui se présente. Faire le bon choix, résoudre le problème et ouvrir d’autres horizons.

Quelles sont vos solutions, votre vision politique pour sortir le pays de l’ornière ?

Il y a deux problèmes prioritaires à  traiter au Mali. Le problème de la sécurité pour tous les citoyens, parce que sans sécurité on ne peut pas travailler, on ne peut pas attirer les investisseurs, rien n’est possible. Il faut trouver le moyen de sécuriser ce pays, c’est le premier point. Le deuxième point, si on veut que le Mali aille de l’avant, C’est de développer tout ce qui est zone rurale d’abord. Nous avons un avantage comparatif et compétitif qui est quand même l’agriculture, l’élevage, la pêche. Nous avons des vastes terres avec de l’eau partout. Si le rural est développé, le reste du pays se développera, parce qu’il y aura suffisamment des ressources pour faire tout le reste. II faut en faire une priorité. C’est la priorité des priorités.

Le RpDM est un nouveau parti. Quelle est son implantation au Mali ?

Le RpDM est nouveau sur la scène politique mais a quand même 5 ans d’ancienneté. Son degré d’implantation est variable parce que nous avons commencé à  l’implanter dans les grandes villes et en brousse. La plupart des partis politiques n’ont pas de militants, ce sont des machines électorales qu’on réveille la veille des élections. Le pays a 14 millions d’habitants et plus de 170 partis politiques. Certains candidats alignent derrière eux une cinquantaine de partis pour dire au reste du monde : vous voyez j’ai du soutien ! Mais chacun de ces partis ne pèse peut-être que 100 personnes maximum. Il faut que les gens sachent que notre parti défend la démocratie, la vraie démocratie. Nous n’achetons pas de voix, jamais ! Aller payer des gens pour qu’ils viennent voter pour vous, nous considérons que c’est une insulte à  notre constitution et à  la République du Mali. C’est pour cela que nous disons que nous voulons faire de la politique autrement. Le RpDM est l’un des rares partis où les adhérents achètent leur carte de membre. Nous avons vendu plus de 500 000 cartes à  100 francs CFA et les sections continuent d’en imprimer. À la fin de 2017, nous avons comme objectif que le RpDM soit, en nombre de militants, le plus grand parti du Mali. Le RpDM fait partie de la majorité présidentielle mais vous n’êtes pas très visible à  ce titre sur l’échiquier politique. Pourquoi Aux dernières élections présidentielles nous avons décidé de supporter IBK. Nous l’avons fait et avec nos propres moyens, pour transmettre à  tous les militants le message. Cela fait de nous un parti de la majorité présidentielle. Mais même si vous aidez à  élire un président, il est bon, si vous lui donnez votre vote, de lui donner de l’espace pour qu’il puisse mener sa politique et réussir sa mission. Les partis politiques, quand ils soutiennent un président, sont ensuite après lui pour quémander des postes. Nous, nous ne lui avons jamais demandé quoi que ce soit, même pas un poste de directeur. On n’impose rien mais on attend des résultats.

Quel est votre regard sur la gouvernance actuelle du président IBK ?

Je pense que le problème de sécurisation du pays va trop lentement. J’aurais souhaité que cela aille beaucoup plus vite. Il vaut mieux avoir quelque chose qui n’est pas parfait, avec la possibilité de réajuster les choses, que de ne rien avoir du tout et d’être dans l’impasse. Ce genre de choses, plus ça traîne, plus ça pourrit et plus d’autres problèmes viennent se greffer dessus. En laissant trop de temps à  ces groupes, même ceux avec qui nous sommes tombés d’accord, ils vont se casser en de petits groupes qui auront encore d’autres revendications et le problème ne finira jamais. Il faut battre le fer quand il est chaud ! C’est la condition siné qua non pour faire quoi que ce soit dans ce pays. Au moment de la signature de l’Accord, on aurait dû immédiatement s’y atteler, de façon à  empêcher les groupes de faire marche arrière, ce qui est un risque aujourd’hui. Il y a aussi un problème de gouvernance. Je constate trop souvent une mauvaise gestion de la chose publique. Cela ne crée pas une bonne image et affaiblit le gouvernement. C’est un problème qui est en train de nous miner.

Vous êtes le gendre de l’ancien chef d’État Moussa Traoré. A-t-il aidé à  vous lancer en politique ? Quels liens entretenez-vous avec lui ?

J’ai épousé la fille du général Moussa Traoré en 1993. Il n’était plus président. Pour faire ma carrière, je n’ai pas eu besoin d’une lettre de recommandation de la République du Mali, à  aucun moment. Entre le général Moussa Traoré et moi, il y a énormément d’affection, énormément de respect mutuel et énormément de confiance. Quand il y a eu le coup d’à‰tat de mars 2012, j’étais bloqué Dakar. Les militaires du capitaine Sanogo, qui voulaient me proposer la primature, sont allés trouver le président Moussa Traoré pour le convaincre de me parler. Il leur a répondu qu’il n’y avait pas ce genre de relation entre nous et leur a conseillé d’aller me trouver directement. En mars 2012, le coup d’à‰tat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré accélère votre carrière politique.

Comment avez-vous été choisi pour devenir Premier ministre ?

J’ai été présenté au comité militaire du capitaine Sanogo. Ils avaient réfléchi et le consensus était tombé sur moi. J’ai été choisi parce que je n’étais pas un ennemi déclaré de qui que ce soit et parce que je n’avais jamais fait de politique au Mali. J’ai accepté sous trois conditions préalables : ne pas interférer dans ma politique, ne pas interférer dans mes décisions de nomination, et enfin que les fonds publics soient respectés et qu’ils n’y touchent pas. Ce n’était pas négociable. Ils ont été d’accord. Le premier ordre que j’ai donné en tant que Premier ministre, dès le lendemain matin, c’est que tous les prisonniers politiques soient libérés.

Vos relations avec le général Amadou Haya Sanogo étaient au beau fixe, en tout cas au début de cette période de transition. Quand et comment se sont-elles détériorées ?

Je vais vous surprendre, mais je ne savais même pas que nos relations s’étaient dégradées, pour la simple raison que nous avions convenu qu’il ne devait pas interférer dans ma politique. Ce n’est pas moi qui allais à  Kati tout le temps, mais les politiciens. Le jour o๠j’ai compris que la situation s’était dégradée, c’est quand les militaires sont venus armés de mitraillettes chez moi. Ils m’ont emmené voir le général Sanogo à  Kati. Jusque-là , je ne savais pas ce qu’il se passait et comme je vous l’ai dit, je n’étais pas en très bonne santé. Je me suis retrouvé dans une salle avec beaucoup de gens, des militaires en armes. Sanogo était présent. Ce que je peux vous dire, c’est que c’était très tendu et très désagréable, mais pas violent. Je pense qu’ils s’attendaient à  ce que je tente de les faire changer de décision. Ce que je n’ai pas fait. Je leur ai dit que j’acceptais de démissionner. Pour moi, le pays était déjà  sauvé, car malgré l’opposition de tout le monde, j’ai pu aller aux Nations unies et j’étais convaincu que les résolutions du chapitre VII allaient être votées à  l’unanimité. Elles ont été votées deux fois à  l’unanimité. Mon travail était fait. Le pays a eu besoin de moi à  une période difficile et j’ai fait mon devoir. Je leur ai demandé de m’apporter un papier et j’ai signé. Ce sont eux qui m’ont appelé et nommé Premier ministre, et ce sont les mêmes, en consensus, qui ont voulu que je parte.

Le général Sanogo vous a reproché de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour renforcer et équiper les forces armées, pour leur permettre de libérer le Nord du Mali. Qu’en est-il ?

J’ai donné 15 % d’augmentation à  l’armée, à  la police et à  la gendarmerie. Une telle augmentation d’un seul coup n’avait jamais été faite. 90% de ce que ces forces ont comme armes aujourd’hui, c’est moi qui les ai commandées. À l’époque, il y avait un embargo sur l’armement au Mali. J’ai fait envoyer des personnalités dans un certain pays avec un message de ma part. On a fait arrêter la ligne de commande en armes d’autres pays, pour mettre le Mali en tête, et elles ont fini par être livrées à  l’aéroport de Bamako. Quand je voyageais dans les pays voisins, je demandais qu’on me donne des armes, on me les refusaient. Mais on me donnait de l’argent et je me débrouillais pour les acheter. C’est comme ça que ça s’est passé. La libération du Nord était une de mes priorités, mais la plupart des pays qui pouvaient nous aider, comme les États-unis, sont limités par leur constitution, qui leur interdit d’intervenir dans un pays où il y a un coup d’État. Or, vous savez que si vous organisez des élections dans certaines conditions, la légitimité du président élu sera en question. C’étaient des discussions et des va-et-vient sans fin. Il fallait en même temps que je fasse en sorte qu’un pays comme l’Afrique du Sud nous cède ses drônes, je devais parler avec un pays comme le Nigeria pour obtenir le soutien de leur armée de l’air à  partir des informations des drônes sud-africains, aller convaincre le Tchad pour qu’il puisse se joindre à  l’armée du Mali pour faire le nettoyage au sol et qu’on puisse se débarrasser finalement de tous ces narcotrafiquants et djihadistes, différents de nos compatriotes qui se sont rebellés. La situation était très complexe. On a dit que votre cohabitation avec le président de la transition, Dioncounda Traoré, était difficile et que vous vous conduisiez en chef d’État alors qu’il était le Président de la République.

Quels étaient vos rapports ?

La constitution, l’article 36 en particulier, dit que le Président de la République par intérim n’a aucun pouvoir, même pas d’accepter la démission d’un ministre. J’étais le Premier ministre avec les « pleins pouvoirs », et pourtant j’ai consulté Dioncounda sur tout, même sur la nomination des ministres lors de la constitution du gouvernement d’union nationale. Je suis allé systématiquement tous les mardis chez Dioncounda déjeuner avec lui, discuter de tous les dossiers du Conseil des ministres. La seule chose sur laquelle on ne s’est pas entendu et qui a été laissée à  sa volonté, c’est la « feuille de route ». Tous ceux qui nous aidaient voulaient une feuille de route. Je lui ai dit qu’il fallait la ratifier en Conseil des ministres et l’envoyer à  l’Assemblée. Lui, disait que les militaires voulaient une conférence nationale. Jusqu’au dernier Conseil des ministres, il a dit non. Mais après ma démission, ce même document a été ratifié en Conseil des ministres sans changer une virgule et a été envoyé à  l’assemblée comme je l’avais demandé. Vous savez j’ai été très atteint quand le président Dioncounda Traoré a été agressé. C’est moi qui ai pu le sortir et l’emmener à  l’hôpital. Comme je ne pouvais faire confiance à  personne, je l’ai amené chez moi pour sa sécurité. J’ai monté la garde avec les gendarmes chez moi. Tous les soirs jusqu’à  4h du matin avec mon propre Beretta à  la ceinture, pendant 3 jours. Et c’est moi qui l’ai emmené à  l’aéroport dans ma voiture pour qu’il aille à  Paris se faire soigner. Les militaires refusaient que l’avion parte. Je leur ai donné 10 minutes pour qu’il décolle, après ça je serai allé moi-même le sortir de l’avion pour le ramener chez moi. Il n’y a qu’une seule personne qui soit allé le voir, en dehors de moi et de mon gouvernement, quand il était à  l’hôpital, c’est Younoussi Touré qui était à  l’époque le vice-président de l’Assemblée nationale. C’est le seul qui se soit déplacé. Personne de son parti, ni de l’Assemblée nationale n’est venu le voir. Alors que vous avez été pendant neuf mois Premier ministre avec « les pleins pouvoirs », tout le mérite de la transition a été donné à  Dioncounda Traoré et à  Django Cissoko.

Comment l’avez-vous vécu ?

Vous savez, en tout honnêteté, je n’ai pas besoin de ce genre de chose. Peu m’importe qu’on m’accorde du crédit ou pas. Après tout, un gouvernement c’est la continuité. Je ne suis pas sorti amer de tout ça. Dans le domaine de la politique faites ce que vous avez à  faire, ne vous préoccupez pas de savoir qui le sait et qui va dire quoi. L’histoire va l’enregistrer. Un peuple a une mémoire. Tout finit par se savoir.

Vous voulez que le RpDM soit une force politique majeure fin 2017. Êtes-vous d’ors et déjà  candidat pour la prochaine élection présidentielle ?

Vous savez, à  la prochaine élection présidentielle, je ne sais pas quels seront les défis du Mali. Nous jugerons des challenges auxquels le pays est confronté et nous verrons dans notre groupe qui est la personne la mieux indiquée pour trouver des solutions à  ces problèmes mais aussi pour nous attirer un maximum de votes pour gagner. Nous n’avons pas l’intention d’être le parti qui va recycler le même candidat sur 20 ou 25 ans. Depuis la révolution de 91, ce sont les mêmes candidats que l’on voit sur la scène politique. Pour un pays c’est presque honteux. J’essaye d’éviter que le parti devienne redevable à  une seule personne. Nous voulons éviter ça. Nous travaillons dans ce sens pour que les gens puissent venir chez nous et s’épanouir, pour que ce soit un parti de toutes les possibilités pour tout un chacun, avec l’objectif d’aider et de donner à  la Nation.

Lancement du RPDM : Cheikh Modibo Diarra, une chance pour le Mali ?

C’’est parti pour la rentrée politique du Rassemblement pour le Développement du Mali (RPDM) orchestrée ce dimanche au centre international de conférence de Bamako(CICB). La mobilisation était à  la hauteur de l’événement, les banderoles frappées par les couleurs du parti étaient affichés partout au CICB. Les jeunes filles et garçons brandissaient les pancartes sur lesquels on pouvait lire « Cheick Modibo Diarra une chance pour le Mali ». Venus des quatre coins du pays, on notait parmis les militants, des partis invités pour la circonstance tels que le PDES, l’Adema, l’URD etc. Pour le Docteur Cheick Modibo Diarra, président du parti, l’ambition était à  la hauteur de l’évènement : « Nous avons toujours eu une grande ambition pour le Mali et pour l’Afrique, notre vision, nous l’avons exprimé et concrétisé à  travers les nombreuses activités sur le terrain. A la demande d’hommes et femmes de tous horizons d’ici et d’ailleurs, nous avons décidé de traduire cette vision en un projet de société soutenu par un parti politique ». Cette formation politique a pour objectif de construire par l’exercice démocratique, une société qui offre une égalité de chances à  ces citoyens, de promouvoir le libre exercice des libertés individuelles et collectives, de travailler à  faire des relations de bon voisinages et des règlements pacifiques des conflits, principes cardinaux de la gouvernance. Au delà  de ses objectifs, le parti repose sur cinq piliers. 5 piliers pour le RPDM L’agriculture : « Nous voulons aller au delà  de l’autosuffisance alimentaire pour mettre en œuvre un programme ambitieux de production de larges surplus alimentaires commercialisables. l’éducation et la formation professionnelle de qualité : Selon Cheikh Modibo Diarra, la jeunesse constitue la moitié de la population. « Nous avons le devoir de l’éduquer, de la former, de lui donner les moyens de se prendre en charge et de participer à  l’œuvre de construction nationale ». La santé : Selon le navigateur interplanétaire, l’accès à  la santé occupe une bonne place dans les objectifs du Millénaire pour le développement. Une nation malade ne peut pas se développer. La réforme de l’administration : Ici, le parti propose une véritable réforme de l’Etat avec une stricte redéfinition des missions du service public. l’élimination de tous les gaspillages et dépenses de prestiges, et l’augmentation substantielle des recettes fiscales. Les infrastructures : Ici, le RPDM met un accent sur le désenclavement. « Notre pays défavorisé par sa continentalité, connait un déficit d’infrastructures routières et ferroviaires ainsi que la velléité de son parc automobile. Le parti a pour devise « travail, probité, dignité ». Son emblème est un bœuf de labour bleu sur fond blanc.