Référendum : les Forces de défense et de sécurité donnent le ton

Dans le cadre du référendum du 18 juin 2023, les forces de défense et de sécurité ont voté par anticipation dimanche 11 juin. Un vote sans incidents majeurs qui, au-delà de permettre à l’armée de sécuriser le scrutin populaire à venir, a aussi servi de répétition générale à l’Autorité unique de gestion des élections (AIGE).

A Bamako comme à l’intérieur du pays, les Forces de défense et de sécurité se sont massivement mobilisés pour accomplir leur devoir civique. A l’Ecole nationale de police où le vote a démarré à 8h précise, le Directeur de la formation, le Contrôleur général Sory Keita a glissé le premier son bulletin dans l’urne, quelques minutes après l’ouverture du premier bureau de vote sur les 10 que compte le centre.

C’est dans le même centre de vote, peu après, que le ministre de la sécurité et de la protection civile, Daoud Aly Mohammedine a également participé au scrutin référendaire, invitant dans la foulée l’ensemble de ses compagnons d’armes à « sortir massivement pour voter le « oui » et à faire passer le message au niveau des différentes structures des Forces de défense et de sécurité ».

« Nous avons aujourd’hui besoin de cette nouvelle Constitution pour jeter les bases d’un nouveau Mali, un Mali uni, solide avec des Institutions fortes. Nous devons aujourd’hui mettre le Mali au-dessus de tout, nous unir autour de l’essentiel aujourd’hui qu’est le Mali. La chose que nous avons la plus chère, c’est ce pays », t-il insisté

Pour le Chef du département sécurité, le vote par anticipation des Forces de défense et de sécurité est la preuve que, contrairement à ce qu’avancent certains acteurs de la vie politique nationale, la tenue du référendum à sa date fixée, est tenable.

A l’instar du ministre de la sécurité, le Colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des anciens combattants a accompli de son coté son devoir civique à l’Etat-major de la Garde nationale, peu après 9h et s’est ensuite longuement adressé à la presse.

« Une étape importante a été franchie mais nous devons rester vigilants, car les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur sont toujours à l’œuvre. Nous devons rester patients, être solidaires, et nous donner la main » a-t-il confié.

« Le Mali aujourd’hui traverse l’un des moments les plus difficiles de son histoire. Ce que nous arrivons à réussir aujourd’hui, nous devons en être fiers et rendre grâce à Allah le tout puissant parce que cela n’était pas gagné d’avance », a ajouté le ministre de la Défense et des Anciens combattants.

Le président de l’AIGE, Maitre Moustapha Cissé, en compagnie du ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga, a fait le tour de quelques centres de vote à Bamako où il a constaté le bon déroulement du vote.

« L’ensemble des membres du Collège de l’AIGE sont déployés sur les 10 régions administratives aujourd’hui pour suivre le déroulement de ce processus et nous sommes pratiquement en parfaite symbiose avec les autorités de l’Administration générales », a-t-il précisé.

Après celui des Forces de défense et de sécurité, tous les regards sont désormais tournés vers le vote du reste de l’ensemble des citoyens régulièrement inscrits sur les listes électorales.

Ces derniers sont appelés à se prononcer sur le « oui » ou le « non » vis-à-vis de l’adoption du projet de nouvelle Constitution. La campagne référendaire prend fin vendredi 16 juin 2023 suivi de la tenue du scrutin le 18 juin.

 

 

 

Référendum : entre le « Oui » et le « Non », les jeux sont ouverts

Débutée le 2 juin dernier, la campagne en vue du référendum constitutionnel du 18 juin prochain bat son plein. Venant des partisans du « Oui » ou du « Non », les arguments en faveur ou contre l’adoption du projet de Constitution sur lequel le peuple malien est amené à se prononcer abondent.

Aussitôt ouverte, aussitôt révélatrice du rapport des forces en présence avant la tenue de ce scrutin référendaire, à bien des égards essentiel pour le respect du chronogramme de la Transition.

Ce rapport, qui semble en faveur des partisans du « Oui », n’est pas définitif, selon certains analystes, même si son évolution jusqu’à la fin de la campagne ne saurait être a priori renversante en faveur du « Non ».

Vague blanche

La majorité de la classe politique se positionne pour un « vote massif pour le Oui ». Les appels en ce sens se suivent et se ressemblent. « L’Adema a décidé de mobiliser ses militants et l’ensemble du peuple souverain du Mali pour un vote massif pour le Oui en faveur de la nouvelle Constitution », a déclaré sans ambages son Président, Marimantia Diarra, le 3 juin.

Un choix « démocratique, partagé, réfléchi et assumé », qui résulte d’une « longue consultation populaire des militants à la base et d’une analyse approfondie du contenu  du projet », soutient le numéro un de la Ruche, par ailleurs membre du CNT.

Tout comme l’Adema, l’URD, qui a d’ailleurs toujours affiché son approbation du projet de Constitution, mais aussi le nouveau parti issu de sa branche dissidente, l’EDR, appellent tous deux les Maliens à donner leur quitus au nouveau texte constitutionnel. « J’appelle l’ensemble du peuple malien à faire du 18 juin, jour du vote de la nouvelle Constitution, une grande fête nationale, républicaine et démocratique, en votant massivement Oui pour son adoption », a indiqué le Pr. Salikou Sanogo, lors d’un point de presse tenu le 3 juin.

De son côté, le CNID – Faso Yiriwaton va plus loin. Son Président, Me Moutanga Tall, s’est prêté à un exercice de décorticage du texte du projet de Constitution qui sera soumis au vote. Pour lui, le résultat sera sans appel. Au moins 10 raisons majeures motivent l’option du « Oui » de son parti. À en croire cette figure du mouvement démocratique, la nouvelle Constitution a certes des imperfections, comme toutes les Constitutions du monde, mais elle comporte plusieurs avancées. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga n’a d’ailleurs pas manqué lui aussi de « booster » la campagne pour le « Oui » lors de célébration du 3ème anniversaire du M5-RFP, le 5 juin dernier.

Résistance rouge

Même si la voie semble dégagée pour les partisans du « Oui » et que ceux du « Non » ne sont pas aussi  visibles qu’eux, les partis et / ou personnalités politiques, ainsi que les organisations de la société civile qui se dressent contre l’adoption de la nouvelle Constitution, n’en défendent pas moins leur choix.

À la télévision nationale le jour de l’ouverture de la campagne, Mohamed Kimbiri, mandataire national du « Non », a avancé quelques raisons. « Non à la laïcité, non à la référence aux valeurs  occidentales et à la notion des droits de l’Homme comme sources référentielles de notre législation », a-t-il déclaré.

« À mon humble avis, la nouvelle Constitution ne répond pas à l’idéal républicain que nous avons défendu lors de notre lutte contre le projet de Constitution du régime précédent », argue de son côté, de façon personnelle  Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema.

Ce fervent partisan du « Non », même si son parti ne semble donner aucune consigne, pointe du doigt le fait que le gouvernement ne soit plus responsable que devant le Président et non plus devant le Parlement. « Ce point dénote de la volonté des constituants de créer un monarque républicain à la tête de l’État et non de faire prévaloir un équilibre sain des pouvoirs », fustige-t-il.

Le M5-RFP Mali Kura s’est également vite positionné dans le camp du Non. L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé est sans équivoque : « le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura ne soutient pas ce processus et dit Non au projet de nouvelle Constitution ».

Jeamille Bittar : « Le M5 est un mouvement, pas une formation politique »

Le M5-RFP a célébré ses 3 ans d’existence le 5 juin 2023. Bilan, parcours, poids actuel du mouvement, entre autres, son Porte-parole Jeamille Bittar, répond aux questions du Journal du Mali.

Quel bilan faites-vous de ces 3 ans ?

Le bilan est mitigé, je veux dire qu’il y a du positif comme du négatif. Aujourd’hui, c’est vrai,  la gouvernance n’est pas au top, pas comme nous l’avions souhaité. Mais à ce niveau il faut quand même noter des avancées significatives, notamment pour les réformes politiques et institutionnelles. Notre accession à la Primature a permis l’organisation des ANR. Il y a également le projet de Constitution actuel qui faisait partie de nos 10 points. Aujourd’hui, on peut aussi dire que le premier point qu’on avait évoqué à l’époque, la sécurité, est pris en compte. Tout le monde reconnaît que le Mali est maintenant nanti dans le renforcement sécuritaire. Par rapport à nos forces armées et de sécurité, il y a eu une montée considérable. Mais le fait que certaines organisations se soient muées en adversaires ne nous a pas facilité la tâche. La marmite a souffert entre-temps. L’économie a pris un coup sérieux.

Le changement pour lequel vous vous battiez est-il aujourd’hui une réalité sous la Transition ?

Le changement est un processus continuel. Je disais tantôt qu’il y a eu des améliorations. La lutte contre la corruption s’est intensifiée. Au niveau de la gestion des finances publiques,  il y a eu une nette amélioration par rapport aux dépenses de l’État. Aujourd’hui, l’armée est équipée et les recrutements que nous avons faits prouvent à suffisance qu’il y a de nettes améliorations. Il y a surtout eu un regain de confiance, tant sur le plan national qu’international. Aujourd’hui, le Mali n’est plus à la solde de qui que ce soit.

Le M5 s’est divisé chemin faisant. Cela n’impacte-t-il pas votre poids ?

C’est regrettable. Moi je pars du principe que « quand on commence ensemble, on doit terminer le boulot ensemble ». Vous avez vu que le Président du Comité stratégique, non moins Premier ministre du Mali, a encore lancé un appel à nos camarades qui ont quitté le navire. Ceci étant, la nature ayant horreur du vide, il y a certains qui sont partis, il y a certains qui sont venus. C’est un mouvement, ce n’est pas une formation politique en soi. Mais ils est évident que cela n’a entaché en rien la ferveur et l’engagement de tous ceux qui se battent aujourd’hui pour le Mali.

PS Yelen Kura – Référendum : le parti célèbre ses 10 ans et appelle à voter « oui »

Créé le 25 mai 2013, le parti socialiste PS Yelen Kura a eu 10 ans d’existence le 25 mai 2023. Pour célébrer ce dixième anniversaire, le parti a tenu une cérémonie mercredi 31 mai à son siège au cours de laquelle il a appelé ses militants à voter pour le « oui » lors du Référendum Constitutionnel du 18 juin 2023.

C’est dans une ambiance festive que plusieurs militants et militantes du Parti socialiste PS Yelen Kura se sont retrouvés dans les locaux du parti sis à Badialan III en commune III du district de Bamako pour fêter les 10 ans d’existence de la formation politique. Plusieurs membres du Bureau exécutif  national étaient également au rendez-vous, avec à leur tête, le président du parti, l’ancien ministre Amadou Koita.

« Pendant 10 ans, nous avons apporté notre pierre à l’édification d’un Mali nouveau pour le renforcement de nos Institutions et surtout pour la consolidation de la démocratie. Malgré les difficultés que nous avons connues, les turbulences que nous avons traversées, le parti est resté solide, debout et engagé  pour les causes du Mali», s’est félicité M. Koita, saluant le sens élevé de militantisme, la bravoure et le don de soi des militants et militantes du parti durant ces 10 années.

« Le parti est resté solide parce qu’au cœur du parti, au cœur du patrimoine politique du parti, le militant PS Yelen Kura a deux grandes vertus. La première c’est la fidélité et la deuxième, la résilience », a-t-il souligné.

Bilan politique

Durant ces 10 ans, le PS Yelen Kura a participé à l’animation de la vie sociopolitique nationale. En 2016, le parti a pris part aux élections municipales et a obtenu des Conseillers municipaux et des maires dans les localités de Sadiola, Konna, Soufroulaye, Bamba et dans la commune III du district de Bamako.

Après avoir activement participé en 2018 à la réélection pour le second mandat de l’ex-Président IBK, il a également participé aux élections législatives deux ans plus tard , en 2020, dans les circonscriptions électorales de Kati, Tominian, Kayes,Mopti, Sikasso, Kolondiéba, Communes III et VI du district de Bamako, avec à la clé un député élu.  Après le coup d’Etat du 18 août 2022, le PS Yelen Kura a participé aux échanges et au processus d’élaboration de la charte de la transition

Appel au « oui »

Alors que la dernière ligne droite pour le Référendum est entamée, le PS Yeleen Kura a rejoint le large camp du « oui » qui est en train de se constituer depuis l’annonce de la date du référendum du 18 juin prochain.

« Après avoir analysé le contenu de ce projet de Constitution et après consultation des militantes et militants, le parti constate des avancées qui renforcent les Institutions de la République et consolident la démocratie. Eu égard à ces constats, le Bureau exécutif national du parti invite l’ensemble des militantes et militants du pari à se mobiliser pour un vote massif pour le « Oui » au Référendum constitutionnel du 18 juin 2023 », indique la déclaration du parti lue par le Secrétaire général, Beydi Diakité.

Pour beaucoup, cette décision paraît surprenante vu l’appartenance du PS Yelen Kura au Cadre des partis et regroupements politiques, qui ne cesse de demander aux autorités de la transition l’abandon du projet d’adoption d’une nouvelle Constitution.

« Nous avons convoqué une réunion importante du parti où tous les cadres étaient présents, nous avons également interrogé nos représentants dans les régions. Ils ont tous souhaité que pour le renforcement de la démocratie et surtout pour le retour à l’ordre Constitutionnel, nous soutenions l’adoption du projet de Constitution », a expliqué le président du parti, Amadou Koita.

Référendum : comment les partis politiques se préparent ?

Le référendum constitutionnel, prévu pour le 18 juin prochain, approche à grands pas. À deux semaines de l’ouverture de la campagne référendaire, la classe politique continue d’être divisée sur la légalité de ce scrutin, mais aussi sur la consigne de vote à donner. Malgré les divisions apparentes, les partis politiques ne comptent pas le boycotter. Si certains affichent déjà leur option pour le « Oui », d’autres, opposés au projet pour la plupart, jouent la carte de la prudence.

Le compte à rebours est bien lancé dans les partis politiques depuis l’annonce de la convocation du collège électoral le 5 mai dernier. Répondant à l’appel du Président de la Transition pour contribuer à la vulgarisation du texte du projet de nouvelle Constitution, certains s’investissent auprès de leurs bases pour une meilleure imprégnation de leurs militants. C’est le cas de l’URD, dont le « Oui » au référendum était un secret de polichinelle, ou encore de l’ADP-Maliba de l’ancien candidat à la présidentielle Aliou Boubacar Diallo.

Le parti de la Poignée de mains est d’ailleurs déjà dans l’arène, avec la Forsat Civile, pour la campagne de vulgarisation et surtout pour une victoire du « Oui » le 18 juin. Le 13 mai 2023, le Forum des forces du changement  (FFC), dont le Président de l’URD Gouagnon Coulibaly avait annoncé la gestation en début d’année, lors de la présentation de ses vœux à la presse, a été officiellement lancé. Outre ces deux fers de lance, il regroupe près d’une vingtaine d’organisations de la société civile, dont, entre autres, Yerewolo Debout sur les remparts et le Mouvement Mali Espoir (MME). Selon les responsables du FFC, une stratégie efficace de campagne sera définie dans les prochains jours pour atteindre une « victoire écrasante du Oui » à l’issue du référendum.

Même combat, approche différente. À l’ADP-Maliba, on mise beaucoup plus sur l’appropriation du document du projet de nouvelle Constitution au niveau des bases du parti. « Notre travail de vulgarisation se  matérialise au niveau de nos rentrées politiques à Nioro du Sahel, à Yanfolila et à Dioïla. Nous avons saisi l’occasion de ces différentes rencontres pour remettre symboliquement des copies du projet de Constitution à nos représentants qui viennent de ces sous-sections pour qu’ils le vulgarisent auprès de nos militants à la base », confie Me Abdoulaye Sidibé, Secrétaire général du parti.

« Prudence »

Au Rpdm comme chez les Fare An ka wuli, le ton est tout autre. Le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui a déjà appelé les autorités de la Transition à abandonner le projet d’adoption d’une nouvelle Constitution, estime qu’il n’est pas encore question d’appeler au Oui ou au Non tant « que nous ne serons pas sûrs que la version finale du document est effectivement celle dont nous disposons ». À  en croire une source au sein du parti, plusieurs versions du projet de Constitution circulent et le risque que les partis politiques se prononcent sur la base d’un document non officiel est réel.

Le Rpdm de Cheick Modibo Diarra, malgré ses réserves sur le changement de Constitution, compte bien lui se plier à la volonté de la majorité des Maliens, mais continue toujours de plancher en interne sur la conduite à tenir face à ce « cas spécial, que le parti doit aborder avec sagesse », selon son Vice-président Yagaré Baba Diakité.

Reconquérir l’opinion

Selon Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13 (Sorbonne – Paris Nord), les partis politiques ne pourront pas se préparer en seulement un mois pour aller à ce référendum dans les conditions maximales. Mais, au-delà du timing, ils doivent faire également face à un défi de taille, celui de la reconquête de l’opinion populaire parce que, avance-t-il, « aujourd’hui ces partis politiques sont discrédités et c’est aussi en partie l’échec de cette classe politique qui justifie l’important soutien des populations au gouvernement de transition ».

À l’en croire, par ailleurs, rares sont les partis politiques qui oseront faire campagne pour le « Non » au risque d’être confrontés à un rejet de la population. « À mon sens », conclut-il, « ceux qui sont opposés au projet opteront pour l’option du silence plutôt que pour une véritable campagne ».

Transition : plus de 85% de Maliens à Bamako satisfaits de la gestion du pays

Afin d’évaluer l’opinion de la population sur l’actualité nationale et internationale, l’ingénieur statisticien Sidiki Guindo a effectué un sondage dont la phase terrain a été comprise entre le 22 avril et le 6 mai 2023 à Bamako. Les réponses  des sondés aux  questions posées, qui portent sur l’évolution de la situation générale du pays et d’autres connexes traduisent une grande satisfaction des Bamakois vis-à-vis de la transition.

Les résultats du sondage ont été officiellement présentés à la presse lundi 15 mai 2023 à la maison de la presse de Bamako. Au total 1445 Bamakoises et Bamakois  de 18 ans et plus ont été interrogés, dont 50,1% de femmes et 49,9% d’hommes. Sur la gestion actuelle du pays 65,4% sont « très satisfait » et 26,2% « plutôt satisfait. La somme du taux de ces deux opinions majoritaires équivaut à plus de 85 %. Seulement 4,8% des Maliens résidant à Bamako se disent  insatisfaits et 3% très insatisfaits.

Dans une période où la gestion des politiques sur les trois dernières décennies est souvent critiquée dans l’opinion, ce sondage vient révéler que plus de 63% de Bamakois souhaiteraient un régime militaire (comme actuel sous la transition) plutôt qu’un régime démocratique (33,5% favorable). C’est donc sans surprise que 89,6 % veulent que la transition actuelle soit prolongée jusqu’à la stabilisation du pays contre seulement 9,5% qui sont pour la tenue rapide des élections présidentielles.

Grands défis

83% des sondés estiment que la lutte contre la pauvreté, la vie chère et la crise alimentaire demeure le plus grand défi auquel fait face actuellement le Mali suivi de la lutte contre l’insécurité/ contre les terroristes (81,4%). D’autres défis qui ressortent sont ceux de la lutte contre le chômage, l’assurance d’un meilleur accès à l’eau et/ou à l’électricité, l’amélioration de l’éducation scolaire et l’organisation des élections, entre autres.

Référendum

Sur le Référendum prévu le 18 juin prochain, dont la Campagne va s’ouvrir le 2 juin prochain, 55,2% des personnes interrogées (soit la majorité) ne connaissent « pratiquement rien sur la nouvelle Constitution » tandis que seulement 7% affirment en avoir une « bonne connaissance ». Concernant les intentions de vote lors du scrutin, 83,6% indiquent voter pour le « oui » contre 5,9% pour le « non » et 10,5% qui comptent s’abstenir. Alors que le débat continue sur la légalité du référendum organisé par le gouvernement de transition, 84% de maliens à Bamako estiment que le président de la transition Assimi Goita et son équipe doivent l’organiser contre 10,6% qui appellent à un renoncement.

Côte de popularité

A la tête des personnalités dont les Bamakois ont le plus d’opinion favorable, le  Chérif de Nioro, Bouyé Haidara  avec 71,4% d’opinion très favorable suivi du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga (67,6%) et du leader religieux guide des Ançar dine, Chérif Ousmane Madani Haidara. L’Imam Mahmoud Dicko dont la cote de popularité est en baisse, ne reçoit que 24,6 % d’opinion très favorable contre 35,9% défavorable. Le président de la Transition, classé aux côtés des présidents américain, français, russe, burkinabé, nigérien et ivoirien recueille plus de 94% d’opinion très favorable suivi de Vladimir Poutine (89,2%.

Audience des médias

Concernant l’audience des médias que le sondage a également couvert, parmi les activités Web Tv et personnalités de médias les plus connues à Bamako, on retrouve « Ouverture Média » de Thierno N’diaye (61%), Sékou Tangara, le présentateur du « Débat du dimanche » sur Africable et « Mediatik » de Idriss Martinez Konipo.

Quant aux radios communautaires les plus écoutées des Bamakois interrogés, Les Radios Jekafo et Kledu se talonnent de très près (respectivement 28,6% et 28, 3%) suivi de la radio Baoulé (20,2% de la radio  Liberté (18, 6%) et de la radio Nieta (10,9%).

Bart Ouvry : « j’ai toujours cherché à être à l’écoute des Maliens »

Un « ami du Mali » s’en va. Bart Ouvry, Ambassadeur de l’Union Européenne depuis 2019 dans le pays, est en fin de mission. Le Belge quitte un pays, dit-il, d’une « grande culture d’accueil et de générosité », où il a durant quatre ans été « attentif » aux aspirations de ses citoyens.

Vous êtes arrivé au Mali une année après la réélection d’IBK, qui a été marquée par une crise postélectorale. Plus tard, la situation du pays a empiré, avec les contestations du mouvement M5-RFP et les deux coups d’État qui les ont suivies. Comment avez-vous vécu ces évènements ?

Je les ai vécus de près en tant qu’observateur politique. Et je peux témoigner de la dernière année sous le Président IBK. Ça a été certainement une année difficile pour les Maliens, une année difficile pour nous aussi, communauté internationale, parce qu’il faut avouer qu’outre les contestations la situation sécuritaire posait aussi problème. Durant ces années, on a assisté à des attaques contre les FAMa, les membres des Forces de sécurité, parfois des fonctionnaires, mais aussi des représentants de la communauté internationale, qui ont causé beaucoup de difficultés au Mali. Nous avons condamné les coups d’État, mais, en nous rendant compte de la crise profonde que traversait le pays, que traverse toute la région du Sahel, nous avons continué notre collaboration.

Depuis le deuxième coup d’État et l’arrivée du Colonel Assimi Goïta au pouvoir, le pays s’est beaucoup tourné vers la Russie. Ne pensez-vous pas que cela est en partie dû à la teneur des relations entre l’UE et le Mali ?

Ce qui pour nous Européens est important, c’est de nous poser des questions sur l’efficacité de notre action. Je crois qu’il y a eu une grande impatience de la part des Maliens sur la résolution d’une situation qui, depuis 10 ans, suscite beaucoup de problèmes. C’est vrai qu’il y a lieu de se poser des questions de notre côté. Par exemple, est-ce qu’on aurait pu faire autrement dans la gestion de cet aspect ? L’une de mes réponses est probablement que nous n’avons pas suffisamment eu une pensée sur la durée. Les solutions aux problèmes ne se trouvent pas en six mois ou un an.

Mais, pour cela, à présent, pour moi, l’une des solutions est d’aller aux élections. Ce qui aura l’avantage qu’un prochain gouvernement, si les élections se passent bien, aura un mandat sur cinq ans. Cela permettra de réfléchir à des réponses structurelles, de longue durée, qui vont répondre aux enjeux. Mais c’est un questionnement légitime que vous faites. Peut-être que dans le passé nous avons été aussi trop impatients, nous Européens.

Vous avez une grande expertise en matière de communication, pour avoir été de 2008 à 2011 Porte-parole du ministère des Affaires étrangères belge. Comment évaluez-vous la communication des autorités de la Transition du Mali ? Pensez-vous que les pays européens comprennent leurs activités ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?

C’est un souci constant pour nous diplomates : expliquer à nos capitales ce qui se passe ici. Moi, dans ma communication, dans mon rapportage, j’ai toujours voulu bien faire comprendre la profondeur de la crise. La crise que vit le Mali est une crise sociétale. Et donc la réponse qui doit être donnée à cette crise ne doit pas être uniquement sécuritaire. Il faut une réponse qui permettra d’améliorer les conditions de vie des populations et le retour des services de l’État sur l’ensemble du territoire malien. Par exemple, que ce soit au Nord ou au Centre, et même au Sud du Mali, la qualité de l’enseignement est insuffisante. Au niveau des services de base, tels que la santé, il y a aussi des insuffisances. Là, notre effort est d’avoir une action effective sur le terrain pour ramener ces services à niveau. Je crois que ce message est bien compris. C’est vrai qu’aujourd’hui la Transition prend des positions qui sont parfois très difficile à admettre pour nos autorités. Par exemple, le dernier vote sur l’Ukraine, où le Mali a voté en faveur de la Russie. Je ne cache pas que cela est très mal compris de notre côté. Je n’ai pas de conseils à donner aux autorités de la Transition, mais certainement il faut un dialogue diplomatique. Moi je continue à plaider de part et d’autre pour qu’il y ait toujours des échanges diplomatiques et une coopération entre le Mali et l’UE. J’essaie toujours d’amener des collègues ici, à Bamako, et je crois qu’il est important que les Maliens fassent aussi l’effort de se rendre dans nos capitales pour expliquer leurs positions sur différents dossiers.

Quelle est actuellement la posture de l’UE à l’égard de la Transition malienne ?

Aujourd’hui, nous tenons beaucoup à maintenir notre action au profit des Maliens. Nous voulons rester aux côtés des Maliens, nous reconnaissons la profondeur de la crise et la nécessité d’y apporter une action concrète pour justement éviter la déstabilisation du pays. Cela est au cœur de notre position. Nous maintenons le dialogue, nous maintenons notre appui aux Maliens et, au final, nous espérons beaucoup que la Transition pourra respecter le calendrier convenu. Ainsi, on aboutira à des élections dont la principale, la présidentielle, est annoncée pour l’année prochaine.

Quels sont les projets-phares que l’UE a menés au Mali depuis votre venue et les  perspectives ?

Je préfère surtout parler de nos projets en perspective pour 2023. Nous avons déjà mené une consultation très large avec des services de l’État sur notre programmation. Elle porte sur les questions de l’Environnement. C’est le projet de Grande Muraille Verte qui est très important pour un pays tel que le Mali, qui a une partie de son territoire dans le Sahara. Il faut éviter la désertification. C’est un engagement très important de part et d’autre que nous voulons mettre en œuvre en 2023. Et puis il y a également la problématique de l’enseignement, de la formation et le renforcement du secteur privé. Si on veut répondre au grand enjeu qu’est l’accès à l’emploi au Mali, car chaque année, il y a des milliers de jeunes Maliens qui viennent sur le marché du travail, il faut absolument donner une réponse aux aspirations de ces jeunes, qui veulent soit trouver un emploi, soit créer une activité professionnelle. Et là nous croyons que l’amélioration de la qualité de l’éducation, de l’offre de formation et le renforcement du secteur privé sont importants. Sur ces aspects, nous sommes en consultation avec nos partenaires maliens pour apporter des solutions. Globalement, c’est un budget d’à peu près 100 milliards de francs CFA. Outre cela, nous allons aussi maintenir notre action de coopération sur des bases régionales et thématiques telles que la question de la gestion des frontières, sur laquelle nous voulons maintenir notre coopération avec l’État malien.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté sine die le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024 ?

Je crois que c’est un engagement très clair de la Transition, même si un report pour quelques mois peut être compréhensible. J’ai bonne confiance que les autorités de la Transition vont tenir leurs engagements.

Si les élections devaient se tenir, quel serait le soutien de l’Union européenne au processus électoral?

Il y a un fonds, le Programme des Nations Unies pour le Développement, qui centralise toutes les contributions. Nous avons déjà versé notre contribution, qui est de l’ordre de 10 milliards de francs CFA. Elle devrait contribuer à l’organisation des différents scrutins au Mali.

Depuis 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation tarde toujours à être mis en œuvre. Et son processus est bloqué depuis près de quatre mois. Quel avenir voyez-vous à cet Accord dans le contexte actuel ?

Le Cadre créé par l’Accord est toujours là. Nous continuons notre engagement avec l’Algérie, les Nations unies et les autres membres de la médiation pour permettre à toutes les parties prenantes de revenir à la table. Nous venons récemment d’offrir un cadre de propositions qui devrait permettre à toutes les parties prenantes de revenir. C’est la seule solution. L’autre alternative c’est la violence et ce n’est pas une alternative crédible. Nous voulons absolument que les parties prenantes trouvent des solutions sans violence. Nous, nous ne nous sommes pas là pour prescrire des solutions. Nous ne pouvons qu’amener les deux parties à la table de discussion et c’est à elles de se mettre d’accord sur les solutions et les mettre en œuvre. Nous espérons que ce sera pour bientôt.

Est-ce qu’il vous a été souvent difficile de manœuvrer, avec les impératifs de Bruxelles vis-à-vis du Mali et la Transition ?

J’ai toujours eu des relations très courtoises, très positives, avec les Maliens. Nous n’avons pas tellement d’instructions de Bruxelles. On nous demande de faire l’analyse, de coordonner avec nos États membres et chercher des solutions. Depuis que je suis là, j’ai toujours cherché à être à l’écoute des autorités maliennes. Mais aussi et surtout à l’écoute de la société civile (les jeunes, les associations de femmes) et des partis politiques. Notre rôle, je le rappelle, n’est pas de prescrire, mais de faire partie de la solution. Et d’offrir un cadre de la médiation pour trouver des solutions aux problèmes. Nous n’avons pas la capacité de trouver des solutions à la place des Maliens. Ce sont les Maliens qui doivent trouver un cadre politique pour sortir de la crise actuelle. Et cette crise, elle est profonde. Je crois que tout le monde le sait. C’est une crise sociétale, comme je le disais tantôt. Si on veut contribuer au développement du pays, il faut absolument renforcer l’enseignement. Je ne connais pas un seul Malien qui conteste la crise actuelle de l’enseignement. D’ailleurs, j’ai eu un entretien il y a quelques jours avec la ministre de l’Éducation et nous travaillons ensemble là-dessus.

Quel souvenir garderez-vous du Mali ?

J’ai vécu ici avec mon épouse, qui m’a accompagné tout au long de ce périple de quatre ans. Je garde beaucoup de souvenirs des rencontres avec les Maliens. C’est mon troisième pays africain et c’est probablement celui qui, en termes de richesse culturelle, a le plus de profondeur, parce qu’il a une tradition culturelle millénaire et très riche. Ça m’a beaucoup marqué. Et puis le Malien est quelqu’un qui a une grande culture d’accueil et de générosité envers l’étranger. J’ai beaucoup profité de cela. C’est pourquoi j’ai toujours tenu à communiquer sur tout ce qui va bien dans le pays, sur son potentiel par exemple en matière de beautés naturelles et de richesse de sa culture. C’est une manière de rappeler aux Maliens, qui parfois sont confrontés dans leur quotidien à d’énormes problèmes, que leur pays regorge de potentialités. Au quotidien on a tendance à beaucoup se focaliser sur les problèmes, mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a de bien dans le pays.

3 questions : Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP)

Avec le report du référendum, doit-on craindre un glissement dans le reste du chronogramme ?

Le gouvernement a donné un chronogramme pour l’ensemble des scrutins. Mais peu à peu, il apparaît que ledit chronogramme rencontre d’énormes difficultés liées au retard dans l’opérationnalisation de l’Autorité indépendante pour la gestion des élections (AIGE) et la finalisation du projet de constitution. Ce retard s’explique, en partie, par un souci de trouver un large consensus autour du processus politique. En essayant de se donner un peu de temps pour les derniers réglages, cela n’aura pas substantiellement un impact sur le reste du calendrier. D’autant que c’est le même organisme, une fois opérationnalisé, qui s’occupera du reste des scrutins.

Le porte-parole du gouvernement a assuré que le président de la transition tenait au respect de l’échéance 2024. Selon vous, ce délai est-il toujours tenable ?

Le calendrier paraît difficilement tenable pour deux raisons majeures. D’abord, la lenteur dans l’opérationnalisation de l’AIGE dont les démembrements n’ont toujours pas été installés alors que nous sommes déjà à mi-mars.

La nouvelle loi sur l’organisation territoriale n’est pas encore promulguée, or l’AIGE doit être déployée sur la base de cette nouvelle configuration territoriale, qui crée de nouvelles circonscriptions administratives. Vu l’ampleur et l’enjeu des travaux, ce travail préalable à l’organisation de toute élection au Mali prendra encore plus de temps. Et cela aurait un impact significatif sur le chronogramme. Le second défi majeur est lié au problème de financement. Est-ce que le Mali a le budget nécessaire pour financer toutes ces élections ? Surtout que le pays est sur une nouvelle dynamique caractérisée par un changement d’alliance géopolitique. Or, ce sont les partenaires « traditionnels » qui financent ou appuient considérablement nos pays dans l’organisation des élections.

Faudrait-il un réaménagement du chronogramme pour rester dans le délai imparti ?

Le remaniement du chronogramme risque d’être mal perçu par les différents acteurs nationaux et internationaux. En plus, ce n’est pas évident qu’ils y adhérent. Mais la réalité aussi laisse entrevoir qu’il va être difficile de pouvoir respecter le délai initial pour les raisons précédemment évoquées.

De ce point de vue, les autorités sont prises entre le marteau et l’enclume : si elles revoient le calendrier, cela pourrait davantage accentuer les clivages. Pour le moment, nous ne pouvons pas leur prêter une mauvaise intention. Le mieux est d’attendre et d’observer avant de tirer toute conclusion.

Nouvelle constitution : le Colonel Assimi Goïta valide le projet finalisé

Le président de la transition, le Colonel  Assimi Goïta a validé le projet de constitution qui lui a été remis par la commission  chargée de la finalisation le 27 février dernier, a indiqué le gouvernement mercredi 15 mars 2023, dans un communiqué signé du porte-parole, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga.

Selon le communiqué, ce projet de constitution sera présenté aux forces vives de la Nation le 20 mars 2023 par le président de la Transition qui, a par ailleurs instruit aux membres du gouvernement de se l’approprier et de « prendre toutes les dispositions idoines en vue de procéder à sa vulgarisation auprès de nos braves  populations ».

La vulgarisation du projet de constitution figurait parmi les raisons évoquées par le gouvernement de la transition pour justifier le report à une date ultérieure du Référendum qui était prévu le 19 mars 2023.

La  validation du projet de constitution par le président de la transition intervient alors que certains partis politiques et mouvements de la société civile réunis au sein de l’« Appel du 20 février pour sauver le Mali » demandent son abandon pour « défaut de qualité de son auteur d’une part et, d’autre part, le respect du chronogramme des élections, souverainement établi par les autorités de la Transition, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel ».

Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, après avoir participé aux travaux de finalisation dudit projet propose également  de « surseoir  à la tenue du référendum et de mettre le projet de la nouvelle Constitution à la disposition du futur président de la République qui sera élu après la Transition ».

 

 

 

 

 

Chronogramme électoral : l’inévitable glissement

C’était un secret de Polichinelle. C’est désormais officiel. Le référendum, initialement prévu pour le 19 mars 2023, a été reporté le 10 mars dernier à une date ultérieure. Ce report, qui ne faisait plus guère de doute depuis quelques semaines, pourrait impacter la tenue à date des autres scrutins prévus dans le chronogramme de la Transition.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako dans les plus brefs délais, ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution », a expliqué le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maiga.

« C’est à nous, quand on regarde le temps restant, de fournir beaucoup d’efforts afin que tous les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints », a-t-il souligné, assurant que le Président de la Transition « tient fermement au respect de la date butoir que nous avons pu négocier avec la CEDEAO ».

Un chronogramme impacté

La loi portant création des circonscriptions administratives en République du Mali, dont dépend l’installation des démembrements de l’AIGE et le projet de loi portant modification de la loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale, adoptés respectivement les 20 et 28 février 2023 par le Conseil national de Transition (CNT), ne sont pas encore promulgués par le Président de la Transition.

Pour Hamidou Doumbia, Porte-parole du parti Yelema, un deuxième report va sûrement suivre : celui de l’élection des conseillers des collectivités territoriales, prévue en juin prochain, parce que « le Collège électoral devait être convoqué fin mars mais qu’aujourd’hui les démembrements de l’AIGE ne sont pas mis en place ».

« Il y a vraiment des doutes sur le reste du processus. Nous espérons que le gouvernement, notamment le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, va rencontrer tous les autres acteurs pour qu’ensemble nous essayions de voir ce qui peut être fait pour que nous ne sortions pas du délai global », indique M. Doumbia.

« Il y aura forcément un décalage dans le reste du chronogramme », tranche pour sa part Bréhima Mamadou Koné. Selon cet analyste politique, le chronogramme que le gouvernement avait établi  était juste un « document de politique ». « Avec la mise en place de l’AIGE, c’est de sa responsabilité d’établir un chronogramme électoral, en synergie avec l’ensemble des acteurs, les partis politiques et les organisations de la société civile, et c’est sur la base de ce chronogramme qu’on pourrait être fixé sur la tenue des différentes élections à venir », soutient-il.

Dr. Ibrahima Sangho, Président de la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE) est de cet avis. À l’en croire,  le chronogramme de juin 2022 avait  été donné « juste pour sortir de l’embargo de la CEDEAO ». « Un chronogramme réaliste n’est pas encore sur la table. Aujourd’hui, il n’appartient plus au gouvernement de donner un chronogramme, d’organiser des élections en République du Mali. Il appartient à l’AIGE d’organiser les élections, donc de donner un chronogramme », appuie l’expert électoral.

Impératif réaménagement

Le gouvernement de transition a indiqué que la nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’Autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral. Cette nouvelle date, devrait, selon des analystes, conduire à un réaménagement de tout le chronogramme initial, ce qui pourrait aboutir à repousser la date des différentes élections ou à en abandonner certaines.

« C’est sûr que nous serons obligés de renoncer aux élections locales (élections des conseillers des collectivités territoriales, NDRL) et de nous concentrer sur le référendum et les élections  couplées présidentielle et législatives. Je pense que c’est possible de redéfinir les choses de cette manière », propose l’analyste Dr. Mahamadou Konaté, Directeur général de Conseils Donko pour la gouvernance et la sécurité.

« Ce qui est possible de faire pour sortir de la Transition, il faut le faire. À notre avis, le référendum peut se tenir en juin. Si c’est le cas, au premier trimestre 2024 on peut organiser les élections législatives et la présidentielle ou alors uniquement la présidentielle, pour mettre fin à la Transition », renchérit Dr. Ibrahima Sangho.

Dans un communiqué en date du 20 février, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (COCEM), composée de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), de la Jeune Chambre Internationale (JCI-Mali), de Wildaf Mali, du RPL (Réseau Plaidoyer et Lobbying) et de SOS Démocratie, avait proposé aux autorités de la Transition de prévoir le référendum le 25 juin 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales le 29 octobre 2023 et celle couplée du Président de la République et des députés à l’Assemblée nationale le 4 février 2024 pour les premiers tours et le18 février 2024 pour les seconds, le cas échéant.

« Il est fort possible de changer un peu l’ordre des élections, de surseoir à certaines si la nécessité est. Mais ce qui est important, c’est que la Transition doit prendre fin comme prévu en 2024. Nous espérons que nous allons pouvoir travailler et essayer de dégager un chronogramme pour que nous puissions, avec une certaine rigueur, respecter nos engagements », plaide Hamidou Doumbia, pour lequel tout dépendra de ce qui sera discuté avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

« Dès qu’on observe un  retard, il faut appeler les acteurs pour en discuter et travailler techniquement à voir ce qui peut être sauvé et non attendre que les échéances arrivent avant d’informer sur un report », insiste le porte-parole du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Février 2024, tenable ?

Malgré les assurances du gouvernement pour le retour à l’ordre constitutionnel « dans le respect de la durée de la Transition après avoir mené les réformes nécessaires », pour plusieurs observateurs, l’échéance de février 2024 qui a été donnée à la Transition risque de ne pas être respectée avec la tenue effective de toutes les élections prévues, en raison du retard pris et du décalage dans le calendrier qui va découler du report du référendum.

« On ne peut pas, à mon avis, tenir tous les scrutins tels qu’ils étaient prévus et rester dans le délai imparti de la Transition », avance Dr. Mahamadou Konaté, qui préconise la renonciation à au moins l’un des scrutins prévus pour rester dans le délai. Certains acteurs politiques qui alertent depuis quelques mois sur la lenteur dans la mise en œuvre du chronogramme de la Transition n’excluent pas, par ailleurs, que le gouvernement de transition traîne à dessein dans le processus afin d’aboutir à une nouvelle prolongation de la Transition au-delà des 24 mois supplémentaires convenus.

Dr. Mahamadou Konaté ne partage pas cette crainte. « Pour l’instant, je crois que le gouvernement a toujours l’intention de tenir le délai », glisse-t-il. « On n’est pas encore au point où des actes de mauvaise foi sont suffisamment patents pour démontrer que les autorités souhaitent à nouveau aller vers une prolongation de la Transition », recadre cet analyste.

Pour lui, jusqu’à la fin la fin de l’année  2023, « tant qu’on n’aura pas perdu la possibilité de redéfinir le calendrier et de renoncer à une ou deux élections pour se concentrer sur celles qui sont essentielles pour le retour à l’ordre constitutionnel, je pense que c’est toujours possible de tenir le délai de février 2024 ».

Elections: le gouvernement annonce le report du référendum

Le gouvernement de transition informe l’opinion nationale dans un communiqué rendu public ce vendredi 10 mars que la date du référendum, prévu le 19 Mars 2023, dans le chronogramme des réformes politiques, institutionnelles et électorales de la Transition, connaîtra un léger report.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité de Gestion des Elections »,  explique le gouvernement  dans le même communiqué signé par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

 Il s’agit de parvenir à l’opérationnalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako, dans les plus brefs délais ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution. La nouvelle date du référendum sera fixée, après concertation avec l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections et l’ensemble des acteurs du processus électoral.

Le gouvernement rassure par ailleurs l’opinion nationale et internationale que le retour à l’ordre constitutionnel, après avoir mené les réformes nécessaires, demeure l’une de ses priorités absolues, dans le respect de la durée de la Transition.

Déjà mardi le 07 mars, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique a appelé  ses membres à voter contre le projet de nouvelle Constitution présenté par la transition le lundi 27 février.  L’organisation des  imams a dénoncé le maintien du principe de laïcité de l’Etat par rapport à la Constitution de 1992. Un aspect qui n’a tout de même pas été contesté par le président du haut conseil islamique,  Chérif Ousmane Madani Haidara. Le 21 février 2023, une réunion du comité de suivi des réformes politiques et institutionnelles, en présence de son S.E l’envoyé spécial de la CEDEAO Goodluck Ebele Jonathan, avait réuni au MATD, les autres acteurs du processus électoral.  Ce report intervient au moment où le processus d’enrôlement pour la carte biométrique est en cours et connaît une certaine lenteur.

Constitution : le document final remis au président de la transition

Un mois jour pour jour après la publication du décret portant nomination des membres de la commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle constitution du Mali, le document a été remis ce lundi au président de la transition. Selon Fousseyni Samaké, le président de la commission de finalisation, certaines dispositions ont été reformulées et des rajouts ont été faits. Grâce à ces amendements, le projet remis comporte 191 articles contre 195 pour l’avant-projet.  » Le document final que je viens de recevoir aujourd’hui, cristallisera, à n’en pas douter, l’espoir de la nation toute entière quant à l’instauration d’une véritable démocratie » s’est félicité le président de la transition, le Colonel Assimi Goita. L’avant-projet de constitution a été vivement critiqué par plusieurs entités notamment politiques qui avaient demandé son abandon. Les Maliens doivent en principe selon le chronogramme s’exprimer sur cette constitution lors d’un référendum programmé le 19 mars prochain.

Nouvelle Constitution : Assimi Goïta va-t-il céder à la pression politique ?

Enclenché en juin 2022, le processus d’adoption d’une nouvelle Constitution, en remplacement de celle du 25 février 1992, se poursuit. Mais, à l’approche du référendum prévu pour mars prochain, de plus en plus d’acteurs politiques s’y opposent, appelant à un abandon du projet. Le Président de la Transition, déjà tourné vers la finalisation du texte de l’avant-projet de nouvelle Constitution, va-t-il céder à cette pression et surseoir à l’adoption de cette nouvelle Loi fondamentale du Mali ?

C’était l’une des recommandations fortes des Assises nationales de la refondation (ANR), fin 2021. L’adoption d’une nouvelle Constitution figure également dans le Plan d’action du gouvernement de transition approuvé par le Conseil national de transition en août 2021.

Mais, dès le départ, le sujet a toujours divisé la classe politique. Si le constat est unanime sur les limites de l’actuelle constitution et la nécessité de la réviser ou de la remplacer, les positions sont par contre très tranchées sur la période et le contexte de l’adoption d’une nouvelle Constitution et sur le contenu de l’avant-projet rendu par la Commission de rédaction en octobre dernier.

Vague d’oppositions

Au sein de la classe politique, quelques partis sont farouchement opposés à l’adoption d’une nouvelle Constitution. C’est le cas de Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso Hèrè). Dans un communiqué, le 10 janvier 2023, le parti de l’ancien Premier ministre de transition de 1991, Zoumana Sacko, s’est une nouvelle fois insurgé contre l’adoption d’une « Constitution octroyée » dont le « peuple militant du Mali » n’a pas besoin.

« La CNAS-Faso Hèrè invite à nouveau les autorités issues du double coup de force militaire du 18 août 2020 et du 25 mai 2021 à renoncer définitivement et sans condition à leur entreprise antirépublicaine et antidémocratique de démolition de la Constitution démocratique, dont le Peuple malien s’est librement doté au prix des larmes, de la sueur et du sang, en tant qu’acquis essentiel de la lutte de plusieurs générations contre la dictature CMLN/UDPM », écrit le parti, pour lequel le retour à l’ordre constitutionnel doit se faire dans le « cadre inchangé de la Constitution adoptée le 12 janvier 1992 ».

Même son de cloche au parti FARE An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, où l’on estime que toute révision de la Constitution actuelle devrait être limitée et rigoureusement encadrée par les dispositions déjà prévues. « Le parti FARE demande au Président de la Transition d’abandonner le projet de nouvelle Constitution en cours et l’invite à reprendre l’initiative en créant les conditions d’inclusivité autour des forces politiques et sociales pour une refondation réelle du Mali en crise », indique son  Secrétariat exécutif national.

Cette position est partagée par la plateforme politique « Espérance Nouvelle – Jigiya Kura » autour de la Codem de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Housseini Amion Guindo, qui avait demandé dès juillet 2022 aux autorités de transition de surseoir à la rédaction d’une nouvelle Constitution, en raison des « motivations floues » qui entouraient cette démarche. Pour ce regroupement politique, le contexte de « crise multidimensionnelle, où la sécurité des personnes et des biens est plus que jamais menacée », n’est pas propice à modification de la Constitution.

Pour la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’Imam Dicko, « aucune disposition du droit positif ne donne compétence au Président de la Transition pour prendre l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle Constitution et de la faire aboutir par voie de référendum ».

Ballan Diakité, analyste politique, pense que plusieurs facteurs expliquent les appels à l’abandon du projet qui se multiplient. « D’abord, les partis politiques ne sont pas rassurés par le contenu du texte de la nouvelle Constitution. Ensuite, au-delà du contenu, je pense qu’il y a un climat défavorable entre les partis politiques et les militaires au pouvoir. On sait que depuis le début de la Transition les militaires ont tout fait pour écarter les partis politiques de la gestion du pouvoir, ce qui a conduit à l’instauration d’une méfiance entre les deux parties », analyse-t-il.

Pour autant, selon lui, le Président de la Transition ne doit pas surseoir au projet d’adoption de la nouvelle Constitution mais plutôt établir un cadre de dialogue plus sincère avec les partis politiques, plus participatif, de sorte que leurs préoccupations puissent être prises en compte dans l’élaboration du nouveau texte.

« En  période de mandature normale, le Président qui va conduire cette révision de la Constitution risque de revoir son mandat présidentiel repartir à zéro. Pour éviter des tensions sociopolitiques dans les années à venir, il est important que la Transition puisse conduire cette révision de la Constitution ».

Revoir l’avant-projet

Certains partis politiques sont favorables au principe d’adoption de la nouvelle Constitution mais ont relevé des insuffisances dans le texte de l’avant-projet et apporté d’importants amendements, sur la forme et le fond, qu’ils entendent soumettre à la Commission chargée de la finalisation du projet.

« Nous pensons que la période de transition est la période idéale pour aller vers une nouvelle Constitution. Pour l’APR, la Constitution du 25 février 1992 a atteint ses limites au cours de ces dernières années et n’a pas permis d’apporter des atténuations aux crises répétitives qu’a connues le Mali. Elle doit être réformée pour faire face aux circonstances changeantes du moment et tenir compte de l’évolution de la société et de la matière constitutionnelle », clame Oumar Ibrahim Touré, Président de l’Alliance pour la République (APR).

Le parti a relevé les dispositions encourageantes contenues dans l’avant-projet, à l’instar de la saisine du Conseil supérieur de la magistrature par les citoyens, la révocation du Premier ministre sans que celui-ci ne présente sa démission ou encore la fixation du nombre de membres du gouvernement au maximum à 29.

Mais l’APR pointe des dispositions « problématiques », comme le « bicamérisme inégalitaire » et la disparition du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale, un risque de constitutionnalisation des coups d’État jugé « dangereux ». Il souligne en outre plusieurs dispositions manquantes, parmi lesquelles « l’absence d’un mécanisme de révision parlementaire » ainsi que de « démocratisation dans la saisine de la Cour constitutionnelle » et la « non constitutionnalisation des candidatures indépendantes ».

De son côté, la Coalition des forces patriotiques (COFOP), regroupement de partis politiques, propose entre autres que le poste de Premier ministre soit remplacé par celui d’un Vice-président, élu au même titre que le Président de la République, qui peut exercer le pouvoir en cas d’empêchement de ce dernier, que le Conseil économique, social, culturel et environnemental soit supprimé ou encore qu’avant leur nomination par le Président de la République les postulants à une responsabilité ministérielle présentent et défendent avec succès un « projet de société relatif au poste qu’ils désirent occuper ».

L’Union pour la République et la Démocratie (URD) affiche également son accord avec le gouvernement de transition pour l’adoption de la nouvelle Constitution. « Au Mali, toutes les Constitutions ont été faites dans des situations exceptionnelles. Aujourd’hui, nous sommes dans une transition et il est mieux pour nous de trouver la solution maintenant pour faire passer cette Constitution que d’attendre une prochaine fois », déclare son Président, Gouagnon Coulibaly.

Une finalisation très attendue

Beaucoup d’espoirs d’aboutir à un projet de Constitution consensuel reposent désormais sur la Commission chargée de la finalisation du projet, où les politiques souhaitent la prise en compte effective de leurs différentes suggestions et recommandations.

Créée par décret présidentiel le 19 décembre 2022, cette Commission, qui a pour mission d’examiner et d’amender, le cas échéant, l’avant-projet de Constitution, sera composée de 51 membres, parmi lesquels des représentants du Président de la Transition, du gouvernement, du CNT, des partis et regroupements politiques, des organisations de la société civile et du Conseil national des jeunes, entre autres.

Les membres de cette Commission n’ont pas encore été nommés. Selon nos informations auprès de quelques structures qui doivent la composer, ces dernières n’ont pas encore été sollicitées pour envoyer les noms de leurs représentants.

Comme lors des trois tentatives de révision constitutionnelle par le passé (1999, 2008 et 2017) qui n’ont pas abouti, le Président de la Transition va-t-il reculer devant les opposants ? Pour l’heure, aucun signe ne laisse présager d’un abandon du processus d’adoption de la nouvelle Constitution.

Selon une source proche du gouvernement, les autorités de la Transition ne sont pas dans l’optique d’y renoncer. « Elles peuvent essayer de discuter et de prendre en considération quelques amendements, mais le projet en soi ne sera pas abandonné ». Le ministre d’État Abdoulaye Maïga a clairement affiché le 12 janvier dernier, lors de la rencontre du Cadre de concertation avec les partis politiques, l’intention du gouvernement de poursuivre et d’achever l’adoption de la nouvelle Loi fondamentale avec l’organisation du référendum.

« Je voudrais dire à ceux qui pensent qu’il faut surseoir au référendum que c’est hors mandat. L’idée d’avoir une nouvelle Constitution est antérieure à la transition. Le DNI (Dialogue national inclusif) en a parlé. Bien avant le DNI, nous avons d’anciens Chefs d’État qui ont essayé de le faire. Cela n’a pas abouti. Les ANR l’ont très clairement mentionné. Je pense que la vision politique du chef de l’État est d’appliquer systématiquement, autant que faire se peut, toutes les recommandations des ANR », a-t-il clarifié, insistant sur le fait que la Transition « ne peut pas laisser le soin à un parti politique d’entraver ce processus ».

Mais, comme pour illustrer le peu d’engouement de la classe politique sur le sujet, seulement 50 partis politiques sur 281 saisis par le ministère de l’Administration ont pris part à cette rencontre.  Certains analystes n’excluent pas la possibilité de création d’un grand bloc de partis politiques pour empêcher le référendum, qui, au vu du retard accusé, pourrait faire l’objet d’un glissement de date.

Referendum – législatives : L’impossible couplage?

Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation propose la tenue couplée des législatives et du referendum le 9 juin. Même si la date n’est pas encore officielle, cette possibilité s’avère être un vrai challenge dans un contexte incertain.  

« Ce sont  des propositions. Rien n’est définitivement arrêté. Il faut attendre que ce soit définitivement adopté », dit Brahima Coulibaly, conseiller technique au ministère  de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Alors que le temps presse, chez les différents acteurs des réflexions sont engagées pour s’accorder sur les dates des élections législatives et référendaire. « Rien n’est calé complètement, parce que nous sommes avec des partenaires dans la réflexion. Il est trop prématuré de dire ce qu’il y aura », abonde un autre responsable du ministère.

Les deux échéances sont au devant des questions actuelles. Reportées à maintes reprises, les élections législatives doivent se tenir avant la fin du mandat des députés  le 30 juin. Au même moment, le processus de révision constitutionnelle nécessite du temps pour que l’ensemble des acteurs s’accorde sur la forme et le contenu. Le comité d’experts mis en place doit rendre au Président de la République début avril l’avant-projet, pour amendement ou validation, avant que le gouvernement ne le présente à l’Assemblée nationale. Présent à l’ouverture des assises de l’alliance Ensemble pour le Mali (EPM), samedi dernier à l’ex-Cres de Badalabougou, le Premier ministre est très prudent sur le calendrier électoral. « Si le referendum se tient fin avril, la Cour constitutionnelle a deux mois pour le valider, ce qui peut aller jusqu’en juin. Malheureusement, le mandat des députés finit fin juin », fait remarquer  Soumeylou Boubeye Maiga. Selon lui, « s’il n’y a pas d’assemblée, il n’y a pas de referendum, en tout cas au stade actuel », car, explique-t-il, « le comité d’experts va remettre l’avant-projet au Président le 3 avril (…) ». C’est à la suite de cela qu’il sera envoyé à l’Assemblée nationale par le gouvernement, « car il faut une loi constitutionnelle pour aller au referendum », justifie le chef du gouvernement.

Des désaccords à dépasser

Au ministère de l’Administration territoriale siège chaque semaine le Cadre de concertation national regroupant tous les partis politiques, les conseillers techniques de certains ministères et des responsables de la société civile et des mouvements signataires de l’Accord. Cependant, certains partis, comme l’URD du chef de file de l’opposition, boudent les rencontres depuis plus de deux semaines. « Cette date me parait juste, mais certaines choses ne sont pas encore réglées pour l’opposition. Nous ne participons pas au cadre de concertation et, dès lors, nous n’avons pas suffisamment d’éléments pour pouvoir juger », estime Ibrahima N’Diaye, directeur de cabinet de chef de file de l’opposition. Selon lui, la solution  est dans « un dialogue sincère » entre tous les acteurs. « C’est vrai que le mandat des députés arrive à échéance en juin, mais si en même temps d’autres problèmes se posent, il faut les évoquer pour trouver des solutions qui puissent satisfaire tout le monde. Tout ce qui peut réussir, nous le souhaitons », plaide-t-il.

Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, il sera difficile de tenir les deux scrutins en même temps le 9 juin. « Pour le referendum, il y a non seulement le manque de temps, mais aussi de l’impréparation. Le gouvernement n’a pas la bonne méthode pour échanger avec la population », note-t-il. Mais l’exigence de la communauté internationale d’obtenir des résultats concrets dans la mise en œuvre de l’Accord met les protagonistes dos au mur. « Si aujourd’hui cette révision constitutionnelle  s’avère être indispensable pour l’État malien, il est évident que Soumaila Cissé ne pourra que l’accompagner, parce que la communauté internationale met la pression. Mais cela ne changera pas grande chose pour le peuple », précise l’analyste. Il ajoute « si on est en phase avec nos partenaires techniques et financiers,  ils mettront la main à la poche » pour le financement des élections.

Autre problème, en plus de quelques partis qui posent certains préalables à leur retour dans le cadre de concertation, la CMA et la Plateforme, quant à elles, veulent que l’on revienne à la première « formule » de celui-ci.

Référendum au Burundi : Nkurunziza, seul maître à bord ?

C’est ce 17 mai que les Burundais sont appelés aux urnes pour se prononcer sur le référendum constitutionnel. Un scrutin controversé qui pourrait aboutir au renforcement des pouvoirs du Président Pierre Nkurunziza qui pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Une forte mobilisation des 4,8 millions d’électeurs, c’est ce que souhaite les autorités burundaises pour offrir une légitimité à ce referendum qui ne fait pas l’unanimité. Les principaux enjeux de ce scrutin sont le maintien au pouvoir du président burundais et le renforcement de ses pouvoirs. Alors que l’actuel texte interdit qu’un président reste au pouvoir plus de dix ans, le nouveau si il est voté permettra à Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Autre enjeu : le respect des termes de l’accord d’Arusha signé en 2000 après la guerre civile. Même si les quotas ethniques prévus dans cet accord restent valables, le dernier mot revient au président face au Parlement. Et le président ne sera plus obligé d’avoir dans son gouvernement les représentants de tous les partis ayant obtenu 5 % des suffrages aux législatives. Aussi, la majorité des 2/3 indispensables pour le vote des lois à l’Assemblée est ramenée à la majorité absolue.
Ce referendum, contesté par les opposants et certains acteurs de la société civile et sans la présence d’observateurs, est aussi dénoncé par les responsables de l’Union Africaine. Dans un rapport publié avant la tenue du scrutin, l’ONG Human Rights Watch, a fait état d’une campagne d’intimidation organisée par le gouvernement pour pousser la population à voter en faveur du « oui ».
Arrivé au pouvoir en 2005, le président Burundais pourrait y demeurer jusqu’en 2034, grâce aux nouvelles reformes envisagées.
Le Burundi connaît le cycle de violences politiques depuis la décision du président Burundais de se représenter en 2015 pour un troisième mandat. Avec les reformes envisagées, il aurait ainsi la possibilité de se présenter pour deux autres mandats de 7 ans chacun.

Les Colombiens votent « Non » à l’accord de paix avec les FARCS

Le texte signé lundi 26 septembre à Carthagène par le président Juan Manuel Santos et le chef des FARC, Rodrigo Londono, dit « Timochenko », doit-il être validé ? les Colombiens, appelés aux urnes hier dimanche 2 octobre, ont voté « Non ».

Coup de théâtre en Colombie. Négocié pendant près de quatre ans, l’accord de paix visant à mettre fin à près de 52 ans de conflit avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a été rejeté par les Colombiens. Alors que les sondages prédisaient un « oui », les résultats du référendum donnent le « Non » en tête avec 50,24%, contre 49,75%. Cela, une heure après la fermeture des bureaux de vote. Ces chiffres seraient quasi-définitifs.

Ce rejet de la population sonne comme un coup dur pour le Président Juan Manuel Santos, qui avait fait de la paix avec les Farcs un combat personnel, et est allé jusqu’à dire que la Colombie risque de replonger dans la guerre si le peuple venait à rejeter l’accord de paix. Nombre d’opposants jugent le texte de 297 pages, signé le lundi 26 septembre dernier, favorable aux rebelles : il prévoit le retour des rebelles à la vie civile, sans poursuites, en échange d’un dépôt des armes. L’ex-président, Alvaro Uribe, chef de l’opposition, a dénoncé un texte qui accordera « l’impunité » aux Farcs.

D’ors et déjà, des voix s’élèvent pour demander « une issue négociée » au conflit armé. L’Armée de libération nationale (ALN), seconde guérilla colombienne, s’inscrit dans cette démarche. Quelques heures après l’annonce de ces chiffres, cette rébellion a, sur Twitter, appelé la société colombienne à continuer « à lutter pour la paix ». Sur Twitter, les Farcs ont aussi réagi : « L’amour que nous ressentons dans nos cœurs est gigantesque et avec nos mots et nos actions, il nous permettra d’atteindre la paix. »

 

Brexit : la Grande Bretagne choisit le « Out » de la Zone euro !

Les Britanniques appelés à se prononcer, jeudi 23 juin, pour ou contre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, ont selon les résultats définitifs, voté à 51,9 % en faveur de la sortie. La participation a été forte, 72,2 % selon les chiffres officiels.

Jeudi 23 juin, les Britanniques étaient invités à se prononcer sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, dans un climat marqué par l’assassinat, le 16 juin, de la députée travailliste pro-européenne, Helen Joanne Cox, dite Jo Cox. Ce référendum est un véritable coup dur pour l’Europe et peut-être aussi pour la Grande-Bretagne.

Les 46,5 millions d’électeurs inscrits se sont prononcés à 51,9% pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. C’était le scénario rédouté, tout au long de la campagne, par le Premier ministre David Cameron, chef du parti conservateur et principal avocat du maintien de la Grande Bretagne dans l’Europe. Il a annoncé après les résultats, sa démission  du 10 Downing Street, en octobre prochain. Dans l’autre camp, Boris Johnson du Parti travailliste, ancien maire de Londres, véritable artisan de l’europhobie, peut se frotter les mains, cette victoire du « out » pourrait le propulser à la tête du gouvernement. Nigel Farage, le patron europhobe du parti Ukip, triomphe. Il a célébré sa victoire à Londres avec ses partisans. « Nous avons récupéré notre pays », a-t-il tweeté. De Paris à Amsterdam, l’extrême droite se réjouit et appelle à la tenue de référendums dans tous les pays de l’UE.

Les Bourses mondiales accusent le choc. Le résultat du référendeum anglais faisant plonger, dés l’ouverture, les places financières de Londres, Paris et Francfort. Ce vote est un véritable tremblement de terre pour l’Europe qui qui doit maintenant fédérer les pays qui la composent autour d’un projet et éviter toute contagion que pourrait, chez les membres européens, susciter la décision anglaise.

Moussa Mara: « Nous ne voulons pas d’un Sénat au Mali ! »

Au cours de sa 12ème conférence de presse hebdomadaire, qui s’est tenue ce week-end à  Sikasso sur «La Démocratie», Moussa Mara n’a pas fait de la dentelle pour signifier la non pertinence du projet de reforme soumis en référendum. Le président du parti «Yelema» s’est attaqué à  bien des points qui, à  ses yeux, font que le document ne doit pas être voté. Toutefois, le candidat ne veut pas rester dans le rejet catégorique et stérile. Il fait des propositions qui, selon lui, visent à  raffermir davantage le système démocratique malien. Comment permettre un meilleur ancrage de cette démocratie ? Que faut-il faire pour améliorer la démocratie au Mali ? En réponse à  cette question, le candidat à  la présidentielle d’avril prochain dira qu’il pense que le meilleur ancrage de la démocratie au Mali passe nécessairement par la révision de l’architecture institutionnelle et le système électoral. Il reconnait volontiers que les 20 ans de démocratie du Mali ont permis d’engranger des résultats tangibles mais que ceux-ci sont perfectibles. «l’avènement d’un Sénat constitue une inflation institutionnelle !» Par rapport à  la révision de l’architecture institutionelle, Moussa Mara pense tout d’abord que le Mali doit aller vers l’instauration d’un régime présidentiel (comme au Etats unis ou au Benin), qui n’obéit pas au principe de nomination d’un Premier ministre, et o๠il y a impossibilité pour le président de dissoudre le parlement. Cependant, précise-il, « on ne donnera pas plus de pouvoir au Président qu’il n’en a ». Quant à  l’épineuse équation de l’érection du Haut conseil des collectivités en Sénat, mentionné dans le projet de reforme d’ATT, Moussa Mara a affirmé qu’elle est insensée. « Nous ne voulons pas d’un Sénat au Mali ! », a-t-il martelé. Pour lui, l’avènement d’un Sénat constituerait une inflation institutionnelle, et l’option la plus appropriée pour le Mali, C’’est d’aller à  un renforcement du dispositif déjà  existant, C’’est-à -dire l’Assemblée nationale. A « Yelema » on est catégorique, pas question de voter « oui » au referendum. s’agissant de l’amélioration du processus électoral, M. Mara estime que l’Etat devra d’abord songer à  améliorer le taux de participation au vote, corrigeant les anomalies du fichier, en finalisant le Recensement administratif à  vocation d’Etat civil (RAVEC) et en réadaptant l’architecture électorale aux populations. Il a appelé les partis politiques à  s’investir dans le rôle qui est le leur, à  savoir la construction de la citoyenneté, et ce à  travers tout le territoire national.

Le SADI réclame la démission d’ATT

Le parti Solidarité Africaine pour le développement et l’intégration (Sadi) a animé ce jeudi un point de presse pour décliner sa position sur la situation du nord Mali. C’’était au siège du Réseau Kaà¯ra à  Djélibougou. Pour la circonstance, le président du SADI, Cheick Oumar Sissoko était entouré de son secrétaire général l’Honorable Oumar Mariko et de certains membres du bureau exécutif du parti. D’emblée, les ténors du parti SADI, ont qualifié les assaillants de pures rebelles qui utilisent des méthodes terroristes. Cheick Oumar Sissoko a relevé que, bien avant le déclenchement des hostilités, son parti a invité le président ATT, le Gouvernement, ainsi que l’Assemblée nationale à  «Â imaginer ensemble des issues et solutions ». Mais hélas, dit-il, «Â nous n’avons pas été écoutés ». Le communiqué officiel du SADI lu par son secrétaire à  la communication, Nouhoum Keàta, s’attaque à  la façon dont la question du nord est tenue par le régime d’ATT. l’état responsable de la situation au Nord En effet, face à  cette situation du nord Mali qu’il a qualifié de grave, désastreuse, tragique le parti SADI tient pour seul responsables, le président ATT et son Gouvernement, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), certains anciens militaires de Lybie, AQMI et les narcotrafiquants ». Pour Oumar Mariko et les siens, la situation est grave en ce sens que l’unité et l’intégrité territoriale sont entachées, les populations civiles et militaires laissées à  elles-mêmes, vivent dans le dénuement, la peur, le désarroi. Elles se terrent si elles ne fuient pas. Elles errent dans la brousse ou entre les campements, si elles ne s’exilent pas. « Des populations du même pays s’opposent. La guerre s’installe. Une partie du pays est occupée par des rebelles ». Appel du SADI à  la démission d’ ATT Le nouveau Gouvernement doit être réduit à  15 membres pour mettre fin à  la fin à  la guerre et mener le dialogue avec le MNLA, assurer la sécurité dans le pays, organiser sérieusement les élections présidentielles et législatives. A la fin de la déclaration, le parti SADI invite le président ATT et son Gouvernement à  démissionner « pour atteint toute leur limite dans la gestion de cette affaire qui couve depuis la signature des fameux accords d’Alger en 2006 ». « ATT et son Gouvernement ne méritent plus la confiance du peuple. Il a trahit son peuple à  travers la violation du serment qui lui a fait dire le 08 juin 2007 ; conformément à  l’article 37 de la Constitution : Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain de respecter et de faire respecter la Constitution et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à  mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine ». Par ailleurs, le SADI a appellé à  la mise la mise en place d’un Gouvernement de 15 membres, à  la suppression du projet de référendum, à  un plan de rapatriement rapide des réfugiés et à  la tenue dans les délais constitutionnel des élections générales.

Couplage des elections, le GPS n’en veux pas

Au cours d’une conférence de presse le 26 novembre 2011 à  la maison de la presse, le président du GPS, Younouss Hamèye Dicko, par ailleurs président du RDS, a exprimé la position de leur regroupement vis-à -vis de certaines questions brûlantes, notamment la tenue d’élections libres transparentes et apaisées en 2012. Le GPS, fort de ses 46 partis politiques, après analyse approfondie du calendrier électoral adopté le 18 octobre dernier par le gouvernement, pointe du doigt le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales. Huit griefs majeurs sont retenus contre le Général kafougouna Kone et ses collaborateurs. Il s’agit de l’adoption par le gouvernement du calendrier électoral en l’absence de concertation avec les partis politiques, du couplage du 1er tour de l’élection présidentielle et du referendum, de la prise en charge par l’Etat de la pièce devant servir à  l’identification de l’électeur dont les conditions ne sont pas claires, des difficultés rencontrées par les citoyens dans le cadre de la révision des listes électorales ou pour se faire recenser à  cause de l’éloignement des lieux de résidence, du retard constaté dans l’acheminement des supports de la révision et de la radiation de quelques deux millions de citoyens qui n’ont pas retiré leurs cartes d’électeurs en 2009. Suivent les contradictions dans le discours quant à  l’implication des dispositions du projet de Constitution dans le processus électoral en preparation, la disparition du cadre de concertation des partis politiques-MATCL. Le GPS exige enfin une implication totale et entière des partis politiques dans toutes les étapes du processus électoral pour 2012. “l’Etat vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué Toute cette situation, selon Younouss Hamèye Dicko, est le résultat d’un amateurisme dont l’Etat s’est rendu coupable. Aux yeux des conférenciers, il n’existe aucune loi instituant en République du Mali, le couplage des élections. En fait, C’’est dans le nouveau projet de loi portant relecture du Code électoral qu’il est prévu, selon Pr Dicko, la loi autorisant le couplage. Ainsi, selon le conférencier, le Gouvernement sans le quitus de l’Assemblée Nationale, en décidant de coupler les élections, est en train de mettre en application une loi qui n’a pas encore été votée. Idem pour la radiation de quelques deux millions d’électeurs qui n’ont pas retiré leurs cartes d’électeurs en 2009. Il n’existe pas non plus, selon le GPS, dans la loi électorale actuelle, un dispositif relatif à  la radiation d’électeurs. C’’est encore dans le nouveau projet de loi qu’une telle disposition est prévue. l’application illégale du dispositif de couplage des élections n’a d’autres fins, pour le GPS, que de profiter de la popularité des candidats pour avoir un taux de participation acceptable afin d’accorder une légitimité à  la nouvelle Constitution. On veut faire adopter le texte sous le couvert de l’élection présidentielle, a dit le Pr. Dicko. Face à  toutes ces situations illégales, le GPS, par la voix de son président, promet de peser de tout son poids pour faire respecter le droit. « Notre responsabilité est engagée et nous allons tout faire pour que les élections de 2012 se passent dans les conditions acceptables par tous », a déclaré le conférencier. « Le pays doit être dirigé en respectant le peuple souverain du Mali, si cela n’est pas fait, le peuple se donnera tous les moyens pour se faire respecter dans la légalité et dans les principes de la démocratie », a conclu Younouss Hamèye Dicko.

« Appel du Mali »(APMA) dit oui à la Reforme constitutionnelle

Le projet de reforme constitutionnelle demeure le sujet d’actualité sur la scène politique malienne. Si certains le contestent dans sa forme, d’autres montrent au créneau pour le soutenir. C’’est le cas de l’Appel du Mali (APMA) et une Plate de forme Soutien aux Reformes Politiques (PSRP) qui ont organisé une conférence de presse le dimanche 20 novembre 2011 à  la Maison des Jeunes. Le conférencier principal n’était autre qu’Adama T. Coulibaly, président par intérim et deuxième vice président de la plate forme. Il était assisté par Fatoumata Traoré membre fondateur de ladite plateforme et Yaya Sidibé, rapporteur de la plate forme. l’association Appel du Mali (APMA) et la Plate forme de Soutien aux Reforme Politique (PSRP) font partie des fervents partisans de l’initiative du Président ATT. Pour ce faire, ils sont déterminés, selon le président intérimaire, à  édifier les populations sur les points de discorde. Il a poursuivi son intervention tout en rappelant que le projet de révision de la constitution avait été adopté en Conseil de Ministre en juin, puis par l’Assemblée Nationale en aout 2011. Selon le conférencier, le Mali a évolué en 20 ans, la démocratie a besoin d’une évolution. «Nous pensons que cette reforme politique est la mieux indiquée pour rendre notre démocratie moderne » a déclaré M. Coulibaly. A l’APMA, on est convaincu que la loi fondamentale promulguée le 25 fèvrier1992 a besoin d’être réadaptée. Le texte à  l’évidence, souligne le conférencier, a besoin de retouches, d’être complété sur certains points. Les points de discorde (le pouvoir exceptionnel du Président de la République ; la bi-nationalité, la création d’une cour, la citation de la charte de Kouroukanfougan et la création d’une agence des élections) pour le conférencier ne devraient pas faire l’objet d’opposition car, dit-il la réponse à  nombre de «nos problèmes auront leurs solutions dans la nouvelle constitution». M. Coulibaly illustre sa pensée en expliquant que la crise que traverse la CENI peut avoir sa réponse dans la reforme qui prévoit la création d’une agence générale des élections. A noter que l’APMA et le PSRP qui sont membres d un regroupement de 280 associations ont défini un plan d action pour soutenir le « oui » au referendum. Une caravane pour mettre fin à  la désinformation Le conférencier a ainsi annoncé l’organisation d’une caravane du « oui » qui sillonnera toutes les régions pour expliquer le bien-fondé des réformes. l’objectif de cette caravane selon Adama T Coulibaly sera de mettre fin aux fausses informations relayées par certains medias. La caravane prévoit d organiser des conférences-débats et des émissions radiophoniques pour informer les citoyens sur le sens et la portée des reformes. Des discussions et une campagne de renforcement des capacités des leaders d’opinion au cours de trois ateliers de formation figurent au programme de la caravane. Le système porte à  porte est prévu pour édifier les populations sur les innovations contenues dans le projet de la nouvelle constitution. La durée de la caravane sera de 45 jours pour pouvoir sillonner toutes les régions du Mali.

Référendum : « Touche pas à ma constitution ! « 

La fronde s’organise contre la nouvelle Constitution. Le projet de révision de notre Constitution va-t-il subir la même montée de vapeur que le Code de la famille et des personnes ? Tout porte à  le croire après les récentes manifestations de colère de leaders politiques et de responsables de la société civile. En effet, moins de deux mois après son adoption à  l’écrasante majorité des députés (141 sur 147), le projet de révision constitutionnelle se heurte à  la forte résistance d’une importante partie de la classe politique et de la société civile. Alors qu’il y a trois semaines, le front uni pour le «Â non » au référendum (regroupant plus de 70 associations de la société civile) était porté sur les fronts baptismaux, le Collectif «Â Touche-pas à  ma Constitution » vient de tenir ce samedi 10 septembre un grand meeting à  la Bourse du Travail. Il a regroupé plusieurs figures non moins importantes de la vie politique de notre pays, dont l’ancien président (ADEMA) de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoum Diallo, l’ancienne ministre (ADEMA) Mme Sy Kadiatou Sow, le député du parti SADI Oumar Mariko, le président de l’UNPR, Modibo Sangaré, le président du Syndicat autonome de la magistrature, Hamey Founey Touré, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali, UNTM, Siaka Diakité, etc. «Â l’urgence n’est pas au référendum » Au cours de ce meeting, qui a vu une mobilisation massive des partisans du «Â non », le Collectif «Â Touche-pas à  ma Constitution » a réaffirmé son opposition à  ce qu’elle qualifie de «Â réformes inopportunes et de «Â coup d’Etat contre la démocratie malienne ». Selon les manifestants, le processus de cette révision pose des interrogations bien réelles et légitimes. Car, soutiennent-ils, il s’agit de l’avenir de la démocratie de notre pays. «Â Ces réformes sont sans urgence pour le Mali. Et aucun pays, encore moins le Mali, ne peut organiser en une année trois scrutins sérieux, comme prétendent les autorités avec le projet et les élections générales de 2012 », a déclaré le président de l’UNPR, Modibo Sangaré. «Â La future Constitution va attribuer un rôle de second rang à  certaines institutions, tandis qu’elle favorise la création de nouvelles entités budgétivores » renchérit l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow. Quant au député de l’opposition Oumar Mariko, il a estimé pour sa part, que ce qui se passe en ce moment donne sa sn doute lieu à  la création d’une 4ème République sans consultation du peuple ». En clair, assène-t-il, «Â il faut surseoir au processus de révision et axer la priorité sur les élections générales de 2012 ». Selon le député Mariko, le vote du projet par les députés de l’Assemblée nationale revêt le témoignage que l’appel de celui-ci n’a pas été entendu. Et que le document, en l’état actuel, ne tient pas compte les préoccupations du peuple malien. Ce qui fera dire à  l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoum Diallo que cette révision de la Constitution est une remise en cause de tous les acquis du 26 mars 1991. Pour le baron de l’ADEMA-PASJ, cette révision en son état actuel compromet les institutions de la République, ignore le fait majoritaire, et entretient le flou sur le passage à  une 4ème République ». Les manifestants ont rappelé qu’aucune disposition de la Constitution ne prévoit un changement, 6 mois avant les élections. Bref, pour eux, rien ne justifie une précipitation vers les présentes réformes, quand on sait qu’aucune crise institutionnelle n’a eu lieu pour justifier l’urgence d’une révision. «Â Il faut respecter d’abord l’ancienne Constitution » «Â On ne change pas une Constitution comme on change de chemise, car il s’agit d’un acte fondamental », pense le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) à  travers son président. Selon Hamey Founey Touré «Â dans le processus de cette réforme, toutes les propositions des uns et des autres ont été jetées dans la poubelle ». Selon d’autres manifestants, la Constitution de 1992, acquise sur le front de la bataille et au prix du sang des martyrs, fait régulièrement l’objet de «Â violation régulière et systématique ». En témoigne, disent-ils, la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre devant les députés, les insuffisances de la liberté de la presse (référence à  l’affaire de «Â la maitresse du président »), la violation du droit de travail, du délai légal de la garde à  vue, etc. «Â Il ne sera pas question pour nous de laisser piétiner les acquis du 26 mars par des gens qui ont le complexe de cette date historique »Â ont-ils laissé entendre. Avant d’appeler la population à  la «Â forte mobilisation pour un «Â non » massif au référendum.

Elections et referendum : la balle est dans le camp d’ATT

Tous les observateurs sont unanimes, qu’ils soient du monde politique, de la société civile ou citoyen lambda : le principal défi du moment est la bonne organisation d’élections libres, crédibles et transparentes l’an prochain. La commission d’experts mise sur pied pour accorder les violons de la classe politique sur les points de divergence liés aux élections avait recommandé que le référendum soit organisé après la période légale de révision des listes électorales, sur la base d’un fichier consensuel avec des listes électorales fiables, corrigées et mises à  jour. » Le vote de la révision constitutionnelle il y a quelques jours à  l’Assemblée nationale est venu compliquer la donne dans l’esprit des maliens. Pour éviter toute interprétation de la portée de la révision constitutionnelle, l’Assemblée Nationale avait pourtant fait un amendement dans lequel, il est clairement écrit que « la présente loi constitutionnelle n’emporte pas novation de République ». Contrairement à  ce qui se dit, le parlement n’a pas voté ce texte à  la légère. La qualité des personnes écoutées par les députés ainsi que leur diversité crédite l’importance de l’immense travail accompli par la commission des lois constitutionnelles. Les résultats sortis de ses travaux à  travers des amendements acceptés par le gouvernement sont de nature à  dédouaner le parlement perçu comme une chambre d’enregistrement. D’éminentes personnalités comme Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Me Mountaga Tall, Younouss Touré, pour ne citer que ceux-ci, ont voté ce projet. Il est difficile de croire qu’ils aient bradé ce vote important pour l’avenir du pays. Dotés d’un sens aigu de l’engagement patriotique, ils ne sa sauraient confondre combat politique et animosité personnelle, convaincus qu’ils sont qu’on peut être adversaires politiques sans être ennemis. Prenons le cas D’IBK . Lorsqu’Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Premier ministre pendant six ans et président de l’Assemblée Nationale, salue l’intention louable et sincère d’un patriote, il donne une leçon de modestie et d’humilité. Lorsque Me Mountaga Tall, opposant auparavant qui a connu la clandestinité voire même la prison, affirme que ‘’les pouvoirs entre les mains d’un président ne sont pas les prémices d’une dictature », il sait de quoi il parle. Lorsque le président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré, s’abstient lors du vote de certains amendements comme ce fut le cas de l’amendement 8 qui autorise le président de la République à  prendre la parole devant le Parlement, on peut difficilement douter de sa crédibilité. Désormais on peut dire que la balle est dans le camp du président de la République pour pouvoir tenir une élection libre et transparente sur la base d’un fichier fiable après son referendum. Cette marque de confiance des députés à  l’endroit d’Amadou Toumani Touré, ne lui laisse pas trop de marge de manœuvre car il est désormais lié par sa promesse de céder le pouvoir le 8 juin 2012. Il a promis des élections transparentes, libres, lesquelles ne seront pas influencées par la tenue des opérations référendaires. Pour couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs, il serait sage de la part du président ATT et de son gouvernement de surseoir à  toute idée de coupler les élections présidentielles et législatives. D’autre part, toute velléité de dissolution de l’Assemblée Nationale sera perçue comme un coup d’Etat contre la démocratie, donc un argument de plus pour les opposants aux réformes dont certains oublient même qu’ils ont voté et soutenu en 2000 le projet de révision du président, Alpha Oumar Konaré. Le gouvernement a du pain sur la planche pour tenir les engagements et en même temps rassurer sur sa bonne volonté.

Elections 2012 : la machine est lancée!

La première réunion de prise de contact du comité interministériel des opérations référendaires et électorales s’est tenue ce mardi après-midi dans la salle de réunion de la Primature. Cette rencontre aura permis d’échanger sur les actions menées dans le cadre de l’exécution du RAVEC entres autres et d’examiner les avantages et les inconvénients d’un fichier électoral. Ce comité interministériel pour la préparation du processus électoral est présidé par le Premier ministre, tandis qu’un comité de pilotage est placée sous la responsabilité du Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales. Outre le MATCL, les ministères concernés sont ceux en charge de la réforme de l’Etat, des Affaires étrangères, de la Défense et les anciens combattants, de la communication, de la Sécurité Intérieure et la Protection civile, de la justice, du budget, de l’Education. La délégation générale aux élections devra bientôt rejoindre la structure. Le Premier Ministre, Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé a déclaré qu’ « il revient à  ce Comité de donner les orientations en la matière, d’identifier et de veiller à  la mise en œuvre de toutes les mesures susceptibles de contribuer à  la bonne organisation du référendum et des élections et à  la mobilisation des ressources humaines et financières y afférentes ». Elle a donc appelé ses différents collaborateurs à  la synergie d’action pour arriver à  des élections fiables dont les résultats seront acceptés de tous et serviront à  la consolidation de la démocratie malienne. La réussite des élections de 2012 passe par l’amélioration du processus électoral d’o๠l’urgence à  entreprendre les réformes envisagées pour prendre en compte les préoccupations telles que la mise en place d’un fichier électoral fiable et une carte d’électeur sécurisée, le contrôle et la supervision indépendante des élections par la mise en place de structures performantes et appropriées, la rationalisation des coûts d’organisation de ces différents scrutins et le consensus des acteurs impliqués dans le processus (Partis Politiques, Administration, Société Civile, Partenaires Techniques et Financiers). Le Comité interministériel devra se réunir chaque semaine pour réaliser les objectifs qui lui ont été assignés. Voilà  qui devrait rassurer ceux qui craignaient le pire pour les échéances électorales à  venir.

Mali : Que devient la révision constitutionnelle ?

Un discours bilan Respectant la tradition, le Président de la République Amadou Toumani Touré s’est adressé à  la Nation, le 31 décembre dernier, dans un discours qui a fait en quelque sorte, le bilan de l’année qui s’achève, en termes principalement de réalisations socio-économique, de manifestations socioculturelles qui ont meublé le cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Citant ses priorités dans le domaine du désenclavement intérieur du pays, de l’énergie, la communication, l’agriculture entres autres, ATT a passé sous silence l’un des grands sujets d’actualité : le referendum. Les réformes institutionnelles tant annoncées, devant conduire à  une révision constitutionnelle, tardent à  voir le jour. Pourtant, le Président avait promis à  la Nation la tenue d’un referendum, lors de la remise du rapport du Comité d’appui aux réformes institutionnelles piloté par Daba Diawara. Il n’est point besoin de rappeler que cet arsenal de réformes vise à  consolider les acquis démocratiques et surtout corriger les multiples lacunes et insuffisances. Les observateurs s’interrogent donc. « Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que lesdites réformes soient encore dans le placard des instances » ? Du côté de l’administration, des sources dignes de foi nous apprennent que les choses sont en train d’être mises en forme progressivement. Mais pour des responsables de partis politiques, la réforme n’est plus d’actualité car un référendum organisé au cours de l’année 2011 pourrait déboucher sur une prolongation obligatoire du mandat d’ATT. Beaucoup d’encres et salives « Ces réformes dont j’ai pris l’initiative sont souhaitables et nécessaires. II ne s’agit pas de remettre fondamentalement en cause les Institutions actuelles, mais de les adapter au rythme et aux exigences actuelles. Le processus ainsi mis en marche revêt un intérêt particulier car il concerne l’avenir de la Nation et le devenir de notre système démocratique» avait dit ATT. Avant d’annoncer que « dans ce cadre, j’autoriserai, dans les tout-prochains jours, le Gouvernement à  déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale un projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Le projet adopté par l’Assemblée Nationale sera soumis à  l’approbation du peuple par la voie d’un referendum que je compte organiser au cours du dernier trimestre de cette année 2010 ». En conclusion, ATT avait invité la société civile et les medias à  sensibiliser l’ensemble des citoyens sur ce projet politique, tout en précisant que ceci  » vise essentiellement à  conforter le cadre juridique et la pratique de la démocratie dans notre pays ». Dès lors, conférences, débats, séminaires, journées d’études et autres rencontres de concertation et d’échanges se sont succédés sur la question. Des réformes appuyées par les politiques Au niveau des partis politiques, trois points ont fait l’objet de discussions. Tout d’abord, ils ont soupçonné, voire accusé le président ATT de vouloir tripoter l’article 30 de la Constitution portant limitation du nombre de mandats présidentiels pour ainsi pouvoir briguer, pour la troisième fois consécutive, le suffrage du peuple malien. Il a fallu la sortie très médiatisée du locataire du palais de Koulouba, à  la veille de la fête du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, pour mettre fin à  ce procès d’intention. Ensuite, le processus électoral, tout comme le mandat présidentiel, a fait l’objet d’une grande attention de la part des partis politiques qui n’ont trouvé aucune objection à  l’harmonisation des mandats électifs visant à  grouper les élections en une seule période, afin d’éviter de plonger le pays dans une campagne électorale permanente. Son corollaire est la création d’une structure autonome qui organise et centralise toutes les opérations électorales : la fameuse Agence générale des élections – à  l’image de celle du Ghana- proposée par les 52 partis membres du CMDID. Enfin, la transformation du Haut conseil des collectivités en Sénat a aussi rencontré l’assentiment des partis politiques. Les quelques rares voix discordantes proviennent de la société civile qui craint une saignée des finances publiques et le mode de désignation des sénateurs. Un référendum sans intérêt désormais ? Mais voilà  que le projet de révision constitutionnelle, tant attendue à  l’Assemblée nationale brille par son absence. Dans les couloirs de l’institution parlementaire, il n’est nullement fait allusion aux réformes que certains députés, interrogés par nos soins, jugent désormais inopportunes car pour eux, l’échéance de 2012 ne permet plus de se lancer dans de pareils chantiers. Même son de cloche du côté de plusieurs partis politiques. Très enthousiastes au départ, ils sont en train de freiner leur allure des quatre fers. Il faut noter que l’opposition, à  qui on attribue généralement le ministère de la parole – par opposition à  celui des servitudes de la majorité- n’a pas été loquace par rapport à  ce projet de révision constitutionnelle. Au moment o๠cela alimentait les débats, le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, l’avait jugé sans intérêt. L’histoire lui donne-t-il raison aujourd’hui ? Dans son discours, le président de la République a annoncé le début de la réforme des collectivités. Ce processus qui durera plusieurs mois ne devrait pas peser sur l’organisation des prochaines élections, a-t-il déclaré. Il n’a, à  aucun moment évoqué le référendum constitutionnel, le renvoyant ainsi aux calandres grecques. Aura-t-il finalement lieu ou pas ? ATT refilera-t-il finalement le bébé à  son successeur, en faisant le minimum pendant les 18 mois qui lui reste ? l’avenir nous le dira.

Révision constitutionnelle au Mali : où en sommes-nous ?

Jetée aux oubliettes ? Figurant en bonne place dans les réformes institutionnelles annoncées, la révision constitutionnelle peine à  se réaliser. Pourtant, lors de la remise du rapport de la Commission Daba Diawara le président de la République avait donné des assurances quant à  la tenue du référendum constitutionnel au dernier trimestre de l’année 2010. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que lesdites réformes tardent encore ? Seraient-elles rangées dans aux oubliettes ? C’’est le 19 avril 2010 qu’a eu lieu le lancement public du projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie initié par le Président de la République, Amadou Toumani Touré. C’’est là  qu’ATT annonçait la tenue d’un référendum constitutionnel au dernier trimestre de 2010. Ledit référendum devait adopter les différentes réformes proposées par le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI) piloté par l’ancien ministre Daba Diawara. Faut-il signaler que le document en question vise à  consolider les acquis démocratiques et surtout corriger les multiples lacunes et insuffisances de la démocratie au Mali. « Ces réformes dont j’ai pris l’initiative sont souhaitables et nécessaires. II ne s’agit pas de remettre fondamentalement en cause les Institutions actuelles, mais de les adapter au rythme et aux exigences actuels. Le processus ainsi mis en marche revêt un intérêt particulier car il concerne l’avenir de la Nation et le devenir de notre système démocratique dans ce cadre, j’autoriserai, dans les tout prochains jours, le Gouvernement à  déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale un projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Le projet adopté par l’Assemblée Nationale sera soumis à  l’approbation du peuple par la voie d’un referendum que je compte organiser au cours du dernier trimestre de cette année 2010 », disait ATT. En conclusion, le chef de l’Etat avait invité la société civile et les medias à  sensibiliser l’ensemble des citoyens sur ce projet politique, tout en précisant que ceci vise essentiellement à  conforter le cadre juridique et la pratique de la démocratie dans notre pays. Un couteau à  double tranchant Depuis lors, l’on assisté à  une levée de bouclier tous azimuts pour éveiller les consciences et clamer la vigilance. En outre, les concertations se sont multipliées. Le mandat présidentiel, tout comme le processus électoral a fait l’objet d’une grande attention de la part de la société civile ainsi que les partis politiques. Ces derniers n’ont apparemment trouvé aucune objection à  l’harmonisation des mandats électifs visant à  grouper les élections en une seule période. Ceci afin d’éviter de plonger le pays en campagne électorale permanente. Aussi, la Commission Daba Diawara a proposé la création d’une Agence générale des élections (à  l’image de celle du Ghana- proposée les 52 partis membres du CMDID). Parmi les réformes en vue, il faut aussi noter celle relative à  la transformation du Haut conseil des collectivités. s’agissant principalement du point concernant l’article 30, plusieurs leaders politiques continuent de soupçonner le président ATT de vouloir tripatouiller l’article 30 de la Constitution. Cet article qui porte sur la limitation du nombre de mandats présidentiels qui pourrait ouvrir la possibilité de trois mandats présidentiels consécutifs. Avec le spectre de l’élection présidentielle, le projet de révision constitutionnelle, tant attendu à  l’Assemblée nationale, est-il renvoyée au calendres grecques ? Pourtant nombreux étaient les observateurs politiques qui pensaient que la présente session verrait l’adoption du projet de réforme constitutionnelle. Si du côté du ministère de l’Administration territoriale, tout est en train, semble-il, d’être mis en œuvre pour la tenue du référendum en décembre prochain, la classe politique dans son ensemble est très divisée quant à  la finalité même de cette entreprise. Au regard de plusieurs points de vues, le projet de réforme tant annoncé par ATT se révèle donc une véritable arme à  double tranchant. Un exercice inéluctable ? Dans certains milieux politiques, il se dit que la révision constitutionnelle aura bien lieu dans le courant de l’année 2011, pour ouvrir la voie à  une prolongation du mandat des députés et de celui du président ATT. l’histoire est-elle en train de donner raison au 3ème vice-président du RPM qui, en son temps, voyait au projet de réformes une aubaine pour ATT de faire sauter l’article 30 de la constitution. Bakary Koniba Traoré, puisque C’’est de lui qu’il s’agit, avait clamé la vigilance dans le rang de la classe politique, puisque, dit-il, « le projet de réforme pourrait bien constituer une manœuvre pouvant amener à  toucher l’article 30 à  travers le référendum ». Par ailleurs, les conditions sont-elles réunies pour aller vers un référendum digne de ce nom ? Le fichier électoral RAVEC sera-t-il prêt à  temps ? Autant de questions qui nécessitent d’être posées.

Nouvelle Constitution : quelles dispositions majeures ?

Le projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie que le ministre Daba DIAWARA a eu la responsabilité de présenter au nom du Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI), propose de nouvelles dispositions quant aux conditions d’éligibilité et de système d’élection au Mali. Nouvelles dispositions Pour les présidentielles,les nouvelles dispositions stipulent de : n’avoir aucune nationalité étrangère, d’être âgé de 75 ans au plus le jour de l’élection, une manière de rajeunir les institutions. Par ailleurs, la double nationalité n’est pas permise pour se présenter. Il faudra donc choisir. l’élection au sein de l’assemblée nationale connait un virage important, car le changement en système mixte combinant le scrutin uninominal majoritaire et la représentation proportionnelle, ce qui suppose que 3/5 sont élus au scrutin uninominal majoritaire a deux tours et 2/5 sont élus sur des listes nationales à  la représentation proportionnelle suivant la règle du plus fort. Cependant, il n’est organisé d’élection partielle que dans deux cas : si le nombre de sièges vacants atteint au moins 10, a plus de deux ans de la fin de la législature ou si le nombre de siège vacant atteint un chiffre pour que la majorité parlementaire change. Le coût des élections Si auparavant les élections au Mali demandaient un budget colossal, les trois échéances (législatives, présidentielles et communales) se tenant à  des périodes différentes, les réformes envisagées par la nouvelle constitution permettent de corriger les lacunes en terme d’organisation, de finances, et de représentation de ces élections. De 1992 à  nos jours ont eu lieu 4 grandes élections pluralistes et dont les législatives ont connu sous chaque mandature des élections partielles qui étaient organisées en raison du décès d’un député, et sans tenir compte des coûts exorbitants qu’elles engendraient. Il est inutile d’injecter des gros moyens dans les élections seules au détriment des grandes préoccupations de l’heure afin que les milliards gaspillés soient utilisés à  d’autres fins. En attendant de soumettre ces propositions à  l’approbation de la population, il sied de mener une vaste campagne de sensibilisation pour que chacun puisse choisir librement entre le oui ou le non lors du référendu๠constitutionnel.

Nouvelle Constitution, le baroud d’honneur d’ATT

Si l’on en croit Amadou Toumani Touré (ATT), Président de la République, les maliens voteront par référendum d’ici la fin 2010 pour approuver ou non un projet de nouvelle Constitution. Sur le papier, cela est plutôt séduisant. Le projet doterait le Mali, l’année de ses cinquante ans d’un nouveau texte fondamental, qui garantisse un équilibre institutionnel entre les différents pouvoirs, et corrige les dérives de la Constitution actuelle révélées durant 18 ans de pratique. Création d’un sénat, d’une autorité des l’audiovisuel, et d’une Cour des Comptes, réforme de la Cour Suprême, et réaménagement du pouvoir exécutif, tout y est ou presque. Mais avait-on vraiment besoin d’un Sénat en lieu et place du haut conseil des collectivités territoriales, dont beaucoup reconnaissent l’inutilité ? Alors même que sa suppression est parfois évoquée en France, une démocratie mature, dont la Constitution a servi de modèle à  notre pays, on cherche à  créer une institution supplémentaire, forcément budgétivore dans le contexte actuel. A en croire certains, il s’agit d’un moyen de récompenser des amis politiques, ou de résoudre le chômage en recasant des anciens ministres sur le carreau. Et d’autres interrogations subsistent. Que cache le changement des conditions d’éligibilité du Président de la République ? Cherche-t-on à  éliminer tel ou tel candidat potentiel ? Pourquoi mener une réforme d’une telle ampleur à  la fin d’un dernier mandat, alors que les priorités sociales et économiques ne manquent pas dans le pays ? Même si ces questions ne trouvent pas encore de réponse, l’essentiel est finalement préservé, car on ne devrait pas toucher à  l’article 30, verrou constitutionnel qui limite le nombre de mandat à  deux. Et comme le dit souvent un homme politique influent, ancien premier ministre du Mali, dura lex sed lex. La loi est dure, mais C’’est la loi. ATT a donc décidé de se résoudre à  résister aux charmes des sirènes, et prend ainsi à  contre-pied ses plus farouches détracteurs. Si cette nouvelle loi est votée, le locataire de Koulouba, déjà  à  l’origine de la Constitution de 1992 laissera une trace indélébile dans l’Histoire, là  ou son prédécesseur a échoué. Celle de celui qui aura façonné l’architecture institutionnelle du Mali démocratique.