Transition : plus de 85% de Maliens à Bamako satisfaits de la gestion du pays

Afin d’évaluer l’opinion de la population sur l’actualité nationale et internationale, l’ingénieur statisticien Sidiki Guindo a effectué un sondage dont la phase terrain a été comprise entre le 22 avril et le 6 mai 2023 à Bamako. Les réponses  des sondés aux  questions posées, qui portent sur l’évolution de la situation générale du pays et d’autres connexes traduisent une grande satisfaction des Bamakois vis-à-vis de la transition.

Les résultats du sondage ont été officiellement présentés à la presse lundi 15 mai 2023 à la maison de la presse de Bamako. Au total 1445 Bamakoises et Bamakois  de 18 ans et plus ont été interrogés, dont 50,1% de femmes et 49,9% d’hommes. Sur la gestion actuelle du pays 65,4% sont « très satisfait » et 26,2% « plutôt satisfait. La somme du taux de ces deux opinions majoritaires équivaut à plus de 85 %. Seulement 4,8% des Maliens résidant à Bamako se disent  insatisfaits et 3% très insatisfaits.

Dans une période où la gestion des politiques sur les trois dernières décennies est souvent critiquée dans l’opinion, ce sondage vient révéler que plus de 63% de Bamakois souhaiteraient un régime militaire (comme actuel sous la transition) plutôt qu’un régime démocratique (33,5% favorable). C’est donc sans surprise que 89,6 % veulent que la transition actuelle soit prolongée jusqu’à la stabilisation du pays contre seulement 9,5% qui sont pour la tenue rapide des élections présidentielles.

Grands défis

83% des sondés estiment que la lutte contre la pauvreté, la vie chère et la crise alimentaire demeure le plus grand défi auquel fait face actuellement le Mali suivi de la lutte contre l’insécurité/ contre les terroristes (81,4%). D’autres défis qui ressortent sont ceux de la lutte contre le chômage, l’assurance d’un meilleur accès à l’eau et/ou à l’électricité, l’amélioration de l’éducation scolaire et l’organisation des élections, entre autres.

Référendum

Sur le Référendum prévu le 18 juin prochain, dont la Campagne va s’ouvrir le 2 juin prochain, 55,2% des personnes interrogées (soit la majorité) ne connaissent « pratiquement rien sur la nouvelle Constitution » tandis que seulement 7% affirment en avoir une « bonne connaissance ». Concernant les intentions de vote lors du scrutin, 83,6% indiquent voter pour le « oui » contre 5,9% pour le « non » et 10,5% qui comptent s’abstenir. Alors que le débat continue sur la légalité du référendum organisé par le gouvernement de transition, 84% de maliens à Bamako estiment que le président de la transition Assimi Goita et son équipe doivent l’organiser contre 10,6% qui appellent à un renoncement.

Côte de popularité

A la tête des personnalités dont les Bamakois ont le plus d’opinion favorable, le  Chérif de Nioro, Bouyé Haidara  avec 71,4% d’opinion très favorable suivi du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga (67,6%) et du leader religieux guide des Ançar dine, Chérif Ousmane Madani Haidara. L’Imam Mahmoud Dicko dont la cote de popularité est en baisse, ne reçoit que 24,6 % d’opinion très favorable contre 35,9% défavorable. Le président de la Transition, classé aux côtés des présidents américain, français, russe, burkinabé, nigérien et ivoirien recueille plus de 94% d’opinion très favorable suivi de Vladimir Poutine (89,2%.

Audience des médias

Concernant l’audience des médias que le sondage a également couvert, parmi les activités Web Tv et personnalités de médias les plus connues à Bamako, on retrouve « Ouverture Média » de Thierno N’diaye (61%), Sékou Tangara, le présentateur du « Débat du dimanche » sur Africable et « Mediatik » de Idriss Martinez Konipo.

Quant aux radios communautaires les plus écoutées des Bamakois interrogés, Les Radios Jekafo et Kledu se talonnent de très près (respectivement 28,6% et 28, 3%) suivi de la radio Baoulé (20,2% de la radio  Liberté (18, 6%) et de la radio Nieta (10,9%).

Télévisions privées : Améliorer l’offre

Une trentaine de télévisions privées sont actuellement autorisées par la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali à émettre et à diffuser leurs programmes. Une belle opportunité pour la liberté de la presse et pour le public, dont l’éventail de choix se trouve élargi. Cependant, pour mener à bien cette mission, ces chaînes privées ont encore un long chemin à parcourir : personnel qualifié, ressources suffisantes et programmes innovants. La taille des défis à relever est importante. Malgré ces contingences, les perspectives du secteur sont positives, mais les acteurs espèrent un soutien des autorités.

Elles sont 22 à Bamako et 8 dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Gao à faire désormais partie du paysage audiovisuel malien. Ces télévisions, qui « ont réussi le pari de s’installer et de fonctionner comme le média qu’elles doivent être comblent un vide », estime M. Gaoussou Drabo, membre de la HAC. Le contenu de cette offre se distingue nettement de celui de l’Office de radio télévision du Mali (ORTM), « qui a toutes les pesanteurs du service public ».  Mais cette diversité a un coût que ne peuvent supporter toutes ces nouvelles chaînes, qui offrent souvent les mêmes programmes, ce qui peut vite lasser un public devenu plus exigeant.

Diversité ?

En effet, toutes les télévisions ne sont pas logées à la même enseigne. Si le changement est net en matière d’offre, le résultat souhaité n’est pas encore atteint du côté de toutes les chaînes. La télévision étant une « machine lourde à mettre en place », selon les acteurs.

Lorsque les appels à candidatures ont été lancés, ces chaînes « ont été mises en garde par rapport au contenu », explique M. Drabo. Même si certaines se sont déjà imposées dans le paysage et ont acquis une certaine crédibilité, elles n’ont pas encore surmonté cette difficulté. Des contraintes liées, selon elles, à la difficulté d’avoir un personnel de qualité, notamment. Un défi qui se pose avec encore plus d’acuité chez les organes disposant de moyens modestes. Cette absence de ressources de qualité  s’explique à la fois par l’insuffisance en ressources formées par les écoles spécialisées et la difficulté pour les chaînes de s’offrir les services d’une expertise extérieure, aux coûts élevés, relève M. Drabo.

Plus qu’offrir de la diversité, les télévisions privées ont « transformé le paysage audiovisuel et permis au téléspectateur d’obtenir en temps réel l’information que ne pouvait donner la chaîne nationale », note M. Djibi Sacko, Directeur de Renouveau TV. Leur arrivée est assurément est une bonne chose pour les citoyens. En plus de  la concurrence, qui est un facteur positif, la liberté d’expression est bien mieux garantie, parce qu’elles peuvent aborder plusieurs sujets de façon contradictoire, contrairement à la chaîne publique, beaucoup plus axée sur l’institutionnel.

Parlant de la diversité des programmes, M. Sacko soutient qu’on « ne crée pas totalement, même s’il faut adapter ». Les télévisions locales ayant l’avantage de connaître leur public et de savoir ce qu’il veut voir et écouter. Cependant, dans cette quête de l’intérêt du public, les chaînes ne s’interdisent pas l’innovation. Au contraire, « elles ne font pas toutes la même chose », ajoute-t-il.

« Nous mettons l’accent sur les débats plutôt que sur les émissions de divertissement ». Mais la difficulté majeure dans le domaine, « puisqu’il ne s’agit pas de télévisions subventionnées », c’est qu’elles dépendent essentiellement des moyens du promoteur et peuvent peu souvent compter sur quelques particuliers. Des partenaires qui préfèrent souvent se tourner vers la chaîne nationale, qui dispose de plus de moyens et donc leur offre plus de possibilités.

Des coûts importants

En plus de cela, ce qui manque le plus aux médias, c’est la formation, confesse M. Sacko. « Le personnel qualifié fait défaut, parce tout le monde veut être journaliste ou animateur mais sans en avoir la formation de base ».

Si la concurrence peut avoir un effet salutaire pour la liberté d’expression, elle pose cependant une difficulté particulière dans le contexte malien, les différentes chaînes ayant pratiquement les mêmes partenaires.

Cependant,  la réussite en matière de médias ne peut se limiter aux retombées sur le plan pécuniaire, ajoute M. Sacko. L’esprit qui anime ces projets va au-delà des résultats économiques. La réussite se mesure aux résultats des actions entreprises et à l’engouement des téléspectateurs pour tel ou tel programme, ce qui est un motif de satisfaction pour les promoteurs. La croyance en ces projets, qui porteront un jour leurs fruits, est le gage d’un futur meilleur, se réjouit M. Sacko.

Décidées à ne pas rester en marge de cette diversification, les régions comptent aussi désormais leurs chaînes de télévision privées. Kéné Tv a ainsi vu le jour en 2017, à la faveur des appels à candidatures de l’autorité de régulation. Ainsi, la troisième région entend parler de sa propre voix et surtout profiter de ses énormes potentialités économiques, que Kéné TV veut promouvoir, selon son directeur, M. Oumar Traoré. La toute première chaîne de la localité, qui émet pour le moment dans le cercle de Sikasso « à 100% », souhaite s’étendre à la région et même au plan national.

Informer les populations sur les faits les concernant, promouvoir la culture et les potentialités afin d’attirer les investisseurs, c’est l’objectif ambitieux affiché par les responsables de la chaîne. Si elle s’efforce de remplir les conditions fixées par l’autorité de régulation, la chaîne diffuse certaines émissions, comme de l’information en langue nationale bamanan, des émissions sportives, sur la religion, une émission sur le terroir ou encore du divertissement. La principale difficulté est celle qu’affrontent les autres chaînes, c’est-à-dire que les charges pèsent principalement sur le promoteur.  C’est pourquoi, pour les responsables, il est impératif « de trouver des partenaires » pour remplir à souhait leurs missions et surtout satisfaire davantage un public qui veut plus de proximité.

Mais, pour figurer parmi les meilleurs au plan national, le chemin est encore long et les responsables en sont conscients. Même si Kéné TV veut être leader, ses dirigeants estiment qu’il faut donner plus de visibilité à la région. Ce qui suppose d’autres chaînes de télévision, pour élargir la couverture de ce territoire, et un soutien accru des autorités, car « les charges en télévision sont importantes ».

Perspectives positives

Les chaînes privées ont de beaux jours devant elles. Plusieurs ont entrepris de la formation interne et ont même « conclu des accords de partenariat avec des structures de formations afin que ceux qui sortent de ces écoles correspondent aux besoins des nouvelles télévisions », explique M. Drabo de la HAC. Il se félicite de l’engagement des promoteurs, qui ont exploré les possibilités qui se présentaient. Elles peuvent donc progresser en qualité et offrir une gamme de contenus intéressants aux téléspectateurs.

Ce partenariat avec les établissements qui forment les professionnels du métier permet aux étudiants de faire des stages et de renforcer leur formation après leurs études, explique M. Mamadou Haïdara, Directeur d’Énergie Tv et Président de l’Association malienne des télévisions libres (AMATEL). Ces étudiants pourront ensuite intégrer et renforcer les rédactions des chaines.

Malgré les défis, qui restent énormes, les professionnels du secteur envisagent de se réunir et de solliciter les autorités pour des subventions, « comme pour les radios », parce les charges des télévisions sont lourdes. Surtout qu’en raison de « la crise financière, les publicités ne payent pas », ajoute M. Haïdara. Ces aides de l’État permettront à ces structures de pouvoir mieux payer leurs travailleurs et de mieux produire, assure le premier responsable de l’AMATEL.

Jugées bonnes, les relations entre la HAC et ces médias s’exercent à travers une convention qui fixe diverses règles, relatives à la grille des programmes, à l’embauche d’un personnel spécialisé et à sa sécurisation et au respect des règles éthiques. « Le travail de la HAC n’étant pas seulement la répression, elle entend œuvrer au côté des acteurs pour avoir un paysage audiovisuel de qualité », conclut M. Drabo.

 

Fodié Touré, Président de la Haute Autorité de la Communication : « Nous avons pris des mesures intelligentes »

Pour la Haute Autorité de la Communication (HAC), la présidentielle de 2018 est le premier scrutin national sur lequel elle intervient. N’étant pas encore légalement en charge de la régulation de l’accès des candidats à tous les médias, elle travaille avec le Comité national d’égal accès aux médias d’État (CNEAME) pour assurer une couverture équitable de la campagne. Entretien avec Fodié Touré, son Président.

Quel regard portez-vous sur la campagne telle qu’elle se déroule jusqu’ici ?

La période électorale est particulière : un peu tendue au début de la campagne, de plus en plus passionnée à 10 jours de l’élection et, comme on est dans une période où les tensions ont commencé à s’exacerber, dans l’expertise électorale, c’est la période critique. C’est le moment où l’on doit être sûr de l’appréciation de ce qui est fait et c’est à partir de cette appréciation objective que l’on prend les mesures adéquates. Nous avons, depuis novembre 2017, pris les devants, avec des mesures, élaborées avec le concours des autres instances de régulation de la sous-région et de l’Organisation de la Francophonie (au cours d’un Forum sur la régulation des médias en période électorale, Ndlr). C’est sur la base des résolutions issues de ce forum que nous avons pris les dispositions pratiques qui s’appliquent au moment et aux circonstances. Parmi elles, la gestion de l’existence encore ambigüe du CNEAME.

Comment se passe la collaboration voire la cohabitation entre ces deux entités ?

Nous avons pris des mesures intelligentes pour qu’il y ait une coexistence pacifique et harmonieuse entre les deux institutions. Parce qu’il n’était pas envisagé qu’en cette période, le CNAME existe encore. Mais compte tenu des circonstances, avec la tenue du referendum constitutionnel, le CNAME est toujours actif, selon la loi. Il joue donc son rôle qui est de veiller à l’accès égal  des candidats aux médias d’Etat, comme c’est précisé dans la Constitution. Restent les médias privés, nationaux et internationaux, dont nous avons la charge.

Parlez-nous des mesures prises pour réguler cette période…

Nous avons instauré une dynamique participative et pédagogique. Nous avons associé toutes les associations de médias à l’élaboration de ce que nous avons appelé le « Code de bonne conduite des médias en période électorale », qui est en train d’être ventilé, pour qu’en l’absence d’un cadre légal nous convenions ensemble de la conduite à tenir. À la HAC, nous sommes sereins. Si tout le monde joue sa partition, si les dispositions qui sont prises sont respectées, tout ira bien.

A dix jours du scrutin, comment se comportent les médias ?

Nous sommes destinataires de récriminations, qui viennent de candidats ou de citoyens, sur le déroulement de la campagne électorale ou la diffusion des messages de campagne. Cela concerne les médias privés comme publics. Le CNAME fait un travail pour être à l’abri de ces récriminations, mais s’il y en a elles nous seront adressées. Par ailleurs, nous suivons tous les jours les messages qui passent sur l’Ortm, sur Africable et sur les autres chaînes de télévision. Nous suivons tout.

Et l’équité est respectée ?

Pour le moment, nous pensons qu’elle est respectée. Nous n’avons pas le chronomètres en main, mais, dans un cadre général, tout se passe bien. Et si cela n’était pas, nous sommes habilités à nous saisir d’office. La loi nous le permet.

Quid des plaintes sur la sur-médiatisation du président-candidat ?

Ça, c’est un débat d’experts. Il faut se dire que dans l’appréciation des interventions d’un président-candidat, il faut distinguer trois temps. Le premier est la période classique, où on ne parle pas d’élection : elle couvre les 4 premières années de son exercice. Il fait ses activités, elles sont relayées et il occupe le devant de la scène. Le deuxième temps, c’est la période de 6 à 3 mois avant l’élection. Tous les actes posés par le candidat-président peuvent être interprétés comme étant des actes de campagne. Mais comment faire la différence entre une activité relevant de la fonction présidentielle et une activité de campagne ? Aucune loi en Afrique ne le définit. On peut chercher des définitions dans ce qui est dit dans les rencontres d’experts. Par exemple, la Déclaration de Bamako, qui est fondamentale et que beaucoup ne connaissent pas, le document de travail de base de l’Organisation de la Francophonie et de beaucoup de structures en charge des élections, dit qu’ « une activité de campagne est une activité qui appelle les citoyens, qui les invite ou les détermine à fédérer leurs suffrage autour d’un candidat ou d’un projet ». Alors, bien malin qui pourra dire : voici, ce que le Président fait, c’est une activité de campagne. Mais les instances en charge de la régulation le savent, ceux qui se plaignent doivent démontrer que les activités décriées sont des activités de campagne. Enfin, la troisième période, c’est la campagne, où les actes et les actions sont codifiés.

MPV-Mali, le bouclier des journalistes

Le métier de journaliste comprend des risques et les disparitions de professionnels du secteur, à travers le monde, font la Une de l’actualité. Après le décès des deux journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le journaliste malien Birama Touré est porté disparu depuis janvier 2016 en faisant son métier. Le Mouvement de Protection de la Presse contre les Violences (MPV-Mali) tend à instaurer un cadre de sécurité aux journalistes et estime que la liberté d’expression est en danger. Boubacar Yalkoué, directeur de publication du journal Le Pays, en est le président. Il nous parle des défis qui attendent son mouvement.

Journal du Mali : Quels sont les constats des risques liés au métier ?

Boubacar Yalkoué : Les constats que nous avons faits, c’est que nous voyons que sur le terrain, au quotidien, les journalistes se plaignent de comportements venant de l’extérieur. Nous avons, aussi, remarquer qu’en cas de problème il n’y a pas de solidarité entre les journalistes. Depuis de nombreuses années, nous avons des confrères qui subissent certaines intimidations, agressions et même des menaces de mort. Après de nombreuses discussions avec d’autres confrères, nous avons décidé de mettre en place ce mouvement et de voir comment nous pouvons faire pour faire face à ces menaces qui deviennent, aujourd’hui, de plus en plus courantes.

Comment expliquez-vous ce manque de solidarité de la part des personnes du métier ?

Ce manque d’entraide est dû à des questions d’intérêts personnels. Même quand vous voyez au niveau des associations, il y a ce même genre de problème. Ce manque de solidarité ne donne pas une bonne vision de la presse. On peut ne pas être d’accord avec un journaliste, mais cela ne doit, en aucun, cas permettre d’abattre ton confrère au profit d’une autre personne. C’est pourquoi nous avons parlé de mouvement. Ce n’est pas une question association ou d’organe, mais d’individus, car l’adhésion est individuelle. Nous avons des journalistes de presse écrite, de radio et de télévision et même des membres issus des médias publics. D’ailleurs, certains confrères de l’ORTM se sont joints spontanément à nous lors du lancement. 

Quels sont les combats que vous allez mener à travers ce mouvement ?

Nous n’avons aucunes nouvelles de notre confrère Birama Touré, enlevé depuis un an. Une enquête a été ouverte, mais jusqu’à présent, nous n’avons aucunes nouvelles de lui. Nous jugeons cela inadmissible. Au niveau de presse, il y a eu des actions dispersées. Nous devons faire en sorte que la corporation puisse travailler main dans la main dans ce genre de cas. Nous avons approché la famille de notre confrère disparu M. Touré afin de conjuguer nos efforts pour le retrouver. Aujourd’hui, le cas Touré, est notre première mission. Nous sommes en discussion avec des organisations des droits de l’Homme et des organisation pour la protection des journalistes. 

Prévoyez-vous d’autres missions, par exemple, expliquer aux Maliens ce qu’est le métier de journaliste, redorer le blason de la profession qui est mise à mal dans le pays ?

Oui, bien sûr, cela fait aussi partie de nos objectifs. Nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés dont nous-mêmes journalistes sommes responsables. Nous travaillons afin que nous puissions vivre de notre métier, que le journaliste respecte l’éthique et la déontologie dans le traitement de l’information. Notre première mission est de nous protéger, tant que cela ne sera pas fait, nous ne serons pas stables et en mesure de poursuivre les travaux que nous souhaitons réaliser. Nous allons initier des formations et d’autres programmes pour permettre aux journalistes maliens d’avoir des lignes directives pour aborder d’autres combats. Nous ferons en sorte de redorer l’image de la profession au Mali, il ne faudrait pas que l’on se voile la face, il y a beaucoup de choses inadmissibles qui se produisent. Nous devons avoir des antennes au niveau des régions pour nous puissions connaître les difficultés rencontrées par tous les journalistes du pays. 

 

 

Médias en période électorale : entre liberté d’expression et régulation

Les prochaines échéances électorales au Mali sont au cœur de l’actualité et des débats et la régulation et le rôle des médias réapparaissent dans le discours institutionnel. Comment et pourquoi réguler ? C’était le thème du séminaire international de renforcement des capacités organisé par la Haute Autorité de la Communication (HAC) à Bamako, du 13 au 15 novembre 2017. 

La Haute Autorité de la Communication du Mali (HAC), l’autorité indépendante chargée de la régulation des différents médias, s’attèle, selon Amidiata Ouattara, Président de sa commission éthique et déontologie, non pas « à condamner les pratiques », mais à privilégier une « approche pédagogique »

Évolution d’une régulation 

« Auparavant, toute la régulation des médias au Mali se concentrait sur les médias publics. Les médias privés étaient exclus de tout contrôle. La création de la HAC permet dorénavant de s’intéresser à cette question. Notre mission n’est pas faire le gendarme, mais plutôt de guider les médias vers un traitement égal et équilibré des informations électorales et le respect de la déontologie », précise Gaoussou Drabo, Président de la commission relations extérieures de la HAC.

Nécessité d’une régulation 

« Liberté d’expression et responsabilité des médias sont intrinsèquement liées. Et la responsabilité des médias doit être appréciée selon la loi par une autorité indépendante », affirme Bertrand Levant, chargé du programme « Liberté d’expression et régulation des médias » de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il rappelle que les discours de haine et les appels à la violence des journalistes sont des limites, acceptées internationalement, à la liberté d’expression, tout comme, en période électorale, l’accès inégal et inéquitable aux médias des différents candidats. Concernant le traitement de l’information, M. Levant rappelle que le journalisme, par définition, doit s’en tenir aux faits. C’est ce qui justifie qu’un candidat qui appelle au boycott d’une élection puisse se voir refuser l’accès aux antennes, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire récemment. Mais le devoir de garantir le droit d’informer les citoyens n’empêche pas le journaliste de couvrir un appel au boycott d’un parti, car c’est « une information qui mérite d’être traitée de manière impartiale, rigoureuse ».

Méthode de régulation

Pour la HAC, l’enjeu est de déterminer comment « améliorer avec les journalistes » la couverture médiatique, afin que soit possible l’accès à une information équitable en période électorale. Elle organisera « des sessions de formation, notamment à Bamako, Ségou et prochainement à Kayes et à Mopti sur les différents principes réglementant l’exercice du métier », assure Amidiata Ouattara. « La première attitude consiste à expliquer, ensuite vient la mise en garde et le dernier recours sera la sanction », explique Gaoussou Drabo. Le séminaire international a permis aux différentes autorités de régulation des médias de la sous-région de partager leurs expériences, pour s’inspirer les unes des autres.

M. Levant rappellera la nécessité que les médias eux-mêmes s’auto-régulent en adoptant un Code de déontologie électorale.

Régulation : Bras de fer entre l’URTEL et la HAC

Réguler le paysage médiatique malien, c’est la mission de la Haute Autorité de l’Audiovisuel (HAC), installée en décembre 2015. Mettre de l’ordre dans ce secteur, resté pendant longtemps dans l’anarchie, s’avère pour le moins délicat. L’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali (URTEL), qui dit ne pas être contre le principe, en conteste les modalités de mise en œuvre.

« Lorsque le désordre a été constaté, au bout de quelques années d’exercice, personne n’a eu le courage de les arrêter (« ceux qui ont profité du désordre » NDRL). Chacun, selon sa position et son option du jour, a laissé faire et a même encouragé », note Fodié Touré, le Président de la HAC.

Réguler le secteur apparaît comme une évidence pour tous. Cependant, les acteurs ne s’accordent pas sur la mise en œuvre des mesures nécessaires à l’assainissement. Après la signature de conventions pour permettre aux radios de se mettre en conformité avec les textes, la HAC a procédé à des appels d’offres pour l’octroi des fréquences disponibles. Un point qui suscite la controverse entre l’autorité et l’URTEL (Union des Radios et Télévisions Libres du Mali). Pour son Président, Bandiougou Danté, qui dénonce le caractère « non inclusif » du processus, ce sont les documents qui posent problème. « Ces documents, que l’on peut appeler outils, sont inappropriés et inadaptés au contexte. Ils sont en fait impossibles à renseigner, à cause des nombreuses confusions et contradictions ».

La HAC, qui pour son 2ème appel à candidatures met en jeu 57 fréquences pour 113 dossiers reçus, promet la transparence dans le traitement des soumissions. Mais, même déterminée à mener à bien l’« assainissement » du secteur des médias, elle est confrontée à des difficultés. Ses « préoccupations »  sont relatives notamment à l’absence de matériel technique et d’un personnel qualifié pour accomplir les tâches qui lui sont assignées.

Selon un acteur du secteur, pour que la HAC, réclamée par tous depuis les années 1990, soit un bon instrument de régulation, elle ne doit pas seulement être une instance de répression : elle doit aussi accompagner les médias dans leur professionnalisation.

 

Tidiani Togola, Directeur exécutif de TUWINDI

Quels sont les défis actuels de la presse malienne ?

Le premier défi est la professionnalisation des acteurs de presse, des promoteurs aux journalistes. Le second défi est la régulation et même l’autorégulation du secteur, afin d’assainir et de faire respecter les standards de qualité et de professionnalisme. Enfin, il faut que la presse trouve des modèles économiques adaptés pour s’affranchir et recouvrer sa liberté.

Quel impact pour ces médias ?

L’impact des médias n’a jamais été aussi fort sur nos sociétés qu’aujourd’hui. Cet impact peut être positif ou négatif, en fonction de l’usage qu’on en fait. Communiquer et influencer l’opinion publique est devenu facile et accessible à tout le monde. Ce qui est « un couteau à double tranchant » ! Les réseaux sociaux, par exemple, concourent à la mobilisation sociale.

Ces réseaux sociaux, danger ou opportunité ?

Les réseaux sociaux viennent élargir l’espace d’information, de dialogue, et mettre fin au monopole de l’information détenu par les États ou les grands groupes. Ceci est à la fois une chance et un défi. Dans le premier cas, le coût de production et de diffusion de l’information devient de plus en plus bas. Le pouvoir sur l’opinion publique s’élargit, les opportunités de création de recettes se multiplient également. Dans le second cas, les professionnels de presse doivent faire face à un public qui ne se contente plus de consommer l’information, mais qui la produit lui aussi. Ce qui peut accroitre le risque de désinformation et de dérives de toutes sortes.

Médias au Mali :  Réguler, innover, se professionnaliser ou mourir ?  

 « Lorsque je commençais dans la profession, il n’y avait que deux ou trois journaux privés en presse écrite. Je trouve donc, en tant que partisan fieffé de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, que c’est vraiment positif l’élan de création de médias qui existe au Mali. Cependant, toute abondance à son revers », déclare Sadou Yattara, doyen de la presse malienne. Cette abondance pose aujourd’hui le problème des conditions d’accès à la profession. La régulation en cours, les actions de formation, qui souffrent de l’absence de l’école tant attendue, et la menace des réseaux sociaux, désormais érigés en médias, tels sont les enjeux auxquels fait face une presse malienne qui cherche ses marques.

Selon le Baromètre des médias africains (2016), il existe aujourd’hui au Mali plus de 100 journaux, plus de 500 radios, dont 300 environ émettent régulièrement, une trentaine de site d’informations et plus d’une dizaine de télévisions privées. « Le paysage médiatique malien est en effet investi par beaucoup de monde, dont des non-professionnels. Ils n’ont pas les outils et les compétences pour exercer comme il se doit cette profession », reconnait Sadou Yattara, qui appelle de ses vœux ardents l’ouverture de l’école nationale de journalisme. Le projet, mis en branle depuis des années et largement avancé, notamment avec la construction des locaux et la nomination d’un directeur, est bloqué « sans que l’on ne sache pourquoi », regrette un journaliste. « J’interpelle les politiques, il n’y a qu’eux qui peuvent débloquer ce dossier. C’est vraiment un grand problème pour la profession aujourd’hui », déclare M. Yattara.

Pour Modibo Fofana, Directeur de publication du site d’information Mali24.info, il urge pour corriger certains manquements des acteurs de la profession qu’intervienne une révision de « la loi portant régime de la presse. Elle est aujourd’hui obsolète, dans la mesure où il n’y a aucun garde-fou pour réserver la création des organes de presse aux professionnels du métier. Chaque journaliste devient directeur de publication sans une bonne formation de base, ni la maîtrise de l’éthique et de la déontologie journalistiques ». « On se sait plus qui est qui dans la presse malienne, n’importe quel scribouilleur se dit journaliste et crée un organe, pour peu qu’il en ait les moyens », déplore en effet Abdoulaye Maiga, juriste. « Les articles inappropriés, voire dangereux, ne sont plus rares dans les journaux. Alors que plus nous avançons, plus le contexte est difficile et plus il y a besoin du traitement de l’information par des vrais professionnels », poursuit-il.

A la fondation Tuwindi, on jette un regard plus mitigé sur le paysage médiatique malien. « On remarque qu’il y a un souci grandissant de la qualité, mais aussi de l’innovation. La concurrence devenant de plus en plus importante, la presse doit se montrer plus exigeante envers elle-même, en produisant de l’information de qualité supérieure et en innovant dans son approche. Elle devra explorer de nouveaux champs, le journalisme de données, le journalisme d’investigation, etc », explique Tidiani Togola, Directeur exécutif. Son organisation travaille depuis deux ans avec les médias afin de les renforcer, non seulement en ce qui concerne les approches éthique et déontologique, mais aussi en termes de contenus, pour une meilleure information du public. « Cependant, ils n’ont pas souvent les moyens de jouer ce rôle pour plusieurs raisons, dont des raisons économiques, le manque de personnel qualifié, la peur de la répression, etc.  Ces facteurs empêchent les médias d’être le pouvoir qu’ils sont supposés être », poursuit-il. La quête d’un modèle économique plus efficace est également au cœur des réflexions en cours, afin d’aider les organes à vivre, prospérer et surtout améliorer les conditions de travail et de vie des journalistes, dont la plupart ne perçoivent même pas de salaire régulier.

Objectif régulation 2017 sera l’année du changement. C’est la conviction de la Haute Autorité de la Communication, qui a enfourché depuis quelques mois son cheval de bataille pour assainir, mais aussi poser les bases d’un fonctionnement plus efficace et une meilleure organisation de la profession. La fermeture pour non-conformité de dizaines de stations de radios a provoqué un tollé au sein de l’Union des radios et télévisions libres (URTEL) Mali en juin et juillet derniers. Mais, au sein de l’autorité, on estime que le temps n’est pas ce qui a fait défaut aux patrons de presse pour régulariser leur situation. « Tout a été fait pour que les promoteurs respectent la loi. Il faut rappeler que certains textes datent de plus de 5 ans et qu’un délai de six mois a encore été ajouté pour que les dossiers de demandes d’autorisations soient déposés. Mais rien n’y a fait et seuls quelques-uns ont fait les choses dans les règles » déplore un membre de la HAC. Le principal point d’achoppement est en effet « la précipitation avec laquelle la HAC veut gérer les choses. Elle a manqué de pédagogie et surtout n’a pas bien communiqué » déplore un patron de radio de la région de Mopti, qui estime par ailleurs que les conditions sont trop difficiles à remplir pour les organes de l’intérieur du pays qui désirent l’agrément. « La HAC est une instance au service de la profession », tient à rappeler Sadou Yattara. « Il faut garder à l’esprit que les entreprises de presse ne sont pas des entreprises commerciales comme les autres. Ce sont des œuvres culturelles, qui ne rapportent parfois pas d’argent. La HAC doit prendre des décisions, c’est son rôle, et les premières décisions sont toujours critiquées. Mais elle doit aussi travailler à mieux interagir avec les médias et surtout miser sur leur développement », conclut-il. Au niveau de l’Autorité, la tâche continue et elle s’annonce ardue. Après les télévisions privées, passées au crible actuellement, ce sera le tour de la presse écrite et en ligne, cette dernière faisant l’objet d’une attention particulière. Ses acteurs, réunis au sein de l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL Mali), ont d’ailleurs pris les devants pour poser des balises à l’exercice du métier de « journaliste web ». Bien que datant de moins d’une dizaine d’années au Mali, la presse en ligne est en plein essor, même si elle est, comme la presse papier, largement menacée par une incursion à grand pas des réseaux sociaux dans la sphère de l‘information.

Des « médias » sociaux Les réseaux sociaux sont en effet aujourd’hui des médias à part entière. « Les réseaux sociaux aujourd’hui ont fait de tout le monde un journaliste citoyen. Les scoops ont cessé d’être réservés aux organes papiers. Un phénomène qui commence à leur faire même ombrage, car il suffit avoir un smartphone pour s’informer » reconnait Modibo Fofana de Mali24.infos. Conséquence, la mévente frappe de plus belle les journaux papier et la presse en ligne doit redoubler d’énergie et d’innovation pour ne pas se faire distancer sur l’information. « C’est un danger pour les organes. D’une part, la course au buzz peut faire commettre des fautes. On ne s’accorde plus le temps de vérifier, de croiser les informations avant de les publier. D’autre part, étant donné qu’ils attirent la publicité, principale source de revenus des organes, il y a un risque de déperdition des ressources qui menace aussi les organes de presse », explique un spécialiste des médias. Mais, les réseaux sociaux, « c’est un atout pour les sites », reconnait M. Fofana, « car ils permettent aujourd’hui de donner plus de visibilité aux informations dynamiques et crédibles. Au Mali, beaucoup de sites sont sur Facebook, le réseau social le plus utilisé ». « Quand tu es confronté à un bloggeur qui se prend pour un journaliste, tu comprends qu’il y a encore du travail. Les gens confondent encore quelqu’un qui publie et professionnel. Il convient de rappeler cependant qu’il existe des organes en ligne qui sont très présents sur les réseaux, qu’ils investissent avec professionnalisme : distance, impartialité et équilibre de l’information ». De plus en plus de formations spécifiques sont dispensées afin de permettre à la presse de tirer un meilleur parti de ces acteurs, et concurrents, nouveaux. Un défi à relever pour garder le dynamisme actuel et continuer sur la voie de la professionnalisation et de l’autonomisation du 4ème pouvoir.

 

Les médias maliens face aux nouvelles mesures

La Haute autorité de la communication, créée il y a presque deux ans, a pris des mesures pour une meilleure organisation du paysage médiatique malien. Un processus qui ne va pas sans grincement de dents. Les patrons de presse s’expriment sur le sujet.

« Dans ce pays, tout le monde s’improvise journaliste. D’ailleurs c’est le seul métier sensible que tous peuvent pratiquer au Mali. Le contenu de tous nos médias le dénote et c’est dommage », regrette Lassana Kouyaté, cadre des impôts à la retraite en train de faire sa revue de presse quotidienne devant la Bourse du travail de Bamako.

Un constat qui a poussé le gouvernement à mettre en place la Haute autorité de la communication (HAC) qui a, depuis son installation en décembre 2015, pris des dispositions pour la mise en conformité des médias existant dont la plupart exerçait avec des documents temporaires, fermé 47 radios qui ne disposaient d’aucune autorisation d’émettre et édicté de nouvelles règles pour réguler le secteur. La réforme de la presse écrite et la délivrance de la carte de presse est également en cours de préparation.

Alexis Kalambry est l’un des pionniers de la presse écrite au Mali et directeur de publication du journal « Les Échos ». Selon lui, « il est temps de remettre de l’ordre dans la famille de la presse malienne. Cela ne se fera pas sans douleurs et sans cris, mais c’est un mal nécessaire ». Même si certains patrons de presse, parmi lesquels Sambi Touré, directeur de publication du journal « Info Matin » et promoteur de radio, avouent ne pas avoir connaissance du contenu de ces nouvelles mesures, nombreux sont ceux qui sont déjà acquis à la cause. « On ne peut pas continuer à laisser tout le monde faire ce qu’il veut », appuie le président de la Maison de la presse, et non moins patron d’un groupe de médias. Dramane Alou Koné déplore le fait qu’il existe des medias qui nont « ni siège, ni employé, donc aucune charge pendant que les autres se débattent à mettre leurs travailleurs dans les meilleures conditions de travail. Ce n’est plus acceptable ». « Ce que nous devons reconnaître à la HAC, qui a à sa tête des personnes ayant assez de respectabilité au niveau de la corporation, c’est qu’elle nous (patrons des médias) a toujours associés dans les prises de décision. Donc nous allons nous plier et les accompagner », assure Alexis Kalambry. « Si les mesures s’appliquent à tous, sans distinctions, je ne pense pas qu’il puisse y avoir de résistance. La HAC n’aura d’effet que lorsqu’elle sera juste et rigoureuse », conclut M. Koné.

 

 

Convention collective, à quand l’application ?

Cette convention collective devrait en principe régir les rapports de travail entre les employeurs et les travailleurs des entreprises de presse exerçant leurs activités en République du Mali. Elle permet de garantir le droit d’exercice des libertés syndicales au sein des entreprises de presse conformément aux lois et règlements en vigueur. La convention collective a véritablement pour objet de protéger le journaliste dans l’exercice de ses fonctions. Elle traite ainsi d’aspects tel que la prime de risque, l’indemnité de responsabilité, et autres avantages qui permettraient d’améliorer substantiellement la vie des professionnels de la presse. Moins de dix. C’’est le nombre d’organes de presse qui appliquent en partie cette convention. Au Syndicat des journalistes reporters, le SYJOR, on estime que son application urge, car elle permettra aux journalistes de faire face au défi de la précarité, et à  la presse de devenir plus indépendante et professionnelle. Malheureusement, depuis son élaboration et son adoption en 2009, aucun organe de presse ne l’a appliquée en intégralité, déplore l’un des derniers nés des syndicats de journalistes. Pour le président de la maison de la presse, la convention collective n’est pas une fin en soi, le véritable problème demeurant l’assainissement de la profession. « Il faut une vision politique pour assainir ce secteur. l’application de la convention collective doit être l’objet d’une synergie d’action des organisations de la presse. Les journalistes ne sont pas au même niveau dans la bataille pour l’application de cette convention », déclare Aliou Dramane Koné, également promoteur du groupe Renouveau. Birama Fall, président de l’Association des éditeurs de presse privée (ASSEP) et directeur du Prétoire, n’est pas plus optimiste. Pour lui « elle est mort-née, car son application est quasi impossible au regard de l’état même de la presse et du peu de soutien dont elle bénéficie ». Indexer l’aide à  la presse au budget national lui parait une solution, afin que les patrons de presse puissent « supporter les charges des organes et mettre leur personnel dans les meilleurs conditions ». « Arguties », rétorque un jeune journaliste pour qui, seule cette convention collective peut garantir un minimum de dignité et de respect à  la fonction de journaliste. Ce qui poussent certains à  penser qu’il faudrait conditionner l’aide à  l’application de la convention…

La Presse Malienne rend hommage aux siens…!

Dans son allocution du 3 Mai, journée internationale de la presse, Dr Choguel K. Maà¯ga, ministre de l’économie numérique de l’information et de la communication a félicité la maison de la presse pour cette initiative novatrice. Il a rendu un vibrant hommage aux journalistes qui ont perdu la vie au nom du devoir de l’information pendant la crise qu’a connue notre pays. « En cette journée, C’’est le lieu de magnifier votre action dans l’ancrage de la démocratie et du développement de notre pays » avant de souligner le rôle joué par la presse dans la crise et qui n’a pas été oublié par le gouvernement. En outre, il a tenu à  rassurer les organisations professionnelles des médias que des dispositions seront prises par le gouvernement pour faire face aux défis de l’heure. « Il nous faut aller au-delà  des intentions. Nul n’a le droit d’être à  la traine ». Le ministre Choguel Kokala Maiga a remercié son prédécesseur Mahamadou Camara de lui avoir facilité la tâche avec l’avancée de l’initiative Mali Numérique 2020 et la question des fibres optiques pour offrir de meilleurs débits de connexion aux maliens dans l’avenir. Principes fondamentaux de la liberté de la presse Mahamane Hamey Cissé, parrain de la semaine nationale de la Presse SENLIP, a pour sa part, a indiqué que cette journée permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté, d’évaluer le principe de la liberté de presse à  travers le monde. Au Mali, souligne t’il pour la première fois, la maison de la presse a consacré toute une semaine à  célébrer la liberté de presse à  travers des conférences débats, des activités sportives, un concours de journalisme en herbe, et la dissémination de la charte des Médias pour le respect de l’image et les droits des femmes à  l’information et à  l’expression. Chantiers en attente Toutefois, il a fait savoir qu’en 2015, le tableau demeure toujours sombre avec 24 journalistes tués, 158 journalistes emprisonnés. Selon le baromètre de Reporters sans frontières (RSF), notre pays a légèrement progressé de la 122ème place à  la 118 ème place en 2015. Par ailleurs, il a attiré l’attention du ministre en charge de l’information et de la communication sur les quelques difficultés que traverse la presse malienne. Il s’agit notamment de l’augmentation de l’aide à  la presse inversement proportionnelle à  la réalité ; le manque de subvention de la Maison de la presse pour son fonctionnement, et la mise en place de la Haute autorité de la communication(HAC) qui se fait toujours attendre. Après la cérémonie d’ouverture, l’ancien ministre Mahamadou Camara a fait un exposé sur le thème les médias à  l’ère des numériques au Mali. l’ancien ministre a faire savoir aux patrons de presse, que les sites brassent des millions en publiant des articles de leurs journaux. Une manière de les encourager à  créer les sites pour leurs journaux. Prenant l’exemple sur son propre organe, M Camara a expliqué qu’un site et sa version papiers sont complémentaires (bi-media). « Les sites sont gratuits, par ailleurs certains journaux sont gratuits, pourquoi ne pas essayer chez nous aussi » en faisant référence au JournalduMali L’hebdo ».

Anniversaire des « Echos : 26 ans de combat démocratique

« Tout est parti le vendredi 17 Mars 1989 au petit matin, les Bamakois ont eu l’agréable surprise (un choc pour certains milieux), de voir partout des jeunes revendeurs leur tendre le premier numéro des Echos. Un journal audacieux pour les uns, téméraires pour les autres », écrit les Echos, dans sa livraison de ce mardi 17 Mars 2015; Tiré initialement à  2000 exemplaires, le journal est aujourd’hui à  35000 exemplaires », et estime son actuel directeur de publication, aucun quotidien n’a encore égalé ce tirage dans la sous-région. Depuis 1994, le bimensuel qu’était les Echos, est devenu un quotidien. Retour sur la genèse d’un journal parmi les précurseurs de la liberté d’expression au Mali. Journaldumali.com : Quelle est la genèse des Echos ? Ses fondateurs ? Qui étaient ses plumes phares ? Alexis Kalambry : Des intellectuels maliens, dont les plus connus sont Alpha Oumar Konaré, Ousmane Sy, Mme Sy Kadiatou Sow, feu Professeur Diop, feu Abdoulaye Barry… et d’autres, qui ont lancé une coopérative culturelle dénommée Jamana. Ils étaient convaincus que la culture peut nourrir son homme. D’ailleurs, en même temps que Jamana, C’’est eux qui ont créé la troupe « Gwa-Kulu », qui a donné des comédiens de talent comme Zantigui, Kary Coulibaly et bien d’autres grands noms du monde de la culture… Adossé à  Jamana, il y a eu également le centre Soleil d’Afrique, pour les artistes plasticiens, et qui aujourd’hui, constitue l’une des plus grandes galeries d’art maliennes, o๠s’exposent régulièrement des artistes maliens… Les « Echos » ne fut pas le premier journal qu’ils ont lancé : ils ont d’abord commencé par une revue culturelle intitulée « Jamana », ensuite ils ont réalisé une revue pour les jeunes, « Grin-Grin ». C’’est face au succès de ces revues, mais aussi face aux attentes des populations, que ces fondateurs ont lancé le journal « LES ECHOS ». N’oubliez pas le contexte: Jamana date de 1987 et LES ECHOS de 1989. En ce moment, il n’y avait que l’ESSOR, « l’organe de l’UDPM », le parti unique d’alors. LES ECHOS tirait à  30 000 exemplaires et se vendaient en une heure, tant la demande est devenue forte en peu de temps… Je crois qu’aujourd’hui encore, aucun journal Malien n’a égalé ce tirage. l’équipe qui a lancé ce journal était des jeunes professionnels. On peut citer des références comme Tiégoum Boubèye Maiga tout frais sorti du Cesti, Boubacar Sankaré, actuellement Directeur de 26 Mars, rentré de Cuba, et feu Aboubacar Saliph Diarra, diplômé de Bordeaux. Journaldumali.com : Les Echos, après avoir été un journal de combat pour la liberté, demeure une référence dans le paysage de la presse malienne, quelle est aujourd’hui sa ligne éditoriale ? Alexis Kalambry : LES « ECHOS » sont et demeurent un journal de combat démocratique. A la transition, les membres du CTSP disaient que si LES ECHOS demandaient à  entrer au CTSP, personne ne s’y opposerait. Nous n’avons jamais dévié. Nous nous considérons également comme une école de formation pour de jeunes journalistes. Les pères fondateurs sont partis, les pionniers sont partis, mais, tous ont veillé à  un bon passage de relais. Nous accueillons volontiers ceux qui veulent faire leurs premières armes dans le journalisme. Notre contexte de naissance nous impose notre ligne : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais, je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire (Voltaire). Pour nous, ce n’est pas un slogan, mais, une vraie ligne de conduite. l’expression plurielle. C’’est connu : la vertu est dans le dialogue. Journaldumali.com : La presse malienne fait face à  de nombreux problèmes : déontologie, manque de professionnalisme, sensationnalisme, mais aussi foisonnement des titres, quel regard Alexis Kalambry, Directeur des Echos, porte-t-il sur cela ? Alexis Kalambry : C’’est compliqué pour moi ! Je suis l’un des rares patrons de presse employé! Il est vrai que la coopérative Jamana, fidèle à  sa ligne de conduite, a encouragé la pluralité médiatique ! En effet, nous avons gratuitement imprimé beaucoup de confrères à  leur naissance. Mais, il est vrai que nous avons, à  un moment, tenté des fusions avec des organes. Il est temps au Mali, que nous allions vers de vraies entreprises de presse, des structures fiables et viables. Il est vrai que beaucoup veulent être patrons de presse juste pour être membre d’une grande structure. Il faut aussi avouer que le contexte de naissance des journaux, a fait que la presse malienne a commis beaucoup d’erreurs de jeunesse. Mais, il est temps que nous évoluons. La presse a longtemps été un refuge pour chômeurs, qui, « faute de mieux », viennent au journalisme. De ce côté, les politiques sont aussi à  blâmer, qui passent leur temps à  créer et à  actionner des organes. Les gouvernants ne soutiennent pas la presse, nous avons les plus symboliques appuis de la sous-région. Mis bout à  bout, on a ce que nous voyons actuellement. Chacun a sa responsabilité. Journaldumali.com : Comment percevez-vous l’Internet et la nécessaire mutation des journaux vers le web ? Alexis Kalambry : Vous savez, LES ECHOS a l’avantage d’avoir été le premier journal privé du Mali. En son temps, nous avions plus de 1500 Maliens abonnés hors du Mali. Aujourd’hui, ce chiffre ne dépasse pas les 600. Certains ont résilié parce qu’ils avaient les informations gratuitement sur les sites. Ceux qui gardent leurs abonnements le font par sympathie et par soutien au journal. Internet peut être nécessaire, mais, il faut la technologie. Actuellement, nous avons peu de moyens de faire des abonnements payant en ligne. Ce que nous faisons, C’’est que nous alimentons notre site avec trois jours de retard. Mais, il faut obligatoirement réfléchir à  mieux rentabiliser internet, sinon, à  l’heure actuelle, C’’est plus une menace qu’un atout.

Budget citoyen : qu’est-ce que c’est ?

C’’était le mercredi 11 mars 2015 en présence Bacary Coulibaly sous directeur du cadrage du budget, Mariam Diawara de Demesso, Souleymane Dembélé vice président du GSB . Dans le cadre de la mise en œuvre des activités sur le suivi efficace des ressources allouées à  l’équité du Genre et à  l’autonomisation des femmes, le groupe de Suivi Budgétaire (GSB- Mali) en partenariat avec ONU femmes, a organisé un espace contact d’informations et d’échanges sur le budget citoyens 2015 . Selon Bacary Coulibaly de la direction du budget non moins le conférencier principal, le budget citoyen a pour objectif de faire comprendre aux citoyens contribuables le processus de préparation du budget citoyen afin de pouvoir l’influencer dans le sens des besoins des citoyens. « l’objectif visé par cette rencontre d’information est de partager avec les organisations faitière de la société civiles, les partenaires, les autorités politiques, administratifs et les média. Selon lui la différence entre le budget d’Etat et le budget citoyen réside dans l’adaptation du budget d’Etat au langage citoyen. C’est-à -dire faire de telle sorte que le citoyen lambda puisse comprendre le budget à  travers les débats, les conférences, les ateliers etc, explique –t-il. Trois elements fondamentaux interviennent dans le calcul des recettes indique le résumé de la loi des finances 2015. Les derniers chiffres connus des recettes fiscales, l’accroissement probable du produit intérieur but(PIB) au cours de l’année à  venir et les effets de modifications de la législation fiscale intervenue en cours d’année. Cette année les recettes du budget général sont prévues à  1 621,8 milliards contre 1558,8 milliards de FCFA en 2014 en augmentation de 4, 0%. Les recettes des budget annexes s’élèveront à  5, 3 milliards en 2015 contre 4, 7 milliards en 2014 . Quand aux comptes spéciaux du Trésor, ils sont estimés à  87, 4 milliards en 2015 contre 96,5 milliards en 2014 . Les recettes du budget général proviennent de sources internes et externes.

Liberté de la presse : RSF au secours de trois journalistes camerounais

Au Cameroun, RSF a du pain sur la planche quant à  la violation des droits des journalistes au Cameroun. l’organisation de défense des journalistes, revient à  charge sur la libération des journalistes inculpés par les juridictions camerounaises dans la réalisation de leur mission d’information. En effet, depuis fin octobre, ils sont inculpés par un tribunal militaire pour ne pas avoir révélé leurs sources, après avoir enquêté sur le groupe Boko Haram. RSF a donc renouvelé son appel au gouvernement à  cesser contre eux toutes poursuites. Il s’agit de Felix Ebole Bola du journal Mutations, de Rodrigue Tongué, secrétaire général de la presse camerounaise, et d’un ancien journaliste, actuellement professeur à  l’ESSTIC, l’école des sciences de l’information : «C’’est un exemple vraiment criant de l’abus des autorités camerounaises envers les journalistes. Le fait que les journalistes soient convoqués devant un tribunal militaire non seulement pour révéler leurs sources mais pour avoir en fin de compte été professionnels et appelé les autorités pour vérifier une information. Et là , elle se retourne contre eux puisqu’ils se retrouvent inculpés pour avoir des informations, qu’ils n’ont par la suite pas publiées, puisqu’ils manquaient de confirmations», a confié Cléa Kahn-Sriber, responsable Afrique de RSF sur les antennes de RFI. Un tel acharnement contre les journalistes est monnaie courante dans ce pays. Des hommes et des femmes bravent le danger auquel est exposé la profession , et sont ensuite arrêtés et jetés en prison pour avoir faire leur travail. « (…) ce procès s’ajoute à  la détention depuis plusieurs mois maintenant, de deux journalistes qui sont incarcérés pour des faits liés à  des procès en diffamation, il y en a un qui est en prison depuis neuf mois. La semaine passée, quatre journalistes ont été suspendus par le Conseil national de la communication, ainsi qu’un journal interdit de publication, la situation ne semble pas du tout s’améliorer, le climat continue d’être très tendu pour la presse », a encore affirmé la responsable Afrique de RSF.

Francophonie, la belle opportunité…

« Appel sur l’actualité », « Radio foot international », sont les émissions choisies par la direction de Radio France International pour la campagne d’affichage de la chaine française au Mali. Dans un fond blanc et des écritures rouges-sang assorties de la photo de Juan Goméz ou d’Annie Gasnier, RFI marque un territoire conquis. La campagne iconographique initiée par la direction de l’audiovisuel extérieur français fait aussi la part belle à  France 24 avec en vedette les visages colorés de Philomin Robert, Nathalie Touret ou Vanessa Brugraff. Ailleurs, on saurait que cette campagne est un rappel ou une volonté d’endiguer la concurrence mais au Mali, cette campagne sert à  fidéliser un public qui s’accroche à  ces chaines françaises écoutées et suivies voire plus crédibles aux yeux de l’opinion que les médias locaux. Leurs succès selon Ouattara Aboubakar, titulaire d’un master en journalisme-communication s’expliquent par « l’absence de radios généralistes puissantes au Mali. Nous n’avons pas des chaines comme la CRTV au Cameroun, le groupe Golf au Bénin, Futurs Médias à  Dakar. J’écoute RFI et je suis France 24 mais de par la loi de la mort géographique je sais que les informations dont nous avons réellement besoin ne peuvent être traitées et décortiquées que par des radios fortes ». Pour Fofana Chato, ivoirien vivant au Mali « J’écoute RFI pour ne pas me déconnecter de l’actualité de mon pays et savoir ce qui se passe au Mali mais je désapprouve que cette chaine anonyme à  Paris ne s’intéresse qu’à  l’Afrique du mal or le continent a des modèles de réussite. J’aime bien les affiches en ville mais J’aurai souhaité qu’on ne joue pas sur le côté noir de Philomin et Nathalie pour séduire le public ». Madame Touré, patronne d’une boite de communication s’oppose à  « la volonté de ces chaines françaises de nous arracher nos biscuits commerciaux. Les eaux minérales, les concessionnaires automobiles et les voyagistes locaux font de la publicité maintenant sur RFI. Pourquoi nous prendre nos miettes pendant que leur budget de fonctionnement quadruple nos budgets d’implantation »? Madame Dienta, gérante d’une agence de communication, tempère « ces chaines profitent simplement de la tenue du sommet de la francophonie pour se rapprocher de leurs auditeurs et téléspectateurs et mieux elles ont grossi le chiffre d’affaire de la régie publicitaire publique, Amap. La vérité est que les promoteurs de médias au Mali refusent de se donner les moyens de leur politique. On ne fait pas la radio ou la télévision avec des miettes ». Justement les radios et les télévisions locales n’ont pas songé à  profiter de la tenue du sommet de la francophonie pour faire du chiffre d’affaire. Le besoin existe pourtant puisque selon Omar Déme de la radio FR3 « J’ai approché l’Institut Culturel Français qui a accepté de participer à  mon émission pour rehausser le niveau linguistique des uns et des autres ». l’Institut Culturel Français a en effet lancé des séries de formation pour des coûts allant de 40 à  90 milles francs pour ceux qui désirent renforcer leur niveau ou s’initier en français. « Je trouve l’initiative pertinente pour avoir suivi les cours l’année dernière et J’en suis sortie confiante. J’ai un diplôme universitaire mais J’avais honte de parler français. En tant que langue de travail, le français nous est utile. Il s’impose à  nous et chaque jour il faut se performer » affirme madame Diallo, agent dans une compagnie d’assurance. l’Afrique est le continent des paradoxes dit-on souvent. C’’est vrai, son secteur médiatique se développe sans la qualité attendue d’o๠le fort taux de pénétration de médias comme RFI et France 24 et ses dialectes s’imposent devant la langue française en forte progression sur le continent mais malheureusement de moins en moins bien parlée.

La difficile équation de la couverture d’un Processus de Paix

Non, il ne s’agit pas d’un atelier de plus sur la paix et la réconciliation, mais d’une rencontre d’un autre genre. Celle de réunir la grande famille des médias maliens pour faire le point sur la couverture d’un processus de paix, en l’occurrence, celui inter-malien, qui se déroule dans un contexte de grande fragilité sécuritaire au Nord du Mali. Organisé par la Misahel(la mission de l’Union africaine au Sahel) et l’Organisation internationale de la francophonie(OIF), cet atelier de trois jours(du 5 au 7 novembre) sur le thème Médias et Processus de Paix, est une sorte d’arbre à  palabres instructif qui va décortiquer les idées reçues, poser les bases nouvelles d’une bonne couverture du processus de paix. Entre deux rounds de négociations à  Alger, il fallait réunir les hommes de médias et faire le bilan mais aussi l’autocritique. Pour le Dr Issiaka Souaré, conseiller spécial du chef de la Misahel , trois équations se posent aux journalistes maliens et africains par extension : d’abord, la qualité de l’info relayée, autrement dit la vérification des sources, cela relève de la déontologique de base du métier. Deuxième enjeu, le choix des mots, de la sémantique utlisée pour décrire un conflit ou une phase de pourparlers. Des termes comme « rebellion touarègue » ont mis toute une communauté dans le même sac. Des utilisations abusives du mot « djihadiste », crée la confusion dans les esprit. N’oublions l’amalgame constant entre « islamisme » et « terrorisme », bref autant de pièges dans lequel tombent en permanence les journalistes, sous la plume ou devant le micro. Enfin, précise Souaré, il convient aux journalistes d’interroger leur responsabilité personnelle sur le sens de la réconciliation et de la paix. Un enjeu pour chaque malien aujourd’hui, fut’il du Nord ou du Sud, de l’est ou de l’ouest et même d’ailleurs. De son côté, souligne Tidiane Dioh, responsable des Médias à  l’OIF, il y a clairement un problème de vocabulaire. Allant plus loin, Tidiane Dioh, qui est un ancien journaliste de l’hebdomadaire Jeune Afrique se demande s’il n’y a pas une crise du « vocabulaire » chez les médias de façon générale pour couvrir une crise ou un processus de normalisation. Pour y répondre, des voix se sont levées. Mais avant, le ministre de la communication, Mahamadou Camara, qui a ouvert l’atelier ce mercredi 5 novembre, rappelle le chemin parcouru par le Mali. Face à  ceux qu’il qualifie de grande famille des médias, il rappelle les accords passés après le coup d’Etat du 22 Mars 2012, ceux de Ouagadougou, les différentes phases du processus de paix, les élections de sortie de crise, les évènements malheureux de Kidal en Mai 2014, mais aussi les derniers rounds de pourparlers à  Alger qui devraient mener le Mali à  un accord durable de paix avec les groupes armés rebelles du Nord du Mali. A l’entendre, la dynamique est là , à  condition que les médias y mettent leur grain de sel, en toute déontologie et équité professionnelle. Débats vifs sur la couverture adéquate d’un processus de paix Il n’existe pas de formule magique, si ce n’est la volonté même du journaliste d’aller chercher l’information dans toutes ses facettes. Evidemment, l’accès à  information, aux interlocuteurs de poids pose problème et marginalise cette presse malienne, supplantée par la presse étrangère, qui opère une meilleur couverture de nos actualités brûlantes. A qui la faute ? Les explications divergent : problème de moyens, de motivation dans la recherche, de curiosité etc.. Pour Cheikh Diouara, qui a couvert le Nord, au moment fort de la crise, rien ne vaut la détermination. Les images de ce reporter de guerre ont fait le tour du monde, au moment notamment de la prise de Gao ou de la libération d’une otage suisse en plein désert kidalois. Du reste, précise Adam Thiam, éditorialiste au Républicain, si les médias internationaux ont fait une couverture plus large et plus vaste du conflit malien, c’est parce que certains sujets ayant trait, à  la rébellion, au narcotrafic ont plus d’attrait que d’autres. Il reste que les médias maliens doivent se distinguer. Faute d’accès aux interlocuteurs ou à  l’information que veut bien distiller le gouvernement à  coups de communiqués succincts, il leur reste cette question cruciale de l’indépendance éditoriale, celle qui évidemment passe par une indépendance financière mais aussi, par des ressources humaines de qualité pour faire la différence dans le traitement de l’info. « Qu’on l’admette ou pas, il faut féliciter la presse étrangère pour la couverture du conflit ou du processus inter-malien », estime Chahana Takiou du journal 22 septembre, qui déplore la faiblesse des moyens et sans lesquels, tous nous voyons obligés de reprendre les grandes agences de presse françaises ou même chinoises, telles Xinhua qui a près de 7000 correspondants dans le monde aujourd’hui. En outre, Chahana Takiou s’insurge contre les tabous dans le vocabulaire, « car n’ayons pas peur de le dire, martèle t’il, le conflit au nord du Mali, est bien « ethnique, communautaire, régionaliste », des termes qui iront certainement à  l’encontre du message de paix et de réconciliation prôné par les autorités dans les pourparlers de paix en cours. L’arbre à  palabre continue ses discussions pendant trois jours, animé par de grands experts comme Eugeny Aw, ancienne directrice du Cesti de Dakar, Zeini Moulaye, de l’équipe des négociateurs maliens à  Alger, Hamadoun Touré, ancien ministre de la communication du Mali, Dr Anasser Ag Rhissa, expert NTIC etc.. Et pour finir cet atelier en beauté, pas comme les autres, les journalistes auront droit à  une session de consolidation d’équipe, ou comment peindre, conter et photographier la Paix avec des couleurs… Rien que ça !

FESPACO 2015: la campagne média a commencé

Une rencontre avec la presse a permis aux organisateurs de l’événement de présenter le visuel officiel du festival ainsi que les grandes lignes du programme. Le numérique trouvera sa place lors du FESPACO 2015. l’affiche de l’évènement annonce les couleurs avec des chiffres et un fonds qui renvoient à  un univers fortement numérisé. Ainsi, à  partir de la prochaine édition, les films numériques pourront être nominés pour l’Etalon d’or de Yennenga. Avant cette nouvelle mesure, seules les productions réalisées ou converties en 35 millimètres pouvaient prétendre au prestigieux trophée. Comme en 2012, l’ouverture officielle du festival ce déroulera le 28 février 2015 au Stade du 4 août et prendra fin le 03 mars au Palais des Sports de Ouaga 2000. Un spectacle géant est prévu à  cet effet pour célébrer les cultures africaines. Selon le comité d’organisation de l’évènement, 6000 personnes sont attendues à  la soirée. Michel Ouédraogo le délégué général du FESPACO invite la presse à  s’impliquer activement dans le rayonnement du festival. « Le FESPACO n’est plus seulement l’affaire des africains, mais il est désormais mondial», confirme-t-il. Financé à  hauteur de 20 millions de F CFA par l’Etat Burkinabé, le FESPACO s’ouvre en effet l’année prochaine aux films de la diaspora qui peuvent se lancer dans la conquête de l’Etalon d’or de Yennenga, du prix du meilleur court métrage, documentaire et la série télévisuelle. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) est créé en 1969. Il a pour objectif de favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain et permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l’audiovisuel.

Communication de crise : pour un traitement médiatique plus responsable

Comment restituer la bonne information ? Eviter l’intoxication, la propagande, les appels à  la haine, la stigmatisation des communautés dans un contexte de crise. Notamment après ce qu’on a appelé « les évènements de Kidal » ? C’’est la question qu’a posé Mahamadou Camara, le ministre malien de l’économie numérique, de l’information et de la communication aux journalistes. Une fois de plus et comme aux temps de l’opération Serval, il s’agit pour les confrères de pallier les dérives récurrentes consécutives à  une situation de guerre. Si le Premier ministre Mara qui revient de Kidal était allé pour rencontrer l’administration et s’enquérir des besoins des populations, le fait que la délégation ait été attaquée, puis le gouvernorat pris en otage avec des fonctionnaires, a clairement changé la donne. Mettant notre pays en situation de crise, dans une sorte d’état d’urgence o๠la communication a un rôle primordial. Mais pour cette fois, il faudra donner l’information juste. C’’est donc pour cela que le ministre Camara a annoncé la création d’une cellule de communication de crise sous plusieurs formes. Celle d’une rencontre régulière avec les hommes de médias, pour les édifier sur les dernières évolutions de la situation au nord. Celle d’une émission télévisée sur l’ORTM o๠des représentants de l’Etat viennent donner leur point de vue sur la question. Celles de réunions entre départements concernés ( Ministère de la défense, de l’administration territoriale, de l’intérieur, de l’emploie et de la formation professionnelle…) le tout sous l’autorité du département de la communication. Afin de coordonner le discours et la synergie d’actions. Primeur de l’information En réaction, des journalistes comme Kimbiri de la Radio Danbe, ont pointé à  juste titre au ministre, que trop souvent les officiels maliens donnaient la primeur de l’information aux médias internationaux comme RFI ou France 24. En réponse, le ministre Camara a répondu que des efforts seraient faits pour valoriser les médias maliens, d’o๠des rencontres régulières avec eux. Il reste qu’un officiel malien et africain, par extension, répondra plus vite et plus facilement à  un journaliste de RFI qu’à  un média local. C’’est une réalité, à  laquelle, le ministre veut répondre par une mise à  niveau des médias maliens. « Avec la mise en place de la HAC, la haute autorité de régulation de la communication, il s’agira de mieux réglementer le secteur, de professionnaliser davantage les médias et de renforcer la déontologie et l’éthique, grâce notamment à  la création de l’école de journalisme du Mali ». Le ministre a aussi rassuré un confrère sur la nécessité de transmettre ces informations dans les différentes langues nationales pour toucher le plus de Maliens. En conclusion, il faut surtout privilégier l’apaisement, le recours aux bons interlocuteurs et aux sources fiables pour éviter de diriger l’opinion nationale dans le mauvais sens.

« Framing » : le cadrage inquiétant des médias

Les médias ont ceci de puissant qu’ils sont capables de choisir ou de trier les événements à  leur guise. Ils mettent le focus sur certains en mettant d’autres sous le boisseau. Ce sans forcément tenir compte de l’importance ou l’intérêt desdits événements pour le lecteur ou l’auditeur. D’ailleurs celui-ci est, pour ainsi dire floué, car il est influencé à  son insu ou contre son gré. Les spécialistes de la communication appelleront cela l’agenda. C’est-à -dire ce sont les médias qui définissent l’ordre du jour des événements de l’actualité. Pour parler du Mali, l’ordre du jour choisi par les médias maliens est sans doute l’achat d’un nouvel avion par le Mali à  20 milliards de CFA. Le tapage médiatique provoqué pour la circonstance est assez révélateur. C’’est ainsi que les manchettes des journaux- surtout de grande audience- sont réservés à  l’achat du nouvel avion. Ces informations sont ensuite relayées par les radios privées de la place qui le commentent à  satiété. Même la presse internationale s’en est saisie. Et le tour est vite joué : des institutions de la République aux bureaux administratifs en passant par les ‘’grins » et les marchés, tout le monde fredonne le même refrain après la presse : l’avion, l’avion et encore l’avion. Cadrage de l’information Après avoir défini l’ordre du jour, les médias franchissent un nouveau pas. Il s’agit d’opérer un cadrage de l’information qui est souvent la suite logique de la première étape. Il s’agit d’une répétition à  l’envi et de façon constante des mêmes informations. Dans la presse, tous les autres grands dossiers de l’Etat sont ainsi mis au placard. Par exemple les dossiers relatifs à  la Justice, à  la réconciliation nationale etc. sont noyés dans le tintamarre provoqué l’affaire de l’avion. Les multiples explications des responsables de l’Etat n’ont pas réussi à  apaiser la frénésie médiatique. l’objectif de cadrage que les anglo-saxons désignent sous le nom du ‘’framing » est de trouver un responsable ou un coupable à  l’affaire évoquée. Disons qu’il s’agit de trouver un prétexte pour discréditer ou abattre quelqu’un. Pour revenir à  cette actualité définie par les médias maliens, l’évocation effrénée de l’achat de l’avion présidentiel avec la rhétorique pour démonter son inopportunité dans un Mali à  peine sorti de crise, ou mettre en exergue le penchant mégalomane du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, vise tout simplement à  le montrer, à  tort ou à  raison, indifférent et même responsable de la conjoncture économique plutôt difficile du pays. Mieux enlever de l’esprit des 77% des Maliens l’ayant choisi l’image de l’homme providentiel sous lequel il est apparu pendant la période électorale. On avait assisté au même phénomène dans l’affaire Tomi o๠l’objectif était de montrer aux Maliens que leur président n’est pas un exemple de droiture, incapable de donner des leçons en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Une chose est sûre, ce cadrage développé autour des affaires Tomi et du Boeing devrait enseigner au peuple à  avoir une bonne lecture des choses. Au citoyen d’être vigilant pour ne pas tomber dans le piège des personnes qui ont des ambitions différentes de la défense des intérêts du Mali.

Mondoblog : l’atelier médias de RFI campe à Abidjan

Avec plus de 350 membres hébergés, la plateforme qu’il porte, «Mondoblog », vise à  « développer une blogosphère en langue française de qualité… ». Les formations annuelles de Mondoblog visent à  initier les blogueurs au journalisme et aux outils numériques. Pendant une semaine, l’équipe de l’Atelier de Médias encadre les blogueurs sélectionnés pour leur implication, leur talent et leur régularité de publication sur leur blog hébergé par la plateforme Mondoblog, un projet porté par l’émission l’Atelier des Médias de Radio France Internationale (RFI).Après Douala (2011) et Dakar (2013), la session de formation Mondoblog 2014 s’est tenue à  Abidjan (Côte d’Ivoire) du 02 au 12 mai, avec 70 blogueurs francophones venus d’Afrique, de France, d’Allemagne, d’Haà¯ti et d’Australie. Après Douala (2011) et Dakar (2013), la session de formation Mondoblog 2014 s’est tenue à  Abidjan (Côte d’Ivoire) du 02 au 12 mai, avec 70 blogueurs francophones venus d’Afrique, de France, d’Allemagne, d’Haà¯ti et d’Australie. Parlant de Mondoblog, du rôle du journaliste-citoyen, de la loi de Metcalfe, de l’internet en Afrique…, Philipe Couve rappelle que le projet est né entre Bamako et Kinshasa. A Bamako, il donnait une formation à  de jeunes journalistes. Le soir, il leur donnait rendez-vous dans un cyber pour leur enseigner la mise en ligne de vidéos … A Kinshasa, le blogueur Cédric Kalonji avait créé Congo Blog qui allait devenir célèbre. Parti à  Lille, dans le nord de la France, afin d’y poursuivre ses études à  l’Ecole de journalisme, Cédric Kalonji eut l’idée de demander à  des jeunes de raconter la vie quotidienne au Congo. Plus tard, C’’est au sein de l’émission Ateliers des médias, que la rubrique Mondoblog fut créée afin de donner la parole aux blogueurs pour qu’ils expliquent ce qui les avait poussés au blogging. Depuis bientôt plus de 4 ans, les francophones du monde entier peuvent tenter le concours annuel de Mondoblog. Ceux qui sont sélectionnés sont chargés d’animer un blog sur la plateforme et bénéficient d’une formation à  distance. l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Reporters Sans Frontières (RSF), l’Institut Français… ont soutenu les 3 sessions annuelles de formation de Mondoblog. 2014, un programme dense Les Mondobloggeurs ont bénéficié d’une formation au Data-journalisme, animée par Pierre Romera, réputé pour être l’un des pionniers du journalisme de données en France. Pierre Romera, un des fondateurs de la société Journalism++ et ancien de Wikileaks, enseigne la programmation aux étudiants de l’à‰cole de Journalisme de Sciences Po. Julien Pain, fondateur de l’émission « Les Observateurs de France 24 », leur a présenté un programme sur la vérification des images, le journalisme citoyen et les nouveaux médias. Grégoire Pouget et Jean-Marc Bourguignon de RSF ont parlé de la protection des données privées et de la sécurité sur l’internet. Cléa Kahn-Sriber, responsable du Bureau Afrique de Reporters Sans Frontières, a abordé la problématique de la liberté d’expression. Les Mondoblogueurs ont également découvert l’Assemblée nationale ivoirienne, Barcamp, un des hauts lieux technologiques de Côte d’Ivoire, les locaux du quotidien ivoirien Fraternité Matin, et quelques start-ups.

Mali : le journaliste face à la campagne électorale

En période électorale, le journaliste joue plus que jamais un rôle de contre-pouvoir et d’observateur indépendant qui lui incombe. Il a le devoir de jouer ce rôle avec intelligence. l’objectif est d’avoir au final une meilleure maà®trise de son métier. Il contribue ainsi au meilleur exercice de la démocratie. Le Mali traverse une période de conflit sans précédent. Les médias en cette période électorale constituent avant tout un lieu de compréhension de la situation, un lieu d’apaisement des C’œurs mais aussi un moyen de véhiculer les informations les plus exactes possibles. Le support médiatique est également le créneau pour les candidats à  la présidentielle de pouvoir faire entendre leurs voix et les programmes qu’ils proposent afin d’inviter les électeurs à  voter pour eux. l’idéal est que tout ceci se passe dans le calme et la communion totale. La radio, la presse écrite, la presse en ligne et la télévision ont tous le même rôle à  jouer lors d’un processus électoral. La différence en est que, ces supports ont tous leur particularité. Le contexte socio-politique du Mali est particulier pour la tenue de ces élections générales dont l’une est prévue le 28 juillet, à  savoir l’élection présidentielle. Le métier de journaliste est encadré par des règles et des valeurs universelles qui sont l’éthique et la déontologie. Leur pratique est permanente chez tout journaliste. A l’ORTM (office de radiodiffusion télévision du Mali), C’’est le Comité National de l’Egal Accès aux Médias (CNEAM) qui établit le programme de diffusion des temps d’antenne accordés aux candidats « Les candidats choisissent les meetings qui doivent être couverts et diffusés à  la télévision. Deux meetings de trois minutes chacune passent dans le journal de 20H. Nous accordons également dix minutes à  chaque candidat dans un entretien électoral o๠ils exposent leurs projets de société. En dehors de cela, tous les candidats ont droit à  cinq minutes pour les messages de campagne » explique Sidiki Dembélé, rédacteur en chef de la télévision. l’effectif réduit dans les rédactions peut être handicap Le journal « Les Echos » est un quotidien malien qui existe depuis 24 ans. Il possède une longue tradition de couverture des élections. Le journal a couvert tous les élections depuis l’avènement de la démocratie au Mali « Nous ciblons les quatre candidats que nous pensons susceptibles d’être en première ligne. Un journaliste est détaché pour suivre les activités de ces candidats. Nous veillons à  ce que ce soit le journal même qui prenne en charge les journalistes afin d’éviter les accointances. Ils sont accrédités auprès des équipes de campagne. Ils sont obligés de garder leur arbitre et d’observer une distance affective. Quant aux autres candidats, nous couvrons leurs activités en fonction de la disponibilité des reporters et de la pertinence des activités annoncées » affirme Alexis Kalembry, Directeur de publication du quotidien «Les Echos ». l’une des phases la plus importante de cette présidentielle est la situation de la liste électorale. A la radio Guintan, une émission journalière est consacrée à  l’état des retraits de cartes NINA dans les différents lieux pour cela. Des reportages sur les activités des candidats sont aussi prévus. « Nos reporters ne sont pas assez nombreux pour suivre tous les candidats. l’effectif réduit est un handicap pour nous mais cela n’empêche pas de véhiculer l’information. Mais ça aurait ou être plus intéressant si nous parvenions à  donner l’information en temps réel en suivant les candidats dans leurs activités de campagne électorale » explique Ange De Villiers, rédacteur en chef de la radio Guintan de Bamako. D’autres radios telle que Kledu consacrent également une grande part au traitement de l’information lié à  la liste électorale et à  la distribution des nouvelles cartes d’électeurs qui comportent désormais le NINA (numéro d’identification nationale). « Nous faisons passer le résumé des projets de société de tous les candidats en 8 minutes dans le journal de 7h et celui de 16h. Une large part est consacrée aux cartes NINA, ici à  Bamako et dans les régions notamment là  o๠Kledu est diffusée (Ségou, Sikasso et Kayes) » relate Bakary Cissé, rédacteur en chef de la radio Kledu. Les élections peuvent représenter un facteur d’affirmation et de consolidation du processus démocratique, tout comme elles peuvent se transformer en une menace contre la paix et la stabilité. Les journalistes maliens sont conscients de cet état de fait. La période de crise que traverse le pays constitue un facteur de plus pour inciter les hommes de médias à  plus de transparence et d’équité dans leur travail afin de garantir une période d’élections paisible.

Médias : les communicateurs outillés pour une couverture éthique des élections

32 journalistes de 16 radios communautaires et commerciales des huit régions du Mali ont été formés sur la thématique de la couverture éthique des élections pendant une semaine. Cette formation s’inscrit dans le projet d’éducation citoyenne et de monitoring des élections de 2013 au Mali dénommé PEME Mali. Il a pour but d’accroitre la participation des organisations de la société civile malienne dans le processus électoral. Comme objectif spécifique il s’agit d’assurer une éducation citoyenne active afin de produire, diffuser et communiquer sur les bonnes pratiques, les informations fiables, les messages clés du processus électoral. Et de faire le monitoring des élections à  travers une collecte, une analyse, et une diffusion des informations sur le déroulement du scrutin afin de garantir la crédibilité des élections prochaines. Organisée par l’institut Panos Afrique de l’ouest( IPAO) et ses partenaires OXFAM Novid, One World, Ambassade des pays Bas et le PNUD. La cérémonie de clôture était présidée par N’Diaye Habibatou Gadjigo, chef de cabinet du ministre de la communication, accompagnée du représentant du ministre de l’administration territoriale de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. C’’est l’institut Panos, un des partenaires de mise en œuvre du PEME, qui s’occupe de la composante 3 volet « appui à  l’instauration d’un espace médiatique de débat public et d’interpellation pour la refondation d’un état démocratique au Mali ». Aider à  sensibiliser les maliens pour élire un président Au terme de la formation, la chef de cabinet du ministre de la communication N’Diaye Habibatou Gadjigo a invité les journalistes à  faire bon usage des connaissances acquises dans leurs débats radiophoniques en période électorales. «A la sortie de cet atelier, je suis convaincu que vous êtes bien outillés pour affronter cette élection. Vous êtes blindés pour sensibiliser les populations, à  inviter les gens à  retirer leurs cartes NINA » dit –t-elle. Quant au représentant du ministre de l’administration territoriale, il a invité aux journalistes à  la responsabilité, à  travailler dans la neutralité. «Vous allez nous aider à  sensibiliser les maliens pour élire un président avec un taux de participation honorable » invite –t-il. La représentante de l’IPAO a auparavant présenté brièvement le compte rendu de la formation avant d’ajouter que ces journalistes ont une meilleure connaissance sur le devoir de citoyenneté. Du coté des participants, c’est la satisfaction selon leur porte-parole, « J’ose affirmer que les connaissances que nous avons obtenue nous permettront de travailler dans la neutralité » a-t-il déclaré. Une remise des diplôme a mis fin cette formation.

Affaire Daou : « le procureur veut rejouer un match déjà terminé »(Me Mamadou Camara)

La prolongation continue dans l’affaire Boukary Daou. Le tribunal de 1ère instance de la commune IV a remis le verdict du procès du journaliste Boukary Daou au 30 avril 2013. A la fin de l’audience, Mes Lamissa Coulibaly, Mamadou Camara et Hamady Karembé ont échangé avec la presse. En effet, les avocats de la défense avaient soulevé du 16 avril 2013 l’exception de nullité. Pour la défense, il s’agissait d’annuler la poursuite contre son client car n’ayant pas reçu de citation à  comparaitre comme le veut la loi sur la presse. Contre toute attente, le procureur a voulu rouvrir hier les débats sur les débats. Ce à  quoi se sont refusés les avocats avant de décider de suspendre leur participation tant que la forme ne sera pas respectée. Une stratégie de défense, selon Me Lamissa Coulibaly, qui vise à  ne pas cautionner la décision du parquet. Me Mamdou Camara, l’un des 17 avocats du directeur de publication du journal Le Républicain, estime que le procureur veut rejouer un match déjà  terminé. « On est dans un match de football o๠une équipe après le coup de sifflet final revient voir l’arbitre pour dire qu’elle a oublié de faire une passe ou un tir et demande de rejouer le match », ironise l’avocat. Les avocats ont déclaré avoir foi en l’indépendance de la justice malienne et affichent une confiance quant à  une issue heureuse du procès. Ils estiment d’ailleurs que la mise en délibéré de l’affaire pour le 30 avril prochain est la preuve que le juge n’a pas suivi le parquet dans sa tentative de violer la loi.

Médias: VOA s’installe à Bamako

La Voix de l’Amérique (Voice Of America,VOA), prend officiellement ses quartiers au Mali. Pour annoncer cet événement heureux, le directeur de la VOA David Ensor accompagné de la chargée des affaires publiques de l’ambassade des USA et un représentant du ministère de la communication, Alassane Souleymane, ont annoncé la nouvelle lors d’une conférence de presse à  l’hôtel Radisson. C’était le 6 mars dernier. Ce lancement consacre l’aboutissement de plusieurs mois de dur labeur pour divers acteurs qui ont travaillé sans relâche pour l’arrivée de la VOA à  Bamako. Ce qui fait dire Leanne Cannon, la chargée des affaires publiques qu’avec cette nouvelle station, le paysage médiatique malien s’enrichit aussi bien quantitativement que qualitativement. « Bien que la Voix de l’Amérique soit financée par le gouvernement américain, il n’y a aucune influence du gouvernement sur son contenu ou ligne éditoriale » a-t-elle précisé. Selon elle, l’ambassade des Etats Unis est très heureuse d’avoir contribué à  cette implantation, compte tenu de l’importance du rôle prépondérant que des médias libres, forts, divers et responsables jouent dans la démocratie. Cette radio américaine en partenariat avec l’ORTM pour sa diffusion à  partir du centre émetteur de point G sera diffusé en langue Bamana et songha௠sans oublier le français et couvrira 100 km autour de Bamako. La mission principale de la Voix de l’Amérique est d’informer. «Notre objectif est d’avoir une presse libre, mais aussi aider le Mali à  faire la culture de la paix. Et nous chercherons à  nous connecter avec tous nos auditeurs. Je pense que les maliens ont besoin de nouvelles informations, et ils ont besoin d’en parler » a dit le directeur de la VOA. Pour Alassane Souleymane, représentant du ministre de la communication C’’est un nouveau venu est un média de renom qui a déjà  fait ses preuves. « Vous êtes certainement un nouveau venu, mais vous n’êtes pas un novice. Vous êtes une référence. Vous êtes une école, vous êtes un partenaire de choix ». Il a invité la VOA à  rejoindre son département pour faire face aux grands défis qui se posent au Mali dans la grande composante du sahel. « La culture de la paix, de la démocratie, du développement ne peut se gagner sans les médias » a déclaré Alassane Souleymane.

Règles et code du journalisme en temps de guerre

Pendant deux jours, les hommes des medias se sont imprégnés des notion comme « les directives de la Défense et de Sécurité en matière de Reportage sur le Théâtre des opérations des Forces armées et de Sécurité du Mali(FAS) », « l’éthique et déontologie des journalistes en période guerre », « comment distinguer les zones dangereuses et les zones interdites ? » etc. Le capitaine Modibo Naman Traoré, l’un des formateurs a fait sa communication sur les directives de la Défense et de Sécurité en matière de Reportage sur le Théâtre des opérations des Forces armées et de Sécurité du Mali. Dans sa communication, on peut retenir que les journalistes qui choisissent de travailler dans une zone opérationnelle sans escorte militaire doivent être conscients qu’ils le font à  leurs risques et périls et que les Forces armées et de sécurité du Mali ne sont pas responsables de leur sécurité. « Si un journaliste est pris en otage tandis qu’il est sous escorte des FAS, le chef d’Etat-major dans le théâtre des opérations se chargera de collaborer avec les autorités locales pour que le journaliste soit relâché. Il sera aussi le principal point de contact en ce qui a trait aux communications externes et internes », conseille le capitaine. Déplacement limités Sur le théâtre d’opération le journaliste doit limiter ses déplacements sous l’ordre des militaires. « Les journalistes intégrés n’entreront pas dans une zone d’accès restreint sans être accompagnés » , explique –t-il. Lorsqu’ils en recevront l’ordre, poursuit-t-il les journalistes seront escortés en tout temps par des militaires et ils devront obéir aux ordres de ces militaires en ce qui concerne les activités et les déplacements ». Sur le théâtre d’opérations, toutes les informations ne sont pas publiables. Certaines informations font l’objet d’embargos. « Toute information relative aux opérations futures fait l’objet d’un embargo jusqu’à  ce que l’opération soit terminée et que l’autorisation de publier soit reçue du commandant sur le terrain » . Lorsqu’un incident critique se produit , un embargo sera imposé aux journalistes à  des fins de sécurité opérationnelle ou pour protéger la vie privée des membres des forces armées et de sécurité (FAS). Discrétion sur les pertes en vies humaines Dans sa communication, il y a aussi les pertes en vie humaines ou les prisonniers de Guerre. Raison pour la quelle le capitaine explique ce qu’est le « le Signalement des pertes ». « Les noms et les images des militaires décédés ne seront pas divulgués tant que les plus proches parents de ceux-ci n’auront pas donné aux FAS la permission explicite de le faire » conseille Mr Traoré. Les hommes de média peuvent divulguer certaines informations tels que l’arrivée d’unités militaires dans le théâtre (suivant l’annonce officielle), en portant une attention particulière lors de la relève d’une unité. Cependant on interdit aux journalistes de ne pas enregistrer l’identité (C’’est-à -dire le visage, les plaquettes d’identité, l’équipement étiqueté ou tout autre élément permettant une identification) des personnes suivantes : blessés dont les blessures peuvent être reconnues visuellement. Ethique et déontologie en temps de guerre La seconde communication portait sur l’éthique et déontologie du journaliste. Le formateur est un vétéran de la presse malienne, il s’agit de Hamèye Cissé, Directeur de Publication du journal Le Scorpion. Selon lui, en temps de guerre, les journalistes doivent être prudents au risque d’être manipulé par les fausses informations. Citant à  cet effet le cas de la fausse mort du journaliste Kader Touré qui a été à  la Une des journaux et même de RFI : « en réalité Kader n’est pas mort, parce que les journalistes n’ont pas été prudents avant de balancer l’info». Dieu merci !

Médias : Comment faire de « l’information de proximité » et promouvoir le développement local ?

Le développement local, comment le promouvoir, comment faire que les décisions prises au niveau national, se répercutent sur les communautés locales ? Quel rôle les médias peuvent-il jouer dans le rendu du quotidien des populations au niveau local ? Autant d’interrogations qui ont réuni un panel de journalistes africains et internationaux. David Applefield du Financial Times spécialiste des questions Afrique, Khalik Guèye, journaliste à  CNN à  Washington, Frank Kinnivo, journaliste béninois, Basile Testelin Nana, directeur du Décentralisation Infos magazine, Moussa Touré, ancien président de la Commission de l’Uemoa et deux maires, l’un malien, Moussa Mara de la commune IV de Bamako, et l’autre d’une commune de Madagascar… Un panel riche qui a permis de comprendre les enjeux du développement local et le rôle que les médias peuvent y jouer. Au départ, il faut commencer par pointer les insuffisances ? Pourquoi les question de développement n’intéressent personne ? s’est demandé l’un des panellistes ? Un autre : « Pourquoi les journalistes en parlent très peu, préférant l’institutionnel ou l’évènementiel ? l’info de proximité facilite le lien social l’info de proximité qu’est-ce que C’’est ? D’après Franck Kinnivo, elle répond à  4 critères : – géographique, C’’est l’information qui est spécifique aux populations d’une localité donnée – chronologique : C’’est l’information la plus récente, et qui nous interpellera davantage. – Sociale : l’information de proximité doit relayer une préoccupation qui vous touche directement. – psycho-affective : l’information doit constituer un centre d’intérêts du sujet. l’information de proximité est donc une information déterminante lorsqu’elle facilite le lien social. Contrairement à  l’institutionnel ou l’évènementiel, elle demande de se déplacer, d’interview des gens et donc de moyens plutôt que d’aller sur Internet : « Imaginez que vous découvriez une centaine de cochons morts sur une plage de Kribi », affirme David Applefield, enquêtez, cherchez à  savoir ce qui a amené ce désastre ? Cela peut constituer une information rare. « On donne souvent la primeur à  une information lointaine, alors que les meilleures informations sont à  côté de nous », ajoute Frank Kinnivo. Mais au-delà  de ces exemples, C’’est la question du développement local qui est mis en relief, le rapport entre journalistes et autorités locales et comment ils se transmettent l’information à  la base. Malgré l’influence et l’audience des radios communautaires ou rurales, celles-ci tendent à  mettre l’accent sur l’étatique, l’institutionnel au détriment des populations et de leurs préoccupations quotidiennes : «Il est évident qu’il vaut mieux donner la parole à  un groupe de citoyens que toujours tendre votr emicro aux autorités », préconise David Applefiel. « Dans les journaux africains, il y a trop d’analyses, de commentaires, plutôt que du reportage, des news». Le journaliste du Times va plus loin : « Il y a confusion entre Contenus et commerces et entre les deux, il manque de la clarté ! Le décor est planté. l’information peut-elle être au service du développement local ? En terme d’amélioration des conditions de vie des populations locales ou rurales, oui. Mais en terme d’imprécision, il y a encore trop de failles, chez les médias, plus attirés vers le sensationnalisme ou les scandales. Mais conseille, Basile Testelin Nana, «Les autorités locales ont un rôle à  jouer, ils doivent plus faire confiance aux journalistes, au lieu d’essayer de les diriger ». Référence aux nombreux communiqués envoyés à  des médias transformés en agences de communication, au service la vision d’un élu ou d’un maire. De ce fait, ajoute, Mr Nana, les réseaux sont bons. Lui même Président du Réseau des journalistes camerounais sur la Décentralisation, il ajoute que cela permet une auto-formation des journalistes à  un sujet, mais aussi une plus grande proximité avec l’aspect local… Porteur d’une autre vision, Moussa Mara, maire de la commune IV de Bamako penche en faveur de la collaboration médias-autorités locales : «Vous savez toutes les communes gagnent à  travailler avec les journalistes. Comment ? En favorisant l’animation de la vie locale, la promotion de la citoyenneté locale, les informations qu’elles soient de proximité ou pas, aux actions municipales, et même la mobilisation fiscale ». Si Moussa Mara préconise même un cahier des charges pour les journalistes, Khalil Guèye, journaliste à  CNN Washington, se défend de cette vision : «Un journaliste doit être avant tout indépendant ! Et les réseaux ne mènent à  rien mais à  éloigner toute objectivité ».  

Crise malienne : quand les médias internationaux monopolisent l’information

Le coup d’Etat du 22 mars dernier, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré un mois seulement avant la fin de son mandat, a pris en otage la démocratie malienne, en remettant en questions les énormes efforts et sacrifices faits par le peuple et les autorités du pays. Loin de moi l’idée d’affirmer que tout était rose dans cette démocratie. La corruption, principal fléau social, a gagné du terrain pendant ces dix dernières années. Sa propagation dans la société malienne a eu des conséquences très néfastes sur la vie des citoyens, qu’il s’agisse de la baisse des salaires, de l’altération de la concurrence entre les entreprises ou de l’accroissement des inégalités sociales. En clair, les riches se sont enrichis et les pauvres se sont appauvris. Difficile de parler de classes moyennes dans ce genre de situation. Les médias locaux intimidés La prise en otage de la démocratie malienne est née d’un autre fléau : la censure, le musèlement, les arrestations arbitraires et bien d’autres violations des droits de l’homme. Tout à  coup, l’Etat corrompu est devenu un Etat o๠règne la loi du plus fort. Tous les efforts déployés par le Mali en matière de pluralisme des médias, de liberté d’expression, ont alors été anéantis. Plusieurs personnalités politiques, des journalistes et des directeurs de publications ont été passés à  tabac, emprisonnés ou portés disparus. Ces violences ont servi d’avertissement aux citoyens lambda et aux professionnels des médias susceptibles de condamner ou de critiquer le comportement «Â animal » des auteurs du coup d’Etat. Cette nouvelle tendance a laissé la place à  une nouvelle réalité : les médias locaux, autrefois considérés comme la première source d’information, sont devenus peu crédibles, obligeant ainsi les Maliens à  se tourner vers les médias internationaux libres et démocratiques. Ces derniers sont devenus la première source d’information et leur crédibilité s’est vue renforcée. Désormais la confiance est davantage accordée aux médias internationaux qu’aux sources locales. Ce nouveau contexte fait des médias internationaux des acteurs essentiels du paysage médiatiques malien. Qui veut parler appelle RFI Les Maliens s’expriment librement sur Radio France Internationale au sujet de la crise dans le nord du Mali. Ils appellent de Kita, Bandiagara, Bamako en passant par Koulikoro, Ségou, Mopti et Kati pour s’informer et pour mieux comprendre le déroulement et la gestion de cette crise. l’avantage de cette radio française, C’’est qu’elle est recevable aux quatre coins du Mali, contrairement aux radios locales, dont les fréquences dépassent difficilement les 50 kilomètres. Le précédent du MNLA et de France 24 Revers de la médaille, ces mêmes médias internationaux diffusent parfois une information «Â édulcorée », faite de mauvaises interprétations des réalités sociopolitiques et culturelles du pays, et parfois partisane. Par exemple au début de la crise, nombreux étaient les Maliens qui accusaient RFI et France 24 de soutenir le MNLA et d’avoir facilité la prise des régions maliennes du Nord par les rebelles touaregs et leurs alliés islamistes. Etant donné les difficultés pour la presse malienne et les médias d’une façon générale à  conduire une ligne éditoriale libre et indépendante, les médias internationaux sont devenus également la première source pour les journalistes dans le cadre de leur traitement de l’information relative à  la crise qui sévit dans le pays depuis huit mois. Et cette tendance n’est pas prête de s’inverser, puisque les auteurs du coup d’Etat, bien que discrets, restent très influents dans la vie politique et publique du Mali, comme si l’on donnait de la légalité à  leur acte. Source : http://democratiemali.blogspot.fr/

Tribune: Vers une islamisation des médias publics au Mali ?

Je suis extrêmement choquée par ce qui se passe entre l’ORTM et le Haut Conseil Islamique depuis un certain moment. Et encore plus effarée en apprenant qu’il y a eu une rencontre visant à  concilier les deux parties, sur initiative du ministre de l’administration territoriale. Je pense que les médias d’une façon générale et l’ORTM en particulier doivent garder leur indépendance et leur liberté. Le HCI n’a ni à  fixer la ligne éditoriale de l’ORTM, ni à  décider qui est habilité ou pas à  diriger cet organe national. J’ai peur que le mélange des genres ait encore du chemin devant lui au Mali. Comment pouvons-nous comprendre la tentative du Haut Conseil Islamique d’imposer ses règles au directeur de l’ORTM ou de donner un avis sur la personne qui est sensée ou pas diriger ce média public? Depuis quand, donnons-nous ce pouvoir aux musulmans du Mali ? Le pays est-il devenu un Etat islamique ? Et dans ce cas que ferons-nous des autres religions, que ferons-nous des nombreux maliens qui ne disposent d’aucune religion ? Le Mali est-il toujours un pays laà¯c ? « Les médias doivent rester libres, indépendants, impartiaux et pluralistes » Les médias jouent un rôle vital dans les sociétés. Ils permettent de construire une paix durable, favoriser et promouvoir le dialogue entre les communautés au sein d’une société. Ils doivent incarner les valeurs de la société à  laquelle ils appartiennent. Mais il est évident que lorsque ce rôle, ainsi que l’éthique et la déontologie de la profession du journaliste sont incompris au sein d’une société, cela peut être fatal, notamment pour les journalistes et les rend vulnérables aux pressions qu’elles soient religieuses ou politiques. Et lorsque dans un Etat laà¯c, un seul groupe religieux impose sa vision, cela peut également créer un sentiment d’injustice notamment contre les minorités religieuses et celles qui ne disposent d’aucune religion. Une telle situation compromet à  l’évidence la liberté de la presse et la liberté d’expression d’une façon générale dans notre pays. Une telle réalité est extrêmement alarmante, car les médias doivent rester libres, indépendants, impartiaux et pluralistes. Pendant ces temps difficiles dans l’histoire du Mali, les médias doivent veiller au respect des droits de l’Homme et ceux des minorités en particulier. Chaque organe de média a la lourde responsabilité de privilégier l’approche sociale de la profession en se faisant le porte parole de tous ceux qui peinent à  se faire entendre dans notre société. Des médias plus conscients de leur rôle Les journalistes doivent plus que jamais mesurer l’impact de leurs productions sur les populations. Peut-on imaginer les conséquences pendant cette période de crise, lorsque l’information n’est pas donnée ou qu’elle est manipulée ou bridée ? Les médias doivent dire la vérité et évoquer les inquiétudes des populations. Le Haut Conseil Islamique a-t-il vraiment conscience de la fonction des médias et en particulier celle de l’ORTM ? a-t-il pensé aux autres religions dans le pays ? Ne sommes-nous pas entrain de nous diriger vers une islamisation du Mali et ne risquerons-nous pas d’ignorer, voir exclure les minorités religieuses dans notre pays. Nous devons faire attention et être vigilants, en tant professionnels de médias. Nous avons la responsabilité de sauvegarder l’éthique et les valeurs propres aux médias, si nous ne voulons pas perdre à  jamais les sacrifices de ceux qui se sont battus pour l’instauration de la liberté, de l’indépendance et la démocratie au Mali. Vigilance! Les professionnels des médias doivent être plus que jamais solidaires, pour traverser ces moments difficiles que vit le Mali, car le danger d’une perte d’autonomie n’est jamais loin. Nous devons rester debout et défendre nos valeurs. Je suis consciente de la difficulté à  se faire entendre et à  se faire respecter en tant que professionnels de médias au Mali, particulièrement dans une période comme celle que traverse le pays, mais est ce vraiment une raison qui justifierait le laxisme, l’hypocrisie et la manipulation ?

Mali: la guerre médiatique fait rage

«Du choc des idées, faire jaillir l’étincelle de vérité qui libère et construit»…«Notre rôle n’est pas de plaire ou déplaire. Il est de tremper la plume dans la plaie» Pour les journaux maliens, le temps est à  l’application des devises affichées en première page. Informer, éclairer, dévoiler, n’ont jamais été plus important qu’à  l’heure o๠indépendantistes, djihadistes, militaires et politiciens se disputent le Mali. Ni plus risqué. Jusqu’alors classé parmi les pays du continent les plus respectueux de la liberté des médias part Reporters sans Frontières, le Mali est devenu en quelques mois dangereux pour les journalistes. Militaires au Sud et djihadistes au Nord n’ont pas hésité, entre autres intimidations, à  s’en prendre physiquement à  un directeur de publication remuant ou à  un animateur de radio, qui osait se mettre en travers de la charia. Entre presse et putschistes, l’opposition était naturelle. Contrairement à  une large partie de la population malienne, les journaux ont accueilli avec hostilité le coup d’Etat du 22 mars et ont réservé au capitaine Amadou Aya Sanogo et à  ses hommes un accueil peu chaleureux dans leurs colonnes. «Au Mali, la presse privée est née dans un contexte de lutte pour la démocratie», rappelle Alexis Kalambry, directeur de publication du quotidien Les Echos, créé en 1989 par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, deux ans avant la chute du dictateur Moussa Traoré. Une médiatisation insuffisante Moteur de la démocratie il y a vingt ans, la presse a, dans son ensemble, échoué à  imposer le Nord et ses drames en devenir sur le devant de la scène médiatique et politique ces dernières années. Le Mali a couru droit à  sa perte, sans contre-pouvoirs suffisamment forts ou courageux pour lui barrer l’entrée d’un tunnel sans issue. Dans les premiers jours de l’offensive du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en janvier, une partie de la presse a dans un élan patriotique épousé aveuglement la communication de guerre du gouvernement, comme certains médias occidentaux l’ont fait avec celle du MNLA. Les communiqués peu transparents se succédaient jusqu’à  ce que fin janvier, les familles des militaires engagés dans le Nord se rendent compte que les comptes-rendus officiels et ceux des médias reflétaient très peu le calvaire que subissaient leurs parents, et décident d’aller interpeller Amadou Toumani Touré jusque dans son palais présidentiel…lire la suite sur Slateafrique.com http://www.slateafrique.com/92859/mali-la-guerre-mediatique-fait-rage-bamako

Mah Thiam, une journaliste qui allie passion et excellence

De formation Lettres à  la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines (FLASH), elle entre à  l’IGLAM (Institut de gestion et des langues appliquées aux métiers) pour se former en journalisme. En 2004, elle intégre le quotidien l’indépendant, o๠elle poursuit une belle carrière depuis quelques années. Reporter et responsable du desk Société et questions de genre, elle marque par sa simplicité, son sourire franc et une grande disponibilité, des qualités essentielles pour le métier qu’elle a choisi. Mah Thiam a aussi participé à  la grande marche du 17 juillet en réaction aux récentes agressions perpétrées contre les journalistes et directeurs de publication, dont celle de Saouti Haidara, son patron. Maman de deux enfants, celle qu’on surnomme affectueusement Mah Thiam, vient de remporter le Prix Fémédia, organisé par l’Institut Panos. Entretien Journaldumali.com : Vous êtes responsable de la rubrique Genre au sein du quotidien l’indépendant, parlez nous de votre passion du métier de journaliste  ? Mah Thiam : J’ai débuté ma carrière à  l’Indépendant, un journal très lu et qui offre une bonne visibilité aux journalistes qui y sont. En même temps, il y’a des défis quotidiens à  relever pour ne pas décevoir les lecteurs et maintenir la qualité. Pour une journaliste femme, là  o๠un homme aura besoin d’un effort, le double vous sera demandé. La presse ne fait pas de cadeaux aux femmes. Vous devez tous les jours montrer vos capacités et vous battre pour vous affirmer en démontrant que vous avez quelque chose dans la tête, ou que votre travail compte. Au Mali, être une femme journaliste se concilie difficilement, avec la vie familiale, d’o๠les multiples efforts à  déployer. Journaldumali.com : En quoi a consisté ce prix Femedia organisé par Panos dont vous êtes l’une des lauréates ? Mah Thiam : Ce prix a été une surprise pour moi. En fait, il vient récompenser un engagement, un combat. Pour moi, journaliste femme, officiant dans un média ayant une bonne audience, il était important de faire en sorte que la femme soit valorisée. Je m’occupe surtout de promotion de la femme, de rendre visible les actions de nos mères, nos sœurs qui se battent au quotidien pour exister, démontrer un savoir faire ou pour s’affirmer. Ce combat est une conviction, un devoir. Aussi, ce prix vient comme une récompense, non de mon travail directement, mais, de l’effort des milliers de nos sœurs qui font bouger les lignes régulièrement en démontrant que la majorité de la population a un rôle à  jouer. Journaldumali.com : Aujourd’hui, comment percevez vous la représentativité des femmes dans les médias au Mali ? Mah Thiam  : Je ne peux pas me considérer comme une doyenne journaliste dans la presse. Mais, J’ai bientôt dix ans de métier. Je me rappelle que nous étions nombreuses à  débuter ensemble. Combien ont dû arrêter à  cause de la maternité, d’un mari jaloux ou du poids des charges au foyer ? Il n’est pas facile d’être une femme journaliste. C’’est d’ailleurs ce qui fait que les femmes réussissent difficilement. Là  o๠on mobilise un homme en dix minutes pour un voyage de presse, il faut plus de temps pour une femme, surtout si elle est mariée avec des enfants. Dans la presse, nous ne constituons même pas 10%. Celles qui ont une vie de famille sont souvent confinées à  des taches subalternes dans les rédactions. Il nous faut donc nous battre pour une plus grande visibilité dans les médias, car les femmes sont à  même de révolutionner la profession et de l’humaniser. Journaldumali.com : La liberté de presse est menacée au Mali aujourd’hui, en témoigne les agressions de journalistes. Quelle lecture faà®tes vous de la sortie de crise au Mali ? Mah Thiam : Les événements douloureux qui secouent notre pays ont effectivement éprouvé la presse. A tort, les journalistes ont été considérés comme des «Â boucs émissaires », comme l’a dit un confrère. La crise malienne a été révélatrice d’une fracture qui s’installait dans notre société, et d’un certain manque de dialogue. Pendant longtemps, personne n’était en mesure de fédérer les camps, soit par manque de crédibilité, soit par manque d’autorité et aussi par absence de morale. Toutes les interventions au niveau local ont consisté à  faire taire des velléités (sabali) plutôt qu’à  faire parler. Nous avons besoin de vraies thérapies de groupes pour extérioriser les frustrations accumulées dans la société malienne. Une sorte de dialogue, vérité et réconciliation. Cependant, je pense que le pire est derrière nous. Journaldumali.com : Comment envisagez-vous votre rôle de journaliste dans le futur ? Mah Thiam : Le métier de journaliste est exaltant. Il permet d’être en contact avec toutes les couches sociales. Nous sommes une sorte de courroie de transmission entre les couches de la société, les classes et les corps de métiers. La crise, C’’est vrai, a affecté la presse. Désormais, plus rien ne sera comme avant. Mais les défis sont nombreux. En dehors de la poussée de nouveaux médias comme Internet ou les réseaux sociaux au Mali, nous aurons à  faire face au défi du professionnalisme, de la rigueur dans le métier, mais également celui de la création de vraies entreprises de presse.