Dialogue inter-Maliens : Le comité de pilotage à pied d’œuvre

Nommés par le décret N°2024-0062/PT-RM du 2 février 2024, puis installés trois jours plus tard, le 5 février par le Président de la Transition, les membres du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale s’activent depuis pour mener à bien leur mission de préparer les conditions favorables à un dialogue direct entre Maliens, sans aucune interférence extérieure.

Lors d’une conférence de presse tenue le 20 février 2024 à la Maison de la Presse, le Président du Comité de pilotage, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, a fait le point des différentes actions menées depuis son installation et des prochaines étapes de l’organisation du dialogue inter-Maliens.

À l’en croire, les travaux ont débuté dès le 6 février avec l’installation dans un premier temps de trois commissions de travail consacrées aux termes de référence, au règlement intérieur et à la communication.

Cinq autres commissions thématiques ont par la suite été constituées : Paix, Réconciliation nationale et Cohésion sociale, Questions politiques et Institutionnelles, Économie et Développement durable, Questions sécuritaires et de Défense du territoire, Géopolitique et environnement international.

Un dialogue de plus ?

Pour certains, après la tenue de plusieurs dialogues et concertations par le passé, le dialogue inter-Maliens prôné par le Président de la Transition s’apparente à un dialogue de plus. Mais les membres du Comité de pilotage s’inscrivent en faux contre ce point de vue.

« Ce sera un dialogue innovant. Quelque chose de nouveau va être réalisé cette fois-ci parce que ce sont les Maliens entre eux, sans interférence, qui vont se parler pour trouver des solutions à leurs problèmes », clame Ousmane Issoufi Maiga.

« Pour une fois, tout le processus va se dérouler entre Maliens uniquement et exclusivement et ne se concentrera sur aucune ressource humaine ou financière extérieure, ni pour nous aider à préparer, ni pour mettre en œuvre le dialogue, encore moins pour la mise en œuvre des recommandations », appuie Boubacar Sow, Rapporteur général du Comité de pilotage.

« En organisant ce dialogue nous n’y allons pas en anticipant ce qui doit être dit. Le dialogue sera largement ouvert à tous les intervenants. Il s’agit pour nous, non pas de guider ceux qui vont venir pour les concertations, mais de les laisser parler le plus librement possible », poursuit-t-il.

« Sans tabou »

À l’instar du Dialogue national inclusif, les discussions du dialogue inter-Maliens vont se dérouler au niveau de toutes les communes du Mali ainsi que dans tous les pays de grande concentration de Maliens établis à l’extérieur. À en croire le Président du Comité de pilotage, aucun sujet ne sera tabou, à l’exception de l’unicité, de la laïcité et de l’intégrité du territoire, qui ne feront pas partie des sujets de discussions, comme l’a souligné le Président de la Transition lors de l’annonce du dialogue inter-Maliens, le 31 décembre 2023.

« Tout sera mis sur la table, sans tabou. Tout ce qui fâche sera dit, mais dans la convivialité, dans le respect, sans que les gens s’insultent. Il faut avoir un débat civilisé, d’hommes responsables. Et nous irons dans toutes les communes du pays, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour organiser ce dialogue entre les Maliens », assure l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga. Quant à la participation des terroristes et des groupes armés rebelles à ce dialogue, il indique qu’ils seront les bienvenus, mais sous certaines conditions.

Transition : les autorités mettent fin à l’accord pour la Paix

Les autorités de la transition ont annoncé jeudi soir la «fin, avec effet immédiat», de l’accord d’Alger signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, dont la mise en application peinait depuis sa signature. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, porte-parole du gouvernement a  invoqué «le changement de posture de certains groupes signataires», mais aussi «les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation». En décembre 2022, les groupes armés signataires réunis au sein du CSP-PSD (CMA et une partie du GATIA fidèle à Fahad Ag Almahmoud) ont suspendu leur participation aux mécanismes de mise en œuvre de l’accord. En septembre 2023, après près de 10 ans de cessez-le-feu notamment grâce à la signature de l’accord, des combats ont repris entre la CMA et les FAMa. Le 14 novembre dernier, après des semaines de combats et d’opérations, l’armée malienne est entrée à Kidal et a pris le contrôle de la région. La CMA, battue, a quitté la zone. Depuis, certains de ses responsables sont apparues en Algérie le 19 décembre 2023 à l’invitation des autorités de ce pays qui étaient restées silencieuses depuis la reprise des hostilités.  Cette rencontre avait provoqué l’ire de Bamako, qui a convoqué l’ambassadeur algérien en poste pour protester contre des actes inamicaux. Alger avait dans la foulée convoqué l’ambassadeur du Mali en poste mais s’était montrée moins véhémente. Toutefois, elle a rappelé son ambassadeur le 22 décembre pour consultation, le Mali a appliqué la réciprocité. Les deux diplomates ont finalement regagné leur poste début janvier. Depuis ce que les autorités appellent la rectification de la transition, la mise en œuvre de l’accord pour la Paix était difficile. Le Premier ministre a notamment évoqué à plusieurs reprises une « application intelligente de l’accord ». La reprise des hostilités entre les protagonistes, les tensions entre l’Algérie et le Mali, le départ de la MINUSMA, l’annonce d’un dialogue inter-malien par le président de la transition lors de son discours à la nation du nouvel an laissaient peu de doute sur l’avenir de l’Accord pour la paix. Ce 25 janvier, le gouvernement après avoir selon le communiqué «constate l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015 a annoncé sa fin, avec effet immédiat»

Dialogue inter-malien : quelles chances pour le nouveau processus de paix ?

Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a annoncé dans son discours du Nouvel an 2024, le 31 décembre dernier, l’ouverture prochaine d’un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation. Alors que certains acteurs y voient la fin de l’Accord d’Alger, ce nouveau dialogue a-t-il plus de chances de faire aboutir le processus de paix ?

« Nous sommes à une étape charnière de la marche de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement. C’est pourquoi, capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix et tirant les enseignements des défis qui demeurent, j’ai pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix en donnant toutes ses chances au dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires », a souligné le Président de la Transition dans son adresse à la Nation.

« Il s’agit en effet de créer les conditions pour que chaque Malienne et chaque Malien puisse s’épanouir dans un environnement marqué par la confiance retrouvée entre les communautés sous la protection de l’État », a poursuivi le Colonel Assimi Goïta. Depuis, pour préparer ce dialogue, des rencontres se tiennent à travers tout le territoire national entre les communautés, sous l’égide du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, alors que le Comité chargé de les piloter devrait déposer son rapport « au plus tard en février ».

Nouvelle opportunité

Avec la reprise de la belligérance entre l’État malien et les groupes armés du nord réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) dans la reconquête de Kidal, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était à l’agonie, selon certains observateurs. Ainsi, à les en croire, l’idée d’un dialogue direct inter-malien que prône le Président de la Transition constitue une nouvelle opportunité dans le processus de paix.

Pour le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koina, le dialogue inter-malien offre une occasion de régler pacifiquement les différends et peut empêcher l’aggravation des conflits armés qui pourrait conduire à davantage de pertes humaines et de déplacements de populations.

« Ce dialogue est essentiel pour trouver des solutions durables à la crise en cours. Il offre la possibilité de prévenir l’escalade de la violence, de favoriser l’inclusion et la réconciliation, d’identifier les causes profondes du conflit et de renforcer la légitimité des décisions prises. En s’appuyant sur les bonnes pratiques de l’accord actuel, le dialogue peut contribuer à recouvrer la paix et la stabilité au Mali », confie-t-il.

Dr. Abdoul Sogodogo est du même avis. À en croire le Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université de Bamako, dans les conflits tels que celui que vit le Mali, une médiation internationale est essentielle pour initier le dialogue entre les parties et mettre fin aux hostilités, mais il est tout aussi crucial d’avoir une médiation nationale plus étendue, impliquant non seulement les groupes directement engagés dans le conflit, mais aussi les populations les plus touchées par celui-ci.

« Cette médiation nationale doit être à la fois large et concertée, traitant en profondeur les problématiques actuelles pour comprendre les racines du conflit afin de les traiter convenablement », estime-t-il.

Fin de l’Accord d’Alger ?

Si jusque-là l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger n’a officiellement été dénoncé par aucune des parties signataires, certains acteurs estiment que le dialogue inter-malien annoncé par le Président de la Transition est une manière d’y mettre fin. « Nous pensons que cette proposition est une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord et de mettre la médiation internationale à la porte », a récemment déclaré à un media étranger le porte-parole du CSP-PSD, Mohamed Elmaouloud Ramadane, qui a également signifié que le Cadre n’était pas prêt à prendre part à un processus de paix « qui ne sera qu’un simulacre ».

« Je pense qu’avec l’annonce du dialogue inter-malien, l’Accord d’Alger devient définitivement caduc, même s’il faudra bien sûr s’appuyer sur ses acquis dans le nouveau processus de paix qui va être amorcé », tranche pour sa part un analyste politique.

Diplomatie : Alger rappelle son ambassadeur du Mali, Bamako applique la réciprocité

La brouille diplomatique entre Bamako et Alger est désormais officielle. Les deux pays ont décidé ce vendredi de rappeler leur ambassadeur respectif en poste pour consultation. C’est l’Algérie qui a la première a rappelé son ambassadeur, le Mali a appliqué la réciprocité quelques heures plus tard. Les relations sont tendues entre les deux voisins depuis quelques jours. L’Algérie a invité des représentants des groupes armés à des discussions sur le processus de paix. Au même moment, l’Imam Mahmoud Dicko, qui entretient des relations difficiles avec les autorités de la transition a été reçu par le président algérien. Le 20 décembre, le chef de la diplomatie malienne a donc convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour protester contre des « actes inamicaux ». Dans la foulée, l’Algérie a aussi appliqué la réciprocité en convoquant l’ambassadeur du Mali, mais les termes employés à l’issue de cette rencontre étaient moins véhéments. L’Algérie est garante de l’Accord pour la Paix, mais est restée silencieuse lors de la reprise des hostilités entre l’armée et la CMA. Elle s’active depuis quelques jours pour tenter de relancer le processus. Cette brouille diplomatique inédite entre les deux pays intervient à un moment où l’armée malienne a procédé à des frappes de drones à Tinzawaten, à la frontière algérienne, neutralisant Hassan Ag Fagaga, une figure de la rébellion touarègue, déserteur de l’armée malienne. Le Mali est aussi invité à prendre part sur invitation du Maroc à une réunion ministérielle de concertation visant à favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique. Le Maroc et l’Algérie sont depuis plusieurs années des « ennemis ».

Bourem : violents combats entre les FAMa et la CMA

De violents combats ont opposé ce mardi les FAMa à la CMA à Bourem dans la région de Gao. Après plusieurs heures d’affrontements, la ville et les emprises sont sous contrôle de l’armée. Très tôt, les différents porte-paroles de la CMA avaient revendiqué la prise de la ville, ce qui a été démenti par de nombreuses sources locales qui ont fait état d’interventions décisives des vecteurs aériens des FAMa. L’armée sur ses pages officielles a évoqué réagir à une attaque terroriste complexe. L’armée qui ne mentionne pas la CMA dans son communiqué a annoncé avoir perdu 10 soldats et neutralisé 46 terroristes dont trois responsables. Selon des informations, c’est dans cette zone qu’est stationnée la compagnie FAMa qui doit prendre possession des camps de la MINUSMA à Aguelhoc, Tessalit et Kidal.  Cette escalade coïncide avec une reconfiguration sécuritaire dans le Nord après le départ de la force onusienne à la demande des autorités de la transition. La CMA n’entend pas que la MINUSMA rétrocède ses camps aux autorités maliennes, comme elle l’a fait en août à Ber, près de Tombouctou. Et estime qu’en vertu des arrangements sécuritaires de 2014 et 2015, ces zones devraient revenir sous son contrôle. Dans un communiqué en date de dimanche 10 septembre, Alghabass Ag Intalla, un des leaders de la CMA a sous le sceau du cadre stratégique permanent assurer qu’ils vont désormais adopter des mesures de légitimes défense, appelant également les civils à s’éloigner des installations et des lieux d’activités militaires. Quelques heures après la publication du communiqué, le mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 se sont désolidarisés du communiqué estimant ne pas y avoir été associés.

Ces tensions interviennent aussi alors que les terroristes du JNIM mènent plusieurs attaques Une double attaque qu’ils ont revendiqué dont l’une contre un bateau de passagers sur le fleuve Niger et une position des FAMa à Bamba a fait au moins 64 morts.

ONU : la Russie bloque une résolution sur le Mali

Témoignant de son soutien à Bamako, la Russie a bloqué mercredi une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui aurait prolongé le mandat d’experts ayant rendu des conclusions accablantes pour la junte malienne et ses  » partenaires de sécurité étrangers « .

Le texte prévoyait de prolonger d’un an le régime de sanctions mis en place en 2017 contre des individus mettant en danger l’accord de paix de 2015, et le mandat du comité d’experts chargés de les surveiller. Elle a recueilli 13 voix en faveur, une abstention (Chine) et une voix contre, celle de la Russie qui dispose d’un droit de veto.

La Russie était d’accord pour prolonger les sanctions, mais seulement pour la dernière fois, et voulait surtout dissoudre le comité d’experts dont elle conteste, avec Bamako, l’objectivité. Sa résolution en ce sens a été rejetée, avec une voix pour, une contre (Japon) et 13 abstentions.

Les sanctions  » ne doivent pas être utilisées comme un moyen d’influence étrangère au Mali, et c’est ce que le comité d’experts faisait « , a justifié l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, estimant que le projet de résolution préparée par la France et les Émirats arabes unis  » n’aurait pas aidé le processus de paix  » mais aurait  » encore plus opposé les parties « . Dans son dernier rapport publié la semaine dernière, le comité d’experts dénonçait des violences contre les femmes perpétrées de façon  » systématique et organisée  » par les forces armées maliennes et leurs  » partenaires de sécurité étrangers « . Le régime de sanctions sur le Mali (gel des avoirs ou interdiction de voyage), qui expire le 31 août, avait été mis en place en 2017 et concernait huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de paix de 2015 accusés de le mettre en péril.

Accord pour la paix : le gouvernement invite les signataires à revenir à la table des négociations

Dans son communiqué le ministre de la réconciliation, de la paix et de la cohésion sociale chargé de l’accord le colonel Major Ismaël Wagué, affirme que le Mali reste attaché à l’accord pour la paix et la réconciliation ainsi qu’a l’accord de cessez le feu du 23 mai 2014. Ainsi il invite « les frères des mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation à revenir sur la table de négociation en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue » peut-on lire dans le document. La coordination des mouvements de l’Azawad accuse des avions de l’armée d’avoir bombardé ces positions à Anefis. L’armée de son côté assure avoir mené une opération contre des terroristes.

Depuis plusieurs mois, les tensions sont au plus haut entre le gouvernement et la CMA. Elles se sont intensifiées avec le début du retrait de la MINUSMA.

L’armée récupère les camps de la mission, alors que la CMA s’oppose à la rétrocession de certaines de ses emprises. Le transfert du camp de Ber a illustré cette tension qui a donné lieu à des combats entre l’armée et les groupes terroristes, mais aussi entre armée et CMA selon un communiqué des responsables de ce groupe.

Par ailleurs lors du conseil de sécurité sur la situation au Mali lundi 28 août, l’ONU a exprimé son inquiétude quant à l’avenir de l’accord et à appeler à une reprise du dialogue. Le Chef de la MINUSMA quant à lui a dénoncé ce qu’il a appelé une paralysie des structures de suivi de l’accord. Des inquiétudes qui risquent de s’étendre alors que la MINUSMA doit encore rétrocédé les camps de Tessalit, Aguelhok et Kidal.

 

Accord pour la paix : la CMA dénonce une violation du cessez-le-feu

Dans un communiqué en date de ce lundi 7 août, la CMA dit détenir des preuves que l’attaque de sa position avancée relevant de la base de Foyta a été perpétrée par les FAMa et Wagner selon le document. Le groupe armé dénonce je cite une attitude dite « belliqueuse » et conclut qu’il s’agit d’une remise en cause délibérée du cessez-le-feu du 23 Mai 2014 et des arrangements sécuritaires. Ce n’est pas la première fois que la CMA dénonce une violation du cessez-le-feu. En avril dernier, des avions de chasse de l’armée malienne, ont survolé plusieurs villes du Nord, dont Kidal principalement, ce qui avait entrainé des tirs de membres de la CMA en direction des avions. Le mois d’avril a été particulièrement tendu. Le 27 avril, la CMA a annoncé l’interpellation de 10 de ses combattants, ces derniers ont été présentés par l’armée comme étant des terroristes. Le processus de paix au Mali s’est graduellement dégradé depuis plusieurs mois. En décembre 2022, les groupes armés signataires avaient suspendu leur participation aux mécanismes de mise en œuvre de l’Accord. Les autorités de la Transition qui ont dénoncé dans une correspondance en février dernier les violations de l’Accord par la CMA ont également suspendu aux groupes armés le paiement des émoluments dans le cadre de la participation aux réunions du suivi de l’Accord.

Par ailleurs, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-CSD), les groupes armés ont rejeté la nouvelle Constitution. Le scrutin référendaire ne s’est pas tenu à Kidal.  Ce nouvel épisode intervient alors qu’une certaine embellie était perceptible. Le 16 juillet dernier, le Colonel Modibo Koné, patron de la sécurité d’Etat s’est rendu à Kidal pour échanger avec les responsables de la CMA. Il s’en est suivie selon plusieurs sources la libération de détenus liés au groupe armé signataire de l’accord pour la paix.

Bart Ouvry : « j’ai toujours cherché à être à l’écoute des Maliens »

Un « ami du Mali » s’en va. Bart Ouvry, Ambassadeur de l’Union Européenne depuis 2019 dans le pays, est en fin de mission. Le Belge quitte un pays, dit-il, d’une « grande culture d’accueil et de générosité », où il a durant quatre ans été « attentif » aux aspirations de ses citoyens.

Vous êtes arrivé au Mali une année après la réélection d’IBK, qui a été marquée par une crise postélectorale. Plus tard, la situation du pays a empiré, avec les contestations du mouvement M5-RFP et les deux coups d’État qui les ont suivies. Comment avez-vous vécu ces évènements ?

Je les ai vécus de près en tant qu’observateur politique. Et je peux témoigner de la dernière année sous le Président IBK. Ça a été certainement une année difficile pour les Maliens, une année difficile pour nous aussi, communauté internationale, parce qu’il faut avouer qu’outre les contestations la situation sécuritaire posait aussi problème. Durant ces années, on a assisté à des attaques contre les FAMa, les membres des Forces de sécurité, parfois des fonctionnaires, mais aussi des représentants de la communauté internationale, qui ont causé beaucoup de difficultés au Mali. Nous avons condamné les coups d’État, mais, en nous rendant compte de la crise profonde que traversait le pays, que traverse toute la région du Sahel, nous avons continué notre collaboration.

Depuis le deuxième coup d’État et l’arrivée du Colonel Assimi Goïta au pouvoir, le pays s’est beaucoup tourné vers la Russie. Ne pensez-vous pas que cela est en partie dû à la teneur des relations entre l’UE et le Mali ?

Ce qui pour nous Européens est important, c’est de nous poser des questions sur l’efficacité de notre action. Je crois qu’il y a eu une grande impatience de la part des Maliens sur la résolution d’une situation qui, depuis 10 ans, suscite beaucoup de problèmes. C’est vrai qu’il y a lieu de se poser des questions de notre côté. Par exemple, est-ce qu’on aurait pu faire autrement dans la gestion de cet aspect ? L’une de mes réponses est probablement que nous n’avons pas suffisamment eu une pensée sur la durée. Les solutions aux problèmes ne se trouvent pas en six mois ou un an.

Mais, pour cela, à présent, pour moi, l’une des solutions est d’aller aux élections. Ce qui aura l’avantage qu’un prochain gouvernement, si les élections se passent bien, aura un mandat sur cinq ans. Cela permettra de réfléchir à des réponses structurelles, de longue durée, qui vont répondre aux enjeux. Mais c’est un questionnement légitime que vous faites. Peut-être que dans le passé nous avons été aussi trop impatients, nous Européens.

Vous avez une grande expertise en matière de communication, pour avoir été de 2008 à 2011 Porte-parole du ministère des Affaires étrangères belge. Comment évaluez-vous la communication des autorités de la Transition du Mali ? Pensez-vous que les pays européens comprennent leurs activités ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?

C’est un souci constant pour nous diplomates : expliquer à nos capitales ce qui se passe ici. Moi, dans ma communication, dans mon rapportage, j’ai toujours voulu bien faire comprendre la profondeur de la crise. La crise que vit le Mali est une crise sociétale. Et donc la réponse qui doit être donnée à cette crise ne doit pas être uniquement sécuritaire. Il faut une réponse qui permettra d’améliorer les conditions de vie des populations et le retour des services de l’État sur l’ensemble du territoire malien. Par exemple, que ce soit au Nord ou au Centre, et même au Sud du Mali, la qualité de l’enseignement est insuffisante. Au niveau des services de base, tels que la santé, il y a aussi des insuffisances. Là, notre effort est d’avoir une action effective sur le terrain pour ramener ces services à niveau. Je crois que ce message est bien compris. C’est vrai qu’aujourd’hui la Transition prend des positions qui sont parfois très difficile à admettre pour nos autorités. Par exemple, le dernier vote sur l’Ukraine, où le Mali a voté en faveur de la Russie. Je ne cache pas que cela est très mal compris de notre côté. Je n’ai pas de conseils à donner aux autorités de la Transition, mais certainement il faut un dialogue diplomatique. Moi je continue à plaider de part et d’autre pour qu’il y ait toujours des échanges diplomatiques et une coopération entre le Mali et l’UE. J’essaie toujours d’amener des collègues ici, à Bamako, et je crois qu’il est important que les Maliens fassent aussi l’effort de se rendre dans nos capitales pour expliquer leurs positions sur différents dossiers.

Quelle est actuellement la posture de l’UE à l’égard de la Transition malienne ?

Aujourd’hui, nous tenons beaucoup à maintenir notre action au profit des Maliens. Nous voulons rester aux côtés des Maliens, nous reconnaissons la profondeur de la crise et la nécessité d’y apporter une action concrète pour justement éviter la déstabilisation du pays. Cela est au cœur de notre position. Nous maintenons le dialogue, nous maintenons notre appui aux Maliens et, au final, nous espérons beaucoup que la Transition pourra respecter le calendrier convenu. Ainsi, on aboutira à des élections dont la principale, la présidentielle, est annoncée pour l’année prochaine.

Quels sont les projets-phares que l’UE a menés au Mali depuis votre venue et les  perspectives ?

Je préfère surtout parler de nos projets en perspective pour 2023. Nous avons déjà mené une consultation très large avec des services de l’État sur notre programmation. Elle porte sur les questions de l’Environnement. C’est le projet de Grande Muraille Verte qui est très important pour un pays tel que le Mali, qui a une partie de son territoire dans le Sahara. Il faut éviter la désertification. C’est un engagement très important de part et d’autre que nous voulons mettre en œuvre en 2023. Et puis il y a également la problématique de l’enseignement, de la formation et le renforcement du secteur privé. Si on veut répondre au grand enjeu qu’est l’accès à l’emploi au Mali, car chaque année, il y a des milliers de jeunes Maliens qui viennent sur le marché du travail, il faut absolument donner une réponse aux aspirations de ces jeunes, qui veulent soit trouver un emploi, soit créer une activité professionnelle. Et là nous croyons que l’amélioration de la qualité de l’éducation, de l’offre de formation et le renforcement du secteur privé sont importants. Sur ces aspects, nous sommes en consultation avec nos partenaires maliens pour apporter des solutions. Globalement, c’est un budget d’à peu près 100 milliards de francs CFA. Outre cela, nous allons aussi maintenir notre action de coopération sur des bases régionales et thématiques telles que la question de la gestion des frontières, sur laquelle nous voulons maintenir notre coopération avec l’État malien.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté sine die le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024 ?

Je crois que c’est un engagement très clair de la Transition, même si un report pour quelques mois peut être compréhensible. J’ai bonne confiance que les autorités de la Transition vont tenir leurs engagements.

Si les élections devaient se tenir, quel serait le soutien de l’Union européenne au processus électoral?

Il y a un fonds, le Programme des Nations Unies pour le Développement, qui centralise toutes les contributions. Nous avons déjà versé notre contribution, qui est de l’ordre de 10 milliards de francs CFA. Elle devrait contribuer à l’organisation des différents scrutins au Mali.

Depuis 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation tarde toujours à être mis en œuvre. Et son processus est bloqué depuis près de quatre mois. Quel avenir voyez-vous à cet Accord dans le contexte actuel ?

Le Cadre créé par l’Accord est toujours là. Nous continuons notre engagement avec l’Algérie, les Nations unies et les autres membres de la médiation pour permettre à toutes les parties prenantes de revenir à la table. Nous venons récemment d’offrir un cadre de propositions qui devrait permettre à toutes les parties prenantes de revenir. C’est la seule solution. L’autre alternative c’est la violence et ce n’est pas une alternative crédible. Nous voulons absolument que les parties prenantes trouvent des solutions sans violence. Nous, nous ne nous sommes pas là pour prescrire des solutions. Nous ne pouvons qu’amener les deux parties à la table de discussion et c’est à elles de se mettre d’accord sur les solutions et les mettre en œuvre. Nous espérons que ce sera pour bientôt.

Est-ce qu’il vous a été souvent difficile de manœuvrer, avec les impératifs de Bruxelles vis-à-vis du Mali et la Transition ?

J’ai toujours eu des relations très courtoises, très positives, avec les Maliens. Nous n’avons pas tellement d’instructions de Bruxelles. On nous demande de faire l’analyse, de coordonner avec nos États membres et chercher des solutions. Depuis que je suis là, j’ai toujours cherché à être à l’écoute des autorités maliennes. Mais aussi et surtout à l’écoute de la société civile (les jeunes, les associations de femmes) et des partis politiques. Notre rôle, je le rappelle, n’est pas de prescrire, mais de faire partie de la solution. Et d’offrir un cadre de la médiation pour trouver des solutions aux problèmes. Nous n’avons pas la capacité de trouver des solutions à la place des Maliens. Ce sont les Maliens qui doivent trouver un cadre politique pour sortir de la crise actuelle. Et cette crise, elle est profonde. Je crois que tout le monde le sait. C’est une crise sociétale, comme je le disais tantôt. Si on veut contribuer au développement du pays, il faut absolument renforcer l’enseignement. Je ne connais pas un seul Malien qui conteste la crise actuelle de l’enseignement. D’ailleurs, j’ai eu un entretien il y a quelques jours avec la ministre de l’Éducation et nous travaillons ensemble là-dessus.

Quel souvenir garderez-vous du Mali ?

J’ai vécu ici avec mon épouse, qui m’a accompagné tout au long de ce périple de quatre ans. Je garde beaucoup de souvenirs des rencontres avec les Maliens. C’est mon troisième pays africain et c’est probablement celui qui, en termes de richesse culturelle, a le plus de profondeur, parce qu’il a une tradition culturelle millénaire et très riche. Ça m’a beaucoup marqué. Et puis le Malien est quelqu’un qui a une grande culture d’accueil et de générosité envers l’étranger. J’ai beaucoup profité de cela. C’est pourquoi j’ai toujours tenu à communiquer sur tout ce qui va bien dans le pays, sur son potentiel par exemple en matière de beautés naturelles et de richesse de sa culture. C’est une manière de rappeler aux Maliens, qui parfois sont confrontés dans leur quotidien à d’énormes problèmes, que leur pays regorge de potentialités. Au quotidien on a tendance à beaucoup se focaliser sur les problèmes, mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a de bien dans le pays.

MINUSMA : 10 ans après, à la croisée des chemins

Le 25 avril 2013, quand le Conseil de sécurité de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 2100 créant la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma), il misait sur un retour rapide à la paix dans un pays en proie à une instabilité sans précédent. 10 ans après, la Minusma est toujours présente, soumise aux multiples évolutions d’une crise à rebondissements qui, à bien des égards, ont fini par impacter son efficacité. Entre avancées et doutes, retour sur une décennie de présence onusienne au Mali.

L’histoire entre la Mission onusienne et le Mali pourrait se résumer aujourd’hui à celle d’un couple au bord du divorce. Le grand amour des débuts d’un « mariage en grande pompe » s’est dissipé au fil des années, sur fond de malentendus qui ont fini par faire voler en éclats la confiance mutuelle. Résultat, après 10 ans de chemin commun, jamais les deux partenaires n’ont autant frôlé la séparation. Renouvellement du mandat en juin dernier sur fond d’incompréhensions entre le gouvernement malien et le Conseil de sécurité, restrictions de la liberté de déplacement de la Mission sur le territoire national, contestations publiques des rapports à la tribune des Nations unies, entre autres.

D’ailleurs, une certaine opinion publique malienne favorable à un départ pur et simple de la Mission onusienne du Mali n’a cessé de se faire entendre ces dernières années, même si elle contraste avec le soutien que continue de lui apporter une partie des populations du Nord auprès de laquelle la Minusma intervient principalement, notamment à Gao ou à Tombouctou.

Le Mouvement Yèrewolo Debout sur les Remparts, après sa lettre adressée en août 2022 aux responsables de la Mission et d’autres petites actions menées, entend hausser le ton lors d’un meeting ce 28 avril 2023. Le slogan demeure le même, « Minusma dégage ! ».

L’analyse, par ailleurs, des résultats de l’enquête d’opinion « Mali-Mètre 2022 » de la Fondation Friedrich Ebert montrait que plus de la moitié de la population malienne n’était pas satisfaite de la Minusma, avec « 14% plutôt insatisfaits et 45% très insatisfaits ».

Un bilan « mitigé » 

La Minusma est poussée vers la sortie par certains Maliens et doit aujourd’hui faire avec les restrictions de mouvements imposées par les autorités de la Transition. Environ 24,1% des autorisations de vols d’hélicoptères et drones ont été récemment refusées. Le gouvernement l’impute au non-respect des procédures convenues. Elle aura pourtant réussi durant cette décennie de présence dans le pays à atteindre des résultats.

« Pour moi, le bilan n’est pas négatif. Quand on parle de la Minusma, il ne faut pas seulement voir le volet sécuritaire. Il y a d’autres volets, comme le politique, le judiciaire, l’humanitaire, entre autres », soutient Abdoulaye Tamboura. Pour ce géopolitologue, le bilan de la Mission onusienne au Mali durant ces dix dernières années est plutôt mitigé. Si certains Maliens estiment qu’il est négatif, ce n’est pas le cas des acteurs de la Minusma, même si beaucoup reste à faire. Le sentiment d’insatisfaction des populations maliennes vis-à-vis de la Minusma, explique-t-il, est lié à son mandat, jugé non adapté mais qu’elle ne peut pas outrepasser.

Hamadoun Touré, ancien ministre et ancien Porte-parole de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) abonde dans le même sens. « Ce qui est fait dans le bilan de la Minusma ne correspond pas avec ce qui était attendu de la part des populations maliennes. Ces dernières pensaient que la Minusma allait venir tout régler, remettre juste les  clés du Mali au Maliens et partir, ce qui ne s’est pas passé durant ces 10 ans », glisse-t-il. Les deux  analystes s’accordent sur un  acquis important à mettre à l’actif de la Mission onusienne : la fin de la belligérance entre l’État malien et les ex-rebelles. En effet, depuis le cessez-le feu de 2014, les armes ont été mises de côté pour laisser une chance à l’Accord pour la paix signé en 2015, même si celui est de plus en plus fragile ces dernières semaines.

Pour la Porte-parole de la Minusma, Fatoumata Sinkou Kaba, le bilan de ces 10 ans de  présence au Mali est positif sous l’angle de la mise en œuvre des mandats successifs, malgré « une conjoncture internationale défavorable, avec des ressources humaines et financières de plus en plus réduites pour répondre aux besoins de plusieurs foyers de tension ».

« La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation a permis de stabiliser les régions du Nord. Il demeure l’instrument par excellence pour le retour de la paix au Mali. Aujourd’hui, dans des villes comme Gao et Tombouctou, les habitants jouissent à nouveau de leur liberté de circulation, y compris au-delà, notamment les jours où des foires hebdomadaires se tiennent dans les localités environnantes. La reprise du commerce est un signe d’un retour relatif de la paix », argue-t-elle. Outre cet aspect, la nouvelle Porte-parole liste les réalisations de la structure, qu’elle a rejointe en février dernier, en remplacement du Français Olivier Sagaldo, expulsé du Mali quelques mois plus tôt.

Réduction des violences entre communautés au Centre du Mali, sécurisation des routes principales, notamment la RN15, revitalisation des Commissions foncières (COFO) dans les régions du Centre pour réduire les violences liées au foncier, mise en œuvre de projets à impact rapide et d’autres, plus structurants, financés à travers le Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali, formation des Forces de défense et de sécurité maliennes… La liste est loin d’être exhaustive.

Avenir fragilisé ?

À deux mois d’un éventuel renouvellement de son mandat pour une année supplémentaire, difficile de prévoir la durée de vie restante de la Minusma. Autant les signaux d’une « mort programmée » de la Mission onusienne sont réunis depuis quelques mois, autant, les différentes parties (l’État malien et le Conseil de sécurité des Nations Unies) ne semblent pas prêtes à « l’enterrer ».

Mais le retrait des forces internationales, qui avaient contribué à la protection des camps et des secteurs, et le fait que les moyens aériens critiques prévus dans le plan d’adaptation de la force « continuent de faire défaut », ainsi que les « restrictions non déclarées » font débat. À cela il faut ajouter le retrait imminent de plusieurs pays contributeurs, dont l’Allemagne, la Côte d’Ivoire, le Bénin ou encore l’Égypte, qui a suspendu sa participation. Dans un récent  rapport soumis au Conseil de sécurité pour un examen interne de la Minusma, le Secrétaire général António Guterres fait trois propositions pour une reconfiguration future de la Mission. Selon le document, la première consiste à augmenter les capacités (Soit environ 2 000 ou 3 680 membres du personnel en tenue supplémentaires), de manière à permettre à la Mission d’exécuter son mandat dans son intégralité dans tous les secteurs où elle est déployée.

La seconde veut continuer de se concentrer sur les priorités stratégiques, avec une présence consolidée pour soutenir les priorités actuellement prescrites dans le mandat de la Mission ou alors dans les limites de l’effectif maximum autorisé, l’accent étant mis principalement sur le soutien à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Enfin, la troisième proposition, plus drastique que les deux premières : retirer les unités en tenue et transformer la Mission en mission politique spéciale, parce que « l’élargissement du mandat de la MINUSMA en 2019, sans que des capacités supplémentaires lui soient accordées, a mis la Mission à rude épreuve. La situation actuelle est intenable », alerte  António Guterres.

« En l’absence d’une composante Personnel en tenue, la Mission ne serait pas en mesure de maintenir une présence civile hors de Bamako, en raison des menaces asymétriques. Elle consoliderait en conséquence sa présence à Bamako et pourrait continuer d’apporter son soutien au dialogue politique et à la réconciliation, au renforcement des capacités de gouvernance et à la surveillance, à la promotion et à la protection des droits humains et encourager le rétablissement de l’autorité de l’État », explique le Secrétaire général.

Une telle reconfiguration pourrait bien permettre à la Minusma d’échapper à sa perception par les populations de « force d’occupation », résultat selon l’ancien porte-parole de l’Onuci, Hamadoun Touré, de sa longue durée, « ennemie de toute mission de paix ».

Gouvernement – Groupe armés : jusqu’où ira la discorde ?

Le survol de Kidal, en milieu de semaine dernière, par des avions de l’armée malienne a exacerbé les tensions entre différentes parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Alors que la médiation internationale tente de trouver une voie pour la reprise du dialogue, le gouvernement malien et les groupes armés signataires campent sur leurs positions.

Que serait-il advenu ce 5 avril 2023 si, depuis le ciel du Septentrion malien, l’armée de l’air avait répondu aux tirs de sommation des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en direction des avions de chasse qui ont survolé à basse altitude, selon plusieurs sources, certaines villes du nord dont Kidal ? Il n’en a en tout cas pas fallu plus pour que les ex-rebelles crient à une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale, garante des arrangements sécuritaires et de l’Accord pour la paix ».

À cette accusation à peine voilée les autorités de la Transition n’ont jusque-là officiellement pas réagi. Selon nos informations, elles ne souhaitent pas communiquer pour l’heure sur cette situation. Nos tentatives auprès de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) pour plus d’informations sur l’opération de survol et les moyens mobilisés n’ont pas abouti.

Reprise des combats ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation en lui-même est vacillant depuis des mois. En décembre 2022, les représentants des groupes armés signataires, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement  (CSP-CSD) ont suspendu leur participation aux mécanismes de sa mise en œuvre.

Les différentes tentatives de la médiation internationale (Rencontre à Kidal avec les groupes armés, rencontre des groupes armés à Alger avec le Président algérien, réunion de la médiation à Bamako avec l’ensemble des parties…) pour que les différentes parties signataires reprennent le dialogue n’ont visiblement pas porté fruit.

Dans ce contexte, le récent « incident » de Kidal fait craindre à certains observateurs une nouvelle poussée de température entre le gouvernement du Mali et les mouvements armés, sans exclure une montée des tensions aboutissant à une reprise des combats armées entre les deux camps près d’une décennie après la fin des confrontations. Le 6 avril, sur les réseaux sociaux, des photos d’armes antiaériennes aux mains des mouvements signataires ont circulé lors de la célébration de l’unilatérale « indépendance » de l’Azawad. Une réponse, selon certains, au survol.

Mais, à en croire Dr. Aly Tounkara, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel, un tel scénario est peu probable. « Quand on regarde depuis trois mois de part et d’autre les différentes déclarations qui sont faites çà et là, tout laisse entendre que des velléités sécessionnistes pourraient difficilement être déclenchées de nouveau, au regard de l’intérêt, en dépit de ces agissements, que les deux parties manifestent vis-à-vis des débuts d’accalmie que l’Accord a pu quand même instaurer entre elles depuis des années ».

Sauver l’Accord

La médiation internationale, garante du suivi de l’Accord depuis sa signature en 2015, tente de le sauver. D’ailleurs, le gouvernement de transition a toujours réitéré son attachement et son engagement à une mise en œuvre « intelligente » de l’Accord. Même s’ils semblent ne pas s’accorder sur les mêmes priorités que les autorités, les groupes armés signataires, de leur côté, restent également disposés à aller vers sa mise en œuvre.

Mais aucune des deux parties n’a pour l’heure réagi aux nouvelles « propositions concrètes » que la médiation internationale a indiqué leur avoir fait, dans un communiqué en date du 9 avril 2023. « Nous sommes en train d’étudier et de nous concerter sur ces propositions avant d’y répondre », nous a indiqué une source au sein des groupes armés qui n’a pas souhaité détailler les propositions en question.

Toutefois, selon certaines sources, il s’agirait, entre autres, de l’opérationnalisation de la Commission ad hoc sur la chaîne de commandement des forces reconstituées, d’un début de l’opération DDR sur un premier lot de 13 000 ex-combattants et de la mise à jour des arrangements sécuritaires sur le cessez-le-feu. La médiation internationale veut aller vite. Selon nos informations, elle envisage de rencontrer le gouvernement le 17 avril, avant d’élargir les discussions aux groupes armés signataires une semaine plus tard, à partir du 24.

Accord pour la paix : bientôt le point de rupture ?

Des avions de chasse de l’armée malienne ont survolé ce mercredi Ber, Amassine, Anafis et Kidal dans le nord du pays. Dans une vidéo amateur qui circule depuis le début de l’après-midi, on entend des tirs qui visaient visiblement l’avion. La coordination des mouvements de l’Azawad, a rapidement publié un communiqué. Dans le document, la CMA dit prendre cette « malheureuse aventure comme une violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale garant des arrangements sécuritaires et de l’accord pour la paix ».  Ce nouvel épisode intervient alors que le processus de mise en œuvre de l’accord est bloqué. Les groupes signataires de l’accord réunis au sein du CSP ont suspendu leur participation en décembre 2022. L’incident survient également la veille de la déclaration de la prétendue « indépendance » de l’Azawad. Les autorités de la transition n’ont pas encore réagi.

Emanuela Del Re : « l’Union européenne veut rester un partenaire important pour le Mali »

La Représentante  spéciale de l’Union Européenne au Sahel était en visite au Mali du 12 au 15 mars 2023. À la fin de son séjour, durant lequel elle a rencontré plusieurs acteurs (Gouvernement, politiques, groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, médiation internationale…), elle s’est confiée  à Journal du Mali dans cet entretien exclusif.

Vous venez de terminer votre visite au Mali. Quel en était l’objectif ?

Ce n’est pas ma première visite au Mali. J’ai été ici plusieurs fois avant et j’ai rencontré plusieurs fois, pas seulement les autorités, mais aussi la société civile, les représentants des partis politiques et des mouvements du Nord. Cette fois, c’est particulièrement important parce que, comme vous le savez, l’Union Européenne, qui reste toujours à côté de la population malienne, veut reconfirmer son intention de rester un partenaire important pour le Mali. Je suis heureuse de dire que cela a été reconfirmé aussi par le ministre, que j’ai rencontré, ainsi que notre collaboration essentielle, surtout sur les questions pas seulement nationales mais aussi régionales.

Vous vous êtes imprégnée de la situation au Mali avec les différents acteurs sur le terrain. Quelles sont vos impressions finales sur cette situation globale?

Je peux dire que je connais déjà très bien la situation au Mali. Et je peux dire qu’à chaque fois j’ai l’opportunité, et c’est pour cela d’ailleurs que j’aime beaucoup être ici, directement dans le pays, d’apprendre un peu mieux ce qui se passe, parce que la situation ne change pas. Sur le plan sécurité, bien sûr, la situation est très grave, on le sait. On sait que les terroristes s’organisent au Nord et qu’il y a d’énormes problèmes de criminalité. C’est vraiment une situation qui a un très grave impact sur la population. C’est pour cela que l’Union Européenne est à côté de la population avec des projets qui peuvent garantir pas seulement la survie mais aussi le développement. Nous avons  à peu près 900 millions d’euros de projets pour le pays .Cela veut dire que nous sommes vraiment présents et notre activité a un impact énorme sur la situation économique, sociale, sécuritaire et surtout humanitaire. Je dois dire que nous sommes conscients de tous les problèmes et que nous comprenons très bien ce que traverse la population. Nous avons la volonté de rester partenaires du Mali. Je suis fière de dire que notre action a un résultat important.

L’UE dénonce la présence du groupe Wagner depuis près de deux ans au Mali, alors que le gouvernement la conteste. Est-ce que cela impacte sa coopération avec pays sur le plan sécuritaire et, dans d’autres domaines, où s’étend cette coopération ?

Nous avons dit à plusieurs reprises que pour nous, le choix d’appeler Wagner n’était pas un choix acceptable. En même temps, nous avons la volonté de rester à côté des populations maliennes. Cela veut dire que, pour nous, c’est important de continuer notre action, de surtout accompagner le Mali dans un processus d’appropriation. Notre rêve est de voir les FAMa, que nous avons aidées pendant beaucoup d’années, car nous avons entrainé plus de 18 000 soldats des FAMa à travers l’EUTM, combattre les terroristes et obtenir des résultats forts sur le plan sécuritaire.

L’EUTM va-t-elle poursuivre sa mission dans le pays ?

Pour le moment, comme vous le savez, cette mission a été réduite et il y aura d’autres changements. Pour toute autre décision concernant cette mission sur le territoire malien, nous attendons la fin de la Transition et les élections pour voir ce qui se passera avec le gouvernement élu, avec l’opportunité de discuter et de réviser notre présence ici et de voir s’il est possible de continuer certaines activités ou non.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024?

Nous espérons que le chronogramme va être respecté. Nous avons aussi  la volonté d’y contribuer, avec un appui financier au processus électoral, pour garantir que les institutions nécessaires soient mises en place et qu’il y a la possibilité de faire des élections libres dans une atmosphère constructive. Bien sûr, les décisions de report sont toujours un petit problème. S’il y a encore une prolongation de l’attente de la part des populations, c’est toujours quelque chose qui peut créer d’autres problèmes. Les autorités maintiennent leur attachement à rester dans le délai imparti, mais nous ne savons pas encore si cela sera vraiment traduit en réalité. Mais, pour nous, c’est important de montrer qu’il y a une volonté de retourner à l’ordre constitutionnel.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation bloque depuis quelques mois. Vous venez de rencontrer les différents acteurs (groupes armés signataires et partie gouvernementale). Comment la médiation internationale compte-t-elle relancer le processus ?

Le 13 mars, pour vous dire que les choses avancent, nous avons eu une réunion de la médiation internationale au siège de la MINUSMA, à laquelle ont participé tous les acteurs, l’Union européenne, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Algérie, etc.  Cette réunion était très importante parce que nous avons eu l’opportunité de nous exprimer librement. J’ai parlé de la nécessité d’avoir plus de femmes dans le processus et de celle de faire marcher les commissions. Il y a la volonté de voir le processus avancer. Il y a eu la proposition de faire une autre réunion ministérielle. J’ai discuté avec les représentants des groupes armés signataires et ils m’ont dit qu’ils ont la volonté d’avancer. La volonté est là et la médiation internationale a l’intention de faire ce qu’elle doit faire : faciliter le processus, parce que nous ne pouvons pas imposer.

Doit-on s’attendre à la tenue prochaine d’une réunion du CSA ?

Nous avons évoqué cela. Je pense qu’ils vont décider de cela bientôt et j’espère qu’il y aura une grande participation. Comme je le dis, les propositions sont là, ainsi que l’énergie et la volonté. Les différents acteurs doivent trouver des compromis et des formules pour avancer dans le processus. Je crois que tous les ingrédients sont réunis et nous, en tant que médiation internationale, nous espérons pouvoir faciliter les choses.

Accord pour la paix : le président algérien reçoit les représentants des groupes armés signataires

Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche à Alger les chefs et les représentants des groupes armés signataires de l’accord pour la Paix dont l’Algérie est garante et qui patine depuis plusieurs années.

L’audience s’est déroulée au siège de la Présidence de la République en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra et du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Abdelaziz Khellaf. Se félicitant du rôle que joue l’Algérie dans « la résolution des problèmes au Mali », le porte-parole de la délégation a indiqué que la rencontre avait permis de souligner l’engagement ferme de l’Algérie en faveur d’une « nouvelle dynamique de paix dans la région ». La CMA dans un communiqué a dit avoir évoqué ses attentes et ses priorités, et élaboré «des pistes de solutions pouvant aider à sortir de l’impasse et du statu quo actuel». Fin décembre 2022, les groupes armés signataires ont suspendu leurs participation au processus de mise en œuvre et de suivi de l’accord. Ils réclament entre autres la tenue d’une réunion en terrain neutre pour statuer sur l’avenir de l’accord. Les autorités de la transition rejettent l’idée d’une réunion hors du Mali.

Sécurité : les groupes armés de la CMA fusionnent

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad, les trois groupes armés regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), viennent de fusionner en une seule entité politique et militaire.

La cérémonie de signature de la déclaration consacrant cette fusion s’est déroulée hier mercredi 8 février au stade Mano Dayak de Kidal en présence des responsables des mouvements.

Pour concrétiser cette nouvelle étape selon le directoire de la CMA, les trois mouvements ont décidé de mettre en place un comité technique chargé des modalités pratiques de la fusion, et d’organiser dans les meilleurs délais un congrès qui fixera les orientations et mettra en place les organes de la nouvelle organisation.

En attendant l’aboutissement du processus, le Bureau exécutif de la CMA continuera la gestion des affaires de la Coordination, précise la déclaration qui invite par ailleurs les autres mouvements à se joindre à l’initiative d’union.

Si cette fusion des trois mouvements de la CMA répond, selon ses initiateurs au besoin d’union face aux défis pour parvenir au bien-être socio-politique et celle de l’amélioration de la situation sécuritaire dégradante dans la zone, elle devrait également donner plus d’épaisseur à la CMA face au gouvernement dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 issu du processus d’Alger.

La CMA et d’autres groupes réunis au sein du CSP ont suspendu depuis le 21 décembre 2022 leur participation au sein des mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue d’une réunion avec la Médiation Internationale en terrain neutre.

Ces groupes envisagent de lancer le 20 février prochain, une grande opération de sécurisation des populations des régions du Nord.

Accord pour la paix : des mouvements armés signataires suspendent leur participation

Les 20 et 21 décembre, les groupes armés signataires de l’accord pour la paix réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) ont tenu une série de rencontres qui ont pris fin ce mercredi. La décision prise est sans appel : les membres du Cadre ont annoncé à « l’unanimité » dans le communiqué final de la réunion, la suspension de leur participation au sein des mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’APR jusqu’à la tenue d’une réunion avec la Médiation internationale en terrain neutre, « afin de statuer sur l’ Accord ».La cause ? Le CSP-PSD dit « regretter l’absence persistance de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé depuis 2015 et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionnés des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

Une demande de réunion déjà formulée le 10 décembre dans une lettre du président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) envoyée au ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. La Médiation internationale dont l’Algérie assure la présidence avait appelé le 14 décembre dernier les parties à s’abstenir de toute déclaration qui risque de porter atteinte aux efforts inlassables d’instaurer un climat de confiance et à reprendre les travaux du comité de suivi de l’accord dont la dernière session avait été suspendue le 29 novembre dernier.

Dans le communiqué rendu public ce jeudi, il est indiqué que Fahad Ag Almahmoud a été remplacé par Alghabass Ag Intalla. Il sera pour un an, à la tête d’un bureau exécutif, d’une commission de réconciliation et d’une autre dédiée aux Affaires religieuses.

Sur le plan humanitaire, l’un des trois motifs de la rencontre, les groupes armés font savoir que la situation sécuritaire engendre « une crise humanitaire sans précèdent » dans les régions du Nord. Tout en annonçant prendre « des dispositions idoines pour la sécurisation des personnes et leurs biens victimes d’une barbarie sans précédent des forces du mal », la coalition a lancé un SOS à toutes les organisations humanitaires pour venir en aide aux populations en détresse.

Nouvelle Constitution : des innovations adaptées aux réalités du Mali ?

L’avant-projet de nouvelle Constitution a été remis au Président de la Transition le 11 octobre 2022. Ce texte, qui sera soumis à référendum en mars 2023, contient des innovations majeures par rapport à l’actuelle Constitution, celle du 25 février 1992, et suscite des interrogations.

Parmi les nouveautés contenues dans l’avant-projet de nouvelle Constitution, le Président de la République, qui peut subir une procédure de destitution, détermine désormais la politique de la Nation et non plus le gouvernement. L’Assemblée nationale ne peut donc plus renverser le gouvernement, dont les membres, quelle que soit leur dénomination, sont limités à 29. Et le Président de la République ne peut plus dissoudre l’Assemblée nationale.

La Haute Cour de justice et le Haut Conseil des Collectivités sont supprimés, tandis que l’avant-projet consacre la création de la Cour des comptes et une modification du Conseil économique et social, auquel s’ajoute l’environnement. Le Parlement devient bicaméral, avec la création d’une deuxième chambre, le Haut Conseil de la Nation (HCN).

« Je pense que cet avant-projet de nouvelle Constitution s’inscrit dans une dynamique de réadaptation du texte à la réalité socio-politique évolutive. Les réalités sociales du Mali ont évolué ces dix dernières années, sous les auspices de la crise du Nord et du Centre », note l’analyste politique Ballan Diakité.

Mais, pour le Professeur Fousseyni Doumbia, constitutionnaliste et Secrétaire général de l’Association malienne de droit constitutionnel, les différentes innovations contenues dans l’avant-projet de nouvelle Constitution ne sont pas « refondatrices » et la Commission de rédaction n’a apporté « quasiment rien de nouveau », n’ayant fait que capitaliser les différentes tentatives de révision constitutionnelle.

« La refondation suppose la matérialisation de réformes en profondeur de la Constitution, substantielles, audacieuses et radicales de la norme fondamentale. Elle suppose également qu’on touche à certaines lignes rouges que le pouvoir de révision ne peut pas toucher, qu’on change soit la nature du régime politique soit la forme de l’État, mais aucun changement n’a été apporté dans ces éléments substantiels de la Loi suprême », relève-t-il.

Risque de destitution « inopérante »

En plus d’un Parlement à double chambre, qui s’aligne sur le modèle anglo-saxon effectif dans plusieurs pays du continent, la procédure de destitution du Président de la République par le Parlement est l’une des innovations-phares de l’avant-projet de nouvelle Constitution.

Toutefois, selon le Professeur Fousseyni Doumbia, cette destitution du Président de la République restera également « inopérante, comme elle l’a été devant la Haute Cour de justice ». « Le Président aura la mainmise sur l’Assemblée nationale et le Haut Conseil de la Nation, où il nommera /4 des conseillers, qui seront naturellement dévoués à sa cause », craint-il, préconisant plutôt un renforcement des mécanismes de démocratie directe pour la destitution du Président de la République. « Le cas échéant, à travers notamment des moyens de référendum révocatoire ou de pétitions populaires pour mettre en accusation le chef de l’État, à l’image de certaines démocraties contemporaines ».

Si, selon lui, le mécanisme prévu dans l’avant-projet risque de ne pas marcher, Ballan Diakité juge pour sa part nécessaire cette disposition, pour « renforcer davantage le principe de l’équilibre des pouvoirs ». « Il fallait le faire, puisqu’on ne peut pas dire que le peuple est souverain et en même temps permettre qu’une personne que ce peuple a élue ait des super pouvoirs et soit inarrêtable », analyse M. Diakité.

Panacée pour l’Accord pour la paix ?

L’avant-projet de nouvelle Constitution prend en compte certaines dispositions de l’Accord pour la paix de 2015 issu du processus d’Alger, notamment, entre autres, la création d’une seconde chambre au Parlement, la reconnaissance des chefferies traditionnelles et les mécanismes de distribution traditionnelles de la justice. Mais, selon les observateurs, la nouvelle Constitution ne garantira pas à elle seule une application effective et intégrale de cet Accord.

« Il y aura toujours d’éventuels problèmes d’application effective de l’Accord, parce que cela ne tenait pas seulement à la révision ou à l’élaboration d’une nouvelle Constitution, cela va mais bien au-delà. Il revient aux décideurs de voir quelle adéquation trouver avec la nouvelle Constitution », souligne Ballan Diakité.

Accord pour la paix : l’ONU renouvelle ses sanctions contre les personnes soupçonnées d’être une entrave à son application

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé hier mardi 30 août 2022 ces sanctions prises en l’encontre des individus et entités soupçonnées d’être une entrave à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. 

Les personnes sanctionnées sont 8 au total: Il s’agit de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, membre du CNT Ahmoudou Ag Asriw et Mahamadou Ag Rhissa du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, Mohamed Ould Mataly ex-député RPM, Mahri Sidi Amar Ben Daha  alias Yoro Ould Daha; Mohamed Ben Ahmed Mahri  alias Rougi; Houka Houka Ag Alhousseini et d’Ahmed Ag Albachar. Ces personnes sont interdites de voyager à l’extérieur du Mali, leurs avoirs sont gelés et les organisations ont l’interdiction de leur apporter du soutien. Il a été renouvelé pour une année soit jusqu’au 31 août 2023. Les 15 membres du Conseil ont également prolongé jusqu’au 30 septembre 2023 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions, ainsi que la demande d’encourager la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à assister le groupe. Sur demande du Conseil de sécurité, le Groupe d’experts doit présenter un rapport à mi-parcours le 28 février 2023 et un rapport final avant la date limite du 15 août 2023. Le Mali qui a demandé une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU le 15 août dernier sur ses accusations portées contre la France, notamment de soutien contre le terrorisme n’a toujours pas encore reçu de réponse quant à une éventuelle tenue de cette réunion.

Accord pour la paix : intégration de 26 000 ex-combattants à l’horizon 2024

Après cinq jours d’intenses débats et d’échanges, la réunion de niveau décisionnel des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, démarrée le lundi 1er août 2022 à Bamako, a clos ses travaux ce vendredi 5 août 2022.  Parmi les conclusions de cette réunion notamment, l’intégration de 26 000 ex-combattants d’ici fin 2024.

Réunissant les parties signataires, la Médiation internationale et la Communauté internationale autour du Comité de suivi de l’Accord (CSA), elle a permis aux participants d’aborder les questions qui fâchent et qui entravent la mise en œuvre efficiente de l’Accord pour la paix, issu du processus d’Alger. Après cinq jours de travaux, plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de la réunion notamment l’intégration de 26 000 ex-combattants d’ici fin 2024.

 

Cette réunion de 5 jours qui se veut historique a été également l’occasion de marquer un pas décisif  vers le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix.

Pour le Premier ministre Choguel Maïga, chaque effort consenti pour la paix est gage de cohésion. Raison pour laquelle cette réunion selon lui, est le symbole d’une aube nouvelle qui s’ouvre pour le Mali.

Après des mois de préparation et d’engagement de toutes les parties, cette réunion de niveau décisionnel des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, s’est bien tenue et a permis aux parties de s’accorder sur des points essentiels de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

Réunion de niveau décisionnel : une relance de l’Accord pour la paix ?

Alors que le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, dont le pays est le chef de file de la médiation internationale de suivi de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a appelé le 31 juillet à l’application de cet accord, issu du processus d’Alger, les parties maliennes (gouvernement et groupés armés signataires) tiennent une Réunion de niveau décisionnel (RND)  du 1er au 5 août 2022 à Bamako. De quoi présager d’une reprise de sa mise en œuvre ?

Sept ans que la mise en œuvre de l’Accord tâtonne. La médiation internationale de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger s’inquiète. Dimanche dernier, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a expliqué dans la presse algérienne que « tant que l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger n’a pas été mis en œuvre, les problèmes auxquels est confronté le Mali perdureront, car le pourrissement de la situation est tel que n’importe qui s’arroge le droit de s’immiscer dans les affaires de ce pays ». Une situation déjà déplorée le 17 juillet dernier par les groupes signataires de l’Accord de 2015 à l’issue d’une réunion à Kidal. Selon eux, l’Accord est à l’arrêt depuis le coup d’État d’août 2020.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé cette semaine une réunion de niveau décisionnel. Tenue pour la deuxième fois après celle des 8 et 9 février 2021, elle a pour « objectif global de diligenter la mise en œuvre des actions prioritaires de défense et sécurité de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, conformément à la Feuille de route actualisée du 18 décembre 2020 », annonce le ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, le Colonel-major Ismaël Wagué.

« Questions superficielles »

Elle vise également à déboucher sur des solutions visant à redynamiser la mise en œuvre de l’Accord, à créer les conditions nécessaires pour entamer le Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) global et à s’accorder sur certaines réformes politiques et institutionnelles.

« Pour ce faire, nous procèderons aux discussions relatives à la répartition des quotas pour l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’État, y compris au sein des forces armées et de sécurité, au mécanisme de gestion du cas des hauts cadres civils et militaires des mouvements et, enfin, à convenir des réformes politiques et institutionnelles non liées à la révision constitutionnelle », explique-t-il.

Les groupes armés abordent dans le même sens. Pour Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), « la paix, ce n’est pas que sur le papier, ça se construit. Pendant sept ans nous avons beaucoup discuté sur des questions superficielles ou de surface, mais là c’est l’occasion pour nous tous d’évoquer les véritables enjeux ».

De même, Fahad Ag Almahmoud, Président de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 et Secrétaire général du groupe d’autodéfense Gatia, engagé depuis mars 2022 dans une lutte contre le groupe terroriste État Islamique dans la région de Ménaka, trouve qu’il y a « urgence que les acteurs de l’Accord se donnent la main pour faire face à ce phénomène, qui s’intensifie au nord et partout dans le pays ».

Ce mécanisme, selon l’analyste politico-sécuritaire Jean-François Camara, pourrait faire figure de relance de la mise en œuvre de l’Accord. Mais « pour quelle soit totale  il faut une relecture de l’accord. Ce que doivent accepter les groupes armés, car lors de sa signature le Mali n’était pas en position de force, ce qui a changé à présent. S’ils accordent sur ces changements, on assistera à une véritable relance de la mise en route de l’Accord », assure-t-il.

Depuis sa signature, en 2015, il y a eu 45 réunions du Comité de suivi de l’Accord (CSA) qui n’ont pas réussi à apporter des résultats probants. Cette Réunion de niveau décisionnel, qui prend fin ce vendredi, sera-t-elle la bonne ? « Nous l’espérons une fois pour toute », plaide le chef de file de la médiation internationale, El-Haouès Riache.

Accord pour la paix : ouverture d’une réunion de niveau décisionnel

Ce lundi 1 août 2022, s’est ouvert la réunion de niveau décisionnel des parties signataires à l’Accord pour la paix et la réconciliation. Cette rencontre qui prendra fin le 5 aout prochain a pour objectif global de diligenter la mise en œuvre des actions prioritaires de défense et sécurité de l’Accord pour la Paix, conformément à la feuille de route actualisée du 18 Décembre 2020.

La tenue d’une réunion de haut niveau entre le gouvernement et les groupes armés signataires doit lancer le redémarrage de la réintégration socio-économique de catégories particulières d’ex-combattants et de femmes associées aux groupes armés, désignés dans les cinq régions du nord. Cette réunion devrait aussi aboutir à un consensus sur les réformes politiques et institutionnelles en suspens. « Pour ce faire, nous procèderons aux discussions relatives à la répartition des quotas à l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité, au mécanisme de gestion du cas des hauts cadres civil et militaires des mouvements et enfin, de convenir des réformes politiques et institutionnelles non liées à la révision constitutionnelle » a annoncé le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale, le Colonel-major Ismaël Wagué.

Sept ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation dont la mise en œuvre patine, les groupes armés signataires, eux, appellent à plus d’engagement. Le représentant de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a souhaité que cette réunion permette d’avancer réellement sur les véritables enjeux.

Les différents partenaires du processus dont la MINUSMA ou encore le chef de file de la médiation internationale souhaitent un plus grand engagement des signataires pour maintenir les acquis et booster la mise en œuvre de l’accord.

La médiation internationale au Mali insiste, sur l’impératif d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, essentielle pour la stabilisation durable du Mali et la refondation de l’État malien.

 

 

 

 

 

Mali : la solution à la crise passe par la mise en œuvre de l’accord pour la paix selon l’Algérie

Lors de sa rencontre périodique avec la presse algérienne, diffusée dimanche sur les chaînes de télévision et les stations radio nationales, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé que le règlement des problèmes auxquels fait face le Mali passait par la mise en œuvre de l’accord pour la paix. « Tant que l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger n’a pas été mis en œuvre, les problèmes auxquels est confronté le Mali perdureront, car le pourrissement de la situation est tel que n’importe qui s’arroge le droit de s’immiscer dans les affaires de ce pays », a souligné le Président Tebboune. Il a aussi exprimé la disponibilité de l’Algérie à apporter son assistance matérielle et à organiser des rencontres en Algérie ou au Mali entre belligérants maliens. Le président algérien a selon une traduction émise par Algérie Presse Service appelé les dirigeants de la transition, à « se conformer à la Légalité, redonner la parole au peuple, organiser des élections, retourner à la Constitution et à ne pas laisser les circonstances politiques exceptionnelles actuelles perdurer », mettant en garde contre le fait que leur pays « est convoité par d’autres pays ».

Kidal : Un CSA de haut niveau le 17 septembre ?

La prochaine session du Comité de suivi de l’Accord (CSA) pourrait se tenir à Kidal. Prévue pour le 17 septembre, cette réunion de haut niveau, à laquelle participeront le ministre algérien des Affaires étrangères et son homologue malien, sera une première depuis la signature de l’Accord pour la paix, en 2015.

Le 17 septembre prochain, la ville de Kidal pourrait acceuillir la 38ème session du Comité de suivi de l’Accord. Une réunion de haut niveau qui verra la participation des ministres des Affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie et du Mali. Le porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Mossa Ag Attaher, est confiant. « Nous avons prévu de tenir la prochaine session du CSA à Kidal, pour la délocaliser et amener tous les acteurs et la communauté internationale à voir les réalités sur place. Elle devait se tenir le 9 septembre, mais elle a été repoussée, normalement au 17 ». Même si le Président du CSA reste prudent quant au lieu, tout porte à croire que la rencontre pourrait bien se tenir dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. « Rien n’est encore définitivement décidé. Il y a plusieurs propositions à l’étude. Cela peut être Bamako ou ailleurs. Pour l’instant rien n’est tranché », souligne Ahmed Boutache. La délocalisation d’une session du CSA à Kidal, avec le cortège d’acteurs qui en sont membres et les hautes personnalités qui y participent, peut être plus qu’un symbole. La région échappe depuis plusieurs années à l’État et de plus en plus devient source de discordes. « C’est une innovation qu’on veut apporter, pour que les ambassadeurs et les autres personnalités aillent voir ce qui se passe sur le terrain. L’objectif est de voir de plus près les réalités. Les symboles de l’État dont parlait Tiebilé, il va les voir ». Mais, « si on veut vraiment les symboles qui représentent un État, il faut créer les services de l’État qui préserveront ces symboles » ajoute Mossa Ag Attaher.

Pour le retour de l’administration, le porte-parole de la CMA estime qu’il ne peut se faire que dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. « Il n’y a pas de calendrier formel ». Quant au Gouverneur, il assure que les administrateurs sont déjà à Kidal. « On travaille dans le calme et les gens reviennent petit à petit », glisse Sidi Mohamed Ag Ichrach. 

Rapport du Groupe d’experts sur la situation au Mali : Plus d’actions concertées

Dans son dernier rapport (août 2019) sur la situation du Mali, le groupe d’experts crée par la résolution 2374 (2017) de l’ONU dresse un état des lieux peu optimiste. Retard dans la mise en œuvre de l’accord, réformes institutionnelles reportées, regain de violences dans la région de Mopti notamment, et décrispation politique lente, les conditions de réalisation de la paix restent nombreuses.

S’exprimant sur l’absence de volonté des parties signataires qui n’ont «  pas accéléré la mise en œuvre de l’Accord »pour la paix et la réconciliation nationale, le rapport note que malgré l’adoption de 2 textes d’application, le début de l’opération d’intégration d’anciens combattants dans l’armée, « la démission du Premier ministre et de son gouvernement, le 18 avril 2019, est venue mettre un coût d’arrêt à des réformes institutionnelles fondamentales, 63 000 combattants inscrits attendant ainsi toujours la mise en route du processus de désarmement, démobilisation et réintégration ».

Aussi, malgré l’annonce du dialogue politique inclusif, les experts restent dans l’attente, quand à son issue. Car selon eux, « le nouveau gouvernement n’a accordé aucun portefeuille à des représentants des groupes armés signataires », en outre « le fort ressentiment populaire contre l’Accord » engendre des doutes sur l’adhésion à ce dialogue.

Les experts pointent aussi du doigt les rivalités entre groupes armés, leurs collusions avec des groupes terroristes et la défense d’intérêts personnels de leurs chefs, basés sur le trafic de drogue et la criminalité internationale, qui mettent à mal le processus de paix.

Tous acteurs

Face à ces entraves et aux violations graves de droit que continuent de subir les populations, le groupe d’experts a notamment recommandé que le  comité du conseil de sécurité concernant le Mali, « exhorte le gouvernement et les groupes armés que sont la Plateforme et la CMA à signer sans délai une feuille de route révisée assortie d’un calendrier clair, réaliste et contraignant ». Le groupe d’experts a également invité la CEDEAO à adopter des textes ou à renforcer ceux existants sur la répression du commerce illicite des produits du tabac ; et la Force conjointe du G5 Sahel à favoriser les enquêtes transfrontalières conjointes. 

 Le groupe d’experts a enfin souhaité que le comité du Conseil de sécurité « prenne langue avec le Gouvernement algérien pour organiser une visite officielle du Groupe d’experts dans le pays avant la fin de son mandat actuel et souligne combien il importe de voir l’Algérie donner suite aux lettres du Groupe d’experts de demande de compléments d’informations concernant des personnes se trouvant en territoire algérien ou de nationalité algérienne qui menacent la mise en œuvre de l’Accord ou sont parties à la criminalité organisée ».

 

Mohamed Ould Mataly : « C’était une erreur d’avoir accepté ce régime de sanctions »

Le Conseil de sécurité de l’ONU a ajouté mardi 9 juillet à sa liste de sanctions cinq Maliens accusés d’entraver l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Parmi eux, l’Honorable Mohamed Ould Mataly, député élu à Bourem et responsable du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), membre de la Plateforme. Il est accusé de s’être opposé à des restructurations administratives à Gao en 2018 et d’être impliqué dans le trafic de drogue. Dans cet entretien, il exprime son incompréhension.

Comment jugez-vous les sanctions de l’ONU à votre égard ?

Comme on le dit chez nous, les nomades, le sel ne se dit pas salé. Je ne peux pas être défenseur du Mali et le dernier jour être contre l’application de l’Accord. J’ai été le premier à mener la résistance, même pendant l’occupation. Le premier à créer des mouvements pour lutter au compte du Mali. Comment puis-je être une entrave aujourd’hui ? Et dans quel sens ?

Elle vous accuse de vous être opposé à des restructurations administratives à Gao…

Mais cela n’a à rien avoir avec l’application de l’Accord. C’est une instruction administrative. Le Premier ministre et son ministre de l’Administration territoriale de l’époque avaient proposé un découpage de Gao. Nous leur avons dit de laisser cette question se discuter entre les mouvements signataires au niveau de la sous-commission institutionnelle, comme indiqué dans la Feuille de route. Le découpage doit être fait dans l’intérêt des populations, non pour les diviser. C’est ce que j’ai dit et je n’étais pas le seul.

Si le découpage est fait dans l’entente et l’harmonie c’est bien mais si c’est fait comme ils le souhaitaient c’est dangereux. C’est l’administration qui a voulu créé des problèmes entre la population et nous n’avons pas accepté.  Normalement, le découpage même  ne devrait pas se faire au Nord, mais ils ont voulu nous imposer une anarchie.

Qu’en est-il du trafic de drogue ?

Je les défie de le prouver. Ils prennent injustement des noms et comme tu ne peux pas te défendre tu es sanctionné. C’est la même chose que Barkhane fait quand ils prennent nos gens et disent qu’ils sont liés à un groupe terroriste. Après, ces gens innocents pourrissent en prison. Cette liste n’est même pas dans la forme.  Même la première liste est fausse. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune n’a jamais rien fait pour entraver l’accord. C’était une erreur pour le Mali d’avoir accepté ce régime de sanctions, parce que ce sont les nomades qui sont victimes de tout cela. Si nous avons empêché la paix, pourquoi ne pas venir nous le demander ? Je suis un vieux aujourd’hui et on écrit sur moi sans que je sache pourquoi. On traumatise les gens comme cela. C’est même du terrorisme.

Comment appréhendez-vous les conséquences de ces sanctions ?

Je ne sais pas et je m’en fous. Nous croyions que ces pays étaient super intelligents et démocratiques, mais là ils perdent leur crédibilité. La marche est un droit civique. C’est la population de Gao qui a marché alors que j’étais à Bamako. Les trois Arabes sur cette liste sont tous de la même famille. C’est comme si c’était dirigé contre nous. Je ne suis pas d’accord, on ne fait pas d’analyses correctes.

Vous bénéficiez du soutien des populations de Bourem, qu’est-ce que cela vous fait ?

Bourem doit même marché aujourd’hui (entretien réalisé le 10 juillet). Je n’ai pourtant appelé personne à le faire. Gao aussi veut marcher. Je comprends ce soutien parce que j’ai toujours vécu avec ces populations, pendant les moments les plus difficiles de l’occupation, pendant la libération et pendant les élections. Moi je n’ai pas fait l’aventure. Je suis victime pas de la France mais de certains éléments. Je ne sais pas lesquels.

Accord pour la paix : Une nouvelle feuille de route

Le 17 juin, le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) a tenu, à l’invitation du ministre algérien des Affaires étrangères, sa 3ème session consultative de haut niveau. Après une évaluation de la feuille de route du 22 mars 2018, les participants ont convenu d’une feuille révisée. Avec quelles incidences ?

Ils étaient tous présents : membres des mouvements signataires, gouvernement, chef de la MINUSMA, et le ministre algérien des Affaires étrangères de l’Algérie, chef de file de la médiation, et ses homologues du Niger et du Burkina Faso, le 17 juin dernier à Bamako. Des ambassadeurs accrédités, le directeur Afrique du Quai d’Orsay et d’autres personnalités impliquées dans la mise en œuvre de l’Accord ont pris également part à cette réunion. « Ce CSA s’est tenu à un moment crucial dans l’agenda de mise en œuvre de l’Accord et ce rendez-vous était important, parce que tous les partenaires et toutes les parties avaient ces derniers mois décidé d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord, vu la détérioration de l’aspect sécuritaire au nord mais aussi au centre du pays », a justifié le nouveau porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Mossa Ag Attaher.

Pour avancer sur les axes prioritaires, dont certains issus de la feuille de route du 22 mars 2018, les parties ont élaboré une feuille révisée à mettre en œuvre d’ici fin 2019. Elle met l’accent, selon le porte-parole de la CMA, sur « la finalisation du DDR, l’envoi en formation des éléments du MOC qui ont fini le DDR et la mise en route rapide de la Zone de développement des régions du Nord, et invite toutes les parties à œuvrer pour que le dialogue inclusif ait lieu et que les éléments de l’Accord qui nécessitent clarification ou interaction entre les parties et les acteurs sont vus afin d’intégrer ce qui doit l’être dans la Constitution en révision ».

Le nouvel élan affiché ne convainc pas Boubacar Bocoum, analyste politique et spécialiste de la communication institutionnelle. « Je ne pense pas qu’il accélère grand-chose, parce que les aspects évoqués dépendent des moyens financiers promis par les bailleurs. L’État n’est pas entré en possession de ces montants et s’il n’y a pas d’argent les discours sont inutiles ». « Il s’agit d’une feuille de plus, qu’on ne pourra pas appliquer. Ils sont dans leur rôle, sauf que pendant ce temps la crise perdure ».

Accord pour la paix: Le Conseil de sécurité de l’ONU veut insuffler un nouveau souffle

Faire le point sur l’état de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que sur celui de l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel, telle était la mission du Conseil de sécurité de l’ONU en visite au Mali en cette fin de semaine. Lors d’une conférence de presse tenue samedi 23 mars 2019 à l’hôtel Sheraton de Bamako, les membres de la délégation, accompagnés du représentant spécial du secrétaire Général des Nations Unies au mali, ont rendu public les différentes démarches et actions menées avec l’ensemble des acteurs maliens au cours de leur visite.

Cette visite du Conseil de sécurité des Nations Unies au Mali, la quatrième dans le pays depuis 2013, s’inscrit dans un contexte particulier. Elle a été conduite par les ambassadeurs de France, d’Allemagne et de Côte d’ivoire à l’ONU et intervient 6 mois après les élections présidentielles dans le pays et trois mois avant le renouvellement du mandat de la Minusma en juin prochain. Quelques jours d’une réunion ministérielle importante du conseil de sécurité qui se tiendra le 29 mars à New York, occasion de prendre des décisions importantes sur l’avenir de l’accompagnement international du  processus de paix malien et sur le futur de la Minusma.

Accord, prioritaire                     

La délégation a rencontré l’ensemble des acteurs du processus de paix et de réconciliation, notamment le Président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les partis politiques de l’opposition ainsi que la société civile à travers diverses associations dont, entre autres, celles des femmes.

Une réunion associant les membres du gouvernement aux côtés de ceux de la coordination, de la plateforme et des partis non concernés, s’est également tenue avec le comité de suivi de l’Accord, en plus de différentes rencontres avec les missions sécuritaires présentes au Mali et au Sahel.

Avec pour  message principal, la nécessité de donner un nouvel élan à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et d’en accélérer les différents volets, la visite a permis à la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies de dresser un état des lieux du processus de paix et de réconciliation au Mali.

« Nous avons salué les progrès importants qui ont été réalisés depuis le renouvellement du mandat de la Minusma en juin dernier, notamment la tenue des élections dans des conditions pacifiques, la poursuite du processus de décentralisation, le lancement d’un processus de DDR ou encore l’adoption d’un décret sur les critères d’intégration », a indiqué François Delattre, ambassadeur de France à l’ONU.

En revanche, le Conseil  a exprimé son regret  concernant plusieurs mesures prioritaires identifiées par la résolution 2423 (2018) qui n’ont pu être mises en œuvre avant l’échéance de mars. Il s’agit  notamment de  l’intégration effective de 1000 combattants au sein des FAMa, de l’opérationnalisation des autorités intérimaires et de l’établissement d’une zone de développement spécifique pour le Mali.

Les membres du Conseil ont par ailleurs marqué les attentes fortes de la communauté internationale près de 4 ans après la signature de l’Accord d’Alger.

Pour le conseil de sécurité des Nations Unies, il existe aujourd’hui un besoin de priorisation pour la mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord. Aussi, les principaux points sur lesquels des avancées sont attendues de manière urgente sont surtout le processus de révision constitutionnelle après la tenue des consultations indispensables et la définition d’un plan global assorti d’une échéance précise pour le redéploiement des FAMa, reconstitués au nord du Mali.

Une  réunion du CSA a en outre permis  au conseil de proposer aux acteurs maliens, la présentation dès que possible d’une nouvelle feuille de route « réaliste, contraignante et centrée sur un nombre de priorités limitées ».

Réadapter la force du G5 Sahel

Concernant l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel, la délégation du Conseil de sécurité a eu  un échange « de très grande qualité » avec le commandant de la force du G5 Sahel, le secrétaire permanent ainsi que les ministres des Affaires Etrangères du Mali et du Burkina Faso. Elle a salué la relance récente des opérations de la force ainsi que le progrès réalisé dans la mise en place du cadre de conformité en matière de droit de l’homme.

« Le conseil de sécurité a renouvelé son intention de rediscuter du soutien international à la force une fois que celle-ci  sera pleinement opérationnelle et que les premiers résultats seraient obtenus, ce qui est le cas aujourd’hui », a précisé François Delattre.

Sur la base des indications qui ont été formulées par le commandant de la force du G5 sahel et le représentant spécial du secrétaire Général des Nations Unies au Mali, le Conseil de sécurité assure examiner avec l’ensemble des membres l’accord technique existant, pour le rendre plus adapté aux besoins du terrain.

Mais, comme l’a relevé Christoph Heusgen, Ambassadeur d’Allemagne à l’ONU, « Le Mali est confronté à un défi extraordinaire et face à cela, la seule réponse militaire ne suffit pas. Il faut un contrat social élargi à toutes les composantes de la société malienne ».

« Nous avons noté les attentes que le peuple malien, dans sa grande diversité a, vis-à-vis du Conseil de sécurité et nous repartons à New York, enrichis de tout ce que nous avons vu et entendu.  L’objectif était  d’être sur le terrain, toucher du doigt les réalités et voir ensemble avec toutes les parties engagées ce qui peut être fait », a conclut Kacou Houadja Léon Adom, Ambassadeur de Côte d’ivoire à l’ONU.

Kamissa Camara: Une nouvelle dynamique

Sa nomination à la tête du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale n’aura pas laissé grand monde indifférent. Inexpérimentée pour une telle fonction, nouvelle ère, nouvelle dynamique, chacun y est allé de son commentaire. Loin de s’en laisser compter ou de baigner dans l’euphorie, elle préfère rester focus sur sa responsabilité et garde la tête froide. Il faut dire que ce ne sont pas les défis qui manquent. Difficulté dans l’opérationnalisation de la force conjointe G5 Sahel, relecture de la carte diplomatique du pays, défense des intérêts des Maliens, Kamissa Camara fait face, de front. Pour sa toute première interview accordée à un média malien,  elle revient pour Journal du Mali sur les sujets chauds et sur sa vision de la diplomatie malienne.

Insuffler une nouvelle dynamique à la diplomatie malienne, cette formule vous suit de près, comment comptez-vous vous y prendre ?

Il faut dire que cette nouvelle dynamique est une nécessité aujourd’hui. Le monde a changé, la position géopolitique du Mali a changé. Par conséquent, notre diplomatie doit évoluer, s’adapter et être en phase avec les nouveaux acteurs du champ national et international. Il est également essentiel aujourd’hui d’aller vers une réévaluation périodique de notre outil diplomatique afin de l’adapter au mieux à nos objectifs stratégiques, aux intérêts de notre pays, et à la vision voulue par S.E. le Président de la République. Ne dit-on pas que « Rome ne s’est pas construite en un jour » ? De ce fait, notre objectif est d’asseoir ce qui constituera les bases d’une diplomatie malienne pour les décennies à venir, une diplomatie qui sortira des sentiers battus et qui nous mènera à la préservation de nos intérêts sur l’échiquier international.

Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?

L’État est une continuité alors j’estime qu’il est essentiel de rester dans le cadre de la vision voulue par le Chef d’État tout en se munissant d’outils indispensables pour innover dans la façon de faire. La relecture de la carte diplomatique du Mali est une des lourdes taches qui m’a été confiée par le Président de la République. Il s’agira d’évaluer la présence de nos représentations diplomatiques à travers le monde, de s’assurer que nous ayons le personnel adéquat dans chacune d’elle et de s’assurer que nous avons une présence marquée dans les pays stratégiques. La prochaine Conférence des Ambassadeurs et Consuls Généraux du Mali qui se tiendra du 18 au 22 Février à Bamako permettra de poser le socle de cette dynamique. À partir de là, nous serons tous investis autant que nous sommes d’un cahier de charges plus adapté aux réalités actuelles. Je mets aussi un point d’honneur sur la communication. Notre département est très stratégique alors il est essentiel de communiquer sur ce que nous faisons, aussi bien sur nos succès que nos échecs. Aussi, à l’ère du numérique, nous nous devons d’être en phase avec l’évolution technologique en matière d’information et de communication interne entre l’administration centrale et nos représentations à l’étranger.

En novembre 2018, le Maroc a instauré une autorisation de voyage électronique aux Maliens, quelle a été la raison avancée par le Royaume pour justifier cette mesure ?

Il faut déjà rappeler que cette mesure ne concerne pas uniquement le Mali. Les ressortissants du Congo Brazzaville et de la Guinée ont également été soumis aux règles. Cette mesure est le résultat de l’expérimentation d’une nouvelle politique intérieure globale pour ce qui est de la gestion de leurs frontières du Maroc. Si vous consultez leur plateforme électronique, vous verrez que d’autres pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, pour ne citer que ceux-là, sont tout aussi en phase d’être soumis à cette même législation. Quant au Burkina Faso voisin, leurs ressortissants sont simplement invités à se rendre à l’ambassade du Maroc pour faire une vraie demande de visa.

Pourquoi ne pas avoir appliqué la réciprocité ?

Encore une fois, il est essentiel de rappeler que chaque nation souveraine a le droit de déterminer sa politique de gestion des frontières. Le Royaume ami du Maroc expérimente cette législation pour le moment car ils estiment que c’est un besoin spécifique à eux. Le Mali aura surement l’occasion de revoir sa politique si nécessaire en temps voulu.

Il se murmure que le Mali souhaiterait renouer des relations diplomatiques avec Israël…

Je crois que si on faisait attention à tout ce qui se murmurait, on avancerait très peu. Il faut garder en tête qu’il y a une vision globale voulue par le Chef d’État pour ce qui est de la diplomatie et que c’est à cette dernière qu’il faut se fier. Les relations internationales restent un domaine complexe tout de même, et ma mission est de défendre les intérêts du Mali partout à travers le monde et dans toutes les instances internationales.

Pourtant, à la tribune des Nations-Unies, le chef de l’État réaffirmait le soutien du pays à la Palestine.

En effet, le Mali a toujours soutenu la Palestine et c’est tout à fait normal que le Chef de l’État réaffirme cela aux Nations Unies. La position du Mali n’a pas changé concernant ce soutien.

Vous remettez au goût du jour la conférence des ambassadeurs et consuls généraux qui se tiendra en février, quelles seront vos attentes ?

Je l’ai évoqué précédemment, cette rencontre devra être l’opportunité d’évaluer notre outil diplomatique et de le réadapter en fonction des défis qui sont les nôtres aujourd’hui. Cette rencontre est essentielle pour maintenir une bonne dynamique dans l’ensemble du Ministère mais aussi et surtout de privilégier la même ligne de travail entre le Ministère et les Ambassades et Consulats du Mali à travers le monde. Nos ambassadeurs et consuls généraux sont investis d’une mission dans leurs juridictions respectives et ils sont les mieux placés pour évoquer les problèmes rencontrés ainsi que les avancées notoires. Ce ne sera donc que pure justice de rassembler tout ce beau monde autour de discussions pertinentes mais aussi et surtout de redéfinir notre outil diplomatique et notre représentation à travers le monde.

Selon la ministre française des armées, la force conjointe du G5 Sahel aurait repris ses opérations, qu’en est-il ?

La France est un grand partenaire stratégique depuis la création du G5 Sahel jusqu’à la création de la Force Conjointe du G5. Nous nous heurtons à des difficultés de financement de la FC et surtout à un mode de financement pérenne que pourrait nous garantir le Chapitre VII des Nations Unies. Les efforts se poursuivent dans ce sens.

 

Plusieurs promesses de dons ont été faites à l’endroit de la force, la dernière en date celle de la chine, pourtant l’opérationnalisation peine toujours, où se situe le blocage ?

La complexité de la situation sur le terrain et les difficultés de financement de la Force ralentissent son opérationnalisation. En revanche, il est important de savoir que cette force résulte de la volonté de 5 Chefs d’État qui sont déterminés à combattre de façon radicale le terrorisme dans cette zone. Nos nations ont pris leur destin en main et travaillent quotidiennement à ce que cette force soit la plus opérationnelle possible.

Le consulat du Mali en France a été bloqué 14 jours durant entre fin décembre 2018 et le début de l’année 2019, et ce n’est pas la première fois, que prévoyez-vous de faire afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise ?

Ce n’est surement pas la seule représentation à l’étranger où nous avons recensé des difficultés. D’ailleurs, le blocage du Consulat du Mali en France s’est déroulé sur fonds de situation sécuritaire précaire dont la gestion aurait déplu à certains ressortissants des régions du centre, notamment Yelimané. Mon département met cependant tout en œuvre en ce moment même pour que chaque malien(ne) et ce peu importe sa position géographique, ait accès aux meilleurs services administratifs dans les plus brefs délais et qu’il/elle se sente pris(e) en compte.

Ces actions semblent témoigner d’un malaise avec les ressortissants maliens à l’étranger qui estiment que l’Etat ne fait pas assez pour protéger leurs intérêts ?

Défendre les intérêts du malien est un travail quotidien et de longue haleine. Vous n’êtes pas sans savoir que nous travaillons avec des ressources limitées. Je reste tout de même convaincue qu’ensemble, à force de travail et d’abnégation, nous y arriverons. Comme je l’ai dit précédemment, ma mission principale consiste à défendre les intérêts du Mali et de chaque ressortissant malien et ce, en collaboration avec nos collègues du Ministère de l’Intégration Africaine et des Maliens de l’Extérieur.

Vous affirmiez dans une récente interview entretenir de très bonnes relations avec l’Algérie, pourtant plusieurs témoignages de nos ressortissants mettent en lumière des traitements dégradant de la part de ce pays.

Oui, en effet ! Vous savez… dans le quotidien, il est impossible de prédire ou d’empêcher tous les incidents. Le travail qui nous incombe dans ce cas, c’est la gestion apportée à ces différentes crises. Nous avons une ambassade en Algérie qui travaille, dans les conditions qui sont les leurs, à recenser ces cas de mauvais traitement, à travailler avec les autorités algériennes pour apporter le soutien nécessaire à ceux qui en sont les victimes. Parallèlement à cela, nous avons une Direction Afrique au sein de l’administration centrale à Koulouba qui est en permanente communication avec l’administration algérienne pour mettre fin au problème.

Un opposant s’est auto-proclamé président du Venezuela, quelle est votre réaction sachant qu’une importante coopération bilatérale existe entre nos deux pays ?

Il appartient au peuple souverain du Venezuela de gérer ses crises internes et avec tout le respect que nous leur devons, nous ne sommes pas aptes à nous prononcer sur ce sujet. Je leur souhaite tout de même de sortir le plus rapidement de cette crise pour que nous continuons les efforts consentis dans les termes de cette collaboration bilatérale entre les deux pays.

Mi-janvier, les membres du conseil de sécurité de l’ONU se sont montrés impatients face aux retards pris dans l’application de l’accord pour la paix, ils menacent de procéder une adaptation importante de la MINUSMA, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Du 14 au 17 janvier 2019, j’ai effectué une visite officielle au Siège des Nations Unies à New York, dans le cadre de l’examen, par le Conseil de sécurité des Nations Unies, du rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Mali, couvrant la période allant du 18 septembre au 14 décembre 2018. Dans mon discours devant le Conseil de sécurité, tout comme au cours des rencontres bilatérales que j’ai eues, j’ai mis l’accent sur la détermination du Président de la République, du Premier ministre et des parties maliennes à l’Accord de poursuivre et de diligenter la mise de l’Accord. J’ai également mis l’accent sur les progrès réels réalisés, les défis et les perspectives pour les mois à venir.

Les membres du Conseil de Sécurité ne menacent pas, mais ils demandent à voir des progrès concrets dans la mise en œuvre de l’Accord, progrès qui leur seront présentés au mois de Mars à New York.

Des informations font état de l’enlèvement d’un ancien agent des services de renseignements slovaque que le Mali avait refusé d’extrader, comment gérer-vous cette situation ?

Le plus important aujourd’hui serait d’aider la police malienne dans ses recherches. Pour le moment, nous n’avons été approchés par aucune ambassade à nous prononcer sur le sujet. Prions pour qu’on le retrouve le plus rapidement possible si l’information est avérée.

Votre nomination a fait beaucoup parler et suscité un certain espoir, de nombreuses personnes se montrent dithyrambiques à votre endroit, que représentent tous ces égards ?

Pour le moment, je préfère me concentrer sur cette responsabilité importante qui est mienne. Le bilan pourra être fait à la fin de ma mission.  Mais je comprends tout à fait le symbole de ma nomination. Je garde cependant la tête froide pour prendre les bonnes décisions et faire rayonner mon pays comme il se doit.

 

 

(Défis de 2019- 4/7) Réforme constitutionnelle : L’inévitable mesure ?

Le gouvernement revient à la charge pour la tenue du referendum sur la révision constitutionnelle. Après une première tentative avortée en 2017, le peuple souverain sera appelé à s’exprimer sur la mesure en mars prochain. Devenue incontournable pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix, la réforme constitutionnelle reste un défi pour les autorités, dans un contexte incertain.

« Personne ne peut remettre en cause la nécessité de la réforme dans notre société, ne serait-ce que pour la vivacité de l’ordre constitutionnel. Il y a aussi le fait que l’Accord prévoit des mesures règlementaires, législatives, voire constitutionnelles », affirme le constitutionnaliste Aboubacar Diawara. Dans le passé, des tentatives de révision ont été  menées sous Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, sans le moindre aboutissement. Mais l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, signé en 2015, exige une redéfinition de l’architecture institutionnelle et même constitutionnelle. En 2017, l’Assemblée nationale avait adopté un projet de révision de la Constitution du 25 février 1992, mais aussitôt la plateforme «  Anté A Bana – Touche pas à ma Constitution », regroupant des  associations de la société civile et des partis politiques de l’opposition, s’est opposée énergiquement à l’initiative. Face à la montée de la contestation, le Président de la République, IBK, a « en toute responsabilité » suspendu le  projet controversé.

Retour à la charge

Mais ce pas en arrière du gouvernement n’était pas synonyme d’abandon. Pressées par les Nations Unies dans la mise en œuvre de l’Accord, les autorités remontent au front. Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a déjà  partagé depuis mi-novembre un projet de calendrier des échéances électorales, y compris le referendum, prévu cette fois-ci en mars. Un comité d’experts travaille déjà sur le sujet, selon le gouvernement, pour aboutir à un document que le Président de la République proposera à l’Assemblée nationale pour adoption. Pour l’heure, les acteurs incontournables patientent avant de se prononcer valablement sur ce qui sera proposé. « On peut difficilement se prononcer sur cette révision, parce qu’on ne sait pas ce qu’ils y mettent comme contenu », indique l’analyste politique Boubacar Bocoum, soulignant toutefois qu’elle est indispensable. Il va même plus loin et fait quelques remarques. « Est-ce qu’on a besoin d’aller  à un referendum juste pour une Constitution ? ». Non, répond-il, « la consultation populaire doit être faite à chaque fois que le sujet est crucial. C’était valable pour l’Accord de paix ou pour la décentralisation », précise l’analyste. Pour l’Honorable Mody N’Diaye, Président du groupe parlementaire Vigilance républicaine démocratique (VRD) à l’Assemblée nationale, il est prématuré de s’exprimer sur cette réforme, dont on ne connait pas encore les éléments. « Mais tout le monde sait qu’il y a certains aspects à prendre  en charge, comme la création d’une Cour de comptes, et pour rendre obligatoire la loi organique pour la loi des finances et les réformes institutionnelles », avance-t-il.

Quid du consensus ?

« Qu’il y ait consensus ou pas, ce n’est pas un problème, mais il faut que chacun apporte son idée en participant à l’élaboration du document de base. Le droit est là pour nous dire que nous avons le droit de dire Oui ou Non à la réforme », explique Boubacar Bocoum. Un point de vue proche de celui du  constitutionaliste Aboubacar Diawara. « Les conditions du  consensus doivent être créées au tout début des travaux. Il faut dès le départ que toutes les parties reconnaissent le bien-fondé de la chose, car le consensus n’est pas un résultat. C’est plus une façon de faire que le fait d’obtenir quelque chose », argumente-t-il. Cette méthode inclusive semble être adoptée par le gouvernement, qui doit convaincre le peuple  malien de la pertinence et des enjeux de la révision constitutionnelle. D’ores et déjà, l’Honorable Mody N’Diaye considère  que « la meilleure façon de réussir une réforme de ce genre est d’engager des pourparlers sur la question avec les partis politiques et d’aboutir à un consensus, parce que c’est un document éminemment politique », souligne-t-il. Dans tous les cas de figure, il y aura, selon le Président du groupe VRD, une démarche à mener pour aller à cette révision, « parce qu’une fois que le Président fait la proposition  du projet à l’Assemblée nationale, les députés débattent du texte et il faut une majorité qualifiée pour faire passer d’abord le projet et aller au referendum ». Mais, le plus souvent, les différentes interprétations et analyses approximatives de ces questions majeures désorientent les citoyens et influencent leur choix. Lors de la dernière tentative, il a surtout été mis en avant le fait que la révision portait atteinte à l’intégrité territoriale, quand bien même la Cour constitutionnelle avait tranché. « La peur de l’inconnu ». Aboubacar Diawara invite à se surpasser. « Pour certains, l’Accord a  pour objectif de morceler le Mali, mais il revient au peuple de faire recours à son génie et d’exploiter suffisamment sa raison, dans un esprit de collégialité, pour trouver une réponse adéquate, allant dans le sens de la survie de notre unité nationale et de sa consolidation ». 

La réforme constitutionnelle devrait en principe proposer également la création d’une deuxième chambre du Parlement, pouvant être appelée Sénat ou Conseil de la Nation, ou toute autre dénomination valorisant sa nature et son rôle. Pour cette seconde tentative, le gouvernement doit tirer des leçons des échecs précédents pour  faire passer haut la main le nouveau texte fondamental, que certains sacralisent comme  le Coran.

 

 

Cet article a été publié dans le journal du Mali l’Hebdo (N°196) du 10 janvier 2019.

Redécoupage territorial : Où va le Mali ?

Depuis trois semaines, un avant-projet de loi sur les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales est au cœur des contestations. Des concertations pour aplanir les dissensions sont prévues du 13 au 17 novembre. Mais ce redécoupage, lié à tort ou à raison à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, soulève des interrogations sur l’avenir du pays alors que  des réformes majeures sont en attente. Le Mali saura-t-il maitriser son destin ?  

 « Personne d’autre ne viendra régler nos problèmes à notre place. C’est une vérité qui doit être dite », explique Aboubacar Diawara, constitutionnaliste malien. Les contestations de l’avant-projet sur le découpage par les populations illustrent à suffisance que le Mali n’est pas au bout du tunnel. Pourtant, l’Accord pour la paix « vise à créer les conditions justes d’une paix durable au Mali, contribuant à la stabilité sous -régionale ainsi qu’à la sécurité internationale ».

Le découpage de la discorde

Il aura suffi qu’un document se référant au découpage territorial se retrouve sur les réseaux sociaux pour que les réactions aussi vives que vigoureuses se succèdent.  Au-delà du rejet de cet projet, c’est le risque de tensions sociales entre les populations qui est craindre. À Gao, Ansongo, Tombouctou, Goundam, Bourem, Koro, des marches ont lieu pour  dénoncer ce qui est vu par certaines personnalités du nord comme « un complot des autorités visant à confier le sort de la majorité à la minorité ». Or l’Accord pour la paix et la réconciliation a pour objectif d’identifier les blessures du passé afin d’avancer sur des bases novatrices, incluant toutes les composantes de la Nation. La devise « Un peuple, un but, une foi » doit avant tout catalyser le sentiment d’appartenance nationale. Mais le débat n’est pas épuisé. « Il ne faut pas que les gens mettent les Maliens dos à dos en disant que tel est de peau noire, tel de peau blanche, tel du nord ou du sud. Dans quelle loi est-il dit que les tamacheck auront plus des députés que les autres ? », s’insurge Badra Ali Sidibé, responsable du mouvement An Ka Ben, qui soutient les actions du Président IBK.  L’approche du gouvernement aura été dans ce tumulte déterminante. « Ce projet est rejeté par ce que l’État n’a pas respecté quelque chose de fondamental en démocratie : l’inclusion. Avant de décider, il faut concerter », diagnostique le constitutionnaliste Aboubacar Diawara. Pour certaines voix, il faut affronter les enjeux avec adresse. « Chaque fois que le gouvernement touche à un élément, il ne parvient pas au bout, parce qu’il y a toujours une suspicion », affirme Aboubacar Diawara, rappelant l’échec du projet de révision constitutionnelle.

Un projet dangereux ?

Pour  certains acteurs, cet avant-projet est un danger pour la stabilité de la Nation. L’ancien Premier ministre Moussa Mara estime que les insuffisances de la démarche sont notoires, car l’avant-projet « n’est ni équitable entre les territoires ni équitable entre les communautés. Il est dangereux et contre l’intérêt de notre pays », prévient-il. Alors que le gouvernement le justifie par la volonté de mettre en œuvre l’Accord pour la paix, le Président du parti Yelema pense qu’il n’y a pas de lien. « L’Accord n’a jamais demandé de découper le territoire, mais de donner du poids aux collectivités territoriales, alors que là c’est un partage du gâteau », précise-t-il. Pour Mohamed Touré, Coordinateur des structures d’Irganda à Bamako, ce projet, dit « Ag Erlaf », est un véritable problème social, car taillé sur mesure pour certains. « Soit on renonce carrément au découpage par ce qu’il n’est pas acceptable, soit on le fait de façon inclusive », propose-t-il, soulignant que le sens de leur combat est la prise en compte des préoccupations des populations sédentaires. Même désapprobation chez le Vice-président de l’Autorité intérimaire de Kidal, Abdallah Ag Kazina. « Si chaque fraction ou communauté a sa commune, cela est dangereux pour le pays et son avenir. Il faut faire un découpage logique, permettant  aux administrateurs d’être aux côtés des administrés ». Il l’affirme, cette « mesure, au lieu de nous amener la paix, nous amène la guerre parce qu’elle exclut carrément certaines communautés et déménage certaines de leur ancrage territorial pour les amener à d’autres endroits, à des fins électorales ». Il ajoute « les gens qui ont pensé cet avant-projet ne se soucient pas du tout de ce pays ». L’affaire est donc importante et mérite une réflexion approfondie. « Ce qu’ils envisagent de faire est le plus grand découpage de l’histoire de notre pays et ils veulent le faire en quelques semaines », s’interroge Moussa Mara, invitant à revoir la démarche. Il estime que le découpage n’est pas la mise en œuvre de l’Accord. « L’Accord de paix est un accord de décentralisation, alors que le découpage est un processus de déconcentration », insiste-t-il. Pour  Abdallah Ag Kazina, il y a bien un lien entre le découpage et la mise en œuvre de l’Accord. D’ ailleurs, le sentiment, déjà existant chez certains, d’une division programmée du Mali avec la mise en œuvre de l’Accord de paix est de plus en plus alimenté par cet avant-projet.

Risque de partition ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation nationale reconnait dans son article 1 « le respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et de son caractère laïc ». Pourtant, au regard des réalités actuelles, des questions se posent quant à l’avenir du pays. « Aujourd’hui, la souveraineté du Mali est en cause, car toute souveraineté réside dans l’unité du système. À partir  du moment où il est fragilisé par des  contestations au nord et au centre, sans compter le climat qui règne entre l’opposition et la majorité, il y a lieu de s’armer de courage pour affronter la question », interpelle Aboubacar Diawara. Selon l’analyste politique Boubacar Bocoum, « dès lors qu’il y a ce préambule, signé par tous les protagonistes sous l’œil vigilant des Nations unies, le risque de partition n’existe pas », assure-t-il, ajoutant « c’est une intoxication des hommes politiques ». Pour la mise en œuvre de l’Accord, une révision de la Constitution est un préalable. Le projet de 2017 a rencontré une opposition totale des populations alors qu’une refondation de l’État et des réformes majeures sont attendues. « Est-ce qu’on va continuer avec l’État unitaire décentralisé ? Est-ce qu’on va pousser cette décentralisation pour aller à la régionalisation ou est ce qu’on va changer la forme de l’État pour admettre l’existence d’un État régional ? Enfin,  est-ce qu’il faut créer un État fédéral en reconnaissant une souveraineté à toutes les régions du Mali ? », s’interroge Aboubacar Diawara, qui prône un État « régional » comme l’Espagne.

Les textes de la décentralisation et l’Accord pour la paix précisent aussi que le Président de l’Assemblée régionale est élu au suffrage universel et est le chef de  l’administration et de l’Exécutif régional. Pour Boubacar Bocoum, « la décentralisation est en réalité est un facteur d’unité nationale. Parce que chaque région a besoin de se développer », estime-t-il. Pour lui  la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du Président de région, qui devient « un monarque », est une anomalie à corriger, puisque cela fragilise l’État central. Mais l’absence  d’une architecture institutionnelle complique la donne. « Avant de procéder au découpage, il faut procéder à la refondation de l’État, parce que la Constitution décline l’architecture institutionnelle. C’est à partir de là qu’on pourra procéder à un découpage adéquat. On ne sait pas si on aura un Parlement bicaméral ou monocaméral », se demande le constitutionnaliste Aboubacar Diawara. Sur le destin du Mali, l’analyste politique Boubacar Bocoum reste confiant. « Cela dépendra de l’intelligence avec laquelle nous allons aborder  toutes ces questions, sans qu’on ne  s’entredéchire ». « Si l’Accord est appliqué comme il faut, dans l’esprit et dans la lettre, nous allons avoir un État véritablement décentralisé et efficace pour servir les Maliens », professe Moussa Mara.

Avec la conjoncture actuelle et les réformes à venir pour la mise en œuvre de l’Accord, le rassemblement de toutes les composantes de la Nation est indispensable. À défaut, des situations imprévues pourraient compromettre le destin du Mali.