Raffinerie d’or au Mali : pour quelle rentabilité ?

Le Mali a signé un accord avec la Russie pour la construction d’une usine de raffinage de l’or lors de la visite d’une délégation ministérielle dans ce pays ce mois-ci. D’une capacité de 200 tonnes, l’unité industrielle pourrait être la première de la sous-région. Mais le défi reste sa rentabilité, car l’or produit localement est principalement raffiné hors du continent.

Le Mali a produit 72,2 tonnes d’or en 2022, dont 66,2 tonnes dans des mines industrielles. Cet or est essentiellement raffiné hors du pays. Mené par des sociétés spécialisées, le raffinage est l’activité industrielle qui consiste à « purifier l’or pour le porter à 999,9 pour 1 000 carats ». L’or pur est destiné au marché international et, en dehors de celle implantée en Afrique du Sud, les unités de raffinage sont peu nombreuses sur le continent.

« Au Ghana, les raffineries sont devenues des éléphants blancs », explique un acteur du domaine. Parce qu’il faut une masse critique, estimée à environ 500 tonnes par an, pour les rendre rentables. Au Mali, les sociétés Marena Gold et Kankou Moussa affinent des quantités qui ne sont pas industrielles. « Elles font du service », affinent et donnent au vendeur, contrairement aux raffineries, qui vendent pour le compte des sociétés productrices.

Rentabilité

Pour atteindre ce seuil de rentabilité, le Mali pourrait compter sur l’or des sociétés qui n’ont pas de problème à vendre sur place. C’est même l’idéal, car cela diminue les risques qu’elles prennent en le transportant jusqu’à la raffinerie, ajoute notre interlocuteur. Mais il faut que la raffinerie soit d’un standard international afin de pouvoir vendre partout.

Il est possible d’avoir une raffinerie d’une capacité de 200 tonnes par an. Mais sera-t-elle rentable ? Une question essentielle, parce qu’il s’agit d’une industrie très gourmande en énergie, ce qui pourrait augmenter le coût de production de l’or et le très cher, donc peu compétitif.

Ce qui pourrait être fait est de créer un marché de consommation de l’or, en mettant  en place une industrie de bijoux pour les vendre sur le marché international. L’autre alternative est d’installer des succursales de certaines raffineries, des antennes locales qui permettront aux sociétés d’exploitation d’éviter certains problèmes. Mais tout ceci est dans l’intérêt des sociétés minières. Celui de l’État demeurant le prélèvement des droits et autres taxes.

Coopération Mali – Russie : un nouveau tournant ?

Entre Bamako et Moscou, c’est « collé-serré » depuis le début de la Transition. Le rapprochement entre les deux capitales s’est renforcé avec la « rectification » de la Transition, en mai 2021. Une douzaine de mémorandums d’entente devant aboutir à la réalisation de nombreux projets viennent d’être signée entre les deux pays, à l’issue de la semaine russe de l’Énergie, qui s’est achevée le 16 octobre dernier à Moscou.

Au-delà du domaine militaire, dans lequel le Mali et la Russie ont suffisamment renforcé leurs liens ces deux dernières années, les deux pays s’accordent à diversifier leur coopération sur d’autres plans. La visite de la délégation malienne de haut niveau, conduite par le ministre de l’Économie et des finances Alousséni Sanou à Moscou du 11 au 16 octobre 2023, a posé les jalons de ce nouvel élan. Plusieurs conventions ont été signées dans des domaines tels que l’Énergie, les Mines, l’Agriculture ou encore les Transports, entre autres.

Selon le ministre de l’Économie et des finances, des accords juridiques ont été signés pour la réalisation de deux à quatre centrales nucléaires au Mali, chaque centrale ayant une capacité minimale de 55 mégawatts, l’installation d’une usine d’affinage d’or d’une capacité de 200 tonnes à Bamako, avec à la clé une formation gratuite du personnel malien en Russie, et un transfert permanent de compétences, l’exploitation de certains minerais, la création d’un cadastre minier plus détaillé, la fourniture de 350 000 tonnes d’intrants agricoles, toutes spécialités confondues, d’ici février 2024, ainsi que celle de 200 millions de litres de produits pétroliers à l’État du Mali.

Le gouvernement malien envisage, par ailleurs, en partenariat avec la Russie, la réalisation de deux lignes de tramway à Bamako, ainsi que la création d’une compagnie aérienne pour la desserte nationale et sous-régionale et l’accès du Mali à des satellites de communication. À en croire la ministre des Transports, cette compagnie aérienne devrait être opérationnelle dans un an.

« La relation économique entre le Mali et la Russie est au beau fixe aujourd’hui. Des projets structurants engageant l’État du Mali pour les cinquante années à venir sont signés. Il s’agit pour nous de veiller à la mise en œuvre de tous ces projets pour que le Mali puisse être rapidement un pays émergent », a indiqué Alousséni Sanou.

Nouvelle dimension

Pour le géopolitogue Abdoulaye Tamboura, l’annonce de la signature de ces différentes conventions entre le Mali et la Russie constitue un nouveau cap dans les relations entre les deux pays.

« Cette coopération a pris une nouvelle dimension. Auparavant, elle était axée sur les domaines militaire, minier et de l’éducation. C’est un renforcement des acquis entre le Mali et la Russie et c’est de bon augure pour les deux pays. Cela permet à la Russie de diversifier ses offres et au Mali de diversifier ses partenariats », souligne-t-il.

Toutefois, des observateurs s’interrogent sur la capacité de la Russie à matérialiser tous ces projets et promesses, dans un contexte de guerre avec l’Ukraine, qui mobilise beaucoup de moyens, et de sanctions occidentales sur le pays. En 2019, lors du premier sommet Russie – Afrique, le Président Vladimir Poutine avait promis de doubler les échanges avec le continent, les faisant passer de 20 milliards de dollars à 40 milliards. Cette promesse n’a pas été tenue, d’après l’Institut français des relations internationales (IFRI). La Russie part avec plusieurs trains de retard en Afrique. Selon des chiffres avancées par certaines chancelleries occidentales, le volume des échanges de l’Union européenne avec Afrique a atteint en 2022 163 milliards d’euros alors que pour la Russie, il était chiffré à 20 milliards d’euros. Ce choix assumé des autorités vers la Russie pourrait avoir comme conséquence que les Occidentaux se détournent définitivement du Mali.

En dépit de cela, le 26 juillet dernier, le Colonel Assimi Goïta a pris part au 2ème sommet Russie – Afrique à Saint Petersbourg. Invité personnellement par Vladimir Poutine, avec lequel il communique régulièrement par téléphone, le Président de la Transition accomplissait son premier séjour en dehors du Mali depuis sa prise de pouvoir en mai 2021. « Cela dénote de toute l’importance que le Président de la Transition accorde à la coopération entre la Russie et le Mali et de ses relations privilégiées avec le dirigeant russe », glisse un analyste.

ONU : la Russie bloque une résolution sur le Mali

Témoignant de son soutien à Bamako, la Russie a bloqué mercredi une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui aurait prolongé le mandat d’experts ayant rendu des conclusions accablantes pour la junte malienne et ses  » partenaires de sécurité étrangers « .

Le texte prévoyait de prolonger d’un an le régime de sanctions mis en place en 2017 contre des individus mettant en danger l’accord de paix de 2015, et le mandat du comité d’experts chargés de les surveiller. Elle a recueilli 13 voix en faveur, une abstention (Chine) et une voix contre, celle de la Russie qui dispose d’un droit de veto.

La Russie était d’accord pour prolonger les sanctions, mais seulement pour la dernière fois, et voulait surtout dissoudre le comité d’experts dont elle conteste, avec Bamako, l’objectivité. Sa résolution en ce sens a été rejetée, avec une voix pour, une contre (Japon) et 13 abstentions.

Les sanctions  » ne doivent pas être utilisées comme un moyen d’influence étrangère au Mali, et c’est ce que le comité d’experts faisait « , a justifié l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, estimant que le projet de résolution préparée par la France et les Émirats arabes unis  » n’aurait pas aidé le processus de paix  » mais aurait  » encore plus opposé les parties « . Dans son dernier rapport publié la semaine dernière, le comité d’experts dénonçait des violences contre les femmes perpétrées de façon  » systématique et organisée  » par les forces armées maliennes et leurs  » partenaires de sécurité étrangers « . Le régime de sanctions sur le Mali (gel des avoirs ou interdiction de voyage), qui expire le 31 août, avait été mis en place en 2017 et concernait huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de paix de 2015 accusés de le mettre en péril.

Russie : le Kremlin dément toute implication dans la mort de Prigojine

Soupçonné de culpabilité dans le crash qui a provoqué la mort du patron de Wagner, le Kremlin a affirmé hier vendredi ne rien à voir avec ce crash. Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, a qualifié de mensonge absolu les insinuations de dirigeants occidentaux selon lesquelles le Kremlin aurait orchestré le crash de l’avion qui transportait Evgueni Prigogine.

Dans une déclaration devant la presse, le président du Bélarus Alexandre Loukachenko, a affirmé ne pas pouvoir imaginer Vladimir Poutine donnant l’ordre d’assassiner le patron de Wagner.

Toutefois, le Kremlin n’a pas perdu de temps. Dans un décret présidentiel en date d’hier vendredi, la Russie exige aux milliers de paramilitaires de Wagner de prêter serment comme le font les soldats de l’armée régulière, de jurer fidélité et loyauté à la Russie, de suivre strictement les ordres des commandants et des supérieurs et de respecter de manière sacrée la Constitution russe. Après la mutinerie avortée de juin, Vladimir Poutine avait déjà proposé aux membres de Wagner non impliqués des contrats avec le ministère de la Défense russe.

De l’autre côté, les enquêteurs ont, annoncé avoir récupéré dix corps des victimes sur les lieux du crash ainsi que les enregistreurs de vol. Ils ont également indiqué que des analyses génétiques moléculaires étaient en cours pour établir leur identité.

Des habitants de Saint-Pétersbourg, base du groupe paramilitaire, ont défilé pour déposer des fleurs sur un mémorial en hommage à Evguéni Prigogine.

Russie : Prigojine, le patron de Wagner annoncé mort dans un crash d’avion

Selon l’agence du transport aérien russe Rossaviatsia, le patron du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, 62 ans, se trouvait à bord d’un avion privé qui s’est écrasé, mercredi 23 août, dans la région de Tver, à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Moscou. « Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l’avion Embraer – 135 », a indiqué Rossaviatsia en citant le nom d’Evgueni Prigojine mais aussi celui de son bras droit Dmitri Outkine. Selon elle, le vol se déroulait « en vertu d’un permis d’espace aérien dûment délivré ». Wagner, la milice qu’il dirigeait, a, elle aussi, confirmé le décès du milliardaire, autrefois très proche de Vladimir Poutine. Elle salue, sur Telegram, un « héros de la Russie » et « un véritable patriote ». Selon un responsable des services de secours cité par l’agence Ria Novosti, les corps de huit personnes ont jusqu’à présent été retrouvés sur le site du crash. Une enquête a été ouverte pour « violation des règles de sécurité du transport aérien ». Pour rappel, le groupe Wagner avait tenté une révolte armée contre la Russie à la fin de mois de juin alors qu’il s’était rangé aux côtés des forces russes lors de l’invasion de l’Ukraine. Pour « éviter un bain de sang », un accord avait été trouvé entre les deux parties et le patron de Wagner avait trouvé refuge en Biélorussie.

Lundi soir, le patron de Wagner est apparu dans une vidéo diffusée par des groupes proches de Wagner sur les réseaux sociaux, où il affirmait se trouver en Afrique. Dans un paysage désertique et armé d’un fusil d’assaut, il disait travailler à « rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus libre ».

BRICS : plusieurs pays souhaitent rejoindre le groupe

L’Afrique du Sud accueille à partir de ce 22 août le 15ème sommet des BRICS, alors que plusieurs pays souhaitent adhérer au groupe.

Du 22 au 24 août prochains, l’attention d’une grande partie du monde sera tournée vers Johannesburg, en Afrique du Sud, où se tiendra le 15ème sommet des BRICS. Si longtemps, la participation en présentiel du Président russe Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, a longtemps fait l’actualité, un élargissement sera l’un des principaux enjeux des échanges. Ce groupe d’États (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) représente plus de 40% de la population du globe et près d’un quart du PIB mondial. Les candidats sont nombreux à toquer à la porte. Parmi eux, des pays pétroliers du Golfe comme l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, ou encore l’Iran, dont le chef de la diplomatie était en déplacement à Pretoria cette semaine pour chercher du soutien. Mais les BRICS attirent aussi sur le continent africain, avec des candidatures notamment de la part de l’Algérie, de l’Égypte, du Nigéria, de l’Éthiopie et du Sénégal. D’un côté, la Chine pousse pour cette extension afin d’amplifier son influence et, de l’autre, l’Inde et le Brésil se montrent pour l’instant plus réticents. Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est personnellement rendu en Chine pour pousser son dossier. « L’Afrique du Sud, en tant que Présidente des BRICS, tiendra des pourparlers lors du sommet sur le modèle d’élargissement, ses principes et ses normes », a assuré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor. En tout, selon elle, ce sont 23 pays qui ont demandé à intégrer les BRICS. « Nous nous dirigeons progressivement vers un consensus sur les questions de l’expansion des BRICS et nous espérons y parvenir lors du sommet », a-t-elle ajouté. Un rapport spécial sera présenté lors du sommet sur les principes d’expansion et la liste des pays souhaitant  adhérer. Selon la cheffe de la diplomatie sud-africaine, les dirigeants sont ceux qui prendront une décision finale à ce propos. Ils seront tous à Johannesburg, hormis Vladimir Poutine, qui assistera au sommet en visioconférence. Selon des sources proches de la présidence sud-africaine, Cyril Ramphosa a envoyé au total 70 invitations, dont 54 pour les pays africains. Mais ni le Président français Emmanuel Macron, qui souhaitait assister au sommet en tant qu’observateur, ni les dirigeants des États-Unis et du Royaume-Uni n’ont reçu d’invitation.

Mikhaïl Gorbatchev : le dernier dirigeant de l’Union Soviétique est mort ce mardi

Le dernier dirigeant de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, prix Nobel de la paix en 1990, est mort mardi 30 août à l’âge de 91 ans en Russie.

« Aujourd’hui dans la soirée (mardi), après une longue maladie grave, Mikhaïl Sergueïvitch Gorbatchev est décédé », a indiqué l’Hôpital clinique centrale (TSKB) dépendant de la présidence russe. Arrivé au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev avait lancé une vague de réformes politiques et économiques   connues sous les noms de « perestroïka » (restructuration) et de « glasnost » (transparence) qui lui ont valu une immense popularité en Occident. Entre 1990 et 1991, il avait occupé le poste de président de l’Union soviétique, avant finalement de devoir démissionner le 25 décembre 1991, ce qui avait entraîné la fin de l’URSS. Considéré dans son pays, comme le responsable du chaos qui avait suivi la chute de l’Union soviétique, il avait quitté la vie politique en 1991. Depuis qu’il a quitté le pouvoir, M. Gorbatchev s’était reconverti en héraut de la cause environnementale et avait créé la Fondation Gorbatchev, dédiée aux études socio-économiques. En 1996, il s’était présenté à la présidentielle contre Boris Eltsine, mais n’avait obtenu que 0,5% des voix. De plus en plus discret ces dernières années alors que sa santé déclinait, il a reconnu certains torts. Car sous son mandat, les dérives n’ont pas manqué: l’entrée des chars soviétiques en Lituanie, la répression de manifestants pacifiques en Géorgie, ou la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986, passée sous silence pendant des jours, contribuant à la contamination de centaines de milliers de personnes. Le président russe Vladimir Poutine a exprimé « ses profondes condoléances » et il  enverra ce mercredi dans la matinée un télégramme de condoléance à la famille et aux proches » de l’ancien dirigeant, selon le Kremlin. Dans les capitales occidentales, son décès a suscité une avalanche de réactions. Pour le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, Mikhaïl Gorbatchev était « un homme d’État unique qui a changé le cours de l’histoire ». Le président américain Joe Biden a salué « un leader rare » qui a permis « un monde plus sûr » avec « davantage de liberté pour des millions de personnes ». Le chef d’État français Emmanuel Macron a de son côté rendu hommage à un « homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes ». De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson a salué « le courage et l »intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide »

Barkhane – Takuba : chronique d’un départ annoncé

L’expulsion de l’ambassadeur français au Mali décidée par les autorités de la transition le 31 janvier 2022 a marqué un tournant dans les relations diplomatiques, déjà tendues depuis plusieurs mois, entre Paris et Bamako. Elle a suscité beaucoup de réactions dans l’opinion publique française et obligé l’État français à accélérer sa décision sur l’avenir de son engagement militaire au Mali, où, en plus de Barkhane, la France assume le commandement de la force européenne Takuba. Face à une situation de plus en plus « intenable », Paris et ses partenaires européens envisagent sérieusement un retrait militaire définitif du Mali, tout en restant engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

« Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique, sont rendues de plus en plus difficiles. Bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix », a déclaré la ministre française des Armées, Florence Parly, le 29 janvier, au lendemain d’une réunion de l’Union européenne au cours de laquelle la situation au Mali a été évoquée.

« Nous voulons tous poursuivre ce combat. Nous sommes unis par rapport à cet objectif, il nous faut donc désormais en déterminer les nouvelles conditions », a-t-elle poursuivi, deux jours avant l’expulsion de Joël Meyer, l’ambassadeur français en poste au Mali, considérée par plusieurs candidats à la présidentielle française comme une humiliation.

Il n’en fallait pas plus pour remettre sur la table la question de la présence française au Mali, 9 ans après le début de son intervention, d’abord avec Serval, puis Barkhane. Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a assuré le 1er février que la situation ne pouvait pas rester en l’état et que d’ici la mi-février la France allait travailler avec ses partenaires pour « voir quelle est l’évolution de notre présence sur place et pour prévoir une adaptation ».

Un débat sera également organisé au Parlement français d’ici la fin de la session en cours, à la fin du mois de février, pour évoquer l’engagement militaire de la France au Mali, a annoncé le 2 février le Premier ministre Jean Castex.

Options 

Les options pour Paris vont d’un maintien avec une réorganisation, à un départ définitif ou à un transfert des troupes vers un autre pays du Sahel. « Pour moi, la première option pour la France pourrait être de réduire davantage sa présence au Mali, en laissant seulement quelques détachements à Gao. La deuxième serait de concentrer l’essentiel de ses forces au Niger, notamment dans la région du Gourma, et de continuer à mener des opérations dans la zone des trois frontières, avec les renseignements américain et nigérien, et la coalition des forces du G5 Sahel », avance le Dr. Abdoulaye Tamboura, géopolitologue, qui par ailleurs n’est pas convaincu que la France décidera de quitter définitivement le Mali.

Pour Moussa Djombana, analyste géopolitique et sécuritaire, « l’équation est très complexe pour la partie française qui sans nul doute, si elle devait quitter le Sahel, le ferait malgré elle, la mort dans l’âme ».

« Logiquement, si on s’en tient aux précédentes déclarations du Président Macron, la France doit s’assumer, être conséquente avec elle-même et s’en aller du Mali. Cependant, les intérêts des États n’étant pas à occulter, quitter le Mali reviendrait à abdiquer face à la Russie et à livrer le Mali sur un plateau d’or à Poutine. Pris sous cet angle, vu la rivalité entre l’Europe et la Russie, je vois mal la France et ses alliés européens s’en aller aussi facilement », analyse-t-il.

En revanche, selon Dr. Aly Tounkara, Directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), « il est fort probable qu’on assiste dans les semaines à venir à un retrait définitif de la présence militaire française au Mali et même de la Task Force Takuba ». Pour lui, l’avenir de la France sur le plan militaire au Mali s’inscrit clairement dans le court terme.

Rester au Sahel… mais où ?

Comme l’ont affirmé à plusieurs reprises les autorités françaises, un désengagement français du Sahel, où le pays combat le terrorisme, n’est pas envisagé. La France étudie donc la possibilité de poursuivre la lutte anti-terroriste dans la région depuis un autre pays au cas où elle devrait quitter le Mali.

Le Niger, un pays au cœur du Sahel et dont la gouvernance est stable, apparait comme la destination vers laquelle les troupes françaises pourraient se replier. La ministre française des Armées, Florence Parly, s’y est d’ailleurs rendue le 3 févier pour discuter de l’évolution du dispositif militaire français au Sahel.

« L’opération Barkhane doit être revue de fond en comble et il nous faut probablement nous replier sur le Niger et bâtir un modèle dans lequel nous serons en capacité d’intervenir en cas d’urgence », a suggéré le 3 février l’ancien ministre français de la Défense Hervé Morin. D’après l’état-major français, qui a tenu un débriefing avec des journalistes sur la question, le départ de Barkhane du Mali n’est pas vu comme un problème, puisque la lutte contre les groupes terroristes se poursuivra depuis Niger. Le même précise que la coopération militaire entre les FAMa, Barkhane et Takuba sur le terrain ne reflète pas les tensions diplomatiques. L’armée française a annoncé que du 1er au 6 février, une opération menée par les militaires maliens et Takuba a permis de neutraliser une trentaine de terroristes dans la zone des trois frontières. Toutefois, la tension diplomatique entre les deux pays, les problèmes avec Takuba et aussi la présence sur le terrain de « sociétés privées », confirmée par Vladimir Poutine le 7 février poussent la France à regarder vers le Niger.

« Les hautes autorités nigériennes ayant de bons rapports avec les autorités politiques françaises, un redéploiement de Barkhane sur ce pays est envisageable et pourrait susciter moins de remous qu’au Mali. Il est donc évident que Niamey symbolise la survie et l’avenir de Barkhane au Sahel », pense pour sa part Moussa Djombana.

Pour autant, selon cet analyste, un éventuel redéploiement de Barkhane et de la Task Force Takuba au Niger ne se fera pas sans obstacles. « En général, une partie des opinions publiques est contre la présence militaire française au Sahel. Malgré les bonnes dispositions d’esprit des autorités nigériennes, si l’opinion publique nationale évolue fortement contre ce projet, les dirigeants, pour ne pas prendre de risques, pourraient reculer et opposer une fin de non-recevoir à la poursuite de la mission de Barkhane et Takuba sur le sol nigérien », avise celui qui pointe également des « difficultés matérielles » de redéploiement et un « changement obligatoire dans la stratégie opérationnelle globale » de la mission dans la bande sahélienne.

À côté de l’alternative d’un redéploiement vers le Niger, Dr. Abdoulaye Tamboura pense que la France pourrait également se replier sur certaines bases, notamment dans la région des pays du Golfe de Guinée, en Côte d’Ivoire, au Bénin ou au Sénégal, qui sont également confrontés aux menaces terroristes.

« La France peut essayer de réorganiser ses troupes dans les pays qui font l’objet d’attaques sporadiques de la part des djihadistes. La région du Golfe de Guinée peut constituer aussi une zone stratégique pour elle », indique le géopolitologue, qui relève par ailleurs, dans ce cas, des difficultés logistiques pour mener des opérations dans le Sahel. « L’essentiel de l’effectif de la Force Barkhane va être réparti entre la Côte d’Ivoire et le Niger, deux pays qui restent très fidèles à l’engagement français dans le Sahel. Mais, au-delà de cet engagement, ce sont des intérêts géostratégiques et géopolitiques qui seront préservés », renchérit le Dr. Tounkara.

Takuba, lendemains incertains

L’avenir de la force européenne pilotée par la France et mise en place en 2020 pour l’épauler dans son combat contre le terrorisme au Mali est plus que jamais incertain. Sur demande insistante du gouvernement malien de transition, le Danemark a décidé le 27 janvier dernier de retirer ses troupes, récemment déployées.

« Les militaires au pouvoir ont envoyé un message clair et ont réaffirmé que le Danemark n’était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison nous avons décidé de rapatrier nos soldats », avait déclaré Jeppe Kofod, le ministre danois des Affaires étrangères, après une réunion au Parlement. Le mardi 1er février, la Norvège a suivi en renonçant à l’envoi d’un contingent militaire qui devait intégrer la force Takuba, faute d’accord avec les autorités maliennes. « À compter d’aujourd’hui, il n’est pas d’actualité d’envoyer une force norvégienne au sein de la force Takuba », a clairement indiqué le ministre norvégien de la Défense.

D’autres pays européens, à l’instar de la Hongrie, du Portugal, de la Roumanie et de la Lituanie, qui seraient dans l’attente d’un feu vert de Bamako pour envoyer leurs contingents, reverraient leur position vu le contexte actuel tendu entre la France et le Mali. L’Allemagne, de son côté, va soumettre la question de l’avenir de son engagement au Mali à son Parlement au mois de mai, a annoncé dans une interview le 2 février la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

« L’avenir de la Task Force Takuba est très sombre. Beaucoup de pays contributeurs ont commencé à hésiter, notamment ceux qui ont un mandat en cours d’acceptation. Beaucoup vont clairement décliner l’envoi de leurs troupes », glisse Dr. Aly Tounkara.

« Mais, dans le même temps, il semble que l’approche privilégiée par les autorités maliennes consiste à faire venir d’autre pays contributeurs, qui dépendraient de l’État du Mali et non de la France comme cheffe de file de ces armées partenaires. Ce scénario pourrait faire prendre la mayonnaise, mais dans le long terme. À court terme, dans un esprit de cohérence, les autres pays présents dans la force Takuba pourraient également suivre la France dans son probable retrait définitif du Mali », poursuit-il.

Par ailleurs, selon une source diplomatique, quelles que soient les décisions prises par la France et ses partenaires européens, elles auront un impact sur l’ensemble des missions présentes sur place au Mali, notamment la MINUSMA et la mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM). « La France pourrait mettre un frein à l’EUTM, qui est chargée de la formation de nos militaires, dont la présidence est tournante entre les pays de l’UE. Elle pourrait essayer de convaincre ses partenaires pour qu’ils arrêtent la mission, alors que c’est une mission très bénéfique pour nos militaires », craint Dr. Tamboura.

En attendant l’issue des discussions et les prochaines décisions que pourraient prendre la France et ses partenaires sur l’avenir de leur engagement militaire au Mali et au Sahel, l’hypothèse d’un retrait pur et simple de la Force Barkhane et de la Task Force Takuba est sérieusement envisagée, selon des sources proches du dossier.

Les modalités d’un tel retrait sont sur la table des consultations que Paris est en train de mener avec les pays européens et africains engagés dans la lutte contre le terrorisme au Mali et également en discussion au sein de l’état-major de l’armée française.

Le sujet devrait également être évoqué à Bruxelles, lors du sommet Union européenne – Union africaine, prévu les 17 et 18 février 2022, où, selon une source bien introduite, Emanuel Macron pourrait annoncer le retrait de la France du Mali et une adaptation du dispositif militaire.

Kemi Seba : « Les premiers responsables de notre situation, c’est nous les Africains »

De passage à Bamako dans le cadre d’une tournée contre le néocolonialisme, l’activiste et panafricaniste Kemi Seba a au cours d’un long entretien répondu à nos questions. France, Russie, intégration africaine, IBK, le président de l’ONG Urgences Panafricanistes n’élude comme à son habitude aucun sujet.

Durant votre tournée de  sensibilisation sur la question du Franc CFA, vous avez été à Cotonou, interdit d’embarquement le 8 janvier 2020 pour Bamako. Selon vos dires, à l’époque, c’était sur ordre du gouvernement malien.  Une année après, vous revenez au Mali. Vous considérez-vous cela déjà comme une victoire ?

C’est très clairement une victoire. Je tiens à préciser que c’était dans le cadre d’une tournée contre la France-Afrique. En effet, j’avais été interdit d’embarquer devant témoins à l’aéroport. Les responsables m’avaient dit clairement que c’était une demande qui venait des autorités maliennes et que par conséquent ils ne pouvaient que s’exécuter. Et je reviens, autorisé, un an plus tard au Mali. Je ne vous cache pas que j’étais tendu en prenant l’avion parce que je ne voulais pas revivre évidemment la même situation, mais j’étais très ému de pouvoir rentrer. Je ne peux pas comprendre qu’un certain nombre de criminels aient le droit de rentrer sur nos sols, des touristes non africains qui n’ont parfois pas de très bonnes mentalités qui peuvent venir où ils veulent sur le continent, et des Africains qui, eux sont interdits de rentrer parce qu’ils veulent la souveraineté pour leur population. Je pense que c’était un non-sens. Je suis très touché de cette démarche des autorités maliennes.

Quel est votre regard sur le départ du président IBK, renversé par un coup d’Etat militaire ?

Chacun son tour chez le coiffeur. Comme le dirait l’autre chacun son tour chez le barbier. Je crois qu’il n’a ni cheveux ni barbe, je ne suis pas sûr. Mais ce qui est certain, c’est que la roue tourne. Il faut que les dirigeants n’oublient jamais qu’ils sont à la base des citoyens. Il n’y a qu’une seule entité qui est éternelle sur terre et c’est le Tout Puissant quel que soit le nom que chacun veuille lui donner. Il faut que nous soyons humbles.

Aujourd’hui on est devant, demain on peut tomber. Il faut faire attention à la manière dont on se comporte avec les concitoyens. La brutalité avec laquelle j’avais été interdit d’embarquer l’année dernière m’avait profondément blessé. D’autant plus que j’avais payé un billet d’avion cher. Et être autorisé à rentrer à Bamako et voir qu’il n’est plus là, est clairement une victoire qui est symbole de l’effort de la population malienne.

Vous approuvez la manière par laquelle il est parti ?

Je suis à un milliard de pour cent derrière la démarche de la population. Je pense que quelqu’un qui se comporte en étant, comme le dit mon professeur de philosophie, dans une logique de « mésécoute » vis-à-vis de son peuple ne peut que récolter le fruit de cette « mésécoute ». Si vous décidez de débrancher cette connexion que vous avez avec votre population alors que vous êtes censé être son président, dès lors qu’elle se rebelle vous en paierez le prix en premier. Il est parti et on souhaite qu’il puisse aller le mieux possible sur le terrain de la santé et que s’il y a un certain nombre d’actions qui doivent être poursuivies vis-à-vis de lui, qu’il en soit ainsi ou à l’encontre de son fils Karim.

Vous êtes présent aujourd’hui au Mali pour afficher votre soutien à « Yerewolo Debout sur les remparts » qui réclame le départ de la force Barkhane.  Pourquoi l’armée française doit-elle quitter le Mali ?

Je suis là dans le cadre de la sensibilisation contre le néocolonialisme. Et nous nous appuyons toujours sur des partenariats ou des fédérations fiables. Yerewolo est une plateforme qui nous paraît rigoureuse, sérieuse, dynamique, animée par de jeunes courageux, notamment Ben le cerveau et d’autres. En ce qui concerne la base militaire, on essaie d’être le plus lucide dans notre grille d’analyse. Quand quelqu’un contribue à mettre le feu dans une zone voisine de votre maison, une zone voisine qui par hasard s’appelle la Libye et que ce feu finit par se propager partout dans la zone où vous vivez, est-ce que vous allez venir par la suite demander à ce quelqu’un, qui a mis le feu, qu’il puisse venir quelque part s’occuper de la sécurité dans votre maison ? Non ? Vous aurez tendance à vous dire qu’il vaut mieux se méfier du pyromane. Donc l’un des grands pyromanes dans le Sahel, c’est l’armée française. Et malheureusement l’armée française, ce sont des gens qui sont souvent instrumentalisés et qui ne se rendent pas forcément compte. Les responsables, ce sont l’oligarchie française et on ne peut pas lui faire confiance.

C’est une oligarchie qui a déstabilisé le Sahel et par conséquent notre responsabilité, c’est de demander au déstabilisateur de plier bagage.

 Quelle est votre réaction suite à la répression de la manifestation du 20 janvier appelant au départ de Barkhane ?

Quand on fait une analyse prospective, on se disait depuis une semaine que le contexte politique et social faisait qu’il était à craindre que les autorités maliennes cèdent aux pressions des autorités françaises. Il y a un an justement sous la pression j’avais été arrêté au Burkina Faso, un pays où j’ai énormément de sympathisants et où le président m’avait reçu avec les honneurs avant. C’est lorsqu’il y a eu  le sommet de Pau, quand Macron a tapé sur la table, que tous les dirigeants ont commencé à serrer la vis. Ils (les autorités de la transition, ndlr)  sont soumis à une pression internationale qui dépasse l’entendement. Et donc, ils ont le choix entre être fidèles à leurs principes et essayer de se conformer aux attentes de l’extérieur. C’est extrêmement dommage cette répression mais elle était prévisible. Elle ne fait que matérialiser notre dénonciation puisque notre but était d’illustrer le néocolonialisme français, de le dénoncer, de l’exposer aux yeux du monde. On interdit une mobilisation pour des motifs fallacieux, parce que partout dans le monde les gens se réunissent malgré la covid. Ces gaz lacrymogènes prouvent qu’on veut faire taire une dénonciation qui vise juste.

Dans des zones en proie aux violences terroristes, des populations se sentent en sécurité au regard seul des forces françaises présentes là où leur propre armée n’est pas. Est-ce que demander le départ de Barkhane dans ce contexte n’est pas problématique ?

Qui est-ce qui a fait ce constat ? Je pense que les populations de ces régions fragilisées demandent la sécurité. Elles n’ont pas cherché à savoir quelle est l’entité qui applique cette sécurité. Mais je peux vous assurer qui si elles peuvent être sécurisées par leurs semblables dès lors qu’ils ont une égalité en termes des armes, c’est quelque chose qui leur rassurerait profondément. Ce qui doit rassurer la population, c’est une armée régulière avec suffisamment d’armes. Alors que les rebelles sont surarmés par des entités qui ont tout intérêt que le chaos puisse prospérer et ces entités sont liées aux autorités françaises.

Plusieurs forces étrangères sont sur le territoire malien. MINUSMA, Takuba. Est-ce que vous appelez également à leur départ ?

Les choses ne sont pas si simples que ça. Il y a des mécanismes sur le terrain militaire, politique ou diplomatique qui font que ça ne se termine pas en 24 heures simplement. L’armée malienne est souvent raillée par des membres de sa propre population. Une propagande a été faite pour la décrédibiliser, pour justifier la présence d’armées étrangères sur le sol malien, qui sont là souvent pour sécuriser les diverses ressources maliennes. Qu’à la limite, il y ait une contribution de l’Union Africaine pour que l’armée malienne soit beaucoup plus soutenue par ses pairs. Cela va beaucoup plus dans le sens d’une véritable sécurisation parce qu’il en va de l’intérêt du continent africain. Les armées étrangères dès lors que le chaos perdure, c’est une possibilité pour elles de pouvoir sécuriser leurs ressources pour un certain temps.

Ben le cerveau souhaite la signature d’un accord de défense militaire avec la Russie. Le Groupement des jeunes Patriotes, un mouvement de la société civile malienne, demande l’intervention de la Russie en remplacement de la France. Est-ce que cela n’est pas le même interventionnisme ?

En tant que président d’ « Urgences Panafricanistes », nous soutenons toutes les démarches du petit frère Ben le cerveau. Maintenant, j’ai la possibilité de parler avec expérience. Je suis allé en Russie une cinquantaine de fois. J’ai de très bons amis au sein de l’appareil de l’Etat et même l’un des préfaciers de mon dernier livre (L’Afrique libre ou la mort, ndlr) est l’un des conseillers de Vladimir Poutine. Dans la Russie, il y a du bon mais aussi du mauvais. Sur le terrain de la géopolitique froide, il y a un constat et des victoires matérielles. La réalité c’est que la Russie aussi est une nation qui va à la recherche de ces contrées pour les ressources. Et le comportement de certains Russes ne va pas dans le sens, objectivement, de la souveraineté des populations locales aussi. Et donc si on veut des résultats pour faire taire des conflits, les Russes sont beaucoup plus efficaces que les Français. C’est une réalité. Mais à long terme, on ne peut pas compter sur les Russes parce qu’on ne va pas toujours être assisté par l’extérieur alors qu’on n’est pas inférieur à d’autres populations dans le monde. La Russie peut être une étape intermédiaire mais ne doit pas être une finalité. Sinon on va passer d’un colon à un autre.  

Vous êtes très proche de certains cadres russes. Et plusieurs personnes vous soupçonnent d’être un de leurs agents.  Qu’avez-vous à répondre?

Ça me fait doucement sourire. Dès lors que  Frantz Fanon était opposé à l’impérialisme occidental, on disait de lui que c’était un agent des forces anti-occidentales. Ça a toujours été ça. On disait que Lumumba était un pion des Russes, Malcom X, un communiste. Dès que quelqu’un s’oppose à l’hégémonie occidentale, il est qualifié d’agent russe. J’aime les anathèmes contre nous. Qu’on parle en bien ou en mal de nous, on s’en fout. L’essentiel c’est que notre message passe. Je suis un agent de mon ancêtre. C’est la seule réalité qui est la mienne et je dis que l’Afrique ne pourra s’en sortir que par elle-même. Certainement pas par Poutine. J’ai beau l’aimer sur le plan géopolitique, ce n’est pas quelqu’un qui sera un messie pour l’Afrique.

Considérez-vous les Africains ne partageant pas votre lutte comme des Oncle Tom ?

Je n’emploie jamais cette terminologie qui est anglo-saxonne. Nous, on parle plutôt de « bounty » (noir à l’extérieur blanc à l’intérieur, ndlr). Je pense qu’il y a du tout. Il y a des personnes qui font un travail actif pour les intérêts français dans nos pays et puis il y a des gens qui, peut-être par manque d’information ou par lassitude, finissent par se dire que les autres doivent être là.  Quand j’étais plus jeune, j’étais peut-être plus franc-tireur, radical. Et aujourd’hui j’essaie d’avoir beaucoup plus « d’empathie » et essayer de comprendre qu’il y a différents mécanismes qui poussent des gens à avoir des sentiments de résignation.

Vous êtes un panafricaniste. Et selon vous il s’agit d’une unité dans la diversité et dont l’objectif doit être la souveraineté. Que pensez-vous de l’Union Africaine aujourd’hui ?

C’est l’union d’un gang de dirigeants, un club de golf d’autocrates qui n’a aucune incidence sur la vie des Africains. C’est l’union des autocrates africains. Je pense qu’on devrait changer le sigle (UA) en UAA. Ce n’est pas l’Union africaine. L’Union africaine, c’est ce que nous essayons de faire en allant partout sur le continent pour prôner l’unité entre nous, la solidarité et le respect de nos populations.

On a aujourd’hui la zone de libre-échange économique (Zlecaf), des efforts sont en train de se faire pour la création de la monnaie commune de la CEDEAO, l’Eco. Comment jaugez-vous l’intégration africaine ?

Je regarde plus l’intégration africaine dans le cadre de nos ressources humaines, notamment les capacités des populations à migrer les unes aux autres. Avec la Zone de libre-échange, j’ai toujours un problème par rapport à l’implication du néolibéralisme dans les enjeux africains. Qu’on le veuille ou pas elle est une plaie qui est la résultante contemporaine d’un processus de prédation qui est le capitalisme, qui nous a entraîné dans des situations que nous avons connus auparavant. Le libre-échange, si ça peut permettre de faciliter le commerce entre nos nations, c’est positif. Mais si c’est en réalité une zone de libre-échange faite pour favoriser quelque part le commerce d’entités étrangères qui vont bénéficier de nos règles sur notre continent, on ne va pas s’en sortir. Et j’ai l’impression que c’est vers cette direction que nous allons.

Pour ce qui est de l’Eco, qui est un maquillage extrême du franc CFA, les autorités françaises ont pris peur parce qu’elles ont vu notre capacité de mobilisation en Afrique francophone à travers l’ONG Urgences Panafricanistes et son extension qui est le front anti CFA. Par conséquent, ils ont essayé de faire un changement cosmétique. Il y a eu des changements  notables qu’on ne peut pas nier, mais ils ont gardé un point crucial qui est l’arrimage à l’euro. Ce qui fait que l’euro est une monnaie beaucoup trop forte pour les économies locales et cela anéantit tout processus de compétitivité. Donc on a un problème de fond par ce système qui arrange les multinationales occidentales et françaises mais qui ne facilite pas le processus d’élévation économique pour les populations africaines.

N’est-ce pas un peu simpliste de dire toujours  que le problème vient de « l’oligarchie occidentale », alors que nous sommes pour la plupart indépendant depuis une soixantaine d’année. Qu’en est-il du rôle de nos dirigeants à nous, de nos peuples aussi ?

Je suis le premier à dire qu’une civilisation est détruite par l’extérieur que si elle est rongée de l’intérieur. Les premiers responsables de notre situation, c’est nous autres Africains. Il y a ce passage du coran qui dit que Dieu ne change pas les conditions d’un peuple tant que le peuple ne change pas lui-même. On peut toujours se plaindre de l’autre qui a besoin de toute façon de piller nos ressources pour exister. Mais pourquoi nous qui devrions être les premiers garants de notre souveraineté, nous sommes les premiers à laisser cette souveraineté être trouée ? Je ne suis anti personne. Je suis pour le changement, pour l’évolution de nos populations. Je suis à un stade de mon combat où je n’arrive plus à en vouloir au colon de vouloir nous coloniser parce que le capitalisme, comme le disait El-Hadj Malik El-Shabazz (Malcom X, ndlr), c’est le vautour. Certaines nations ont besoin de piller pour exister. Très bien, c’est leur rôle. Le nôtre doit être de résister. Pourquoi nos dirigeants se courbent ainsi même s’il y a des pressions au lieu de jouer leur rôle comme d’autres ont pu le faire auparavant. Et ce qui est triste, ce sont les gens de la société civile comme nous qui jouons leur rôle.

Le combat que vous menez  »l’Afrique aux africains » est le combat de plusieurs vies, depuis que vous avez commencé, estimez-vous avoir fait bouger les lignes?

En termes de prise de conscience de la population en Afrique francophone sur les questions relatives au néocolonialisme, sur la nouvelle génération, on a eu une incidence considérable à différents endroits de telle sorte qu’aujourd’hui la problématique de la France-Afrique dans la zone Franc est devenue plus prépondérante. Nous avons une grosse responsabilité dedans. Deuxième chose, c’est que le basculement Franc CFA-Eco qui, pour moi n’est qu’un changement de façade pour l’instant mais qui n’aurait jamais lieu si on n’avait pas été capable d’embrayer la machine. C’est une course de fond, ce n’est pas un sprint. Le combat continue, mais le simple fait aujourd’hui qu’il y ait des changements mécaniques qui ont été effectués à la suite de nos mobilisations est la preuve que la France-Afrique est en train de commencer à vaciller même si le chemin est encore long.

Avez-vous songé à faire la politique pour porter haut votre combat ?

Je fais de la politique, la participation à la vie de la cité. Mais est-ce que j’irai un jour sur le terrain institutionnel ? C’est une possibilité. A titre d’exemple, lors des dernières élections législatives un peu tronquées au Benin, le seul parti de l’opposition qui a pu se présenter, les FCBE (Forces cauris pour un Bénin émergent, ndlr) m’avait proposé d’être dans les postes à responsabilité parmi les candidatures et j’avais refusé. J’estime que nous sommes dans une démarche où nous devront prendre le temps. Je ne suis ni de l’opposition ni du pouvoir, nous sommes une troisième voix qui va au-delà de cette dichotomie.

Nous essayons de poser un schéma qui va simplement de l’idéologie prépondérante de ce 21ème siècle, de la Russie à Cuba, l’Iran et partout, qui est le souverainisme. C’est notre ligne politique et pour l’instant nous exploitons ses idées, nous les diffusons, nous les matérialisons à travers la société civile qui nous laisse une liberté de ton malgré les répressions. Je n’ai que 39 ans, peut-être qu’il arrivera un temps où je me lancerai sur le terrain institutionnel, mais ce n’est même pas sûr que ce soit essentiel. Il y a des gens qui n’ont jamais été politiciens au sens institutionnel du terme qui ont beaucoup plus laissé une empreinte sur le monde.  Je nuance ma réflexion toujours là-dessus. C’est une hypothèse, mais certainement pas une thèse.

« Les missiles arrivent » : Donald Trump menace la Syrie de nouvelles frappes

Dans un tweet publié mercredi, le chef de la Maison-Blanche Donald Trump a invité la Russie à «être prête» à contrer les missiles américains en Syrie.

« Tiens-toi prête, Russie, les missiles arrivent. » Les mots sont signés du président des Etats-Unis. Dans un tweet, Donald Trump avertit Moscou de frappes imminentes contre la Syrie après l’attaque chimique présumée dans la ville insurgée de Douma. Les Russes ne doivent pas « être les partenaires d’un animal qui tue son peuple avec des gaz », a continué Trump dans un tweet, en faisant allusion au président syrien, Bachar Al-Assad, et à l’attaque chimique présumée de samedi soir.

« Nos relations avec la Russie est pire aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été, et cela inclut la guerre froide, a encore rebondi le président américain, dans un nouveau message. Il n’y a pas de raison à cela. La Russie a besoin qu’on l’aide sur son économie, ce qui devrait être très facile à faire, et nous avons besoin que toutes les nations travaillent ensemble. Arrêtons la course aux armements ? »

Moscou dément toute utilisation d’armes chimiques et avait mis en garde les Etats-Unis contre des frappes qui auraient « de graves conséquences ». L’armée russe a déjà promis « des mesures de riposte » directes en cas de menace pour la vie des soldats russes stationnés en Syrie.

La réaction de Moscou n’a pas tardé après le tweet de Donald Trump. « Les missiles intelligents doivent voler en direction des terroristes et non pas en direction du gouvernement légitime, qui lutte depuis plusieurs années contre le terrorisme international sur son territoire », a réagi sur Facebook la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Elle a également insinué que les frappes américaines pourraient servir à « effacer les traces des provocations » que les Occidentaux dénoncent comme une attaque à l’arme chimique dans l’enclave rebelle de Douma.

« Nous avons prévenu plus d’une fois les Etats-Unis des conséquences négatives qu’aurait un recours à la force contre le gouvernement légitime syrien, surtout si des militaires russes sont affectés, a également réaffirmé une source diplomatique russe. La Russie fera tout le nécessaire pour défendre ses citoyens sur le territoire syrien ».

 

Alexei Doulian : « Le rôle de l’armée malienne doit être renforcé et la Russie peut y contribuer »

Ils seraient plus de 6 millions à souhaiter une implication de la Fédération de Russie, partenaire de longue date du Mali, pour gérer la crise malienne. Son Excellence Alexei Doulian, Ambassadeur de la Fédération de Russie, s’est entretenu avec le Journal du Mali pour exposer son point de vue sur la situation malienne actuelle et expliquer les axes de la coopération russo-malienne.

Quelle analyse faites-vous du processus de paix et de la situation sécuritaire que traverse le Mali ?

La situation sécuritaire n’est pas très rassurante. Elle s’est dégradée depuis l’Accord de paix, mais ce n’est pas la faute de celui-ci, que nous soutenons, comme toute la communauté internationale. Mais, pour aller vers la paix, il faut que les parties soient de bonne foi. Ceux qui ont signé l’Accord, au lieu de se combattre, devraient unir leurs efforts et avancer. Ce n’est malheureusement pas ce que nous constatons, même aux réunions du Comité de suivi, où ils règlent leurs comptes, non seulement entre eux mais aussi au sein de certains mouvements, comme la CMA. Ça n’ajoute pas à l’efficacité de l’application de l’Accord. Mais il y a eu quand même certains progrès pour mettre en pratique les dispositions de l’Accord. Dès que l’on s’approche, à petits pas, de la paix, il y a une provocation, il y a un recul. Ce n’est pas ce que le Mali et ses partenaires attendent. Notre vœu le plus ardent est que la paix puisse revenir au Mali, martyrisé depuis des années. Nous soutenons le pouvoir central, car nous sommes conscients des difficultés auxquelles il doit faire face.

Nombre de Maliens réclament votre soutien dans la résolution de la crise et en particulier la reprise de Kidal. La Russie répondra-t-elle à l’appel ?

Nous ne sommes pas insensibles à cette campagne. D’ailleurs, nous y voyons un signe de l’amitié profonde enracinée dans les esprits des Maliens. C’est plaisant, surtout dans ces temps tumultueux ; avec toutes les calomnies proférées contre la Russie. Cependant, une action militaire directe de la Russie n’est pas envisageable. Nous nous sommes dès le début profondément engagés dans la résolution de la crise malienne, essentiellement sur le terrain politique. Il y a une partie que les Maliens eux-mêmes doivent faire. Le rôle de l’armée malienne doit être renforcé et la Russie peut y contribuer.

Qu’en est-il aujourd’hui de la coopération militaire entre la Russie et le Mali ? Sera-t-elle amenée à évoluer ?

Nous avons une coopération traditionnelle avec le Mali dans le domaine de la Défense et nous souhaitons étoffer davantage cette coopération. Il faut renforcer le renseignement, avec éventuellement des drones, du matériel sophistiqué pour avoir un rayon d’action beaucoup plus large, beaucoup plus efficace. Le service de renseignement doit être fort, efficace et bien armé. Il y a des formations à ce niveau et des échanges réguliers entre services de renseignements maliens et russes. Des contingents maliens sont formés en Russie dans la lutte antiterroriste, dans le combat pour de l’armée de terre, dans le pilotage des appareils qui ont été commandés. Nous faisons aussi de la formation pour les agents du maintien de l’ordre, la police, la gendarmerie, les services antistupéfiants, à travers des stages annuels. Vous verrez très bientôt les résultats de cette action bilatérale dans ce domaine assez sensible qu’important.

Dans la prochaine décennie, le Mali devra investir 2 milliards de dollars dans sa défense. La Russie est-elle en lice pour être l’un des partenaires principaux du Mali à ce niveau ?

Nous espérons l’être. De ce que je vois de notre action dans ce secteur, il est évident que nous sommes parmi les partenaires du Mali qui font partie de cette liste, écrite ou non. Nous sommes un partenaire de longue date, qui est à la base de l’équipement et de l’entraînement des troupes maliennes qui étaient à l’époque parmi les plus importantes dans la région.

Pourquoi la Russie était-elle opposée à un régime de sanction des Nations unies afin de punir ceux qui font obstruction à l’Accord de paix de 2015 ?

La Russie de manière générale juge que les sanctions en tant que telles sont un instrument inefficace. En Centrafrique, au Yémen, ça n’a pas donné les résultats escomptés. Cela risque d’antagoniser encore plus les acteurs. Au Mali, si l’une des parties, à son initiative, applique des sanctions sur une ou les autres parties, cela pourrait à la longue envenimer les choses. Mais nous prêtons toujours une oreille attentive à ce que nous disent à Bamako nos amis maliens. Ils ont souhaité que la résolution soit adoptée et nous avons suivi le mouvement. Il n’y a pas de difficulté. Cela ne nous pose pas de problème d’adopter ou pas un régime de sanctions, mais nous avons partagé nos doutes et nos craintes d’une manière générale avec nos amis maliens.

 

La ligne diplomatique de la Russie est d’aider les États à préserver leur souveraineté et à lutter contre la menace terroriste. Pensez-vous aussi que les problèmes africains doivent être résolus par les Africains et comment voyez-vous la mise en place de la force du G5 Sahel ?

Nous ne pouvons que féliciter les pays du Sahel de se réunir et de coordonner leurs actions en formant la force du G5 Sahel pour contrecarrer l’activité des terroristes extrémistes, qui sont très présents dans le Sahel, et pas seulement au Mali. Mais le Mali est un pays-clé de la région. Si le problème malien est résolu, cela présagera, en bonne partie, de la résolution du problème du Sahel dans son ensemble. Cette force pourrait être vraiment un bon instrument de lutte contre ce mal à l’échelle sous-régionale. La Russie a toujours été partisane de réunir les efforts le plus vite possible, et de la façon la plus profonde possible, pour coordonner les actions.

Syrie : Russie-USA-Iran au bord de la crise de l’air

Dimanche 18 juin, un avion de combat américain abattait un appareil de la force aérienne syrienne, glaçant les relations entre la Russie et les États-Unis. Mardi 20 juin, c’est au tour d’un drone de l’Iran, un pays qui soutient le régime syrien, d’être détruit par un tir américain. Le jeu de pouvoir et d’influence sur fond de guerre contre l’EI en Syrie pourrait déboucher sur une collision entre la Russie, les USA et leurs alliés.

« Les actions de combat répétées menées par l’aviation américaine sous le couvert du contre-terrorisme contre les forces armées licites d’un pays membre de l’ONU constituent une violation massive du droit international et de facto une agression militaire contre la République arabe syrienne », déclarait, sans ambages, le ministère de la Défense de Vladimir Poutine à propos du chasseur syrien abattu par l’armée américaine. Cette dernière affirme qu’il bombardait des rebelles soutenus par les Etats-Unis, alors que Damas affirme que son avion visait les forces de l’État islamique (EI). La destruction dimanche de cet appareil militaire syrien jugé hostile par les USA fait suite au lancement par le président Trump de dizaines de missiles de croisière contre un aérodrome syrien, en avril, dont les avions étaient censés utiliser des armes chimiques sur des civils.

Tensions Depuis dimanche, le ton est considérablement monté entre les États-Unis et la Russie, qui menace désormais de cibler les avions de la coalition internationale à l’ouest de l’Euphrate. « Tout objet volant, incluant des avions ou des drones de la coalition internationale, détecté à l’ouest de l’Euphrate sera considéré par les systèmes de défense russes comme une cible », a annoncé Moscou, qui a aussi suspendu sa coopération avec Washington dans la prévention des incidents aériens.

La coalition internationale, menée par les Etats-Unis, lutte en appuyant des forces kurdes et arabes sur le terrain contre l’EI, notamment autour de son fief de Raqqa. Le régime syrien, de son côté, aidé par la Russie, combat différentes factions rebelles ainsi que les djihadistes. Facteur de complication, le soutien de l’Iran au régime Assad, qui a attaqué les positions de l’EI, en riposte à l’attaque de Téhéran qui a fait 12 victimes il y a deux semaines. Mardi 20 juin, un avion américain a abattu un drone iranien armé qui progressait trop près des forces de la coalition dans le sud de la Syrie. C’est la cinquième fois depuis la fin du mois de mai que l’armée américaine a bombardé des forces pro-syriennes dans cette région. Certains observateurs, se placent déjà après la chute de l’EI à Raqqa et s’interrogent sur le positionnement des États-Unis, qui voudront consolider la position des rebelles syriens et des Kurdes sur une partie du territoire syrien aux dépens de Damas, soutenu par la Russie, le Hezbollah, l’Iran et même la Turquie.

 

 

Attaque du métro de Saint-Petersbourg : ce que l’on sait

Au moins 11 personnes ont été tuées dans une explosion survenue ce lundi, selon un nouveau bilan dans la soirée. Le Comité d’enquête russe a également annoncé l’ouverture d’une enquête pour «acte terroriste».

Au moins 11 personnes ont été tuées dans une explosion survenue ce lundi dans le métro de Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie. Par ailleurs, 45 personnes seraient blessées, selon un nouveau bilan communiqué dans la soirée.

Le Comité d’enquête russe a également annoncé l’ouverture d’une enquête pour «acte terroriste», tout en précisant que les enquêteurs vont examiner «toutes les autres pistes éventuelles». Selon cet organe, il n’y a eu qu’une seule explosion et non deux, comme évoqué par certains médias russes. Celle-ci se serait produite entre les stations Place Sennaya et Institut Technologique.

Sans que l’on sache ce qui avait provoqué l’explosion meurtrière, le Comité national antiterroriste a annoncé que dans la station Plochad Vosstaniïa, une bombe artisanale avait été découverte «et désamorcée à temps». En déplacement à Saint-Pétersbourg ce lundi matin, le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé lors d’une intervention télévisée la présence de plusieurs victimes et ne s’est pas engagé sur les circonstances ni les origines des faits : «L’investigation le dira, nous envisageons toutes les causes, aussi bien le terrorisme que les crimes de droit commun».

Un jeune suspect aperçu sur des vidéos

Ce lundi, l’attentat à Saint-Pétersbourg a pratiquement paralysé la circulation dans toute la ville, car tout le réseau souterrain a été complètement bouclé. Rapidement, des témoins oculaires ont affirmé qu’ils avaient vu un jeune homme changer de wagon en abandonnant délibérément son sac.

Les images d’un suspect ont très rapidement circulé sur Internet. Il s’agit d’un homme de 25-30 ans dont le visage trahit ses origines caucasiennes ou méditerranéennes.

Le « kamikaze » serait originaire du Kirghizstan, ont affirmé mardi les services de sécurité de ce pays d’Asie centrale.

« Ce ressortissant kirghiz, Akbarjon Djalilov, est né en 1995 », a déclaré à l’AFP le porte-parole des services de sécurité kirghizes, Rakhat Saoulaïmanov.

L’attentat, perpétré alors que le président Poutine se trouvait à Saint-Pétersbourg, pose question. S’agit-il d’une simple coïncidence ou les auteurs avaient-ils été informés du déplacement du Président ?

D’autre part, certains observateurs se demandent aussi si cet attentat ne pourrait pas être une forme de réponse à la dernière sortie musclée du président Vladimir Poutine. Le patron du Kremlin avait en effet expliqué, la semaine dernière, que les manifestations populistes non autorisées (allusion à la récente marche contre la corruption organisée par son principal opposant Navalny) risquaient de provoquer des effusions de sang.

« Acte barbare »

Les autorités ont également annoncé le renforcement des mesures de sécurité dans le métro de Moscou et les aéroports. Après plusieurs heures de fermeture complète, le réseau métropolitain de Saint-Pétersbourg a recommencé à fonctionner partiellement dans la soirée, à la veille de la première des trois journées de deuil décrétées dans l’ancienne capitale impériale. La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a envoyé ses condoléances à «tous les Russes, en particulier ceux qui ont perdu leurs proches». Le président français François Hollande a exprimé «sa solidarité avec le peuple russe», tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a fait part de son «effroi» face à cet «acte barbare». En réponse à une question sur cette attaque, le président américain Donald Trump a pour sa part dénoncé un attentat «absolument horrible».

La Russie a été à plusieurs reprises frappée par des attentats dans ses transports en commun. En 2013, deux attentats suicide à Volgograd avaient fait 34 morts, quelques semaines avant les Jeux Olympiques de Sotchi.

Obama dit adieu à la politique, Trump dit bonjour aux polémiques

Barack Obama a prononcé son discours d’adieu hier. Son successeur, Donald J. Trump, a tenu sa première conférence de presse, depuis son élection, aujourd’hui, alors qu’il se trouve au cœur d’une tempête soulevée par un rapport russe jusqu’ici non confirmé qui contiendrait des informations compromettantes le concernant.

Clap de fin pour Barack Obama. Le premier président Noir des Etats-Unis a, après huit ans à la maison blanche, prononcé son discours d’adieu hier, mardi 10 janvier, dans la nuit. Celui qui fut professeur de droit et travailleur social, n’a pas respecté la tradition qui veut que le président tienne son discours à Washington, et s’est rendu à Chicago où, a-t-il déclaré dans son discours, «j’ai appris que le changement ne survient que lorsque les gens ordinaires s’impliquent, s’engagent et s’unissent pour l’exiger. Après avoir été votre président pendant huit ans, je continue à le croire ». Dans son discours qu’il a bouclé sur « Yes, we did », en écho à son slogan de campagne « yes, we can ! » de 2008, Barack Obama a déclaré à son auditoire que, contrairement à une idée reçue, les problèmes d’ordre économiques n’ont rien à voir avec une lutte entre « une classe moyenne blanche qui travaille dur » et « des minorités qui ne méritent rien ». Les commentateurs ont décelé dans les propos d’Obama le constat d’une Amérique bipolarisée avec les inégalités sociales qui s’étalent de façon insolente entre les classes sociales. Pour lui, les manifestations des minorités ethniques ne visent pas à demander « un traitement spécial, mais le traitement égalitaire promis par nos pères fondateurs. »

Derrière lui, il laisse un bilan mi-figue, mi-raisin. Certes, le chômage est passé de 10% à moins de 5% avec plus d’un millions d’emplois créés. Il y a eu la protection sociale avec « Obamacare » qui a garanti à tous les citoyens une protection santé. Mais il y a d’autres sujets sur lesquels Obama a été mis en échec, comme la législation sur les armes à feu qu’il a voulu durcir en vain, ainsi que la fermeture de Guantanamo. À tout cela, viennent s’ajouter les tensions interethniques, nées des bavures policières. Au plan international, on peut saluer la normalisation des relations entres les Etats-Unis et Cuba, l’accord sur le nucléaire iranien. Néanmoins, l’administration Obama n’a pas réussi à peser beaucoup dans le conflit syrien et à régler le conflit israélo-palestinien.

Il reste que son mandat s’achève sur une fausse note : la défaite d’Hillary Clinton à la présidentielle face au magnat de l’immobilier, le candidat républicain, Donald J. Trump qui sera investi le 20 janvier prochain. À quelques jours de sa prise de fonction, la presse américaine a publié des informations selon lesquelles les Russes disposeraient d’informations qui pourraient compromettre Donald Trump. Elles auraient été récoltées lors d’un voyage du magnat de l’immobilier en Russie. « INFORMATIONS BIDON. VÉRITABLE CHASSE AUX SORCIÈRES POLITIQUE ! », a réagi Donald Trump sur Twitter, mardi 10 janvier. D’aucun voient derrière toute cette affaire la main des adversaires politiques, républicains et démocrates, du futur président. Aujourd’hui, mercredi 11 janvier, le Kremlin a apporté un démenti cinglant à ces informations, estimant qu’il s’agit d’une « falsification totale » destinée à compromettre les relations, qui s’annonçaient plutôt bonnes entre les deux pays, avec le nouveau président Donald Trump.

« Ils vont en payer le prix »

Depuis son élection, le 8 novembre dernier, Donald J. Trump a tenu aujourd’hui sa première conférence de presse, perturbée par le rapport russe, jusqu’ici non confirmé, mais qui fait beaucoup de bruit. Le nouveau président élu a appelé le Congrès à démanteler « très rapidement » l’Obamacare qu’il veut remplacer par un autre système de couverture maladie, estimant que « l’Obamacare est un échec, on vous ment, et le système explose. Nous allons remplacer l’Obamacare et le remplacer immédiatement. L’Obamacare est un problème des démocrates. Nous rendons service aux démocrates. Dès que notre secrétaire d’Etat à la santé entrera en fonctions, l’Obamacare sera remplacé par quelque chose de moins cher et de plus efficace. » Mais c’est sur l’affaire du dossier russe que M. Trump était le plus attendu. Il s’est dit victime d’un « traitement digne de l’Allemagne nazie » de la part de CNN et BuzzFeed, lesquels ont publié le fameux rapport. Encore plus important, il a accusé les agences de renseignement américaines d’avoir laissé fuiter le « faux » dossier russe et a promis que les médias qui l’ont rendu public « vont en payer le prix ».  « Il est lamentable que les agences de renseignement aient permis que des informations fausses soient rendues publiques. », a déclaré Donald Trump.

Il s’agirait d’un document contenant des notres de services écrites entre juin et octobre 2016 sur les communications entre l’équipe de Trump et la Russie pendant la campagne et les frasques sexuelles du nouveau président en Russie. Selon le quotidien britannique The Guardian, c’est le sénateur républicain John Mccain qui aurait transmis le document en décembre à James Comey, le directeur du FBI.

 

 

Hacking russe : les preuves du renseignement américain

Hier jeudi 5 janvier, le coordinateur national du renseignement américain, James Clapper, a affirmé qu’au début de la semaine prochaine, les services de renseignements rendront publiques les informations sur lesquelles ils se fondent pour affirmer que le gouvernement russe a « hacké » les emails de Hillary Clinton pour aider Donald Trump.

Y-a-t-il eu une ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle américaine, pendant laquelle le Parti démocrate aurait été victime de cyberattaques qui auraient favorisé l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche ? Si Moscou nie toute implication, les services de renseignements américains affirment que c’est la Russie qui est derrière les fuites de courriels de Hillary Clinton et de son directeur de campagne John Podesta.

L’administration Obama n’a pas pris ces accusations avec des pincettes,  et est allée jusqu’à expulser 35 agents russes basés aux Etats-Unis. Pour la CIA, ce sont les Russes qui ont donné les courriels à Julian Assange, lequel a toujours démenti. Barack Obama avait demandé aux services de renseignement un rapport, qui devrait être public avant son départ (le 20 janvier) sur cette affaire de piratage. Mais l’équipe du nouveau président élu, Donald Trump, a par contre rejeté les conclusions de la CIA, estimant que ce sont les mêmes analystes « qui disaient que (l’ancien président irakien) Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive ».

Aujourd’hui vendredi, M. Trump recevra le directeur de la CIA et du FBI qui lui répéteront les mêmes conclusions, et lui diront, relève le New York Times, « qu’il a gagné la présidentielle grâce à l’assistance du Président russe Vladmir Poutine. »

Hier jeudi, au Congrès, les officiels du renseignement et les sénateurs, républicain et démocrates, ont fait front commun et ont réaffirmé que la Russie a interféré dans la présidentielle. « Il y a une différence entre scepticisme et dénigrement », a déclaré au cours de son audition, James Clapper, coordinateur national du renseignement, tout en ajoutant qu’ils ont maintenant la ferme conviction que la Russie a perpétré ses attaques.

Au début de la semaine prochaine, les services de renseignements américains rendront publiques les informations sur lesquelles ils se fondent pour affirmer que le gouvernement russe a « hacké » les emails de Hillary Clinton pour aider Donald Trump. James Clapper a aussi ajouté que le hacking n’était qu’une partie de l’opération qui consistait aussi à diffuser des « propagandes classiques, la désinformation et les fausses nouvelles. »

 

Syrie: la Russie allège son dispositif

La Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, a commencé à alléger son dispositif militaire en Syrie, où l’armée a intensifié ses frappes vendredi sur une région rebelle abritant les principales sources d’approvisionnement en eau pour Damas.

Les troupes du régime aidées des combattants du Hezbollah libanais tentent, à coups de bombardements aériens et d’artillerie, de capturer la région rebelle de Wadi Barada, à 15 km au nord-ouest de Damas, mettant à mal une trêve instaurée le 30 décembre par la Russie et la Turquie, soutien des rebelles.

Engagée militairement depuis septembre 2015 en Syrie, Moscou a bouleversé la donne dans le conflit en volant au secours de l’armée qui était alors en difficulté face aux rebelles appuyés également par des pays du Golfe et occidentaux.

En annonçant le 29 décembre un accord parrainé avec la Turquie sur la trêve et des prochaines négociations de paix, le président russe Vladimir Poutine avait indiqué que la présence militaire russe en Syrie serait « réduite ».

Des Russes pas si hackers

Depuis neuf mois, l’administration Obama, qui est d’ailleurs sur le départ, accuse la Russie d’ingérence dans la campagne présidentielle et d’avoir ainsi permis l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. Mais jusqu’ici, aucune preuve de la manipulation russe n’a été trouvée.

Tout a commencé pendant la campagne. En mai dernier, James Clapper, coordonnateur national du renseignement américain, a mis la puce à l’oreille des équipes des candidats quant aux risques de cyberattaques. En juin, le Washington Post révèle que les serveurs du Comité national démocrate ont été piratés et que des données que le parti avait rassemblé sur Donald Trump ont été volées. Deux groupes de hackers russes, « Cozy Bear » et « Fancy Bear » seraient « derrière » cette affaire.

Tout s’accélère en juillet lorsque, à quelques jours de l’ouverture de la convention démocrate, WikiLeaks a rendu public 20 000 mails piratés venant des comptes de responsables du parti. Encore une fois, des hackers russes sont pointés du doigt. Dans ces mails, on n’apprend pas grand-chose, sinon que le parti démocrate a aidé Hillary Clinton au détriment de son rival Bernie Sanders. Dans une note de service datée du 7 octobre, le département de la Sécurité intérieure lance une accusation en direction du Kremlin, estimant que «ces vols et ces piratages ont pour but d’interférer dans le processus électoral américain ». Deux jours après les élections, le Washington Post explique qu’un rapport de la CIA commandé par Barack Obama accuse Moscou qui chercherait à aider Donald Trump à remporter la présidentielle. De fait, les services russes auraient aussi piraté les ordinateurs du Comité national républicain, mais n’ont pas publié les informations, révélant des divergences profondes entre les responsables du renseignement, car il y avait beaucoup de questions et peu de réponses.

«Ils n’ont aucune idée de s’il s’agit de la Russie ou la Chine ou de quelqu’un d’autre. Ça pourrait être quelqu’un dans son lit quelque part», a réagi Donald Trump, interrogé par Time magazine. Du côté du Kremlin, ces accusations ont été considérées comme « ridicules » en ce sens qu’elles masqueraient une manœuvre de Washington destinée à empêcher l’opinion de soulever le vrai problème, à savoir, le niveau de sécurité du système de vote électronique et sa fiabilité.

Le 8 novembre dernier, la défaite de Hillary Clinton avait ravivé les spéculations sur le piratage informatique des élections. Dans plusieurs états, des chercheurs avaient relevé des incohérences informatiques.

Selon Damien Bancal, spécialiste des sujets liés à la cybersécurité et intervenant pour la Licence professionnelle Collaborateur pour la Défense et l’Anti-Intrusion des Systèmes Informatiques (CDAISI) de l’Université de Valenciennes, les agences électorales de deux Etats « ont confirmé que les présumés cyberattaques qu’elles avaient subi étaient liées aux agissements du Département américain de la Sécurité intérieure. Le DHS, l’U.S. Department of Homeland faisait ses tests de « routine », sans prévenir, laissant ainsi planer le doute. Bref, les « attaques massives » que subissaient les états de la Virginie occidentale et du Kentucky n’en n’étaient pas. »

« Les 10 cyberattaques « électorales » au cours des 10 derniers mois ont toutes la même adresse IP, celle du DHS. Le plus récent était une tentative d’examiner la base de données des électeurs. Pour sa défense, l’U.S. Department of Homeland indique vérifier les antécédents d’employés et autres gardes armés afin de vérifier les numéros de licence. Cela aurait déclenché une « alerte de priorité moyenne », ajoute-t-il.

Mais la Maison Blanche n’entendait pas les choses de cette oreille. Ainsi, le 30 décembre, il y a eu coup de théâtre dans le ciel américain : M. Obama a ordonné l’expulsion de trente-cinq diplomates russes accusés d’être des « agents de renseignement » de Moscou en poste à l’ambassade de Russie à Washington et au consulat russe de San Francisco. L’administration Obama leur reproche d’avoir « agi d’une manière qui ne correspond pas à leur statut diplomatique ». En réaction, l’homme fort du Kremlin, M. Poutine, a décidé de tourner en dérision Obama, refusant la proposition de son ministre des Affaires étrangères d’expulser des diplomates américains.

Au-delà des griefs avancés par Washington, cette expulsion de diplomates russes n’est rien de moins, selon Eric Denécé du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, qu’une sanction contre « la supposée ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine, pendant laquelle le Parti démocrate aurait été victime de cyberattaques qui auraient favorisé l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche ».

Il reste que jusqu’ici, aucune preuve n’a été fournie par l’administration Obama concernant une manipulation russe. Ce qui fait qu’on se retrouve dans une confusion totale qui laisse davantage planer le doute à propos de toute cette affaire. L’implication de la Russie reste toujours donc à prouver. À moins qu’il ne s’agisse d’une tentative de diaboliser davantage M. Poutine ou de provocation à destination de la Russie qui, coïncidence étrange ou pas, venait de libérer Alep avec la Syrie, de signer un cessez-le-feu avec l’Iran, la Turquie et la Syrie quelques semaines avant les expulsions.

La Russie se retire de la CPI

Vladimir Poutine a décidé par décret de ne pas ratifier le statut de Rome qui établit la Cour pénale internationale. La CPI, créée en 2002 essuie de nombreuses critiques quant à son impartialité et son indépendance.

La Russie a annoncé son intention de ne pas ratifier le Statut de Rome qu’elle avait signé en 2000, et aui est la condition pour adhérer à la Cour pénale internationale (CPI). Cet annonce a été faites hier mercredi par le ministre russe des Affaires étrangères. Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret pour se retirer du statut de Rome. La Russie accuse la cour pénale internationale de ne pas être indépendante.

16 ans après la signature du statut de Rome, la Russie qui ne l’avait jamais ratifier et décide de se retirer de la cour pénale internationale

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères russe a expliqué les motivations de Moscou : « Le président [Poutine] a signé un décret sur l’intention de la Russie de ne pas être État partie au statut de Rome de la Cour pénale internationale. La notification parviendra bientôt (…) La Cour n’a pas été à la hauteur des espoirs qui ont été placés en elle et n’est jamais devenue une institution véritablement indépendante et faisant autorité en justice internationale ». 

D’autres pays ont par ailleurs annoncé leur retrait de cette juridiction internationale, à l’instar de la Gambie, le 24 octobre 2016, l’Afrique du Sud et le Burundi, ont annoncé à leur tour vouloir se soustraire à la juridiction de la CPI. L’organisation semble payer sa politisation sa politisation. 32 Etats, dont les Etats-Unis, n’ont jamais ratifié le Statut de Rome.

Les Maliens plébiscitent l’aide des militaires russes

La visite du vice-ministre des affaires étrangères russe au Mali suscite beaucoup despoir. Appelant de leurs vœux une intervention russe sur le territoire malien, le groupe des patriotes du Mali voit dans cette venue un tremplin vers la réalisation de leur souhait.

« Nous voulons remplacer les Français et autres par les Russes ». Le message de Tidiani Tangara, directeur de publication du journal le Dénonciateur est sans équivoque. Avec son collectif, le groupe de patriotes du Mali (GPM), il milite activement en faveur dune intervention de la Russie sur le sol malien.

Le 22 septembre dernier à loccasion de la fête dindépendance, un sit-in devant lambassade russe avait été organisé à cet effet. « Nous voulons que la Russie sintéresse au cas malien, en fournissant non seulement de la logistique, mais aussi et surtout en pesant de tout son poids au conseil de sécurité en faveur du Mali. Les forces sur le terrain notamment la France et la MINUSMA, ont montré leur incapacité » sinsurgeait-t-il. La manifestation aurait porté ses fruits, les dirigeants russes seraient réceptifs mais demanderaient que lÉtat malien fasse une demande officielle en vue dune coopération militaire. Interpellé sur la question en décembre 2015, le président Ibrahim Boubacar Keita se disait favorable à cette coopération. « Si elle [la Russie] décide d’envoyer des troupes au Mali, elles seraient les bienvenues », a-t-il affirmé au cours de l’émission ‘‘l’Invité’’ sur TV5 Monde. L’État avait même commencé à travailler dans le sens d’une aide militaire russe sur son territoire selon Tangara, mais par crainte que les relations avec ses partenaires actuels ne s’étiolent, il est devenu rétif. Toujours très critique, il pense que seule la voix de la rue pourrait faire fléchir le gouvernement. Un projet de marche serait en phase de préparation.

Une pétition a été lancée en faveur de la venue des Russes au Mali et elle a récoltée 2.413.313 signatures.

Boubacar Sidiki Haidara

Alep : reprise des bombardements sur fond de tension diplomatique

Le régime syrien et son allié russe ont intensifié les bombardements sur la partie est d’Alep.

Un temps remisés, les combats ont repris de plus belle à Alep. Les bombardements russes et syriens se sont intensifiés hier mardi contre des quartiers rebelles, et ont fait 25 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres. Paul Khalifeh, correspondant de RFI dans la région, rapporte que les raids ont surtout visé le quartier de Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles présents dans la partie est du pays. Ce quartier n’en demeure pas moins stratégique en raison du fait « qu’il constitue une sorte de verrou, qui commande l’accès à d’autres secteurs de la ville ».

C’est le prolongement de l’offensive lancée le 22 septembre par le régime de Bachar El Assad et son grand protecteur qu’est la Russie, pour reprendre les quartiers d’Alep aux mains des rebelles. Depuis mars 2011, la Syrie est plongée dans la guerre civile.

Le 6 octobre, l’ONU tirait la sonnette d’alerte sur le fait que le risque est grand que la partie est d’Alep soit détruite avant la fin de l’année. L’organisation a fait état de 376 personnes tuées, 1266 blessés par les bombardements.

Pendant ce temps, sur le plan diplomatique, les pays sont en peine de s’entendre pour arrêter cette escalade de la violence. Pour preuve, le Président russe, Vladimir Poutine, a annulé sa prochaine visite à Paris le 19 octobre prochain, quelques jours après le veto russe sur une résolution française à l’ONU par rapport au cessez-le-feu à Alep. Au Royaume uni, Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il « voudrait voir des manifestations devant l’ambassade de Russie » à Londres pour protester contre le rôle de Moscou en Syrie.

 

 

Syrie : Tension entre Washington et Moscou

La situation à Alep a provoqué un regain de tension entre la Russie et les Etats-Unis sur la Syrie.

Rien ne va plus entre les Etats-Unis et la Russie depuis l’escalade de la violence à Alep, qui a mis à mal la coopération entre les deux pays sur la Syrie. Le mercredi 28 septembre, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, est allé jusqu’à menacer Moscou de geler toute coopération. Et il reste évident que l’emportement du chef de la diplomatie yankee montre à quel point il est difficile d’envisager une sortie du tunnel en Syrie, pays plongé dans la tragédie de la guerre depuis cinq ans. Selon le porte-parole du Secrétariat d’Etat, John Kirby, John Kerry a informé, via un entretien téléphonique, son homologue russe, Serguei Lavrov, que « les États-Unis se préparaient à suspendre leur engagement bilatéral avec la Russie sur la Syrie, notamment la mise sur pied d’un centre conjoint » de coordination militaire contre les djihadistes prévu par l’accord américano-russe du 9 septembre qui a volé en éclat dix jours plus tard.

La trêve prévue par l’accord difficilement négocié à Genève, a été rompue le 19 septembre par une décision de l’armée syrienne, et, grand paradoxe, en pleine Assemblée générale de l’ONU. Depuis le jeudi 22 septembre, les avions de guerre syrien et russe ont intensifié les bombardements sur Alep. Pour M. Kerry « les Etats-Unis et leurs partenaires tenaient la Russie pour responsable de la situation (…) et que la Russie avait la charge d’arrêter l’assaut et de permettre l’acheminement d’aide humanitaire à Alep et dans les autres régions qui en ont besoin ». Ainsi, Washington demande à la Russie l’arrêt des bombardements sur Alep et la cessation des hostilités.

Va-t-on vers une rupture des relations entre les deux puissances ? Rien n’est certain. Mercredi soir, le ministre russe de la Défense a déclaré que le Président Vladmir Poutine « a chargé les ministères de la Défense et des Affaires étrangères d’être prêts à continuer à travailler conjointement avec nos partenaires américains sur le dossier syrien ».

Syrie, l’enjeu d’Alep

En Syrie, le régime de Bachar Al-Assad, avec l’aide de son grand protecteur qu’est la Russie et dont la stratégie est celle du rouleau compresseur, poursuit son offensive contre les rebelles à Alep. Une ville stratégique dont la chute pourrait davantage renforcer le régime.

La crise à Alep s’est dramatiquement empirée depuis jeudi 22 septembre, lorsque les avions de guerre syrien et russe ont brusquement intensifié les bombardements de cette ville « divisée », après  l’échec de la trêve prévue dans l’accord russo-américain du 9 septembre. Ce qui a amené le Conseil de sécurité à se réunir, dimanche 25 septembre, à la demande de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, lesquels ont accusé la Russie de « crimes de guerre ». « C’est de la barbarie », a lancé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. Le lundi 26 septembre, pour la quatrième fois consécutives, la Russie et son allié syrien ont repris les bombardements. Mais le Kremlin a estimé que ces accusations sont de «de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement » du conflit syrien. Les populations civiles sont plongées dans une catastrophe : pas d’hôpitaux, pas de convois humanitaires, pas de centres médicaux. De fait, Alep est une ville stratégique, la plus grande du Nord près de la frontière turque. Pour Ziad Majed, politologue et professeur à l’Université américaine de Paris, interrogé par Le Monde, si le régime syrien récupère Alep, considérée avant par les rebelles comme le point de départ pour la libération du territoire, « cela sera une victoire symbolique très importante (…)Si Alep tombe, cela va montrer aux opposants qu’ils n’ont aucune protection et que les Russes et le régime peuvent tout faire, qu’il n’y a pas de ligne rouge. » Mais, l’autre but recherché par la Russie est de modifier le rapport de force sur le terrain, ce qui pourrait peser dans les négociations avec les Etats-Unis dont on dit qu’ils sont de plus en plus passifs et hésitants en Syrie, tout comme les Européens. Et l’on comprend sans mal qu’avec la situation à Alep s’éloigne une porte de sortie politique en Syrie.

 

Téhéran annonce la fin des raids russes en Syrie au départ de l’Iran

Un avion de chasse russe stationné sur le tarmac d’une base aérienne en Syrie. L’Iran a annoncé, lundi, l’arrêt des raids menés par la Russie en Syrie à partir d’une de ses bases. Le ministre iranien de la Défense avait d’ailleurs critiqué l’allié russe pour avoir communiqué sur cet événement.

La Russie a cessé d’utiliser une base aérienne iranienne pour mener des raids en Syrie, a annoncé, lundi 22 août, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. « L’armée russe n’a aucune base en Iran et elle n’y stationne pas », a tenu à clarifier Bahram Qasemi, cité par l’agence de presse Tasnim.

Des bombardiers à long rayon d’action Tupolev-22M3 et des bombardiers tactiques Soukhoï-34 avaient décollé la semaine dernière de la base d’Hamadan , dans le nord-ouest de l’Iran, pour bombarder des positions de l’organisation État islamique (EI) et des jihadistes de l’ancien Front Al-Nosra à Alep, Idlib et Deir Ezzor en Syrie.

Ces raids faisaient partie d’une « mission précise et autorisée et elle est maintenant terminée. [Les Russes] ont mené ces raids et ils sont partis », a souligné de son côté le ministre de la Défense Hossein Dehghan dans une interview à la télévision iranienne Channel 2, diffusée dimanche soir.
Jamais depuis la révolution islamique de 1979, Téhéran n’avait autorisé une armée étrangère à utiliser son territoire pour mener des missions dans la région.
Des parlementaires iraniens avaient d’ailleurs protesté contre ce développement retentissant qui a mis en lumière le degré de coopération entre les deux puissances alliées du régime du président Bachar al-Assad. Selon eux, une telle autorisation allait à l’encontre de la Constitution de la République islamique.

Téhéran tance son allié russe

Si le gouvernement iranien a réfuté cet argument, dimanche, il a toutefois critiqué son allié russe pour avoir révélé l’utilisation d’une base aérienne iranienne en vue de mener des frappes en Syrie.
« Naturellement, les Russes veulent montrer qu’ils sont une superpuissance et un pays influent et qu’ils sont impliqués activement dans les questions de sécurité dans la région et le monde », a ajouté le ministre de la Défense. Mais derrière l’annonce des raids à partir d’une base en Iran, il y a une volonté « de se mettre en avant, sans égard » pour l’Iran, a-t-il jugé.
Téhéran reste discrète sur la portée de son aide militaire au régime alors que Moscou, qui dispose en Syrie d’une base aérienne, annonce régulièrement des raids aériens et parfois une implication au sol de ses soldats. »Nous avons collaboré et nous continuerons de collaborer avec la Syrie et la Russie », a expliqué le ministre iranien de la Défense, qui a laissé la porte ouverte à d’autres éventuelles missions similaires russes, en soulignant que cela dépendrait de « la situation dans la région » et nécessiterait « notre autorisation ».
« La Russie a décidé d’utiliser plus d’avions et d’augmenter le nombre de ses missions. Pour cela, elle avait besoin de faire le plein dans une région proche des opérations et c’est pour cela qu’elle a utilisé la base de Nojeh à Hamedan, mais nous ne leur avons certainement pas donné une base militaire », a-t-il clarifié.

Ukraine: qui a tiré sur l’avion de la Malaysia Airlines?

L’avion de ligne malaisien effectuait la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur avec 295 personnes à  son bord. Il a été abattu, jeudi, au-dessus de l’est de l’Ukraine, à  une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe. Aucun survivant. Ce qui avait été annoncé comme un accident s’est très vite révélée être une attaque aérienne par missile. Un type spécifique d’arme, les Buk, dont disposent les deux camps dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie depuis plusieurs mois déjà . Ce crash aérien est le troisième depuis le début de la semaine à  se produire dans cette région. Un Antonov 26, un appareil de transport militaire a été abattu lundi, mercredi, C’’était au tour d’un Sukho௠25 de connaà®tre le même destin. Mais ces deux avions volaient à  une moindre altitude que le Boeing 777. Les raisons de l’accident, jeudi en fin de journée, étaient encore très floues. Même si, du côté ukrainien, on a aussitôt tendu un doigt accusateur vers Moscou. Attaque ou bavure? Selon les experts, il va falloir sans doute plusieurs jours avant de savoir qui est à  l’origine du tir.  «  A partir du moment o๠nous saurons d’o๠a été tiré l’engin, il sera alors plus aisé d’en connaà®tre le responsable» affirme Philippe Migault, directeur de recherche à  l’IRIS. D’ici là , les parties concernées risquent chacune de se rejeter la faute dans une guerre de communiqués. Les Russes, comme les Ukrainiens disposent de missiles sol-air Buk. La question de savoir si les séparatistes pro-russes en ont aussi n’était pas résolue. Deux hypothèses prévalaient à  commencer par l’erreur de tir. l’avion civil aurait pu être confondu avec un Antonov par exemple. Cependant, un tir délibéré n’est pas à  exclure. Dans le climat actuel de guerre civile o๠la situation sur le terrain reste confuse, une telle action qui provoquerait une onde de choc dans le monde peut avoir été décidé dans le seul but de nuire. « Chaque partie va alors avoir à  C’œur d’accuser l’autre pour mieux le discréditer », estime Jean-Claude Allard spécialiste des questions de défense et de sécurité à  l’IRIS. De part et d’autre, on s’accuse donc. Alexandre Borodaà¯, chef du gouvernement de la « République populaire » autoproclamée de Donetsk a déclaré que « l’avion de ligne avait été abattu par l’armée ukrainienne ». De son côté, Petro Porochenko, le président de l’Ukraine a dénoncé un « acte terroriste » affirmant que l’avion de ligne « a été abattu ». Il a en même temps souligné que « les forces armées ukrainiennes n’ont pas effectué de tirs susceptibles d’atteindre des cibles dans les airs ». En attendant de voir plus clair dans ce nouveau drame ,les armes continuent de se faire entendre en Crimée et ailleurs en Ukraine et les familles des victimes restent sans réponse face à  la perte des leurs.

Reférendum en Crimée: la population dit oui, l’Occident dit non !

Les résultats officiels ont montré lundi que 96,6% des Criméens ont voté pour rejoindre la Russie lors du référendum organisé dimanche. La plupart des personnes interrogées ont manifesté leur confiance dans le fait que ce troisième référendum dans l’histoire de la péninsule les mènerait à  la « maison », en Russie. Condamnations et sanctions par les occidentaux Cependant, les pays occidentaux tels que les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont rejeté le référendum, qualifiant le vote d' »illégal » et « contraire à  la Constitution de l’Ukraine ». Le président américain Barack Obama a déclaré dimanche que les Etats-Unis ne reconnaà®tront pas le référendum de Crimée, promettant d’imposer de nouvelles sanctions contre la Russie. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a nié la légitimité du référendum de Crimée, exhortant la Russie à  prendre des mesures immédiates pour éviter une escalade « inutile » et « dangereuse » de la crise ukrainienne. Trois jours avant le vote, la chancelière allemande Angela Merkel avait averti Moscou que si la situation en Crimée s’aggravait « cela causerait des dommages très importants à  la Russie, tant sur le plan économique que sur le plan politique ». « Rien dans la manière de mener le référendum ne peut nous convaincre qu’il s’est agi d’un exercice légitime », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague dans un communiqué, après son arrivée à  Bruxelles pour la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, tenue lundi.Dans une déclaration commune publiée dimanche par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, les dirigeants de l’UE ont déclaré que le référendum en Crimée était « illégal et illégitime » et que son résultat « ne sera pas reconnu ». La Russie, plus sûre d’elle-même que jamais Le président russe Vladimir Poutine a déclaré, lors de conversations téléphoniques séparés avec M. Obama lundi matin et la chancelière allemande Angela Merkel dimanche, que le référendum de Crimée en cours ne viole pas le droit international et est totalement légal. « M. Poutine a indiqué que le référendum de la population criméenne se déroule en pleine conformité avec le droit international, en particulier avec l’Article 1 de la Charte des Nations Unies qui stipule le principe d’égalité et d’autodétermination des peuples », selon le site Internet du Kremlin, citant une conversation téléphonique entre les dirigeants. « La Russie respectera le choix des habitants de la Crimée », a souligné M. Poutine, ajoutant qu’il est préoccupé par l’aggravation de la situation dans les régions de l’est et du sud de l’Ukraine. En dépit des différentes évaluations de la situation criméenne, MM. Poutine et Obama ont convenu de poursuivre la recherche des moyens permettant d’assister la stabilisation de l’Ukraine. Moscou a mis son veto samedi dernier à  la proposition d’un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU alors que la Chine s’est abstenue. Ce projet de résolution, élaboré par les Etats-Unis et soutenu par les pays occidentaux, appelle les organisations internationales à  ignorer les résultats du référendum en Crimée. « La Chine adopte une position objective et équitable dans la gestion de l’affaire ukrainienne », a souligné au Conseil de sécurité M. Liu Jieyi, représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, suite au vote. « Ce vote sur le projet de résolution du Conseil de sécurité ne pourra à  ce stade que provoquer la confrontation et compliquera la situation, ce qui ne correspond pas à  l’intérêt commun du peuple ukrainien et de la communauté internationale », a estimé M. Liu. La péninsule criméenne, qui faisait partie de la Fédération russe, avait été donnée en mai 1954 à  l’Ukraine, une république de l’Union soviétique. En mai 1992, le Conseil suprême de la Crimée (Parlement) avait déclaré l’indépendance en attente d’un référendum qui avait été annulé plus tard par les autorités ukrainiennes. La Crimée avait organisé deux autres référendums en 1991 et en 1994, mettant à  l’épreuve la préférence des électeurs pour une plus grande autonomie au sein de l’Ukraine ou pour une réunification avec la Russie. Le Conseil suprême criméen avait adopté une résolution de déclaration d’indépendance le 11 mars en vue d’ouvrir la voie au référendum de dimanche.

Mikhaïl Kalachnikov, l’inventeur de la kalachnikov, est mort

D’après un portrait de la BBC, Mikhaà¯l Kalachnikov est né dans une famille de paysans pauvres dans le sud de la Russie, en 1919. Inventeur autodidacte, il est enrôlé dans l’armée pendant la seconde guerre mondiale. Rattaché à  une division de chars, il invente d’abord un système permettant de compter le nombre d’obus tirés par la mitrailleuse. Il est blessé en 1941 et pendant sa convalescence, il dessine un fusil d’assaut petit, fiable et rapide, qui sera retenu par l’Etat soviétique. Son célèbre fusil d’assaut, le modèle Avtomat Kalshnikova, voit le jour en 1947, ce qui lui vaut l’abréviation d’AK-47. L’armée rouge en est dotée deux ans plus tard. 100 millions de AK-47 dans le monde Robuste (on peut même tirer sous l’eau), fiable, simple d’utilisation, l’arme connaà®t un immense succès. Aujourd’hui, il y en aurait 100 millions dans le monde. On la retrouve des conflits africains aux règlements de comptes marseillais. En conçoit-il du remords ? Dans un entretien à  l’agence Reuters, il disait : « Je ne l’ai pas mis dans les mains des bandits et des terroristes et ce n’est pas ma faute si elle a explosé de manière incontrôlée à  travers le monde ». D’après l’agence russe Ria Novosti, Mikhaà¯l Kalachnikov était « l’homme le plus décoré de la Russie ». A lui seul, il a créé à  peu près 150 armes diverses.