Coopération Mali – Russie : un nouveau tournant ?

Entre Bamako et Moscou, c’est « collé-serré » depuis le début de la Transition. Le rapprochement entre les deux capitales s’est renforcé avec la « rectification » de la Transition, en mai 2021. Une douzaine de mémorandums d’entente devant aboutir à la réalisation de nombreux projets viennent d’être signée entre les deux pays, à l’issue de la semaine russe de l’Énergie, qui s’est achevée le 16 octobre dernier à Moscou.

Au-delà du domaine militaire, dans lequel le Mali et la Russie ont suffisamment renforcé leurs liens ces deux dernières années, les deux pays s’accordent à diversifier leur coopération sur d’autres plans. La visite de la délégation malienne de haut niveau, conduite par le ministre de l’Économie et des finances Alousséni Sanou à Moscou du 11 au 16 octobre 2023, a posé les jalons de ce nouvel élan. Plusieurs conventions ont été signées dans des domaines tels que l’Énergie, les Mines, l’Agriculture ou encore les Transports, entre autres.

Selon le ministre de l’Économie et des finances, des accords juridiques ont été signés pour la réalisation de deux à quatre centrales nucléaires au Mali, chaque centrale ayant une capacité minimale de 55 mégawatts, l’installation d’une usine d’affinage d’or d’une capacité de 200 tonnes à Bamako, avec à la clé une formation gratuite du personnel malien en Russie, et un transfert permanent de compétences, l’exploitation de certains minerais, la création d’un cadastre minier plus détaillé, la fourniture de 350 000 tonnes d’intrants agricoles, toutes spécialités confondues, d’ici février 2024, ainsi que celle de 200 millions de litres de produits pétroliers à l’État du Mali.

Le gouvernement malien envisage, par ailleurs, en partenariat avec la Russie, la réalisation de deux lignes de tramway à Bamako, ainsi que la création d’une compagnie aérienne pour la desserte nationale et sous-régionale et l’accès du Mali à des satellites de communication. À en croire la ministre des Transports, cette compagnie aérienne devrait être opérationnelle dans un an.

« La relation économique entre le Mali et la Russie est au beau fixe aujourd’hui. Des projets structurants engageant l’État du Mali pour les cinquante années à venir sont signés. Il s’agit pour nous de veiller à la mise en œuvre de tous ces projets pour que le Mali puisse être rapidement un pays émergent », a indiqué Alousséni Sanou.

Nouvelle dimension

Pour le géopolitogue Abdoulaye Tamboura, l’annonce de la signature de ces différentes conventions entre le Mali et la Russie constitue un nouveau cap dans les relations entre les deux pays.

« Cette coopération a pris une nouvelle dimension. Auparavant, elle était axée sur les domaines militaire, minier et de l’éducation. C’est un renforcement des acquis entre le Mali et la Russie et c’est de bon augure pour les deux pays. Cela permet à la Russie de diversifier ses offres et au Mali de diversifier ses partenariats », souligne-t-il.

Toutefois, des observateurs s’interrogent sur la capacité de la Russie à matérialiser tous ces projets et promesses, dans un contexte de guerre avec l’Ukraine, qui mobilise beaucoup de moyens, et de sanctions occidentales sur le pays. En 2019, lors du premier sommet Russie – Afrique, le Président Vladimir Poutine avait promis de doubler les échanges avec le continent, les faisant passer de 20 milliards de dollars à 40 milliards. Cette promesse n’a pas été tenue, d’après l’Institut français des relations internationales (IFRI). La Russie part avec plusieurs trains de retard en Afrique. Selon des chiffres avancées par certaines chancelleries occidentales, le volume des échanges de l’Union européenne avec Afrique a atteint en 2022 163 milliards d’euros alors que pour la Russie, il était chiffré à 20 milliards d’euros. Ce choix assumé des autorités vers la Russie pourrait avoir comme conséquence que les Occidentaux se détournent définitivement du Mali.

En dépit de cela, le 26 juillet dernier, le Colonel Assimi Goïta a pris part au 2ème sommet Russie – Afrique à Saint Petersbourg. Invité personnellement par Vladimir Poutine, avec lequel il communique régulièrement par téléphone, le Président de la Transition accomplissait son premier séjour en dehors du Mali depuis sa prise de pouvoir en mai 2021. « Cela dénote de toute l’importance que le Président de la Transition accorde à la coopération entre la Russie et le Mali et de ses relations privilégiées avec le dirigeant russe », glisse un analyste.

Russie : le Kremlin dément toute implication dans la mort de Prigojine

Soupçonné de culpabilité dans le crash qui a provoqué la mort du patron de Wagner, le Kremlin a affirmé hier vendredi ne rien à voir avec ce crash. Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, a qualifié de mensonge absolu les insinuations de dirigeants occidentaux selon lesquelles le Kremlin aurait orchestré le crash de l’avion qui transportait Evgueni Prigogine.

Dans une déclaration devant la presse, le président du Bélarus Alexandre Loukachenko, a affirmé ne pas pouvoir imaginer Vladimir Poutine donnant l’ordre d’assassiner le patron de Wagner.

Toutefois, le Kremlin n’a pas perdu de temps. Dans un décret présidentiel en date d’hier vendredi, la Russie exige aux milliers de paramilitaires de Wagner de prêter serment comme le font les soldats de l’armée régulière, de jurer fidélité et loyauté à la Russie, de suivre strictement les ordres des commandants et des supérieurs et de respecter de manière sacrée la Constitution russe. Après la mutinerie avortée de juin, Vladimir Poutine avait déjà proposé aux membres de Wagner non impliqués des contrats avec le ministère de la Défense russe.

De l’autre côté, les enquêteurs ont, annoncé avoir récupéré dix corps des victimes sur les lieux du crash ainsi que les enregistreurs de vol. Ils ont également indiqué que des analyses génétiques moléculaires étaient en cours pour établir leur identité.

Des habitants de Saint-Pétersbourg, base du groupe paramilitaire, ont défilé pour déposer des fleurs sur un mémorial en hommage à Evguéni Prigogine.

Russie : Prigojine, le patron de Wagner annoncé mort dans un crash d’avion

Selon l’agence du transport aérien russe Rossaviatsia, le patron du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, 62 ans, se trouvait à bord d’un avion privé qui s’est écrasé, mercredi 23 août, dans la région de Tver, à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Moscou. « Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l’avion Embraer – 135 », a indiqué Rossaviatsia en citant le nom d’Evgueni Prigojine mais aussi celui de son bras droit Dmitri Outkine. Selon elle, le vol se déroulait « en vertu d’un permis d’espace aérien dûment délivré ». Wagner, la milice qu’il dirigeait, a, elle aussi, confirmé le décès du milliardaire, autrefois très proche de Vladimir Poutine. Elle salue, sur Telegram, un « héros de la Russie » et « un véritable patriote ». Selon un responsable des services de secours cité par l’agence Ria Novosti, les corps de huit personnes ont jusqu’à présent été retrouvés sur le site du crash. Une enquête a été ouverte pour « violation des règles de sécurité du transport aérien ». Pour rappel, le groupe Wagner avait tenté une révolte armée contre la Russie à la fin de mois de juin alors qu’il s’était rangé aux côtés des forces russes lors de l’invasion de l’Ukraine. Pour « éviter un bain de sang », un accord avait été trouvé entre les deux parties et le patron de Wagner avait trouvé refuge en Biélorussie.

Lundi soir, le patron de Wagner est apparu dans une vidéo diffusée par des groupes proches de Wagner sur les réseaux sociaux, où il affirmait se trouver en Afrique. Dans un paysage désertique et armé d’un fusil d’assaut, il disait travailler à « rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus libre ».

L’influence de la Russie dans le monde: Et l’Afrique dans tout ça?

Le retour de la Russie en Afrique a fait l’objet d’une large couverture médiatique, de préoccupations gouvernementales et de nombreuses réactions de la société civile au cours des dernières semaines, en particulier alors que Sochi se prépare à accueillir le tout premier sommet Russie-Afrique la semaine prochaine. La plupart des commentateurs, venus d’Europe et d’Amérique du Nord, ont fait part de leurs préoccupations concernant les accords d’armement douteux conclus par la Russie en Afrique, son ingérence politique dans des régimes africains instables et sa remise en cause du statu quo sur le continent. Le problème est que, lorsque ces commentaires ne sont pas tout simplement hypocrites, ils oublient un élément essentiel : la concurrence est bonne pour les affaires, dont l’Afrique a grandement besoin à l’heure actuelle.

Premièrement, la présence de la Russie sur le continent ne peut se résumer en sensationnalisme. Elle est complexe et il faut la replacer dans son contexte. Les relations modernes russes avec les gouvernements et les institutions africains ont commencé à se renforcer en Afrique pendant et après les guerres d’indépendance, à une époque où l’Union soviétique offrait un soutien diplomatique et militaire essentiel aux jeunes nations africaines qui en avaient besoin. Cette assistance était multiforme et nécessaire pour des pays africains à la recherche d’un développement rapide après des guerres et conflits d’indépendance difficiles. « L’Union soviétique a fourni une assistance économique importante, notamment en matière d’infrastructures, de développement agricole, de coopération en matière de sécurité et dans le secteur de la santé », a écrit cette semaine Paul Stronski du programme Russie et Eurasie de Carnegie. En conséquence, la vision de Poutine pour l’Afrique reprend et renforce une coopération qui a débuté dans la seconde moitié du XXe siècle et qui n’a été interrompue que par l’effondrement de l’Union soviétique en 1991.

En bref, bien qu’arrivant tard sur l’échiquier africain, la Russie n’en est pas pour autant un pion anonyme. Au-delà de la coopération militaire, ses sociétés de ressources naturelles appartenant à l’État ont déjà pénétré le continent et pourraient changer la donne pour de nombreux pays africains ayant besoin d’investissements et d’électricité. Les principales sociétés énergétiques russes telles que Gazprom, Lukoil, Rostec et Rosatom sont déjà présentes en Algérie, en Angola, en Égypte, au Nigeria, au Cameroun, en Guinée équatoriale ou en Ouganda, tandis que des sociétés minières telles que Nordgold ou Rusal développent des mines de classe mondiale en Guinée et au Zimbabwe. L’engagement de la Russie au sein de l’Opep au niveau mondial a également clairement montré son attachement à la stabilité du marché et à la coopération mondiale en matière d’énergie. Les pays producteurs africains bénéficient, en définitive, de cette stabilité.

« L’influence de la Russie s’accroît grâce à des investissements stratégiques dans les ressources naturelles, et ces investissements sont bien accueillis par les entreprises et les gouvernements africains. Ils apportent des capitaux et un savoir-faire russes clés sur un continent qui cherche à diversifier ses partenaires et à attirer des investissements indispensables dans son secteur de l’énergie », a déclaré Nj Ayuk, président de la Chambre africaine de l’énergie (EnergyChamber.org) et PDG du Centurion Law Group. « La Chambre africaine de l’énergie soutient ces efforts et a constaté une nette augmentation des intérêts des entreprises russes pour le continent. Nous prévoyons que de nombreux accords seront signés pendant et après le sommet de Sochi pour que les sociétés énergétiques russes développent des ressources africaines et fassent des affaires en Afrique. Cela sera particulièrement bénéfique à mesure que l’Afrique développe des économies basées sur le gaz », a t-il ajouté.

Parmi les plus récents accords, citons par exemple le protocole d’entente conclu entre Atlas Oranto Petroleum et Rosneft en 2018, aux termes duquel la société panafricaine a accepté d’étudier le développement conjoint de ses actifs en Afrique avec le géant russe. Un autre exemple est la signature de plusieurs accords entre la Russie et le Mozambique cet été, impliquant à nouveau la sociétés d’État Rosneft, mais également Nordgold. En Afrique centrale, Gazprom extrait également du gaz de l’unité flottante Hilli Episeyo au Cameroun, le premier navire FLNG converti du monde.

Au fur et à mesure que ces investissements et cette activité augmentent, le véritable facteur décisif sera la capacité de l’Afrique à conclure des accords favorables à sa population et à son économie. Ce sont les négociations des contrats à venir qui détermineront l’avenir des relations entre la Russie et l’Afrique et indiqueront si l’influence renouvelée de la Russie sur le continent est bonne ou mauvaise pour les africains. À juste titre d’ailleurs, la capacité des gouvernements africains à conclure de meilleures ententes avec leurs investisseurs est en train de devenir un des éléments essentiels du discours commercial mondial sur l’Afrique actuellement.

Dans son livre très attendu qui paraîtra ce mois-ci et qui a déjà remporté un franc succès sur Amazon, « Des milliards en jeu : L’avenir de l’énergie et des affaires en Afrique », Nj Ayuk consacre un chapitre entier à l’art critique de la négociation de contrats. « Pour que l’Afrique réalise réellement tous les avantages des opérations pétrolières et gazières, nous devons assister à de bonnes affaires et des contrats justes dans tous les domaines », écrit-il. « Il est clair que de bonnes affaires et des contrats gagnant-gagnant ont de profondes implications pour les populations, les communautés et les entreprises africaines. »

La négociation des contrats est en fait l’élément clé manquant du débat actuel sur l’influence croissante de la Russie en Afrique. Il ne fait aucun doute que l’Afrique accueille l’intérêt renouvelé de la Russie pour le continent, non seulement parce que les acteurs russes offrent leur collaboration sans les conditions habituelles du FMI et la Banque mondiale, mais aussi parce que l’Afrique a besoin d’investissements en énergie essentiels et qu’un géant producteur de pétrole comme la Russie possède des technologies et un savoir-faire à exporter. Le seul hic, c’est que l’Afrique sub-saharienne a connu plusieurs développements réglementaires ces dernières années, avec un accent particulier sur les réglementations et lois relatives au contenu local sur les marchés de l’énergie. La création d’emplois, le renforcement des capacités nationales et la création d’une base solide de sociétés énergétiques locales sont maintenant une priorité africaine. Si les gouvernements africains sont en mesure de négocier des contrats qui répondent à ces attentes et que les entreprises russes s’engagent à développer le continent, l’avenir est prometteur pour la Russie en Afrique.

En fin de compte, il s’agira de voir comment les institutions et gouvernements africains négocieront leurs futurs contrats avec les entreprises russes. Comme l’écrit Nj Ayuk dans « Des milliards en jeu » : « Les gouvernements doivent donner aux investisseurs la possibilité de générer des revenus à partir des ressources qui les intéressent et de récupérer leurs investissements. En même temps, les gouvernements doivent aussi chercher à créer de la valeur pour leur pays et ses habitants. C’est un acte d’équilibre. C’est un défi, mais c’est réalisable. »

Reste à savoir si Sochi aboutira à cet acte équilibre. En attendant, le défi est posé et l’Afrique est prête à le relever.

Distribué par APO Group pour African Energy Chamber.

SOURCE
African Energy Chamber

Crise diplomatique russo-américaine : Un défi pour les ressources humaines

En réponse au Sénat américain, qui a adopté jeudi dernier de nouvelles sanctions contre la Russie, le Président russe Vladimir Poutine a décidé de renvoyer 755 diplomates américains. Cette mesure de représailles risque d’affecter considérablement la représentation diplomatique américaine sur le sol russe.

Le « message fort » cher au sénateur républicain John Mc Cain, sous la forme de nouvelles sanctions envoyées à Vladimir Poutine, pour punir l’annexion russe de la Crimée en mars 2014 et les ingérences supposées de Moscou dans la campagne présidentielle américaine de 2016, a bien été reçu. La réponse du maître du Kremlin, confirmée le dimanche 30 juillet, a par contre créé la surprise. Le président russe a en effet annoncé le renvoi de 755 diplomates américains, qui devront avoir quitté le sol russe le 1er septembre prochain. C’est la riposte diplomatique la plus sévère depuis 1986, lorsque les États-Unis et l’Union soviétique avaient réciproquement expulsé des dizaines de diplomates. Cette décision intervient 7 mois après que l’administration sortante de Barack Obama ait expulsé 35 diplomates russes, en décembre dernier. La pratique diplomatique standard, en ce qui concerne les expulsions de diplomates entre deux pays, c’est oeil pour un œil,  dent pour dent. Etrangement, le président russe n’avait pas appliqué cette réponse symétrique à l’époque. C’est désormais chose faite avec l’administration Trump.

Casse-tête diplomatique Plus d’un millier de personnes travaillent dans les représentations diplomatiques américaines en Russie. La décision du Président Poutine plafonne à 455 les effectifs du personnel de l’ambassade et de ses consulats sur le territoire. Le même plafond que pour la diplomatie russe aux États-Unis. Mais un détail de cette annonce a son importance. Le chiffre de 455 inclut tout le personnel employé, américain comme russe, du jardinier à l’ambassadeur. Le casse-tête va être de décider qui partira, sachant que le département d’État a déployé environ 300 diplomates en Russie, contre environ 900 personnes recrutées localement.

Théoriquement, les Américains pourraient simplement renvoyer la majorité de leur personnel russe et ainsi conserver leurs diplomates, ce qui signifierait la mise au chômage de plusieurs centaines d’employés. Reste que le fonctionnement des ambassades et consulats s’appuie sur de nombreux jardiniers, chauffeurs, cuisiniers, gardiens, femmes de chambre, chargés du nettoyage et autres techniciens.

Des coupures massives dans ce personnel obligeraient les diplomates à s’adonner à de nouvelles activités, pour le moins inédites, comme faire la cuisine, passer la serpillière ou tondre la pelouse. C’est ce défi que le nouvel ambassadeur américain, qui sera prochainement confirmé par le Sénat, aura à résoudre en arrivant dans la capitale russe à la fin de l’été.

Donald Trump et Vladimir Poutine ont eu une discussion confidentielle pendant le G20

Une discussion supplémentaire entre les présidents américain et russe, lors d’un dîner du G20 début juillet, a été dévoilée par la Maison-Blanche mardi soir seulement. Dans le contexte des accusations d’ingérence russe, le fait suscite des critiques

Les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine ont eu une discussion supplémentaire en marge du sommet du G20 en Allemagne début juillet, dont l’existence n’a été divulguée que mardi 18 juillet par la Maison-Blanche.

Après une brève interaction au début du sommet de Hambourg et une rencontre bilatérale de plus de deux heures le 7 juillet en compagnie de leur ministre respectif des Affaires étrangères, les deux présidents se sont également retrouvés à l’occasion d’un dîner lors de la dernière soirée du sommet, a indiqué à l’AFP un responsable de la Maison-Blanche. «Il y a eu un dîner purement social pour les couples au G20», a précisé cette source. «Vers la fin, le président a parlé à Poutine au dîner.»

Cette révélation a soulevé des interrogations sur la teneur de leur conversation, sur les personnes y ayant assisté et sur la raison pour laquelle son existence n’a pas été rendue publique plus tôt.

G20 : Quel bilan ?

Inscrite à l’agenda du G20 2017, l’Afrique à défaut d’un plan Marshall pour son développement, bénéficie d’un appui technique pour encourager les investissements privés. Avec en ligne de mire la réduction de la migration clandestine.

Le G20, regroupant les pays les plus industrialisés du monde et l’Union Européenne, s’est réuni à Hambourg du 06 au 08 juillet 2017. Le sommet a pris acte du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat dont le caractère « irréversible » a pourtant été reconnu par les 19 autres.

Sur le commerce mondial, la rencontre s’est contenté d’un compromis difficile à mettre en œuvre entre la réaffirmation de sa volonté de lutter contre « le protectionnisme » et la reconnaissance aux pays de l’usage d’ « instruments légitimes de défense commerciale ».

Autre temps fort de ce sommet, la rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue Russe Vladimir Poutine qui a duré plus de deux heures. « Des échanges vigoureux » mais « une alchimie positive », a jugé le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson. Le président russe a de son côté estimé que les Etats Unis étaient devenus plus « pragmatique » sur le dossier syrien, ajoutant qu’il « y a une compréhension mutuelle qui fait que si on unit les efforts, nous pouvons beaucoup faire ».

Et pour la première fois, l’Afrique était inscrite à l’agenda officiel avec la volonté d’aider « les pays africains intéressés » en encourageant « le secteur privé à saisir les opportunités économiques pour une croissance durable et la création d’emplois ». Objectif affiché de cette « aide », réduire les flux migratoires en direction de l’Europe en offrant aux candidats poussés à l’exil par la pauvreté à s’établir chez eux.

Un engagement qui ne satisfait pas les ONG qui souhaitaient « un véritable engagement pour l’éducation, l’emploi et l’émancipation de la jeunesse africaine ».

Autre limite de cet appui technique à investir en Afrique, il concerne sept pays qui attirent déjà les investisseurs et qui sont loin d’être les premiers pays d’émigration.

Syrie: la Russie allège son dispositif

La Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, a commencé à alléger son dispositif militaire en Syrie, où l’armée a intensifié ses frappes vendredi sur une région rebelle abritant les principales sources d’approvisionnement en eau pour Damas.

Les troupes du régime aidées des combattants du Hezbollah libanais tentent, à coups de bombardements aériens et d’artillerie, de capturer la région rebelle de Wadi Barada, à 15 km au nord-ouest de Damas, mettant à mal une trêve instaurée le 30 décembre par la Russie et la Turquie, soutien des rebelles.

Engagée militairement depuis septembre 2015 en Syrie, Moscou a bouleversé la donne dans le conflit en volant au secours de l’armée qui était alors en difficulté face aux rebelles appuyés également par des pays du Golfe et occidentaux.

En annonçant le 29 décembre un accord parrainé avec la Turquie sur la trêve et des prochaines négociations de paix, le président russe Vladimir Poutine avait indiqué que la présence militaire russe en Syrie serait « réduite ».

Turquie, Russie : les implications de l’assassinat de l’ambassadeur russe

Quelles sont les conséquences de l’assassinat, le lundi 19 décembre, de l’ambassadeur russe à Ankara ? C’est la question que tous ou presque continuent de poser. Mais, de toute évidence, il est difficile de prédire ce qui va se passer.

Le lundi 19 décembre, l’ambassadeur russe en Turquie, Andreï Karlov, a été tué de huit balles en plein discours dans une galerie d’art par un jeune de 22 ans, Mevlüt Mert Altintas, qui a été abattu par les forces spéciales turques. La Russie et la Turquie ont décidé de coopérer pour enquêter sur le meurtre de l’ambassadeur. Mais ce que l’on sait aussi, c’est qu’avant d’être abattu, l’assaillant, policier qui plus est, a crié : « N’oubliez pas Alep, n’oubliez pas la Syrie ! ». Les autorités turques l’accusent d’être membre de la confrérie islamiste de Fethullah Gülen, accusé d’avoir orchestré le coup d’Etat manqué de juillet dernier. Une accusation rejetée par M. Gülen, que les Etats-Unis ont toujours refusé d’extrader, arguant un manque de preuve.

Selon Marc Semo, journaliste au Monde, spécialiste de la diplomatie, « ce jeune fait partie de ces islamistes qui, en Turquie, avaient soutenu la politique du gouvernement qui avait pris fait et cause pour la rébellion syrienne. La Turquie était l’un des pays qui a le plus appuyé la révolution syrienne. Mais aujourd’hui, ces islamistes sont désarçonnés par le virage du Président Recep Tayyip Erdogan qui, depuis la réconciliation avec la Russie, a décidé de tirer un trait sur Alep, en échange du fait que la Russie lui a permis de créer une petite zone de sécurité au nord de la Syrie qui lui permet à la fois d’accueillir des réfugiés et des troupes de la rébellion modérée. »

« Il y a tout une partie des islamistes qui est indignée par l’attitude du Président turc, et qui reste mobilisée contre le régime d’Assad et son grand allié, à savoir la Russie. », ajoute Marc Semo.

L’ambassadeur russe était en poste à Ankara depuis 2013, et a vécu la crise entre les deux pays commencée en novembre 2015 après que les Turcs eurent abattu un avion russe le long de la frontière syrienne. Ce qui a ravivé les tensions entre les deux pays qui étaient déjà opposés dans la guerre en Syrie, en ce sens qu’Ankara soutenait la rébellion contre le régime d’Assad qui est pourtant l’allié de la Russie. La réconciliation est intervenue le 9 août dernier.

Depuis lundi, les questions pleuvent sur les conséquences de cet assassinat. S’agit-il d’un coup monté pour détériorer les relations entre la Russie et la Turquie, comme l’ont pensé à la fois Poutine et Erdogan ? Pour Marc Semo,  cet événement, à court terme, « ne peut que renforcer les relations entre les deux pays, mais à long terme, ça peut être compliqué, parce qu’on verra exactement le niveau de complicité dont a pu bénéficier ou non ce policier. »

Mais ce qui est sûr, c’est qu’il est très difficile de prédire ce qui va se passer. « À court terme c’est un choc pour la Russie, qui se rend compte que la guerre en Syrie est un risque pour elle, un enlisement sur le terrain militaire, parce que pendant le régime d’Assad récupérait Alep, il perdait en même temps Palmyre. Donc, les Russes sont conscients que la prétention de récupérer l’intégralité du territoire syrien est impossible. », explique M. Semo.

Regain de tension entre les frères ennemis ukraino russe

Plus de deux ans après l’annexion de la Crimée, les relations délétères entre Kiev et Moscou sont en passe de basculer vers des tensions à hauts risques, qui pourraient mener à un conflit ouvert.

La Russie a accusé Kiev d’une «tentative d’attaque terroriste » suite à l’arrestation d’un officier des services ukrainiens qui aurait projeté un attentat en Crimée, deux agents Russes sont morts au cours de l’opération ayant mené à cette arrestation. Cette nouvelle montée en fièvre entre Kiev et Moscou, a lancé les deux frères ennemis dans une escalade militaire. « J’ai ordonné à toutes les unités dans les régions situées au niveau de la frontière avec la Crimée et le long de la ligne de front dans le Donbass (Est de l’Ukraine) de se mettre en état d’alerte » a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko. Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part annoncé le renforcement de la sécurité dans la péninsule de Crimée.

Le président ukrainien a réclamé la médiation de plusieurs dirigeants occidentaux, dont François Hollande, Angela Merkel, ainsi que le vice-président américain Joe Biden et du président du conseil européen Donald Tusk. Cet incident, pourrait être une nouvelle étape dans le conflit ukraino-russe, entérinant par là-même une séparation définitive entre ces deux nations.

Erdogan se tourne vers Moscou

Cela fait presque trois semaines que le président turc occupe le devant de l’actualité. D’abord avec le coup d’état raté du 15 juillet, puis avec le « grand nettoyage » tous azimuts qui a suivi. Depuis le 9 août, c’est son rapprochement avec la Russie qui fait la une.

Un réchauffement diplomatique plutôt inattendu si l’on se souvient de la montée d’adrénaline en novembre dernier suite à la destruction d’un avion de combat russe par l’aviation turque. Cet évènement avait donné le coup d’envoi à une guerre des mots entre Ankara et Moscou à laquelle s’étaient ajoutées des sanctions économiques de la part du Kremlin, qui ont grandement affecté l’économie turque, son tourisme en première ligne. Sans oublierles divergences entre les deux pays sur la question syrienne, Moscou soutenant el-Assad, contrairement à Ankara.

Rapprochement opportuniste Recep Tayyip Erdogan a cependant réservé son tout premier déplacement à l’étranger depuis la tentative de coup d’état à la Russie et s’est donc rendu ce 9 août à Saint-Péterbourg. « Cette visite me semble une nouvelle étape dans les relations bilatérales, un départ à zéro », a annoncé Erdogan dans une interview à des médias publics russes. « Nos pays sont des acteurs clés dans la région et ils ont beaucoup de choses à faire ensemble », a-t-il souligné.

Très critiqué par les Occidentaux pour sa réponse musclée au putsch raté, le président turc semble donc chercher désormais le soutien du Kremlin, où Vladimir Poutine ne boude pas son plaisir de voir revenir Erdogan a de meilleurs sentiments. Il faut rappeler que cette visite intervient après que le président turc ait envoyé une lettre à son homologue russe présentant « ses regrets » quant aux évènements de novembre dernier, interprétée comme des « excuses » par Moscou. Vladimir Poutine avait d’ailleurs été parmi les premiers dirigeants étrangers à appeler au lendemain du putsch manqué pour lui témoigner son soutien. Cette réaction russe, fort différente de celle des alliés traditionnels de la Turquie et en premier lieu les pays de l’OTAN, a participé à pousser la Turquie dans les bras de Moscou. Pour se démarquer davantage, Ankara a adressé ce même 9 août des avertissements à Washington, qui refuse d’extrader l’imam Fethullah Gülen, réfugié en Pennsylvanie et accusé par le pouvoir turc d’être l’instigateur du coup d’état avorté,  lui demandant de ne pas sacrifier leurs relations bilatérales « à cause de ce terroriste ».