Ukraine: qui a tiré sur l’avion de la Malaysia Airlines?

L’avion de ligne malaisien effectuait la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur avec 295 personnes à  son bord. Il a été abattu, jeudi, au-dessus de l’est de l’Ukraine, à  une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe. Aucun survivant. Ce qui avait été annoncé comme un accident s’est très vite révélée être une attaque aérienne par missile. Un type spécifique d’arme, les Buk, dont disposent les deux camps dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie depuis plusieurs mois déjà . Ce crash aérien est le troisième depuis le début de la semaine à  se produire dans cette région. Un Antonov 26, un appareil de transport militaire a été abattu lundi, mercredi, C’’était au tour d’un Sukho௠25 de connaà®tre le même destin. Mais ces deux avions volaient à  une moindre altitude que le Boeing 777. Les raisons de l’accident, jeudi en fin de journée, étaient encore très floues. Même si, du côté ukrainien, on a aussitôt tendu un doigt accusateur vers Moscou. Attaque ou bavure? Selon les experts, il va falloir sans doute plusieurs jours avant de savoir qui est à  l’origine du tir.  «  A partir du moment o๠nous saurons d’o๠a été tiré l’engin, il sera alors plus aisé d’en connaà®tre le responsable» affirme Philippe Migault, directeur de recherche à  l’IRIS. D’ici là , les parties concernées risquent chacune de se rejeter la faute dans une guerre de communiqués. Les Russes, comme les Ukrainiens disposent de missiles sol-air Buk. La question de savoir si les séparatistes pro-russes en ont aussi n’était pas résolue. Deux hypothèses prévalaient à  commencer par l’erreur de tir. l’avion civil aurait pu être confondu avec un Antonov par exemple. Cependant, un tir délibéré n’est pas à  exclure. Dans le climat actuel de guerre civile o๠la situation sur le terrain reste confuse, une telle action qui provoquerait une onde de choc dans le monde peut avoir été décidé dans le seul but de nuire. « Chaque partie va alors avoir à  C’œur d’accuser l’autre pour mieux le discréditer », estime Jean-Claude Allard spécialiste des questions de défense et de sécurité à  l’IRIS. De part et d’autre, on s’accuse donc. Alexandre Borodaà¯, chef du gouvernement de la « République populaire » autoproclamée de Donetsk a déclaré que « l’avion de ligne avait été abattu par l’armée ukrainienne ». De son côté, Petro Porochenko, le président de l’Ukraine a dénoncé un « acte terroriste » affirmant que l’avion de ligne « a été abattu ». Il a en même temps souligné que « les forces armées ukrainiennes n’ont pas effectué de tirs susceptibles d’atteindre des cibles dans les airs ». En attendant de voir plus clair dans ce nouveau drame ,les armes continuent de se faire entendre en Crimée et ailleurs en Ukraine et les familles des victimes restent sans réponse face à  la perte des leurs.

Reférendum en Crimée: la population dit oui, l’Occident dit non !

Les résultats officiels ont montré lundi que 96,6% des Criméens ont voté pour rejoindre la Russie lors du référendum organisé dimanche. La plupart des personnes interrogées ont manifesté leur confiance dans le fait que ce troisième référendum dans l’histoire de la péninsule les mènerait à  la « maison », en Russie. Condamnations et sanctions par les occidentaux Cependant, les pays occidentaux tels que les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont rejeté le référendum, qualifiant le vote d' »illégal » et « contraire à  la Constitution de l’Ukraine ». Le président américain Barack Obama a déclaré dimanche que les Etats-Unis ne reconnaà®tront pas le référendum de Crimée, promettant d’imposer de nouvelles sanctions contre la Russie. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a nié la légitimité du référendum de Crimée, exhortant la Russie à  prendre des mesures immédiates pour éviter une escalade « inutile » et « dangereuse » de la crise ukrainienne. Trois jours avant le vote, la chancelière allemande Angela Merkel avait averti Moscou que si la situation en Crimée s’aggravait « cela causerait des dommages très importants à  la Russie, tant sur le plan économique que sur le plan politique ». « Rien dans la manière de mener le référendum ne peut nous convaincre qu’il s’est agi d’un exercice légitime », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague dans un communiqué, après son arrivée à  Bruxelles pour la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, tenue lundi.Dans une déclaration commune publiée dimanche par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, les dirigeants de l’UE ont déclaré que le référendum en Crimée était « illégal et illégitime » et que son résultat « ne sera pas reconnu ». La Russie, plus sûre d’elle-même que jamais Le président russe Vladimir Poutine a déclaré, lors de conversations téléphoniques séparés avec M. Obama lundi matin et la chancelière allemande Angela Merkel dimanche, que le référendum de Crimée en cours ne viole pas le droit international et est totalement légal. « M. Poutine a indiqué que le référendum de la population criméenne se déroule en pleine conformité avec le droit international, en particulier avec l’Article 1 de la Charte des Nations Unies qui stipule le principe d’égalité et d’autodétermination des peuples », selon le site Internet du Kremlin, citant une conversation téléphonique entre les dirigeants. « La Russie respectera le choix des habitants de la Crimée », a souligné M. Poutine, ajoutant qu’il est préoccupé par l’aggravation de la situation dans les régions de l’est et du sud de l’Ukraine. En dépit des différentes évaluations de la situation criméenne, MM. Poutine et Obama ont convenu de poursuivre la recherche des moyens permettant d’assister la stabilisation de l’Ukraine. Moscou a mis son veto samedi dernier à  la proposition d’un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU alors que la Chine s’est abstenue. Ce projet de résolution, élaboré par les Etats-Unis et soutenu par les pays occidentaux, appelle les organisations internationales à  ignorer les résultats du référendum en Crimée. « La Chine adopte une position objective et équitable dans la gestion de l’affaire ukrainienne », a souligné au Conseil de sécurité M. Liu Jieyi, représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, suite au vote. « Ce vote sur le projet de résolution du Conseil de sécurité ne pourra à  ce stade que provoquer la confrontation et compliquera la situation, ce qui ne correspond pas à  l’intérêt commun du peuple ukrainien et de la communauté internationale », a estimé M. Liu. La péninsule criméenne, qui faisait partie de la Fédération russe, avait été donnée en mai 1954 à  l’Ukraine, une république de l’Union soviétique. En mai 1992, le Conseil suprême de la Crimée (Parlement) avait déclaré l’indépendance en attente d’un référendum qui avait été annulé plus tard par les autorités ukrainiennes. La Crimée avait organisé deux autres référendums en 1991 et en 1994, mettant à  l’épreuve la préférence des électeurs pour une plus grande autonomie au sein de l’Ukraine ou pour une réunification avec la Russie. Le Conseil suprême criméen avait adopté une résolution de déclaration d’indépendance le 11 mars en vue d’ouvrir la voie au référendum de dimanche.