Abdoul Sogodogo : « le Mali est un partenaire stratégique pour la Russie »                          

 

                          

Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Russie a effectué, le 7 février 2023, une visite « d’amitié et de travail » au Mali. Le Dr Abdoul Sogodogo, spécialiste des Relations internationales et Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP) nous analyse les enjeux de ce déplacement. Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré.

 

Que retenir de la visite du ministre des affaires étrangères russe au Mali ?

 

Cette visite est une manifestation évidente de la bonne entente entre les deux gouvernements sur les grands défis actuels du monde notamment la crise sécuritaire au Sahel et en Ukraine. Pour le Mali, l’objectif est de trouver un allié capable de lui fournir l’équipement nécessaire pour son armée et de porter aussi la voix au sein du conseil de sécurité des Nations unies.  La Russie, semble être cet allié pour le Mali aujourd’hui.

 

Lors de sa conférence de presse, Sergueï Lavrov a dit que son pays voulait entretenir un partenariat gagnant-gagnant avec le Mali. Quel intérêt particulier la Russie vise au Mali?

 

Le Mali est un partenaire stratégique pour la Russie. Le Mali peut servir de point de pénétration de l’économie russe en Afrique de l’Ouest qui est un grand marché d’avenir.

Surtout que le Mali est géographiquement situé au cœur de l’Afrique l’Ouest et peut donc servir aisément de point d’impulsion pour les opérateurs économiques russes.

 

La Russie souhaite également se positionner dans le Sahel, mais également dans le golfe de Guinée pour combattre le terrorisme. Que pensez vous  de cette ambition de Moscou ?

 

La guerre d’influence entre la Russie et les pays de l’OTAN semble justifier son redéploiement en Afrique. La Russie a besoin du soutien des États africains au sein de l’Assemblée générale des Nations unies pour amorcer des réformes cruciales pour la survie de cette organisation. Cette organisation doit être refondée, car le Conseil de sécurité est au bord de l’implosion.

 

Les États du Sahel doivent-ils faire confiance aux Russes?

 

L’État est souverain et donc responsable de son choix qu’il doit assumer avec élégance. Il appartient à chaque Etat de veiller, à tout prix, aux intérêts de ces citoyens et de répondre à leurs besoins d’Etat. Je ne doute pas du sens de responsabilité des dirigeants africains à situer les intérêts de leur nation.