Côte d’Ivoire : qui pour succéder à Henri Konan Bédié?

À 89 ans, l’ex Président ivoirien Henri Konan Bédié est décédé le 1er août 2023 des suites d’un malaise. Président du PDCI-RDA, il a dirigé ce parti pendant 26 ans.

Président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, puis renversé par un coup d’État, l’ex Président ivoirien Henri Konan Bédié a rendu l’âme dans l’après-midi du mardi 1er août 2023 à la PISAM à l’âge de 89 ans. Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) depuis 26 ans, il avait reporté aux calendes grecques sa succession. Candidat unique à celle-ci au sein de son parti pour le congrès prévu en octobre prochain, il était pressenti comme le candidat du PDCI à l’élection présidentielle de 2025.

Des héritiers dans l’attente  

Pendant longtemps, la succession au sein du PDCI est restée un sujet tabou. Interrogé en 2020 par nos confrères de Jeune Afrique sur la date de sa retraite politique, « le Sphinx de Daoukro », comme on l’appelait, avait répondu « autant demander la date de ma mort ».  Cela n’avait nullement empêché plusieurs cadres du PDCI  de se préparer à lui succéder. Parmi ces derniers, l’on compte l’homme d’affaires et politique Jean-Louis Billon, qui depuis 2020 avait émis le vœu d’être le candidat du PDCI à l’élection présidentielle et Tidiane Thiam, son neveu, qui, après une longue absence du terrain politique, est entré au bureau politique du PDCI début 2023. À ces deux figures s’ajoutent plusieurs autres prétendants comme Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire exécutif du PDCI, ou encore Ouassénan Konan, l’un des plus anciens cice-présidents de ce parti.  Ces derniers pourraient se retrouver face à des héritiers putatifs venant du Centre baoulé (ethnie dont sont issus Henri Konan Bédié et Félix Houphouët-Boigny, majoritairement PDCI). Cette mort brusque, à une trentaine de jours des élections locales (municipales et régionales), plonge le parti dans le doute et ouvre la nuit des longs couteaux pour la succession.

Au-delà de cette bataille, c’est l’avenir du PDCI qui se retrouve en jeu à deux ans de la prochaine élection présidentielle. La mort de son premier Président, Félix Houphouët-Boigny, avait fait exploser le parti en deux, avec la naissance du RDR (actuellement au pouvoir sous l’appellation RHDP). Reste à savoir si les prochains gouvernants résisteront longtemps à l’appel du Président Alassane Ouattara de le rejoindre au sein du parti gouvernemental.

Mali – URD : Quel porte-étendard après Soumaïla Cissé ?

Près de 3 mois après le décès de son leader, Soumaïla Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) se remet en marche pour « perpétuer son combat » et honorer sa mémoire. Après la période de deuil, le parti a relancé ses activités politiques avec une première réunion du Bureau exécutif national, début février. Même si la procédure de sélection d’un candidat à la prochaine présidentielle n’est pas encore enclenchée, toutes les attentions se cristallisent sur ce parti, 3ème  force politique du pays en mal  de leader incontesté. Entre les compagnons de longue date de Soumaïla Cissé à l’URD et certaines personnalités politiques en quête de soutien dans la course à Koulouba, la « bataille » de la succession de l’ex-chef de file de l’opposition s’annonce âpre.

 À 12 mois de l’élection présidentielle qui devrait mettre fin à la transition, l’URD est toujours sous le choc de la disparition de Soumaïla Cissé. Mais ce choc « propulse » le parti, qui est en phase de « reprise en main » pour aller vers l’avant. Une marche en avant dont le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, qui assure l’intérim à la tête du parti, a rappelé aux militants la nécessité, lors de la réunion du Bureau exécutif national du 9 février 2021. « N’oublions jamais que c’est ensemble, en acceptant d’autres, que nous pouvons perpétuer le combat de notre défunt président afin d’honorer sa mémoire », avait-il affirmé, appelant à « aller à la rencontre de plus de Maliens encore, plus de groupements de Maliens ». Si le parti peut en effet se réjouir d’avoir suscité ces dernières semaines de nombreuses adhésions, dont la plus notable est celle de l’ancien ministre de l’Économie et candidat à la présidentielle de 2018, Mamadou Igor Diarra, le 6 février dernier, il reste tout aussi confronté à la gestion de l’après-Soumaïla.

 Reprendre le flambeau

Au sein de l’URD, malgré des craintes, on affirme que la succession de l’ancien président de l’UEMOA ne posera pas de problèmes puisque les textes règlent la question et que, conformément à ces textes, le porte-étendard sera désigné au moment opportun. « Les gens doivent savoir que l’une des forces de l’URD est son collectif. Nous travaillons tous ensemble, nous formons une équipe et nous voulons gagner ensemble. C’est ce crédo qui anime tous les responsables et militants de l’URD et qui fait en réalité notre force », affirme Demba Traoré, Secrétaire à la communication du parti. « Soumaïla était le candidat naturel. Mais il a toujours été désigné suivant une procédure. Ce sont les sections qui désignent leur candidat et leur choix se portait sur lui. Cela a toujours été respecté. Soumaïla n’étant plus, la procédure est là et elle sera suivie. Les candidats vont se présenter dans les sections et un collège désignera, en fonction du choix des sections, celui qui sera le candidat de l’URD », renchérit Moussa Seye Diallo, son adjoint.

Parmi les noms évoqués en interne, ceux de l’actuel Président par intérim, le Professeur Salikou Sanogo, 77 ans, d’Ibrahim N’diaye, 72 ans et 2ème Vice-Président, tous deux anciens ministres, mais dont l’âge est un handicap dans une élection ouverte où la nouvelle génération compte bien s’imposer. De là à imaginer Bocar Cissé, fils aîné de feu Soumaïla, porter les couleurs du parti ? Ce dernier, quadragénaire et cadre de banque, a démenti l’information selon notre confrère Jeune Afrique. Quant à l’avocat Demba Traoré, qui fut ministre pendant la transition de 2012 et député, il indique avoir toujours joué collectif. « J’ai occupé de hautes fonctions dans ce pays. A chacune de ces occasions j’ai été proposé par mes camarades politiques. Pour moi c’est cela le plus important. Je ne me suis jamais porté candidat à quoi que ce soit, alors que j’en ai le droit. Aujourd’hui je peux vous affirmer que je n’ai dit quoi que ce ne soit à personne par rapport à une éventuelle candidature pour présider le parti ou quelque chose d’autre », déclare sans ambages celui qui ne souhaite pas que le débat soit focalisé sur les personnes. « C’est ensemble que nous pouvons aller à Koulouba. Je veux m’appesantir sur l’existant. Et en termes de candidature, la procédure que le parti prévoit n’est pas encore enclenchée », ajoute t-il.

À ces potentiels prétendants internes est venu s’ajouter Mamadou Igor Diarra, suite à son adhésion à l’URD et la fusion avec le mouvement politique qui avait porté sa candidature en 2018, Mali En Action. Une adhésion « sans conditions » et « entamée bien avant le décès de Soumaïla Cissé », mais qui suscite toutefois beaucoup d’interrogations, même si pour les responsables actuels de l’URD elle ne fait pas de facto de l’ancien ministre de l’Économie, 54 ans et dirigeant du Groupe BOA Bank, le futur porte-étendard du parti. « Maintenant qu’il est membre de l’URD, s’il veut être candidat du parti, il va devoir suivre la procédure. Chez nous, il n’y a pas de nouveaux ni d’anciens adhérents »,  confie Moussa Seye Diallo.

« L’adhésion de Mamadou Igor Diarra n’indique quand même pas qu’il prendra la tête de l’URD. À l’interne, beaucoup de personnes estiment qu’àprès Soumaïla cela devrait être leur tour. Il va donc être très difficile qu’Igor vienne et d’un coup de baguette magique, prenne les rênes. Mais je sais qu’en adhérant à l’URD il n’est pas seulement dans une optique de renforcement du parti. Il a aussi des ambitions personnelles à faire prévaloir », souligne pour sa part l’analyste politique Salia Samaké.

 Le salut par l’extérieur ?

D’autres personnalités externes à l’URD, qui ne possèdent pas d’appareil politique  capable de les mener vers Koulouba en 2022, tenteraient de s’appuyer sur le parti de l’ex-chef de file de l’opposition, implanté à travers tout le territoire et disposant d’un important stock d’élus et de relais locaux. .

Le PDG de Cira Holding SAS, Seydou Mamadou Coulibaly, 56 ans, récemment porté à la tête d’un mouvement aux fins de conquête du pouvoir, Benkan – le pacte citoyen, est en quête d’une base politique solide. Même s’il est aussi annoncé du côté de l’Adema, il serait en discussion avec certains cadres de l’URD et se serait rendu au domicile de Madame Cissé Astan Traoré, veuve de Soumaïla Cissé.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, 47 ans, à qui certains prêtent une ambition présidentielle, pourrait obtenir le soutien d’une frange du parti, dont sont issus plusieurs membres de sa famille, notamment son oncle Sékou Cissé, influent député élu à Djenné pendant plusieurs législatures. « Bien qu’ancien PM d’IBK, il a toujours respecté l’opposition et Soumaïla Cissé, dont il s’est battu pour obtenir la libération », affirme un cadre de la Primature.

Ces potentiels futurs candidats auraient d’ailleurs plus de chances de porter les couleurs du parti à la prochaine présidentielle, selon les confidences sous anonymat d’une source interne. « Aucun membre du bureau actuel ne pourra être candidat et supporter les frais qui vont avec. C’est pourquoi les personnalités avec de gros moyens financiers ont le plus de chances de porter son étendard ». Selon Salia Samaké, «parmi les têtes présentes actuellement à l’URD, il sera très difficile d’avoir un représentant qui puisse porter l’étendard et obtenir l’adhésion populaire comme Soumaïla. Mais, avec une analyse poussée, on se rend compte que l’opportunité de personnalités externes peut aider le parti à trouver le cheval sur lequel miser », pense également Salia Samaké. Toutefois, l’analyste politique estime que ce sont ces personnalités qui ont besoin de l’URD pour atteindre leur objectif, et non le contraire.

« Ils se disent qu’en termes de poids politique l’URD est un parti assez représentatif. Il est plus facile pour quelqu’un qui a les moyens, en adhérant aujourd’hui à l’URD, de tirer la machine et d’aller de l’avant plutôt que de commencer par un parti qui n’est pas bien implanté. Toutes les personnes à l’affut savent que les difficultés de succession de Soumaïla leur offrent une opportunité pour essayer de gagner de la place. La porte est ouverte à ce niveau », soutient-il.

DSK, l’Afrique et le FMI… Qui pour lui succéder ?

Alors que Dominique Strauss Kahn, qui souhaite consacrer toute son énergie à  prouver son innocence, vient de remettre sa démission, la succession au poste de Directeur Général du FMI passionne les médias et le plus grands experts de la planète. Un européen ? Christine Lagarde, l’actuelle ministre de l’économie française et préférée de Sarkozy ? Le gouverneur de la Banque centrale du Mexique ? Ou un candidat issu du «Â Tiers Monde »? Désormais, les Africains veulent prendre part au débat. Ce sont d’abord les Sud-Africains, qui ont appelé à  ouvrir la succession au continent, en donnant le nom de l’ancien ministre des Finances, Trevor Manuel. Reste que la direction du Fonds étant traditionnellement attribuée à  un Européen, cette requête ne risque pas d’être entendue. Par ailleurs, certains pays comme le Congo Brazaville, par la voie des médias, ont appelé à  une meilleure gouvernance des institutions financières internationales vis à  vis de l’Afrique, au-delà  des conséquences de l’affaire DSK. Repenser le rôle du FMI en Afrique Quel est le rôle exact du FMI en l’Afrique ? Il faut savoir que ces institutions financières, Banque Mondiale, et FMI, ont été crées au lendemain de la seconde guerre mondiale, par les accords de Bretton Woods, pour impulser les économies européennes dévastées par la seconde guerre mondiale, aujourd’hui, elles sont davantage tournées vers l’Afrique, qui a longtemps subi l’effet de ses politiques, dites «Â d’ajustement struturel » dans les années 80 et 90. Des prêts assortis de conditions drastiques et qui au lieu de résorber les crises économiques, ont pernicieusement alourdi la dette des états. C’’est pourquoi le FMI a souvent été vu comme une institution qui «Â étranglait » le développement de l’Afrique, en accroissant sa dépendance économique et financière. «Â l’aide fatale », le livre de la Mozambicaine, Dambisa Moyo, fait cas de cette politique. Et sous la présidence de DSK, le débat est souvent revenu à  la table. Du temps, o๠il était encore patron du FMI, DSK l’avait reconnu : «Â « Le FMI est régulièrement accusé de brutalement imposer ses politiques alors que dans la plupart des pays d’Afrique, les taux de croissance ont été bons, autour de 5%, notamment parce que ces politiques ont été appliquées ». Mais les progrès économiques enregistrés par le continent ont souvent été minés par la hausse des denrées de première nécessité,du prix du pétrole et l’impact de la crise financière mondiale. DSK avait plaidé pour un changement d’image, sur l’institution financière afin de redorer son blason, à  l’occasion d’une conférence en Tanzanie en 2009 sur l’impact de la crise financière en Afrique. Aujourd’hui, face à  la prépondérance des économies asiatique, indienne ou sud-américaine, la chute du dollar et de l’euro, les politiques du FMI paraissent désormais obsolètes et doivent être réformées pour pallier aux effets durables des crises économiques mondiales sur l‘Afrique, estime un expert. D’o๠l’appel pressant des états du Sud à  envisager un candidat issu de ce même Sud ? Mais les européens l’entendront-ils de cette oreille ? Le candidat qui succédera à  DSK va t-il poursuivre la logique engagée par son prédécesseur ou va t-il donner voie aux exigences du Nord dans une institution que l’on dit contrôlée par l’Amérique ? Hélas, DSK, qu’on disait l’ami des Africains, n’a plus voie au chapitre désormais.

L’Uemoa à Bamako ce samedi :Le sommet de tous les enjeux

Qui représentera la Côte d’Ivoire ? Selon le Commissaire de l’Uemoa, Rui Duarte Barros, la conférence se penchera sur des résolutions permettant de redresser les économies de certains pays touchés par les affres de la crise ivoirienne. C’est le cas du Mali qui connait une flambée des prix de ses denrées de première nécessité. Mais, la question d’actualité qui s’invitera sans doute à  cette réunion, C’’est la Côte d’Ivoire et la situation qui y prévaut depuis plus de 50 jours maintenant. Les pays de la sous-région, réunis au sein de la CEDEAO ont décidé de suspendre la Côte d’Ivoire de leurs instances. Ils brandissent depuis une menace d’intervention armée pour chasser Gbagbo du pouvoir. Il sera question de savoir si, les mêmes ou presque, cette fois-ci au niveau de l’Union Monétaire vont adopter les mêmes positions. La Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest devra afficher une ligne directrice claire en ce qui concerne la signature à  reconnaitre au compte d’Abidjan. Et bien entendu, tout le monde a hâte de savoir qui sera présent. Peu sûr que l’un ou l’autre des deux présidents ivoiriens fasse le déplacement. Mais, le camp Ouattara a d’ores et déjà  annoncé que le Premier Ministre Soro sera présent à  Bamako. Le président Gbagbo a annoncé dans une interview qu’il avait été invité par ses pairs mais qu’il ne pourra faire le voyage « à  cause de son agenda chargé, occupé notamment par les négociations » avec le camp adverse. Le mandat de notre compatriote, Soumaà¯la Cissé à  la tête de la commission de l’UEMOA tire vers sa fin. A Bamako, on saura certainement qui est candidat à  sa succession, des bruits de couloirs et des conciliabules annonçant déjà  en lice, le Niger, le Burkina Faso et même le Sénégal. Vers plus d’intégration En attendant, en prélude à  la conférence des chefs d’Etats, prévue à  Bamako ce samedi, un atelier a été organisé (du 18 au 21) sur le bilan de la mise en œuvre des chantiers du processus d’intégration de l’Uemoa. Il s’est tenu à  l’Hôtel Al Farouk, autour de plusieurs thématiques. A cet atelier, meublé par 10 communications, il a été question de la mise en place du nouveau cadre harmonisé des finances publiques des Etats membres de l’Uemoa. Ce volet a trait non seulement à  la responsabilité des gestionnaires, mais aussi au calendrier de mise en œuvre des reformes. Une communication a porté sur le visa communautaire, la facilitation du transport et le transit routiers. M Ibrahim Tamponé, commissaire au transport de l’Uemoa, a évoqué des pistes pour la résolution des problèmes du secteur du transport ainsi que le transit routier inter-états. Il est également question depuis un certain temps de la mise en place d’une union douanière. L’atelier s’est également penché sur cet aspect avec la présentation faite par M. Christophe Joseph Marie Dabire sur le concept de la libéralisation des échanges commerciaux, les tarifs extérieurs communs et les difficultés de mise en œuvre de l’union douanière. La clôture de l’atelier a été marquée par la cérémonie officielle de signature de retro-cession des financements du Fonds de développement de l’Energie (FDE) par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest.

Parenthèse : « Ben Diakité », sa mission, faire élire le successeur d’ ATT

Son nom à  consonance anglaise peut paraà®tre bien trompeur. Mais, ne vous méprenez surtout pas sur les origines paysannes de ce  » fils du mandingue  » né il y a plus d’une cinquantaine d’années à  Bancoumana, village de plus de 3000 âmes situé à  une soixantaine de kms de la capitale. Il n’est d’ailleurs pas le seul à  partager ce  » privilège « , car l’un des musiciens les plus talentueux de ce pays, le surdoué Mangala Camara, y a aussi ses  » racines « . Son « cas » n’est pas nouveau. A la cour, et singulièrement à  Koulouba, il y’a un conseiller de l’ombre détesté par les autres. On colporte à  son sujet des rumeurs plus ou moins fantaisistes. On se rit de sa prétention, on guette ses faux pas avec appétit. On attend discrètement sa disgrâce. Benson Diakité conseiller du président chargé de (?) et depuis quelques jours secrétaire national chargé de la communication et des relations publiques du PDES joue parait-il ce rôle – peu ragoûtant, il est vrai – dans les allées du pouvoir. Certains le craignent, voyant en lui un futur et puissant ministre de la Com. D’autres pointent du doigt un intrus, un  » revenant » chez les technocrates, un usurpateur toujours prêt à  se mettre en scène. Qui aimerait être à  sa place ? Pourtant cet homme sans doute plus habitué aux cafés et autres bazars parisiens assume tous ses  » travers  » avec une crane, d’indifférence. Il vit très bien dans cette animosité ambiante. A dire vrai, il en a l’habitude, lui qui s’est forgé  » comme par enchantement » un brillant destin à  RFI, la radio mondiale. Cela donne naturellement sous nos  » tropiques  » une jolie rente de situation. Un phénomène inédit… ! Alors plutôt que d’effacer cette odieuse image d’arriviste  » sans foi, ni loi  » plutôt que de se soucier des bassesses et autres vilenies des courtisans, sa première préoccupation est d’être reconnu comme un  » réformateur « , quelqu’un qui veut mettre un peu d’ordre dans la maison ATT. C’est clair, lorsqu’on a de tels desseins plus ou moins avoués, l’écume des petites phrases assassines ne vous atteint pas. Sa préoccupation est de se mettre désormais au service d’un président en qui il a cru voir plutôt « un héros des temps modernes « . Seul bémol, après deux mandats, il n’est plus candidat à  sa propre succession. C’est un peu dur pour  » le grand ami des enfants « , mais c’est comme çà . Mais le pouvoir étant ce qu’il est, ses  » affidés  » ont vite pensé, réfléchi à  un audacieux plan B, celui de la mise sur orbite d’un parti qui aura pour mission  » historique  » de faire perpétuer le système ATT, ses privilèges et immenses prébendes. Son élection en 2002, vous vous en souvenez, a été selon lui-même  » un phénomène inédit. Non seulement l’écrasante majorité de la classe politique a soutenu ma candidature, mais le tiers des sections de l’Adema, le parti de mon rival (Ndlr: Soumaà¯la Cissé) a participé à  mon succès… « . Plus de sept ans après son arrivée au pouvoir, le président ATT a t-il vraiment réussi à  devenir le  » président de tous les Maliens  » ? La réponse est indéniablement oui pour toutes les têtes de proue du PDES qui s’arrogent inexplicablement l’intégralité du bilan d’ATT. L’étrange défaite En 2000, le célèbre publiciste français, inventeur de la  »force tranquille », avait échoué – et de façon ridicule – à  faire réélire le président Abdou Diouf alors au pouvoir depuis une vingtaine d’années. Son adversaire de toujours n’était autre que Me Abdoulaye Wade, celui-là  même qui incarnait le mieux à  cette époque les idéaux et valeurs du changement ou  » Sopi « . Ce mémorable épisode sénégalais nous donne encore aujourd’hui l’éclatante preuve que, face à  la détermination, l’engagement et le rejet par un peuple instruit des vrais enjeux politiques et d’une réelle conscience politique pour les analyser, il est évident que les énormes moyens financiers et matériels mis à  la disposition de ces  » acteurs  » proches du pouvoir ne seront pas d’un réel secours pour propulser le  » candidat  » du Pdes sur les hauteurs de Koulouba. Même si ce parti semble recruter en son sein un  » sorcier noir  » en la personne du prestigieux Benson Diakité, dont le précieux agenda pourrait bien servir à  son « rayonnement » international. Mais, sur un plan strictement local, cela ne sera guère suffisant pour installer ce parti dans le C’œur des Maliens, dont une frange importante est plus que jamais pressée de tirer une croix définitive sur le bilan en demi-teinte du pouvoir d’ATT. Benson Diakité et le PDES seront- ils capables en 2012 de convaincre ces milliers de jeunes chômeurs animés surtout par ce  » désir généralisé de désertion  » (selon la belle formule du célèbre anthropologue camerounais, Achille Bembé) et de l’extrême précarité du monde paysan qu’un  » nouveau bonheur est possible  » sans ATT ? Voilà  toute la problématique de cette formation dont la vision politique – loin d’être erratique – se heurte néanmoins à  tant de malentendus sur la légitimité de l’héritage d’ATT. Dans un autre registre, le choix de Benson à  ce poste éminemment important pour mobiliser les « troupes » encore fantômes du PDES pose en réalité un vrai problème, celui de l’utilisation rationnelle et efficiente des cadres du directoire politique du parti. Ces « transfuges » pouvaient ainsi mettre leurs longues et riches expériences au profit de cette nouvelle formation. Le deuxième vice-président du nouveau parti, le ministre N’Diaye Ba, était depuis le départ des  » dix  » l’inamovible secrétaire général du parti du soleil levant. Il avait incontestablement réussi – grâce à  un formidable travail de terrain – à  faire redorer le blason d’une formation visiblement affaiblie par cette soudaine malheureuse saignée de cadres et militants partis vers d’autres chapelles. Ce poste qui constitue la « cheville ouvrière » de n’importe quelle formation politique est aujourd’hui confié à  « un apolitique bon teint » en la personne de Maharafa Traoré, actuel ministre de la Justice, lequel confessait-il y’a quelques mois – devant une délégation des  »bwas » venus le voir, qu’il ne comprenait pas un traitre mot du  » Bambara », la langue la plus populaire du pays. Le brillant juriste, Me Mamadou Camara (il a également été journaliste dans une autre vie) qui a été pendant longtemps au C’œur de la « communication politique » du Cnid se voit aussi confier la responsabilité des questions institutionnelles. Un vrai gâchis ! Pour la petite anecdote ce  » fort en thème  » est notamment l’un des premiers cadres à  avoir suggéré à  Me Tall que le boycott des élections municipales (lors de la douloureuse et regrettable crise du COPPO) serait une erreur fatale, mortelle pour la survie du parti. Il ne fut jamais écouté, pis encore, il resta même longtemps voué aux gémonies pour cette « impertinence ».

Conquête de Koulouba : les autres candidats à l’élection présidentielle de 2012 (2)

Dr Oumar Mariko, Secrétaire général du parti SADI, opposant radical Malgré sa position inconfortable, le SADI demeure un parti qui a su garder le cap de sa création à  nos jours. C’est un parti de gauche au Mali même si avec le calcul politicien, il forme un groupe parlement Sadi-Parena. Figure emblématique de l’opposition, ce parti présentera un candidat aux présidentielles de 2012. Ce qui est sur, le candidat sera Oumar Mariko ,le défenseur des ruraux et des pauvres. Né le 4 février 1959 à  Bafoulabé, le Dr Oumar Mariko a été leader estudiantin (AEEM), avant de devenir député de Kolondieba. Il est aujourd’hui l’homme politique qui défend le plus les intérêts des défavorisés. Il milite activement en faveur de la lutte contre la pauvreté et la délinquance financière. Habitué des élections, Mariko, constitue une candidature crédible aux élections présidentielles prochaines. Modibo Sidibé, dauphin naturel d’ATT Aux yeux de certains, Modibo Sidibé serait le dauphin du président ATT à  cause des relations qui les lient. Cet inspecteur général de police est l’actuel Premier ministre du Mali. Il est né le 7 novembre 1952 à  Bamako. C’est un administrateur confirmé qui a occupé tous les postes juteux de ce pays. Beaucoup voit en lui, le probable dauphin d’ATT, dont il dirige le gouvernement. Sa candidature est vivement attendue par ses supporters et certains militants de grands partis. Housseini Amion Guindo dit le jeune Poulo Cet enfant de Sikasso et actuel député à  l’Assemblée Nationale a crééE la surprise, en seulement 10 mois depuis la création de son parti, CODEM ( Convergence pour le développement du Mali) et a enlevé près de 445 conseillers communaux aux dernières joutes électorales. Auparavent, il avait réussi a formé à  l’assemblée Nationale, un groupe parlementaire de 5 députés. Ce qui laisse une bonne perspective pour les élections de 2012. Sa candidature ne sera pas une surprise dans la course présidentielle en 2012. Par ailleurs, Amion Guindo cherche activement le soutien des chefs d’états Africains, notamment lors d’une récente tournée en Côte d’Ivoire. Iba N’Diaye probable candidat du parti des Abeilles l’Adema, la première force politique a perdu beaucoup de ses repères depuis les élections de 2002. Il manque de candidats charismatiques. Déjà , certains hauts responsables de ce parti ont déjà  levé le voile sur leur intention. On peut citer Lancéni Balla Keà¯ta, Iba N’Diaye, Dioncounda Traoré, Soumeylou Boubèye Maà¯ga entre autres. Au regard de leur passé, tous ces cadres n’ont pas assez de crédibilité pour réunir la famille ADEMA. Pis, la plupart d’entre eux ont été au moins une fois trempés dans une sale affaire. Leur candidature pourrait diviser le PASJ. C’’est pourquoi d’aucuns avaient souhaité que le parti cherche un candidat indépendant pour le soutenir. Cette idée gêne les barons du parti qui ne voient plus les choses du même oeil que les autres. Parmi ces ténors du Parti, Iba N’Diaye, actuel ministre de l’emploi et de la formation professionnelle et ancien maire du district de Bamako semble avoir gagné la confiance des jeunes, non seulement dans les capitales régionales mais aussi dans les villages à  travers son département pour la formation des jeunes avec l’ANPE

ATT a t’il abandonné l’idée d’un troisième mandat ?

La réponse d’ATT a été on ne peut plus claire. Mais va-t-il respecter sa parole donnée ? Voilà  tout le débat au lendemain de la grande conférence du 8 juin dernier. « Au Mali, ce débat n’existe pas et nous ne sommes vraiment pas à  ce stade. Chez nous les choses sont très claires. Nous n’allons pas rentrer dans des discussions inutiles », C’’est sur ces propos que le Président Touré a abordé le sujet de son futur politique à  la fin de son deuxième quinquennat. Plus loin dans son intervention il ajoute, je cite « une chose est sûre. Moi aussi je voudrais avoir une autre vie plus libre qui me permet d’élever mes petits fils, d’aller cultiver mon champ à  Mopti, d’aller tranquillement à  la mosquée de Mopti. Celle là  n’est pas une vie. Moi aussi J’aimerais être libre, parce que être président dans nos états et surtout du Mali, ce ne sont pas des vacances. Je voudrais vous rassurer que la constitution est claire et elle sera respectée », fin de citation. C’’est donc un Amadou Toumani Touré pressé de quitter le pouvoir qu’on a écouté avec intérêt à  l’occasion du deuxième anniversaire de son investiture. Trois raisons de questionner les propos d’ATT Premièrement, le Président Touré est considéré comme le « guide » de la révolution du 26 mars 1991 ». C’’est lui qui a dirigé le Comité de transition pour le salut du peuple ( CTSP) pendant un an avant d’organiser les premières élections démocratiques qui ont vu la victoire d’Alpha Oumar Konaré. Ce départ sans condition d’un militaire qui a goûté au pouvoir, fait du général ATT un exemple cité dans le monde. Eh bien ! Avant de quitter, il avait dit ceci : « seul un attardé et un fou peuvent diriger ce pays ». Là  C’’était pour répondre aux préoccupations de l’heure qu’il avait donnée cette réponse à  ceux qui le confondaient aux militaires qui ont conduit des transitions et qui sont restés après par la voie des armes. C’’était la nouveauté à  l’époque. Pendant les dix ans du régime Alpha Oumar Konaré, le président du CTSP s’était tourné vers des actions plus caritatives. C’’est ainsi qu’il a crée la Fondation pour l’enfance aujourd’hui dirigée par son épouse. Il fut aussi médiateur dans plusieurs conflits en Afrique. C’’est ce qui a augmenté sa côte de popularité. Mais personne n’imaginait qu’il serait un jour candidat aux élections présidentielles eu égard aux propos qu’il a tenu pendant la transition. En 2002, il s’est présenté en indépendant et a bénéficié de la confiance d’une majorité requise de 64,35% votants contre 35,65 pour Soumaà¯la Cissé. Il devient ainsi deuxième président du Mali démocratique. Les raisons que Amadou Toumani Touré a évoqué pour justifier sa candidature, C’’est de dire qu’il a été sollicité par le peuple malien à  se présenter aux présidentielles. Près de deux décennies après, ses affirmations ne sont pas tombées dans les oreilles d’un sourd. Les maliens lui reprochent jusqu’à  présent de n’avoir pas respecté ses propos. Deuxièmement… Deuxièmement, on se souvient de «bèbiba bolo» (le sauve qui peut), cette expression du Président Touré prononcé le 8 mars 2008. Une expression qualifiée de bavure présidentielle par certains maliens. Puisqu’elle pouvait être traduite comme suit : « on en peut plus, C’’est le sauve qui peut ! ». C’’était dans une atmosphère de crise économique et sociale traduite par de nombreuses manifestations dans les rues de Bamako, que cette phrase avait été dite. D’autres plus proches du pouvoir ou plus flexibles n’avaient pas hésité à  interpréter les propos du président comme un hommage rendu à  la femme, puisque C’’était à  l’occasion de la commémoration de la journée mondiale de la femme. Tout un chacun pouvait interpréter ces mots d’ATT à  sa guise. Des interprétations ont été faites ça et là  et le Président ne s’était plus prononcé dans les médias nationaux. Il a pourtant tiré la couverture sur lui sur les antennes de Radio France Internationale en expliquant ce qu’il avait voulu dire par «bèbiba bolo». Comme pour dire l’opinion nationale ne l’intéressait pas. Et troisièmement… Citons l’exemple Tandja à  ne pas suivre. Le président du Niger est prêt à  modifier la Constitution, ce qui lui permettrait de se présenter à  l’élection présidentielle de décembre prochain. La volonté de Mamadou Tandja de briguer un troisième mandat est d’autant plus grande qu’il est prêt à  enlever l’article concernant la limitation de mandat dans la constitution du Niger. Pour ce faire, il a initié un référendum afin que les nigériens se prononcent sur la question : « le peuple veut encore de lui ? ». Au moment opportun le Mali vivra t-il le même scénario qui voudra que l’auteur du programme de développement économique et social PDES, reste pour achever ses chantiers comme on l’a entendu dans certaines cérémonies ? De pareilles situations se sont déjà  présentées. Au mois de mai, dans son discours pendant la cérémonie de réouverture des mines de Tabakoto et Séguéla dans sa commune, le maire élu du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA),la formation politique de Tièbilé Dramé, principal opposant du pouvoir), a invité solennellement le président Amadou Toumani Touré à  briguer un troisième mandat. Pour, a-t-il déclaré, lui permettre de mener à  terme «les grands chantiers de développement qu’il a engagés». De tels scénarios pourraient se présenter au général Touré et encore. Face à  l’actualité au Niger et de la Mauritanie, le locateur de Koulouba répond : « nous ne voudrions pas que notre appréciation puisse gêner certains pays qui sont face à  certaines situations. Nous n’allons pas faire le meilleur de la classe ! » Cette énième affirmation du Président de la république du Mali laisse t-elle entrevoir un retournement de situation ? Veut-il dire par cette réponse que le Mali ne fait pas exception à  la règle ? Lui seul peut répondre à  ces interrogations. Et malgré tout, l’Afrique se trouve encore face au défi de la démocratisatie.