Transport aérien : qui pour remplacer Air France ?

Le 7 août 2023, le transporteur aérien Air France a annoncé la suspension de ses vols vers le Mali et le Burkina Faso jusqu’au 11 août 2023. Une décision justifiée par la fermeture des frontières du Niger suite au coup d’État du 26 juillet 2023 dans ce pays. Annonçant la prolongation de cette suspension jusqu’au 18 août, la compagnie s’est vue annuler son autorisation de vols vers Bamako.

En effet, après ces décisions de suspension, les autorités maliennes ont répliqué en annulant l’autorisation d’exploitation de la compagnie aérienne, qui effectue 7 vols hebdomadaires vers la capitale malienne. Cette suspension, qualifiée « de manquement notoire, au regard des termes de l’autorisation d’exploitation », a entraîné « des désagréments aux passagers », expliquent-elles. Le « manquement » a donc entraîné l’annulation de l’autorisation d’exploitation pour la saison été d’Air France.

La fermeture de l’espace aérien nigérien obligeait déjà les compagnies à un détour important. Outre cette situation, les crises géopolitiques dans d’autres pays, comme le Soudan ou la Libye, faisaient faire des détours de jusqu’à 1 000 km.

Nouvelles opportunités ?

Les autorités maliennes, qui accusent Air France de n’avoir pas averti de cette décision de suspension dans les délais convenus, annoncent que la compagnie pourrait voir son créneau accordé à une autre et lui demandent donc de soumettre une nouvelle demande avant la fin de l’annulation pour couvrir le reste de la saison. Cette situation pourrait profiter à d’autres compagnies qui desservent les destinations Paris et Bamako. Elles pourraient augmenter leurs fréquences en cette saison où la demande est forte. Il s’agit de la compagnie française Corsair, qui continue de desservir Bamako, et de Turkish Airlines, de Royal Air Maroc ou d’Air Sénégal, entre autres.

La suspension des vols d’Air France a suscité la colère et l’inquiétude chez des dizaines de voyageurs, qui se sont retrouvés au siège de la compagnie le 10 août 2023. Des familles vivant de part et d’autre et des voyageurs occasionnels ont exprimé leur désarroi face à cette situation.

Elle intervient également dans un contexte déjà tendu entre Bamako et Paris. En effet, Paris a annoncé le 7 août la suspension de la délivrance de visas aux ressortissants maliens désireux de se rendre en France. Une décision à laquelle les autorités maliennes ont répondu, au nom du principe de réciprocité, en suspendant en retour la délivrance de visas vers le Mali aux Français.

Transport aérien : Air France suspend ses vols vers le Mali, le Niger et le Burkina Faso

Air France a annoncé lundi la suspension de ses liaisons aériennes vers le Niger, le Mali et le Burkina Faso après la fermeture de l’espace aérien nigérien les militaires du CNSP.

« A cause du coup d’Etat en cours au Niger et de la fermeture de l’espace aérien et de l’aéroport de Niamey-Diori Hamani, Air France ne desservira plus l’aéroport Niamey-Diori Hamani jusqu’à nouvel ordre », a indiqué une porte-parole d’Air France dans une déclaration envoyée par email à Reuters. Air France a également suspendu ses liaisons aériennes vers Bamako, la capitale malienne, et Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, « jusqu’au 11 août inclus ».

Pour les autres destinations d’Afrique subsaharienne et d’Afrique de l’est, Air France prévient que la fermeture de l’espace aérien la contraint à réviser ses plans de vols. En conséquence, ces liaisons dureront entre 15 minutes et 2 heures de plus, pour le Tchad notamment.

Secteur aérien : multiples zones de turbulences

À l’instar de nombreux autres secteurs, celui du transport aérien a fait les frais de la crise qui a résulté de la pandémie de Covid-19.  Pour le Directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), après un bel été, les prochains mois devront confirmer la bonne santé du domaine. En dépit de ces bons espoirs, le transport aérien tousse, avec notamment la récente grève de l’ASECNA qui a paralysé plusieurs aéroports africains. Au Mali, les défis sont récurrents, compliqués par un contexte national toujours instable qui empêche de profiter du potentiel et un contexte international où la crise du kérosène rend difficile la reprise.

Au mois de juillet 2022, les compagnies mondiales avaient déjà retrouvé 87% de leur trafic domestique et les 2/3 de leur trafic international. Si ce dernier n’a pas encore atteint les souhaits, il a doublé depuis une année. Et les progrès pour ces deux types de trafic sont les plus significatifs en Amérique du Nord et en Europe. L’Asie – Pacifique est encore à la traîne en raison de certaines restrictions encore en vigueur.

Au Mali, le secteur a aussi été confronté à diverses crises, dont celles du Covid-19 en 2020. Les impacts dans ce domaine doivent être regardés sous deux angles, estime M. Oumar Kouyaté, Directeur  général d’Air Promotion Groupe – Central West Africa (APG-CWA) : celui des agences de voyage et celui des compagnies aériennes elles-mêmes. S’agissant des premières, il faut rappeler que plusieurs d’entre elles ont fermé durant la période de pandémie et que celles qui « survivent » sont à « l’agonie » parce que confrontées à des difficultés financières énormes. Avant la crise, les compagnies aériennes avaient déjà diversifié leurs canaux de distribution. Si environ 80% à 90% se faisaient auparavant par les agences de voyage, avec le développement du numérique, les compagnies font de la vente via internet, ce qui constitue un manque à gagner pour ces acteurs.

La pandémie de Covid-19 a aggravé cette situation. Après des chômages techniques, certains ont fini par licencier une bonne partie de leur personnel. Pour les compagnies, l’effet de la crise s’est ressenti à travers les restrictions de voyage. Mais la reprise a été amorcée dès 2021 avec la levée de ces suspensions. La situation des compagnies s’améliorant par rapport à celle des agences, avec une progression des ventes. Le besoin de se déplacer a repris le dessus et les impératifs des échanges ont permis un redémarrage des voyages.

Reprise difficile

Mais l’augmentation du coût du kérosène survenue récemment risque d’entraver cette reprise et pourrait décourager certains voyageurs, le coût final étant à la charge du  consommateur. Selon l’IATA, le coût du kérosène a connu une augmentation de 55% par rapport au baril de pétrole brut, avoisinant 140 dollars début septembre 2022.

Une augmentation des coûts du carburant qui représente de 20 à 25% des coûts des compagnies aériennes. Même si les compagnies ont fait le plein cet été, elles redoutent cette augmentation qui participe fortement au renchérissement des billets d’avion.  Même si on doit prendre l’avion ou si on n’a pas le choix, le pouvoir d’achat du consommateur a quand même ses limites, admet M. Kouyaté.

Menace supplémentaire sur le secteur en Afrique, la grève de l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), lancée le 23 septembre 2022 pour 48 heures, qui concernait 17 pays membres sur le continent, dont le Mali. L’Union réclamait notamment une amélioration des conditions de vie et de travail des contrôleurs, ainsi que de meilleures perspectives dans la gestion de leur carrière. Les négociations tenues le jour même entre plusieurs gouvernements et les grévistes avaient permis d’aboutir, à la mi-journée du deuxième jour, à des engagements concernant les revendications et la suspension de la grève pour les dix prochains jours.

Pour l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’ASECNA, des accords ont été trouvés sur 11 des 19 points de revendication. Mais des blocages subsistent au sujet de la rémunération, des problèmes d’effectifs et des plans de carrière. Le 24 septembre dans l’après-midi, le trafic avait repris peu à peu dans plusieurs aéroports, notamment celui de Bamako, avec Air Côte d’Ivoire, où aucun vol commercial n’avait décollé ou atterri depuis le vendredi matin, selon un témoin.

La grève avait fortement perturbé le trafic dans de nombreux aéroports, suivie dans 17 pays, avec 39 tours de contrôle vidées, selon l’Union des syndicats. Pour l’heure, après les dix jours de suspension, aucun nouveau mouvement de grève n’a encore été décrété.

Tirer les leçons du passé

Les restrictions de voyage ont engendré des pertes de revenus, selon Abderhamane Berthé, Secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA). Pour 2022, la perte est estimée à 3,5 milliards de dollars. Une perte qui représente 20% de perte de chiffre d’affaires des compagnies membres de l’AFRAA. Mais l’activité cargo s’est bien développée pendant la Covid et a augmenté de 33% par rapport à 2019, ajoute M. Berthé.

La reprise est progressive et, en septembre 2022, le niveau du trafic est de 82,5% par rapport à la même période en 2019. Malheureusement compromise par la crise ukrainienne et l’augmentation du prix du kérosène, avec un prix moyen du baril de pétrole à 142 dollars depuis janvier 2022 alors qu’il était inférieur à 80 dollars en 2019.

Le carburant représentant environ 35% du coût d’exploitation des compagnies, la répercussion sur les prix des billets est importante, même si les compagnies ne peuvent pas tout répercuter, assure M. Berthé. La majorité des dépenses des compagnies sont en dollar, avec un coût actuel élevé, alors que les revenus sur les billets sont en monnaie locale. Le dollar étant fort, il y a un impact financier direct et il est à craindre que cette hausse remette en cause la reprise des activités.

La viabilité des compagnies aériennes sur le continent est un sujet de préoccupation pour les acteurs. Air Sénégal a par exemple décidé cette semaine d’abandonner les destinations d’Afrique centrale, peu rentables pour la compagnie. L’Association des compagnies aériennes africaines a organisé en juin un « laboratoire » réunissant les experts de tous les horizons, l’objectif étant de mettre en place une feuille de route. Les problèmes identifiés sont essentiellement les taxes et charges élevées, dont celles sur le carburant dans certains pays, ou les prix des pièces de rechange.

Envisagée en 2018, la question de la mise en œuvre du Marché unique du transport aérien africain n’est pas encore effective. Son objectif est de libéraliser le transport entre les compagnies aériennes africaines et de réduire les coûts sur la chaîne pour rendre le billet accessible au pouvoir d’achat du consommateur africain, ainsi que de lever les restrictions sur les droits de trafic. Le Marché unique a été signé par 34 États et l’objectif est donc d’accélérer sa mise en œuvre, précise le Secrétaire général de l’AFRAA.

L’intérêt principal est d’améliorer la connectivité et d’augmenter le trafic afin d’aboutir à une réduction des coûts et des temps de voyage. Ce qui pourra permettre d’éviter au voyageur d’aller hors du continent pour rallier deux points en Afrique. Car le continent, où le revenu moyen est le moins élevé, est celui où les billets d’avion sont les plus chers, paradoxalement. Pour suivre la mise en œuvre des conclusions du « laboratoire », un Comité de pilotage a été mis en place,  coordonné par l’AFRAA et la Commission africaine de l’Aviation civile.

Des raisons d’espérer

Pour Boubacar Coulibaly, ancien Directeur général d’Air Mali, de 1981 à 1988, créer une compagnie sans la participation de l’État est un défi énorme. Même si cette participation doit rester minoritaire, il est normal de mettre en avant la collaboration public – privé. Le transport aérien au Mali peut et doit être mis au service du Mali, tranche-t-il. « Nous sommes un pays enclavé et ce transport reste le meilleur outil de désenclavement. Sky Mali, qui a lancé ses activités en septembre 2020, assure des dessertes intérieures et extérieures, par exemple ». Selon certains acteurs du secteur, il est possible de sortir du cycle récurrent de création puis de fermeture des compagnies en créant un environnement viable. Ceci passe notamment par une baisse des coûts afin de généraliser le recours au transport aérien.

Mali – Transport aérien : Mauvais temps pour les acteurs

Selon l’International air transport association (IATA), les compagnies aériennes ont perdu 4,4 milliards de francs CFA, depuis le début de l’épidémie de Coronavirus, en Afrique. Au Mali, la suspension jusqu’à nouvel ordre des vols commerciaux en provenance des pays touchés par le virus, entrée en vigueur le 20 mars, est une véritable « catastrophe » pour les acteurs. Compagnies, aéroports, agences de voyage, beaucoup sont concernés et les conséquences encore difficiles à estimer.

« L’aviation est sûrement l’un des secteurs les plus touchés, avec la suspension des vols commerciaux en provenance de pays touchés par le Covid-19 », affirme un acteur. L’arrêt de ces mouvements signifie en effet pour les compagnies aériennes, les agences de voyage et les différentes sociétés travaillant sur les aéroports un ralentissement, voire un arrêt, de leurs activités.

L’interdiction des vols commerciaux en direction du Mali affecte environ 99,99% du trafic à l’Aéroport international Modibo Kéïta Sénou, explique M. Mohamed Diallo, Directeur commercial de la société Aéroports du Mali. Pratiquement tous les pays étant maintenant atteints, l’impact de la mesure « est catastrophique », parce qu’elle  concerne aussi les « vols affrétés » dès qu’il s’agit de pays touchés, ajoute M. Diallo. Et le manque à gagner ne se limite pas aux vols. Les commerces qui profitent de la présence des passagers, dont le parking automobile, alimenté par le flux des accompagnants, sont également arrêtés et les tarifs des locations vont devoir être revus à la baisse. Un scénario jamais imaginé, s’alarme le responsable commercial. Les pertes pourraient être de 900 millions d’ici à un mois, précise M. Diallo, surtout que les charges perdurent, même s’il note une diminution de la consommation d’électricité et d’eau, 80% du personnel étant en congé.

Emplois menacés

Cette suspension, qui n’est pas limitée dans le temps, est une véritable inconnue. Difficile, pour les responsables de compagnies aériennes notamment, de savoir si la décision prise est la bonne. En effet, alors que dans un premier temps quelques agents ont été mis en chômage technique, actuellement « on ne sait pas s’il n’est pas nécessaire d’aller au-delà », s’interroge le responsable d’une compagnie de la place.

L’heure est grave et les décisions à prendre doivent l’être au moment opportun, car c’est la survie même des compagnies qui en dépend, ajoute t-il. Elles n’ont pas encore pris de décision commune et doivent se réunir d’ici la semaine prochaine pour envisager de nouvelles mesures.

Fatoumata Maguiraga

Quelques chiffres 

80% : Agents en congés à Aéroports du Mali

900 millions FCFA : Pertes estimées d’ici à 1 mois

Transport aérien : Tendance positive

Une augmentation globale et continue du trafic, c’est l’une des remarques que font certains acteurs du secteur du transport aérien au Mali. S’il a des atouts pour progresser, le secteur doit encore relever de nombreux défis pour assurer sa croissance et consolider la confiance de certains acteurs clés comme les compagnies qui renouvellent leurs offres et espèrent une augmentation du nombre de voyageurs.

« Nous avons deux statistiques, l’une globale et l’autre commerciale. Les deux augmentent », note M. Alhousseine Bari de la division marketing et communication à la société Aéroports du Mali (ADM). Avec environ 900 000 passagers en 2018, le trafic global connaît une nette progression. Comprenant à la fois les « vols addhoc » et les vols commerciaux, ces mouvements dénotent d’une hausse réelle de la fréquentation de l’Aéroport international Modibo Keïta Sénou.

Au même moment, le « chiffre commercial » fait état d’environ 792 000 passagers.  Ces chiffres marquent une croissance du trafic qui « augmente d’année en année », précise M. Bari.  En effet selon les statistiques d’ADM, le trafic connaît depuis ces dix dernières années une évolution moyenne de 5%.

Même si depuis la crise de 2012, le trafic s’est caractérisé par une augmentation des vols dits addhoc, tous ces avions « estampillés UN » ne sont pas de la MINUSMA, car certains sont loués, nuance un responsable d’ADM, « ce qui constitue un gain pour ces compagnies », précise-t-il.

Nouvelles offres

Avec une augmentation de 35 % de janvier à maintenant par rapport à l’année dernière, la compagnie Aigle Azur se félicite de son partenariat avec Corsair, qui après une année se porte plutôt bien.

En effet, grâce à l’acquisition d’un appareil A 330 avec une plus  grande capacité et effectuant le long courrier, la compagnie offre à ses clients de nombreux  avantages et commodités des grandes compagnies. « Ce qui a permis de baisser les tarifs » avec même une promotion, explique M. Oumar Kouyaté, le représentant d’Aigle Azur au Mali. L’utilisation de cet appareil permet  en outre à la « compagnie de proposer une cabine business avec le confort et la fonctionnalité qui va avec », ajoute M. Kouyaté.

Ce partenariat commercial et opérationnel avec Corsair présente de multiples avantages pour le client le premier étant de disposer aujourd’hui de 5 vols par semaine à destination de Paris. Les 2 compagnies n’ayant pas les mêmes jours de vol, un client disposant d’un billet d’une compagnie peut voyager avec son billet sur l’autre, grâce à un partage de code. Aussi les deux compagnies s’appuie sur la même équipe d’escale au niveau de l’aéroport, ce qui permet de profiter d’une harmonisation de tarifs et de services.

Depuis ce mois de janvier, la compagnie Air Sénégal, la toute nouvelle compagnie nationale du pays de la Teranga, avec un appareil A 319, participe à l’augmentation du flux sur l’axe Bamako-Dakar. Avec des tarifs attractifs à partir de 220 000 francs  CFA, la compagnie offre «  des vols directs et des horaires flexibles et commodes », précisent les responsables. De nombreux voyageurs préfèrent maintenant le transport aérien à la route, note un acteur. « Le domaine se porte très bien et le marché malien est très dynamique », ajoute le représentant de la compagnie Aigle Azur.

Plusieurs chantiers

Malgré des avancées positives et un optimisme des acteurs, le secteur doit cependant faire face à des défis récurrents qui menacent sa stabilité et son équilibre.

Ainsi pour mener à bien son rôle de gestionnaire principal du domaine, ADM entend consolider ses missions et participer pleinement à la mobilisation des compagnies, car « sans compagnies, il n’y a pas d’aéroport », relève M. Bari de la division marketing et communication d’ADM.

Parallèlement la structure envisage de mettre en œuvre le programme de financement et de réorganisation de l’aérogare de Mopti. Une relance de l’aéroport de Kayes et celui de Sikasso sont également à l’ordre du jour.

L’autre goulot d’étranglement reste sans doute l’occupation du site aéroportuaire.  Estimé à 15% du domaine par les autorités qui privilégient pour le moment les actions de sensibilisation face à cette occupation. Une première étape avant l’application des règles en la matière, promettent les autorités.

Mais ce domaine de plusieurs milliers d’hectares nécessite une mise en valeur dont l’enjeu principal reste le financement. Un financement important qui nécessite une mobilisation nationale, car compte tenu du contexte sécuritaire, « c’est d’abord à nous de nous faire confiance », souligne un acteur.

Billets d’avion : Pourquoi les prix montent pendant les vacances ?

La période des vacances, couplée cette année avec les départs pour le pèlerinage à La Mecque, constitue pour les agences de voyage et les compagnies de transport aérien une période de forte sollicitation. Plus de voyageurs donc, et une demande plus importante, censée faire baisser les coûts des billets d’avion. Logique ? Ce n’est pourtant pas toujours la réalité.

« La période des vacances correspond à la période de haute saison. Pour compenser le manque à gagner de la période creuse, les compagnies sont amenées à faire des tarifs rentables », reconnaît M. Oumar Kouyaté, responsable d’Aigle Azur, une compagnie française présente au Mali.

Cette augmentation du nombre de voyageurs est réelle dans les deux sens, c’est-à-dire de l’Afrique vers l’Europe et l’Amérique du Nord notamment, et vice versa, selon lui. Comme l’explique un responsable d’agence de voyage, chaque compagnie aérienne a un quota bien déterminé de billets peu chers. Comme la demande est forte en cette période, ces billets sont vite vendus et les places restantes sont plus onéreuses. Il ajoute que les billets achetés bien avant le jour du voyage coûtent aussi moins cher que ceux achetés le jour même, par exemple.

Plus de voyageurs, avec de nombreux mouvements de familles entières en haute saison, c’est aussi le constat de M. Cheickna Coulibaly, conseiller clientèle à la délégation pour le Mali d’Air Côte d’Ivoire, une compagnie qui dessert 21 destinations en Afrique. Concernant la cherté des billets pendant les vacances, M. Coulibaly relativise : « Ce n’est pas que les billets coûtent plus cher en vacances, cela dépend. Ceux qui anticipent leurs voyages et réservent par exemple un mois à l’avance vont obtenir des billets à tarifs promotionnels. Mais ceux qui achètent à la dernière minute, lorsque les avions sont déjà presque remplis, ne se verront proposer à ce moment-là que les tarifs les plus hauts, les seuls disponibles ». Autre élément qui explique aussi la différence entre les tarifs, les avantages liés à chaque type de billets. Plus un billet est cher, plus il offre en effet d’avantages, comme par exemple la possibilité de changer sa date de voyage sans pénalité ou un délai plus long pour un aller-retour.

 

Transport aérien : Un frein nommé surtaxe

« Bamako, c’est l’aéroport le plus cher du monde ». Une affirmation d’un acteur du secteur du transport aérien qui fait l’unanimité : la destination attire toujours du monde, en particulier pour le tourisme d’affaires, mais les taxes et charges grèvent lourdement le prix du billet, et ce, quel que soit l’itinéraire du passager. De quoi décourager la grande majorité des clients potentiels qui préfèrent se rabattre sur les bus pour rallier, en particulier, les villes de la sous-région ouest-africaine. Une situation contre laquelle les différents acteurs sont engagés depuis des années, mais ce combat peine à porter des fruits.

L’Aéroport international Modibo Keïta – Bamako Senou a depuis quelques mois un nouveau visage. Après des années d’attente à voir sortir de terre le joyau architectural qu’est la nouvelle aérogare et avec les investissements réalisés en prélude au Sommet Afrique-France de janvier 2017, c’est une infrastructure aux normes internationales qui accueille désormais les milliers de passagers, arrivant à Bamako ou en transit. « Ça fait plaisir de voir que notre aéroport ressemble enfin à ceux d’Abidjan ou Dakar. On est à l’aise avec la nouvelle aérogare », se réjouit Mohamed, passager Air France qui rentre de mission. « C’est la première fois que je passe dans ce genre de tunnel (passerelle télescopique, ndlr) pour aller dans l’avion. On se croirait en Europe ! », s’enthousiasme Achétou, en train d’embarquer pour un long périple qui la mène à Dubaï, via l’Éthiopie. L’aéroport de Bamako est pourtant toujours en chantier, mais les autorités aéroportuaires promettent la fin prochaine des installations pour que les opérateurs et les passagers puissent avoir accès à toutes les commodités d’un aéroport de standing international : comptoirs et bornes d’enregistrement, système de convoyage de bagages, système de sécurité de pointe, espaces commerciaux, cadre d’accueil chaleureux et bien organisé, etc. Sur ses 18 000 m2, ce sont donc désormais des services aux normes qu’offre le principal aéroport du Mali. L’ancienne aérogare, en cours de rénovation, devrait bientôt remplir d’autres usages, encore en cours de détermination au niveau des autorités des Aéroports du Mali, en collaboration avec leurs partenaires. Une chose est sure, Bamako a désormais toute les cartes en main pour devenir le hub sous-régional qu’elle aspire à être et accueillir le monde entier. Les compagnies aériennes ne s’y sont d’ailleurs pas trompées et l’offre s’enrichit à chaque saison. Entre les compagnies aériennes africaines qui arrivent sur le marché (CEIBA International de Guinée Équatoriale et Rwandair, 16ème et 17ème compagnies à desservir le Mali), et les compagnies internationales qui améliorent leur prestation en proposant des avions plus confortables, des circuits plus courts pour rallier les destinations, ou encore des services au sol de standing, les passagers au départ ou à destination de Bamako ont désormais l’embarras du choix. Pourtant, la grande majorité préfère encore faire de longues heures de bus pour rallier Ouagadougou, Dakar ou Lomé. En cause, le prix exorbitant des billets d’avion.

Taxes prohibitives « Aller à Lomé me coûte plus cher que d’aller à Paris », s’insurge Aristide, ressortissant togolais vivant à Bamako et qui, malgré l’inconfort et surtout la longueur du trajet, réfléchit encore pour son voyage vers son pays d’origine. « Un billet en classe éco au départ de Bamako pour Paris me revient autour de 400 000 francs CFA. C’est le même tarif pratiquement (395 000) qu’on me donne pour aller à Lomé, à 2 000 kilomètres d’ici », explique notre interlocuteur. « C’est décourageant, et ce n’est pas avec ce genre de prix qu’on va convaincre les gens de prendre l’avion », termine-t-il.

Une situation dont sont pleinement conscients les représentants des compagnies aériennes présentes au Mali, réunies au sein de l’Alliance des représentants de compagnies aériennes (ARCA-Mali). Les 15 compagnies qui en sont membres ont transporté en 2016, environ 700 000 passagers et entendent bien multiplier ce chiffre par deux, afin d’exploiter les capacités de l’aéroport portées à 1 500 000 passagers par an. « L’avenir du transport aérien passera par une baisse des coûts qui permettra, de fait, une baisse des prix des billets. En effet, les taxes, les redevances et le coût du carburant pèsent lourd sur notre activité », reconnait Benoit Autret, président de ARCA Mali et chef de la représentation d’Air France à Bamako. Une dizaine de taxes et redevances au minimum, qui correspondent en général à 30 à 40% du prix de vente du billet. « Tout le reste est reversé à l’État ou à ses démembrements en charge de la gestion du transport aérien », nous explique un autre représentant de compagnie.

Les taxes d’aéroport couvrent, entre autres, l’entretien des aéroports, la sécurité des pistes de décollage et d’atterrissage, la prévention pour l’environnement. En règle générale, les taxes d’aéroport sont payées par les passagers auprès des compagnies aériennes, qui reversent ensuite leur montant à l’État. Celui-ci les redistribue ensuite aux aéroports. Si le calcul des taxes est complexe, il existe un détail des taxes qui sont réparties en différents codes et qui correspondent à la redevance passager, perçue par l’aéroport au titre de l’utilisation de ses aérogares par le passager, à la taxe surcharge compagnie aérienne, perçue par la compagnie aérienne pour compenser l’augmentation du prix du pétrole, ou encore la taxe sûreté sécurité environnement, perçue par l’État et qui finance les mesures de sûreté et de sécurité, tel le contrôle des passagers et des bagages, ou encore la protection contre les incendies. Cette dernière est reversée aux gestionnaires d’aéroports. Autant de petits montants qui, mis bout à bout, font augmenter la facture adressée au passager. « Au 1er janvier, on devait payer une nouvelle taxe qui allait s’ajouter à ce que l’on facture déjà au client. Un montant de 12 500 francs CFA qui devait être ajouté pour prendre en charge de nouveaux coûts de sécurité, mais nous avons réussi à faire surseoir cette mesure, après avoir rencontré la ministre de l’Équipement, du Transport et du Désenclavement. Elle est très pragmatique et travaille avec nous », explique un autre membre de l’ARCA.

« De toutes les façons, les prix des billets vont augmenter bientôt, poursuit notre interlocuteur. Avec le nouveau terminal, les prestations seront majorées de 30% et cette augmentation va être directement imputée au passager sur le prix du billet ». Une mauvaise nouvelle pour les passagers mais aussi pour les compagnies aériennes, qui vont devoir redoubler d’attractivité pour atteindre leurs objectifs. « C’est à nous de faire en sorte qu’au lieu de prendre la route pour aller à Dakar, Abidjan ou Ouaga, l’avion devienne un moyen de transport facile et à la portée de tout le monde », conclut le président de l’ARCA, qui lance : « arrêtons de surtaxer notre secteur, il en va de son avenir et de son développement ».

 

 

 

 

 

Rwandair : Kigali-Bamako d’un jet d’avion

En juin prochain, il sera possible aux passagers au départ de Bamako de se rendre directement à Kigali à bord d’un appareil de la compagnie nationale Rwandair. Au terme d’un processus de quatre années, enclenché par la signature en 2013 à Durban (Afrique du Sud), d’un mémorandum d’entente relatif au transport aérien entre le Mali et le Rwanda, la nouvelle ligne aérienne qui va relier les deux capitales devrait enfin voir le jour.
Même si on n’en sait pas plus sur les conditions techniques des vols à venir (appareils, fréquence, etc.), on sait en revanche que les avions de la compagnie rwandaise atterrissant à Bamako pourront continuer leur route vers un troisième pays africain. La 17è compagnie à desservir le Mali arrive comme un lien supplémentaire entre les deux pays qui renforcent leurs relations diplomatiques depuis quelques années. Le président de la République du Mali s’est rendu pas moins de trois fois à Kigali depuis 2013 et les relations bilatérales sont au beau fixe.
La petite communauté rwandaise vivant au Mali (environ 200 personnes) pourra désormais disposer d’une ligne directe pour rejoindre le pays des mille collines.
La compagnie rwandaise opère avec une flotte de onze avions dont deux Airbus A330, deux Boeing 737-700, trois 737-800, deux CRJ900 et deux Dash-8 Q400. Elle devrait bientôt y ajouter un 737-800 supplémentaire et un 787-8 Dreamliner, le dernier né de Boeing.