Bama Art : Une relance en mode prévention

Avec la pandémie de la Covid-19, le monde de la culture a dû s’adapter à de nouvelles règles et pratiques. Concerts en ligne sur des plateformes web, concours et bien d’autres activités ont été revisités, voire réinventés. Puisque la vie reprend au compte-goutte, certaines dates-phares commencent à se préciser un peu partout dans le monde. Bama Art, le rendez-vous mensuel du week-end à Bamako, se projette déjà vers la Tabaski.

La culture renoue petit à petit avec ses habitudes, malgré la présence de plus en plus invasive du coronavirus en Afrique, et en particulier dans notre pays. Le 5 juin dernier, le cinéma Babemba a rouvert ses portes, avec des productions africaines et d’anciennes productions occidentales. Avec l’ouverture des salles à l’international, le mois de juillet va sans doute permettre de proposer de nouveaux films aux identités américaines ou européennes.

Dans cette expression culturelle multiforme, Bama Art, qui avait fermé sa scène habituelle au grand public depuis le début de la crise sanitaire, invite les Bamakois à renouer avec ce rendez-vous mensuel en venant célébrer ensemble la Tabaski sur la Place du Cinquantenaire, sur les berges du fleuve Niger.

Pour la bonne tenue du rendez-vous « spécial Tabaski », les organisateurs rassurent sur les conditions d’organisation de cet événement. Côté sécurité et autres dispositifs habituels, rien ne change en termes de fonctionnement. Il est cependant important de signaler que, même si les activités reprennent, le virus circule toujours.

Pour ce faire, un dispositif sanitaire, composé de kits de lavage des mains et de flacons de gel hydro-alcoolique, et le port obligatoire des masques, en plus du respect des règles de distanciation sociale, sont quelques-unes des mesures barrières contre le coronavirus qui seront exigées lors de la relance des activités, assure Abou Guitteye, initiateur de Bama Art.

En ce qui concerne les têtes d’affiche de ce nouveau numéro de Bama Art, le comité d’organisation a laissé le choix au public, qui vote pour les choisir. Les noms des artistes les plus évoqués sur les réseaux sociaux et les plateformes officielles de l’événement seront annoncés à quelques jours de la Tabaski.

D’ici là, une attention particulière sera portée au dispositif à adapter aux festivaliers, exposants, artistes et équipes techniques pour une réussite de ce premier week-end de festivités après une période relativement longue d’auto confinement des activités culturelles.

Une période de chômage technique partiel qui a aussi vu l’engagement des acteurs culturels dans la lutte contre la propagation de la Covid-19 au Mali.

Idelette Bissuu

Abou Guitteye : « Les Maliens avaient besoin d’un espace différent »

Après plus de 20 ans de présence dans l’événementiel au Mali, Abou Guitteye se lance en solo dans l’entrepreneuriat, avec Africa Scène et son slogan « Numéro 1 dans l’événementiel ». Il a eu le nez creux en le choisissant, car cet homme s’est vu décerner le trophée de l’événementiel de l’année 2018 lors de la 4ème édition de la nuit de Kèwalé, le Prix Madou Dakolo, par le magazine Kèwalé People. À l’occasion de l’acte X de Bama Art, Abou Guitteye se confie sur ce qui est un de ces plus beaux succès culturels bamakois.

Qu’est-ce qui a motivé le lancement de Bama Art ?

Bama Art est un week-end culturel que nous avons décidé de mettre en place pour animer la ville de Bamako, parce qu’on s’est dit que, depuis le début de la crise au Mali, nous, Maliens, avions arrêtés de nous amuser. Chacun étant dans son petit coin et il n’y avait presque pas de plateformes comme celle-ci. Les seuls endroits étaient les boîtes de nuit ou les maquis. N’étant pas consommateur de ce genre d’activités, j’ai alors opté pour le cadre de Bama Art. Le site du Cinquantenaire, qui était principalement mis en valeur par le Festival Dogon, m’a inspiré un projet qui pourrait rassembler, un cadre de détente familial et amical. De cette façon, tout le monde pourrait s’amuser autour de la musique, d’un repas, d’une note d’humour. Et cela met en valeur les artistes maliens et africains. L’idée de base était de donner un espace de visibilité aux artistes maliens, afin de créer une forte communion entre eux et le public, mais aussi de créer une forte cohésion entre les différents peuples du Mali, sans aucune distinction.

Le succès de Bama Art était-il prévisible ?

Oui. Il était prévisible, parce que les gens avaient besoin d’un espace différent. Bénéficier de spectacles de haut niveau en plein air pour un coût symbolique, il fallait oser, malgré les difficultés. Au début, on voulait le faire gratuitement, puis on s’est dit que pour ne pas se retrouver avec un nombre ingérable de personnes, il fallait mettre un filtre de 1 000 francs CFA à l’entrée. Cela fait partie de ce qui contribue au succès de Bama Art, parce que cela est abordable pour tout le monde.

Parlez-nous des premières éditions de Bama Art…

Le premier mois, nous étions très enthousiastes, parce que nous avions un défi à relever. Je me rappelle que c’était au mois de septembre 2018, pendant la saison des pluies. La première nuit, on en était à plus de 1 500 personnes sans réellement une grosse communication. Tous s’est passé de bouche à oreille. Lors de cette édition, les stands étaient gratuits pour les exposants, les artisans, les restaurateurs et cela poussé les gens à venir. Ce fut vraiment le début de l’aventure Bama Art. Au début, quand on démarrait le projet, on en était à pratiquement à un artiste, un humoriste, par jour. Au fil des éditions on a cherché à innover, à diversifier les artistes, pour intéresser davantage le public. Parfois nous faisons venir des artistes étrangers, mais l’accent est mis sur les artistes nationaux. D’un artiste par jour lors de la première édition, nous sommes passés à 5, voire 6, artistes aujourd’hui.

Qu’avez-vous prévu pour marquer cette dixième édition ?

Pour l’acte X, il y aura beaucoup de surprises et aussi de grosses pointures de la musique malienne et africaine, comme Habib Koité, Babani Koné, Naïni Diabaté, qui nous ont tous marqués quand nous étions plus jeunes, et Baba Salah pour les sonorités du nord. Cette édition verra aussi la présence d’un autre groupe du nord, Sanou et Kaltoum. Pour les amateurs de Rap, des artistes comme Calibre 27, King KJ et Moms Loup vont assurer la scène. Il y a beaucoup d’autres prestations et activités prévues à Bama Art X, qui se déroulera du 7 au 9 juin 2019 à la Place du Cinquantenaire de Bamako.

Idelette Bissuu