Zimbabwe: l’ex-président Mugabe a laissé 10 millions de dollars et des propriétés

L’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe, décédé en septembre à l’âge de 95 ans, a laissé 10 millions de dollars, dix voitures et plusieurs propriétés à ses héritiers, selon le détail de ses biens rendus publics mardi dans la presse d’Etat.

Bona Nyepudzai Mutsahuni-Chikore, fille de l’ex-chef de l’Etat, a révélé le capital de son père devant la Haute Cour de Harare, faute d’avoir pu trouver un testament, a rapporté le journal The Herald.

L’ancien président a laissé dans un compte au Zimbabwe 10 millions de dollars (9 millions d’euros), en devise étrangère, selon le quotidien.

Une seule ferme a été enregistrée sur la liste des biens de l’ancien président, qui avait lancé au début des années 2000 une réforme agraire très controversée.

Cette réforme, officiellement destinée à corriger les inégalités héritées du passé colonial, s’était traduite par l’attribution de nombreuses fermes à des proches du pouvoir.

Selon les documents fournis à la Haute Cour, l’ancien président possédait également, au moment de son décès, deux maisons dans des banlieues résidentielles de la capitale Harare, une maison dans sa région natale de Zvimba (nord), un terrain et un verger de 4 hectares au total.

« Mme Grace Mugabe est présentée comme la seule épouse survivante, tandis que Bona, Robert, Bellarmine et son beau-fils Russel Goreraza sont listés comme ses enfants », a précisé The Herald.

Robert Mugabe est décédé en septembre des suites d’un cancer à Singapour où il était soigné.

Il a dirigé d’une main de fer le Zimbabwe pendant trente-sept ans, avant d’être contraint à la démission, sous la pression de l’armée, de son parti (Zanu-PF) et de la rue.

Il a été remplacé par son ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, qu’il avait limogé quelques semaines plus tôt, et a laissé un pays en ruines.

Son départ avait suscité l’espoir d’une nouvelle ère pour le Zimbabwe, mais très vite le pays a renoué avec les pénuries et l’hyperinflation.

Pourquoi l’assaillant de London Bridge a été libéré

Usman Khan, qui a tué deux personnes lors de l’attaque de London Bridge vendredi, avait été condamné pour terrorisme et libéré à mi-peine, une procédure classique et soumise à conditions.

Les condamnés peuvent par exemple être placés sous bracelet électronique et soumis à un couvre-feu, avoir l’obligation de rencontrer un officier de probation. Ils peuvent être réincarcérés à tout moment.

Selon le Premier ministre Boris Johnson, environ 74 personnes condamnées pour terrorisme ont pu bénéficier d’une libération anticipée, qui fait actuellement l’objet d’un réexamen.

– La condamnation de l’assaillant –

Khan a été condamné en janvier 2012 pour préparation d’actes de terrorisme. Il était impliqué dans un projet inspiré d’Al Qaida pour mettre sur pied un camp d’entraînement au Pakistan et commettre un attentat à la bombe contre la Bourse de Londres.

Condamné à 16 ans de prison, il a été remis en liberté sous bracelet électronique en décembre 2018, après moins de sept ans derrière les barreaux.

Il avait respecté toutes les conditions qui lui étaient imposées depuis sa libération, a déclaré samedi soir le chef de la police antiterroriste britannique Neil Basu.

– Sa libération –

En 2008, le gouvernement travailliste de l’époque a modifié les règles pour les peines prolongées, entraînant ainsi automatiquement une libération à mi-peine.

La législation a de nouveau été modifiée par la coalition conservateurs/libéraux-démocrates en 2012, reportant aux deux tiers de la peine les remises en liberté pour les condamnations supérieures à 10 ans, et soumises à l’accord d’un comité d’évaluation. Cette loi n’étant pas rétroactive, elle ne s’appliquait pas à Usman Khan, condamné sous l’ancien régime juridique.

– Et maintenant ? –

Boris Johnson a appelé à mettre un terme aux libérations anticipées automatiques et même la fin totale des libérations anticipées pour les personnes condamnées pour terrorisme.

« Si vous êtes condamné pour une infraction terroriste grave, il devrait y avoir un minimum obligatoire de 14 ans et certains ne devraient jamais être libérés », a-t-il déclaré.

Selon lui, en matière de terrorisme et d’extrémisme, les condamnés devraient purger l’intégralité de la peine prononcée par la justice.

Le père de Jack Merritt, l’une des deux victimes tuées par Usman Kahn, a déclaré samedi que son fils « ne voudrait pas que sa mort soit utilisée comme prétexte pour introduire des peines encore plus draconiennes pour les prisonniers ou pour maintenir en prison des gens plus longtemps que nécessaire ».

Le jeune homme de 25 ans était coordinateur d’un programme de l’université de Cambridge pour la réinsertion des détenus.

Guerre commerciale: après une brève accalmie, les Etats-Unis relancent la tempête

Après quelques mois d’apaisement sur le front commercial, le président américain Donald Trump a brutalement relancé les hostilités ces derniers jours, en visant à la fois sa cible favorite, la Chine, mais aussi des alliés comme l’Europe ou le Brésil.

Voici un tour d’horizon des différents conflits commerciaux ouverts par les Etats-Unis depuis près de deux ans.

– L’interminable feuilleton avec la Chine –

C’est un fil rouge du mandat de Donald Trump: les deux plus grandes économies au monde ont passé ces deux dernières années à batailler à grands coups de tarifs douaniers sur des centaines de milliards de dollars de produits.

Donald Trump mène cette guerre tarifaire pour obtenir notamment des autorités chinoises qu’elles mettent fin aux subventions massives d’Etat, au transfert forcé de technologies ou encore au vol de la propriété intellectuelle.

Prochaine échéance: le 15 décembre, date à laquelle de nouvelles taxes américaines doivent être mises en place.

En attendant, la perspective d’un accord commercial, qui a tiré les marchés vers le haut en novembre, a pris du plomb dans l’aile.

Le président américain assure désormais qu’il l’envisage toujours…après son éventuelle réélection en novembre 2020.

– L’UE, un allié bousculé-

Depuis son élection, Donald Trump ne cesse de brandir la menace de droits de douanes sur les importations européennes.

Si les automobiles, poumon de l’économie allemande, sont régulièrement ciblées mais pour l’instant épargnées, les produits français sont désormais davantage dans le collimateur du chef de l’Etat américain.

En cause, l’intention de Paris de mettre en place une taxe sur le numérique que Washington estime préjudiciable pour les entreprises américaines, et en particulier les « Gafa ».

Vins pétillants, fromages, produits de beauté et sacs à main pourraient donc être lourdement surtaxés – jusqu’à 100%, sur un montant de produits équivalant à 2,4 milliards de dollars – par les Etats-Unis.

Le ministre de l’Economie Bruno le Maire a d’ores et déjà prévenu que la France ne renoncera « jamais » à sa taxe et demandera à la Commission européenne une « riposte forte ».

Autre front: l’interminable conflit en cours à l’Organisaiton mondiale du commerce à propos d’Airbus et Boeing, Européens et Américains s’accusant réciproquement d’aides publiques illégales. Les Etats-Unis ont été autorisés dans ce dossier en octobre par l’OMC à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés chaque année.

– Brésil et Argentine, les taxes surprises –

A première vue, le Brésil de Bolsonaro et l’Amérique de Trump ont tout pour être de solides alliées.

Mais le 2 octobre, le président américain a pris par surprise son homologue en imposant des droits de douane sur les importations brésiliennes d’acier et d’aluminium.

La même politique s’appliquera à l’Argentine qui comme le Brésil exporte la majorité de ces matières premières vers les Etats-Unis.

Donald Trump justifie cette décision par la nécessité de riposter à la baisse des devises de ces deux pays, et notamment le peso argentin qui dégringole en raison d’une grave crise financière.

– Equilibre précaire chez les voisins –

Des mois de tensions et de négociations ont été nécessaires pour que l’Accord Etats-Unis Mexique Canada (AEUMC), nouvelle mouture du traité Aléna, voie le jour.

Ce nouvel accord doit permettre aux trois pays de continuer d’échanger des milliards de biens et de services sans droits de douane.

L’équilibre reste toutefois précaire puisqu’il n’a pas encore reçu l’aval de la chambre basse du Congrès américain, où l’opposition démocrate est majoritaire. L’approbation est également toujours en cours au Canada.

Les relations entre le Mexique, le Canada et leur voisin restent en outre tumultueuses.

Donald Trump met régulièrement le Mexique sous pression pour le forcer à agir contre l’afflux de migrants clandestins aux Etats-Unis.

– Nouvelles querelles avec l’Inde –

Les différends commerciaux entre l’Inde et les Etats-Unis ne sont pas nouveaux et les deux pays se retrouvent souvent opposés au sein de l’OMC.

Cet été, Donald Trump a annoncé son souhait de mettre fin aux avantages commerciaux sur les importations de ce pays.

L’Inde bénéficiait de longue date du régime de préférences généralisées (GSP, Generalized System of Preferences) qui permettait un accès libre au marché américain. Or le président américain se plaignait de ne pas avoir la même contrepartie sur le marché indien.

En représailles, l’Inde a augmenté les barrières douanières sur 28 produits importés des États-Unis, dont des amandes, des pommes et des noix.

Algérie: le premier procès pour corruption d’ex-dirigeants et patrons ajourné

Très attendu, le procès pour corruption de deux anciens Premiers ministres algériens, aux côtés d’autres ex-hauts dirigeants politiques et de grands patrons du secteur automobile, a été ajourné dès son ouverture lundi à Alger et la défense a annoncé qu’elle boycotterait sa réouverture.

« Le procès est reporté au 4 décembre », a déclaré à l’AFP Me Khaled Bourayou, avocat d’Ali Haddad, ancien dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), et fondateur et PDG d’ETRHB, n°1 privé du BTP en Algérie.

Mais les avocats de la défense boycotteront le procès car les « conditions d’un procès équitable ne sont pas réunies », a annoncé, au nom de ses confrères, le bâtonnier d’Alger, Me Abdelmajid Sellini, qui défend également l’un des accusés, dénonçant une justice « politisée » et un climat de « règlement de comptes ».

Une foule extrêmement nombreuse était massée dès les premières heures de la matinée devant le tribunal de Sidi M’hamed, dans le centre d’Alger et l’ouverture des portes a donné lieu à une bousculade, a constaté une journaliste de l’AFP, qui comme d’autres journalistes et surtout plusieurs avocats de la défense, n’a pu entrer dans la salle d’audience.

« C’est une parodie de justice », a déclaré à l’AFP, Me Hakim Saheb, avocat d’un cadre du groupe ETRHB, « un procès doit se tenir dans le calme et la sérénité ».

Ce procès est le premier consécutif aux vastes enquêtes sur des faits présumés de corruption, déclenchées après la démission, en avril, d’Abdelaziz Bouteflika, poussé au départ par un mouvement (« Hirak ») populaire de contestation du régime inédit, après 20 ans à la tête de l’Etat.

Le tribunal devait examiner lundi des affaires concernant « l’octroi d’indus avantages aux opérateurs de montage automobile », selon le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, qui avait indiqué que le procès serait public, mais pas retransmis à la télévision.

– Luttes de clans –

D’autres affaires, qui doivent être jugées ultérieurement, concernent notamment des passations de marchés publics et le financement de campagnes électorales de M. Bouteflika. Cette campagne anticorruption est soupçonnée de servir opportunément les luttes entre clans au sein du pouvoir post-Bouteflika.

« Dans les conditions actuelles de règlements de comptes et de vengeance, il ne peut y avoir un jugement équitable », a déclaré Me Sellini à la presse. « Nous n’acceptons pas que les droits fondamentaux soient piétinés » ou que la justice « soit politisée et rendue dépendante des délais électoraux », a-t-il poursuivi, à dix jours d’une présidentielle rejetée par les manifestants.

« La justice ne peut être rendue dans de telles conditions », a ajouté le bâtonnier, « celui qui a commis un acté répréhensible doit payer, mais devant une justice calme et sereine ».

Tous en détention provisoire depuis plusieurs mois, les accusés jugés lundi sont arrivés dans des fourgons cellulaires, encadrés par une forte escorte policière, et en ont été extraits loin des regards et des caméras.

Parmi eux, figuraient notamment deux proches et anciens Premiers ministres de M. Bouteflika: Ahmed Ouyahia, quatre fois chef du gouvernement entre 1995 et 2019, dont trois fois durant la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, et Abdelmalek Sellal qui dirigea le gouvernement de 2014 à 2017, selon Me Bourayou.

– Politique et industrie –

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, que sont jugés d’anciens chefs de gouvernement.

Deux anciens ministres de l’Industrie de M. Bouteflika, Mahdjoub Bedda (2017) et son successeur Youcef Yousfi (2017-2019) comparaissaient également lundi.

Au côté d’Ali Haddad –dont une filiale du groupe distribue en Algérie les poids-lourds Astra (filiale de la marque italienne Iveco)–, plusieurs autres hommes d’affaires sont apparus dans le box, selon Me Bourayou.

Entre autres, l’ancien vice-président du FCE Mohamed Bairi, PDG du groupe Ival possédant l’usine de montage algérienne de véhicules industriels Iveco, et Ahmed Mazouz, président du groupe éponyme qui assemble et distribue en Algérie des véhicules de marques chinoises.

La jeune industrie automobile algérienne a été mise sur pied à partir de 2014, via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de M. Bouteflika.

Malgré un cahier des charges loin d’être respecté par les industriels, le secteur a bénéficié d’aides publiques et d’importants avantages fiscaux, sans jamais atteindre son double objectif: réduire la facture des importations de l’Algérie et le prix des véhicules sur le marché local.

« Il est revenu »: l’angoisse sans fin des survivantes de violences conjugales

Sauvées de justesse des coups de leurs conjoints, Sarah, Laura ou Adleen pensaient pouvoir revivre en paix quand ils ont été envoyés en prison. Mais ils sont revenus les harceler à leur sortie.

En cet après-midi de novembre, le visage de « Sarah » se fige soudain alors qu’elle reçoit des journalistes de l’AFP dans son appartement francilien. Son téléphone vient de vibrer.

La trentenaire, qui préfère ne pas donner son vrai prénom, regarde l’écran et soupire: « C’est encore lui ».

« Lui », c’est son ex-conjoint qui, pendant des années, la « défonçait à coups de poing et de pied » le soir en rentrant à la maison. Jusqu’au jour où, « déjà en sang à 10h00 du matin », elle a appelé les gendarmes.

Plus de cinq ans après, impossible de tourner la page : les deux ex se partagent la garde de leur fils et, selon Sarah, il fait tout pour l’empêcher de refaire sa vie.

« Il peut parfois m’envoyer 100 messages par jour », détaille-t-elle. Rien que cette année, elle l’accuse de lui avoir fait perdre à la fois son emploi – « il venait me harceler au boulot, j’ai dû partir » – et son petit ami, un garçon « gentil » qu’il a « menacé » et qui « a préféré en rester là ».

En novembre, l’AFP a également rencontré Adleen, 32 ans. En décembre 2017 en Seine-Saint-Denis, elle fait une hémorragie interne après avoir été rouée de coups par son mari, un chauffeur de VTC qui la frappe depuis des années à chaque désaccord ou presque.

Une voisine la transporte à l’hôpital, où elle restera près d’un mois, dont la moitié en réanimation. Un médecin lui fait comprendre qu’elle est une survivante: « Quand vous êtes arrivée, vous n’aviez plus que trois heures à vivre ».

– « Je m’enfuis » –

Récidiviste, le mari d’Adleen sera condamné à deux ans de prison ferme et, pendant sa détention, exprimera tout sauf des regrets: « Il m’a envoyé des lettres de menaces ».

Quand elle apprend sa libération, en juillet dernier, l’angoisse fait perdre à Adleen « quatre kilos en une semaine ».

Quelques semaines plus tard, nouveau choc, et nouvelles larmes, quand elle reçoit un courrier du juge des affaires familiales adressé aux deux parents concernant le suivi de leurs deux enfants, dont elle a la garde. On y a laissé son adresse actuelle: son ex-mari sait donc où elle habite.

Elle déménage ces jours-ci. « Je m’enfuis, plutôt », grince-t-elle.

A 31 ans, Laura Rapp ressemble à Sarah et Adleen avec ses cheveux brun, son allure soignée, fluette et juvénile et un regard doux qui trahit plusieurs années de tourments.

En avril 2013, jeune cadre dans l’immobilier dans le Val-de-Marne, elle tombe amoureuse d’un collègue qui se révèle vite « possessif, humiliant et violent ». Elle n’osera jamais appeler la police, ni le dénoncer. Même quand il la frappera « en pleine grossesse ».

Les violences culmineront un soir d’avril 2018, lorsqu’il voit rouge après que Laura lui a fait une remarque devant des collègues. A peine revenu à l’appartement, il se jette sur elle. « il m’a dit +je vais te tuer+, et a commencé à m’étrangler ».

Alors qu’elle sent la vie la quitter, il s’arrête: un voisin alerté par le bruit frappe à la porte. Laura se dégage et parvient à sortir, étouffée et vomissante. Son désormais ex-compagnon sera mis en examen pour tentative de meurtre et écroué.

Il est libéré en février. En avril, elle se retrouve nez à nez avec lui alors qu’il est censé selon elle rester dans le Loiret dans le cadre de son contrôle judiciaire.

« J’ai totalement paniqué, je me suis dit que j’allais mourir ».

– Visites de nuit –

Démunie, elle lance le 14 mai un appel sur Twitter, postant une photo de son cou strié de marques de strangulations. « A l’aide, la justice me tourne le dos » et libère un « tortionnaire », écrit-elle.

L’appel, relayé par des associations d’aide aux femmes, fait du bruit. Une semaine après, son ex-compagnon est remis en prison.

« Face au silence de la justice, elle a eu parfaitement raison de le faire, car (après) ça a bougé », souligne son avocate, Me Nathalie Tomasini. Le procès pour tentative de meurtre est prévu début décembre.

Sarah, elle, reçoit toujours régulièrement des messages de menaces de son ex. Parfois, il vient tambouriner la nuit contre la porte de son appartement.

Elle aimerait qu’il se fasse soigner mais ne dit rien, pour ne pas l’énerver et risquer qu’il s’en prenne ensuite à leur fils.

Elle se veut positive, se dit « bien plus heureuse » aujourd’hui qu’avant. Mais elle se passerait bien de la « liberté surveillée » imposée par son ex.

En France, 117 femmes ont été tuées depuis le début de l’année par leurs conjoint ou ex, selon un décompte de l’AFP. Une partie des meurtriers présumés étaient déjà connus pour des violences antérieures.

Parfois, quand il y a un nouveau féminicide dans son département, des proches de Sarah l’appellent. Elle sourit tristement: « Quand je réponds, ils me disent: ouf, ce n’est pas toi, c’est bien ».

Trump tempête contre l’enquête en destitution maintenue malgré sa visite en Europe

Une « véritable honte »: Donald Trump a éreinté lundi les démocrates pour avoir prévu une audition dans l’enquête en destitution qui le vise à Washington tandis qu’il se trouve au Royaume-Uni pour un sommet de l’Otan.

S’il dénonce depuis des semaines une « chasse aux sorcières », voire même une tentative de coup d’Etat, le président républicain s’est particulièrement indigné que les démocrates organisent une audition publique mercredi, alors même qu’il sera au sommet de l’Alliance.

Ce rendez-vous a été « fixé il y a un an », a-t-il lancé avant de quitter la Maison Blanche. « C’est l’un des voyages les plus importants que les présidents fassent ».

« C’est une mascarade, une véritable honte ce qu’ils font à notre pays », a-t-il tonné en direction de ses opposants démocrates qui mènent l’enquête contre lui au Congrès.

Le président américain est arrivé à Londres lundi soir, pour participer au sommet marquant le 70e anniversaire de l’Otan organisé mardi et mercredi.

Après deux mois d’enquête, la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, entame justement mercredi le débat juridique pour savoir si les faits reprochés au président sont suffisamment graves pour justifier sa mise en accusation (« impeachment »).

Donald Trump est dans la tourmente parce qu’il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur Joe Biden, un de ses adversaires potentiels à la présidentielle de 2020.

Le milliardaire républicain assure avoir été dans son bon droit en soulevant une possible affaire de « corruption » et jure n’avoir exercé aucune pression sur Kiev.

Mais l’opposition démocrate est convaincue qu’il a abusé de ses pouvoirs pour favoriser sa campagne de réélection, notamment en gelant une aide militaire de près de 400 millions de dollars destinée à ce pays en guerre avec la Russie.

Dans un entretien publié lundi par plusieurs titres internationaux, le président ukrainien a de nouveau nié tout accord de « donnant-donnant » avec M. Trump sur cette aide militaire.

Des propos abondamment repris par le milliardaire lundi pour affirmer qu’ils l’innocentent.

– Parti « uni » autour de Trump –

Pendant deux mois, des parlementaires de la Chambre, sous la houlette de la commission du Renseignement, ont mené l’enquête. Une quinzaine de témoins ont fourni des éléments gênants pour le président lors d’auditions télévisées.

Cette commission devrait approuver son rapport d’enquête lors d’un vote mardi à 18H00 (23H00 GMT).

Signe du large soutien dont dispose Donald Trump dans son parti, les membres républicains des commissions d’enquête ont blanchi le président dans leurs propres conclusions, qu’ils faisaient circuler lundi soir.

« Les éléments présentés ne prouvent aucune des accusations des démocrates », ont-ils écrit.

Peu après avoir atterri au Royaume-Uni, Donald Trump a tweeté qu’il avait lu ce rapport. « Bon boulot! La gauche radicale n’a aucun argument », a-t-il réagi.

Contrôlée par les démocrates, la commission judiciaire prendra les rênes de la procédure de destitution mercredi. Avec, en premier acte, l’organisation d’une audition de quatre experts en droit constitutionnel.

Elle avait invité Donald Trump à y « participer », soit en personne soit par l’entremise de ses avocats.

La Maison Blanche a répondu dimanche soir qu’elle n’y serait pas mais n’a pas écarté la possibilité de prendre part à la suite, si la procédure devenait « équitable ». Elle a jusqu’à vendredi pour se décider.

S’il n’y a « rien à cacher », alors Donald Trump devrait coopérer, a réagi le chef démocrate de la commission judiciaire, Jerry Nadler.

Sa commission devra déterminer si les faits reprochés au président entrent dans le cadre de l’un des possibles motifs de destitution cités dans la Constitution des Etats-Unis: des actes de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».

Ses membres démocrates pourraient envisager au moins quatre chefs d’accusations: abus de pouvoir, corruption, entrave à la bonne marche du Congrès et entrave à la Justice. Des allégations que les républicains devraient, là encore, balayer.

Une fois rédigés, les chefs d’accusation seront soumis à un vote en séance plénière à la Chambre, peut-être avant Noël. Les démocrates ont justement repoussé lundi la date des vacances parlementaires d’une semaine au 20 décembre.

Compte tenu de la majorité démocrate à la chambre basse, Donald Trump devrait entrer dans les livres d’histoire comme le troisième président américain mis en accusation.

Le Sénat sera ensuite chargé de juger le président mais il est peu probable qu’il soit destitué. Les républicains y sont en effet majoritaires et, là aussi, font largement bloc autour de leur président.

« Le parti républicain n’a jamais été aussi uni! » s’est réjoui Donald Trump lundi.

La France renonce à la livraison controversée de six bateaux à la Libye

La France a renoncé à la livraison controversée de six bateaux à la marine libyenne, sur fond d’implication militaire croissante de la Russie dans ce pays englué dans la guerre.

La ministre française des Armées Florence Parly avait annoncé le don de ces six embarcations rapides, des semi-rigides Sillinger de 12 mètres, lors d’une rencontre avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj en février.

« Si la cession a été un temps envisagée au bénéfice de la Libye, la ministre a finalement décidé de ne pas livrer les embarcations à cet Etat », écrit le ministère des Armées dans un mémoire du 26 novembre adressé à la Cour administrative d’appel, dont l’AFP a obtenu copie.

« La situation en Libye ne permet pas de réaliser ce don d’embarcations », a confirmé le ministère des Armées, sans plus de précisions.

Depuis la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte, ce pays riche en pétrole est plongé dans le chaos avec des luttes de pouvoir et des milices armées qui font la loi.

Le 4 avril, les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, ont lancé une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU.

– « Etat de droit » –

La livraison des embarcations devait commencer au printemps, pour aider la marine libyenne à « lutter contre l’immigration clandestine », selon le ministère français des Armées.

Elle était contestée devant la justice par huit ONG internationales, dont Amnesty et Médecins sans Frontières, qui dénoncent les violations des droit humains perpétrées sur les migrants en Libye, notamment par les garde-côtes.

Dans son mémoire où il juge la demande des ONG « mal fondée », le ministère des Armées assure que la cession des embarcations avait « pour seul objectif d’accompagner l’Etat libyen dans le processus de consolidation de l’Etat de droit et de reconstruction des capacités militaires de sa marine nationale ».

La France, très impliquée dans les efforts de paix interlibyens, a tenté en vain une médiation entre les principaux acteurs du conflit depuis l’élection du président français Emmanuel Macron en 2017. Mais elle est aussi souvent critiquée pour son soutien supposé au maréchal Haftar, qu’elle dément formellement.

Emmanuel Macron lui a offert une légitimité internationale en le recevant à deux reprises, au côté de son rival Fayez al-Sarraj, en 2017 et 2018.

Pour Jalel Harchaoui, chercheur sur la Libye au centre de réflexion néerlandais Clingendael, plus que le revirement de la France, c’est sa décision initiale de livrer les embarcations aux autorités de Tripoli qui constituait une surprise.

« La France était au départ plutôt opposée à ce genre de gestes qui ont pour corollaire de renforcer, consolider le pouvoir politique de certains groupes » dans la capitale, dit-il à l’AFP.

« Mais en février il y avait cette idée que Haftar allait entrer à Tripoli sans faire la guerre, à travers des arrangements » politiques, souligne-t-il.

– Mercenaires russes –

Le maréchal a depuis lancé son offensive, sans réussir à s’emparer de la capitale. Les combats perdurent et les raids se multiplient sur la banlieue de Tripoli. Au moins cinq civils ont encore péri sous les bombes dans la nuit de dimanche à lundi.

Des puissances régionales sont accusées de mener une guerre par procuration. Les pro-Haftar bénéficient du soutien discret des Emirats arabes unis et de l’Egypte, et le GNA est soutenu par la Turquie

L’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar est aussi soupçonnée d’avoir reçu le renfort des mercenaires du groupe russe Wagner, réputé proche de Vladimir Poutine et dont la présence a été rapportée dans plusieurs pays d’Afrique.

« Des forces régulières (russes) et du groupe Wagner sont déployées en nombre important au sol en appui de l’ANL », a déclaré le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, David Schenker, le 26 novembre.

« Et la manière dont cette organisation, et les Russes en particulier, ont agi jusqu’ici laisse craindre des pertes civiles à grande échelle », s’est-il inquiété.

Le quotidien américain New York Times a fait état début novembre du déploiement de près de 200 mercenaires russes, ce que Moscou dément.

« La situation a beaucoup changé depuis début septembre. Les Russes ont vraiment fait basculer la dynamique », estime pour sa part Jalel Harchaoui.

Les combats ont fait plus de 1.000 morts et 120.000 déplacés depuis avril, selon l’ONU.

Chine, UE, Turquie: La Russie lance trois gazoducs majeurs

La Russie, premier exportateur de gaz naturel du monde, et son géant Gazprom inaugurent coup sur coup ces prochaines semaines trois gazoducs majeurs ralliant la Chine, l’Allemagne et la Turquie.

– Power of Siberia

A travers plus de 2.000 kilomètres de forêts de pins et de sols gelés, le premier tronçon de ce gazoduc titanesque – inauguré le 2 décembre –, relie les champs gaziers de Sibérie orientale à la frontière chinoise, dans la région de l’Amour.

La portion chinoise devrait être achevée en 2022-2023 et amener 38 milliards de m3 de gaz par an jusqu’à la ville de Shanghai, pour rassasier l’inépuisable appétit énergétique du géant chinois, premier importateur mondial d’hydrocarbures.

Le tube s’accompagne d’un énorme contrat d’approvisionnement, estimé à plus de 400 milliards de dollars sur 30 ans, et signé en 2014 après une décennie de négociations.

Power of Siberia (« Force de Sibérie »), construit dans des conditions extrêmes, illustre la main tendue de Vladimir Poutine à l’Asie, alors que les relations avec ses traditionnels partenaires occidentaux se sont considérablement tendues depuis le début du conflit ukrainien.

– Nord Stream 2

L’Europe reste encore la priorité du géant gazier russe, malgré les tensions des dernières années.

Le controversé Nord Stream 2, arrivant en Allemagne, doit approvisionner l’Europe du Nord et de l’Ouest via la Baltique, en contournant l’Ukraine. Il est d’une capacité de 55 milliards de m3 par an, autant que son frère aîné, Nord Stream 1.

Ce projet est dénoncé par l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, mais aussi les Etats-Unis qui y voient un cadeau fait à l’adversaire qu’est le Kremlin. Washington a même menacé le projet de sanctions.

Le tube, qui a coûté 9,5 milliards d’euros, est financé à moitié par Gazprom, à moitié par les Européens: les alemands Wintershall et Uniper, l’anglo-néerlandais Shell, le français Engie et l’Autrichien OMV.

Le gazoduc, construit à plus de 80%, devait être initialement lancé avant la fin 2019, mais l’autorisation du Danemark de traverser ses eaux n’ayant été délivrée que fin octobre, la nouvelle date de mise en service n’est pas encore connue.

Gazprom espère un lancement prochain, mais l’achèvement du tube dépendra de la météo en mer en plein hiver.

Sa mise en service presse, le contrat liant la Russie et l’Ukraine pour le transit gazier vers l’Europe prenant fin en 2019. Et l’Europe occidentale n’a pas envie de revivre les coupures d’approvisionnements hivernales des années 2000 causées par les différends russo-ukrainiens.

– TurkStream

Le sud de l’Europe et la Turquie ne sont pas en reste: le gazoduc TurkStream, contournant également l’Ukraine, doit être inauguré en janvier par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.

D’une capacité de 31,5 milliards de m3 par an, il travers sur 930 km la mer Noire, comme son prédécesseur Blue Stream. Un des deux tuyaux de TurkStream est destiné à la Turquie et l’autre au sud et sud-est de l’Europe. Sa construction bénéficie d’une météo plus clémente que ses frères nordique et oriental.

L’accord d’intention pour sa réalisation entre Gazprom et Botas a été signé en 2014, avant que les relations russo-turques ne se détériorent brusquement après le crash d’un bombardier russe abattu par la Turquie fin 2015.

Poutine et Erdogan scellent néanmoins le contrat fin 2016. Le projet symbolise aujourd’hui le rapprochement de la Russie et de la Turquie. D’autant qu’Ankara entretient des relations compliquées avec l’UE et l’Otan.

Bernard Arnault, redoutable empereur du luxe et croqueur de diamants

Deuxième fortune mondiale, Bernard Arnault, 70 ans, a bâti avec LVMH un empire du luxe sans frontières, de la mode aux spiritueux en passant par les parfums et cosmétiques, à coups d’opérations qui ont forgé sa réputation d’homme d’affaires redoutable et insatiable.

Ultime proie convoitée par le milliardaire, ramenée en quelques semaines dans son giron: le joaillier américain Tiffany, pour lequel son groupe a mis 16,2 milliards de dollars sur la table, soit la plus grosse acquisition de l’histoire de LVMH.

Silhouette longiligne et regard bleu acier, Bernard Arnault est né le 5 mars 1949 près de Roubaix, dans le nord de la France. A sa sortie de la prestigieuse école Polytechnique, il intègre l’entreprise de bâtiments de travaux publics de son père et le convainc de la reconvertir dans la promotion immobilière.

Après un exil de trois ans aux Etats-Unis pour y développer une filiale, il revient en France en 1984 et rachète l’entreprise de textiles Boussac, criblée de dettes, raflant la mise face à plusieurs concurrents sérieux grâce à sa promesse de maintenir l’emploi.

C’est pourtant un plan social drastique qu’il inflige à Boussac ne gardant que quelques activités dont la maison de couture Christian Dior.

C’est le tout premier contact avec le monde de la mode pour cet homme de 35 ans: « J’ai toujours été frappé par ce nom magique dans lequel on retrouve Dieu et or. Quand les circonstances de la vie m’ont mis en situation de racheter ce nom mythique, j’ai dit à mes équipes qu’autour de cette marque nous allions bâtir le premier groupe mondial du luxe », confiait-il en 1999 au Figaro Magazine.

Il s’y attèle en cherchant à acquérir LVMH, issu du rapprochement en 1987 entre le malletier Louis Vuitton et le groupe de vins et spiritueux Moët-Hennessy. Profitant des rivalités entre les deux familles propriétaires, il prend la tête de l’entreprise en 1989 au terme de 17 procédures judiciaires.

– Echecs rares mais cuisants –

Kenzo, Guerlain, Fendi, Céline, Chaumet, Sephora, Bulgari… Au fil des années, les marques prestigieuses viennent gonfler le portefeuille du groupe, qui en compte aujourd’hui 75 – dont 25 maisons séculaires.

Les échecs de Bernard Arnault sont rares mais cuisants, comme lorsque son grand rival François Pinault, à la tête de PPR (Pinault Printemps Redoute), lui souffle en 1999 la griffe italienne Gucci dont il détenait pourtant 34% du capital.

Ou encore quand il tente, en vain, de mettre la main sur le sellier-maroquinier Hermès en entrant masqué à son capital. Cette opération lui vaudra une amende de 8 millions d’euros infligée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) mais lui permettra aussi d’empocher une coquette plus-value de 2,4 milliards d’euros tirée de la vente des actions qu’il avait acquises.

« Il a un esprit de compétition invraisemblable, une intelligence remarquable, et aussi un manque d’empathie en affaires qui est la marque des grands bâtisseurs. Mais ce n’est pas un Howard Hughes, il n’est pas isolé et s’est toujours entouré des meilleurs », résume à l’AFP Arnaud Cadart, gérant de portefeuilles chez Flornoy & Associés.

Pour lui, le dirigeant « est véritablement habité par ce qu’il fait, ce qui explique son succès. Il ne lâche rien depuis 40 ans, il veut être le plus fort dans tous les métiers, et c’est aussi un manager ultra-moderne qui a introduit des méthodes d’ingénieur dans le luxe ».

« Raider à la française », « hussard du luxe », « loup des affaires », « prédateur discret » ou même « ange exterminateur » pour le journaliste Airy Routier, auteur d’une biographie non autorisée du milliardaire: depuis des années, la presse rivalise de qualificatifs pour décrire son appétit insatiable et critiquer sa pratique du capitalisme.

– « Terminator » –

Le groupe comme le dirigeant ont aussi souvent été dépeints par les médias comme des « champions de l’optimisation fiscale »: mais aucune rumeur de redressement ou régularisation auprès du fisc français n’a jamais été confirmée, l’entreprise se bornant à indiquer qu’elle paie ses impôts en France, soit 1,25 milliard d’euros en 2018.

« Les plus gentils l’appellent Conquistador, les plus méchants Terminator. C’est à ce prix sans doute que l’on devient manager aujourd’hui. Seul l’avenir dira si le bon financier est aussi un bon industriel », écrivait en 1989 Patrick Poivre d’Arvor dans le JDD.

En juillet 2019, le magazine Forbes et l’agence Bloomberg ont désigné Bernard Arnault comme deuxième fortune mondiale devant Bill Gates et derrière Jeff Bezos, évaluant sa fortune à plus de 100 milliards de dollars.

Marié deux fois, l’empereur du luxe a cinq enfants, dont la plupart travaillent dans le groupe familial. Il est également pianiste à ses heures et grand amateur d’arts auxquels il a dédié la fondation Louis Vuitton.

Mexique: chasse à l’homme en cours après un affrontement sanglant

Une chasse à l’homme était en cours lundi pour retrouver les responsables d’une attaque sanglante attribuée à un cartel de la drogue ce weekend dans le nord du Mexique, qui a fait vingt-deux tués dont seize présumés délinquants.

« Les forces de sécurité sont déployées dans tout le secteur, sur terre et dans les airs, afin que cette attaque lâche ne reste pas impunie », a indiqué lundi le ministère de la Sécurité dans un communiqué.

Une soixantaine d’hommes armés, à bord de plusieurs véhicules portant les emblèmes du cartel du Noreste (Nord-est) avaient fait irruption à la fin de la semaine dans la localité de Villa Union, dans l’Etat de Coahuila, non loin de la frontière avec les Etats-Unis.

En arrivant aux abords de la mairie de cette petite ville de 5.000 habitants, les assaillants ont ouvert le feu sur près d’une quarantaine de maisons. Arrivés près du siège du gouverneur de l’Etat de Coahuila, ils ont continué à tirer de plus belle.

Le gouverneur, Miguel Angel Riquelme a précisé lundi qu’une quinzaine de policiers avaient immédiatement riposté à cette attaque qui a commencé samedi en milieu de journée et a duré 24 heures.

« Environ une heure plus tard, les criminels étaient déjà encerclés. Seize d’entre eux ont été tués, deux civils et quatre officiers de police de l’État », a souligné M. Riquelme à Radio Formula.

– « Message d’avertissement » –

Selon les déclarations de plusieurs suspects interpellés, le cartel incriminé avait l’intention de « pénétrer dans Villa Union et de frapper un grand coup » en guise de « message d’avertissement » à l’endroit du gouverneur, avant de regagner leur bastion de Nuevo Laredo, dans l’Etat de Tamaulipas, a indiqué Riquelme.

Les hommes armés étaient accompagnés de guides afin de leur indiquer les meilleurs chemins pour entrer et sortir de Villa Union.

Lorsque la confrontation avec les forces de sécurité a commencé, les guides se sont égarés. Les tueurs ont alors décidé de prendre en otages les employés de la mairie, toujours selon le gouverneur.

« Ce qui s’est passé ici est exceptionnel. Cela ne fait pas partie du quotidien de Coahuila. Le gouverneur est très attentif aux questions de sécurité », a déclaré lundi le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, connu sous l’acronyme d’AMLO, lors de sa conférence de presse matinale.

« Contenir est différent d’éliminer » les cartels dans ce secteur, explique à l’AFP Sergio Aguayo, expert sur les questions de sécurité du Colegio de Mexico et auteur d’une enquête sur le cartel Los Zetas.

Le cartel du Noreste, créé dans l’Etat voisin de Tamaulipas, est l’un des huit groupes issus du démantèlement des Zetas, selon cet expert.

– Pacification –

Dimanche, lors d’une cérémonie marquant sa première année au pouvoir, AMLO a fait valoir que son gouvernement avait entrepris « un changement de paradigme en matière de sécurité ».

« Entre 2006 et 2018, les dirigeants ont cherché à répondre au problème de l’insécurité et de la violence criminelle par des actions des forces militaires et de la police, sans toucher au fond du problème », a-t-il dit devant des dizaines de milliers de personnes.

Le gouvernement, a-t-il martelé, se concentre désormais sur « la pacification » du pays avec une stratégie qui s’attaque aux racines du problème avec des programmes sociaux et « l’utilisation mesurée de la force ».

Pour Raul Benitez, expert en sécurité à l’Université nationale autonome du Mexique, c’est l’arrestation avortée le 17 octobre à Sinaloa (nord) du fils du baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, détenu aux Etats-Unis, qui continue de faire des vagues parmi les cartels.

« Ce qui s’est passé à Villa Union est le reflet de ce qui s’est passé à Sinaloa … C’est une escalade décuplée de la violence, ils s’en prennent aux forces gouvernementales », estime ce spécialiste.

« Les cartels sont en train de gagner la guerre contre le gouvernement », considère-t-il.

Le 4 novembre, sur une route rurale de l’État de Sonora, des hommes armés avaient abattu trois femmes et six enfants d’une communauté mormone d’origine américaine établie dans le nord du Mexique.

Avec environ 26.000 morts depuis le début de l’année au Mexique, un nouveau record de violence pourrait être battu en 2019.

Soudan: les rebelles demandent un délai pour un accord de paix avec Khartoum

Un leader des rebelles soudanais a demandé lundi un délai de trois mois pour finaliser un accord de paix avec le gouvernement à Khartoum, alors que les pourparlers entre les deux parties doivent reprendre la semaine prochaine.

Le chef adjoint de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), Yasser Arman, a également exhorté Washington à retirer le Soudan de sa liste noire des « Etats soutenant le terrorisme ».

Des pourparlers sont en cours depuis mi-octobre à Juba, au Soudan du Sud, entre le nouveau gouvernement de Khartoum et les rebelles qui ont combattu les forces du président déchu Omar el-Béchir au Darfour, dans les Etats du Nil Bleu et du Kordofan Sud.

Un nouveau cycle de pourparlers doit débuter mardi prochain, et la conclusion d’un accord de paix était espéré pour le 14 décembre.

Mais M. Arman a demandé un délai de « trois mois, jusqu’au 8 mars », a-t-il indiqué lundi à des journalistes à Khartoum.

« Nous espérons que le cycle du 10 décembre sera le dernier et que la paix sera réalisée », a-t-il ajouté, sans donner de raisons spécifiques pour le délai demandé.

A la suite d’un accord conclu en août entre l’armée et les meneurs de la contestation qui a entraîné la destitution d’Omar el-Béchir en avril, un Conseil souverain formé de civils et de militaires est chargé d’assurer la transition vers un régime civil et un nouveau gouvernement a promis de pacifier les régions en conflit.

Les conflits ont fait des centaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes au Darfour, au Kordofan-Sud et au Nil Bleu.

« Nous soutenons la paix. Nous voulons un projet national et une issue stratégique pour les mouvements rebelles armés », a affirmé M. Arman.

« Nous ne voulons pas que notre pays s’effondre. La situation du pays est fragile et nécessite une action commune », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs appelé Washington à retirer le Soudan de sa liste noire, assurant qu’après la dissolution jeudi du Parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir par les autorités, « le Soudan n’est plus un Etat qui soutient le terrorisme ».

Les Etats-Unis ont placé le Soudan sur leur liste noire en 1993, l’accusant d’appuyer des groupes extrémistes islamistes. Le fondateur d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, a vécu dans ce pays entre 1992 et 1996.

Le Premier ministre Abdallah Hamdok est actuallement aux Etats-Unis où il a prévu de parler de cette question.

Dopage: ce qui est reproché à la Russie, les sanctions que préconise l’AMA

Données incomplètes ou inauthentiques et disparition de contrôles positifs ou de preuves de dopage sont reprochés à la Russie, contre laquelle un comité indépendant de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a recommandé lundi une exclusion pour 4 ans de toute compétition internationale.

Le comité exécutif de l’AMA doit se réunir le 9 décembre à Paris pour décider ou non de suivre ces recommandations, qui priveraient donc la Russie des JO de Tokyo-2020, notamment.

– Ce qui est reproché à la Russie –

Le comité estime en premier lieu que les données transmises à l’AMA par le laboratoire antidopage russe ne sont « ni complètes ni totalement authentiques », écrit l’agence dans un communiqué. Les experts observent notamment des anomalies entre la base de données remise à l’AMA en 2015 et celle transmise à l’agence en janvier 2019.

L’AMA accuse en outre la Russie d’avoir fait disparaître des contrôles présumés positifs ou des preuves entre 2016 et 2017, après la révélation par un médecin russe du système mis en place pour camoufler le dopage d’athlètes russes. « Davantage de suppressions et/ou d’altérations ont été effectuées en décembre 2018 et en janvier 2019 », est-il écrit dans le communiqué.

Le comité assure enfin que « quelqu’un au sein du laboratoire moscovite » aurait inscrit des éléments falsifiés dans la base de données remise par le laboratoire à l’AMA en janvier 2019.

– Les sanctions préconisées –

Parmi ses recommandations, le comité préconise une exclusion de la Russie de toute compétition internationale pour une durée de quatre ans. Cela priverait notamment le pays des Jeux olympiques et paralympiques d’été de Tokyo 2020 et des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Pékin 2022. Des athlètes russes ne pourraient participer à ces compétitions qu’à condition de démontrer qu’ils ne sont pas impliqués dans ce scandale de dopage, mais ils ne pourraient pas y représenter la Russie et devraient donc concourir sous drapeau neutre, comme c’est le cas en athlétisme depuis 2015.

Autre recommandation: l’interdiction pour tout officiel russe ou représentant de la Russie d’être membre d’un conseil ou d’un comité signataire du code mondial antidopage.

Enfin, la Russie ne pourrait héberger aucun événement sportif international sur cette période, et ne pourrait pas présenter de candidature à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2032.

Dans le Var, le ras-le-bol des sinistrés face à une énième inondation

« Je n’ai plus envie d’habiter là » : à l’entrée du village du Muy, dans le Var, Christine, 72 ans, constate dépitée les dégâts dans sa maison, une nouvelle fois touchée par les inondations.

Dans son garage, flottent sa réserve de bois pour l’hiver, son congélateur et sa cave à vins. L’eau, au rez-de-chaussée, est montée à plus d’un mètre samedi contre 2,30 mètres lors des inondations meurtrières de 2010 provoquées par la crue de la rivière Nartuby.

Ce week-end, Christine a été contrainte de quitter sa maison natale et d’aller se réfugier chez son beau-frère, Philippe Nivet.

« A un moment donné, quand ça se répète de plus en plus, vous avez le stress et vous vous dites +on va aller vivre plus loin+ », confie-t-elle dimanche.

La crue de la Nartuby, samedi, a cette fois encore été très soudaine. « En 2010, c’était carrément une vague qui avait tout submergé. Hier, c’était moins fort mais en une heure, tout était inondé », explique le beau-frère de Christine.

Un peu plus loin, alors que la pluie qui tombait sans discontinuer depuis trois jours commence enfin à faiblir dans cette commune de 9.000 habitants, un cordon de police bloque une route en raison d’une intervention des pompiers.

Dimanche, les secours ont découvert un corps au Muy, à proximité du lieu où une embarcation s’était renversée la veille au soir avec trois pompiers à bord et les trois personnes qu’ils venaient de secourir. Une de ces dernières n’avait plus réapparu depuis.

– « On ramasse toute l’eau » –

La rivière Nartuby, comme le fleuve Argens dans lequel elle se jette, a débordé à la suite d’un épisode méditerranéen qui a conjugué forts cumuls de précipitations – il est tombé l’équivalent de deux à trois mois de pluie en 24 à 48 heures dans certaines zones -, à une mer Méditerranée démontée.

« C’est la faute au vent d’est qui soufflait hier », estime Elio Cristofoli, un habitant de Roquebrune-sur-Argens, un village proche du Muy inaccessible par la route à la suite de la crue de l’Argens.

Selon lui, ce vent « a fait bouchon ». « Du coup, quand il pleut comme ça, l’Argens ne peut plus rentrer dans la mer et comme on n’a pas assez de dénivelé par rapport à la Méditerranée, obligatoirement on ramasse toute l’eau », constate ce retraité de 60 ans. Située sur un promontoire, sa maison a été épargnée mais nombre de ses voisins immédiats ont été inondés.

A Roquebrune, alors que les hélicoptères des services de secours continuaient ce dimanche leurs reconnaissances, les quelque 13.000 habitants guettent la décrue.

« Mais c’est lent », se désole Martine Véry, 65 ans, qui attend après une nuit blanche le retour de son mari et de son petit-fils, bloqués dans la soirée à Saint-Raphaël à cause des routes inondées.

« Comme il avait déjà beaucoup plu la semaine dernière et celle d’avant, les sols complètement détrempés n’absorbent plus rien », souligne-t-elle en montrant la vidéo faite avec son smartphone d’un hélitreuillage effectué la veille chez l’un de ses voisins.

Quelque 180 sauvetages par hélicoptères ont été réalisés dans la nuit de samedi à dimanche, selon la Sécurité civile.

« On s’en sort un peu moins bien qu’en 2010 mais un peu mieux qu’en 2011 », se console Elio Cristofoli, lassé lui aussi par ces phénomènes météo extrêmes que tous, ici, jugent de plus en plus récurrents.

Mais il avoue ne pas avoir de réponse quant aux solutions que les pouvoirs publics pourraient apporter pour canaliser les cours d’eau varois.

En juin 2010, le Var, et notamment Roquebrune-sur-Argens et Le Muy, avait été touché par des inondations qui avaient fait plus de 20 morts. Des crues avaient également frappé ces zones en 2011 et en 2014.

Syrie: raids du régime, bombardements turcs, 30 civils tués à travers le pays

Près de 20 civils sont morts lundi dans des bombardements à Idleb, dont 13 lors de frappes du régime sur un marché de cette région syrienne, secouée par les plus violents combats avec les rebelles et jihadistes en trois mois de trêve.

Ailleurs dans le pays, au moins 11 civils, dont huit enfants de moins de 15 ans, ont été tués dans des bombardements turcs sur une ville du nord sous contrôle kurde, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Ces drames séparés illustrent la complexité de la guerre en Syrie qui implique une multitude de groupes armés et de puissances étrangères et a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes depuis 2011.

Dans le nord-ouest, 19 civils ont été tués dans des raids du régime ou de son allié russe sur la province d’Idleb, dominée par les jihadistes, selon l’OSDH.

Les frappes ont notamment visé un marché de Maaret al-Noomane, faisant 13 morts, d’après l’Observatoire.

Devant les rideaux de fer tordus et déchiquetés des boutiques, des corps ont été extirpés des décombres et transportés dans des ambulances, selon un correspondant de l’AFP. Celui d’une femme a été sorti d’une camionnette, avant d’être mis à terre et recouvert de couvertures.

– « Nos voisins sont morts » –

« On s’est réfugiés dans nos boutiques, on s’est jetés à terre », raconte Maher Mohamed, un vendeur de 35 ans. « L’aviation a bombardé la moitié du souk, nos voisins sont morts, sept ou huit d’entre eux. »

Ailleurs dans la province, quatre civils ont été tués dans des raids russes, selon l’Observatoire, dont une femme et ses deux enfants qui rendaient visite à un proche dans une prison touchée par un bombardement, qui a aussi entraîné des évasions.

La province d’Idleb est dominée par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Cette région, et des secteurs adjacents des provinces d’Alep, Hama et Lattaquié, échappe toujours dans sa vaste majorité au régime.

Depuis samedi, des combats féroces opposent les forces du régime aux factions rebelles et jihadistes dans le sud-est d’Idleb, d’après l’Observatoire.

Ces dernières 48 heures, 54 membres des forces du régime et 47 combattants du camp adverse ont été tués, selon l’OSDH. Ces affrontements sont les plus violents depuis l’entrée en vigueur fin août d’un fragile cessez-le-feu dévoilé par Moscou, d’après l’OSDH.

Entre fin avril et fin août, Idleb avait été pilonnée sans répit. L’offensive a tué près d’un millier de civils, selon l’Observatoire, et déplacé plus de 400.000 personnes, d’après l’ONU.

Depuis le début de la trêve, plus de 180 civils, dont 47 enfants, sont morts dans les bombardements, selon l’OSDH.

– Bombardements turcs –

Dans la province voisine d’Alep, à Tal Rifaat –ville sous contrôle kurde–, au moins 11 civils, dont huit enfants âgés de moins de 15 ans, ont été tués dans des tirs d’artillerie turcs au moment où ils sortaient d’une école, selon l’OSDH.

Une vidéo de l’agence de presse kurde Anha montre des enfants, certains en pleurs, recevoir des soins dans un hôpital. Au sol, les morts sont enveloppés dans une couverture grise.

La ville accueille des forces du régime et des militaires russes, selon l’Observatoire.

Dans un communiqué, le Conseil démocratique syrien, branche politique des forces kurdes, a condamné l’attaque affirmant que « l’objectif est d’intimider et de terroriser les habitants en vue de les déplacer (…) et de poursuivre le processus de changement démographique » dans la région.

La Turquie avait lancé le 9 octobre une offensive majeure en Syrie pour éloigner de sa frontière les combattants kurdes. Pour se protéger, les Kurdes –qui contrôlaient plus du quart du territoire syrien avant l’offensive– ont amorcé un rapprochement avec le régime et la Russie.

Moscou a négocié un cessez-le-feu en contrepartie de patrouilles conjointes et du retrait des forces kurdes de la frontière. Mais les affrontements sporadiques se poursuivent.

Dans un incident séparé, trois soldats russes ont été blessés lundi par un engin explosif au cours d’une patrouille le long de la frontière près de Kobané, a annoncé Moscou.

Par ailleurs, les troupes russes se sont déployées lundi dans la ville d’Amouda et ses environs, selon l’OSDH. Ce déploiement est prévu par un accord entre kurdes et russes, qui concerne également les villes de Tal Tamr et Ain Issa, avait indiqué dimanche le chef des forces kurdes, Mazloum Abdi.

Des soldats syriens sont déjà déployés dans ces secteurs depuis octobre.

Lundi, le président Bachar al-Assad a reçu l’envoyé spécial russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev. Ils ont estimé que la « stabilité » et la « sécurité » des régions sous contrôle kurde passaient par « un retour du contrôle de l’Etat » dans ce secteur, selon un communiqué de la présidence syrienne.

RDC: Beni s’enfonce dans la violence, « actions conjointes » des Casques bleus et de l’armée

Manifestant tué, policier tué en retour par des civils: des habitants de Beni ont de nouveau dénoncé les massacres de civils lundi dans l’est de la République démocratique du Congo.

Sous le feu des critiques, accusée par les manifestants d’inaction face à ces massacres, la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) a affirmé photos à l’appui qu’elle avait repris des « actions conjointes » avec l’armée congolaise contre les groupes armés dans la région.

Des habitants de Beni et de sa région dénoncent depuis le 23 novembre les massacres de plus de 100 civils en un mois. Ces massacres sont attribués au groupe armé d’origine ougandaise Forces démocratiques alliées (ADF), accusés d’avoir tué un millier de personnes depuis 2014.

Lundi, au moins un jeune homme a été tué par balles. Il a été conduit à la morgue par des manifestants pieds nus, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

– A bout portant –

Le jeune homme a été tué « à bout portant par un policier », a affirmé un des organisateurs de la journée de grève générale à Beni, Germain Ndaliko.

« Un policier semble-t-il a donné la mort à un manifestant, et les manifestants ont tué le policier », a déclaré l’auditeur (procureur) militaire Kumbu Ngoma à un correspondant de l’AFP.

Dans un communiqué, la Police nationale congolaise (PNC) a affirmé qu’un policier avait été « lynché » par les manifestants qui ont « incinéré » son corps.

Cependant, ce policier était « de repos » et il « a été surpris à son domicile », selon la version de la police.

La PNC ajoute que les manifestants ont également lynché une femme parce qu’elle refusait de se déchausser.

« Deux personnes ont été tuées par balles perdues », ajoute la PNC.

– 9 manifestants tués depuis le 23/11 –

Au moins neuf manifestants ont été tués depuis le 23 novembres dans des rassemblements à Beni et la ville voisine de Butembo.

Dans la région, les Casques bleus ont repris leurs opérations conjointes avec l’armée congolaise, a affirmé l’ONU lundi.

« Il y a déjà un travail de planification détaillée qui a été engagé avec l’armée congolaise », a déclaré le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, au dernier jour de sa visite en RDC.

Ces opérations conjointes avaient été annoncé lundi dernier par Kinshasa, qui mène des opérations militaires unilatérales contre les « terroristes » des ADF depuis le 30 octobre.

Un porte-parole de l’armée congolaise a donné un bilan de ses opérations: 80 ADF neutralisés, dont quatre de ses six commandants.

« Dans le cadre de leurs actions conjointes », les Casques bleus et l’armée congolaise « ont procédé dimanche à l’arrestation d’hommes armés, identifiés comme des membres de groupes armés, dans la zone de Mayi-Moya, à 31 Km au nord-est de Beni », a indiqué le compte Twitter de la Monusco, photos à l’appui.

Il n’est pas précisé si les hommes arrêtés sont des membres présumés des ADF.

Un autre message montre des officiers congolais et de la « brigade d’intervention » de l’ONU dans une « localité reprise aux ADF à quelques 10 km à l’est de Beni ».

Une base onusienne a été saccagée à Beni lundi dernier par des manifestants en colère. A quelques dizaines de km de Beni, quatre agents anti-Ebola ont par ailleurs été tués jeudi dans une double attaque armée qui n’a pas été revendiquée.

Toutes ces attaques « ont été préméditées, organisées et financées », a déclaré le secrétaire général adjoint des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, sur Radio France Internationale (RFI).

Le procureur militaire a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre les organisateurs des manifestations, dont un groupe appelé « Je suis Beni ».

Il leur est reproché d’avoir recours « aux groupes armés Maï Maï (rebelles ou groupe d’auto-défense congolais, NDLR) dans les différentes manifestations depuis le (lundi) 25 novembre ».

L’information judiciaire va aussi porter sur « l’incendie de la mairie » et l’attaque contre « les installations de la Monusco » le lundi 25 novembre, ainsi que « le meurtre du policier ».

Huit militaires ont été lynchés en trois jours par les habitants qui les ont confondus avec des membres des ADF, a indiqué l’armée.

Des jeunes gens ont dressé au moins deux barrages dans Beni pour fouiller les voitures, a constaté un journaliste de l’AFP à Beni.

La situation dans l’est de la RDC a été évoqué dimanche par le pape François : « Aujourd’hui, nous prions pour la paix en RDC, où font rage des conflits, nourris également de l’extérieur, dans le silence complice de beaucoup », a-t-il déclaré.

« Il est revenu »: l’angoisse sans fin des survivantes de violences conjugales

Sauvées de justesse des coups de leurs conjoints, Sarah, Laura ou Adleen pensaient pouvoir revivre en paix quand ils ont été envoyés en prison. Mais ils sont revenus les harceler à leur sortie.

En cet après-midi de novembre, le visage de « Sarah » se fige soudain alors qu’elle reçoit des journalistes de l’AFP dans son appartement francilien. Son téléphone vient de vibrer.

La trentenaire, qui préfère ne pas donner son vrai prénom, regarde l’écran et soupire: « C’est encore lui ».

« Lui », c’est son ex-conjoint qui, pendant des années, la « défonçait à coups de poing et de pied » le soir en rentrant à la maison. Jusqu’au jour où, « déjà en sang à 10h00 du matin », elle a appelé les gendarmes.

Plus de cinq ans après, impossible de tourner la page : les deux ex se partagent la garde de leur fils et, selon Sarah, il fait tout pour l’empêcher de refaire sa vie.

« Il peut parfois m’envoyer 100 messages par jour », détaille-t-elle. Rien que cette année, elle l’accuse de lui avoir fait perdre à la fois son emploi – « il venait me harceler au boulot, j’ai dû partir » – et son petit ami, un garçon « gentil » qu’il a « menacé » et qui « a préféré en rester là ».

En novembre, l’AFP a également rencontré Adleen, 32 ans. En décembre 2017 en Seine-Saint-Denis, elle fait une hémorragie interne après avoir été rouée de coups par son mari, un chauffeur de VTC qui la frappe depuis des années à chaque désaccord ou presque.

Une voisine la transporte à l’hôpital, où elle restera près d’un mois, dont la moitié en réanimation. Un médecin lui fait comprendre qu’elle est une survivante: « Quand vous êtes arrivée, vous n’aviez plus que trois heures à vivre ».

– « Je m’enfuis » –

Récidiviste, le mari d’Adleen sera condamné à deux ans de prison ferme et, pendant sa détention, exprimera tout sauf des regrets: « Il m’a envoyé des lettres de menaces ».

Quand elle apprend sa libération, en juillet dernier, l’angoisse fait perdre à Adleen « quatre kilos en une semaine ».

Quelques semaines plus tard, nouveau choc, et nouvelles larmes, quand elle reçoit un courrier du juge des affaires familiales adressé aux deux parents concernant le suivi de leurs deux enfants, dont elle a la garde. On y a laissé son adresse actuelle: son ex-mari sait donc où elle habite.

Elle déménage ces jours-ci. « Je m’enfuis, plutôt », grince-t-elle.

A 31 ans, Laura Rapp ressemble à Sarah et Adleen avec ses cheveux brun, son allure soignée, fluette et juvénile et un regard doux qui trahit plusieurs années de tourments.

En avril 2013, jeune cadre dans l’immobilier dans le Val-de-Marne, elle tombe amoureuse d’un collègue qui se révèle vite « possessif, humiliant et violent ». Elle n’osera jamais appeler la police, ni le dénoncer. Même quand il la frappera « en pleine grossesse ».

Les violences culmineront un soir d’avril 2018, lorsqu’il voit rouge après que Laura lui a fait une remarque devant des collègues. A peine revenu à l’appartement, il se jette sur elle. « il m’a dit +je vais te tuer+, et a commencé à m’étrangler ».

Alors qu’elle sent la vie la quitter, il s’arrête: un voisin alerté par le bruit frappe à la porte. Laura se dégage et parvient à sortir, étouffée et vomissante. Son désormais ex-compagnon sera mis en examen pour tentative de meurtre et écroué.

Il est libéré en février. En avril, elle se retrouve nez à nez avec lui alors qu’il est censé selon elle rester dans le Loiret dans le cadre de son contrôle judiciaire.

« J’ai totalement paniqué, je me suis dit que j’allais mourir ».

– Visites de nuit –

Démunie, elle lance le 14 mai un appel sur Twitter, postant une photo de son cou strié de marques de strangulations. « A l’aide, la justice me tourne le dos » et libère un « tortionnaire », écrit-elle.

L’appel, relayé par des associations d’aide aux femmes, fait du bruit. Une semaine après, son ex-compagnon est remis en prison.

« Face au silence de la justice, elle a eu parfaitement raison de le faire, car (après) ça a bougé », souligne son avocate, Me Nathalie Tomasini. Le procès pour tentative de meurtre est prévu début décembre.

Sarah, elle, reçoit toujours régulièrement des messages de menaces de son ex. Parfois, il vient tambouriner la nuit contre la porte de son appartement.

Elle aimerait qu’il se fasse soigner mais ne dit rien, pour ne pas l’énerver et risquer qu’il s’en prenne ensuite à leur fils.

Elle se veut positive, se dit « bien plus heureuse » aujourd’hui qu’avant. Mais elle se passerait bien de la « liberté surveillée » imposée par son ex.

En France, 117 femmes ont été tuées depuis le début de l’année par leurs conjoint ou ex, selon un décompte de l’AFP. Une partie des meurtriers présumés étaient déjà connus pour des violences antérieures.

Parfois, quand il y a un nouveau féminicide dans son département, des proches de Sarah l’appellent. Elle sourit tristement: « Quand je réponds, ils me disent: ouf, ce n’est pas toi, c’est bien ».

Crise sociale au Chili: le gouvernement met plus de 5 milliards de dollars sur la table

Le gouvernement chilien a mis lundi 5,5 milliards de dollars sur la table pour tenter de résoudre la crise sociale sans précédent qui agite le pays, où l’activité économique s’est effondrée en octobre, date à laquelle le mouvement de protestation a éclaté.

Le ministre des Finances Ignacio Briones a annoncé un plan de soutien à l’économie, avec au programme une augmentation des dépenses publiques en 2020 de quelque 3 milliards de dollars, une aide financière de 1,9 milliard de dollars aux PME (petites et moyennes entreprises) et 525 millions de dollars de mesures diverses, comme la reconstruction du métro de la capitale Santiago, très endommagé depuis le début de la crise, le 18 octobre dernier.

Le plan gouvernemental devrait permettre de créer 100.000 emplois supplémentaires, selon le ministre, et entraîner une augmentation de 9,8% des dépenses publiques en 2020 par rapport à 2019. Le déficit budgétaire, quant à lui, pourrait atteindre 4,4% du PIB.

« Comme n’importe quel foyer chilien face à une situation difficile et imprévue, nous aurons recours à notre épargne et à notre capacité d’emprunt, en sachant que ces deux éléments ont des limites à ne pas dépasser », a expliqué M. Briones, en soulignant que ces mesures étaient rendues possibles par « les années de responsabilité budgétaires de tous les gouvernements » précédents.

Les besoins de financement pour l’année prochaine sont estimées à 16,6 milliards de dollars, financés par une émission de dette à hauteur de 9 milliards.

– Pire baisse en dix ans-

L’annonce gouvernementale est intervenue le jour même où la Banque centrale chilienne annonçait un fort repli de 3,4% de l’activité économique du pays, la pire performance depuis celle enregistrée en 2009 (-3,5%), au plus fort de la crise financière internationale.

Cette chute de l’activité, largement supérieure aux attentes du marché qui anticipait une baisse autour de 1%, est notamment imputable à la quasi-paralysie des commerces et des services depuis le début de la crise, selon l’institut monétaire.

Cette forte contraction a conduit les autorités à revoir à la baisse leurs estimations de croissance du PIB pour 2019 à 1,4% contre 2,5%, et pour 2020, où elle devrait s’établir entre 1% et 1,5%.

« La crise a provoqué une décélération très brusque de la croissance et le quatrième trimestre devrait être dans le rouge. Le taux de chômage devrait repartir à la hausse et les banques ont commencé à limiter les crédits », a déclaré à l’AFP l’économiste Francisco Castañeda.

La Banque centrale du Chili avait annoncé fin novembre l’injection de 20 milliards de dollars dans l’économie, pour freiner la dégringolade du peso, impacté par la crise.

La crise sociale s’est déclenchée le 18 octobre, avec des manifestations d’étudiants contre une hausse du prix du ticket de métro, qui se sont ensuite muées en une révolte sociale d’ampleur, la plus grave depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).

Les Chiliens n’ont pas cessé de protester contre les inégalités qui règnent dans un pays à l’économie prospère et où l’Etat est selon eux défaillant dans les domaines de l’éducation, de la santé et des retraites.

Après 46 jours, le mouvement a fait 23 morts, dont cinq après l’intervention des forces de l’ordre, et plus de 2.000 blessés. Après une mobilisation historique le 25 novembre, qui avait réuni 1,2 million de personnes, des manifestations plus ou moins suivies se poursuivent pour réclamer plus de justice sociale.

La crise a aussi contraint le gouvernement chilien à renoncer à accueillir la conférence de l’ONU sur le climat COP 25 – transférée à Madrid – et le sommet du forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) mi-novembre.

Le « roi de la cocaïne » dominicain arrêté en Colombie

Le Dominicain César Emilio Peralta, surnommé « le roi de la cocaïne » parce qu’il aurait fait acheminer « des tonnes » de drogue des Caraïbes vers les Etats-Unis et l’Europe, a été arrêté lundi en Colombie, ont annoncé les autorités dominicaines.

Peralta, âgé de 44 ans et également surnommé « el Abusador » (la Brute), a été interpellé au petit matin à Carthagène, dans le nord de la Colombie, a déclaré le procureur général dominicain, Jean Alain Rodriguez, lors d’une conférence de presse.

En outre, a-t-il ajouté, le réseau de trafiquants de Peralta, qui selon le FBI avait des ramifications au Venezuela, à Porto Rico et en Colombie, a été « complètement démantelé » lors d’une soixantaine d’opérations où 18 personnes ont été arrêtées.

Trois suspects ont été extradés vers les Etats-Unis et un quatrième est en train d’être remis à la justice américaine, a précisé M. Rodriguez.

Le FBI promettait une récompense de 100.000 dollars pour toute information qui mènerait à l’interpellation de César Emilio Peralta.

« Nous sommes en contact avec le ministère colombien de la Justice pour organiser son extradition, que ce soit vers les Etats-Unis ou la République dominicaine », a encore indiqué le procureur général, en marquant sa « préférence » pour les Etats-Unis.

Le Trésor américain avait placé Peralta sur ses listes noires de narcotrafiquants étrangers en août dernier, le soupçonnant d’avoir organisé le transport de « tonnes de cocaïne et de quantités significatives d’opioïdes » de la République dominicaine vers les Etats-Unis, Porto Rico et l’Europe.

Ursula von der Leyen en Ethiopie pour son premier voyage hors de l’UE

La nouvelle présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé dimanche qu’elle se rendrait vendredi à Addis Abeba pour son premier déplacement hors de l’UE afin de rencontrer le prix Nobel de la paix Abiy Ahmed et le représentant de l’Union africaine Moussa Faki.

« J’ai décidé d’effectuer en Afrique mon premier déplacement hors de l’Union européenne et je me rendrai vendredi à Addis Abeba pour rencontrer M. Moussa Faki, le représentant de l’Union Africaine, le Premier ministre de l’Ethiopie et prix Nobel de la paix Abiy Ahmed et la présidente de l’Ethiopie, Mme Sahle-Work Zewde, seule femme à la tête d’un pays africain », a-t-elle annoncé au cours d’un entretien dimanche avec les représentants des agences de presse à Bruxelles. « Je serai de retour à Bruxelles le dimanche », a-t-elle précisé.

Mme von der Leyen a pris ses fonctions dimanche, avec un mois de retard, et s’est aussitôt mise au travail avec une série d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants des pays membres du G7 et du G20.

« Il s’agit de prises de contact », a-t-elle souligné. Elle a précisé s’être entretenue avec les dirigeants chinois, sud-coréen, indonésien, australien et turc. Ces contacts vont se poursuivre dans les prochains jours.

Mme von der Leyen se rendra lundi à Madrid pour la COP25 où elle devrait évoquer son projet de « Green Deal » (pacte vert) pour l’UE, promis pour les 100 premiers jours de son mandat.

« Mon intervention à Madrid sera courte. Il s’agira de donner un coup de projecteur sur ce nous faisons. Mais Madrid sera le point de départ de ce Green Deal », a-t-elle expliqué.

Chine, UE, Turquie: La Russie lance trois gazoducs majeurs

La Russie, premier exportateur de gaz naturel du monde, et son géant Gazprom inaugurent coup sur coup ces prochaines semaines trois gazoducs majeurs ralliant la Chine, l’Allemagne et la Turquie.

– Power of Siberia

A travers plus de 2.000 kilomètres de forêts de pins et de sols gelés, le premier tronçon de ce gazoduc titanesque – inauguré le 2 décembre –, relie les champs gaziers de Sibérie orientale à la frontière chinoise, dans la région de l’Amour.

La portion chinoise devrait être achevée en 2022-2023 et amener 38 milliards de m3 de gaz par an jusqu’à la ville de Shanghai, pour rassasier l’inépuisable appétit énergétique du géant chinois, premier importateur mondial d’hydrocarbures.

Le tube s’accompagne d’un énorme contrat d’approvisionnement, estimé à plus de 400 milliards de dollars sur 30 ans, et signé en 2014 après une décennie de négociations.

Power of Siberia (« Force de Sibérie »), construit dans des conditions extrêmes, illustre la main tendue de Vladimir Poutine à l’Asie, alors que les relations avec ses traditionnels partenaires occidentaux se sont considérablement tendues depuis le début du conflit ukrainien.

– Nord Stream 2

L’Europe reste encore la priorité du géant gazier russe, malgré les tensions des dernières années.

Le controversé Nord Stream 2, arrivant en Allemagne, doit approvisionner l’Europe du Nord et de l’Ouest via la Baltique, en contournant l’Ukraine. Il est d’une capacité de 55 milliards de m3 par an, autant que son frère aîné, Nord Stream 1.

Ce projet est dénoncé par l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, mais aussi les Etats-Unis qui y voient un cadeau fait à l’adversaire qu’est le Kremlin. Washington a même menacé le projet de sanctions.

Le tube, qui a coûté 9,5 milliards d’euros, est financé à moitié par Gazprom, à moitié par les Européens: les alemands Wintershall et Uniper, l’anglo-néerlandais Shell, le français Engie et l’Autrichien OMV.

Le gazoduc, construit à plus de 80%, devait être initialement lancé avant la fin 2019, mais l’autorisation du Danemark de traverser ses eaux n’ayant été délivrée que fin octobre, la nouvelle date de mise en service n’est pas encore connue.

Gazprom espère un lancement prochain, mais l’achèvement du tube dépendra de la météo en mer en plein hiver.

Sa mise en service presse, le contrat liant la Russie et l’Ukraine pour le transit gazier vers l’Europe prenant fin en 2019. Et l’Europe occidentale n’a pas envie de revivre les coupures d’approvisionnements hivernales des années 2000 causées par les différends russo-ukrainiens.

– TurkStream

Le sud de l’Europe et la Turquie ne sont pas en reste: le gazoduc TurkStream, contournant également l’Ukraine, doit être inauguré en janvier par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.

D’une capacité de 31,5 milliards de m3 par an, il travers sur 930 km la mer Noire, comme son prédécesseur Blue Stream. Un des deux tuyaux de TurkStream est destiné à la Turquie et l’autre au sud et sud-est de l’Europe. Sa construction bénéficie d’une météo plus clémente que ses frères nordique et oriental.

L’accord d’intention pour sa réalisation entre Gazprom et Botas a été signé en 2014, avant que les relations russo-turques ne se détériorent brusquement après le crash d’un bombardier russe abattu par la Turquie fin 2015.

Poutine et Erdogan scellent néanmoins le contrat fin 2016. Le projet symbolise aujourd’hui le rapprochement de la Russie et de la Turquie. D’autant qu’Ankara entretient des relations compliquées avec l’UE et l’Otan.

Dans le Var, le ras-le-bol des sinistrés face à une énième inondation

« Je n’ai plus envie d’habiter là » : à l’entrée du village du Muy, dans le Var, Christine, 72 ans, constate dépitée les dégâts dans sa maison, une nouvelle fois touchée par les inondations.

Dans son garage, flottent sa réserve de bois pour l’hiver, son congélateur et sa cave à vins. L’eau, au rez-de-chaussée, est montée à plus d’un mètre samedi contre 2,30 mètres lors des inondations meurtrières de 2010 provoquées par la crue de la rivière Nartuby.

Ce week-end, Christine a été contrainte de quitter sa maison natale et d’aller se réfugier chez son beau-frère, Philippe Nivet.

« A un moment donné, quand ça se répète de plus en plus, vous avez le stress et vous vous dites +on va aller vivre plus loin+ », confie-t-elle dimanche.

La crue de la Nartuby, samedi, a cette fois encore été très soudaine. « En 2010, c’était carrément une vague qui avait tout submergé. Hier, c’était moins fort mais en une heure, tout était inondé », explique le beau-frère de Christine.

Un peu plus loin, alors que la pluie qui tombait sans discontinuer depuis trois jours commence enfin à faiblir dans cette commune de 9.000 habitants, un cordon de police bloque une route en raison d’une intervention des pompiers.

Dimanche, les secours ont découvert un corps au Muy, à proximité du lieu où une embarcation s’était renversée la veille au soir avec trois pompiers à bord et les trois personnes qu’ils venaient de secourir. Une de ces dernières n’avait plus réapparu depuis.

– « On ramasse toute l’eau » –

La rivière Nartuby, comme le fleuve Argens dans lequel elle se jette, a débordé à la suite d’un épisode méditerranéen qui a conjugué forts cumuls de précipitations – il est tombé l’équivalent de deux à trois mois de pluie en 24 à 48 heures dans certaines zones -, à une mer Méditerranée démontée.

« C’est la faute au vent d’est qui soufflait hier », estime Elio Cristofoli, un habitant de Roquebrune-sur-Argens, un village proche du Muy inaccessible par la route à la suite de la crue de l’Argens.

Selon lui, ce vent « a fait bouchon ». « Du coup, quand il pleut comme ça, l’Argens ne peut plus rentrer dans la mer et comme on n’a pas assez de dénivelé par rapport à la Méditerranée, obligatoirement on ramasse toute l’eau », constate ce retraité de 60 ans. Située sur un promontoire, sa maison a été épargnée mais nombre de ses voisins immédiats ont été inondés.

A Roquebrune, alors que les hélicoptères des services de secours continuaient ce dimanche leurs reconnaissances, les quelque 13.000 habitants guettent la décrue.

« Mais c’est lent », se désole Martine Véry, 65 ans, qui attend après une nuit blanche le retour de son mari et de son petit-fils, bloqués dans la soirée à Saint-Raphaël à cause des routes inondées.

« Comme il avait déjà beaucoup plu la semaine dernière et celle d’avant, les sols complètement détrempés n’absorbent plus rien », souligne-t-elle en montrant la vidéo faite avec son smartphone d’un hélitreuillage effectué la veille chez l’un de ses voisins.

Quelque 180 sauvetages par hélicoptères ont été réalisés dans la nuit de samedi à dimanche, selon la Sécurité civile.

« On s’en sort un peu moins bien qu’en 2010 mais un peu mieux qu’en 2011 », se console Elio Cristofoli, lassé lui aussi par ces phénomènes météo extrêmes que tous, ici, jugent de plus en plus récurrents.

Mais il avoue ne pas avoir de réponse quant aux solutions que les pouvoirs publics pourraient apporter pour canaliser les cours d’eau varois.

En juin 2010, le Var, et notamment Roquebrune-sur-Argens et Le Muy, avait été touché par des inondations qui avaient fait plus de 20 morts. Des crues avaient également frappé ces zones en 2011 et en 2014.

Le typhon Kammuri touche les Philippines, des milliers d’évacuations

Le typhon Kammuri, avec des rafales allant jusqu’à 240 km/h, a touché lundi soir les Philippines, où des dizaines de milliers de personnes avaient fui leurs maisons et où les autorités ont décidé de fermer par précaution l’aéroport de Manille.

Le typhon a touché vers 23H00 locales (15H00 GMT) Sorgoson, dans le sud de l’île de Luçon, ont indiqué les services météorologiques PAGASA.

Luçon, qui est la plus grande île des Philippines, compte 49 millions d’habitants.

Le typhon devrait ensuite passer au sud de Manille, la capitale peuplée de 13 millions d’habitants, et qui accueille des milliers d’athlètes pour les Jeux d’Asie du Sud-Est, dont des épreuves ont dû être annulées. Il devrait ensuite partir par le nord-ouest des Philippines mercredi.

Le vent atteignait 175 km/h à l’arrivée du typhon sur les Philippines, avec des rafales allant jusqu’à 240 khm/h. Les météorologues prévoient également d’intenses précipitations.

Près de 70.000 personnes ont déjà fui leurs habitations dans la région de Bicol, qui devait être la première touchée, ont indiqué les services d’urgence philippins, et des milliers d’entre elles ont depuis dimanche trouvé refuge dans des écoles et des gymnases.

Dans certaines villes, des écoles ont été fermées et les fonctionnaires invités à ne pas travailler lundi et mardi.

Mais des habitants ont toutefois décidé de rester, malgré des vents gagnant en puissance.

« Le vent hurle. Les toîts commencent à se plier et j’en ai vu un s’envoler », a raconté à l’AFP une habitante de la région de Bicol, Gladys Castillo Vidal. « Nous avons décidé de rester parce que notre maison de deux étages est en ciment. Avec de la chance, elle pourra résister ».

Les services météo redoutent aussi des coulées de boue et de possibles montées de eaux atteignant jusqu’à trois mètres dans les régions côtières les plus affectées.

– Haiyan, typhon le plus dévastateur –

« Les compagnies aériennes et les autorités ont décidé de fermer l’aéroport » international de Manille, a affirmé lundi à la presse son directeur, Ed Monreal. Le trafic devrait être suspendu mardi entre 11 heures du matin (03H00 GMT) à 11 heures du soir locales (15H00 GMT).

Les Philippines sont touchées par une vingtaine de tempêtes et typhons en moyenne chaque année, qui font des centaines de morts et maintiennent des populations entières dans les régions les plus exposées dans une situation de pauvreté constante. Le typhon le plus dévastateur enregistré dans le pays, Haiyan, a fait plus de 7.300 morts et disparus en 2013.

Des vents violents avaient commencé d’affecter l’archipel philippin samedi soir, peu avant le lancement de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Asie du Sud-Est par le président Rodrigo Duterte et la star de la boxe Manny Pacquiao.

Ces Jeux doivent se dérouler jusqu’au 11 décembre dans trois villes de Luçon — Clark, Manille et Subic– avec 56 disciplines représentées et des épreuves prévues dans des dizaines de sites différents.

Quelque 8.750 athlètes et membres des délégations sont annoncés, de même qu’environ 12.000 bénévoles. Les organisateurs prévoient plus de 500 millions de téléspectateurs d’ici la fin des Jeux.

Les épreuves en extérieur prévues à Subic, sur la côte ouest, ont subi des changements.

« Le windsurf a été annulé jusqu’à ce que nous ayons une image plus précise de la météo », a déclaré à l’AFP Ramon Agregado, un responsable du comité d’organisation. D’autres épreuves, comme le triathlon, ont été déplacées ou avancées.

Selon Ramon Suzara, un autre responsable des Jeux, des plans alternatifs d’urgence sont en place mais la durée de la compétition ne devrait pas être allongée. « Tout est prêt » pour adapter les épreuves aux conditions climatiques, a-t-il assuré à la presse.

La France renonce à la livraison controversée de six bateaux à la Libye

La France a renoncé à la livraison controversée de six bateaux à la marine libyenne, sur fond d’implication militaire croissante de la Russie dans ce pays englué dans la guerre.

La ministre française des Armées Florence Parly avait annoncé le don de ces six embarcations rapides, des semi-rigides Sillinger de 12 mètres, lors d’une rencontre avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj en février.

« Si la cession a été un temps envisagée au bénéfice de la Libye, la ministre a finalement décidé de ne pas livrer les embarcations à cet Etat », écrit le ministère des Armées dans un mémoire du 26 novembre adressé à la Cour administrative d’appel, dont l’AFP a obtenu copie.

« La situation en Libye ne permet pas de réaliser ce don d’embarcations », a confirmé le ministère des Armées, sans plus de précisions.

Depuis la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte, ce pays riche en pétrole est plongé dans le chaos avec des luttes de pouvoir et des milices armées qui font la loi.

Le 4 avril, les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, ont lancé une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU.

– « Etat de droit » –

La livraison des embarcations devait commencer au printemps, pour aider la marine libyenne à « lutter contre l’immigration clandestine », selon le ministère français des Armées.

Elle était contestée devant la justice par huit ONG internationales, dont Amnesty et Médecins sans Frontières, qui dénoncent les violations des droit humains perpétrées sur les migrants en Libye, notamment par les garde-côtes.

Dans son mémoire où il juge la demande des ONG « mal fondée », le ministère des Armées assure que la cession des embarcations avait « pour seul objectif d’accompagner l’Etat libyen dans le processus de consolidation de l’Etat de droit et de reconstruction des capacités militaires de sa marine nationale ».

La France, très impliquée dans les efforts de paix interlibyens, a tenté en vain une médiation entre les principaux acteurs du conflit depuis l’élection du président français Emmanuel Macron en 2017. Mais elle est aussi souvent critiquée pour son soutien supposé au maréchal Haftar, qu’elle dément formellement.

Emmanuel Macron lui a offert une légitimité internationale en le recevant à deux reprises, au côté de son rival Fayez al-Sarraj, en 2017 et 2018.

Pour Jalel Harchaoui, chercheur sur la Libye au centre de réflexion néerlandais Clingendael, plus que le revirement de la France, c’est sa décision initiale de livrer les embarcations aux autorités de Tripoli qui constituait une surprise.

« La France était au départ plutôt opposée à ce genre de gestes qui ont pour corollaire de renforcer, consolider le pouvoir politique de certains groupes » dans la capitale, dit-il à l’AFP.

« Mais en février il y avait cette idée que Haftar allait entrer à Tripoli sans faire la guerre, à travers des arrangements » politiques, souligne-t-il.

– Mercenaires russes –

Le maréchal a depuis lancé son offensive, sans réussir à s’emparer de la capitale. Les combats perdurent et les raids se multiplient sur la banlieue de Tripoli. Au moins cinq civils ont encore péri sous les bombes dans la nuit de dimanche à lundi.

Des puissances régionales sont accusées de mener une guerre par procuration. Les pro-Haftar bénéficient du soutien discret des Emirats arabes unis et de l’Egypte, et le GNA est soutenu par la Turquie

L’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar est aussi soupçonnée d’avoir reçu le renfort des mercenaires du groupe russe Wagner, réputé proche de Vladimir Poutine et dont la présence a été rapportée dans plusieurs pays d’Afrique.

« Des forces régulières (russes) et du groupe Wagner sont déployées en nombre important au sol en appui de l’ANL », a déclaré le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, David Schenker, le 26 novembre.

« Et la manière dont cette organisation, et les Russes en particulier, ont agi jusqu’ici laisse craindre des pertes civiles à grande échelle », s’est-il inquiété.

Le quotidien américain New York Times a fait état début novembre du déploiement de près de 200 mercenaires russes, ce que Moscou dément.

« La situation a beaucoup changé depuis début septembre. Les Russes ont vraiment fait basculer la dynamique », estime pour sa part Jalel Harchaoui.

Les combats ont fait plus de 1.000 morts et 120.000 déplacés depuis avril, selon l’ONU.

Burkina: 14 morts, dont des enfants, lors de l’attaque d’une église protestante

Quatorze fidèles, dont « des enfants », ont été tués dimanche pendant un service religieux lors de l’attaque d’une église protestante à Hantoukoura, dans l’est du Burkina Faso, où les actions menées par des groupes armés jihadistes contre les lieux de cultes se multiplient.

« Une église protestante de Hantoukoura, dans le département de Foutouri, frontalière du Niger, province de la Komondjarie a été victime d’une attaque meurtrière perpétrée par des hommes armés non identifiés », a annoncé le gouvernorat de la région de Fada N’Gourma dans un communiqué. « Cette attaque a malheureusement occasionné 14 morts et de nombreux blessés ».

Cette attaque « signalée aux environs de 12H00 » a été perpétrée par une « dizaine d’individus lourdement armés », qui « ont exécuté froidement les fidèles, dont le pasteur de l’église et des enfants », selon une source sécuritaire.

Une autre source sécuritaire a parlé également d’un bilan de « 14 morts, tous de sexe masculin ». Une « opération de ratissage » a été lancée par le groupement militaire de Foutouri pour retrouver les « traces des assaillants » qui se sont « enfuis à bord de motocyclettes », selon cette source.

Dans son communiqué, le gouvernorat précise que « les forces de défense et de sécurité » se sont déployées « pour porter secours aux personne blessées ».

Le gouvernement « présente ses condoléance attristées aux familles éplorées et à la communauté religieuse protestante ».

Les attaques, attribuées à des groupes jihadistes, contre des églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina Faso, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Attaque à la frontière ivoirienne –

Le 26 mai, quatre fidèles avaient été tués lors d’une attaque contre une église catholique à Toulfé, localité du nord du pays.

Le 13 mai, quatre catholiques avaient été tués lors d’une procession religieuse en honneur de la Vierge Marie à Zimtenga, toujours dans le nord.

La veille, six personnes dont un prêtre, avaient été tués lors d’une attaque pendant la messe dans une église catholique à Dablo, une commune de la province du Sanmatenga, dans le nord du pays.

Le 29 avril, six personnes avaient été tuées lors de l’attaque de l’église protestante de Silgadji, dans le nord.

À la mi-mars, l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo (nord) avait été enlevé par des individus armés. Le 15 février, le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole, avait été tué dans le centre du Burkina.

Plusieurs imams ont également été assassinés par les jihadistes dans le nord du Burkina depuis le début des attaques il y a quatre ans.

Par ailleurs, à l’autre bout du pays, dans l’ouest, à la frontière ivoirienne, « des individus armés ont attaqué le poste frontalier de Yendéré » samedi soir vers 22H00, faisant « deux blessés parmi les passagers d’un car de transport en commun », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire.

« Les assaillants, environ une vingtaine lourdement armés, ont incendié un véhicule et emporté plusieurs motocyclettes », a précisé une source policière. Un ratissage a été mené après cette attaque et les assaillants se sont « dispersés dans la forêt ».

Yendéré, située à une vingtaine de km de Niangoloko, le poste frontière principal entre le Burkina et la Côte d’Ivoire, a déjà été la cible de deux attaques, dont une avait fait trois morts en avril.

Au total, les attaques attribuées à une douzaine de groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS), ont fait près de 700 morts depuis début 2015, selon un comptage de l’AFP, et environ 500.000 déplacés internes et réfugiés, selon l’ONU.

Sous-équipées et mal entraînées, l’armée, la police et la gendarmerie de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest sont incapables d’enrayer les attaques djihadistes, qui se sont intensifiées en 2019 jusqu’à devenir quasi quotidiennes.

En novembre, les forces de défense et de sécurité ont annoncé avoir tué 56 jihadistes lors de plusieurs opérations.

Adel Abdel Mahdi, Premier ministre irakien funambule, jusqu’à la chute

Adel Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ou populaire choisi pour faire consensus, quitte le pouvoir dans un Irak au bord du chaos où la mort de centaines de manifestants n’a pas entamé un mouvement qui veut tout renverser.

Ce vétéran de la politique irakienne de 77 ans devait permettre d’arrondir les angles face au Parlement le plus fracturé de l’histoire récente de l’Irak.

Economiste de formation, passé par toutes les tendances politiques au cours de décennies d’opposition –en exil– au dictateur Saddam Hussein, il devait servir de pont. Entre les pro-Iran dont l’influence n’a cessé d’enfler en Irak, les alliés des Américains désormais aux abonnés absents, les partisans de l’indépendance politique du pays et même les Kurdes qui disputent âprement à Bagdad les revenus du pétrole.

Il était surtout, assurent ses détracteurs, la personnalité la plus faible face à des partis tentant d’élargir leur emprise sur un Etat rongé par la corruption et le clientélisme.

– Consensus et coup d’Etat –

« Il aime le consensus et déteste prendre des décisions radicales », affirme un haut responsable qui a longtemps travaillé avec le chef du gouvernement au physique massif, une moustache poivre et sel barrant son visage au teint hâlé.

Mais face à des manifestants sortis par dizaines de milliers dans les rues, « il a été convaincu qu’il devait lutter contre un coup d’Etat », poursuit-il, sous le couvert de l’anonymat.

Et, ne tenant que grâce à ses alliés politiques parce qu’il n’a lui-même pas de parti ni de soutien populaire, « il savait qu’il ne pouvait pas se poser en révolutionnaire », ajoute ce responsable.

Ce chiite natif de Bagdad mais originaire de Nassiriya dans le Sud, à feu et à sang depuis qu’il y a dépêché un militaire pour « restaurer l’ordre », a longtemps fréquenté les cercles diplomatiques en Irak.

Ces deux derniers mois, ce francophone, formé dans des universités françaises, qui parle également un anglais parfait, a de nouveau reçu de nombreux diplomates. Cette fois-ci, tous dénonçaient la répression des forces qu’il commande encore jusqu’à la nomination de son remplaçant et l’absence de réforme face à la rue en colère.

Dimanche, il est devenu le premier chef de gouvernement à quitter son poste avant la fin de son mandat de l’Irak post-Saddam Hussein.

Sous la pression des manifestants qui l’associaient régulièrement à un scandale vieux de dix ans. Il avait alors été accusé de couvrir des membres de sa sécurité personnelle qui venaient de commettre un hold-up sanglant dans une banque bagdadie.

Mais aussi sous la pression de la plus haute autorité chiite du pays, le grand ayatollah Ali Sistani, et après que ses grands alliés, les paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ont finalement appelé au « changement ».

A la tête de leur groupe parlementaire, le deuxième bloc de l’Assemblée, se trouve Hadi al-Ameri, chef de la très puissante organisation Badr.

Dans les années 1980 et 1990, lui et M. Abdel Mahdi dépendaient du même mouvement d’opposition à Saddam Hussein, le Conseil suprême islamique irakien, fondé par un dignitaire chiite dont le mausolée est aujourd’hui au coeur des violences dans la ville sainte chiite de Najaf.

– Revirements politiques nombreux –

Fils d’un ministre du temps de la monarchie, abolie dans le sang en 1958, Adel Abdel Mahdi rejoint à ses débuts le parti Baas, qui portera Saddam Hussein au pouvoir à la fin des années 1970.

Il devient ensuite un opposant notoire au dictateur, d’abord dans les rangs des communistes puis dans ceux des islamistes, et revient en Irak à sa chute.

Il s’est retiré il y a quelques années des formations politiques.

Ces nombreux revirements « disent qu’il ne veut qu’une chose : le pouvoir », assure un ancien haut fonctionnaire, lui aussi sous le couvert de l’anonymat.

Membre des autorités intérimaires mises en place par le commandement militaire américain après le renversement de Saddam Hussein en 2003 et brièvement ministre des Finances de cette autorité de transition, il devient vice-président de la République après les premières élections multipartites d’Irak, en 2005.

Nommé ministre du Pétrole en 2014 par le Premier ministre de l’époque Haider al-Abadi, auquel il a succédé, il démissionne toutefois au bout de deux ans.

Le 25 octobre 2018, en prenant son poste, il assurait avoir « dans sa poche » sa lettre de démission. Il ne l’aura sortie qu’après deux mois de manifestations et plus de 420 morts.

Climat: colère, espoir et plaidoyers pour l’action à la COP25

Vite et fort ! Les exhortations à agir pour sauver l’humanité qui subit les assauts du dérèglement climatique se sont multipliées lundi à Madrid à l’ouverture de la COP25, qui risque toutefois de décevoir les attentes.

Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions… Depuis un an, les pays signataires de l’accord de Paris sont la cible d’une pression sans précédent que résume le mot d’ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction.

Le message a été martelé sur tous les tons dès l’ouverture de cette 25e conférence de l’ONU sur le climat qui va durer deux semaines.

Le monde se trouve à un « tournant » et doit choisir entre l' »espoir » d’un monde meilleur en agissant maintenant de façon radicale, ou la « capitulation », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

« Voulons-nous vraiment rester dans l’histoire comme la génération qui a fait l’autruche, qui flânait pendant que le monde brûlait? », a-t-il lancé, accusateur, devant les représentants des quelque 200 pays signataires de l’accord de Paris, dont une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

Dimanche déjà, dénonçant les engagements « totalement insuffisants » des Etats, il avait mis en garde contre « le point de non-retour » qui approche rapidement, appelant à mettre un terme à « notre guerre contre la planète ».

– Chaque degré compte –

Quelques jours plus tôt, le Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) portait un coup aux espoirs d’atteindre l’objectif idéal de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l’an prochain et jusqu’à 2030. Alors que pour l’instant elles ne cessent d’augmenter.

Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l’ampleur des dérèglements.

Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu’à 4 ou 5°C d’ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.

« Ce qui manque toujours, c’est la volonté politique », a déploré Antonio Guterres, insistant sur la nécessité d’arrêter les subventions aux énergies fossiles et les constructions de centrales à charbon, ou encore de donner un prix au carbone.

Ce dernier point est d’ailleurs un des points difficiles de négociations de cette COP, qui doit mettre en place des règles de nouveaux marchés carbone internationaux.

Dans le viseur principalement de M. Guterres, les pays les plus émetteurs de CO2, « qui ne font pas leur part ». Ni la Chine, ni le Japon, ni le Canada, ni l’Inde n’étaient représentés au plus haut niveau lundi.

Quant aux Etats-Unis, qui viennent de confirmer leur retrait de l’accord de Paris l’an prochain, ils ont envoyé une simple diplomate.

La présence de la démocrate américaine Nancy Pelosi, influente présidente de la Chambre des représentants, a été d’autant plus remarquée. Les Américains sont « toujours là », a-t-elle assuré.

– « Couloir de la mort » –

Dans ce contexte, l’Union européenne, présente en force, était très attendue.

« A un moment marqué par le silence de certains, l’Europe a beaucoup à dire dans ce combat », a commenté le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui accueillait la réunion au pied levé après la défection du Chili.

« Parce que nos sociétés le réclament (…) mais aussi pour des raisons de justice historique: l’Europe a mené la révolution industrielle et le capitalisme fossile, elle doit mener la décarbonation », a insisté M. Sanchez.

Les défenseurs de la planète espèrent que lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, l’UE pourrait s’entendre sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

Mais même dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l’UE présente une révision de ses ambitions à plus court terme.

Cette COP était d’ailleurs vouée à décevoir ceux qui appellent à une action immédiate, tous les Etats étant focalisés sur celle de fin 2020 à Glasgow (Royaume-Uni) où ils doivent présenter une révision de leurs engagements, comme prévu par l’accord de Paris.

Ainsi, pour Laurence Tubiana, architecte du pacte climatique de 2015, la COP25 serait déjà un « succès » si « un grand nombre de pays disaient oui, nous serons là l’an prochain avec de nouveaux engagements pour 2030 et une stratégie 2050 en ligne avec l’accord de Paris ».

Aujourd’hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d’émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow. Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.

Les pays du Sud ont aussi fait entendre leur voix, réclamant de l’aide pour faire face aux désastres.

« Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort », a souligné à distance Hilda Heine, la présidente des Iles Marshall menacées par la montée des eaux.

Vu l’ampleur des réformes nécessaires partout dans le monde pour réduire les émissions, qui risquent d’aggraver les inégalités sociales, la question de la transition « juste » était également sur toutes les lèvres.

« Les crises sociale et environnementale sont (…) les deux faces d’une même pièce », a résumé la ministre chilienne de l’Environnement Carolina Schmidt, présidente de cette COP25.

26 morts en Tunisie, 17 au Maroc: le Maghreb endeuillé par deux accidents de bus

Au moins 26 morts en Tunisie, 17 au Maroc: le Maghreb est endeuillé par deux accidents de bus, survenus tous deux dimanche et qui comptent parmi les plus meurtriers dans ces pays d’Afrique du Nord.

En Tunisie, l’autocar, qui transportait des touristes locaux âgés de 20 à 30 ans, est sorti de la route et a chuté dans un ravin, dans la région montagneuse d’Aïn Snoussi (nord-ouest). Au lendemain de ce drame, vitesse et vétusté du bus ont été citées parmi les principales causes de l’accident, qui a également fait 17 blessés.

Interrogé par la télévision nationale, le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Selmi, tout en appelant à attendre les conclusions de l’enquête, a évoqué un bus « vieux de 20 ans » et la « vitesse » du véhicule.

La région d’Aïn Snoussi est connue pour la dangerosité de ses routes, qui sont toutes équipées « de panneaux de limitation de vitesse », a-t-il argué.

La veille, dans une déclaration à une radio privée, le ministre du Tourisme René Trabelsi avait indiqué que le bus était sorti de la route dans « un mauvais virage ».

Le nouveau président Kais Saied et le Premier ministre sortant Youssef Chahed se sont rapidement rendus sur place dimanche.

– « Catastrophe nationale » –

L’annonce de ce drame a suscité l’émoi dans le pays, et de vives critiques.

« Journée funeste en Tunisie », a titré lundi le journal arabophone Al-Chourouk. « La Tunisie sous le choc », a écrit La Presse (francophone).

Dès dimanche, des internautes avaient manifesté leur colère après cette « catastrophe nationale », en dénonçant « les routes de la mort » en Tunisie.

Le bus appartenant à une agence de voyage locale venait de la capitale Tunis et se rendait à Aïn Draham, une région prisée des touristes locaux, proche de la frontière algérienne.

Les images ont montré des cadavres jonchant le sol et un bus déchiqueté. Une équipe de l’AFP y vu des fauteuils et affaires éparpillés, dans le lit d’une petite rivière située en contre-bas.

La vingtaine de blessés a été hospitalisée -le bus comptait 43 personnes à bord au total.

Le même jour, au Maroc, ce sont 17 personnes qui ont trouvé la mort et 36 qui ont été blessées dans l’accident d’un bus près de Taza (nord), selon un bilan obtenu par l’AFP auprès du ministère de la Santé.

La veille, un premier bilan avait fait état de huit morts.

L’autocar s’est retourné pour une raison encore inconnue, ont annoncé les autorités locales.

Les personnes blessées ont, là aussi, toutes été hospitalisées et une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident.

– Amas de ferraille –

Sur une image diffusée sur son compte Twitter par la chaîne publique 2M, le bus, couché sur son flanc droit, apparaît comme décapité. L’intérieur ne ressemble plus qu’à un amas de ferraille.

Des rescapés interrogés par la presse locale ont imputé l’accident aux « fortes pluies » qui se sont abattues sur la région dimanche.

Près de 3.500 personnes trouvent chaque année la mort dans des accidents sur les routes du royaume, un pays de 35 millions d’habitants.

Les autorités ont mis en œuvre diverses mesures pour tenter de combattre le fléau de l’insécurité routière, en particulier dans le sillage du pire accident de bus de l’histoire du royaume (42 morts), survenu en 2012.

Une « stratégie nationale de la sécurité routière » a été lancée avec pour objectif de réduire de moitié le nombre d’accidents d’ici 2026.

Le bilan est également sanglant en Tunisie, un pays de 11 millions d’habitants: 999 personnes ont été tuées et 7.326 blessées dans des accidents de la route depuis un an, selon l’Observatoire national de la sécurité routière. Sur l’année 2018, ce bilan s’élève à 1094 morts.

La mortalité routière en Tunisie est imputée à l’état des infrastructures, mais aussi à la vétusté du parc automobile et aux incivilités.

Burkina: 14 morts, dont des enfants, lors de l’attaque d’une église protestante

Quatorze fidèles, dont « des enfants », ont été tués dimanche pendant un service religieux lors de l’attaque d’une église protestante à Hantoukoura, dans l’est du Burkina Faso, où les actions menées par des groupes armés jihadistes contre les lieux de cultes se multiplient.

« Une église protestante de Hantoukoura, dans le département de Foutouri, frontalière du Niger, province de la Komondjarie a été victime d’une attaque meurtrière perpétrée par des hommes armés non identifiés », a annoncé le gouvernorat de la région de Fada N’Gourma dans un communiqué. « Cette attaque a malheureusement occasionné 14 morts et de nombreux blessés ».

Cette attaque « signalée aux environs de 12H00 » a été perpétrée par une « dizaine d’individus lourdement armés », qui « ont exécuté froidement les fidèles, dont le pasteur de l’église et des enfants », selon une source sécuritaire.

Une autre source sécuritaire a parlé également d’un bilan de « 14 morts, tous de sexe masculin ». Une « opération de ratissage » a été lancée par le groupement militaire de Foutouri pour retrouver les « traces des assaillants » qui se sont « enfuis à bord de motocyclettes », selon cette source.

Dans son communiqué, le gouvernorat précise que « les forces de défense et de sécurité » se sont déployées « pour porter secours aux personne blessées ».

Le gouvernement « présente ses condoléance attristées aux familles éplorées et à la communauté religieuse protestante ».

Les attaques, attribuées à des groupes jihadistes, contre des églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina Faso, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Attaque à la frontière ivoirienne –

Le 26 mai, quatre fidèles avaient été tués lors d’une attaque contre une église catholique à Toulfé, localité du nord du pays.

Le 13 mai, quatre catholiques avaient été tués lors d’une procession religieuse en honneur de la Vierge Marie à Zimtenga, toujours dans le nord.

La veille, six personnes dont un prêtre, avaient été tués lors d’une attaque pendant la messe dans une église catholique à Dablo, une commune de la province du Sanmatenga, dans le nord du pays.

Le 29 avril, six personnes avaient été tuées lors de l’attaque de l’église protestante de Silgadji, dans le nord.

À la mi-mars, l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo (nord) avait été enlevé par des individus armés. Le 15 février, le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole, avait été tué dans le centre du Burkina.

Plusieurs imams ont également été assassinés par les jihadistes dans le nord du Burkina depuis le début des attaques il y a quatre ans.

Par ailleurs, à l’autre bout du pays, dans l’ouest, à la frontière ivoirienne, « des individus armés ont attaqué le poste frontalier de Yendéré » samedi soir vers 22H00, faisant « deux blessés parmi les passagers d’un car de transport en commun », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire.

« Les assaillants, environ une vingtaine lourdement armés, ont incendié un véhicule et emporté plusieurs motocyclettes », a précisé une source policière. Un ratissage a été mené après cette attaque et les assaillants se sont « dispersés dans la forêt ».

Yendéré, située à une vingtaine de km de Niangoloko, le poste frontière principal entre le Burkina et la Côte d’Ivoire, a déjà été la cible de deux attaques, dont une avait fait trois morts en avril.

Au total, les attaques attribuées à une douzaine de groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS), ont fait près de 700 morts depuis début 2015, selon un comptage de l’AFP, et environ 500.000 déplacés internes et réfugiés, selon l’ONU.

Sous-équipées et mal entraînées, l’armée, la police et la gendarmerie de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest sont incapables d’enrayer les attaques djihadistes, qui se sont intensifiées en 2019 jusqu’à devenir quasi quotidiennes.

En novembre, les forces de défense et de sécurité ont annoncé avoir tué 56 jihadistes lors de plusieurs opérations.

La planète dévastée, et ce n’est que le début

Records de chaleur, multiplication des catastrophes météo, fonte des glaces, déclin de la nature: les preuves de l’impact dévastateur des activités humaines sur la planète s’accumulent, attestant de l’urgence à agir, en particulier contre le dérèglement climatique.

En moins d’un an, quatre rapports des scientifiques de l’ONU sur l’état de la planète ont sonné comme des coups de tonnerre réveillant des citoyens du monde entier. Un constat alarmant qui met la pression sur les signataires de l’accord de Paris sur le climat réunis à partir de lundi à Madrid pour la COP25.

. Records de chaleur

Les quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. Avec notamment le mois le plus chaud de l’histoire en juillet, 2019 va rejoindre le top 5, selon l’ONU.

Et ce n’est que le début. Le monde a gagné environ 1°C depuis l’ère pré-industrielle. Mais si le mercure continue de grimper au rythme actuel sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, le seuil de +1,5°C, objectif idéal de l’accord de Paris, devrait être atteint entre 2030 et 2052, selon les experts climat de l’ONU (Giec).

Même si les Etats tiennent leurs engagements de réduction d’émissions, ce sera au moins +3°C d’ici la fin du siècle, alors que chaque demi-degré supplémentaire augmente l’intensité et/ou la fréquence de catastrophes météo comme les canicules, les tempêtes, les sécheresses ou les inondations.

En outre, des scientifiques qui travaillent sur de nouveaux modèles climatiques qui serviront de base au prochain rapport du Giec de 2021 laissent présager d’un réchauffement encore plus prononcé que prévu, avec un scénario du pire de +7°C en 2100, soit un degré de plus que les estimations précédentes.

. Catastrophes multipliées

Canicules exceptionnelles en Europe, incendies monstres en Sibérie ou en Australie, cyclone Idai au Mozambique, Venise sous l’eau…

Même s’il est difficile d’attribuer une catastrophe spécifique au dérèglement climatique, la multiplication déjà en cours des phénomènes extrêmes reflète les prévisions des scientifiques. Et l’avenir sera encore plus sombre.

Dans un monde à +1,5°C, les épisodes de fortes précipitations seront plus fréquents, intenses et/ou abondants, selon le Giec. La fréquence et l’intensité des sécheresses devraient aussi augmenter.

Et encore un demi-degré supplémentaire causerait des différences d’impact « nettes ».

Ainsi par exemple, même si le plafond de +2°C, objectif minimal de l’accord de Paris, est respecté, la proportion des cyclones de catégorie 4 et 5 devrait encore augmenter.

. Trop de CO2

Selon un récent rapport de l’ONU, les émissions de CO2 ont progressé en moyenne de 1,5% par an ces 10 dernières années et ne donnent aucun signe de ralentissement, alors qu’il faudrait qu’elles baissent de 7,6% par an, chaque année entre 2020 et 2030 pour espérer respecter la limite de +1,5°C.

Fin 2018, les principaux gaz à effet de serre ont franchi de nouveaux records de concentration dans l’atmosphère, en particulier le CO2, avec 407,8 parties par millions (ppm).

. La glace fond, l’eau monte

Selon le Giec, le niveau des mers a augmenté de 15 cm au XXe siècle. Le rythme de cette élévation s’accélère et le niveau des océans continuera à monter pendant des siècles, menaçant des zones côtières peu élevées où vivront d’ici 2050 plus d’un milliard de personnes.

Même si le monde parvient à réduire fortement les émissions, la hausse des océans pourrait atteindre 30 à 60 cm d’ici 2100. Et 60 à 110 cm si les émissions continuent d’augmenter.

Cette élévation est due principalement à la fonte des glaces. Les deux calottes glaciaires, en Antarctique et au Groenland, ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006. La banquise de l’Arctique rétrécit aussi et de nombreux glaciers de montagne pourraient disparaître.

. Points de bascule

Des scientifiques craignent qu’au delà de certains seuils, la planète bascule dans un état durable d’étuve, même si on parvient à réduire les émissions.

Selon un texte publié récemment dans la revue scientifique Nature, 9 de ces 15 points de bascule sont dangereusement proches, notamment celui lié à la fonte du permafrost. Cette fonte, au delà d’une certaine température, conduirait à libérer inéluctablement des quantités énormes de gaz à effet dans l’atmosphère.

. 1 million d’espèces menacées

L’Homme n’est pas responsable uniquement du climat détraqué. Son exploitation sans précédent des ressources naturelles, en particulier pour nourrir une population croissante, conduit en parallèle à un déclin de la nature plus rapide que jamais.

Pratiques agricoles, exploitation forestière, pollution… Selon les experts biodiversité de l’ONU (IPBES), 75% de l’environnement terrestre et 66% de l’environnement marin sont dégradés. Résultat, un million d’espèces animales et végétales sont en danger de disparition, dont beaucoup dans les prochaines décennies.