Nucléaire: l’Iran annonce une nouvelle réduction de ses engagements

L’Iran a annoncé mercredi une nouvelle réduction de ses engagements nucléaires en faisant sauter toute limite à la recherche et au développement dans ce domaine, après avoir conclu à l’échec temporaire d’une médiation française pour amorcer un dialogue entre Téhéran et Washington.

Washington avait douché les espoirs de voir cette initiative aboutir rapidement en excluant toute dérogation à ses sanctions afin de faciliter l’octroi d’une ligne de crédit à l’Iran.

Dans une allocution télévisée vers 23h00 (18h30 GMT), le président iranien Hassan Rohani a annoncé avoir « donné l’ordre » à l’Organisation de l’énergie atomique iranienne « de prendre toute mesures nécessaire en matière de recherche et de développement et d’abandonner tous les engagements en place dans ce domaine », de façon à doter le pays de tout ce dont il a « besoin pour l’enrichissement » de l’uranium.

Cette mesure est prise car « nous ne sommes pas parvenus au résultat que nous désirions » dans le cadre de la récente tentative diplomatique emmenée par la France pour tenter d’éviter que l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015 à Vienne ne vole en éclats, a-t-il ajouté.

Les mesures annoncées par M. Rohani sont la « troisième phase » d’un plan de réduction des engagements iraniens lancé en mai en représailles à la décision prise par les Etats-Unis un an plus tôt de se retirer de ce pacte validé par le Conseil de sécurité de l’ONU.

L’accord de Vienne avait accordé à l’Iran la levée d’une partie des sanctions internationales qui l’isolaient depuis des années en échange d’une limitation drastique de son programme nucléaire, destinée à rendre impossible l’acquisition de l’arme atomique par Téhéran.

Jugeant ces garanties insuffisantes, le gouvernement de Donald Trump veut forcer l’Iran à négocier un accord plus contraignant. Il poursuit contre Téhéran une politique de « pression maximale », faite de sanctions punitives, visant à interdire toute vente de pétrole iranien.

Depuis mai, l’Iran est revenu sur certaines restrictions à son programme nucléaire qu’il avait consenties. Il a ainsi augmenté ses stocks d’uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l’accord, et enrichi ce minerai à un niveau prohibé par ce texte, soit plus de 3,67%. En matière de recherche et développement, l’accord impose des restrictions importantes dans le domaine des centrifugeuses, élément clef du cycle d’enrichissement de l’uranium.

Le 7 juillet, l’Iran avait donné 60 jours, jusqu’à ce jeudi, aux autres Etats parties à l’accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne, Russie) pour l’aider à contourner les sanctions américaines qui paralysent l’économie iranienne, sous peine de le voir s’affranchir d’autres obligations.

Menés par la France, les Européens, attachés au texte de 2015, ont redoublé d’efforts diplomatiques pour désamorcer la tension entre l’Iran et les Etats-Unis, qui a failli tourner à l’affrontement militaire direct en juin et reste très forte.

Malgré cela, Stockholm a annoncé mercredi la libération par Téhéran d’une partie de l’équipage du Stena Impero, pétrolier suédois battant pavillon britannique arraisonné en juillet par l’Iran dans le détroit d’Ormuz.

Tout en faisant état de progrès importants dans les négociations, M. Rohani, a indiqué que l’on était encore loin du compte. Il a donné « à l’Europe » un « nouveau délai de 60 jours » pour répondre aux exigences de Téhéran, faute de quoi l’Iran se déliera encore un peu plus de ses engagements.

– Ligne de crédit –

Téhéran a ignoré l’appel du gouvernement français, qui avait averti que Téhéran enverrait « clairement un mauvais signal » en rognant encore un peu plus ses engagements. M. Rohani affirme de son côté que la diplomatie a encore sa chance.

La France voudrait créer les conditions pour une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani en marge de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre à New York. « Tout est possible », a lancé mercredi le président américain, interrogé sur une telle possibilité, alors même que son homologue iranien exclut une telle hypothèse.

Concrètement, Paris tente d’offrir à l’Iran une ligne de crédit de 15 milliards de dollars pour lui apporter une partie de la bouffée d’oxygène financière que l’accord de 2015 était censé lui procurer mais que les sanctions américaines lui ont retirée.

Selon une source diplomatique française, ce montant correspond à environ un tiers des exportations iraniennes d’hydrocarbures en 2017, et les fonds avancés grâce à la ligne de crédit en cours de négociation seraient remboursés via des ventes futures de pétrole.

« Nous n’entendons pas accorder d’exceptions ou de dérogations », a néanmoins martelé mercredi l’émissaire américain pour l’Iran, Brian Hook, compliquant ainsi les efforts de Paris.

Mais M. Hook n’a pas totalement fermé la porte à la proposition de la France, dont le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est venu mardi discuter à Washington. Donald Trump a dit qu’il était prêt à envisager un geste « quand les conditions seront réunies », a expliqué l’émissaire américain, mais pour l’instant, « il n’y a pas de proposition concrète ».

Les députés britanniques votent un report du Brexit, Johnson veut des élections anticipées

Les députés britanniques ont approuvé mercredi une proposition de loi imposant à Boris Johnson de demander à l’UE un nouveau report du Brexit pour éviter une sortie sans accord et le Premier ministre a immédiatement répliqué en appelant à des élections anticipées.

Ce vote constitue un nouveau camouflet pour le chef du gouvernement, déterminé à faire sortir son pays de l’UE le 31 octobre, même sans accord de divorce. Les députés ont fait dérailler ses plans, en votant à une majorité de 28 voix cette proposition de loi qui le contraint à demander à Bruxelles un report de trois mois du Brexit, sauf si un accord de sortie a été conclu.

Farouchement opposé à tout nouveau report, Boris Johnson a accusé les députés de « saboter » les négociations qu’il dit mener avec l’Union européenne. Il les a appelés à approuver une motion prévoyant des élections anticipées le 15 octobre, espérant ainsi obtenir une nouvelle majorité pour soutenir sa stratégie sur le Brexit avant le conseil européen des 17 et 18 octobre.

Cette tentative a été jugée « cynique » par le chef du Labour, principal parti d’opposition, Jeremy Corbyn.

Le Premier ministre a perdu mardi la majorité absolue à la Chambre : un député a fait défection et 21 autres ont été exclus de son parti conservateur pour avoir voté avec l’opposition en vue de lui forcer la main sur le Brexit.

Pour que des élections anticipées soit organisées, la motion doit recueillir deux tiers des voix des députés, mais le Labour, principale formation d’opposition, s’y oppose et devait s’abstenir, préférant d’abord s’assurer que la proposition de loi destinée à repousser le Brexit soit votée.

– Trump pas « inquiet » –

Celle ci doit être examinée jeudi à la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement, qui n’aura que quelques jours pour l’approuver puisque Boris Johnson a décidé de suspendre le Parlement la semaine prochaine pendant cinq semaines.

Toute demande de délai devra encore être approuvée à l’unanimité des 27 autres Etats membres de l’UE.

Sans majorité et défié par les députés, Boris Johnson semblait en bien mauvaise posture mercredi.

Pas de quoi inquiéter le président américain Donald Trump: « Il sait comment gagner. Ne vous inquiétez pas, ça va aller », a déclaré M. Trump, évoquant son « ami » Boris Johnson depuis la Maison blanche.

Pendant que les députés votaient, quelques centaines de manifestants hostiles au Brexit se sont rassemblés en fin d’après-midi aux abords du Parlement, drapeaux européens à la main.

« Une sortie sans accord est tout à fait inacceptable », a dit à l’AFP Jack Hargreaves, 34 ans, tenant une pancarte réclamant un second référendum sur le Brexit.

Tandis que le gouvernement se prépare à l’éventualité de ces élections, le ministre des Finances Sajid Javid a proclamé « la fin de l’austérité » à la Chambre des Communes, annonçant une hausse des dépenses dans les services publics et les infrastructures.

Il a aussi confirmé avoir débloqué deux milliards de livres de plus pour assurer la mise en place du Brexit l’an prochain, via le recrutement de douaniers, l’aménagement des ports ou encore le soutien aux entreprises.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney a quant à lui jugé que l’impact d’un Brexit sans accord serait « moins grave » qu’il ne le prévoyait l’an dernier, dans une lettre publiée sur le site du Parlement.

L’institution a ramené de moins 8% à moins 5% son estimation de recul du produit intérieur brut en cas de « no deal », notamment grâce aux « améliorations dans la préparation ».

– Risque « accru » de « no deal » –

Affichant son optimisme contre vents et marées, Boris Johnson a assuré faire d' »importants progrès » dans les négociations avec l’UE.

Mais le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney a affirmé qu’il n’y avait « aucune proposition du gouvernement britannique qui puisse servir de base à une discussion et à une négociation », sur la télévision RTE.

Le divorce doit être acté dans moins de deux mois et le risque que le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord s’est accru, a constaté la Commission européenne.

Face à cette éventualité, l’Union européenne est prête à mobiliser 780 millions d’euros d’assistance financière d’urgence pour les Etats membres les plus touchés par des répercussions économiques.

Violences autour d’une enseigne sud-africaine au Nigeria

D’importantes échauffourées ont éclaté mercredi matin à Abuja, autour d’une enseigne sud-africaine de supermarché, malgré un renforcement du dispositif sécuritaire à travers le Nigeria, après des appels au boycottage et à la violence pour protester contre les attaques xénophobes en Afrique du Sud.

Une centaine de manifestants bloquaient la voie rapide qui mène du centre-ville à l’aéroport d’Abuja, au niveau du centre-commercial de Lugbe, qui abrite un supermarché sud-africain Shoprite, après avoir été repoussés par les forces de l’ordre alors qu’ils tentaient de vandaliser les lieux, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.

Des dizaines de policiers ont été déployés dans la zone et ont tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants qui jetaient des pierres et d’autres objets sur le centre-commercial et l’enseigne rouge du supermarché.

« Nous devons venger la mort de nos citoyens en Afrique du Sud », a confié à l’AFP Joseph Tasha, un manifestant.

Cinq personnes ont été tuées à Johannesburg et près de 200 arrêtées dans des émeutes xénophobes qui secouent depuis dimanche l’Afrique du Sud.

On ne connait pas la nationalité des victimes, et le ministre sud-africain de la police a assuré que « le plus grand nombre » des victimes sont sud-africaines.

Toutefois, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté.

De centaines de milliers d’internautes nigérians ont appelé au « boycottage total » des entreprises sud-africaines, et de nombreux chanteurs nigérians, tels que Davido, Teni, Tiwa Sawage ou Burna Boy, ont condamné les violences xénophobes.

« Je ne retournerai plus jamais en Afrique du Sud, jusqu’à ce que le gouvernement sud-africain se réveille », a déclaré Burna Boy, star sur le continent et dans la diaspora africaine.

Face à la montée des tensions, « la police nigériane a renforé la sécurité autour des magasins MTN (géant des télécommunications sud-africain), de Multichoice (fournisseur de programmes télévisés) et des supermarchés Shoprite à travers le Nigeria », avait déclaré à l’AFP le porte-parole national de la police Franck Mba, mercredi matin.

Mardi, un groupe de personnes avait déjà tenté de vandaliser deux supermarchés de Shoprite, dans la capitale économique de Lagos.

L’Etat de Lagos a « condamné fermement ces attaques », dans un communiqué publié mardi soir et a rappelé que « le gouvernement fédéral entretient un dialogue avec les autorités sud-africaines pour mettre fin à ces actes odieux ».

« Les agences de sécurité de l’Etat ont été sommées d’assurer le calme à travers Lagos », a fait savoir le porte-parole de l’Etat, Gbenga Omotoso.

Mardi, le président nigérian Muhammadu Buhari s’est dit « très inquiet » et a annoncé l’arrivée d’un « envoyé spécial » à Pretoria.

En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban (nord-est). En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.

La campagne d’une présidentielle très indécise s’ouvre en Tunisie

La campagne présidentielle a officiellement démarré lundi en Tunisie, plus d’un mois après le décès du chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi, un scrutin aussi indécis que vital pour l’unique pays rescapé des Printemps arabes de 2011, qui doit consolider les acquis démocratiques.

Prévue en novembre, cette élection a été anticipée du fait de la mort le 25 juillet d’Essebsi à l’âge de 92 ans, premier président élu au suffrage universel direct, et aura finalement lieu le 15 septembre.

Huit ans et demi après la chute de la dictature, « c’est la première fois que les Tunisiens n’ont aucune idée de qui va être président », souligne le groupe de réflexion Joussour.

En 2014, lors de la première présidentielle de l’après-révolution, « il y avait deux grands +champions+ », le sortant Moncef Marzouki –élu fin 2011 par l’Assemblée nationale constituante–, et Essebsi. « Là, tout est possible ».

Le nombre de candidats, 26, est un premier signe de l’incertitude entourant le scrutin.

L’un d’entre eux, le Premier ministre Youssef Chahed, a débuté sa campagne lundi à Tunis en appelant à réduire l’intervention de l’Etat dans l’économie.

« Je suis contre le libéralisme sauvage », a-t-il assuré dans un hôtel devant ses partisans. « L’école et la santé font partie du rôle de l’Etat, mais il y a beaucoup de domaines dans lesquels l’Etat ne va plus intervenir », a-t-il ajouté.

M. Chahed, qui a délégué fin août ses pouvoirs, a dit vouloir créer « une zone de libre-échange avec l’Algérie » voisine et augmenter de 15% le budget de la sécurité, quelques heures après la mort d’un membre de la Garde nationale et de trois extrémistes armés lors d’échanges de tirs à la frontière algérienne.

Le 15 septembre, quelque 7 millions de Tunisiens seront appelés aux urnes, après une vigoureuse opération d’inscriptions sur les listes électorales ayant permis d’atteindre de nombreux jeunes.

Si l’instance chargée d’organiser les élections, l’Isie, a interdit la publication de sondages, ce qui complique l’évaluation du poids politique des candidats retenus, certaines enquêtes d’opinion circulent.

L’un des candidats le plus souvent mis en avant, l’homme d’affaires Nabil Karoui, est incarcéré depuis le 23 août après avoir été inculpé pour « blanchiment d’argent ».

L’Isie a validé sa candidature, et son premier meeting devait être assuré par son épouse lundi soir à Gafsa, ville minière du centre du pays.

Les soutiens de M. Karoui ont accusé M. Chahed, 43 ans, d’en être l’instigateur.

Le gouvernement de M. Chahed avait présenté une loi éliminant M. Karoui de la course, mais cet amendement, voté au Parlement, n’a pas été promulgué par Essebsi.

Le Premier ministre a nié tout lien avec l’arrestation de M. Karoui, affirmant que celle-ci avait renforcé la popularité de cette personnalité médiatique, en campagne depuis des mois à coups d’opérations de bienfaisance dont sa chaîne Nessma TV s’est largement fait l’écho.

– « Election ouverte » –

MM. Chahed et Karoui, ainsi qu’au moins quatre autres candidats, sont issus ou proches du parti séculariste Nidaa Tounes, qui avait servi de rampe de lancement à Essebsi en 2014.

Ce rassemblement de mouvements hétéroclites autour d’une plateforme commune anti-islamiste est aujourd’hui en miettes, décimé par des luttes de clans.

De son côté, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principale formation au Parlement, présente pour la première fois son propre candidat, le président par intérim de l’Assemblée (ARP), Abdelfattah Mourou, qui a débuté sa campagne lundi à Sfax (est).

Cet avocat septuagénaire à la verve appréciée porte l’habit traditionnel tout en prônant l’ouverture du parti.

Pour le politologue Hamza Meddeb, il y a une possibilité sérieuse que M. Mourou « soit au second tour ». « La grande inconnue sera son rival vu la fragmentation du paysage +séculariste+, ça pourrait être Nabil Karoui, Youssef Chahed, ou Abdelkrim Zbidi », ancien ministre de la Défense.

M. Zbidi, technocrate sexagénaire, est sorti de l’ombre après avoir été appelé au chevet d’Essebsi, qui l’a placé sur la liste de ses successeurs potentiels.

Un universitaire indépendant néophyte en politique, Kais Saïed, s’est fait une place en haut des enquêtes d’opinion mais, à défaut de soutien partisan, difficile d’évaluer son poids.

Plusieurs anciens ministres et Premiers ministres –comme Mehdi Jomaa, ex-chef d’un gouvernement de technocrates, ou Hamadi Jebali, un dissident d’Ennahdha– sont également dans la course, ainsi qu’une pasionaria anti-islamiste, Abir Moussi.

« C’est une élection ouverte et elle restera probablement ouverte au second tour », avance M. Meddeb.

Les législatives ont été maintenues au 6 octobre. Le second tour de la présidentielle doit avoir lieu avant le 13 octobre, selon l’Isie.

Ces élections doivent permettre à la Tunisie de poursuivre son processus démocratique, qui a tenu bon malgré un malaise économique et social persistant et une situation sécuritaire difficile –avec des dizaines de morts lors d’attentats en 2015-2016.

Le dévoilement d’une « ruse » de l’armée face au Hezbollah fait débat en Israël

Israël a-t-elle fait apparaître dimanche deux faux blessés dans un hôpital de Haïfa dans l’espoir de freiner les frappes du Hezbollah libanais? Oui, soutiennent des médias en Israël, où le dévoilement de cette « ruse » a suscité lundi un vif débat.

Dimanche, vers 16H00, le Hezbollah libanais tire des missiles antichars sur un poste militaire israélien à Avivim, localité assise sur la frontière libano-israélienne. Israël réplique avec des bombes fumigènes, puis des tirs d’obus sur trois villages du sud du Liban.

L’armée israélienne ne fait alors mention d’aucun blessé. Ni au début, ni à la fin de l’échange. Mais les militaires affirment que des positions ont été « touchées ». Et, en plein milieu des échanges de tirs à la frontière, au moins un journaliste photographie deux « blessés » à Haïfa, grande ville du nord du pays.

Ces images montrent des soldats et des secouristes escortant deux blessés au visage flouté, dont un sur une civière, le corps maculé de « sang » et avec un bandage blanc, qui ne semble pas très serré, le long du bras gauche.

L’hôpital de Rambam, à Haïfa, diffuse en ligne des images de ce qui semble être un hélicoptère militaire atterrissant sur place.

Pendant que les images commencent à circuler en ligne, un ministre assure à la radio que les tirs du Hezbollah contre un véhicule blindé israélien n’ont fait aucun blessé.

– Le « brouillard » radio –

L’armée confirme plus tard, suivi du Premier ministre Benjamin Netanyahu se targuant que les tirs du Hezbollah n’ont pas fait un « égratigné » côté israélien. L’hôpital de Rambam diffuse un communiqué assurant que deux hommes ont été « extraits de l’hélicoptère, examinés en urgence pour repartir sans traitement ».

Les médias israéliens y ont vu d’emblée une « ruse » de l’armée israélienne afin de faire croire à des blessés, sans pour autant l’annoncer officiellement.

But de la manoeuvre: apaiser les tensions à la frontière en signifiant pendant quelques heures au Hezbollah qu’il a accompli sa mission de venger une frappe israélienne sur ses agents en Syrie, et qu’il peut ainsi cesser les hostilités.

Si telle était bien le but de la manoeuvre israélienne, alors pourquoi un membre du gouvernement a-t-il rapidement déclaré que les frappes ennemies n’avaient pas fait de victimes?

« Ce n’était pas le but de l’armée que tout cela soit connu. Ca devait rester dans une sorte de brouillard (…) afin de confondre le Hezbollah », a commenté auprès de l’AFP un général israélien à la retraite requérant l’anonymat.

Selon lui, un ministre a court-circuité la manoeuvre en affirmant sur les ondes, avant l’armée, qu’il n’y avait pas de blessés.

En pleine campagne électorale pour les législatives du 17 septembre, le principal rival de Benjamin Netanyahu, Benny Gantz a accusé lundi le gouvernement d’avoir nui à l’opération de l’armée.

« Un ministre révèle des informations en direct lors d’une interview, puis le Premier ministre dit dans un entretien à la presse qu’il n’y a pas eu de blessés (…) Cela donne l’impression que des questions opérationnelles prennent une tournure politique », a déclaré M. Gantz, lui-même un ancien chef de l’armée israélienne.

Si M. Netanyahu a affirmé dimanche qu’il n’y avait aucun blessé, il l’a fait cependant uniquement après la confirmation de l’armée qu’il n’y avait eu aucun blessé dans les tirs du Hezbollah.

« Nous avons agi hier avec détermination et de façon responsable. Nous avons protégé les civils et les militaires. L’homme dans un bunker à Beyrouth (Hassan Nasrallah, ndlr) sait très bien pourquoi il est dans un bunker car nous allons continuer de faire tout ce qui est possible pour protéger Israël », a déclaré lundi M. Netanyahu.

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne s’est refusée à tout commentaire sur cette affaire.

RDC: A Beni, Guterres promet la poursuite du soutien de l’ONU contre les groupes armés

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a promis que les Casques bleus continueraient de soutenir l’armée congolaise face aux groupes armés, dimanche, à son arrivée à Beni dans l’est de la République démocratique du Congo.

« La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et ses partenaires les forces armées congolaises et la police nationale, continueront à travailler ensemble pour ramener la paix et la sécurité dans la région », a déclaré le patron de l’ONU alors que des officiels se sont interrogés à voix haute sur ce soutien ces derniers jours.

« Nous ferons tout pour mettre fin au fléau de l’insécurité dans cette région », a-t-il insisté à son arrivée à Beni.

Victime de l’épidémie d’Ebola, la région de Beni est aussi le théâtre depuis 2014 du massacre de centaines de civils. Des tueries attribuées par les autorités à la milice d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF).

Les habitants de Beni accusent parfois la force onusienne présente dans la région d’inaction face aux ADF.

« Il est important que la population de Beni sache que nous avons entendu ses cris de détresse », a assuré le patron des Nations unies.

La lutte contre l’insécurité sera au menu de sa rencontre lundi à Kinshasa avec le président congolais Félix Tshisekedi.

Dimanche, M. Guterres doit visiter un centre de traitement d’Ebola à Mangina près de Beni, d’où est partie l’épidémie en août 2018. Elle a tué depuis plus de 2.000 personnes.

Les Nations unies entretiennent en RDC l’une de leurs missions les plus importantes au monde avec 16.000 hommes dans la force.

Bons ou mauvais citoyens? La Chine compte les points

Des points en plus pour un don du sang, mais un score en baisse pour un chien promené sans sa laisse… La Chine expérimente dans la confusion le « crédit social » qui récompense ou pénalise les citoyens, avant une généralisation du système attendue l’an prochain.

Dans un pays connu pour son étroite surveillance policière, le dispositif en préparation fait craindre l’émergence d’une société orwellienne, toujours davantage sous le contrôle du Parti communiste au pouvoir.

Plusieurs provinces ou municipalités du pays ont d’ores et déjà mis en place des systèmes de notation du comportement des citoyens… mais sans que ces derniers soient forcément au courant de leur existence.

Pour l’heure, il s’agit encore d’un fatras d’initiatives locales sans coordination entre elles, relèvent des experts: récompenses comme pénalités diffèrent d’un endroit à l’autre, de même que les critères d’évaluation de la « fiabilité » des personnes.

A Pékin, on peut ainsi perdre des points pour avoir mangé dans le métro, à Shanghai pour avoir promené son chien sans laisse.

Les conséquences varient aussi.

Dans la capitale, les heureux possesseurs d’un crédit élevé seront avantagés pour décrocher un emploi de fonctionnaire ou une place à la maternelle pour leur enfant.

Mais dans la ville de Qinghuangdao, à 300 km à l’est, la récompense se fera sous la forme d’un « certificat de citoyen modèle », à encadrer au dessus de son lit, ou bien d’un examen médical annuel gratuit.

– Système national en 2020 –

Au plan national, le gouvernement central a pour objectif de créer au plus tard en 2020 un système de crédit social couvrant tout le pays.

Mais « il n’y aura pas de système à points unique pour tous les citoyens, c’est un mythe », assure Jeremy Daum, spécialiste du droit chinois à l’Université Yale, aux Etats-Unis.

Pékin pourrait en revanche recourir à une panoplie d’instruments tels qu’un système de placement sur liste noire, de dénonciation publique ou encore de notation collective, comme pour les restaurants. Objectif: lutter contre les mauvais payeurs, les charlatans ou encore le plagiat dans les oeuvres universitaires.

Shazeda Ahmed, doctorante à l’Université de Berkeley, aux Etats-Unis, estime que le débat est loin d’être tranché.

« Le gouvernement n’a pas de certitude sur la question et cherche à définir ce qu’un tel système pourrait accomplir et quelles seraient ses limites », observe-t-elle.

L’an dernier, les tribunaux chinois ont émis pas moins de 17,46 millions d’interdictions de prendre l’avion et 5,47 millions d’interdictions de prendre le TGV, d’après le Centre d’information national du crédit social.

Une actrice chinoise, Michelle Ye, faisait partie des personnes ciblées pour non respect d’un ordre du tribunal. En mars, elle s’est vue interdire de monter dans un avion après avoir été reconnue coupable de diffamation envers une ex-maîtresse de son compagnon de l’époque. L’interdiction de voyager a été levée après que le tribunal lui eut enjoint de présenter des excuses.

– Le classement à la porte –

Pour l’heure, les règles sont loin d’être claires en ce qui concerne les sanctions infligées aux mauvais élèves du crédit social et il n’est pas facile pour un individu de connaître sa note. Les citoyens apprennent parfois par hasard qu’ils sont ostracisés.

« L’un des problèmes majeurs avec les expérimentations actuelles de crédit social en Chine, c’est que la plupart des gens ne sont pas informés qu’ils ont été placés sur une liste noire », observe Zhu Lijia, enseignante à l’Académie chinoise de gestion publique.

« On ne sait pas non plus en fonction de quels critères on peut se retrouver sur une liste noire, ça n’est pas clair du tout », dit-elle.

Des projets pilotes, tels que celui mis en place dans la ville de Suzhou, près de Shanghai, s’accompagnent d’une application téléchargeable sur laquelle les administrés peuvent vérifier leur score.

Dans la province orientale du Shandong, des villageois ont vu apparaître l’an dernier des « classements de fiabilité » à la porte de leur maison, avant que ces derniers soient retirés face au tollé des habitants.

Les autorités peinent à convaincre que le dispositif ne portera pas atteinte aux droits des individus et n’entravera pas l’accès aux services publics tels qu’écoles et hôpitaux.

« Le système ne servira pas à sanctionner des personnes », a assuré en juin Lian Weiliang, vice-président du commissariat au Plan.

– « Contrôle totalitaire » –

Mais les défenseurs des droits jugent que le système de crédit social, combiné à l’arsenal de surveillance du pouvoir, peut donner à ce dernier encore plus de moyens d’étouffer toute velléité de dissidence.

Le pays comptait en 2016 pas moins de 176 millions de caméras de surveillance réparties dans l’espace public, contre 50 millions aux Etats-Unis par exemple, selon le cabinet d’études IHS Markit.

D’ici à 2022, le chiffre devrait atteindre le niveau astronomique de 2,76 milliards, soit pratiquement deux caméras pour chacun des 1,4 milliard d’habitants du pays. Des outils qui, couplés aux techniques de reconnaissance faciale dans lesquels la Chine est en pointe, inquiètent.

Sans parler du risque d’atteinte à la vie privée, particuliers comme entreprises ignorant quelles données sont rassemblées sur leur compte et combien de temps elles sont conservées.

Même si le système actuel manque de cohérence, ses critiques redoutent qu’il ait le potentiel de se transformer en un dispositif de contrôle surveillant les moindres aspects de la vie quotidienne.

Pour l’écrivain contestataire Ye Du, le crédit social est « un nouveau genre de contrôle totalitaire de la société », qui donne aux gouvernants « un pouvoir de surveillance sans égal sur chaque minute de la vie de chacun ».

Incendies en Amazonie: des personnalités ont contribué à la désinformation

Madonna, Ricky Martin, Cristiano Ronaldo, Novak Djokovic, Leonardo DiCaprio ou Emmanuel Macron: de nombreuses personnalités, qui voulaient dénoncer les feux en Amazonie, ont partagé à leurs millions d’abonnés sur les réseaux sociaux des images sans rapport avec les incendies en question, contribuant à propager une certaine désinformation.

D’après l’Institut national de recherche spatiale (INPE), 75.336 feux de forêt ont été enregistrés dans le pays de janvier jusqu’au 21 août, soit 84% de plus que sur la même période l’an dernier. Selon un collectif d’ONG, 54% de ces feux concernent l’Amazonie.

. DIRIGEANTS

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence », a écrit sur Twitter (1) le président français, Emmanuel Macron, à propos du sommet de ce week-end à Biarritz.

Mais une recherche inversée de la photo utilisée dans son message montre qu’elle est de l’Américain Loren McIntyre, connu pour son travail pour National Geographic et décédé en 2003. Si on ne connaît pas l’année exacte de cette prise de vue, on peut affirmer qu’elle est donc vieille d’au moins 16 ans.

En réponse à ce tweet, le chef de l’Etat brésilien Jair Bolsonaro a accusé jeudi Emmanuel Macron d’avoir « une mentalité colonialiste ».

(1) https://perma.cc/D93C-AYL7

De son côté, le président du Chili, Sebastian Piñera, a utilisé une image de Nacho Doce, photographe de Reuters, qui a été prise en 2013 à Novo Progresso, dans l’Etat de Para (2) pour alerter sur les « incendies de forêt en Amazonie » et proposer son aide au Brésil et à la Bolivie.

(2) https://perma.cc/6D8D-39L8

. ACTEURS

L’acteur américain Leonardo DiCaprio a lui publié deux photos qui ne sont pas d’actualité. L’une (3), est la même que celle partagée par M. Macron et la deuxième date de 2016 (4). Elle a été prise dans l’Amazonie péruvienne, à Puerto Maldonado, alors que le Pérou n’est pour l’instant pas touché par les feux et que l’acteur ne parle que du Brésil dans son message.

(3) https://perma.cc/Z24S-L6PM

(4) https://perma.cc/P2CG-ZHA9

L’acteur Jaden Smith, fils de Will Smith, a partagé une autre image (5) qui montre une vaste forêt et de grandes colonnes de fumée pour illustrer l’Amazonie « en flammes ». Mais la photographie date de 1989. Jeudi sur son compte Instagram, elle comptait plus de 1,5 million de « likes ».

(5) https://perma.cc/CZD3-6PZZ

L’actrice et chanteuse argentine Martina Stoessel (« Violetta ») a écrit sur Twitter « Quelle tristesse de voir ça… ». Sauf que la photo accompagnant sa publication remonte à 2014 et a été prise par le photographe Mario Toma, de Getty Images, dans la zone de Ze Doca, dans l’Etat de Maranhao.

(6) https://perma.cc/3YLS-H8SG

. SPORTIFS

Le joueur de tennis N.1 mondial, le Serbe Novak Djokovic (7) sur Twitter a partagé une photo prise en 1989 par Sipa Press, tandis que le pilote de F1 britannique Lewis Hamilton a repris sur Instagram (8) la même photo que le président français.

(7) https://perma.cc/SCS9-KPEW

(8) https://perma.cc/S5UF-GTTB

Le capitaine de la Seleçao Dani Alves a publié sur Instagram (9) la photo prise par M. McIntyre avant 2003, comme le président français.

(9) https://perma.cc/F67M-TTZU

Le Portugais Cristiano Ronaldo a lui tiré le signal d’alarme sur Instagram (10) à propos de « la jungle amazonienne qui produit plus de 20% de l’oxygène du monde et brûle depuis 3 semaines ». Mais la photo accompagnant son message a été prise le 29 mars 2013 par Lauro Alves, de l’agence brésilienne RBS, dans l’Etat non amazonien de Rio Grande do Sul.

(10) https://perma.cc/5H4H-GKTB

La star du Barça Luis Suarez a lui publié sur Twitter une photo (11) du parc national de Bom Futuro à Porto Velho, dans l’Etat de Rondonia, prise par Nacho Doce de Reuters en 2015.

(11) https://perma.cc/3TVF-4TSR

. CHANTEURS

Le chanteur porto-ricain Ricky Martin (13) et la cubano-américaine Camila Cabello (14) ont publié la photo de McIntyre, antérieure à 2003.

(13) https://perma.cc/2L2Y-58KL

(14) https://perma.cc/LVH8-CCW2

La chanteuse américaine Madonna a publié sur Instagram une photo de 1989 (15), légendée: « Président Bolsonaro s’il vous plaît modifiez votre politique. Nous devons nous REVEILLER ».

(15) https://perma.cc/SNZ2-3KV4

Le Soudan toujours dans l’attente d’un nouveau gouvernement post-Béchir

Le Soudan reste jeudi dans l’attente de l’annonce de son premier gouvernementdepuis la chute d’Omar el-Béchir, les discussions se poursuivant autour du choix des ministres qui devront gérer les multiples maux du pays durant sa transition vers un pouvoir civil.

Prévue au départ mercredi, l’annonce de la composition du gouvernement d’Abdallah Hamdok a dû être retardée, le Premier ministre n’ayant pas encore arrêté son choix. « Les délibérations continuent, il n’est pas clair quand elles s’achèveront », a indiqué à l’AFP jeudi une source proche de M. Hamdok.

Investi le 21 août, cet économiste doit choisir parmi les noms proposés par les Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance du mouvement de contestation, selon les termes d’un accord historique qu’elles ont conclu le 17 août avec le pouvoir militaire.

Seuls les postes de ministres de l’Intérieur et de la Défense seront nommés par les militaires siégeant au sein du Conseil souverain, instance à majorité civile mais dirigée par un militaire qui doit mener pendant un peu plus de trois ans la transition vers un pouvoir civil comme prévu par l’accord.

Samedi, M. Hamdok a promis « une équipe homogène à la hauteur des défis » pour un gouvernement composé de 20 membres, des technocrates choisis en fonction de leurs « compétences ».

Agé de 63 ans, Abdallah Hamdok, ancien collaborateur de l’ONU, a aussi affirmé qu’il s’attacherait à « une représentation juste des femmes » au gouvernement.

– Défis –

Une fois nommé, son cabinet devait en principe se réunir le 1er septembre avec le Conseil souverain, selon les termes de l’accord.

L’un des premiers défis du gouvernement sera de relever l’économie d’un pays ayant notamment souffert de deux décennies de sanctions américaines.

Washington a levé l’embargo en 2017 tout en maintenant le Soudan sur sa liste noire des « Etats soutenant le terrorisme ».

L’économie s’est écroulée après la sécession du Sud en 2011, Khartoum ayant été privé des trois quarts de ses réserves de pétrole.

Le pays fait face à une inflation galopante, des pénuries chroniques de biens de première nécessité et un manque criant en devises étrangères.

La détresse économique des Soudanais a été la cause principale des manifestations déclenchées en décembre 2018 après le triplement du prix du pain. Elles s’étaient transformées rapidement en contestation de M. Béchir, au pouvoir depuis 1989. Plus de 250 personnes ont péri dans la répression du mouvement, selon un comité de médecins proche de la contestation.

Le futur gouvernement devra aussi composer avec un autre défi de taille: la conclusion d’accords de paix dans les six mois avec les groupes rebelles dans les régions du pays en conflit, notamment ceux qui ont rejeté l’accord du 17 août.

Plusieurs de ces groupes, situés dans des Etats marginalisés ont combattu les forces de M. Béchir pendant des années. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi été tuées au Darfour, au Nil Bleu et au Kordofan-sud, et des millions d’autres déplacées.

Le nouveau Premier ministre a promis « d’arrêter la guerre et de construire une paix durable ».

– « Inquiétant » –

Le report de l’annonce du cabinet de M. Hamdok a suscité jeudi un début d’inquiétude parmi les Soudanais.

« Ce n’est pas une bonne chose (…). Le pays a été sans gouvernement depuis près de cinq mois maintenant », a estimé à l’AFP Hassan Abdelmeguid, un fonctionnaire de 48 ans.

« Le Soudan est confronté à de grands défis et a besoin qu’un gouvernement se forme au plus vite ».

Pour Hicham Ajari, étudiant de 22 ans, « ce délai est inquiétant et nous fait craindre que les dirigeants du pays n’adhèreront pas à la chronologie établie par l’accord ».

D’autres, comme Sanya Mohamed, ont tenté de relativiser.

« Si cela permet de trouver des personnes compétentes pour ces postes (de ministres), alors ça va », a estimé cette fonctionnaire de 32 ans.

« Mais si (le retard) est causé par des désaccords concernant les candidats, alors c’est inquiétant », a-t-elle jugé. « Le pays ne le supportera pas ».

Le mois dernier, le début du processus de transition avait connu un premier retard, sans conséquence, de 48 heures, au moment de la formation du Conseil souverain.

Trump lance un commandement de l’espace face aux menaces de guerre des étoiles

Donald Trump veut être prêt en cas de guerre des étoiles: le président américain a lancé jeudi un commandement militaire de l’espace, qui sera chargé d’assurer la domination des Etats-Unis, menacée par la Chine et la Russie, sur ce nouveau terrain de guerre.

« C’est un moment historique, un jour historique, qui reconnaît que l’espace est au centre de la sécurité nationale et de la défense de l’Amérique », a affirmé le président lors d’une cérémonie à Washington.

Ce commandement, baptisé « Spacecom », « s’assurera que la domination américaine dans l’espace ne soit jamais remise en question ou menacée car nous savons que la meilleure façon d’empêcher les conflit, c’est de se préparer à la victoire », a-t-il ajouté.

Pour M. Trump, il s’agit de combattre les ennemis des Etats-Unis qui s’attaquent aux « satellites américains qui sont si importants pour les opérations sur les terrains de guerre et pour notre style de vie ».

Le « Spacecom » devient le 11e commandement militaire du Pentagone, équivalent par exemple au Centcom, chargé des opérations militaires américaines au Moyen-Orient.

Après le Spacecom, M. Trump a confirmé la prochaine création d’une « Force de l’espace » qui deviendra une sixième branche de l’armée américaine, aux côtés de l’armée de Terre, l’US Navy, l’US Air Force, le corps des Marines et celui des garde-côtes.

La « Force » sera formée au sein de l’armée de l’Air, qui supervise depuis les années 50 les opérations militaires dans l’espace.

La mission du Spacecom est multiple: dissuader, défendre, offrir une capacité efficace de combat spatial et former des combattants pour la guerre dans l’espace, selon le Pentagone.

– « Rester en tête » –

L’objectif est d’assurer sur ce nouveau terrain de combat la suprématie des Etats-Unis, menacée par la Chine et la Russie qui ont développé leurs capacités technologiques.

« Nous sommes les meilleurs du monde dans l’espace aujourd’hui, mais notre niveau de supériorité se réduit. Nous voulons avancer vite et rester en tête », a assuré le général John Raymond, qui dirigera le Spacecom, lors d’un point-presse avant l’annonce officielle.

Les menaces vont du brouillage des communications et des satellites GPS à la frappe d’un missile sol-air contre un satellite « comme l’a fait la Chine en 2007 », a affirmé ce général de l’armée de l’Air.

Le Spacecom travaillera avec les alliés traditionnels de Washington: le groupe des « Five Eyes » qui réunit les services de renseignement américain, néo-zélandais, britannique, canadien et australien, ainsi qu’avec l’Allemagne, le Japon et la France, qui a déjà annoncé la création prochaine d’un commandement dédié à l’espace.

« Historiquement, nous n’avions pas besoin d’alliés dans l’espace, qui était un domaine secondaire. C’est devenu très important aujourd’hui », a-t-il dit.

« L’espace ne sera pas notre talon d’Achille », a renchéri Steve Kitay, ministre adjoint de la Défense chargé des affaires spatiales.

Interrogé sur d’éventuelle recherches sur une vie extra-terrestre, M. Kitay a précisé que « le Spacecom et la Force de l’espace se focaliser(aie)nt sur la vie sur Terre ».

M. Trump s’était attribué en mars 2018 l’idée de cette Force spatiale mais la Chambre des représentants avait voté un an plus tôt un texte prévoyant la création d’un « Corps de l’Espace ».

Le ministre de la Défense de l’époque, Jim Mattis s’y était opposé publiquement, jugeant une sixième branche militaire trop onéreuse et inutile. La cheffe de l’US Air Force, Heather Wilson, avait également fait part de son opposition à cette idée.

En outre, la future Force de l’espace risque de se heurter à l’opposition du Congrès qui doit approuver son financement, estimé à huit milliards de dollars par la Maison Blanche.

Colombie : retour aux armes d’ex-chefs Farc, dont la tête est mise à prix

D’ex-chefs de la guérilla des Farc, qui se sont mis en marge du processus de paix en Colombie, sont réapparus jeudi en treillis et munis de fusils pour annoncer la reprise de la lutte armée, dénonçant « la trahison » par l’Etat du pacte de 2016.

« Nous annonçons au monde qu’a commencé le deuxième Marquetalia (berceau de la rébellion marxiste en 1964, ndlr) au nom du droit universel des peuples à se lever en armes face à l’oppression », affirme l’ex-numéro deux des Farc, , dans une vidéo de 32 minutes diffusée sur YouTube.

Le président Ivan Duque, qui a tenté de modifier l’accord de paix selon lui trop laxiste envers les anciens guérilleros, a réagi en annonçant une offensive contre ce qu’il a appelé « une bande de narco-terroristes qui bénéfice de l’appui et de l’hébergement de la dictature de Nicolas Maduro » au Venezuela voisin.

« J’ai ordonné la création d’une unité spéciale afin de poursuivre ces criminels avec des capacités renforcées de renseignement, d’enquête et de mobilité sur tout le territoire colombien », a-t-il ajouté, en promettant 880.000 dollars de récompense pour la capture de chacun des dissidents apparus dans la vidéo.

Ivan Marquez y figure avec d’autres anciens chefs rebelles, également retournés à la clandestinité, dont son bras droit Jesus Santrich. Ils sont entourés de 17 hommes et femmes équipés de fusils, devant le sigle Farc-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple).

Il y annonce « la poursuite des opérations de guérilla en réponse à la trahison par l’Etat des accords de paix de La Havane » qui ont permis le désarmement de quelque 7.000 combattants des Farc, transformées depuis en parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune.

L’ONU, qui supervise l’application du pacte, a condamné cette annonce, mais souligné que l' »immense majorité des hommes et des femmes » de l’ex-guérilla continuaient d’être « engagés en faveur de la paix ».

– Préoccupant, pas surprenant –

Il s’agit cependant d’un revers pour le processus de paix et pour M. Duque, par ailleurs déterminé à évincer du pouvoir M. Maduro, qui fin juillet avait déclaré qu’Ivan Marquez et Jesus Santrich étaient « bienvenus au Venezuela » voisin.

Le haut commissaire du gouvernement pour la paix, Miguel Ceballos, a jugé l’annonce « très préoccupante » mais pas surprenante: « Malheureusement, ces personnes avaient, par leur comportement, déjà clairement exprimé qu’elles tournaient le dos à l’accord de paix ».

Considéré comme le leader de la ligne dure des Farc, Ivan Marquez était le chef de la délégation des rebelles aux négociations de paix.

Outre Jesus Santrich, recherché pour trafic de drogue présumé, apparaît l’ex-commandant Hernan Dario Velasquez, alias El Paisa.

La vidéo est hébergée sur le portail web farc-ep.info localisé au Venezuela, dans l’Etat d’Anzoategui (est), selon la base de données de la Corporation d’internet pour l’assignation des noms et des numéros où il a été enregistré le 12 août 2019, a vérifié l’AFP.

Le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido, reconnu en tant que président par intérim par une cinquantaine de pays, dont la Colombie et les Etats-Unis, a dénoncé l’utilisation par ces ex-chefs des Farc du territoire vénézuélien comme base arrière pour proférer leurs « menaces ».

– « Soins intensifs » –

Ivan Marquez a précisé que le nouveau groupe coordonnerait ses « efforts avec la guérilla de l’ELN ».

Dernière guérilla active en Colombie, l’Armée de libération nationale (ELN) s’est renforcée ces dernières années. Uriel, commandant de son Front de guerre occidental, a salué jeudi l’annonce des ex-chefs Farc.

Des pourparlers de paix, entamés avec l’ELN en 2017, ont été enterrés par le gouvernement actuel, à la suite notamment d’un attentat contre l’école de police de Bogota, qui a fait 22 morts en janvier.

Le chef du parti Farc, Rodrigo Londoño, alias Timochenko, a dénoncé un « coup bas », mais estimé que « la grande majorité des gens restent dans le processus » de paix.

Dans le même sens, l’ex-président Santos considère sur Twitter que « 90% des Farc restent dans le processus de paix » et appelle à « réprimer les déserteurs ».

« Le processus de paix n’est pas mort, mais il est en soins intensifs », a dit à l’AFP Michael Shifter, un expert du centre de recherche Dialogue Inter-américain établi à Washington.

Ivan Marquez a pris ses distances mi-2018, reprochant déjà à l’Etat de ne pas tenir ses engagements, à la suite des démêlés judiciaires de Jesus Santrich, accusé par les Etats-Unis d’être impliqué dans une affaire d’expédition de cocaïne après l’accord.

Comme El Paisa, ils sont réclamés par la Juridiction spéciale de paix (JEP) chargée de juger les crimes commis pendant la confrontation armée, et qui peut décider de peines alternatives à la prison pour ceux qui contribuent à la vérité, dédommagent les victimes et renoncent à la violence.

La JEP a enclenché jeudi la procédure qui pourrait aboutir à l’expulsion du processus des ex-guérilleros qui ont annoncé leur retour aux armes.

Au Pakistan, du rap pour oublier la terreur des gangs

Jadis haut lieu du crime organisé et l’un des pires coupe-gorge du Pakistan, le quartier de Lyari dans la mégapole portuaire de Karachi a contre toute attente vu germer ces dernières années une improbable génération d’adeptes du hip-hop inspirés par son lourd passé.

Même à l’échelle du tumultueux Pakistan, Lyari a longtemps été tristement célèbre pour son climat de violence et d’anarchie, alimenté par ses activités de contrebande sur la toute proche mer d’Arabie.

La situation s’est encore dégradée dans les années 80 lorsque la chaotique Karachi s’est muée en plateforme pour les jihadistes combattant l’armée soviétique en Afghanistan, provoquant un dangereux afflux d’armes et de drogues dans le quartier de Lyari.

Des gangs et des bandes de tueurs à gage au service de partis politiques locaux y faisaient régner la terreur, tandis que la population était réduite à survivre dans la pauvreté et, souvent, la toxicomanie.

« Lyari était un endroit célèbre à cause des gangs et de la guerre. Il était quasiment impossible pour des gens de l’extérieur d’envisager d’y pénétrer », explique un jeune rappeur local, Mohammad Omar.

Les truands ont finalement dû s’incliner après le lancement en 2013 d’une impitoyable opération de nettoyage conduite par des forces paramilitaires. La bataille pour le contrôle de Lyari a été particulièrement féroce avec les forces de l’ordre, qui essuyaient des tirs de lance-grenade et de fusils d’assaut. Les habitants se terraient chez eux par peur des balles perdues.

« Les enfants pleuraient lorsqu’ils entendaient les intenses échanges de tirs », souligne Mohammad Omar.

« Et les pauvres ont été les victimes de ces guerres de gangs. Nous avons été témoins de tout cela », ajoute-t-il.

– Filles et voitures –

Le pire de la violence passé, la créativité a fleuri.

Le quartier se targue désormais d’avoir donné naissance à des footballeurs et des boxeurs d’excellent niveau. Et à présent, ce sont ses jeunes rappeurs à la conscience sociale affirmée qui défrayent la chronique.

Longtemps, le mouvement hip-hop, né il y a plusieurs décennies dans le quartier du Bronx à New York, est resté relativement confidentiel au Pakistan où les fans lui préféraient la pop, les airs soufis ou les mélodies bollywoodiennes, alors même qu’il se répandait rapidement dans le monde entier.

Mais le rap, expression musicale du mouvement hip-hop avec ses performances de rue et ses textes évoquant souvent la dureté de la vie dans les ghettos urbains, a fini par arriver à Lyari, où des musiciens s’inspirent de l’artiste américain Tupac Shakur (tué en 1996) et puisent dans leurs propres expériences pour écrire leurs chansons.

« Il y a du rap dans d’autres villes et provinces (pakistanaises) mais en général cela parle de belles filles et de voitures de luxe », souligne le producteur Qammar Anwar Baloch. « Nous, nous montrons la réalité ».

C’est en 2017 que le Pakistan a véritablement découvert le rap de Karachi avec le succès de la chanson « The Players of Lyari », du groupe Lyari Underground.

Son texte est une virulente critique des autorités sportives nationales, accusées de négliger les talentueux jeunes footballeurs du quartier. La chanson est vite devenue un hymne d’amour au ballon rond, dans un pays où le cricket domine.

« Il est très rare dans l’histoire de voir des jeunes des classes populaires comme ceux de Lyari contribuer à la musique qu’écoutent aussi les classes aisées », souligne l’auteur Ahmer Naqvi.

« Ils profitent de cette occasion pour établir leur place dans la société pakistanaise, sans se contenter de figurer à la marge », estime-t-il.

– Voix inaudibles –

Leurs voix et leurs histoires sont longtemps restées inaudibles au Pakistan.

Les salles de concert restant rares au Pakistan, les jeunes artistes de Lyari se produisent essentiellement sur internet, où leurs clips et vidéos sont vus des millions de fois.

« Je veux attirer l’attention sur les problèmes de Karachi et sur les miens à Lyari », explique Waqas Baloch, jeune rappeur de huit ans, qui a publié une vidéo cet été sous le pseudo « Thousand ».

Des dizaines d’autres jeunes chanteurs du quartier attendent impatiemment de s’emparer à leur tour d’un micro.

Pour Jameel Ahmed, qui dirige une école religieuse à Lyari, voir les jeunes s’intéresser à la musique et à l’expression personnelle est un soulagement après des années de violences.

« C’est beaucoup mieux que la drogue, l’alcool et d’autres menaces de ce genre. La musique les aide à rester à distance » de ces maux, souligne-t-il.

« A présent, leur esprit s’ouvre. »

Le Ngbaba, sport centrafricain tombé dans l’oubli, fait son retour

C’est une scène devenue rare en Centrafrique, sinon dans les mémoires des plus de 20 ans. Deux équipes se font face, armées de bâtons sommairement taillés en crosse. Un palet découpé dans une semelle de tong s’envole dès l’engagement en traçant une grande courbe dans le ciel gris.

Cet après-midi-là, sur le terrain de l’université de Bangui, c’est match de Ngbaba. Un sport qui a bien failli disparaître des rues et des villages centrafricains.

Le but du jeu: éviter que le disque se couche dans sa moitié de terrain… Les joueurs se précipitent vers le point de chute. Raté ! Le palet rebondit puis roule entre les jambes d’un malchanceux qui manque de perdre l’équilibre, devant ses adversaires hilares. In extremis, un coéquipier assène un puissant coup de crosse qui soulève un nuage de poussière, sous les acclamations du public. Retour à l’envoyeur.

« On n’avait pas vu ça depuis tellement d’années ! », jubile Terrence, 31 ans, qui s’apprête à entrer en jeu. « Ca rappelle des bons souvenirs à tout le monde !  »

Comme lui, ils sont nombreux dans le public à avoir connu le temps où les portables et réseaux sociaux n’avaient pas encore fait leur apparition dans le quartier. « A l’époque, les jeunes n’avaient que le Ngbaba pour occuper leurs journées », explique Jean, un étudiant qui trépigne en attendant son tour, à l’ombre des manguiers.

« Dès qu’on organise un match, tout le monde veut participer », se réjouit Sonek Langaté, le président de l’association culturelle Baila à l’origine de l’initiative. « Il faut faire revivre ce jeu. Surtout auprès de la nouvelle génération. Nous avons une culture, il faut la valoriser. »

– Sport de rue –

Le Ngbaba est un jeu qui n’existe qu’en Centrafrique. Mais d’où vient-il exactement ? Ni les joueurs ni les curieux massés autour du terrain n’en ont la moindre idée.

Aux archives du département d’histoire de l’université de Bangui, la question suscite la même perplexité. « Ca existait déjà dans les années 1970 », assure Michel, un septuagénaire qui assure le gardiennage des lieux et avance une hypothèse: « quand la télé est apparue ici, les jeunes ont mélangé des sports occidentaux qu’ils voyaient à l’écran ».

Possible, puisque le Ngbaba emprunte – de loin – au baseball, au tennis de table et au hockey. Mais ses origines pourraient être beaucoup plus anciennes: les jeux de crosse sont pratiqués depuis l’Antiquité par les peuples de plusieurs continents.

Pour Sonek Langaté, le Ngbaba serait plutôt un héritage de traditions régionales: « Cela faisait partie des rites d’initiation dans certaines tribus et l’on retrouve des variantes en République démocratique du Congo et au Cameroun ».

Aujourd’hui, le Ngbaba est d’abord un sport de rue accessible au plus grand nombre. Les crosses en bois de goyavier, trop coûteuses, sont bien souvent remplacées par des bâtons rapidement taillés pour l’occasion. Pas l’idéal pour rattraper ce palet qui occasionne parfois de graves blessures aux yeux en l’absence de protection adaptée.

« Le Ngbaba, c’est pas un sport de faibles », fanfaronne Terrence, ruisselant de sueur au sortir du terrain.

Mais c’est aussi « un moteur de paix et de cohésion sociale », estime Sonek Langaté. Autrefois, « les jeunes allaient régulièrement défier ceux des quartiers voisins, ça leur permettait de s’intégrer et de socialiser. »

– « Interdits d’y jouer » –

Au début des années 2000, la Centrafrique sombre dans une spirale de violences. « Au bout d’un moment, on n’osait plus aller dans les autres quartiers », raconte Sonek Langaté. A cause de l’insécurité et des risques de blessures aux yeux, « beaucoup de parents ont interdit à leurs enfants de jouer au Ngbaba ».

Le pays est depuis 2013 le théâtre d’une guerre civile dans laquelle s’affrontent des groupes rebelles contrôlant la majorité du territoire et des quartiers de Bangui, mais aussi de combats entre les forces de sécurité et ces milices.

Depuis quelques mois, les routes de Centrafrique et les rues de la capitale connaissent une relative accalmie, dont compte bien profiter l’association Baila pour faire revivre ces matchs entre quartiers. Mais les moyens manquent dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde.

« Aujourd’hui, les jeunes préfèrent jouer au foot ou au basket, parce qu’ils peuvent espérer gagner leur vie avec ces sports », déplore Jean, l’étudiant. « Ce qu’il nous faudrait, c’est une fédération professionnelle », songe-t-il.

Un projet sur lequel travaille Joël Nacka, un entrepreneur qui espère ainsi attirer des sponsors et susciter des vocations dans la nouvelle génération. Et pourquoi pas exporter la discipline à l’étranger. Une question de fierté pour ce Centrafricain expatrié en France : « un sport qui vient de chez nous, c’est l’occasion de donner une autre image du pays ».

« Où sont-ils? »: la quête infructueuse des disparus de la dictature chilienne

Il y a 43 ans, Cesar Cerda, membre du Parti communiste chilien, était arrêté en pleine dictature d’Augusto Pinochet. Comme lui, un millier d’anciens opposants sont toujours portés disparus, malgré la quête sans relâche de leurs proches.

Le 19 mai 1976, Cesar Cerda, 47 ans, marié et père de trois enfants, était arrêté après des mois de persécution par le régime chilien, décidé à éliminer les responsables du Parti communiste.

« Où est-il? Où est son corps? On passe notre vie à se poser la question », raconte à l’AFP sa fille Juana Cerda, 62 ans, devant le mémorial qui rend hommage aux 3.200 morts et disparus de la dictature, dans le cimetière principal de Santiago.

Avec sa mère, elle a parcouru hôpitaux, commissariats, morgues, centres de détentions et casernes militaires, sans trouver de réponse à cette lancinante question. Tout comme d’autres épouses, enfants, frères ou soeurs des disparus des années les plus sanglantes de la dictature chilienne (1973-1990) durant laquelle 38.000 personnes ont aussi été torturées.

« Cette quête a été très douloureuse. Ma mère a fait une grève de la faim, elle s’est enchaînée. Cela a complètement bouleversé notre vie », confie Juana qui continue à chercher ce père dont elle sait seulement qu’il est passé par les centres de torture Villa Grimaldi et Simon Bolivar, dans les environs de la capitale.

L’histoire n’est guère différente pour la famille d’Eduardo Campos, du Mouvement de la gauche révolutionnaire, arrêté en 1973. « On a cherché pendant des années et nous n’avons rien », raconte à l’AFP sa soeur Silvia, qui a poursuivi les recherches après la mort de leur mère en 1994.

Son cas est encore plus dramatique. En 2006, le service de médecine légale a informé la famille que le corps identifié comme celui de son frère n’était pas le bon. Inhumé, il a dû être déterré et la famille a dû repartir de zéro.

– Intensifier, accélérer –

Sur les 1.100 personnes officiellement enregistrées comme disparues, à peine 104 ont été retrouvées.

Selon les familles des victimes, cela est dû au désintérêt des gouvernements successifs et, pour elles, l’arrivée à la présidence en mars 2018 du conservateur Sebastian Pinera n’a rien arrangé.

« Je crois que ce gouvernement (…) non seulement ne s’y intéresse pas, mais boycotte toute avancée dans ce sens », accuse Lorena Pizarro, présidente du Groupe des familles des détenus disparus, elle-même fille de Waldo Pizarro, disparu en 1976.

Peu avant de passer la main, fin 2017, la présidente socialiste Michelle Bachelet, elle-même victime de torture pendant la dictature, a lancé un programme baptisé « Recherche et destination finale des détenus disparus », dont les résultats sont attendus pour 2021

« Le travail dans ce domaine est poursuivi et approfondi. Nous avons manifesté, en toute occasion, notre engagement dans ce domaine », s’est défendue dans un courriel la sous-secrétaire aux droits de l’Homme, Lorena Recabarren, après avoir refusé un entretien avec l’AFP.

Selon le sous-secrétariat, fin 2018, 451 personnes étaient poursuivies pour des exécutions, correspondant à 851 victimes, et 266 pour des disparitions, soit 618 victimes. Depuis début juin, deux avocats examinent les cas de 355 victimes qui ne font l’objet d’aucune procédure.

Dans un rapport récent, le Comité sur les disparitions forcées du Haut-commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme, s’est dit toutefois préoccupé par le petit nombre de victimes localisées et a recommandé au Chili « d’intensifier ses efforts pour ouvrir des enquêtes ou accélérer celles en cours ».

– « Jusqu’à notre mort » –

« Il est difficile de retrouver les prisonniers disparus si on pense que l’objectif était précisément de les faire disparaître sans laisser de trace », rappelle Elizabeth Lira, de l’Université Alberto Hurtado.

Beaucoup de corps ont été dynamités et environ 180 personnes ont été jetées à la mer depuis des avions.

Les associations des familles accusent l’armée de détenir toutes les informations, mais de refuser de les donner au nom d’un « pacte de silence ».

« C’est une blessure qui écorche la conscience nationale », rappelle Lorena Pizarro, qui réclame des « signaux politiques démontrant que le Chili refuse l’impunité ».

En plus des familles, une dizaine de magistrats enquêtent sur le sujet et une unité spéciale du service de médecine légale travaille sur l’identification des rares restes retrouvés, même si le passage du temps et leur caractère fragmentaire complique sa tâche.

« La technologie est disponible, mais l’information et la qualité de l’information avec laquelle nous travaillons est très variable », explique Marisol Intriago, à la tête de l’unité qui travaille actuellement à l’identification de 45 victimes présumées.

Le service conserve 4.000 échantillons de sang et 1.800 d’os provenant des familles de disparus pour s’assurer que les recherches se poursuivront malgré les décès des proches.

Les familles ne baissent pas les bras. « Nous allons poursuivre la lutte jusqu’à notre mort », promet Juana Cerda.

Nigeria: la justice autorise le dirigeant chiite Zakzaky à aller se faire soigner en Inde

Un dirigeant emprisonné de la minorité chiite du Nigeria a été autorisé lundi par la justice à se rendre sous caution en Inde pour se faire soigner, une mesure susceptible de faire baisser la tension après des mois de manifestations parfois sanglantes pour réclamer sa libération.

Ibrahim Zakzaky, fondateur du Mouvement islamique du Nigeria (MIN), est détenu avec son épouse Zeenah Ibrahim depuis leur arrestation en décembre 2015 après la répression d’une manifestation qui avait fait plusieurs centaines de morts.

Selon les avocats du dirigeant chiite qui serait âgé d’environ 65 ans, il a perdu son oeil droit et risque de perdre le gauche. Il a aussi dans le corps des éclats de balle reçues en 2015.

Le MIN est un groupe représentant la minorité chiite du Nigeria où la majorité des musulmans est d’obédience sunnite. Inspiré par la révolution iranienne et revendiquant des millions de fidèles dans le nord du Nigeria, il a manifesté quasi quotidiennement ces derniers mois dans la capitale Abuja pour obtenir la libération de son leader, dont le procès avait été fixé à lundi après avoir été ajourné.

Au moins huit personnes, six manifestants, un journaliste et un policier, avaient été tués le 22 juillet dans des violences pendant une marche. Le MIN, qui revendique un bilan de 20 morts dans ses rangs, a été interdit par la présidence nigériane quelques jours plus tard et le groupe qualifié d »organisation « terroriste » par la police.

Ses partisans avaient suspendu les manifestations jusqu’à lundi dans l’attente du jugement tandis que les avocats réclamaient la libération sous caution de M. Zakzaky pour lui permettre d’aller se faire soigner à l’étranger.

« Le juge a ordonné que Zakzaky puisse prendre un vol pour l’Inde pour y bénéficier d’un traitement médical, a déclaré un de ses avocats, Femi Falana, à l’AFP.

Sa femme a également été autorisée à quitter le Nigeria avec lui, selon un membre de l’équipe de défense du dirigeant chiite.

Cette décision pourrait entrainer une baisse de la tension avec le MIN mais le gouvernement du président Muhammadu Buhari a dans le passé ignoré une décision de justice demandant en 2016 la libération de M. Zakzaky, lançant contre lui d’autres poursuites, notamment pour homicide, un crime passible de la peine de mort.

– Plus de 350 morts en 2015 –

La fille du dirigeant chiite, Suhailah, a qualifié à l’AFP le jugement de « bonne nouvelle », tout en attendant de connaitre les conditions de la libération sous caution.

Selon le parquet, l’accusation étudie le jugement pour voir si elle va faire appel.

Mais un autre avocat de la défense, Haruna Magashi, a estimé que la décision du tribunal ne devrait pas être remise en cause et que le couple pourrait quitter le Nigeria « dès cette semaine ».

Le chef chiite et son épouse n’ont pas assisté à l’audience de lundi qui s’est tenue dans la ville de Kaduna, dans le nord du Nigeria, car « ils étaient trop malades pour être présents au tribunal », a expliqué leur avocat.

Des documents doivent encore être signés avant la libération du couple, a ajouté Me Falana.

M. Zakzaky est détenu depuis décembre 2015 après que des violences eurent éclaté pendant une procession religieuse. L’armée avait tiré, faisant plus de 350 morts pour la plupart des chiites non armés, d’après un bilan des organisations de défense des droits de l’homme.

Fin octobre, des partisans du MIN avaient manifesté à Abuja pour sa libération et la répression avait fait 47 morts, selon le MIN et les observateurs, six selon les autorités.

Le MIN, apparu comme un mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire inspiré par la révolution islamique en Iran, est aujourd’hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria, où l’élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l’Arabie saoudite.

La minorité chiite nigériane compterait quelque 4 millions de fidèles, sur 80 à 85 millions de musulmans. Le Sud du pays est majoritairement chrétien.

Alimentation, préservation du climat… Quels usages des terres pour demain?

Faudra-t-il choisir un jour entre les forêts, les terres agricoles et la culture de biocarburants? La lutte contre le réchauffement climatique pourrait entraîner un changement radical de l’usage des terres, avec le risque d’une compétition accrue pour leur utilisation.

Des experts qui évoquaient il n’y a pas si longtemps de possibles scénarios profitables à tous les usages préfèrent aujourd’hui parler de « compromis » à faire dans le contexte du dérèglement climatique.

La question de l’usage des terres est au coeur de la réunion des experts de l’ONU sur le climat (Giec) qui se tient jusqu’à mardi à Genève. Ils doivent y finaliser un nouveau rapport thématique, après celui consacré aux moyens de limiter le réchauffement climatique de 1,5°C en 2018.

Le résumé de ce nouveau « rapport spécial » sera approuvé par les Etats-membres du Giec et dévoilé jeudi.

Dans son rapport d’octobre, le Giec proposait plusieurs scénarios pour stabiliser le réchauffement à 1,5°C, dont la plupart incluent des procédures d’absorption du CO2, par les sols et forêts notamment. Il est en effet probable que la simple réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas pour remplir le contrat.

Une hypothèse serait de consacrer des surfaces importantes de terres arables au déploiement de bioénergies avec capture et stockage de carbone (BECCS). Cette technique consiste à cultiver des plantes à bio-carburants. En poussant, elles absorbent du CO2, qui est ensuite capturé quand le biocarburant est transformé en énergie.

Un autre projet, imaginé par des chercheurs, consisterait à planter des milliards d’arbres pour stocker le CO2. « La restauration des forêts est la meilleure solution pour le changement climatique disponible actuellement », fait valoir Tom Crowther, professeur à l’université ETH de Zurich.

« Si nous agissons aujourd’hui, cela pourrait réduire le dioxyde de carbone dans l’atmosphère jusqu’à 25%, à des niveaux connus il y a presque un siècle », poursuit-il.

L’Ethiopie, par exemple, prévoit de planter quatre milliards d’arbres d’ici octobre pour promouvoir la reforestation, dans le but de combattre le réchauffement climatique et protéger les ressources naturelles.

– Préserver les terres arables –

L’hypothèse d’une reforestation massive soulève toutefois des critiques. Des arbres peuvent nécessiter des dizaines d’années pour atteindre leur capacité maximum d’absorption de CO2.

D’autres voix s’élèvent contre la promotion d’une solution a priori assez simple, qui pourrait miner les efforts faits pour réduire la dépendance de l’économie mondiale aux énergies fossiles. « Une reforestation héroïque peut aider, mais il est temps d’arrêter de suggérer qu’il existe +une solution basée sur la nature+ à l’usage en cours des énergies fossiles », avertit Myles Allen, professeur à l’université d’Oxford. « Il n’y en a pas. »

La question se pose aussi de savoir quelles terres utiliser. « Cela peut paraître une bonne idée, mais planter des arbres dans la savane ou les prairies serait dommageable », notamment pour les espèces qui y vivent, relèvent Kate Parr et Caroline Lehmann, des universités de Liverpool et Edimbourg.

Un enjeu crucial est aussi évidemment de conserver suffisamment de terres arables pour nourrir une population humaine de plus en plus nombreuse.

Nourrir 9,8 milliards de personnes en 2050 requerrait, dans un scénario basé sur nos habitudes alimentaires actuelles, « 56% de nourriture supplémentaire par rapport à 2010 », estime Fred Stolle, co-auteur d’un rapport sur le sujet. « Cela nécessiterait une surface de près de six millions de kilomètres carrés qui soit déboisée pour être convertie à l’agriculture », les deux tiers à l’élevage et un tiers aux cultures, a-t-il dit à l’AFP.

Mais le système alimentaire actuel, s’il a aidé à réduire la faim dans le monde, n’est plus tenable, avertit aussi Fred Stolle, qui travaille pour l’ONG World Resources Institute. L’agriculture représente 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre.

« Nous devons adopter un régime sain, basé sur les plantes, réduire le gaspillage alimentaire », complète Johan Rockstrom, ancien directeur de l’Institut de recherche sur le climat de Potsdam (Allemagne).

Curés pédophiles en Argentine: pour les victimes sourdes-muettes, « ils sont démoniaques »

A 18 ans, Ezequiel Villalonga ne croit plus en l’Eglise. Ce sourd-muet a passé des années à l’institut Provolo de Mendoza, où il assure que lui et ses camarades ont été victimes de prêtres pédophiles, une affaire qui secoue l’Argentine, le pays du pape François.

« Je pense que tout à l’intérieur de l’Eglise est faux. Tout ce qu’ils nous font lire, réciter, la façon dont (ils disent que) doit se comporter une personne. Je pense qu’ils mentent et qu’ils sont démoniaques », confie ce jeune homme à l’AFP dans la langue des signes, peu avant l’ouverture du procès lundi.

Ce n’est qu’une fois adulte qu’Ezequiel a pu apprendre la gestuelle pour communiquer, car cet établissement catholique spécialisé situé au pied des Andes ne lui avait pas appris la langue des signes.

Il a sept mois lorsque sa mère apprend qu’il est sourd. De 4 à 16 ans, lorsque le scandale a fini par éclater, il fréquente ce grand bâtiment en brique au toit vert, fondé en 1995 à 1.000 km à l’ouest de Buenos Aires. Interne, il ne rentre chez lui que les week-ends.

« La vie là-dedans était terrible. On n’apprenait rien, on ne communiquait pas entre nous, on ne connaissait pas la langue des signes. On écrivait sans savoir ce que ça voulait dire, on demandait alors à d’autres camarades mais personne ne comprenait rien », ajoute-t-il au siège de l’ONG Xumek (« soleil » en langue indigène huarpe) qui lui fournit son avocat.

Son témoignage et celui d’une vingtaine d’autres victimes seront au centre du procès contre les curés Nicola Corradi, 83 ans, et Horacio Corbacho, 59 ans, ainsi que contre le jardinier de l’école, Armando Gomez, 49 ans.

« Je veux qu’ils purgent tous une peine, Corbacho, Corradi et Gomez, pour qu’on soit tous satisfaits », poursuit Ezequiel.

Nicola Corradi est arrivé en Argentine en 1970 en provenance de l’institut Provolo de Vérone, également secoué ces dernières années par un scandale similaire de pédophilie, et a pris en charge le « Provolo » de La Plata (sud).

En 1998, il est transféré à Mendoza, où il restera à la tête de l’institution jusqu’à son placement en détention provisoire en novembre 2016.

Dans cette vaste affaire, l’ancien garçon d’autel Jorge Bordon, âgé de 50 ans, a été condamné l’an dernier à 10 ans de prison après avoir reconnu avoir abusé de cinq victimes. Une quinzaine d’autre accusés doivent être jugés au cours de deux autres procès.

– « Comment ont-ils pu? » –

Paola Gonzalez se brise quand elle se souvient du moment où on lui a confirmé que sa fille Milagros, aujourd’hui âgée de 16 ans, avait été abusée dans cet établissement gratuit, considéré avant le scandale comme prestigieux.

« Vous auriez vu son petit corps lorsqu’elle est entrée (à Provolo). Elle était toute petite. Je ne comprends pas, je n’arrive pas à concevoir autant de méchanceté. Comment ont-ils pu faire du mal à un être aussi fragile? », se demande-t-elle dans sa modeste maison de Mendoza.

Dès que les premiers témoignages de victimes ont été rendus publics, « je lui ai demandé (si ont avait abusé d’elle). Elle s’est juste assise et a mimé qu’on lui déboutonnait et qu’on lui baissait le pantalon, puis elle baissé à nouveau le regard », se souvient cette femme de ménage qui dit avoir transformé sa « douleur en combat ».

« C’est une grand victoire qu’il y ait un procès », souligne-t-elle.

« Il n’y a pas de mots suffisants pour me solidariser avec l’horreur qu’ils ont vécue et qui les a tant blessés. Il faut surtout demander pardon et essayer de guérir le mieux possible, sans haine », déclare à l’AFP monseigneur Alberto Bochatey, évêque auxiliaire de La Plata.

En juillet 2017, il a été nommé par le pape François commissaire apostolique pour se pencher sur la Compagnie de Marie, dont dépendent les instituts Provolo.

« Lorsque j’ai été nommé, la première chose que j’ai faite, ç’a été de me rapprocher des victimes pour demander pardon et on m’a envoyé paître. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, je n’ai pas pu le faire », explique-t-il, se disant « très heureux que le procès commence ».

Encore une fois, 40 migrants bloqués au large de Lampedusa

Le navire Alan Kurdi de l’ONG allemande Sea-Eye était jeudi au large de l’île de Lampedusa avec 40 migrants secourus mercredi non loin de la Libye, mais bloqués par un nouveau veto du gouvernement populiste italien.

Selon les sites de suivi du trafic maritime, l’Alan Kurdi a vogué toute la nuit vers le nord, avant de s’arrêter à la mi-journée à la limite des eaux territoriales italiennes.

Le ministre italien de l’Intérieur et leader d’extrême droite, Matteo Salvini, a dénoncé « une énième provocation en Méditerranée de la part d’une ONG allemande » et accusé les secouristes de se comporter « de manière mesquine ».

Mercredi, il avait signé un décret interdisant les eaux italiennes au navire humanitaire. Selon son ministère, les ministres de la Défense et des Transports, tous deux issus du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), ont également signé.

M. Salvini a fait valoir que l’opération de secours avait eu lieu bien plus près de la Tunisie que de Lampedusa. Mais pour les ONG, Lampedusa est le « port sûr » le plus proche, dans la mesure où la Tunisie a régulièrement bloqué des migrants en mer avant de les rapatrier sans leur laisser le temps de déposer une demande d’asile.

La semaine dernière, le ministre avait aussi bloqué un navire des garde-côtes italiens au large de Lampedusa: les migrants concernés ont finalement pu débarquer mercredi en Sicile après un accord pour les répartir entre l’Eglise italienne et cinq pays européens.

Selon Sea-Eye, les migrants secourus mercredi sont originaires d’Afrique de l’Ouest. Parmi eux se trouvent une femme enceinte, trois jeunes enfants, un homme blessé par balle et deux survivants du bombardement qui a tué des dizaines de migrants début juillet dans le centre de détention de Tajoura, près de Tripoli.

Lors de sa dernière rotation au large de la Libye début juillet, l’Alan Kurdi, basé pour l’instant à Majorque, avait secouru un total de 109 migrants, qui ont pu débarquer à Malte.

Quelques jours plus tôt, Sea-Watch, une autre ONG allemande, avait pour sa part choisi de braver l’interdit et de débarquer de force ses migrants à Lampedusa. Si la justice a invalidé l’arrestation de sa capitaine Carola Rackete, le navire est depuis sous séquestre.

FMI: l’UE n’a pas encore trouvé de consensus sur son candidat

Les gouvernements de l’Union européenne, qui s’étaient donné jusqu’à la fin juillet pour désigner un candidat au FMI, ne sont pas encore parvenus à se mettre d’accord sur un nom pour succéder à Christine Lagarde, a indiqué jeudi le ministère français des Finances.

« A ce stade, bien que certains candidats rassemblent plus de soutiens que d’autres, il n’y a pas encore de consensus complet autour d’un nom », a indiqué le ministère.

Cinq candidats sont en lice: deux des pays du Sud, la ministre des Finances espagnole Nadia Calvino et son homologue portugais Mario Centeno, également président de l’Eurogroupe, deux autres pour ceux du Nord, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem et le gouverneur de la banque de Finlande Olli Rehn, ainsi qu’une candidate des pays de l’Est, la Bulgare Kristalina Georgieva, actuelle numéro 2 de la Banque mondiale.

Il y a deux semaines, lors de la réunion du G7 Finances à Chantilly (Oise), au nord de Paris, le ministre français des Finances Bruno Le Maire avait été chargé par ses collègues européens de mener les conversations pour désigner un candidat européen à la succession de Mme Lagarde cet automne au FMI, en se donnant comme délai la fin juillet.

« Le ministre a continué à parler à tous ses homologues européens pendant ces derniers jours et est resté notamment en contact étroit avec Olaf Scholz », le ministre allemand des Finances, a expliqué Bercy.

Afin de trouver une solution, M. Le Maire « organise une conférence téléphonique aujourd’hui avec tous ses homologues européens », a précisé son ministère.

« Il les informera des résultats des larges consultations qu’il a menées. L’objectif est de se mettre d’accord sur le processus qui permettra de parvenir à un consensus autour d’un unique candidat européen », a-t-il ajouté.

A défaut de trouver un consensus, les gouvernements européens pourraient être appelés à voter pour désigner leur candidat. « C’est l’une des options qui sera discutée lors de la conférence téléphonique », a indiqué une source proche du dossier.

Libye: enlisés près de Tripoli, les belligérants intensifient les raids aériens

Face à l’enlisement de la bataille pour le contrôle de Tripoli, les belligérants libyens changent de tactique et intensifient leurs raids aériens, une escalade militaire dont s’est alarmé l’émissaire spécial de l’ONU, en les exhortant à la trêve.

Depuis le début de l’offensive lancée le 4 avril par l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, pour reconquérir Tripoli, ses troupes tentent de maintenir leurs positions aux abords de la capitale, sans parvenir à progresser.

En face, les forces loyales au Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, essaient de les repousser, tout en peinant à reprendre du terrain au sud de Tripoli.

« L’incapacité d’un camp comme de l’autre à progresser militairement (…) les pousse à repenser autrement leurs tactiques militaires », explique à l’AFP Khaled al-Montasser, professeur à l’université de Tripoli.

Les deux parties ciblent désormais « les bases arrière et les centres d’approvisionnement et de rassemblement des troupes » de l’adversaire « pour l’affaiblir », analyse-t-il.

Illustrant ce revirement tactique, les deux camps ont intensifié depuis vendredi leurs frappes aériennes à l’aide d’avions de combat et drones.

Samedi et dimanche, l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a annoncé avoir bombardé « plus de dix cibles, soigneusement sélectionnées », dont l’Ecole militaire à Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli. Selon le gouvernement de Tripoli, cinq médecins ont été tués dans ce raid.

Des frappes qui interviennent peu après celles menées vendredi par les forces pro-GNA contre la base d’al-Joufra –à 650 km au sud de Tripoli– un site stratégique pour les troupes du maréchal Haftar après la perte fin juin de leur base arrière à Gharyan.

« Nous avons l’ordre de libérer al-Joufra des milices Haftar. C’est une base d’approvisionnement importante pour ses forces », a affirmé mardi à l’AFP Moustafa al-Mejii, porte-parole des forces du GNA.

« Le GNA espère une grande victoire comme celle de Gharyan », estime l’analyste libyen Jalal al-Fitouri. Reprendre al-Joufra permettrait d' »isoler les forces de Haftar », juge-t-il.

De cette base décollent les avions et les drones du maréchal, affirme le général Oussama Juili, qui assure sur Facebook qu’elle est gardée par « des opposants soudanais et des mercenaires étrangers ».

Les deux parties s’accusent mutuellement d’être soutenue par des pays étrangers.

– Appel à la trêve –

Face à cette nouvelle stratégie des belligérants, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé à une trêve d’ici le 10 août, date à laquelle est célébrée l’Aïd al-Adha, fête musulmane dite « du sacrifice ».

S’adressant au Conseil de sécurité de l’ONU depuis Tripoli, il a mis en garde contre la montée des tensions.

« Les parties, ignorant les appels à la désescalade, ont intensifié les raids aériens, avec des frappes de précision par des avions et des drones », a constaté M. Salamé.

« La portée géographique de la violence s’est également étendue », s’est-il inquiété, avant d’exhorter à une trêve accompagnée de « gestes de confiance entre les parties, notamment l’échange de prisonniers et des dépouilles, et la libération de personnes en détention arbitraire ou forcée ».

L’émissaire onusien a proposé un plan en trois étapes au Conseil de sécurité: d’abord la mise en place d’un cessez-le-feu, puis une réunion « de haut niveau entre les pays concernés » par la crise libyenne pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye.

La dernière étape consisterait à réunir en Libye « les personnalités influentes du pays » pour « cimenter » un consensus, a-t-il conclu, sans donner plus de détails.

« Les risques d’une guerre d’usure ou d’une escalade vers un conflit armé sur les rives du sud de la Méditerranée sont également inacceptables », a-t-il martelé, exhortant les Libyens à ne plus tenter d' »atteindre leurs objectifs par des moyens militaires ».

L’arrêt des combats ne peut pas « être différé indéfiniment », a-t-il insisté.

Mais, selon l’analyste Jalel Harchaoui,chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye, « les factions libyennes — ainsi que leurs mécènes étrangers — sont convaincues du bien-fondé de la solution militaire. »

« Chaque acteur, chaque décisionnaire espère que la violence lui permettra de gagner. Cet état d’esprit est inquiétant et dangereux », souligne-t-il.

Pologne: les milieux LGBT réclament une table ronde sur leurs droits

Des organisations polonaises de défense des personnes LGBT ont demandé samedi une table ronde sur leurs droits, lors d’une manifestation contre la violence homophobe tenue une semaine après l’attaque d’ultranationalistes contre une Gay Pride en province.

« Nous proposons une table ronde avec tous les partis et mouvements politiques », a dit Hubert Sobecki, leader de l’organisation « Milosc nie wyklucza » (L’amour n’exclut pas), devant un millier de personnes réunies au pied de la tour stalinienne du Palais de la Culture à Varsovie et agitant des drapeaux arc-en-ciel et ceux de l’Union européenne.

L’idée d’une table ronde évoque les négociations historiques de 1989 qui ont conduit à la chute du communisme et à l’avènement de la démocratie en Pologne.

Tant Sobecki, que d’autres orateurs, dirigeants de mouvements anti-fascistes et anti-homophobie, ont critiqué le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne, ainsi que l’Eglise catholique, accusés d’encourager l’hostilité à l’égard des homosexuels au nom de la lutte contre « l’idéologie LGBT ».

Ils n’ont pas épargné non plus les partis d’opposition, dont la Plateforme Civique (PO, centriste), qui avait dirigé la Pologne pendant de longues années, l’accusant d’indifférence à l’égard de leur cause.

Sobecki a remis publiquement à un député de la PO, Michal Szczerba, une déclaration adoptée en mars par 27 organisations et énumérant des projets de loi destinés à promouvoir l’égalité en droit des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Les incidents d’il y a une semaine à Bialystok (nord-est), accompagnés de jets de pierres, de pétards et de bouteilles sur les participants à la Gay Pride, n’ont pas fait de blessés graves, mais des vidéos montrant des jeunes musclés frapper des adolescents ont soulevé une vague d’émotion dans le pays.

« Je ne suis pas homosexuelle, mais j’ai plusieurs amis LGBT et j’ai senti que mon devoir était d’être là », a dit à l’AFP Katarzyna, une Varsovienne trentenaire, qui portait un panneau déclarant « LGBT c’est nous ».

La manifestation de Varsovie, entourée par un important dispositif policier, s’est déroulée sans incident. Des actions de soutien similaires ont été organisées samedi dans plusieurs villes de Pologne et un rassemblement national était prévu dimanche à Bialystok.

via/sg

Tour de France: trois choses à savoir sur… Egan Bernal

Débuts, pays, caractère… trois choses à savoir sur Egan Bernal, nouveau maillot jaune du Tour de France:

Il a commencé par le VTT

S’il a échappé dans un premier temps aux recruteurs des grandes équipes, c’est parce qu’il s’est signalé d’abord en VTT, pas sur la route. Par deux podiums aux championnats du monde juniors de la discipline, en 2014 (argent) et 2015 (bronze).

Dès qu’il a passé des tests, l’adolescent, qui envisageait de devenir journaliste, a balayé les doutes liés à son apparence juvénile, presque fragile. Nul n’en disconvient, le Colombien, vainqueur en 2017 du Tour de l’Avenir qui est l’épreuve de référence de la catégorie espoirs, a tout du surdoué.

Il est habitué à l’altitude

L’altitude est dans son ADN. Egan Bernal est né voici 22 ans à Zipaquira, à une trentaine de kilomètres de Bogota. La ville de quelque 100.000 habitants, qui abrite un sanctuaire très connu, une cathédrale sculptée dans des mines de sel, est située à près de 2700 mètres. Sensiblement l’altitude du haut de l’Iseran où le nouveau maillot jaune du Tour a réalisé sa prise de pouvoir.

En Europe, le Colombien a vécu en Italie puis a élu résidence en Andorre (comme Julian Alaphilippe), au coeur du massif pyrénéen. Là encore, dans les montagnes.

Il a conservé son humilité

« C’est une belle personne », raconte à l’AFP son premier mentor en Europe, l’Italien Gianni Savio, qui l’a laissé partir fin 2017, contre quelque 250.000 euros en guise de rupture de contrat, dans l’équipe Sky devenue Ineos. « Il a gardé l’humilité qu’il avait en arrivant dans notre équipe (Androni), il a l’équilibre psychique d’un coureur bien plus âgé ».

« Quand il a gagné le Tour de Suisse en juin, il a démontré toute son intelligence », poursuit Savio. « Après sa victoire, il a dit aussitôt: +je travaillerai au Tour de France pour Geraint Thomas.+ D’autres auraient revendiqué, pas lui. Ce n’est qu’ensuite que le manager d’équipe (Brailsford) a dit qu’ils auraient deux leaders ».

La Tunisie pleure son président, prépare une élection pour septembre

« L’Etat reste debout ». La Tunisie, soulagée d’avoir évité une vacance du pouvoir après le décès du président Beji Caïd Essebsi, s’apprête à organiser des élections anticipées en moins de deux mois, un défi dans un contexte politique délétère.

Mais vendredi, l’heure était aux hommages. Désormais présidé par intérim par le chef du Parlement Mohamed Ennaceur, qui a prêté serment quelques heures après le décès de M. Essebsi, le pays pionnier du Printemps arabe saluait la mémoire de son premier président élu démocratiquement au suffrage universel, en 2014.

Des festivals ont été annulés, les journaux étaient imprimés en noir et blanc, sept jours de deuil national ont été décrétés.

Dans un éditorial intitulé « Adieu M. le Président », le quotidien Le temps écrit « Notre peine est grande, notre chagrin est immense » et salue un « chantre du patriotisme ».

« Adieu BajBouj », titre affectueusement le Quotidien, en référence au surnom du président.

La dépouille de Béji Caïd Essebsi devait quitter dans la journée l’hôpital militaire de Tunis pour rejoindre le Palais présidentiel de Carthage, à une vingtaine de kilomètres de là, où elle doit être accueillie dans l’intimité.

Des funérailles nationales sont prévues samedi en présence de plusieurs chefs d’Etat selon le chef du gouvernement Youssef Chahed qui n’a pas précisé qui viendrait.

– « Mériter la démocratie » –

Depuis l’annonce du décès, les hommages internationaux ont afflué pour saluer le rôle crucial du président décédé dans la « marche vers la démocratie dans le berceau » du Printemps arabe. Le voisin algérien et la Mauritanie ont décrété trois jours de deuil.

Maintenant, le pays devra s’atteler à la préparation d’élections. est mort à quelques mois de la fin de son mandat en décembre, mais la Constitution prévoit que l’intérim de M. Ennaceur ne dure que 45 à 90 jours, soit jusqu’au 23 octobre maximum.

L’élection présidentielle était initialement prévue le 17 novembre, après les élections législatives du 6 octobre. Mais le calendrier va être bouleversé.

L’instance supérieure indépendante chargée d’organiser des élections a annoncé que la présidentielle serait avancée et a évoqué jeudi une élection « probable » dès le 15 septembre.

Nombre de Tunisiens ont salué la transition rapide, alors que leur pays est le seul des Etats arabes touchés par les contestations de 2011 à poursuivre sur la voie de la démocratisation malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques jihadistes.

« Le peuple prend plaisir à savoir que son pays est un Etat démocratique », a commenté sur Tweeter l’ancien secrétaire général du Parlement Adel Bsili.

« Les Tunisiennes et les Tunisiens, devant la dure épreuve de prouver qu’ils méritent bien la démocratie, ont réussi superbement l’examen de convaincre le monde entier que désormais, la Tunisie est un pays démocratique », écrit le journal La Presse, dans un éditorial titré « L’Etat reste debout ».

– Code électoral contesté –

Une précédente hospitalisation du président fin juin, le jour où deux attentats suicide avaient tué un policier et un civil à Tunis, avait déclenché une vague d’inquiétude sur la fragilité des institutions tunisiennes.

Les luttes de clans et l’émiettement du parti présidentiel ont crée une atmosphère délétère, qui risque de peser sur l’organisation de la présidentielle.

Et la transition reste fragilisée par l’absence d’une Cour constitutionnelle, institution cruciale d’une jeune démocratie, dont la mise sur pied a été maintes fois repoussée par calcul politique des partis au pouvoir.

Le Parlement a pallié jeudi l’absence de cette Cour en mobilisant l’instance provisoire de contrôle de constitutionnalité des lois qui la remplace depuis 2014, mais les prérogatives de celles-ci restent limitées, notamment pour trancher dans les polémiques en cours sur le code électoral.

Les conditions pour se présenter aux élections ont été amendées de façon contestée en juin par le Parlement, mais le texte voté à l’initiative du gouvernement n’a pas été promulgué par le chef de l’Etat avant son décès. Il s’agissait d’une volonté de sa part selon un de ses conseillers.

Reste à savoir si ce code électoral amendé sera promulgué dans les jours à venir, excluant plusieurs candidats de poids des scrutins, dont la mécène Olfa Terras-Rambourg ou le magnat des médias Nabil Karoui.

Ce dernier a menacé de retourner contre ses concurrents politiques ce texte, qui interdit notamment de façon rétroactive sur un an tout recours à la publicité politique et distribution de biens aux électeurs.

Le financier américain Jeffrey Epstein découvert blessé dans sa cellule

Le financier américain Jeffrey Esptein a été retrouvé allongé par terre dans sa cellule avec des marques sur le cou, ont rapporté plusieurs médias américains, quelques jours après la décision d’un juge fédéral de le maintenir en détention.

Dans un état semi-comateux, le sexagénaire a été transporté dans un hôpital voisin du Metropolitan Correctionnal Center (MCC), la prison de Manhattan dans laquelle il est incarcéré dans l’attente de son procès, selon le New York Post.

Selon certaines sources citées par la chaîne NBC, Jeffrey Epstein pourrait avoir tenté de se pendre, même si les blessures constatées seraient sans gravité.

Toujours selon NBC, un autre détenu aurait été interrogé par l’administration pénitentiaire au sujet d’une possible agression.

Contacté par l’AFP, le Bureau des prisons (BOP) n’a pas donné suite immédiatement, pas plus que les trois avocats du financier ou le bureau du procureur fédéral de Manhattan.

Généralement utilisé pour les justiciables en attente de leur procès, le MCC est l’une des prisons les plus sûres des Etats-Unis. Le narcotrafiquant mexicain Joaquin Guzman, alias « El Chapo », y a séjourné durant plus de deux ans avant d’être transféré dans le Colorado vendredi.

Jeffrey Esptein est accusé d’agressions sexuelles sur des mineures. Il aurait organisé, durant plusieurs années, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles sous influence, certaines collégiennes, avec lesquelles il avait des rapports sexuels dans ses nombreuses propriétés.

– La piste parisienne –

Interpellé le 6 juillet à son retour aux Etats-Unis, il a été débouté le 18 juillet de sa demande de remise en liberté par le juge fédéral Richard Berman, qui a estimé que le procureur avait « établi le danger (que présente l’accusé) pour les autres et la société », ainsi que le risque de fuite.

Les avocats du financier étaient prêts à verser une caution de plus de 100 millions de dollars et proposaient une assignation à résidence à Manhattan, un bracelet électronique et l’installation de caméras pour suivre les allées et venues.

« Je doute qu’aucune formule puisse neutraliser le danger (que présente Jeffrey Epstein) pour la société », avait alors expliqué le juge, qui a fixé la prochaine audience au 31 juillet. L’accusé a fait appel de la décision.

Inculpé le 8 juillet d’exploitation sexuelle de mineures et d’association de malfaiteurs en vue d’exploiter sexuellement des mineures, Jeffrey Epstein est passible de 45 années d’emprisonnement.

Jeffrey Epstein a déjà été poursuivi et condamné en 2008 à 18 mois d’emprisonnement pour incitation à la prostitution après un accord passé avec les autorités, lequel ne tenait pas compte de la minorité des victimes et a fait couler depuis beaucoup d’encre.

Accusé de complaisance pour avoir consenti, à l’époque, à cet accord, l’ancien procureur fédéral de Floride Alexander Acosta a dû démissionner le 12 juillet de son poste de ministre du Travail de Donald Trump.

Les faits considérés dans le dossier pénal à New York portent sur la période allant de 2002 à 2005, mais l’avocat de plusieurs victimes présumées, Brad Edwards, a affirmé que Jeffrey Epstein avait continué, par la suite à recevoir chez lui de jeunes femmes, y compris lorsqu’il purgeait sa peine, en 2008, en semi-liberté.

La liste des contacts de Jeffrey Epstein était consignée dans un petit carnet noir. Selon des extraits publiés par plusieurs médias américains, le financier avait notamment répertorié une liste de jeunes filles à Paris.

Mardi, l’association Innocence en danger a demandé au parquet l’ouverture d’une enquête préliminaire pour faire la lumière sur les éventuels agissements de Jeffrey Epstein sur le territoire français.

Il n’y a pas d’enquête en cours suivie par le parquet de Paris, a appris jeudi l’AFP de sources judiciaires.

Honduras : les hôpitaux débordés par l’épidémie de dengue

Vingt-six des 32 hôpitaux publics du Honduras sont débordés par l’épidémie de dengue qui a déjà fait 54 morts cette année, et celui de La Paz (50 km au nord-ouest de la capitale) a même dû aménager sa chapelle pour une dizaine de patientes.

Face au Christ en croix de l’autel, les infirmières ont installé deux tables où s’empilent les dossiers des patientes. Dans les dix lits alignés et protégés par des moustiquaires bleues ou roses, les femmes hospitalisées ici souffrent des symptômes typiques de la maladie: douleurs dans les os et les articulations, fortes fièvres, vomissements et déshydratation.

Selon les autorités sanitaires, qui ont recensé plus de 28.000 cas avérés, c’est la pire épidémie qu’ait eu à affronter le pays. L’état d’urgence sanitaire national a même été déclaré pour lutter contre le moustique Aedes aegypti, réservoir et vecteur du virus, à grand renfort de fumigation dans les domiciles et les édifices publics.

A La Paz, outre les patientes de la chapelle, six des huit salles de l’hôpital sont occupées par des malades de la dengue, et certains n’ont pas de trouvé de place et gisent dans les couloirs sur des civières.

Trois salles accueillent 26 enfants âgés de deux ans à 14 ans, sous perfusion de sérum, des parents à leur chevet. Ce sont les malades les plus fragiles et « tous ne sont pas hors de danger », se désole une infirmière en passant en revue les lits des enfants.

Alexandra Pineda, âgée de sept ans, est parmi les petits malades dont l’état de santé est le plus préoccupant. Hospitalisée depuis dimanche, elle souffre de la forme hémorragique de la maladie. Sa grand-mère, Josefina Velasquez, âgée de 59 ans ne la quitte pas.

– « Jamais vu ça » –

« Nous sommes débordés », explique à l’AFP le porte-parole de l’hôpital Marco Antonio Rodas. « Nous avons dû reporter les interventions chirurgicales programmées » pour pouvoir se concentrer sur les urgences : « En 20 ans de travail ici, je n’avais jamais vu ça », constate-t-il.

Depuis une semaine, le nombre de patients admis à l’hôpital de La Paz est passé de 53 à 78… Et encore, les cas les plus graves sont transférés à l’Hôpital universitaire de Tegucigalpa. Deux d’entre eux sont décédés pendant leur transport en ambulance, précise M. Rodas.

Il n’est pas exclu, dit-il, de réquisitionner des écoles pour accueillir les patients, « qui arrivent toujours plus nombreux ».

Marta Zoila Lopez, 58 ans, explique à l’AFP qu’elle a ressenti dimanche les premiers symptômes alors qu’elle était chez elle à Guajiquiro, près de La Paz : « ça a commencé par une douleur à l’estomac et dans les os, des maux de tête, des vomissements et une hémorragie » nasale et des gencives.

En dépit de la mobilisation des brigades chargées de la fumigation, rien ne semble capable d’arrêter la progression de la maladie. Et la situation pourrait encore empirer avec trois mois de pluies qui s’annoncent, favorables à la prolifération du moustique.

seule mesure efficace pour enrayer l’épidémie, « c’est la destruction des nids de reproduction du moustique (dans l’eau stagnante), et chacun d’entre nous doit s’y employer, à la maison, sur le lieu de travail et dans tous les espaces publics », a averti le président du Honduras Juan Orlando Hernandez en déclarant ouverte la guerre totale à l’Aedes aegypti.

Vakartchouk: rocker, physicien et étoile montante de la politique en Ukraine

Superstar du rock et diplômé en physique qui a étudié les sciences politiques dans les prestigieuses universités américaines de Yale et Stanford, Sviatoslav Vakartchouk est aussi le leader d’un tout jeune parti qui a réussi dimanche à entrer au Parlement ukrainien.

Âgé de 44 ans, cet amateur de yoga, chanteur et leader du groupe rock Okean Elzy, très populaire en Ukraine et dans l’ex-URSS, a su faire de son mouvement baptisé Golos (Voix) l’un des surprises des législatives anticipées de dimanche.

Sa formation a obtenu 6% des suffrages, selon des sondages réalisés à la sortie des urnes, arrivant en cinquième position – un résultat impressionnant pour un parti fondé en mai.

« Les gens ont voté pour le changement et nous sommes heureux d’en faire partie », s’est félicité M. Vakartchouk. « Le parti Golos va au Parlement pour changer les règles dans la politique (…) Pour nous, l’essentiel est que l’Ukraine se rapproche de l’Europe » et intègre l’UE et l’Otan, a-t-il assuré.

Pour accentuer son image de nouvelle génération politique, sa formation a banni les députés sortants de sa liste et trié au volet ses candidats – entrepreneurs, experts, militants dont beaucoup ont fait leurs études en Occident. Leur moyenne d’âge est de 37 ans.

Pendant la campagne, le chanteur n’a pas quitté la scène, en organisant des concerts gratuits pour mobiliser ses électeurs à travers le pays.

Une stratégie similaire à celle de l’actuel chef de l’Etat, ancien comédien Volodymyr Zelensky qui misait lui aussi sur l’espoir de changement. Elu triomphalement en avril, ce dernier n’a pas fait de campagne présidentielle traditionnelle limitant les contacts avec les électeurs aux spectacles de stand up de sa troupe Kvartal 95.

– Chanteur contre comédien –

Le parti présidentiel, Serviteur du peuple, quasiment inexistant en 2018, est arrivé largement en tête des législatives avec 44% des suffrages et M. Zelensky a d’ores et déjà proposé à M. Vakartchouk des négociations en vue de composer une coalition qui nommera le gouvernement.

Pourtant, c’était M. Vakartchouk qui était largement pressenti comme candidat à la présidentielle. Malgré des appels incessants, il ne s’est finalement pas présenté et le vote a été remporté par M. Zelensky.

Ce n’est cependant pas la première entrée du chanteur au Parlement. Après avoir activement soutenu la Révolution orange pro-occidentale de 2004 en Ukraine, M. Vakartchouk a été élu député du parti de Viktor Iouchtchenko, alors président, trois ans plus tard.

Au bout d’un an à peine, il a abandonné son mandat parlementaire, se disant déçu par les intérêts cachés, selon lui, de la politique ukrainienne.

Néanmoins, M. Vakartchouk a soutenu avec passion la Révolution pro-occidentale du Maïdan en 2014, qui s’est soldée par la chute d’un président prorusse et sa fuite en Russie.

Plus de 100.000 personnes se sont ainsi rassemblées à l’époque à l’un de ses concerts gratuits destiné à remonter le moral des protestataires à l’épicentre de ce soulèvement.

Né à Moukatchevo, près de la frontière hongroise, M. Vakartchouk a grandi à Lviv, bastion nationaliste dans l’ouest de l’Ukraine, près de la Pologne.

Marchant dans les pas de son père, un universitaire et ancien ministre de l’Education, il est diplômé en physique.

Malgré une intense carrière musicale commencée dès les années 1990, il est depuis 2009 titulaire d’un doctorat en physique consacré à la supersymétrie, phénomène qui a donné le nom à l’un de ses albums.

En 2015, il a participé à un programme international à Yale puis, en 2018, a rejoint l’université de Stanford en tant que chercheur invité pour étudier les sciences politiques et le leadership.

L’humoriste Mamane de retour au Niger pour l’aider à sortir du « Gondwana »

« Ah, mais c’est le Gondwanais! », s’exclame le gendarme nigérien en découvrant que le chauffeur qu’il voulait contrôler n’est autre que l’humoriste Mamane. Il se met aussitôt au garde-à-vous et effectue un salut militaire comme s’il était devant un chef d’Etat puissant. Puis éclate de rire.

Nous ne sommes pas dans la « République très très démocratique du Gondwana » avec son « président-fondateur », inventée par Mamane pour critiquer la mauvaise gouvernance ou le manque de démocratie, mais à Niamey, capitale du Niger, son pays natal.

« Des policiers en Afrique m’appellent parfois +président+. C’est une sorte de deuxième degré africain, une manière de rire mais aussi d’être critique du système. Une forme de résilience », souligne Mamane, véritable star en Afrique francophone où sa chronique du Gondwana sur RFI et le Parlement du rire, sur Canal+ Afrique, où il campe le président d’une Assemblée nationale ubuesque, font fureur.

Malgré un agenda plus chargé qu’un ministre, Mamane, auteur, acteur, réalisateur (Bienvenue au Gondwana) mais aussi producteur et homme d’affaires, a trouvé le temps de venir à Niamey pour un spectacle lors du récent sommet de l’Union africaine, tout en surveillant les plans d’une école de comédie qu’il espère ouvrir d’ici deux ou trois ans.

« On n’a pas invité le Gondwana (au sommet de l’UA), donc le Gondwana s’invite. Le Gondwana vient réclamer sa place dans le concert des nations », plaisante Mamane, 52 ans, avant d’ajouter: « Je suis Gondwanais parce que l’Afrique est mon continent. Mais je suis fier d’avoir ce sang nigérien qui coule dans mes veines ».

– La malbouffe et le cannibale –

Né à Agadez, ce fils d’un haut fonctionnaire a sillonné les préfectures puis les ambassades en Afrique dans sa jeunesse avant de revenir à Niamey pour son baccalauréat puis entrer à l’université Haro Banda.

Puis il a rejoint la France pour y poursuivre des études de physiologie des plantes. « C’est là que je suis passé des plantes aux planches », résume-t-il, d’abord au théâtre puis comme humoriste à Paris et en faisant les premières parties d’artistes comme Ray Lema et Manu Di Bango.

Le « Gondwana » est né pendant ces années-là. « C »était l’époque de la +malbouffe+ (…) et un des stéréotypes récurrents malheureux de l’Afrique, c’est le cannibale: j’ai pris le problème à l’envers avec un cannibale qui s’inquiéterait de la bonne qualité de sa nourriture ».

Mamane espère que l’Afrique et son pays vont sortir du « Gondwana ». Il apporte sa pierre à l’édifice en lançant prochainement la construction d’une école de comédie, où il compte rassembler tous les métiers du spectacle et qui doit fonctionner comme un conservatoire.

« C’est à nous de nous prendre en main, de faire des projets au Niger, sinon on va passer notre vie à aller faire des choses à Dakar, Abidjan, Lomé ou Paris. Dans les années 1960-70, il y avait de grandes écoles sous-régionales à Niamey, qui était un carrefour. Il faut que ça revienne. »

Il ne faut pas « que les comédiens africains soient obligés comme moi d’être à Paris pour mettre le pied dans le métier », poursuit-il. « Un humoriste ne peut pas aller vivre à Paris, Chelsea ou Manchester comme les footballeurs. Il doit être avec les gens qu’il brocarde et vivre la réalité tous les jours ».

– « C’est le projet de ma vie » –

En périphérie de la ville, Mamane arpente un terrain désertique bordant des maisons pauvres et où se promènent des moutons faméliques. « L’école va surgir sur ce sable », explique-t-il. « Le talent va éclore (…) Cette école est le projet de ma vie ».

« Ca coûte beaucoup d’argent mais l’argent est là », affirme-t-il, assurant avoir le soutien de « l’Etat nigérien et d’institutions financières internationales », sans dévoiler les sommes en question.

Il entend ainsi « offrir un débouché pour des jeunes dans une région, le Sahel, qui est aujourd’hui au centre de la géopolitique mondiale avec le jihadisme, avec l’émigration ». Et dire qu' »on peut créer des emplois chez nous en Afrique ».

A ses yeux, il faut créer « des centres de formation en comédie, mais aussi dans des métiers beaucoup plus manuels. »

Un projet courageux alors que certains islamistes n’apprécient pas voire condamnent les métiers du spectacle. Le Festival international de la mode africaine (FIMA), du célèbre styliste nigérien Alphadi, subit depuis longtemps des pressions. En 2000, ses locaux avaient été vandalisés.

« Tout ce que les jihadistes n’aiment pas, c’est voir les gens vivre, prendre à bras-le-corps leur liberté. Ils veulent embrigader les gens et faire la loi », déplore Mamane.

« Nous sommes tous musulmans, chrétiens », dit celui qui entend fonder « une école pour apprendre la liberté aux gens, l’amour de la vie. Le vivre ensemble, c’est ce qu’on veut ».

Washington prête main-forte à l’Argentine sur l’attentat antisémite

Sanctions contre le cerveau présumé de l’attaque, récompense pour sa capture, déplacement à Buenos Aires de Mike Pompeo: Washington a multiplié les signes de soutien à l’Argentine à l’occasion du 25e anniversaire de l’attentat contre les institutions juives de ce pays, qui avait fait 85 morts.

« Nous n’avons pas oublié et nous n’oublierons jamais », a déclaré le chef de la diplomatie américaine vendredi matin devant le bâtiment de l’Amia (Association mutuelle israélite argentine), reconstruit au même endroit, dans le quartier Once de la capitale argentine.

Le matin du 18 juillet 1994, une bombe pulvérisait l’immeuble, faisant également 300 blessés. Cet attentat, le pire de l’histoire du pays, n’a jamais été élucidé.

Ce n’était pas « seulement une attaque contre la communauté juive d’Argentine mais contre la démocratie, la liberté et la société argentine », a dit M. Pompeo.

La justice argentine et Israël affirment que l’Iran a ordonné cet attentat et qu’il a été exécuté par des hommes du Hezbollah, de même que celui de 1992 contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, qui avait fait 29 morts et 200 blessés.

L’Argentine a émis sans résultat des mandats d’arrêt internationaux contre des Iraniens qu’elle accuse d’être impliqués.

Les victimes de l’attentat « ont été assassinées par des membres du groupe terroriste du Hezbollah, soutenus par l’Iran », a déclaré Mike Pompeo, après avoir allumé une chandelle au côté du président de l’Amia Ariel Eichbaum.

Ce dernier a demandé à la communauté internationale de l' »aide pour retrouver les responsables et les traîner devant la justice ».

Vendredi, les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre un responsable du mouvement chiite libanais Hezbollah soupçonné d’avoir coordonné cet attentat à la bombe.

« Nous ciblons Salman Raouf Salman, qui a coordonné une attaque dévastatrice à Buenos Aires, en Argentine, contre le plus grand centre juif d’Amérique du Sud il y a 25 ans », a déclaré Sigal Mandelker, sous-secrétaire au Trésor chargé de la lutte contre le terrorisme, dans un communiqué.

« Cette administration continuera de cibler les terroristes du Hezbollah qui organisent des opérations meurtrières horribles et tuent sans discernement des civils innocents au nom de ce groupe violent et sous le patronage iranien », a-t-elle ajouté.

– 7 millions de dollars –

Dans le même temps, le département d’Etat américain a annoncé qu’une récompense allant jusqu’à 7 millions de dollars était offerte pour toute information permettant de localiser Salman Raouf Salman.

Selon le Trésor, cet homme, qui pourrait disposer des nationalités colombienne et libanaise, continuerait de diriger des opérations terroristes sur le continent américain pour le compte du Hezbollah.

« Les Etats-Unis continueront à travailler avec le gouvernement argentin et nos amis de la région et du monde pour faire en sorte que les membres du Hezbollah (…) ne commettent plus de nouveaux attentats qui servent les intérêts nuisibles de l’Iran », a poursuivi le Trésor.

Le secrétaire d’Etat, également présent à Buenos Aires pour participer à une réunion ministérielle sur le contreterrorisme, a souligné lors du discours d’ouverture que « le Hezbollah avait une forte présence en Amérique du Sud ».

Appelant les autres pays à adopter des mesures similaires, il a félicité l’Argentine pour avoir gelé jeudi les avoirs du mouvement chiite libanais, 25 ans jour pour jour après cet attentat.

« Face à une menace mondiale, il revient aux pays de couper ce flux financier », a-t-il déclaré.

« Nous félicitons l’Argentine pour cette mesure, pour avoir qualifié de terroriste le Hezbollah. La seule façon de faire face à cette menace c’est avec un travail en commun », a-t-il ajouté.

L’Argentine est la première étape d’une tournée en Amérique latine de Mike Pompeo, qui a rencontré le président de centre-droit Mauricio Macri, candidat à sa réélection le 27 octobre prochain.

« J’ai observé de près le président Macri prendre de bonnes décisions dans le domaine économique. Elle sont parfois dures, mais il a pris la bonne décision, qui stimulera la croissance, créera des opportunités et réduira les risques pour l’économie argentine », a affirmé Mike Pompeo.

L’Argentine est en récession depuis l’an dernier, avec une inflation à 22% au premier semestre 2019. M. Macri a reçu en 2018 une aide du Fonds monétaire international (FMI), qui a débloqué un prêt de 56 milliards de dollars. En contrepartie, le gouvernement argentin a lancé un plan d’austérité.

Le chef de la diplomatie américaine se rendra samedi en Equateur pour y rencontrer le président Lenin Moreno dans le port de commerce de Guayaquil.

Dimanche, M. Pompeo se rendra dans deux pays, sur fond de lutte contre l’immigration clandestine, l’un des principaux chevaux de bataille de l’administration Trump.

D’abord au Mexique pour y échanger avec son homologue Marcelo Ebrard, au coeur des négociations avec Washington le mois dernier pour trouver un accord sur l’immigration et éloigner la menace des droits de douane punitifs brandie par Donald Trump.

Il ira ensuite au Salvador, l’un des trois pays d’Amérique centrale, avec le Guatemala et le Honduras, d’où viennent la plupart des migrants venant chercher l’asile aux Etats-Unis.

Afghanistan: au moins 4 morts dans une explosion près de l’université

Au moins 4 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans l’explosion d’une bombe à proximité de l’entrée d’une université de Kaboul vendredi matin, selon des responsables.

« Quatre personnes ont été tuées et 16 autres blessées suite à l’explosion aujourd’hui à Kaboul », a indiqué sur Twitter un porte-parole du ministère de la Santé, Wahidullah Mayar.

Tous les blessés ont été évacués vers des hôpitaux, a-t-il ajouté.

Le bilan de 4 tués a été confirmé par un responsable du ministère de l’Intérieur, qui n’a toutefois fait état que de 4 blessés.

Selon lui, l’explosion est due à une bombe magnétique, une arme fréquemment utilisée par les criminels et insurgés dans la capitale afghane qui la dissimulent sous le véhocule de la personne visée.

L’Iran confirme l’arrestation d’une universitaire franco-iranienne

L’Autorité judiciaire a confirmé mardi l’arrestation en Iran de l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah, dans un contexte de vives tensions entre Téhéran et les pays occidentaux.

L’arrestation de cette éminente anthropologue spécialiste de l’islam chiite, la dernière en date d’un nombre indéterminé de binationaux détenus en Iran, a été annoncée la veille par Paris qui a demandé des « clarifications » et « une autorisation sans délai pour un accès consulaire ».

Le prestigieux institut Sciences Po-Paris, où travaille Mme Adelkhah, 60 ans, a dénoncé une arrestation « inadmissible et révoltante », affirmant « tout mettre en œuvre pour que notre collègue Fariba soit libérée dans les plus brefs délais et les meilleures conditions ».

S’exprimant lors d’une conférence de presse à Téhéran,le porte-parole de l’Autorité judiciaire Gholamhossein Esmaïli, a affirmé que Mme Adelkhah « fait partie des suspects qui ont été arrêtés récemment », sans donner la moindre information supplémentaire sur son cas.

« Etant donné la nature de l’affaire (…) le moment n’est pas encore venu de donner des informations sur son cas », a-t-il dit dans cette conférence de presse diffusée en ligne sur Mizan Online, l’agence de presse de l’Autorité judiciaire.

Interrogé si les autorités avaient répondu à la demande d’accès consulaire à Mme Adelkhah, M. Esmaïli a répondu là encore qu’une « décision (serait) prise au moment approprié ».

Ne reconnaissant pas la double nationalité, l’Iran n’accorde généralement pas d’accès consulaire aux détenus binationaux.

– « Coups des deux côtés » –

Selon un ami de l’universitaire et professeur à l’Institut des Hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, Jean-François Bayart, son arrestation remonterait au 5 juin et elle est actuellement détenue à la prison d’Evine à Téhéran.

« Ce qui s’est passé me préoccupe beaucoup », a commenté lundi le président français Emmanuel Macron. « J’ai exprimé mon désaccord et demandé des clarifications au président (iranien Hassan) Rohani. J’attends des retours et des clarifications », a-t-il dit, regrettant qu' »aucune explication » n’ait été fournie « de manière valable ».

« Dans sa prison, elle a reçu la visite de sa famille, elle n’est pas maltraitée mais je suis inquiet car elle n’est pas de constitution très robuste. Et on ignore combien de temps va durer cette détention totalement inadmissible et inacceptable », a déclaré M. Bayart à l’AFP.

Chercheuse au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po-Paris, docteure en anthropologie de l’École des Hautes études en Sciences sociales (EHESS) de Paris, Fariba Adelkhah collabore à plusieurs revues scientifiques comme « Iranian Studies » et « la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée ».

Elle est l’auteure de nombreux ouvrages de référence et étudie en particulier les relations des clergés chiites d’Iran, d’Afghanistan et d’Irak, trois pays dans lesquels elle se rend régulièrement.

Fariba Adelkhah est arrivée en 1977 en France pour ses études « et pas du tout comme immigrée politique », a souligné M. Bayart en précisant qu’elle avait « toute sa famille en Iran; elle a toujours refusé de condamner le régime de la République islamique, ce qui lui a valu d’être mal comprise de la diaspora et aussi de prendre des coups des deux côtés ».

– Vives tensions –

Son arrestation survient dans un contexte de vives tensions entre Téhéran et les pays occidentaux depuis que les Etats-Unis sont sortis unilatéralement en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.

Accusés par l’Iran de ne pas respecter les termes de cet accord, les pays européens dont la France, qui a dépêché un émissaire sur place, s’emploient vainement à essayer de faire retomber la tension et à faire en sorte que l’Iran revienne sur sa décision mise en oeuvre depuis le 8 mai de s’affranchir de certains de ses engagements pris à Vienne.

Plusieurs Iraniens détenteurs d’une autre nationalité sont détenus en Iran.

Au moins quatre ont la nationalité américaine.

Nazanine Zaghari-Ratcliffe, une Irano-Britannique employée de la Fondation Thomson Reuters (dépendant de l’agence de presse canado-britannique du même nom) emprisonnée depuis 2016 et condamnée à 5 ans de prison pour sédition est au coeur d’un bras de fer diplomatique entre Londres et Téhéran.