Retraites: quelle réforme ? pourquoi ? pour qui ? pour quand ?

Après deux ans de concertation, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est plus que jamais contestée sur ses fondements et des points cruciaux restent à trancher.

Universel et à points, c’est quoi ?

Le gouvernement promet un système « plus juste » et « plus lisible », où « un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous », afin de répondre au manque de confiance des jeunes générations et de s’adapter aux évolutions de la société.

Les 42 régimes de retraites, où les pensions sont calculées en fonction du nombre de trimestres cotisés, doivent ainsi être remplacés par un « système universel » où chacun accumulera des points tout au long de sa carrière et pour chaque jour travaillé.

Finie, donc, la règle des 25 meilleures années pour les salariés du privé et des 6 derniers mois pour les fonctionnaires et les régimes spéciaux. Selon l’exécutif, la prise en compte de l’ensemble de la carrière doit favoriser les carrières courtes, heurtées et peu ascendantes.

Un argument réfuté par les opposants au projet tels que FO et la CGT, qui estiment que les pensions seront mathématiquement moins élevées avec l’intégration dans le calcul des moins bonnes années, et craignent que la valeur du point, qui détermine le niveau des pensions, serve de variable d’ajustement budgétaire.

Du côté des professions libérales qui gèrent aujourd’hui elles-même leurs caisses de retraites, on redoute plutôt une hausse brutale des cotisations et la « spoliation » de leurs réserves financières.

« Travailler plus longtemps » ou pas ?

Le Premier ministre Edouard Philippe l’a redit mercredi, les Français devront « progressivement travailler plus longtemps » pour « remettre le système actuel à l’équilibre » avant l’entrée en vigueur du nouveau régime en 2025.

L’âge légal de départ restera fixé à 62 ans, mais deux options sont sur la table : allonger la durée de cotisation ou créer une nouvelle borne d’âge pour une retraite à taux plein, avec par exemple une décote avant 64 ans.

Mais tous les syndicats sont opposés à un allongement de la durée de travail, y compris la CFDT, seul soutien de poids à un régime universel par points, d’autant plus que la durée de cotisation pour une pension à taux plein doit déjà passer de 41,5 ans aujourd’hui à 43 ans en 2035.

Si une telle « mesure paramétrique » était décidée, la centrale « appellera les salariés à se mobiliser », a prévenu son numéro un Laurent Berger.

Génération 1959, 1963 ou plus tard ?

L’exécutif vise une entrée en vigueur de sa réforme en 2025. La génération née en 1963 aurait alors 62 ans et serait la première concernée.

Mais pour redresser les comptes, leurs aînés pourraient être mis à contribution, dès la génération 1959, qui aura 62 ans en 2021.

Dans le même temps, le gouvernement est prêt à décaler la mise en œuvre du futur « système universel » à « des personnes un peu plus éloignées de la retraite que ce qui était envisagé jusqu’ici », a dit Edouard Philippe mercredi.

Sans pour autant envisager la « clause du grand-père » qui consisterait à n’appliquer la réforme qu’aux futurs entrants sur le marché du travail. « Entre deux extrêmes, on doit pouvoir trouver le bon curseur », a-t-il insisté.

« Plus juste », « plus équitable », vraiment ?

Le gouvernement met en avant de nouveaux droits comme une pension minimum de 1.000 euros pour une carrière complète, particulièrement favorable aux agriculteurs.

Il promet aussi d’étendre aux fonctionnaires les critères de pénibilité du privé permettant de partir à 60 ans mais envisage de supprimer les départs anticipés à 57 ans dans les hôpitaux.

Les interruptions de carrières (maladie, maternité, invalidité, chômage) resteraient prises en compte, mais pas les périodes de chômage non indemnisées.

Pour les veuves, les règles de la réversion seraient harmonisées: 70% du total des retraites perçues par le couple seraient garantis mais seulement à partir de 62 ans contre 55 ans aujourd’hui dans certains régimes.

Côté droit familiaux, un bonus de 5% pour chaque enfant serait accordé par défaut à la mère. Mais pas sûr que cela soit plus avantageux que la règle actuelle combinant trimestres gratuits pour toutes les mères et majoration de 10% pour les familles nombreuses.

En pleine polémique sur ce sujet, M. Philippe a reconnu « l’importance (…) de définir de manière juste et pérenne les droits familiaux ».

Shinzo Abe: une longévité record sans successeur en vue

Nationaliste conforté par un record de longévité au poste de Premier ministre au Japon, Shinzo Abe est un habile politicien et un diplomate pragmatique doté d’une capacité à survivre aux scandales et d’une forte autorité sur son parti.

Après un premier et bref passage raté à la tête du pays en 2006-2007, il est revenu revigoré fin 2012 et n’a pas été délogé depuis.

Une dizaine de ses ministres ont dû jeter l’éponge entretemps, mais M. Abe, pourtant présenté comme de santé fragile, a tenu bon, quitte à changer les statuts de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), dont il est le président.

Né dans une famille d’hommes politiques, cet héritier de 65 ans s’était juré depuis longtemps de réussir là où ses ascendants avaient échoué.

Il s’est fait connaître à l’étranger avec sa politique économique surnommée « Abenomics », mêlant assouplissement monétaire, relance budgétaire massive et réformes structurelles, dont le bilan reste cependant très mitigé.

– La Constitution comme obsession –

Mais son ambition ultime est de réviser la Constitution pacifiste japonaise de 1947, écrite par les occupants américains et jamais amendée depuis.

Avant la fin de son troisième et en théorie dernier mandat à la tête du PLD en 2021, il espère graver dans le marbre l’existence d’une armée nationale, au lieu des actuelles « Forces d’autodéfense », bien que l’article 9 de la Constitution dispose que le Japon renonce à jamais à la guerre comme moyen de résolution de dissensions internationales.

La révision de ce texte était déjà le but de son grand-père, Nobusuke Kishi, fondateur du PLD et Premier ministre de 1957 à 1960. Ministre pendant la Seconde Guerre mondiale et accusé de crimes de guerre, M. Kishi avait été arrêté après le conflit mais jamais jugé par le Tribunal de Tokyo.

M. Abe, qui a bâti une partie de sa réputation sur sa fermeté à l’égard de la Corée du Nord, veut un Japon capable de se défendre, sans porter indéfiniment le fardeau du repentir vis-à-vis de la Chine ou de la Corée du Sud.

Jusqu’où aller pour ne pas fâcher les Américains? Là est la limite, franchie une fois fin 2013 en se rendant au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, lieu honni par Pékin et Séoul car glorifiant selon eux le militarisme japonais, dont leurs pays ont subi les exactions dans la première moitié du XXe siècle.

Les relations entre Tokyo et Séoul se sont d’ailleurs nettement dégradées ces derniers mois, sur fond de contentieux historiques.

Avec les Etats-Unis, M. Abe s’adapte à chaque changement de président, même s’il a fort à faire avec Donald Trump qui un jour joue au golf avec son « ami Shinzo » et le lendemain s’emporte contre le déficit commercial vis-à-vis du Japon et promet de nouvelles taxes.

Celui dont le père, Shintaro Abe, s’était hissé jusqu’au poste de ministre des Affaires étrangères, s’emploie en même temps à ne pas froisser le président russe Vladimir Poutine, avec lequel il rêve de régler le différend des îles Kouriles du sud, (appelées « Territoires du Nord » par les Japonais) annexées par l’Union soviétique à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

– Fi des scandales –

« Avec Abe, le Japon s’est fait îlot de stabilité politique pendant que sur la décennie passée d’autres démocraties industrialisées ont souffert de gouvernements faibles, impopulaires ou éphémères », estime Tobias Harris, analyste chez Teneo.

M. Abe a d’abord profité du passage au pouvoir désastreux des formations de centre-gauche de 2009 à 2012.

Cette période, marquée par le séisme et le tsunami de mars 2011 à l’origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima, a mis en miettes ces partis qui avaient suscité l’espoir, laissant M. Abe sans rival réel, dans son camp comme dans l’opposition.

Depuis son retour, le PLD a remporté haut la main tous les scrutins, à l’exception d’une défaite historique à l’assemblée de Tokyo en 2017.

Eclaboussé par des scandales touchant des proches (épouse, amis), M. Abe, qui bénéficie du soutien de la droite nationaliste et d’une partie de la jeunesse, a souvent profité de faits extérieurs, tirs de missiles nord-coréens ou catastrophes naturelles, qui ont détourné l’attention et lui ont permis de se poser en chef nécessaire dans l’adversité.

Dans une toute récente affaire, il est accusé d’accueillir sur les deniers publics des centaines de partisans venus de sa circonscription parmi quelque 18.000 invités d’une réception annuelle de contemplation des cerisiers en fleurs. L’édition 2020 a été annulée.

« Block Friday » : les anti-Black Friday à l’offensive

Grève en Allemagne, chaîne humaine aux Pays-Bas, blocage d’entrepôts Amazon en France: les initiatives anti-Black Friday se sont multipliées vendredi pour dénoncer la surconsommation et ses conséquences climatiques, au moment où débute une nouvelle série de manifestations mondiales contre le réchauffement.

« Aujourd’hui, Amazon a les émissions de gaz à effet de serre d’un Etat », a dénoncé Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, participant à un sit-in avec plusieurs dizaines d’autres militants devant le siège français d’Amazon à Clichy, près de Paris.

Réunis notamment à l’appel d’Attac et Greenpeace pour cette action présentée comme « non violente et joyeuse », les manifestants ont déroulé des banderoles hostiles au géant du commerce en ligne avant de s’assoir devant le siège de l’entreprise aux cris de : « On dit stop au Black Friday et son impunité! ».

« On a besoin plus que jamais d’actions de désobéissance civile car Amazon est un symbole d’impunité », notamment fiscale, a estimé l’eurodéputée Manon Aubry (LFI, gauche radicale), présente lors de la manifestation.

En Allemagne, des centaines d’employés d’Amazon, selon le syndicat, ont profité de ce Black Friday pour attirer l’attention sur leurs conditions de travail.

« Leur travail ne peut pas être rémunéré à des montants dérisoires », a dénoncé dans un communiqué le syndicat Verdi, à l’origine de la grève prévue pour durer jusqu’à mardi.

Le syndicat, qui réclame une convention collective pour garantir « un salaire décent et des emplois de qualité et sains », accuse Amazon de « priver le personnel de ses droits fondamentaux » et de l’employer « sous pression extrême ». « En conséquence, de nombreux employés tombent malades », prévient le syndicat.

Amazon a de son côté minimisé l’impact de la grève, assurant que les commandes seraient livrées « dans les temps ».

– « Block Friday » –

« Amazon détruit les emplois et le climat », « Block Friday », pouvait-t-on lire sur des banderoles dressées par une quarantaine de militants devant le site Amazon de Flers-en-Escrebieux, dans le nord de la France, dont l’entrée était protégée par une vingtaine de policiers, a constaté un vidéaste de l’AFP.

Plusieurs autres actions de ce type ont eu lieu en France: près de Lyon (centre-est), une centaine de militants ont bloqué brièvement deux entrées d’un entrepôt d’Amazon. Jeudi déjà, plusieurs dizaines de militants de mouvements écologistes avaient brièvement bloqué le centre de distribution d’Amazon de Brétigny-sur-Orge, non loin de Paris.

Au Royaume-Uni, où les distributeurs comptent sur le Black Friday pour tenter de remédier à la frilosité des consommateurs à cause des incertitudes liées au Brexit, un groupement d’artistes de Bradford dans la région du Yorkshire (nord) appelle les gens à un « Buy Nowt Friday », dans un jeu de mots entre « Now » (maintenant) et « not » (non), détournant le slogan publicitaire « Buy now » (achetez maintenant) du Black Friday.

Des étudiants de l’association « Students for Climate » (Etudiants pour le climat) prévoyaient de former une chaîne humaine à Maastricht pour protester contre la surconsommation liée au Black Friday.

Ces actions ont lieu au moment où était donnée, vendredi en Asie-Pacifique, le coup d’envoi d’une nouvelle série de manifestations mondiales contre le réchauffement climatique.

A Tokyo, des centaines de personnes ont défilé dans le quartier commercial de Shinjuku. « Je ressens un sentiment de crise car presque personne au Japon ne s’intéresse au changement climatique », a regretté Mio Ishida, une étudiante de 19 ans.

burx-lv/cf/glr

Suisse: 25 bolides du fils du président équato-guinéen adjugés 21,6 millions d’euros

Les 25 bolides saisis par la Suisse dans le cadre d’une procédure judiciaire contre Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale et fils du président, ont trouvé preneurs pour 23,4 millions de francs (21,6 millions d’euros) lors d’enchères caritatives près de Genève.

L’estimation la plus basse était de 18,5 millions de francs suisses (plus de 17 millions d’euros).

« La star de la collection, une Lamborghini Veneno ultra-rare a été vendue pour 8,28 millions CHF », commission comprise (7,6 millions d’euros), « un record mondial pour la marque », a indiqué dans un communiqué la maison d’enchères britannique Bonhams.

La voiture, dont il n’existe que neuf exemplaires, a été vendue à un « collectionneur international privé », a précisé à l’AFP Lynnie Farrant, porte-parole.

Les fonds seront reversés par la Suisse à des oeuvres caritatives en Guinée équatoriale, petit pays pétrolier où sévit l’une des plus graves corruptions au monde selon l’ONG Transparency International et où une grande partie de la population vit dans la pauvreté.

Les 25 supercars ont été vendues en lot séparé, sans prix de réserve, c’est-à-dire sans prix minimum. Sept Ferrari, trois Lamborghini, cinq Bentley, une Maserati et une McLaren figuraient parmi les véhicules proposés.

Le collectionneur privé international ayant acquis la Lamborghini Veneno blanc cassé a remporté un très grand nombre de lots.

Il a également acquis pour 4,2 millions d’euros une Koenigsegg One bleu et noir carbone, estimée entre 1,7 et 2,1 millions d’euros et dont il n’existe que six exemplaires.

Une Aston Martin One-77 rouge, évaluée entre 1,3 et 1,7 million d’euros et possédant une mention gravée sur son entrée de porte spécifiant « Construite à la main en Angleterre pour Theodore N’Guema Obiang Mangue », a elle été adjugée à près de 1,4 million d’euros.

Cette collection de 25 voitures avaient été confisquées par la justice genevoise après l’ouverture en 2016 d’une procédure pénale à l’encontre de Teodorin Obiang, et de deux autres personnes, pour « blanchiment d’argent et gestion déloyale des intérêts publics ».

– Procédure classée –

La procédure a été classée en février, la justice genevoise et les autorités équato-guinéennes s’étant mis d’accord pour que les voitures soient vendues et que le produit de la vente soit affecté à un programme à caractère social en Guinée équatoriale, sous le contrôle du ministère suisse des Affaires étrangères.

La Guinée équatoriale, dirigée depuis 40 ans par le président Teodoro Obiang Nguema, 77 ans, a aussi accepté de verser à Genève 1,3 million de francs suisses (1,4 million d’euros) pour couvrir notamment les frais de procédure.

Teodorin Obiang, devenu vice-président de cet Etat d’Afrique centrale en 2012, est connu pour ses extravagances et son train de vie somptueux.

M. Obiang a été condamné en 2017 à Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour s’être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable (hôtel particulier parisien, voitures de course et de luxe, costumes de marque par dizaines, jets privés…) dans l’affaire dite des « biens mal acquis », jugement dont il a fait appel.

Cette procédure ne freine pas les préparatifs à la succession. Fin novembre 2018, il a dirigé son premier conseil des ministres.

Quelques jours avant la vente, la Guinée équatoriale avait tenté de la faire annuler, estimant que le prix de la vente serait plus élevé lors de ventes de gré à gré avec des collectionneurs et des professionnels de la branche. Cette requête avait été rejetée par la justice genevoise.

Zambie: le projet de réforme de la Constitution du président ne passe pas

Un coup porté à la démocratie ? Depuis des semaines, la Zambie se déchire autour d’une réforme très controversée de sa Constitution qui renforce les pouvoirs du président Edgar Lungu à moins de deux ans des élections générales.

Cible des critiques de l’opposition et de la société civile, ce texte doit être prochainement discuté à l’Assemblée nationale, où le Front patriotique (PF) de M. Lungu dispose de la majorité absolue des députés.

S’il est voté en l’état, le projet de loi numéro 10 étend les pouvoirs du président en matière de nomination des juges et des ministres, lui permet de changer seul la carte électorale et transfère de la Banque centrale au gouvernement la charge de contrôler sa politique monétaire.

Des changements inquiétants, jugent nombre de commentateurs.

« Ce texte va creuser la tombe de la démocratie en Zambie », a tranché Sishuwa Sishuwa, un très respecté professeur de sciences politiques de l’université de Zambie. « Il est conçu d’abord pour consolider l’emprise du PF sur le pays et rendre impossible toute tentative d’écarter le président Edgar Lungu. »

Jusque-là plutôt calme, le climat politique s’est profondément détérioré en Zambie depuis la réélection contestée en 2016 de M. Lungu, accusé de dérive autoritaire.

Arrivé de peu en deuxième position, son principal opposant, le chef du Parti uni pour le développement national (UPND), Hakainde Hichilema, a toujours refusé de reconnaître la victoire du sortant, arguant de fraudes massives.

– « Détention politique » –

Il a payé son insolence de quatre mois de détention en 2017 pour avoir gêné le convoi présidentiel, un « crime » qualifié par la justice de « trahison » et passible de la peine de mort.

Les charges qui pesaient contre lui ont été abandonnées mais M. Hichilema avait alors dénoncé une incarcération « politique ».

Les soupçons d’autoritarisme qui pèsent sur Edgar Lungu ont été relancés lorsque la Cour constitutionnelle l’a autorisé l’an dernier à se représenter en 2021.

La loi fondamentale de Zambie stipule que le chef de l’Etat peut briguer deux mandats de cinq ans. Une première fois élu en 2015 pour succéder à Michel Sata, mort dans l’exercice de ses fonctions, M. Lungu a été réélu en 2016.

L’opposition estimait dès lors qu’il ne pouvait plus être candidat en 2021, mais la plus haute instance judiciaire du pays a jugé que si. Pour la convaincre, M. Lungu avait prié publiquement les juges de ne pas « plonger le pays dans le chaos ».

Dans ce climat, l’annonce de la réforme constitutionnelle a provoqué une nouvelle levée de boucliers et convaincu la société civile de rejoindre l’opposition contre le président.

Avec le musicien Chama Fumba, poursuivi pour une chanson que les autorités ont jugé hostile au président, la militante Laura Miti a lancé en juillet une campagne, baptisée Carton jaune, contre la corruption du régime et la réforme.

Son argumentaire est simple. « Est-ce que vous accepteriez qu’un président que vous n’aimez pas ait de tels pouvoirs ? », a-t-elle récemment écrit dans une tribune, « qu’il soit un saint, le diable ou quelque chose entre les deux ? »

– Obstruction –

L’association des juristes de Zambie (LAZ) lui a emboîté le pas en assignant Edgar Lungu, le procureur général Likando Kalaluka et l’Assemblée toute entière devant la justice.

« Ce projet de loi renforce les pouvoirs de l’exécutif au détriment du Parlement, il est donc inconstitutionnel », a estimé un professeur de droit membre de la LAZ, Muna Ndulo.

L’entrée en scène des juristes contre le président a fait sourire la porte-parole du gouvernement. « Nous savons bien que le travail de certains avocats consiste à faire leur promotion », a raillé Dora Siliya, « ce sont des gens qui font perdre leur temps aux autres mais le projet de loi suivra son cours ».

Le chef de l’opposition Hakainde Hichilema a lui aussi déclaré la guerre au texte avec des arguments très politiques.

« Vous voulez vraiment qu’Edgar Lungu reste encore au pouvoir pendant sept ans ? », a-t-il lancé devant la presse. « Qui sera encore en vie vu le niveau actuel de la pauvreté ? »

Malgré ce tir nourri contre son projet, le chef de l’Etat ne semble pas prêt à céder.

« Nous avons bravé la tempête pour préparer cette Constitution (…). Soutenez la procédure », a lancé Edgar Lungu ce mois-ci devant les députés. Avant d’ajouter, inflexible: « si vous ne voulez pas la changer, nous, nous le ferons ».

Une présidentielle afghane sans gros incident mais avec une forte abstention

Les opérations de décompte des voix se poursuivaient dimanche en Afghanistan, au lendemain d’une élection présidentielle sans gros incident mais marquée par une abstention apparemment record et un grand nombre de petites attaques des talibans.

Environ 9,6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir le chef de l’Etat parmi 18 candidats, avec deux favoris, l’actuel président Ashraf Ghani et son chef de l’exécutif Abdullah Abdullah.

Le scrutin a été épargné par des attentats meurtriers semblables à ceux qui ont endeuillé la campagne électorale, avec par exemple 26 morts dans une seule attaque le 17 septembre.

Le ministre de l’Intérieur Massoud Andarabi a fait état samedi soir de cinq morts parmi les forces de l’ordre et de 37 blessés civils, dans diverses attaques attribuées au talibans.

La participation pourrait être la plus basse des quatre scrutins présidentiels tenus depuis 2004.

La commission électorale a annoncé tôt dimanche que selon les chiffres disponibles pour la moitié des bureaux de vote (2.597 sur 4.905), un peu plus de 10% des électeurs (1,051 million) avaient mis un bulletin dans l’urne.

Le taux de participation le plus bas enregistré jusqu’ici était de 38% au premier tour de la présidentielle de 2009.

Haroun Mir, chercheur indépendant à Kaboul, a minimisé les conséquences d’un faible taux de participation en jugeant que « le prochain gouvernement aura un mandat plus fort que l’actuel, parce que l’élection est beaucoup plus +propre+ que les précédentes ».

– Peur des attaques –

La peur des attaques, mais aussi de la fraude, ont joué un rôle dans cette désaffection, selon de nombreux témoignages de citoyens recueillis avant l’élection.

Les talibans avaient appelé la population à ne pas aller voter en annonçant que leurs moujahidines viseraient « les bureaux et les centres (de vote) de ce spectacle ».

Alors que le gouvernement n’a fourni aucun bilan global, les talibans ont revendiqué 531 attaques. Pour sa part l’institut de recherche Afghan Analyst Network (AAN) en a recensé plus de 400, en rassemblant les chiffres d’observateurs étrangers, des siens et de sources publiques.

De nombreux électeurs ont aussi boudé les urnes par crainte d’irrégularités semblables à celles qui avaient entaché l’élection de 2014.

Pourtant, de nombreux observateurs ont souligné que celle de samedi était plus transparente et mieux organisée que la précédente. La directrice de la Commission indépendante des droits de l’Homme en Afghanistan, Shaharzad Akbar, a ainsi souligné que « la situation sécuritaire s’est révélée meilleure que nous nous y attendions ».

Elle a admis « des irrégularités et difficultés techniques, comme attendu, mais qui ont été réglées plus rapidement que lors des dernières élections ». Toutes choses qui lui ont fait dire que « si on leur en donne la chance, les Afghans souhaitent vraiment participer au processus démocratique ».

Bon nombre d’électeurs sont aussi restés chez eux, ayant perdu tout espoir que leurs élites améliorent leurs conditions d’existence, dans un pays où 55% de la population vivait avec moins de deux dollars par jour en 2017.

Enfin, la campagne électorale a paru prise en otage par les pourparlers entre les Etats-Unis et les talibans sur un retrait des forces américaines. Donald Trump y a brutalement mis fin début septembre. Nombre d’observateurs pensaient que l’élection serait suspendue pour laisser la place à l’application du plan de retrait.

Les résultats préliminaires doivent être annoncés le 19 octobre et les définitifs le 7 novembre. Si aucun des candidats du premier tour n’a reçu plus de 50% des suffrages, un deuxième tour se tiendra alors dans les deux semaines suivantes.

Un des enjeux du scrutin est de procurer au futur chef de l’Etat une légitimité suffisante pour espérer devenir un interlocuteur incontournable dans d’éventuelles négociations de paix avec les talibans.

Mais ces derniers ont rejeté par avance tout compromis. « L’administration fantoche à Kaboul a tenu une élection fabriquée mais a rencontré l’échec et le rejet d’une vaste majorité de la nation », ont dit les talibans dans un communiqué samedi soir.

Avigdor Lieberman, le « tsar » de la nuit devenu faiseur de rois

Avigdor Lieberman, ancien videur de boîte de nuit à la carrière politique émaillée de déclarations fracassantes, est passé d’allié stratégique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à faiseur de rois à l’issue de législatives serrées.

Mercredi matin, devant des journalistes et alors que les estimations quasi définitives du scrutin de mardi créditent son parti de neuf sièges, celui vers qui tous les yeux se tournent a répété : « il n’y a qu’une seule option : un gouvernement d’union nationale ».

S’il n’a pas dévoilé en quoi exactement pourrait consister ce gouvernement d’union, une chose est sûre pour lui: pas de participation à un cabinet avec des religieux.

Né dans la république soviétique de Moldavie, M. Lieberman, 61 ans, a émigré en 1978 en Israël, où il a effectué son service militaire et travaillé un temps comme videur de boîte de nuit.

Les médias l’ont affublé des surnoms de « tsar », de « Raspoutine » et de « KGB », en allusion à son comportement autoritaire et à ses origines, dont son verbe lent en hébreu conserve un lourd accent.

Diplômé en sciences sociales, il a rejoint le Likoud, le grand parti de droite, dont il a gravi les échelons jusqu’à devenir directeur de cabinet de Benjamin Netanyahu lors de son premier mandat (1996-1999). Mentor de « Bibi », il est pour beaucoup dans son ascension.

Mais, en 1999, il a créé son propre parti de droite, Israël Beiteinou, capitalisant sur le vote du million d’Israéliens émigrés comme lui de l’ex-URSS, une base électorale qu’il a élargie.

Depuis 2001, il a détenu divers portefeuilles, dont celui des Affaires étrangères de M. Netanyahu (2009-2012 et 2013-2015).

– Déclarations controversées –

En tant que chef de la diplomatie israélienne, il était devenu la bête noire de l’Union européenne, qu’il accusait d’adopter des politiques trop favorables aux Palestiniens et hostiles aux juifs.

En novembre dernier, il a démissionné de son poste de ministre de la Défense dans le gouvernement de Benjamin Netanyahu, pour protester contre un accord de cessez-le-feu avec les groupes palestiniens de Gaza, dénonçant une « capitulation devant le terrorisme ».

Sa démission avait contribué à l’éclatement de la coalition gouvernementale.

Aux élections qui ont suivi, en avril, son parti a remporté cinq des 120 sièges au Parlement. Mais Avigdor Lieberman a exigé une loi obligeant les jeunes ultra-orthodoxes à effectuer leur service militaire en échange de sa participation à une coalition.

Faute d’accord, le Parlement a été dissous et de nouvelles élections ont été convoquées pour le 17 septembre. Aujourd’hui, son soutien est désormais essentiel à toute coalition gouvernementale.

Mais le chef d’Israël Beitenou martèle depuis mardi soir qu’il ne participerait qu’à un gouvernement d’union nationale avec le Likoud et/ou l’alliance centriste « Bleu blanc » de Benny Gantz, les deux listes arrivées en tête.

M. Lieberman est connu pour ses déclarations fracassantes, affirmant par exemple que le président palestinien Mahmoud Abbas est un « terroriste diplomate » (2014), que les Arabes israéliens déloyaux envers Israël « méritent de se faire décapiter à la hache » (2015) et que Benjamin Netanyahu est « un menteur, un tricheur et une crapule » (2016).

Sa campagne pour les élections du 17 septembre était centrée sur les « dangers » pour Israël de devenir un « Etat de la Halakha (la loi religieuse juive) », dirigé par le judaïsme religieux, avec une coalition dans laquelle les partis ultra-orthodoxes joindraient leurs forces à celles des factions religieuses, qualifiées par Avigdor Lieberman de « messianiques ».

M. Lieberman, marié et père de trois enfants, n’est pas un partisan du « Grand Israël », défendu par le lobby des colons, mais vit à Nokdim, une colonie israélienne près de Bethléem, en Cisjordanie occupée, illégale aux yeux du droit international. Il juge irréaliste la paix avec les Palestiniens, mais se dit prêt à essayer.

Algérie: le parquet requiert 20 ans de prison pour les 4 accusés du procès de Blida

Le parquet a requis mardi 20 ans de prison pour deux ex-chefs du renseignement algérien, la dirigeante d’un parti et Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, actuellement jugés par un tribunal militaire à Blida, au sud d’Alger, selon un de leurs avocats.

Saïd Bouteflika, qui s’était imposé comme l’homme fort du régime, le général « Toufik » et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, sont jugés pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat ».

« Le parquet a requis la peine maximale, soit 20 ans, pour tous les accusés », a dit à l’AFP Me Miloud Brahimi, l’avocat de Mohamed Mediene dit « Toufik », qui a longtemps été le directeur des services secrets algériens.

La parquet a également requis 20 ans de prison pour l’ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major de l’armée Khaled Nezzar et son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, tous les trois jugés par contumace dans la même affaire.

Me Brahimi a précisé que le verdict devrait être prononcé « mercredi ou jeudi au plus tard ».

La défense avait admis que Mme Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général « Toufik » le 27 mars, au lendemain d’une déclaration du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ d’Abdelaziz Bouteflika. Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de comploter contre l’armée.

Mardi, au cours de la seconde journée d’audience de ce procès emblématique ouvert la veille, loin des caméras, « le juge a entendu les témoins et le général Toufik, qui a répondu aux questions de manière complète », avait dit plus tôt Me Brahimi.

– Entourage Bouteflika –

Parmi ces témoins, plusieurs anciens responsables de haut rang se sont succédé à la barre, avait-il ajouté.

La veille, Saïd Bouteflika avait refusé de répondre aux questions du juge, d’après Me Farouk Ksentini, un autre avocat de la défense.

Seuls les avocats et les familles des accusés ont le droit d’assister aux audiences. Les médias sont relégués à l’extérieur du tribunal, où un important dispositif policier a été déployé, et les informations circulent au compte-goutte.

Parmi les accusés, Athmane Tartag, a refusé de se présenter devant le juge militaire, qui a refusé d’ajourner le procès, a rapporté le quotidien francophone El Watan.

Mohamed Mediene, malade et dont la santé s’est dégradée selon sa famille et ses avocats, est arrivé lundi en fauteuil roulant devant la Cour et a demandé un ajournement, selon la défense.

Après avoir consulté le rapport d’un médecin, le juge a néanmoins décidé de poursuivre le procès.

Ce procès a lieu après une vague d’arrestations massives dans l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission début avril après des mois d’un mouvement de contestation inédit.

Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d’ex-hauts responsables politiques et des hommes d’affaires, accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime Bouteflika.

Pendant que ce procès se poursuivait à Blida, les étudiants sont eux de nouveau descendus dans les rues des grandes villes, dont Alger, pour la 31e semaine d’affilée.

Ils continuent d’exprimer leur opposition à l’organisation d’une présidentielle le 12 décembre, voulue par le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah, actuel homme fort du pays.

Les océans ravagés, nouvelle preuve accablante du dérèglement climatique

Les experts de l’ONU vont dévoiler ce mercredi à Monaco un sinistre tableau des océans et des zones glacées de la planète, nouvelle preuve de l’urgence à lutter contre le réchauffement climatique qui répond à l’inaction dont sont accusés les dirigeants mondiaux.

Malgré le plaidoyer plein de colère de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, invitée à la tribune des Nations unies, le sommet climat de lundi à New York n’a pas suscité l’impulsion recherchée par les défenseurs du climat.

« Des millions de personnes dans les rues vendredi ont montré clairement qu’ils n’accepteraient plus l’apathie, les excuses et l’inaction des dirigeants mondiaux, faibles et incapables de résister au pouvoir de l’industrie des énergies fossiles », a commenté Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International.

Certains espèrent malgré tout que le nouveau rapport spécial des experts climat de l’ONU (Giec) -qui devrait être tout aussi alarmant que les deux précédents sur l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5°C et sur l’utilisation des terres- soit un moteur pour agir.

« Les gouvernements doivent savoir que les promesses qu’ils transforment en actions peuvent vraiment faire une différence. Ça peut être un investissement pour l’avenir », a déclaré à l’AFP Stephen Cornelius, de WWF, qui participait comme observateur à la session du Giec à Monaco.

Les scientifiques et diplomates des 195 Etats membres du Giec ont adopté mardi matin après cinq jours de débats et une dernière session marathon de 27 heures la synthèse de ce rapport de 900 pages, dont le contenu sera dévoilé seulement ce mercredi à 9H00 GMT. Il leur aura fallu une dernière nuit blanche pour surmonter les objections de l’Arabie saoudite… premier exportateur mondial de pétrole.

Les océans, qui couvrent plus de 80% de la surface du globe, ont absorbé environ un quart des émissions de gaz à effet de serre générés par l’Homme. Avec des conséquences palpables: hausse de la température de la mer, acidification, perte d’oxygène.

Des modifications si importantes qu’elles entraînent des impacts en cascade sur les écosystèmes dont dépend l’Homme pour sa protection et sa nourriture.

– Des solutions dans les océans –

Des calottes glaciaires aux glaciers, en passant par la banquise et le permafrost, les zones gelées de la planète ne sont pas non plus épargnées par les impacts ravageurs du réchauffement.

La montée des eaux liée au rétrécissement des calottes de l’Antarctique et du Groenland va menacer de nombreuses régions côtières, des petits Etats insulaires aux grandes métropoles comme New York ou Shanghai, en passant par les deltas du Gange ou du Mékong.

Avec ou sans mesures d’adaptation (constructions de digues…), le déplacement de certaines communautés pourraient être, à terme, inéluctable, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif minimum de l’accord de Paris.

Aujourd’hui, avec seulement +1°C de réchauffement, les impacts se font déjà lourdement sentir, des tempêtes aux inondations, en passant par les sécheresses et les canicules meurtrières.

Les engagements actuels des Etats à réduire leurs émissions de CO2, s’ils étaient respectés, conduiraient à un monde à +3°C.

Face à ce dérèglement climatique, les océans peuvent offrir des solutions, notamment par le développement des énergies marines renouvelables.

Selon un rapport publié cette semaine par le Groupe de haut niveau pour une économie marine durable, qui rassemble des Etats comme l’Australie ou le Chili, l’action climatique basée sur l’océan pourrait permettre jusqu’à un cinquième des réductions d’émissions de CO2 nécessaires d’ici 2050 pour limiter le réchauffement à +1,5°C.

« Associé aux réductions d’émissions liées aux activités sur terre, cela montre que les actions pour le climat basées sur l’océan pourraient fournir une bouée de sauvetage pour les économies, les ressources alimentaires, les communautés côtières et la vie marine en première ligne face aux impacts climatiques », a commenté la Première ministre norvégienne Erna Solberg, co-présidente du Groupe.

Israël: les partis arabes apportent leur soutien à Gantz, contre Netanyahu

Coup de tonnerre à Jérusalem: les partis arabes ont, pour la première fois en plus d’un quart de siècle, recommandé dimanche un candidat pour le poste de Premier ministre d’Israël, en l’occurrence Benny Gantz, dans l’espoir de clore le long règne de Benjamin Netanyahu.

Ces partis ont effectué cette recommandation à l’ouverture, par le président Reuven Rivlin, des consultations avec les partis politiques pour désigner celui qui sera chargé de former un gouvernement de coalition, dans le sillage des législatives du 17 septembre.

Au terme de ce scrutin, le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de M. Gantz a obtenu 33 sièges sur les 120 du Parlement, contre 31 pour le Likoud (droite) de M. Netanyahu, Premier ministre sortant et le plus pérenne de l’histoire d’Israël à ce poste (13 ans de pouvoir au total).

Mais, en comptant leurs alliés, les deux grands rivaux restent incapables d’atteindre le nombre de 61 députés, seuil de la majorité absolue.

Le président Rivlin, dont la fonction est quasi symbolique, a débuté dimanche soir les consultations afin d’arbitrer le différend. Sans se prononcer dans le détail, il a annoncé la couleur: « Je suis convaincu qu’il faut former un gouvernement stable avec les deux grands partis », le Likoud et Bleu-Blanc ». « C’est la volonté du peuple », a-t-il argué.

– « Faire chuter Netanyahu » –

Mais une grande question demeure: qui pourra diriger cet éventuel gouvernement de coalition?

La « Liste unie » des partis arabes israéliens d’Ayman Odeh, devenue la troisième force politique du pays avec 13 sièges, a causé la surprise en répondant: Benny Gantz.

« Sous l’ère Netanyahu, nous sommes devenus non légitimes dans la politique israélienne (…). Nous cherchons donc à empêcher Netanyahu d’être Premier ministre », a déclaré M. Odeh au président Rivlin.

C’est pourquoi « nous recommandons cette fois Benny Gantz pour former le prochain gouvernement », a-t-il ajouté.

Il s’agit de la première fois depuis 1992 que des partis majoritairement arabes soutiennent un candidat au poste de Premier ministre en Israël.

A l’époque, ils avaient soutenu Yitzhak Rabin, assassiné trois ans plus tard par un extrémiste juif opposé aux accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo.

« Aujourd’hui, nous écrivons l’histoire: nous ferons tout ce qui est nécessaire pour faire chuter Netanyahu », a renchéri Ahmad Tibi, un cadre de la Liste arabe unie.

Cet appui des partis arabes ne permet pas pour l’instant à Benny Gantz de franchir le seuil des 61 députés.

Mais il envoie un message clair au président que la troisième force politique du pays ne souhaite pas voir M. Netanyahu comme chef d’une éventuelle coalition incluant, entre autres, le Likoud et « Bleu-blanc ».

Le Likoud a aussitôt dénoncé ce soutien à Benny Gantz, affirmant qu’il était « interdit qu’un gouvernement puisse se former en se basant sur les partis arabes opposés à l’Etat d’Israël ».

– Les « ennemis » arabes –

L’autre personnage clé de ce dimanche a été Avigdor Lieberman. Cet ancien ministre de la Défense et ex-allié de M. Netanyahu a fait le choix du non-choix.

Le chef de la formation nationaliste laïque Israel Beitenou avait mené sa campagne électorale contre les partis juifs ultra-orthodoxes, alliés traditionnels du Premier ministre sortant, auxquels il reproche de vouloir transformer Israël en théocratie juive.

« Nous ne ferons pas partie du bloc avec les haredim (juifs ultra-orthodoxes, NDLR) et les messianistes. Nous ne recommanderons pas Netanyahu au président pour cette raison », a déclaré M. Lieberman lors d’une conférence de presse avant sa rencontre avec Reuven Rivlin.

Et « nous ne pouvons pas recommander Benny Gantz qui envisage un gouvernement soutenu par la liste arabe », a-t-il ajouté. « Les haredim sont nos adversaires politiques, mais les Arabes sont nos ennemis », a-t-il asséné.

M. Lieberman souhaite former un gouvernement d’union avec le parti « Bleu-blanc » de M. Gantz et le Likoud de M. Netanyahu mais a ainsi refusé, du moins pour l’instant, de soutenir l’un ou l’autre de ces ténors pour diriger le gouvernement.

Pour Benjamin Netanyahu, l’issue de ces consultations engage sa survie politique. Après avoir joué son va-tout mardi dernier, il risque de perdre la mise pour une rare fois dans sa longue carrière politique.

Ces tractations sont d’autant plus cruciales pour lui qu’il doit être auditionné par la justice début octobre pour des affaires de « corruption », « d’abus de confiance » et de « malversations ».

Le « roi Bibi » cherche à obtenir une immunité du Parlement au cas où il serait inculpé, mais cette immunité pourrait être plus difficile à obtenir des parlementaires s’il ne dirige pas le prochain gouvernement.

Tensions dans le Golfe: l’Iran avertit qu’en cas d’attaque, la guerre n’aura pas lieu sur son sol

Le chef des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, a prévenu samedi que tout pays qui attaquerait l’Iran verrait son territoire devenir le « principal champ de bataille », au lendemain de l’annonce de l’envoi de renforts militaires américains dans le Golfe.

« Quiconque veut que sa terre devienne le principal champ de bataille, allez-y », a dit le général de division Hossein Salami en conférence de presse à Téhéran, une semaine après des attaques sur des installations pétrolières saoudiennes revendiquées par les rebelles yéménites mais attribuées à Téhéran par Ryad et Washington.

« Le président a approuvé le déploiement de forces américaines, qui seront défensives par nature », a annoncé vendredi le ministre américain de la Défense Mark Esper, estimant que les attaques du 14 septembre « représentent une escalade spectaculaire de l’agression iranienne ».

Ces attaques, qui ont réduit la production de pétrole saoudienne et entraîné une flambée des prix de l’or noir, ont ravivé les craintes d’un affrontement militaire entre les Etats-Unis et l’Iran. En juin, la destruction d’un drone américain par l’Iran avait déjà fait craindre une escalade.

« Nous ne permettrons jamais qu’une guerre empiète sur le territoire de l’Iran », a ajouté le général Salami lors de l’inauguration d’une exposition au Musée de la Défense sacrée et de la Révolution islamique, dédiée aux drones que l’Iran dit avoir capturés.

Des débris du RQ-4 Global Hawk abattu en juin et le missile iranien utilisé pour l’abattre ainsi qu’un RQ-170 Sentinel intact capturé en 2011 ont été dévoilés.

« Que font vos drones dans notre espace aérien? Nous les abattrons », a dit le général, affirmant que l’Iran avait vaincu la « domination technologique américaine ».

« Nous espérons qu’ils ne feront pas d’erreur stratégique » comme par le passé, a ajouté le général iranien, avant d’énumérer une série d' »aventures » historiques des Etats-Unis contre l’Iran et d’indiquer que son pays était « prêt à tous les types de scénario ».

– « Retenue » –

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a lui affirmé jeudi qu’une riposte saoudienne ou américaine en Iran entraînerait une « guerre totale », précisant toutefois que son pays ne voulait pas la guerre mais se défendrait si besoin.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait qualifié mercredi les attaques d' »acte de guerre » mais affirmé le lendemain que son pays privilégiait une « solution pacifique ».

Publiquement, le président américain Donald Trump s’est montré de moins en moins enclin à des représailles militaires.

« Il n’y a jamais eu de pays plus préparé », a-t-il prévenu vendredi. « Ce serait la solution de facilité pour moi », « frapper 15 sites majeurs en Iran (…) Mais ce n’est pas ce que je privilégie, si possible », a-t-il enchaîné, ventant les mérites de la « retenue ».

Contre toute attente, les rebelles yéménites Houthis ont eux aussi adopté une attitude moins belliqueuse en annonçant vendredi soir envisager l’arrêt de toutes les attaques contre l’Arabie saoudite pour mettre fin à un conflit de cinq ans au Yémen, après avoir menacé ces derniers jours de lancer de nouvelles attaques contre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

– « Options militaires » –

Le déploiement de renforts américains est « une première mesure en réponse à ces attaques » à la demande « de l’Arabie et des Emirats », a ajouté M. Esper.

Le nombre exact des troupes et l’équipement envoyés n’ont pas été décidés, mais il s’agira d’un déploiement « modéré », qui ne se comptera pas en milliers, selon l’état-major américain.

« Parfois, ils parlent d’options militaires », a déclaré le général Salami, avertissant qu’une « agression limitée ne resterait pas limitée » puisque l’Iran serait catégorique dans sa réponse.

Les tensions entre les deux pays n’ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.

Vendredi, Donald Trump a annoncé de nouvelles sanctions sur le secteur bancaire iranien, notamment contre la Banque centrale. « Cela signifie qu’il n’y aura plus d’argent qui ira aux Gardiens de la révolution (…) pour financer le terrorisme », a assuré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Selon M. Zarif, à New-York avant l’Assemblée générale de l’ONU, cela montre que « les Etats-Unis tentent de bloquer aux Iraniens l’accès à la nourriture et aux médicaments ».

Ces nouvelles sanctions montrent que les Etats-Unis sont « désespérés » et que « leur politique de pression maximale (contre l’Iran) a atteint sa fin », a-t-il dit, selon l’agence semi-officielle Isna.

burx-amh-dv/mdz/on

Trois iPhone et deux plateformes de divertissement: les principales annonces d’Apple

Une nouvelle gamme d’iPhone avec des objectifs sophistiqués, une nouvelle génération d’iPad et de montre connectée Apple Watch, ainsi que des précisions sur le lancement des nouvelles plateformes de jeux vidéo et de streaming vidéo: pour sa rentrée, Apple joue la carte des améliorations techniques et des prix contrôlés, voire cassés.

Le point sur les annonces du géant californien des technologies :

– Double ou triple caméra pour les iPhone –

Apple a présenté l’iPhone 11, décliné en 3 versions, comme les variantes de l’iPhone X, dénommées XS, XS Max et XR et sorties en 2018.

Cette nouvelle gamme inaugure pour la marque à la pomme l’ère des objectifs multiples. L’iPhone 11 comporte deux caméras à l’arrière de 12 mégapixels, large et ultra-large, qui permettent de dézoomer pour agrandir le cadre des photos en fonction du paysage ou des protagonistes. A l’avant, le capteur préféré des amateurs de selfies comporte désormais un mode « ralenti ».

Les modèles « Pro » comportent trois objectifs à l’arrière: large, ultra-large et un téléobjectif. Ils offrent la possibilité de tourner des vidéos en 4K.

Tous les nouveaux appareils fonctionnent grâce à la nouvelle puce « A13 Bionic », un microprocesseur qui fournit une puissance de calcul décuplée pour plus de rapidité et de haute définition pour les vidéos et jeux vidéo, ou encore les effets de réalité augmentée. Les batteries auront moins souvent besoin d’être rechargées et les écrans résisteront mieux aux chocs et à l’eau.

Le modèle de base (qui mesure 6,1 pouces en diagonale, soit 15,4 cm environ) sera vendu à partir de 699 dollars, contre 749 pour le modèle le moins cher l’année dernière. Les appareils haut de gamme, les iPhone 11 Pro (12,7 cm) et 11 Pro Max (16,5 cm) commenceront à 999 et 1.099 dollars, comme leurs prédécesseurs. Les clients pourront les précommander le 13 septembre, pour des livraisons à partir du 20 septembre.

Contrairement à son habitude, la firme a rappelé que ses anciens modèles sont toujours en vente à des prix de milieu de gamme, à partir de 449 dollars pour l’iPhone 8 et 599 dollars pour l’iPhone XR.

Pour la 5G (déjà disponible chez Samsung), il faudra attendre 2020 et la marque à la pomme ne s’est pas lancée dans les écrans pliables.

– Des accessoires toujours plus connectés –

Les nouvelles tablettes d’Apple sont censées fonctionner « deux fois plus vite » que les meilleurs PC sur le marché, d’après le groupe.

Le nouvel iPad de base, en vente à partir du 30 septembre, coûtera 329 dollars, un prix inférieur à celui de la nouvelle Apple Watch (montre connectée), qui démarre à 399 dollars. Elle peut déjà être commandée.

Ces deux mini ordinateurs sont fabriqués à 100% en aluminium recyclé, a précisé la firme de Cupertino.

La septième génération de l’iPad sera dotée d’un nouveau système d’exploitation dédié aux tablettes d’Apple, baptisé « iPad OS ».

Quant à la montre de cinquième génération, elle ne s’éteindra plus, grâce (ou à cause) de son écran « Always-On », afin de toujours voir l’heure, et sa batterie durera désormais 18 heures. Elle comporte de nouvelles fonctionnalités liées à la santé des utilisateurs, comme des informations sur les dangers du niveau sonore dans les lieux bruyants comme les concerts, ou la possibilité pour les femmes de surveiller leur cycle menstruel pour déterminer leur période de fertilité.

Les Apple Watch de la troisième série sont désormais en vente à partir de 199 dollars.

– Honneur au divertissement –

Sa date de sortie était très attendue: la plateforme de streaming vidéo Apple TV+ sera disponible dans 100 pays à partir du 1er novembre, quinze jours avant celle de Disney.

Les clients devront débourser moins de 5 dollars par mois (pour toute la famille), un prix quasiment moitié moins cher que celui de l’abonnement de base de Netflix, et deux dollars en-dessous de celui de Disney+.

Un abonnement d’un an sera en outre offert en prime de tout achat d’iPhone, iPad ou Mac (ordinateur de la marque).

Apple inaugure ainsi une offre combinée, pour encourager ses adeptes à rester dans son écosystème aussi bien pour les appareils que pour les services de la vie quotidienne (paiements, divertissement, etc).

En termes de contenus originaux, l’offre sera limitée dans un premier temps, mais le groupe a promis d’ajouter de nouvelles productions originales tous les mois.

Les abonnements à Apple Arcarde, la plateforme de jeux vidéo, coûteront aussi 4,99 dollars par mois pour une famille, à partir du 19 septembre. La centaine de titres disponibles seront exclusifs à Apple, et ne pourront être joués que sur des appareils de la marque.

George Clooney appelle à combattre les réseaux de corruption au Soudan du Sud

L’acteur américain George Clooney a appelé jeudi la communauté internationale à « intervenir » contre la corruption au Soudan du Sud, dénonçant les liens qui unissent multinationales, magnats, gouvernements étrangers et officiels du pays.

Présentant à Londres un rapport de l’ONG anticorruption The Sentry, qu’il a cofondée, George Clooney a exhorté les Etats-Unis et l’Union européenne à sanctionner les responsables de la corruption et leurs réseaux dans ce pays.

« Je pense qu’ils (Etats-Unis et UE) devrait faire beaucoup plus. Je ne sais pas s’ils peuvent la stopper (la corruption), mais ils peuvent sûrement la rendre plus difficile », a-t-il plaidé lors d’une conférence de presse à Londres, à laquelle assistait son épouse Amal, avocate spécialiste des droits de l’homme.

Dans un rapport de 64 pages, intitulé « La prise du Soudan du Sud », l’ONG américaine accuse un certain nombre d’hommes d’affaires et de multinationales d’être des « profiteurs de guerre » complices de politiciens et militaires sud-soudanais en « ravageant la plus jeune nation du monde ».

« Parmi ces profiteurs, figurent des géants pétroliers chinois et malaisiens, des magnats britanniques et des businessmen américains, et sans leur soutien, les atrocités ne seraient jamais survenues à une telle échelle », a souligné Clooney, engagé de longue date contre les crimes de guerre au Darfour (ouest du Soudan).

Plus jeune État au monde, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, deux ans après son indépendance, lorsque le président sud-soudanais Salva Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.

L’enquête de The Sentry reproche notamment à Dar Petroleum Corp, le plus large consortium pétrolier international au Soudan du Sud – dirigé par une compagnie d’Etat chinoise – d’apporter « un soutien direct à des milices meurtrières ».

Ni le consortium en question, ni le gouvernement sud-soudanais, sollicités par l’AFP, n’ont voulu faire de commentaire, affirmant ne pas avoir lu le rapport.

« Presque chaque cas de corruption confirmée ou présumée au Soudan du Sud examiné par The Sentry implique des liens avec une entreprise internationale, une banque multinationale, un gouvernement étranger ou un agent immobilier haut de gamme à l’étranger », relève le rapport.

George Clooney a lancé en 2015 l’ONG The Sentry – constitué d’experts financiers, d’avocats, d’ex-policiers et de journalistes d’investigation – avec l’ancien haut fonctionnaire et militant des droits de l’homme John Prendergast.

A Madagascar, les églises évangéliques promettent le paradis sur terre

Avec leur voile blanc et leur tunique bleue, Lova et Pascaline ressemblent à s’y méprendre à des religieuses. Il y a quelques années, ces mères de famille ont rompu avec le catholicisme pour revêtir l’uniforme d’une des principales églises évangéliques de Madagascar.

« L’église de l’Apocalypse m’a sauvée. Mes douleurs ont disparu », témoigne aujourd’hui Lova Nirina Raveloarisoa, 45 ans. « L’Apocalypse m’a soutenue au décès de mon fils », renchérit son amie, Pascaline Raharimalala, 34 ans.

En ce dimanche, toutes les deux participent à un séminaire réservé aux femmes organisé par Aurella Mailhol, l’épouse du pasteur André Mailhol, fondateur de l’église de l’Apocalypse.

Des centaines sont réunies dans un amphithéâtre en plein air à Antananarivo. Une marée humaine blanche et bleue, les couleurs que « Dieu nous a révélées », explique le pasteur Mailhol, 59 ans, en costume immaculé, comme ses chaussures.

A Madagascar, pays majoritairement chrétien où le pape François est arrivé vendredi, Dieu est partout.

Dans les églises traditionnelles (catholique, protestante, anglicane…), dans les mosquées et aussi dans les églises évangéliques qui fleurissent, comme sur tout le continent, et attirent de nombreux chrétiens.

Le pasteur Mailhol fut lui-même catholique avant de fonder en 1996 son église, qui prêche une version rigoriste de la Bible. « En 1991, j’ai reçu un appel de Dieu pour devenir le messager du livre de l’Apocalypse », raconte l’ancien vendeur de rue.

Il est aujourd’hui à la tête d’une des plus grandes églises du renouveau spirituel à Madagascar. Il revendique 1,5 million de fidèles et un millier d’églises.

Les chiffres sont impossibles à vérifier. Mais en 2018, alors candidat à la présidentielle, il est parvenu à réunir 60.000 personnes dans un stade de la capitale. Il a fait à peine mieux dans les urnes en recueillant… 63.000 voix (1,27%).

– Dîme –

Le séminaire de ce dimanche est consacré à l’éducation des femmes. Studieuses, les fidèles prennent des notes comme autant de bons conseils.

« Dans les boîtes de nuit, les démons plantent les graines de la discorde », « Faites attention au café, ça donne des maladies comme la tremblote », « Il ne suffit pas d’interdire à un enfant d’utiliser un couteau, il faut lui expliquer pourquoi ».

Après trois heures de leçon, place au spectacle puis à la quête.

« On va faire quelques offrandes car la location de cet amphithéâtre n’est pas gratuite », annonce Aurella Mailhol. « Il ne faut pas se présenter devant Dieu les mains vides. »

Lova Nirina Raveloarisoa, la couturière, et Pascaline Raharimalala, la commerçante, obtempèrent. Chaque mois, elles versent au moins un dixième de leur salaire à leur église.

« La dîme, c’est écrit dans la Bible. Avec, on peut espérer la bénédiction de Dieu. Vous recevez en fonction de ce que vous donnez », assure Lova Nirina Raveloarisoa, qui gagne l’équivalent de 125 euros par mois.

La veille, le pasteur Mailhol a prêché devant des centaines de croyants réunis dans la banlieue d’Antananarivo. Au pied de son estrade, quatre grandes corbeilles, dont une destinée à la construction de « la plus grande église d’Afrique ».

« En l’an 2004, j’ai reçu un message de Dieu de construire la plus grande église d’Afrique », explique le pasteur Mailhol. Des travaux gigantesques ont débuté près de la capitale. Le bâtiment doit accueillir 30.000 fidèles, si le budget est bouclé.

– ‘Miracles’ –

Le pasteur se défend d’exploiter ses fidèles. « Avec la dîme », qui n’est pas obligatoire insiste-t-il, « les gens reçoivent la bénédiction de Dieu. En versant à l’Etat 20% d’impôts, qu’est-ce qu’ils reçoivent ? La pauvreté. »

Madagascar pointe parmi les Etats les plus pauvres au monde.

« Le pasteur s’adapte aux gens », se réjouit Pascaline Raharimalala. « Ici, on danse, on bouge. Chez les catholiques, on se lève juste », complète son amie. Et « l’église de l’Apocalypse fait des miracles », ajoute la première.

A la fin de son prêche, les fidèles se pressent devant le pasteur qui impose les mains et bénit de l’eau. Une mère vient lui présenter ses deux enfants atteints de paludisme.

« Dieu est un médicament pour ceux qui ont la foi », assure le pasteur, concédant toutefois avoir fait vacciner ses enfants. « Avec la prière, beaucoup de femmes ont guéri du cancer du sein. »

L’archevêque d’Antananarivo Odon Arsène Razanakolona ne s’inquiète pas outre mesure du succès de ces nouvelles églises.

« Les églises catholiques ne désemplissent pas », assure le prélat, qui concèdent toutefois certains « manquements », comme une « liturgie assez froide ».

« Les prédicateurs font office de psychologues », explique Paul Rabary, qui enseigne la sociologie politique à l’université d’Antananarivo. « Compte tenu de la pauvreté, du besoin d’être rassurés psychologiquement », ces églises « répondent parfaitement aux besoins des fidèles », ajoute-t-il.

« Les églises traditionnelles promettent le paradis dans l’au-delà. Les églises du réveil spirituel le promettent tout de suite. »

Syrie: Erdogan accueille Poutine et Rohani pour un sommet tripartite

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accueille lundi ses homologues russe et iranien à Ankara pour un nouveau sommet sur la Syrie, qui devrait être dominé par l’offensive du régime de Damas sur le dernier bastion rebelle d’Idleb.

Il s’agit du cinquième sommet entre M. Erdogan, dont le pays soutient l’opposition, et Vladimir Poutine et Hassan Rohani, garants du régime de Damas, depuis 2017.

Mais au moment où la victoire de Bachar al-Assad semble de plus en plus acquise, la priorité pour Ankara est de se prémunir d’un nouvel afflux massif de réfugiés en provenance d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

Malgré des appels à un cessez-le-feu, cette zone, où vivent environ 3 millions de personnes, est sous le coup d’une offensive du régime syrien.

Ankara y dispose, en vertu d’un accord conclu l’année dernière avec Moscou, de douze postes d’observation dont l’un est désormais encerclé par les troupes de Damas.

L’objectif du sommet est d’examiner « les développements en Syrie, à Idleb en particulier, mais aussi les démarches à faire conjointement dans la période à venir pour la cessation du climat de conflit, la mise en œuvre des conditions nécessaires pour le retour volontaire des réfugiés et l’instauration d’une solution politique », a déclaré la présidence turque dans un communiqué.

Des bombardements sporadiques se poursuivent à Idleb, malgré un fragile cessez-le-feu décrété le 31 mars, à l’issue de quatre mois de bombardements du régime et de l’allié russe qui ont tué, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus de 960 civils.

« Dans cette zone, un grand nombre de terroristes sont toujours présents (…), et des combattants continuent de tirer sur les positions des forces gouvernementales », a déclaré vendredi le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Affirmant qu’une grande partie des problèmes de la Syrie ont été résolus, M. Rohani a également mentionné, avant de s’envoler pour Ankara dimanche, Idleb comme l’un des principaux enjeux de ce sommet.

– « Questions non résolues » –

Il a également évoqué l’est de l’Euphrate, où la Turquie a conclu avec les Etats-Unis un accord y prévoyant la mise en place d’une zone tampon qui séparerait la frontière turque des zones syriennes contrôlées par une milice kurde, appuyée par Washington mais considérée comme « terroriste » par Ankara.

L’un des objectifs de cette « zone de sécurité » pour Ankara est de pouvoir y renvoyer certains des plus de 3,6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie.

Moscou souhaite avancer sur la création d’un comité constitutionnel chargé de la rédaction de la constitution pour l’après-guerre.

Cela accorderait à M. Poutine une victoire politique à ajouter à ses victoires militaires, estime Dareen Khalifa, analyste à l’International Crisis Group.

Elle appelle toutefois à ne pas trop attendre de la rencontre des trois dirigeants.

Même s’ils réussissent à se mettre d’accord sur la composition du comité, « cela laisse de nombreuses questions non résolues sur l’avenir du processus politique, y compris la capacité et la volonté du régime d’entreprendre toute forme de réforme politique », ajoute Mme Khalifa.

Les trois dirigeants auront également des entretiens bilatéraux avant le sommet, qui se terminera avec une conférence de presse au cours de laquelle il doivent présenter une déclaration commune.

Le régime Assad a reconquis environ 60% du territoire avec l’appui militaire de Moscou, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Outre le secteur d’Idleb, les vastes régions aux mains des forces kurdes lui échappent dans l’est du pays.

Lacrymogènes et cocktails Molotov: Hong Kong plonge dans de nouvelles violences

Hong Kong a plongé dimanche soir dans de nouvelles violences, la police ayant recours aux lacrymogènes et canons à eau contre des militants pro-démocratie qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov lors d’une manifestation interdite.

Des dizaines de milliers de personnes avaient bravé cet interdit pour descendre à nouveau dans les rues et se répandre dans les artères allant de Causeway Bay à Central, les quartiers du centre de l’île de Hong Kong.

Et, dans un spectacle devenu très courant en plus de trois mois de contestation, le rassemblement a dégénéré en violences entre policiers et groupuscules radicaux qui tentaient de s’en prendre au complexe abritant le siège de l’exécutif.

Les forces de l’ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et les canons à eau ont projeté leur liquide coloré en bleu sur les manifestants qui avaient lancé des pierres et des cocktail Molotov par-dessus les barrières érigées autour du complexe gouvernemental.

L’ex-colonie britannique traverse depuis précisément 99 jours sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions et manifestations quasi-quotidiennes pour demander des réformes démocratiques ou dénoncer une riposte policière jugée brutale par les contestataires.

– « Déçu par la Grande-Bretagne » –

Cette mobilisation est un défi sans précédent pour le gouvernement central chinois et pour l’exécutif hongkongais.

Conformément à la Déclaration sino-britannique de 1984 qui avait présidé à la rétrocession, Hong Kong est une région semi-autonome dirigée sous le principe « Un pays, deux systèmes », et jouit à ce titre de libertés inconnues dans le reste de la Chine, et ce jusqu’en 2047.

Mais les militants pro-démocratie accusent Pékin de s’asseoir sur ses promesses en augmentant son emprise politique sur le petit territoire et en refusant de lui accorder un véritable suffrage universel.

Avant que le centre-ville ne replonge en fin de journée dans le chaos, des manifestants s’étaient rassemblés aux abords du consulat de Grande-Bretagne pour demander à Londres d’en faire davantage pour protéger les habitants de son ancienne colonie.

Des centaines de personnes ont chanté l’hymne britannique en brandissant l' »Union Jack » ainsi que la bannière de l’ancienne colonie hongkongaise.

« Je suis plutôt déçu du fait que la Grande-Bretagne n’ait rien fait pour nous soutenir », confiait à l’AFP Alex Leung, un manifestant.

« La Déclaration commune sino-britannique est NULLE », pouvait-on lire sur une pancarte.

– Nationalité britannique –

Plusieurs manifestants demandaient la possibilité d’obtenir la nationalité britannique ou d’un autre pays du Commonwealth.

Des centaines de milliers de Hongkongais ont obtenu avant ou après la rétrocession un passeport particulier émis par Londres et réservé aux « citoyens britanniques de l’étranger » (« British National Overseas », BNO), un titre qui facilite les entrées en Grande-Bretagne mais ne donne aucun droit de travail ou de résidence.

« Au moins, avec la citoyenneté pleine et entière, ils pourraient protéger les Hongkongais face au gouvernement chinois », a déclaré Anthony Chau, un manifestant titulaire d’un passeport BNO.

Environ 130 parlementaires britanniques ont signé cette semaine une lettre ouverte appelant la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth à accueillir les Hongkongais qui souhaiteraient émigrer.

La crise est née en juin du rejet d’un projet de loi hongkongais, désormais enterré, qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Pékin a plusieurs fois accusé cette mobilisation d’être en fait financée par des capitaux étrangers, en montrant du doigt la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, mais sans étayer ses dires.

– Sensibiliser l’étranger –

La Grande-Bretagne est de son côté sur la corde raide. Elle a à coeur de préserver sa relation avec la puissance économique qu’est la Chine, en particulier dans le contexte très incertain du Brexit.

Mais elle a également fait part de ses préoccupations quant à l’évolution récente de son ex-colonie, en expliquant avoir l’obligation de veiller au respect de la Déclaration sino-britannique.

« La Déclaration conjointe est un traité légalement contraignant entre la Grande-Bretagne et la Chine qui est aussi contraignant aujourd’hui que quand il a été signé et ratifié il y a plus de 30 ans », avait observé en juin une porte-parole du Foreign Office.

Les manifestants hongkongais ont ces derniers temps intensifié leurs efforts pour sensibiliser la communauté internationale.

Figure du « Mouvement des parapluies » de 2014, Joshua Wong est actuellement aux Etats-Unis, où il a appelé le président Donald Trump à inclure une clause sur les droits humains dans ses négociations commerciales avec la Chine. Il a rencontré il y a quelques jours le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

Bouar, creuset d’une armée centrafricaine qui tente de se reconstruire

Un frisson parcourt les broussailles. Trois crânes rasés en surgissent, coiffés d’une couronne de feuillages, fusil d’assaut en main. La section du lieutenant Stéphane progresse à pas de guépard entre les hautes herbes. Arrivés à un carrefour, chacun prend position, canons pointés vers un ennemi imaginaire.

« Décale-toi un peu, là, tu vois rien ! », souffle un militaire français à un soldat allongé le nez dans l’herbe. Cela fait seulement deux mois que les nouvelles recrues des Forces armées centrafricaines (Faca) ont entamé leur formation avec la mission d’entraînement de l’Union européenne (EUTM) à Bouar, dans l’ouest de la Centrafrique.

Evidemment, tout n’est pas encore au point. « Mais on les sent motivés, il y a beaucoup de progrès », se réjouit le colonel Bruno, un Français qui commande la branche entraînement de l’EUTM, d’une voix posée qu’entrecoupent le son des rafales des kalachnikov AK47 en provenance du champ de tir tout proche.

Formateurs français et recrues centrafricaines sont ici en terrain connu: le camp Leclerc de Bouar était une base militaire française jusqu’en 1996. Depuis sa rétrocession à l’Etat centrafricain, le pays a connu deux guerres civiles et une succession de violences dont témoignent encore des ruines envahies par la végétation et des murs criblés d’impacts.

Mais après des années d’abandon et la signature d’un accord de paix entre le gouvernement et 14 groupes rebelles le 6 février dernier, le camp Leclerc et les Faca amorcent leur renaissance.

Au bord de la place d’armes, les ruines ont laissé place à des casernes flambant neuves et à une armurerie bâtie aux normes internationales, prérequis indispensable à l’assouplissement de l’embargo sur les armes imposé au pays, voté jeudi par l’ONU. Fin juin, un premier détachement de 508 recrues a pris ses quartiers au camp Leclerc pour entamer sa formation avec l’EUTM.

– 70% aux mains des rebelles –

Au total, l’Union européenne a investi 15 millions d’euros pour le retour de l’armée centrafricaine à Bouar: la ville doit accueillir la première véritable base militaire permanente des Faca hors de la capitale, Bangui, depuis le début, en 2013, de la guerre civile qui ravage le pays. Un symbole du rétablissement de l’autorité de l’Etat dans un vaste pays toujours contrôlé à 70% par les groupes rebelles.

« Bouar doit servir d’exemple » explique le capitaine Bétibangui, commandant du centre de formation, dans son bureau fraîchement repeint, au mur orné de deux sagaies entrecroisées. Toutefois, il faudra plus qu’un ravalement de façade pour que l’armée centrafricaine se substitue aux Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), censée stabiliser le pays et protéger ses populations depuis 2015.

Longtemps minées par les divisions, la mauvaise gestion et le népotisme, les Faca sont plus célèbres pour leurs retentissantes débâcles que pour leurs succès militaires. En 2013, une coalition de groupes armés promusulmans avait fondu sur Bangui pour renverser le régime du président François Bozizé sans que les Faca n’opposent de véritable résistance.

Aujourd’hui, la nouvelle armée se veut à l’image d’un pays qui tente de réconcilier ses communautés : « Ici, nous avons des chrétiens, des musulmans qui sont tous des frères d’armes et qui vivent ensemble », s’enorgueillit le capitaine Bétibangui.

– Un salaire régulier –

Officiellement, plus questions de dissensions. Dans la section du lieutenant Stéphane, tout le monde porte le même treillis, modèle français. Et à l’instar de Bokpo, jeune recrue de 19 ans qui figure parmi les 13% de femmes engagées dans les Faca, tout le monde tient à peu près le même discours : « Je me suis engagée pour défendre mon pays ».

« L’armée, c’est une vocation », rappelle à la troupe le lieutenant Stéphane, un officier centrafricain aguerri qui arbore fièrement l’insigne des commandos à la poitrine.

Dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde où les Faca représentent l’une des rares opportunités de salaire régulier pour les jeunes peu qualifiés, la fibre militaire fait parfois défaut chez les engagés. Un phénomène longtemps aggravé par un processus de recrutement opaque, entaché d’accusations de favoritisme ethnique et familial, et sur lequel la Minusca opère un contrôle relatif depuis 2019.

Alors, le lieutenant se veut optimiste, et croit en ses nouvelles recrues. « Si je retrouve l’un d’eux dans un groupe armé, je serai vraiment déçu », confie-t-il. Une manière de rappeler l’ampleur du chantier qui attend l’armée centrafricaine, toujours sous-financée et privée de matériel lourd par l’embargo international.

Trump-Biden, duel épique en perspective

L’un est un homme blanc septuagénaire dont les gaffes à répétition suscitent des interrogations sur sa capacité à diriger. L’autre est un homme blanc septuagénaire dont les outrances sont si nombreuses que plus personne n’y prête vraiment attention.

L’affrontement annoncé entre Joe Biden et Donald Trump lors de la présidentielle de 2020 pourrait susciter une solide dose de perplexité, et probablement quelques moments comiques.

Figure incontournable de Washington depuis un demi-siècle, Joe Biden a fait tant de faux-pas au fil des ans qu’il en a, en habile politique, fait une marque de fabrique, le signe d’un élu humain, chaleureux, sans filtre.

Mais à 76 ans, visiblement affaibli, l’ancien sénateur qui fait la course en tête dans la primaire démocrate, se trouve face à un vrai défi. Ses moindres faits et gestes sont désormais scrutés avec une attention renouvelée.

Nombre d’analystes ont estimé qu’il s’en était plutôt bien tiré jeudi soir lors du troisième débat démocrate à Houston.

La soirée ne fut pas pour autant sans accrocs: erreurs de syntaxe, références un peu confuses, expressions alambiquées et bizarreries. Comme lorsque, évoquant sa femme actuelle et la précédente, il déclarait: « Je suis marié à une enseignante, ma femme décédée est une enseignante ».

Si Joe Biden n’est pas toujours d’une clarté exemplaire, que dire de la rhétorique de l’homme qu’il espère remplacer dans le Bureau ovale ?

Parfois, les étranges remarques des deux hommes se répondent de façon surprenante.

M. Biden a suscité la surprise jeudi soir lorsqu’il exhorté les Américains, au milieu d’une réponse tout en contorsions, à « toujours avoir leur tourne-disque allumé le soir ».

Quelques heures plus tôt, M. Trump avait fait sa propre référence à une technologie d’une autre époque en expliquant aux journalistes qu’il ne pourrait pas regarder le débat en direct mais qu’il s’assurerait de pouvoir la regarder « sur cassette ».

– « Teint orange » –

Si M. Trump, 73 ans, doté d’une indéniable énergie physique, ne semble pas montrer les mêmes signes de fatigue que le candidat démocrate, ses déclarations à l’emporte-pièce et ses provocations sur Twitter n’ont rien de présidentielles.

Au moment où les candidats démocrates s’affrontaient face aux caméras à Houston, au Texas, le milliardaire républicain prononçait un discours de 68 minutes devant des élus de son parti à Baltimore.

Délaissant régulièrement les téléprompteurs, comme il en a l’habitude, il a longtemps ironisé sur les énergies renouvelables avant de raconter, amusé, que les ampoules à économie d’énergie n’étaient pas bonnes car elles lui donnaient « un teint orange ».

A l’issue d’une longue tirade sur les conséquences selon lui catastrophiques du « Green New Deal », plan environnemental proposé par les démocrates, il a de nouveau ironisé: « Plus de vaches, plus d’avions… et j’imagine plus d’humains ».

Dans un enchaînement étonnant, il a ensuite décoché une pique à Kevin McCarthy, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants. « Kevin est comme une vache mais en plus petit ».

L’audience, loyale, a ri, mais Donald Trump, réalisant sans doute l’incongruité de ses propos, a tenté de rectifier le tir. « Il fallait que je trouve quelqu’un pour cette blague Kevin et je suis tombé sur ta formidable bouille… »

La campagne présidentielle 2020 pourrait être pleine de moments d’humour. Pas toujours faciles à comprendre. Et surtout pas toujours intentionnels.

Centrafrique: l’ONU approuve un premier allègement de l’embargo sur les armes

Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé jeudi à l’unanimité un premier allégement de l’embargo sur les armes décrété en 2013 pour la Centrafrique, une demande de longue date de ce pays pour mieux combattre les groupes armés.

Rédigée par la France, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité autorise « la fourniture d’armes ayant un calibre de 14,5 mm ou moins » aux forces de sécurité centrafricaines moyennant une notification préalable d’au moins 20 jours à l’ONU.

Celle-ci doit inclure une série de paramètres, comme l’obligation de détailler les armes fournies, les moyens utilisés pour les acheminer ou la précision de leur destination finale. En aucun cas, elles ne pourront être revendues ou transférées à des tiers, précise le texte.

A ce stade, l’assouplissement de l’embargo reste « léger », note un diplomate sous couvert d’anonymat. Une révision du dispositif est possible ultérieurement. « On verra quand on pourra aller plus loin dans l’assouplissement. Le souci c’est qu’il n’y ait pas trop d’armes qui entrent dans le pays, et surtout des armes que l’Etat ne pourrait pas contrôler ». « Il faut aussi que le nombre d’armes livrées corresponde à un besoin réel », ajoute la même source.

« Cette résolution permettra à la République centrafricaine de s’occuper de sa propre sécurité », a estimé devant des médias l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, Nicolas de Rivière. « La France continuera à encourager les autorités centrafricaines à faire leur propre travail en ce qui concerne la mise en œuvre du processus de paix », a-t-il ajouté.

Pour la Centrafrique et la Russie, très présente dans ce pays depuis quelques années, il est possible d’aller beaucoup plus loin dans la levée de l’embargo.

– Nouvel allégement en janvier ? –

La Russie qui a déjà fait deux livraisons d’armes à la Centrafrique et lui apporte une « assistance militaire et technique sans contrepartie financière » prévoit de continuer « à l’avenir à apporter son soutien » à ce pays, a affirmé devant le Conseil de sécurité l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia.

« Les autorités centrafricaines attendent davantage du Conseil de sécurité dont un nouvel allégement de l’embargo sur les armes », a-t-il ajouté. « Nous pensons qu’ils ont toutes les raisons d’attendre cela », a précisé le diplomate russe. Il a estimé qu’un nouvel assouplissement de l’embargo pourrait intervenir en janvier lors d’une prochaine discussion attendue ce mois-là sur le régime des sanctions imposé à la Centrafrique.

Ce pays de 4,5 millions d’habitants est classé parmi les plus pauvres au monde, a basculé dans la violence et le chaos en 2013, après le renversement du président François Bozizé par la rébellion de la Séléka.

Dans ce pays où l’Etat ne contrôle qu’une maigre partie du territoire national, les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources (diamants, or, bétail…).

Depuis 2013, l’embargo sur les armes était total pour la Centrafrique même s’il a bénéficié depuis 2017 de quelques exemptions accordées par l’ONU, notamment à la Russie et à la France, pour équiper des unités de l’armée centrafricaine en voie de reconstitution.

L’ONU maintient en Centrafrique une force de paix de quelque 13.000 Casques bleus. Début février, Bangui a conclu un accord de paix avec quatorze groupes armés qui a débouché sur la formation d’un nouveau gouvernement incluant des représentants de ces groupes.

Voile islamique: possible sortie de crise pour une école catholique de Dakar

Les autorités sénégalaises et une école catholique de Dakar ont trouvé un accord pour clore la controverse qu’a causée ce lycée réputé en refusant d’admettre en classe les élèves musulmanes portant le voile.

Les élèves concernées de l’Institution Sainte-Jeanne-d’Arc (ISJA) retourneront en classe le 19 septembre avec l’uniforme réglementaire requis par l’école, « assorti d’un foulard de dimensions convenables, fourni par l’établissement et qui n’obstrue pas la tenue », a indiqué le ministère de l’Education nationale sur Facebook jeudi après une rencontre avec les représentants du lycée. Les élèves sont au nombre de 22, selon lui.

Une responsable de l’école s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a confirmé les termes de l’accord, sans plus de commentaires.

Sainte-Jeanne-d’Arc est au coeur depuis des mois d’une controverse rare dans ce pays très majoritairement musulman et réputé pour sa tolérance religieuse. La polémique remonte à l’annonce faite au printemps qu’à la rentrée 2019, la tenue réglementaire se composerait de l’uniforme habituel et que filles et garçons devraient avoir la tête découverte.

Au moment de la rentrée la semaine passée, l’école a provoqué la colère de parents dont les filles n’ont pas été admises en classe alors que, pour certaines, elles fréquentaient l’école avec le voile depuis des années selon eux.

Des responsables politiques et religieux musulmans ont dénoncé la décision de l’école. Les manifestations contre l’interdiction devant l’école ont donné lieu à quelques interpellations.

L’école invoque son identité. La règle est la même à travers le monde dans tous les établissements de la Congrégation des soeurs de Saint-Joseph de Cluny dont elle relève, dit-elle. Elle souligne que les parents ont inscrit leurs enfants en connaissance de cause en signant le règlement intérieur.

Sainte-Jeanne-d’Arc compte quelque 1.700 élèves, pour une bonne part enfants de familles aisées ou d’origine étrangère.

Ancienne colonie française, le Sénégal, « République laïque, démocratique et sociale » selon la Constitution, compte plus de 90% de musulmans, qui vivent dans une grande concorde avec le reste de la population, principalement catholique.

Les Sénégalaises sortent généralement tête nue, coiffées d’une perruque à la mode ou d’un foulard aux couleurs éclatantes. Le hijab, qui ne laisse voir que l’ovale du visage et dont l’usage est courant ailleurs dans le monde musulman, reste marginal au Sénégal, où il est porté par des Sénégalaises aux pratiques rigoristes et par des étrangères.

Bahamas: encore 2.500 personnes non localisées après l’ouragan

Quelque 2.500 personnes étaient toujours non localisées mercredi aux Bahamas, plus d’une semaine après le passage de l’ouragan Dorian qui a fait 50 morts, semé le chaos dans cet archipel des Caraïbes et déclenché une marée noire, selon les services de secours.

« A l’heure actuelle, environ 2.500 personnes sont inscrites sur le registre gouvernemental (…) des personnes portées disparues » a déclaré Carl Smith, représentant de l’agence bahaméenne des situations d’urgence (NEMA).

Cette liste n’a « pas encore été comparée aux registres du gouvernement sur les personnes placées dans des refuges ou qui ont été évacuées », a-t-il précisé.

Selon le porte-parole, 5.500 sinistrés ont été évacués des îles d’Abaco et de Grand Bahama, les plus touchées par la tempête de catégorie 5 qui est restée stationnée sur la zone les 1er et 2 septembre et a fait d’énormes dégâts.

Il a noté toutefois une « réduction importante » du nombre de personnes demandant à être évacuées par rapport à mardi.

« Tout le monde est parti, alors qu’ils n’auraient pas dû. Malheureusement, nous avons besoin de beaucoup de bras ici pour travailler » aux réparations, se désolait Rhonda Hull, une avocate d’Abaco. « Mais les gens reviendront ».

Le gouvernement a de nouveau autorisé les vols commerciaux à destination d’Abaco, où l’aéroport avait été rouvert en milieu de semaine dernière. Mais ces vols sont « limités » pour laisser la priorité à l’aide d’urgence et aux évacuations, a dit le porte-parole.

L’ouragan a fait au moins 50 morts, 42 à Abaco et 8 à Grand Bahama, selon un bilan officiel encore provisoire. Les autorités ont souligné que le nombre de victimes devrait augmenter alors que les opérations de recherche de rescapés se poursuivent dans les zones touchées.

« Nous n’allons pas spéculer sur le nombre total », a expliqué Carl Smith, « nous comprenons que les gens soient inquiets et nous le sommes également ».

– Cuves de pétrole transpercées –

Selon lui, 90% des infrastructures ont été endommagés entre Marsh Harbour et Treasure Cay, à 30 km au nord.

Le nord de l’archipel des Bahamas reste plongé dans un grand chaos et la phase d’urgence n’y est pas terminée.

L’ouragan a transpercé deux cuves d’un terminal pétrolier de la société norvégienne Equinor sur l’île de Grand Bahama, provoquant une marée noire. Equinor a assuré dans un communiqué qu’elle nettoierait les zones affectées, mais que « la situation est complexe et difficile, les dégâts sur l’infrastructure ralentissant les secours ».

A Abaco, les installations électriques ont été gravement endommagées et seuls quelques bâtiments comme l’aéroport, la clinique et l’administration locale ont du courant.

La centrale électrique de Marsh Harbour, la ville principale d’Abaco qui comptait plus de 15.000 habitants, « a été complètement détruite », a souligné M. Smith.

Un responsable de la compagnie électrique Bahamas Power and Light a indiqué que l’électricité pourrait revenir d’ici trois semaines dans la partie sud de l’île d’Abaco, peu touchée par l’ouragan. Mais il faudra plusieurs mois pour retrouver une situation normale dans le nord, a-t-il mis en garde.

L’UE donne un visage à sa Défense

La Française Sylvie Goulard est appelée à être le visage de la Défense européenne et de son industrie au sein de la nouvelle Commission européenne si elle passe l’examen de l’audition au Parlement européen.

L’Allemande Ursula von der Leyen, la présidente du prochain exécutif bruxellois qui prendra ses fonctions le 1er novembre, lui a confié mardi la politique industrielle, la gestion des marchés publics et le Fonds Européen pour la Défense (FED) doté de 13 milliards d’euros pour la période 2021-2027.

Elle sera également responsable de la politique spatiale de l’UE. Une Direction Générale a été spécialement créée à cette fin, a précisé Mme von der Leyen.

C’est la première fois qu’un commissaire européen a une attribution en lien avec la Défense, compétence des Etats membres devenue une composante de la politique industrielle de l’UE avec la Commission sortante de Jean-Claude Juncker. Un embryon de FED doté de 500 millions d’euros avait été constitué dans le budget commun.

Mais Sylvie Goulard n’a pas le titre de commissaire à la Défense. Il fallait « éviter d’agiter un chiffon rouge devant les yeux des Américains » très remontés contre l’idée d’une Défense européenne concurrente de l’Otan, a expliqué à l’AFP un responsable européen.

L’objectif affiché par la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne est de « développer des capacités dont elles maîtrisent la technologie ». Des projets communs d’avion de combat et de drone ont déjà été lancés « afin de ne plus dépendre des capacités de l’allié américain », a expliqué la ministre de la Défense française Florence Parly.

La Défense est une compétence régalienne des Etats membres, mais la gestion du FED doit rester au sein de la Commission, car « la recherche et le développement industriels sont des compétences communautaires et il s’agit de l’argent du budget commun », rappelle la Commission.

Mais il n’est pas question pour les pays de l’UE membres de l’Otan de faire concurrence à l’Alliance, a insisté Ursula von der Leyen en présentant les attributions confiées à Sylvie Goulard.

« Il s’agit de permettre aux Etats membres de financer la recherche, de gérer des marchés publics pour les nouveaux systèmes de défense européens », a-t-elle souligné.

« Cela va permettre de renforcer la base industrielle de l’UE », a-t-elle ajouté.

L’argent du FED est pour l’industrie et la recherche. Il ne va pas être utilisé pour lever une armée européenne, insistent les Etats membres.

Sylvie Goulard va devoir démontrer son aptitude pour ce poste à l’occasion de son audition par le Parlement européen avant le vote d’investiture en octobre. Les élus peuvent demander qu’elle soit récusée ou que ses attributions soient revues.

Soupçonnée d’avoir rémunéré sur des fonds européens l’emploi fictif d’un de ses assistants lorsqu’elle était députée européenne, elle est sous le coup d’une enquête de l’office européen de la lutte antifraude (Olaf). Une enquête judiciaire a également été ouverte en France.

Climat et numérique en haut de l’affiche de la nouvelle Commission von der Leyen

L’Environnement à un Néerlandais et le Numérique à une Danoise: l’Allemande Ursula von der Leyen, première femme à diriger la Commission européenne, a dévoilé mardi les portefeuilles des 26 membres de son équipe, dont la priorité est de faire face aux changements climatiques et technologiques.

Au sommet de l’organigramme (avec un commissaire par pays de l’Union, sauf le Royaume-Uni qui doit quitter l’UE fin octobre), cette proche de la chancelière allemande Angela Merkel a placé deux poids lourds, déjà membres de la Commission du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qu’elle doit remplacer le 1er novembre pour 5 ans.

Il s’agit du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans et de la libérale danoise Margrethe Vestager. Ils étaient eux-mêmes candidats à la succession de M. Juncker et donc rivaux de Mme von der Leyen, et seront en charge de dossiers prioritaires, au sein d’une Commission qui compte un nombre record de femmes (13).

M. Timmermans coordonnera les travaux consacrés au « pacte vert » promis par Mme von der Leyen en juillet, pour concrétiser sa promesse de la neutralité carbone à l’horizon 2050 pour l’UE.

– Coup de théâtre –

Mme Vestager, bête noire de la Silicon Valley américaine à qui elle a infligé des amendes records, supervisera l’ensemble des programmes pour adapter l’Europe à l’ère du numérique.

Et coup de théâtre: elle restera commissaire à la Concurrence, une décision inhabituelle puisqu’une règle non écrite veut qu’un ancien commissaire ne puisse pas occuper exactement les mêmes fonctions qu’auparavant.

Au total, l’équipe von der Leyen compte huit anciens de l’équipe Juncker.

Parmi eux, l’Irlandais Phil Hogan a été nommé commissaire européen au Commerce, un poste sensible où il aura la responsabilité de gérer les tensions commerciales avec les Etats-Unis et de négocier un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni après le Brexit. Mme von der Leyen a souhaité que le divorce marque le début de « la nouvelle relation » avec Londres.

Ce membre du PPE (droite, le même parti que Mme von der Leyen) est actuellement commissaire à l’Agriculture, un portefeuille qui l’a conduit à être en première ligne lors des dernières négociations commerciales de l’UE.

Dans le groupe des nouveaux venus, la Française libérale Sylvie Goulard, ancienne eurodéputée et sous-gouverneure de la Banque de France, prend le le portefeuille du Marché intérieur, qui englobe notamment la politique industrielle ainsi que l’industrie de la défense et de l’espace.

– « Présomption d’innocence » –

L’Italien social-démocrate Paolo Gentiloni, ex-Premier ministre, est en charge de l’Economie, à un moment où Rome, qui doit relancer un pays à l’arrêt, espère plus de souplesse de Bruxelles sur ses finances publiques.

Il devra toutefois travailler en collaboration avec le Letton Valdis Dombrovkis (PPE), vice-président chargé de la coordination des politiques économiques. Une constellation qui ressemble peu ou prou à celle de la Commission Juncker, avec à l’époque le socialiste français Pierre Moscovici, qui travaillait déjà conjointement avec M. Dombrovskis.

Le Grec Margaritis Schinas (PPE), originaire de l’un des pays en première ligne dans les arrivées de migrants, va superviser les questions migratoires.

Ce nouvel exécutif européen devra affronter nombre de défis: crise migratoire, tensions commerciales provoquées par l’imprévisible président américain Donald Trump, Brexit, montée du sentiment eurosceptique.

Les négociations sur les postes ont été longues, butant notamment sur les exigences des pays de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) qui souhaitaient voir attribuer davantage de compétences à leurs commissaires respectifs.

Après la présentation mardi de la nouvelle équipe, tous ses membres seront auditionnés par le Parlement européen entre le 30 septembre et le 8 octobre. Par le passé, des prétendants mis sur le gril par les eurodéputés ont été écartés.

Or, dans la nouvelle Commission, certaines désignations ont provoqué des grincements de dents.

L’office européen de lutte antifraude (Olaf), un organisme indépendant, enquête notamment sur Mme Goulard, dans le cadre d’une affaire d’emplois fictifs et sur le Commissaire Polonais, Janusz Wojciechowski, pour « irrégularités présumées concernant le remboursement de frais de voyage ». Interrogée sur la Française, Mme von der Leyen a insisté sur la « présomption d’innocence » et s’est engagée à écouter l’avis de l’Olaf.

Après les auditions, le nouvel exécutif bruxellois doit encore passer le vote d’investiture le 22 octobre, pendant la session plénière à Strasbourg (France).

Sahel: Macron reçoit le Premier ministre malien pour discuter sécurité

Emmanuel Macron a reçu mardi le Premier ministre malien Boubou Cissé pour discuter de la coopération sécuritaire contre les groupes jihadistes, qui poursuivent leurs attaques malgré plus de six ans d’intervention internationale.

En visite officielle en France à l’invitation d’Edouard Philippe, M. Cissé a remercié le chef de l’Etat de son soutien pour le renouvellement du mandat des forces de l’ONU au Mali (Minusma).

« Le combat du Mali contre le terrorisme est aussi le combat de la France et de l’Europe, les soldats français et européens sont des camarades dans un même combat contre le radicalisme inhumain et l’extrémisme violent », a déclaré le Premier ministre malien à l’issue de l’entretien avec M. Macron.

La semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a par ailleurs souhaité un financement par les Nations unies de la force africaine anti-terroriste du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).

Le sommet des pays d’Afrique de l’Ouest samedi au Burkina Faso devrait également appeler à une mobilisation internationale accrue face au jihadisme dans la bande sahélo-saharienne. Les propositions issues de la rencontre de Ouagadougou seront présentées à l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU. Un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes a été signé en 2015, mais les violences se sont propagées du nord au centre du pays, malgré le renforcement, il y a quelques mois, de la présence de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).

Quatorze passagers d’un autocar ont été tués la semaine dernière dans le centre du Mali lors de l’explosion d’une mine artisanale au passage de leur véhicule.

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Pétrole: le géant saoudien Aramco est « prêt » pour une entrée en Bourse, selon son PDG

Le géant pétrolier saoudien Aramco est « prêt pour son introduction en Bourse » mais « la décision relève du gouvernement » saoudien, a déclaré mardi son PDG Amin Nasser, alors que cette opération très attendue a été retardée sur fond de chute des cours.

« L’une des premières activités de cotation (+listing+) sera locale mais nous sommes également prêts pour les étrangères », a ajouté devant la presse M. Nasser, à l’occasion d’un congrès des pays producteurs de pétrole à Abou Dhabi.

Le journal américain Wall Street Journal (WSJ) avait rapporté la semaine dernière qu’Aramco envisageait de faire ses débuts sur le marché intérieur, et que l’entreprise s’introduirait par la suite sur le marché international, citant Tokyo.

Le mastodonte saoudien prévoit de céder environ 5% de l’entreprise d’Etat en 2020 ou 2021 dans ce qui pourrait être la plus importante vente d’actions au monde.

Cette future introduction en Bourse constitue la pierre angulaire d’un programme de réformes initié par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane pour sortir l’économie saoudienne de son ultra-dépendance au pétrole.

La mise sur le marché des 5% d’Aramco doit rapporter quelque 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros), bien que des experts soient sceptiques sur la valorisation globale de la compagnie à 2.000 milliards de dollars (1.811 milliards d’euros).

La difficulté à atteindre la somme souhaitée par Ryad est largement considérée comme la raison du report de l’introduction en bourse, initialement prévue pour 2018.

Au début du mois, Aramco avait déclaré que son bénéfice net du premier semestre de 2019 avait chuté de près de 12% pour s’établir à 46,9 milliards de dollars (42,4 milliards d’euros), en raison de la baisse du prix du brut.

C’était la première fois que l’entreprise publiait des résultats financiers semestriels quelques mois après avoir dévoilé de manière inédite ses comptes en avril, se révélant être l’entreprise la plus rentable au monde.

– « Diversifier l’économie » –

Réunis cette semaine dans la capitale des Emirats arabes unis, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d’autres grands Etats producteurs envisagent de réduire la production pour soutenir des prix.

La chute des cours intervient malgré les précédentes coupes dans la production et les sanctions américaines qui ont diminué l’offre en provenance d’Iran et du Venezuela.

Des analystes doutent ainsi de l’efficacité d’une telle mesure sur les cours du pétrole, surtout affectés selon eux par les craintes de ralentissement de la croissance mondiale provoquée par le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

Lundi, le nouveau ministre saoudien de l’Energie, Abdel Aziz ben Salmane, avait lui estimé que la réduction de la production pétrolière « profiterait » à tous les pays producteurs.

Le prince Abdelaziz, demi-frère du prince héritier Mohammed ben Salmane, est le premier membre de la famille royale chargé de ce ministère essentiel pour le premier exportateur de pétrole brut au monde.

La chute des cours du brut ces dernières années a lourdement pesé sur les recettes du royaume et entraîné des déficits budgétaires dans ce pays qui tire 70% de ses recettes de l’or noir.

Sous l’impulsion du prince héritier, Ryad a récemment imposé une série de mesures destinées à diversifier son économie, comme la TVA ou la hausse des prix de l’énergie.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), ces réformes ont commencé à « porter leurs fruits », mais il reste encore beaucoup à faire pour combler ce déficit budgétaire chronique.

Le déficit budgétaire du royaume devrait encore se creuser cette année, à 6,5% du PIB contre 5,9% en 2018, a précisé lundi dans un rapport l’institution basée à Washington.

Elle a appelé les autorités à « promouvoir la croissance de l’activité non pétrolière, créer des emplois et atteindre les objectifs du programme +Vision 2030+ », qui vise à diversifier l’économie.

« Grenelle des violences conjugales »: ce que demandent les associations

Alors que s’ouvre mardi le « Grenelle des violences conjugales », les associations féministes demandent des moyens supplémentaires pour l’hébergement des victimes, une réforme du fonctionnement de la justice et une meilleure formation des policiers et gendarmes à ces sujets.

« Nos priorités, ce sont une meilleure prise en compte de l’autorité parentale et un meilleur accès à l’hébergement des femmes victimes de violences », explique à l’AFP Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF).

La FNSF souhaite que la possibilité de « dissimulation de l’adresse de la mère » soit étendue aux situations non couvertes par les « ordonnances de protection » délivrées par des juges aux affaires familiales. Une solution pour éviter que l’ex-conjoint violent ait accès aux coordonnées de son ancienne compagne s’il partage avec elle l’autorité parentale sur un ou plusieurs enfants.

Cette fédération demande en outre un « renforcement de l’arsenal législatif » passant par la création de « tribunaux spécialisés ». Une préconisation récurrente des associations, alors que des victimes de violences conjugales se plaignent de n’avoir pas été entendues par les juges les ayant auditionnées.

La présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, a appelé elle aussi de ses voeux une justice « plus rapide, coordonnée et accessible, avec des instances spécialisées », dans une récente tribune publiée par Le Parisien.

« Il faut qu’on ait des référents spécialisés dans les brigades de police et de gendarmerie », souligne de son côté Françoise Brié. Si policiers et gendarmes « sont tenus de recevoir les plaintes déposées par les victimes d’infractions pénales », stipule la « charte de l’accueil du public et des victimes », les associations croulent sous les témoignages faisant état de manquements à cette obligation.

La FNSF demande enfin la création de centres d’hébergement ouverts 24 heures sur 24, « encore très rares en France ».

Des places doivent notamment être débloquées pour les jeunes, estime Marie Cervetti, directrice de l’association « FIT, une femme, un toit », qui gère un centre d’hébergement pour femmes de 18 à 25 ans victimes de violences.

En novembre 2018, la FNSF, la Fondation des femmes et trois autres organisations dont le CESE avaient estimé, dans un rapport intitulé « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes? », à au moins 193 millions d’euros le budget annuel nécessaire à l’hébergement des femmes victimes de violences, loin des 15 millions actuels.

Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes, met l’accent en particulier sur l’éducation. « Mon gamin a eu une formation à la sécurité routière, il en aura encore au collège. Les enfants sont conditionnés à la sécurité routière, pourquoi on ne les conditionnerait pas à la non-violence? », interroge-t-elle.

« Il faudrait 1 milliard pour que ces politiques publiques soient efficaces », a estimé #NousToutes jeudi. Les crédits de l’Etat spécifiquement alloués à la lutte contre les violences envers les femmes sont de 79 millions d’euros, selon une étude menée par cinq organisations.

Un dimanche d’élections en forme de test pour les autorités russes

Les Russes votaient dimanche pour élire leurs représentants locaux, des scrutins qui serviront à mesurer la popularité de Vladimir Poutine et de ses alliés après un été de manifestations durement réprimées.

Tous les yeux sont rivés sur Moscou, où plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue tout l’été à l’appel de l’opposition, furieuse de voir ses candidats écartés du scrutin.

Plusieurs milliers de manifestants ont été arrêtés au cours de ces manifestations quasi hebdomadaires et si la plupart ont été rapidement libérés, cinq ont été condamnés à de lourdes peines de prison cette semaine.

L’opposant Alexeï Navalny, dont tous les alliés ont été exclus des élections, a appelé dimanche les électeurs à « voter intelligemment » en soutenant ceux qui sont les mieux placés pour battre les candidats du Kremlin.

« Aujourd’hui, nous nous battons pour détruire le monopole de Russie Unie », le parti du pouvoir, a-t-il déclaré en votant avec sa fille.

Russie Unie, créé en 2001 pour soutenir Poutine, a vu sa popularité s’effondrer ces dernières années. A Moscou, aucun des candidats favorables au Kremlin ne s’est présenté sous les couleurs du parti.

Les résultats seront suivis de près avant les législatives de 2021 et contribueront à façonner l’avenir politique de la Russie, an moment où Poutine entame sa troisième décennie au pouvoir et quittera en théorie son poste en 2024.

A Moscou, près de 7,2 millions d’électeurs sont inscrits pour élire 45 députés au Parlement de la ville, fidèle au maire favorable au Kremlin, Sergueï Sobianine.

L’élection coïncide avec le 872e anniversaire de la capitale. Les électeurs étaient accueillis avec des ballons gonflables, des animations et des stands de nourriture.

A 15H00 (12H00 GMT), le taux de participation n’était que de 12,31%, selon les chiffres officiels.

– « Détruire le monopole » –

« Le sens de ces élections – transformées en cirque avec l’interdiction de candidats – est de vaincre ceux que les autorités veulent faire élire », a déclaré Andreï Iliadi, un spécialiste en informatique.

« Je n’étais pas contente quand un membre du Parti communiste a retiré sa candidature (dans mon district) – j’aurais voté pour lui », regrette Raïssa Moltchanova, une retraitée.

L’avocate Lioubov Sobol, une des meneuses du mouvement de contestation de l’été, a voté près de son domicile du sud de Moscou.

« Bien sûr, personne ne veut aller voter car leurs candidats n’ont pas été autorisés à se présenter », a-t-elle assuré. « Ce sont les funérailles de ne serait-ce qu’un semblant d’élections démocratiques ».

Vladimir Poutine a, lui, voté à l’Académie des Sciences. « Ce qui est important, ce n’est pas la quantité, c’est la qualité » des candidats, a-t-il dit.

Pour la plupart non autorisées, les manifestations de l’été ont donné lieu à près de 2.700 interpellations à Moscou, du jamais vu depuis la vague de protestations de 2011-2012 qui avait précédé le retour de Poutine à la présidence après un mandat de Premier ministre.

Pratiquement toutes les figures de l’opposition ont reçu de courtes peines de prison et cinq manifestants ont écopé de lourdes peines pour « violences » envers les forces de l’ordre, allant jusqu’à quatre ans de prison.

– « Voter par inertie » –

En tout, plus de 5.000 élections ont lieu dans le pays dimanche. Les Russes vont élire 16 gouverneurs régionaux et les parlementaires locaux de 13 régions, dont la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

L’analyste politique Kirill Rogov appelle à regarder au-delà de la capitale en s’intéressant particulièrement aux régions comprenant de grandes villes. « Va-t-il y avoir un vote de protestation ou pas? De quelle ampleur? ».

A Saint-Pétersbourg notamment, la campagne a été très vive, le Kremlin soutenant l’impopulaire gouverneur par intérim, Alexandre Beglov.

Dans la cité impériale de cinq millions d’habitants, Sergeï Antonov, 45 ans, affirme que « tout ceci est une formalité, je suis venu par inertie, j’ai voté, mais je ne crois pas que quelque chose va changer ».

Tatiana Khimenok, 70 ans dit qu’elle « voulait voter pour le communiste » Vladimir Bortko, qui s’est subitement retiré la semaine dernière. « Mais il n’est plus là. J’ai voté pour Beglov. Il a baissé les taxes sur l’eau et les appartements ».

Comme à Moscou, les bureaux de vote y seront ouverts jusqu’à 20H00 (17H00 GMT).

Un influent imam malien lance son mouvement et fait un pas de plus en politique

L’imam Mahmoud Dicko, éminente figure religieuse malienne, a dénoncé « la gouvernance catastrophique » du pays en lançant samedi à Bamako un mouvement fortement soupçonné de servir les visées politiques prêtées à ce tenant d’un islam rigoriste et bête noire du pouvoir.

Les débuts de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Dicko passent pour un défi lancé au président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir dans ce pays confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes, et aux violences interethniques meurtrières.

« Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord (contre) eux », a-t-il déclaré à la tribune du palais de la culture où il a fustigé une « corruption à ciel ouvert et endémique » et une « gouvernance catastrophique ».

L’influent prêcheur s’est défendu d’être un « faiseur de rois » et a persisté dans le langage de réconciliation le rangeant du côté de ceux qui condamnent les agissements des jihadistes, mais prônent un dialogue nécessaire avec eux, contrairement à un pouvoir qui le refuse.

« Je ne suis ni faiseur de rois ni président, je veux faire la paix », a-t-il proclamé sous les ovations de plus de 3.000 partisans dans un bâtiment où avaient également pris place des personnalités de la majorité et de l’opposition, mais aussi bon nombre de policiers.

Volontiers présenté comme marquant la véritable entrée en politique de celui à qui sont prêtées des velléités présidentielles, le meeting de l’imam Dicko ne peut qu’interpeller le pouvoir.

Président jusqu’en avril du Haut conseil islamique, principale organisation islamique d’un pays à 90% musulman, l’imam Dicko a entretenu pendant des années des relations en dents de scie avec le président.

Par le passé, il a fortement contribué à faire reculer les gouvernants sur l’octroi de davantage de droits aux femmes, l’interdiction de l’excision et un projet de manuel scolaire prônant la tolérance envers l’homosexualité.

– « Refondation » –

Né il y environ 65 ans, il incarne face au rite malékite dominant au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, plus ouvert, la tendance inspirée par la doctrine wahhabite, en vigueur en Arabie saoudite où il a mené une partie de sa formation théologique.

Il a été engagé dans les efforts de médiation quand le nord du pays est tombé aux mains des jihadistes en 2012. Il a soutenu l’intervention militaire internationale lancée à l’initiative de la France en 2013, et assisté, aux côtés d’autres dignitaires religieux, en 2015, à la signature de l’accord de paix au Mali, ou en 2017 à la conférence d’entente nationale prévue par cet accord.

Mais, avec le chérif de la localité de Nioro, Bouyé Haïdara, il est aussi entré en fronde contre l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, poussé à la démission en avril après le massacre de quelque 160 civils à Ogossagou et une série de manifestations contre l’incompétence imputée à l’Etat.

Si le mouvement qu’il a lancé samedi n’est pas officiellement un parti, son coordonnateur général, Issa Kaou Djime, porte-parole de Mahmoud Dicko, a souligné à la tribune que la CMAS avait pour « idéaux » les « visions religieuses, sociétales et politiques » de l’imam.

Dans une possible indication de la signification accordée à ce lancement, la Cour constitutionnelle avait publié par avance, vendredi, un communiqué prévenant que « les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l’ordre public » et qu’aucun « parti politique ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique », sous peine de sanctions. Le communiqué ne citait pas nommément la CMAS.

Face à la situation malienne, l’imam Dicko prône « une refondation » sur la base de valeurs sociétales et religieuses.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour soutenir Dicko parce que la société civile et la classe politique ont échoué. Dicko veut une société juste. Une société sans corruption , une société où on discute avec tous les frères pour avoir la paix », a dit à l’AFP, Amadou Diallo, 34 ans, ingénieur et sympathisant présent au meeting de samedi.

Des religieux éthiopiens cherchent à convertir les gays à l’hétérosexualité

Plusieurs leaders religieux éthiopiens s’apprêtent à former une nouvelle association chargée de promouvoir la thérapie de conversion, une pratique destinée à changer l’orientation sexuelle des homosexuels et considérée comme non scientifique par les experts.

Inspirés par Dereje Negash, un prêtre chrétien orthodoxe qui depuis plus d’une décennie dénonce l’homosexualité en Ethiopie, ces religieux entendent inaugurer leur organisation dimanche à Addis Abeba.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large pour convaincre le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed de durcir son discours à l’égard des minorités sexuelles.

« La raison pour laquelle nous organisons cet événement, c’est parce que le problème s’aggrave. L’homosexualité affecte beaucoup d’enfants et se répand », a affirmé à l’AFP M. Dereje.

« Notre but n’est pas d’attaquer ou de détruire les homosexuels, mais de les éduquer et les conduire vers la vérité », a-t-il ajouté.

La thérapie de conversion, parfois appelée thérapie réparatrice, est largement considérée comme pseudo-scientifique et inefficace par les experts.

Mais elle reste pratiquée en de nombreux endroits d’Afrique, favorisée souvent par la religion et « les pressions familiales et culturelles », selon un rapport publié en août par OutRight Action International, une organisation de défense des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexe) basée à New York.

Le rapport contenait peu d’informations spécifiques sur l’Éthiopie, mais notait que sur le continent, la thérapie de conversion inclut parfois des passages à tabac ou des « exorcismes ».

M. Dereje affirme avoir utilisé avec succès sa propre forme de thérapie de conversion, qui implique des périodes de jeunes et des visites dans des monastères éthiopiens, pour convertir des gens à l’hétérosexualité.

– ‘Sauvé de mes péchés’ –

L’un d’entre eux, un homme âgé de 44 ans qui dit s’appeler Eliana, explique s’être considéré comme homosexuel pendant plus de deux décennies, avant de rencontrer M. Dereje il y a quelques années.

« Ce que j’ai connu dans le passé me fait me sentir mal, donc je ne me considère pas comme un homme normal. Mais Dieu m’a sauvé de tous ces péchés », lâche-t-il.

Autre supposé succès de M. Dereje, une femme qui refuse de donner son nom remercie le prêtre pour avoir changé le cours de sa vie.

« Je voulais vraiment quitter cette vie, parce que c’est l’une des vies les plus laides sur terre », dit-elle. « Vous êtes à l’écart de Dieu. Vous sentez que quelque chose ne va pas avec vous et vous vous isolez de la communauté. »

Les minorités sexuelles sont considérées avec hostilité par nombre d’Éthiopiens.

En 2007, un sondage du Pew Research center avait montré que 97% des Éthiopiens estimaient que la société ne devrait pas accepter l’homosexualité.

Dans un rapport sur les droits de l’Homme daté de 2018, le Département d’État américain relevait que les minorités sexuelles font face à une « sévère stigmatisation de la société » en Ethiopie.

Il n’est donc pas surprenant que des gens affirment avoir été « guéris » grâce à la thérapie de conversion, estime Dagmawi Woubshet, un professeur de littérature éthiopien à l’université de Pennsylvanie.

« La thérapie de conversion a été totalement discréditée. Il n’y a aucune institution internationale légitime de santé ou académique qui la soutienne encore », souligne-t-il.

« Et quant aux gens qui disent: +Oui, ça a marché avec moi+, ça doit être pris dans le contexte où l’idée même de conversion est défendue exclusivement par des gens qui font tout leur possible pour nier l’existence des homosexuels éthiopiens et leur droit à être protégés », ajoute-t-il.

– ‘Des cibles faciles’ –

Le code pénal éthiopien prévoit jusqu’à 15 ans de prison pour les actes homosexuels, même si les arrestations et les procédures judiciaires sont rares.

M. Dereje explique à l’AFP qu’il souhaite un durcissement de la loi. Il estime que des peines de « 25 ans de prison voire d’emprisonnement à vie » pourraient se justifier dans certains cas.

Le prêtre et sept autres leaders religieux sont apparus à une conférence de presse cette semaine sous une bannière proclamant: « Nous ne nous tairons pas sur l’Éthiopie. Sauvons cette génération des homosexuels ».

M. Dereje a déclaré à cette occasion que le gouvernement avait manqué de vigilance à l’égard des minorités sexuelles, et que son association pourrait aider à remédier à cela. Le gouvernement n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Même si M. Dereje a affirmé que l’association serait ouverte à toutes les confessions, six des sept leaders apparus à ses côtés lors de cette conférence de presse appartenaient à l’Église orthodoxe éthiopienne.

Le septième, le pasteur évangélique Daniel Tesfay, a également garanti que le but n’était pas de s’attaquer aux homosexuels. « Nous n’avons pas de haine à l’encontre des homosexuels », a-t-il assuré.

« D’une manière ou d’une autre, ils font partie de notre famille. Néanmoins, l’objectif de cette association, c’est de les aider à renoncer à ces actes », a-t-il insisté.

Les tensions politiques à l’orée des élections générales prévues pour mai 2020 pourraient encore aggraver la situation, prévient Dagmawi Woubshet.

Dans ce contexte, met-il en garde, « les minorités sexuelles deviennent des cibles faciles », les gens faisant d’elles un ennemi commun pour mieux « masquer les divisions ethniques, religieuses et politiques auxquelles est confronté le pays ».

Afghanistan: nouvel attentat taliban à Kaboul, au moins 10 morts

Un nouvel attentat-suicide revendiqué par les talibans, le deuxième en moins d’une semaine, a secoué la capitale afghane jeudi, faisant au moins 10 morts, alors que se poursuivent les tractations en vue d’un accord entre Etats-Unis et insurgés.

L’attaque à la voiture piégée a eu lieu en milieu de matinée dans le quartier théoriquement bien protégé de Shash-Darak, proche de la Zone verte (périmètre ultra-sécurisé où sont situées plusieurs ambassades) et qui abrite notamment le siège du NDS, les services secrets afghans.

« Dix civils ont été tués et 42 blessés et douze voitures civiles ont été détruites », a indiqué à la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi.

Un soldat roumain a aussi été tué dans l’attaque, selon le ministère roumain de la Défense.

Le lieu est proche de celui où un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique avait coûté la vie à 9 journalistes dont le photographe de l’AFP Shah Marai en avril 2018.

Un premier bilan avait fait état de cinq morts et 25 blessés. « Il y a des civils et des personnels de sécurité parmi les morts et les blessés », a déclaré à l’AFP le directeur de l’hôpital Wazir Akbar Khan, Farid Ahmad Karimi.

Les talibans ont revendiqué l’attentat, a indiqué leur porte-parole Zabihullah Mujahid sur Twitter, affirmant qu’il visait « un convoi d’envahisseurs étrangers » et avait tué « 12 envahisseurs et 8 membres du NDS ». Les forces de la coalition menée par l’OTAN se sont refusées à tout commentaire.

« Un militaire roumain a été tué dans l’attaque alors qu’il effectuait une mission de patrouille mixte près de la Zone verte », a déclaré le ministère roumain de la Défense dans un communiqué. Un autre militaire roumain avait été tué dans l’attaque de lundi. La Roumanie comptait en mars 2019 plus de 700 soldats au sein de la mission Resolute support de l’Otan.

– « Couvert de sang » –

L’explosion de jeudi a eu lieu près d’un poste de contrôle, a indiqué à l’AFP une source de sécurité afghane. Il permet l’accès au complexe du NDS.

Le propriétaire d’un studio photo proche du lieu de l’explosion a dit à l’AFP par téléphone avoir « vu au moins cinq personnes grièvement blessées, l’une était couverte de sang et ne bougeait pas ».

« J’étais dans ma boutique avec deux clients, dont un étranger. Quand l’explosion est survenue je suis tombé de ma chaise et tout est devenu sombre à cause de la fumée et de la poussière », a-t-il dit.

« Je suis sorti juste après l’attaque, le bord de la route était couvert de débris et de corps. Je pouvais entendre des gens blessés crier, appelant leur mère et leurs proches », a-t-il ajouté.

Une vidéo postée sur Twitter montre apparemment le moment de l’attaque.

Sur ces images un minivan gris essaie de forcer le passage en renversant une barrière légère, juste avant une violente explosion. Au moins un civil part en courant à ce même moment, pendant qu’au moins trois gros SUV blancs attendent avant d’entrer dans le complexe du NDS.

– Libertés menacées –

La capitale afghane avait déjà été le théâtre lundi d’un attentat qui a fait 16 morts, lui aussi revendiqué par les talibans.

Selon les analystes, la stratégie des insurgés consiste à accroître leur pression sur Washington au moment où la conclusion d’un accord sur un retrait progressif des forces américaines d’Afghanistan semble très proche.

Ce projet d’accord, en négociations depuis des mois entre talibans et Etats-Unis, vise à mettre fin à un conflit vieux de 18 ans.

Les attaques de lundi et jeudi interviennent en outre alors que l’envoyé spécial américain Zalmay Khalilzad se trouvait en début de semaine dans la capitale afghane.

Il y a communiqué au président Ashraf Ghani les éléments d’un accord « de principe » négocié avec les talibans.

L’accord doit permettre notamment le retrait de plusieurs milliers de militaires américains du pays. Les talibans s’engageraient en échange à empêcher toute activité de groupes terroristes sur le territoire ainsi qu’à engager un dialogue avec l’actuel gouvernement.

Mais de nombreux Afghans craignent que les talibans reviennent sur leurs acquis en matière de libertés publiques et refusent tout partage du pouvoir avec l’actuel gouvernement.

Un autre sujet d’inquiétude est celui de l’avenir des forces de sécurité afghanes, soutenues financièrement et militairement par l’US Army. Un retrait américain fragiliserait encore plus leur position alors qu’elles sont sous la pression croissante d’attaques de talibans.