Noël: les chrétiens d’Indonésie prient pour les victimes du tsunami

Le minorité chrétienne d’Indonésie, un pays majoritairement musulman, s’est rassemblée mardi dans ses lieux de culte pour célébrer Noël et aussi prier pour les victimes du tsunami qui a frappé samedi soir les rives du détroit de la Sonde, faisant plus de 400 morts.

Quelques dizaines de fidèles se sont rassemblés le jour de Noël dans une église pentecôtiste située près de l’une des zones les plus affectées par le tsunami consécutif à une éruption volcanique, pour prier pour les victimes de la catastrophe.

Anita Sitorus, la femme pasteur de l’église pentecôtiste Rahmat, située à Carita, une petite ville de la région de Pandeglang située dans l’ouest de l’île de Java, a invité les fidèles à prier Dieu pour « continuer à servir le peuple (…) à mieux servir nos frères et nos soeurs, à faire quelque chose pour cette région, pour les victimes du tsunami ».

La catastrophe est l’occasion de « mieux servir Dieu », a-t-elle dit.

« Ce Noël est différent, nous le célébrons en pleine catastrophe », a confié à l’AFP Eliza, une fidèle de l’église pentecôtiste.

La vague provoquée par le volcan a déferlé sur les côtes méridionales de Sumatra et l’extrémité occidentale de Java, submergeant les plages, les hôtels et des centaines de bâtiments, obligeant des milliers d’habitants désormais sans abri à se réfugier dans des centres d’urgence.

Yémen: le chef des observateurs de l’ONU à Sanaa auprès des rebelles

Le général Patrick Cammaert, chef des observateurs de l’ONU chargés de consolider le cessez-le-feu à Hodeida et ses ports stratégiques, est arrivé dimanche à Sanaa pour demander aux rebelles de concourir à la réussite de cette trêve fragile.

L’officier néerlandais à la retraite a déjà effectuer samedi cette démarche auprès des représentants du gouvernement à Aden, dans le sud du pays en guerre, a indiqué dans un communiqué Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

« Il doit rencontrer à Sanaa les représentants des (rebelles) Houthis au comité mixte (chargé de la mise en oeuvre de la trêve) et leur transmettre le même message avec de se rendre avec son équipe à Hodeida », a-t-il précisé.

Des combats sporadiques se poursuivent à Hodeida et sa région malgré l’entrée en vigueur mardi du cessez-le-feu en vertu de l’accord conclu mi-décembre en Suède, sous l’égide de l’ONU.

– « 63 violations  » –

Le gouvernement et les rebelles s’accusent mutuellement de porter la responsabilité de ces attaques, qui ne semblent pas mettre en péril, pour le moment, la mission de l’équipe du général Cammaert.

Dimanche, l’agence officielle Saba contrôlée par le gouvernement a évoqué, en citant des responsables anonymes, « 63 violations par les Houthis de la trêve durant les trois premiers jours du cessez-le-feu ».

Les médias des Houthis ne cessent de leur côté d’accuser les troupes gouvernementales de violer cette trêve par des tirs ou de simples travaux de fortification des lignes de front.

L’officier néerlandais a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international de Sanaa par Ali al-Mouchiki, chef des représentants rebelles à la commission mixte chargée de mettre en oeuvre le volet de l’accord de Suède concernant Hodeida.

Six observateurs de l’ONU, arrivés à Sanaa dès samedi en provenance d’Amman, étaient également présents, selon un photographe de l’AFP sur place.

– Acheminer l’aide humanitaire –

A Aden, où il se trouvait samedi, le général Cammaert a « pressé » l’exécutif yéménite et la coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite qui le soutient « de faire respecter la trêve » à Hodeida « et de coopérer afin d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire », selon le communiqué de M. Dujarric.

A Aden, le général Cammaert a souligné que « l’échec ou le succès des accords de Suède reposent uniquement sur les deux parties » yéménites, d’après l’ONU.

La première réunion du comité réunissant loyalistes et rebelles devrait se tenir le 26 décembre, a encore précisé dans son communiqué le porte-parole du chef de l’ONU.

Un responsable onusien n’a pas précisé quand le général Cammaert et son équipe arriveraient à Hodeida, ville des rives de la mer Rouge, à 140 km de Sanaa.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté vendredi à l’unanimité une résolution prévoyant l’envoi d’observateurs civils au Yémen afin de superviser l’évacuation des combattants de Hodeida et de sécuriser le fonctionnement de ses ports (ceux de Hodeida, mais aussi de Salif et Ras Issa), par où passe une large part de l’aide humanitaire et des importations du pays.

Tenue par les rebelles, cette ville de quelque 600.000 habitants est en conséquence un enjeu stratégique dans la guerre qui oppose depuis 2015 les rebelles Houthis, appuyés par l’Iran, aux forces progouvernementales, soutenues militairement par une coalition menée par l’Arabie saoudite.

La résolution rédigée par le Royaume-Uni autorise l’ONU « à établir et à déployer, pour une période initiale de 30 jours à compter de l’adoption de la résolution, une avant-garde pour commencer un travail d’observation », sous la direction du général Cammaert.

Selon des diplomates, la mission d’observateurs de l’ONU devrait compter de 30 à 40 membres, des civils ayant des expériences militaires.

La guerre au Yémen a fait au moins 10.000 morts depuis 2015 et provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.

Déplacés yéménites: deux camps, une même tragédie

Plus que les biens matériels et les moyens de subsistance, la guerre au Yémen a privé de nombreuses familles de quelque chose de plus précieux: la dignité.

« C’était humiliant (de quitter la maison) et maintenant que nous sommes dans ce camp de déplacés, c’est encore plus humiliant », constate avec amertume Ali Mohammed Moustbani depuis sa tente, les yeux baissés et l’échine courbée.

Lui, sa femme et leurs six enfants ont été contraints de fuir leur ville natale dans la province de Hajja, dans le nord-ouest du Yémen, pour le camp d’Al-Khoudeich, dans le même gouvernorat, après d’intenses frappes aériennes.

Ces raids sont généralement attribués à l’aviation d’une coalition sous commandement saoudien qui aide militairement depuis 2015 le pouvoir face aux rebelles Houthis.

« Notre situation n’a fait qu’empirer et nous n’avons reçu aucune aide », dit-il.

La nourriture se fait rare dans le camp, où l’on voit des enfants errer, certains pieds nus, sans grand chose à faire. Une fillette brosse les cheveux de sa petite sœur, une autre s’occupe d’un bébé.

Ils font partie des quelque deux millions de déplacés du conflit qui a fait quelque 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire au monde avec des millions de personnes menacées de famine, selon l’ONU.

Le peu d’ingrédients disponibles sont cuits dans une fosse creusée à même le sol. A côté, une jeune fille découpe du gombo pour le mélanger avec du Mouloukhiyah, un plat à base de corète potagère.

– « Nous souffrons » –

Dans une autre tente, les membres de famille de Yehya Kaloum sont assis par terre et échangent des regards furtifs.

Le père de famille a perdu plusieurs de ses proches dans une frappe aérienne en mars 2015 contre le camp de déplacés d’Al-Mazrak dans la province de Hajja, qui a fait de nombreux tués.

La famille a erré d’un endroit à l’autre jusqu’à échouer dans le camp d’Al-Khoudeich. « Nous avons vu des gens mourir (sous les bombes). Nous nous sommes enfuis à pied avec seulement les vêtements sur le dos », raconte Yehya Kaloum à l’AFP.

« Nous souffrons. Nous n’avons pas d’eau, nous n’avons pas de nourriture et nous n’avons pas de soins médicaux pour nos enfants », se lamente-t-il.

A environ 300 kilomètres au sud de Hajja, des déplacés entassés dans le camp de Khokha, dans la province de Hodeida, sont confrontés aux mêmes difficultés.

« Nous sommes partis à cause des bombardements féroces lancés de jour comme de nuit par les rebelles », raconte Mohammed Ghaleb.

– Ni travail, ni permis, ni Identité –

Il se remémore la terreur provoquée par des tireurs d’élite rebelles dans sa ville natale de Hays, à quelque 30 kilomètres de Khokha, qui a connu un exode massif.

Des quartiers entiers ont été abandonnés et des immeubles et des magasins criblés de balles ont fermé leurs portes.

Les belligérants ont conclu un accord sur une trêve dans la ville de Hodeida, chef-lieu de la province du même nom, lors de pourparlers en Suède mais des combats ont lieu par intermittence, signe de la fragilité du cessez-le-feu entré en vigueur mardi.

Mohammed Saleh Oseili et sa famille élargie de plus de 100 personnes ont quitté Hays il y a presque un an.

Il dit avoir perdu son travail de chauffeur routier. « J’ai perdu mon permis et j’ai perdu ma carte d’identité ».

« Nous avons vu des gens tomber sous les missiles des Houthis, des tireurs d’élite sur nos toits et nous avons préféré partir ».

Les déplacés des deux camps ne savent pas d’où viendra le prochain repas et Ichraq Mohammed Saleh, qui a également fui Hays pour le camp de Khokha demande plus d’aide des organisations humanitaires, surtout pour éduquer les enfants non scolarisés.

Elle regrette le temps où elle et ses voisins vivaient dans leurs maisons « avec fierté et dignité ».

Yémen: trêve fragile à Hodeida en attendant les observateurs de l’ONU

La trêve reste fragile jeudi autour du port stratégique de Hodeida, dans l’ouest de Yémen, après de nouveaux combats sporadiques nocturnes, en attendant le déploiement d’observateurs des Nations unies visant à consolider le cessez-le-feu entre forces loyalistes et rebelles Houthis.

La trêve dans ce front actif de la guerre qui ravage ce pays pauvre de la péninsule arabique a été conclue il y a une semaine en Suède lors de pourparlers de paix inter-yéménites. Entrée en vigueur mardi, elle a donné lieu à de nombreuses pauses dans les opérations militaires sans empêcher toutefois des échanges de tirs.

Mercredi, la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui intervient militairement aux côtés des forces gouvernementales, a menacé implicitement de reprendre son offensive en cas de « violations » persistantes du cessez-le-feu, et exhorté l’ONU à agir au plus vite.

Au lendemain de ces déclarations, la ville de Hodeida, dont le centre reste tenu par la rébellion, est calme, selon un responsable militaire loyaliste.

Des positions des forces progouvernementales ont été visées tard mercredi par des tirs des rebelles Houthis à partir de l’Avenue Zayed et d’un QG de la police, selon ce responsable parlant sous couvert de l’anonymat.

Les forces progouvernementales, qui ont enregistré quatre blessés, ont riposté, a-t-il ajouté, précisant que les échanges de tirs avaient duré trente minutes environ.

Sur le site internet du centre d’information de leur mouvement Ansarullah, les rebelles ont pour leur part accusé les forces progouvernementales d’avoir tiré sur l’hôtel Al-Rafahia qu’ils contrôlent dans le centre de Hodeida.

Cette ville portuaire par où transite la majeure partie de l’aide humanitaire destinée au Yémen est un enjeu stratégique dans la guerre opposant les Houthis, appuyés par l’Iran, aux forces progouvernementales, soutenus militairement par une coalition conduite par l’Arabie saoudite.

Dans le sud de la province de Hodeida, les localités d’Al-Tahatya, de Hays, et de Beit al-Faqih ont connu durant la nuit des escarmouches, selon le même responsable militaire progouvernemental.

– « Prévenir des violations » –

L’ONU, qui a piloté les pourparlers en Suède, est pressée de contribuer à la mise en oeuvre dans les meilleurs délais des termes de l’accord du 13 décembre.

Le commandant des observateurs de l’ONU, chargés de surveiller la trêve, est entré en contact avec le comité mixte yéménite qui doit l’appliquer sur le terrain, pour demander une désescalade, a indiqué jeudi à l’AFP l’un des membres de ce comité.

« Le général Patrick Cammaert a demandé des efforts pour calmer la situation et prévenir les violations », a dit le général Ahmed al-Kawkabani, l’un des représentants du gouvernement au sein de cette instance qui comprend également des délégués des rebelles.

Patrick Cammaert a insisté, selon lui, sur « le désir de la communauté internationale de faire aboutir l’accord de trêve à Hodeida qui a résulté des pourparlers de Suède ».

Selon l’ONU, le général Cammaert est attendu jeudi à Amman à la tête de l’avant-garde des observateurs de l’ONU, avant de se rendre à Sanaa et à Hodeida à des dates non précisées.

Le déploiement de ces observateurs a été vivement souhaité par l’émissaire de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, qui a plaidé vendredi dernier auprès du Conseil de sécurité en faveur de leur arrivée rapide à Hodeida.

« Permettre à l’ONU d’avoir un rôle dirigeant dans les ports est un premier pas vital. Nous devons voir cela arriver dans les jours qui viennent », a argué M. Griffiths lors d’une liaison vidéo depuis son bureau en Jordanie.

Selon des diplomates, quelque 30 à 40 observateurs pourraient être déployés à Hodeida, une ville où vivent environ 600.000 personnes, sans attendre une résolution de l’ONU.

Les membres du Conseil de sécurité discutent depuis près d’une semaine des négociations ardues sur un projet de résolution visant à entériner les acquis des consultations inter-yéménites de Suède et à officialiser le déploiement dans le pays d’une avant-garde d’observateurs.

Selon une source diplomatique, un dernier point de blocage est apparu mercredi. Alors que les 15 membres de l’instance étaient d’accord pour le texte proposé par le Royaume-Uni, la Russie a objecté qu’il ne devait pas accuser spécifiquement des pays soutenant les Houthis.

Nissan essaie de choisir un successeur à Ghosn, sous pression de Renault

Le groupe automobile japonais Nissan réunit lundi son conseil d’administration pour, officiellement, nommer un remplaçant à son président déchu Carlos Ghosn, mais la tâche s’annonce difficile alors que son principal actionnaire, Renault, accentue la pression.

Un mois après l’arrestation pour dissimulation de revenus de l’homme fort de l’alliance, depuis mis en examen et toujours en détention, la situation entre les deux alliés s’envenime, loin de l’unité de façade affichée.

Nissan, également inculpé dans cette affaire en tant que personne morale, a reçu une lettre de son partenaire français réclamant la convocation au plus vite d’une assemblée générale d’actionnaires, selon une source proche du dossier, confirmant des informations du Wall Street Journal (WSJ).

Le directeur général de Renault, Thierry Bolloré, juge que cette « inculpation crée des risques importants pour Renault, en tant que plus important actionnaire de Nissan, et pour la stabilité de notre alliance industrielle ».

Une AG permettrait de « discuter de la gouvernance et d’autres sujets, comme des personnes nommées par Renault au conseil d’administration de Nissan et dans ses hauts rangs », selon ce courrier.

Renault s’est refusé à tout commentaire. Idem pour Nissan qui a redit son « engagement inébranlable » envers l’alliance de 20 ans formant, avec Mitsubishi Motors, le premier ensemble automobile mondial.

– Gouvernance en question –

Renault, qui a sauvé naguère Nissan de la faillite, détient 43,4% du constructeur japonais, qui possède de son côté 15% de son partenaire français mais sans droits de vote.

Au fil des ans, les rancoeurs se sont accumulées au sein du constructeur japonais face à ce déséquilibre. Mais, si certains de ses responsables avaient pu espérer profiter de l’éviction de M. Ghosn pour revoir les termes de l’alliance, Nissan et son patron exécutif, Hiroto Saikawa, apparaissent aujourd’hui fragilisés, d’autant que le groupe est aussi secoué par un scandale lié à l’inspection de véhicules.

« L’affaire Ghosn » a mis au jour les carences de la gouvernance du groupe, avec une question centrale: comment se fait-il que Nissan n’ait pas découvert ou dénoncé plus tôt les « actes graves » dont il accable Carlos Ghosn ?

Le puissant patron d’industrie est poursuivi pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières japonaises environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) de revenus durant cinq années, de 2010 à 2015. Il est en outre soupçonné d’avoir fait de même entre 2015 et 2018 pour un montant de 4 milliards de yens (31,1 millions d’euros).

Nissan l’accuse de surcroît d’abus de biens sociaux, lui reprochant en particulier l’utilisation aux frais du groupe d’appartements de luxe aux quatre coins du monde. L’un d’entre eux, situé à Rio de Janeiro, fait d’ailleurs l’objet d’une bataille judiciaire, Nissan soupçonnant la famille de M. Ghosn d’avoir saisi des documents importants.

Jusqu’à récemment, le constructeur ne disposait que d’un administrateur externe, issu de Renault, contrairement aux recommandations des autorités stipulées dans le code de gouvernance.

– Interférence? –

Ce n’est que début 2018 que deux autres membres indépendants ont été nommés, mais sans aucune expérience d’entreprise ou de comptabilité: l’un est un ex-bureaucrate du Meti (Ministry of Economy, Trade and Industry), l’autre une pilote de course.

De même n’y avait-il pas de comités indépendants pour contrôler les nominations ou les rétributions des dirigeants: ces questions étaient placées sous la supervision directe de Carlos Ghosn qui, selon ses détracteurs, ne supportait pas la contradiction.

Pour tenter d’éteindre les critiques, Nissan prévoit de nommer ce lundi un comité spécial destiné à renforcer la gouvernance du groupe.

L’autre sujet à l’ordre du jour, la nomination d’un remplaçant à M. Ghosn, est autrement plus brûlant.

Nissan veut le choisir parmi les administrateurs restants après la révocation de leurs fonctions de M. Ghosn et de son bras droit, Greg Kelly, également interpellé le 19 novembre.

Le nom de M. Saikawa avait initialement fuité dans les médias nippons, mais tous rapportent maintenant que la décision sera reportée alors que le conclave de trois personnes chargé de proposer un nom, dans lequel figure un ancien responsable de Renault, n’a pas réussi à s’entendre.

« Cela ralentit les choses mais ce n’est pas la fin du monde. Mieux vaut ne pas se précipiter », souligne une personne au fait des discussions.

Chez Renault, qui a, par contraste avec son allié, décidé de maintenir M. Ghosn comme PDG après n’avoir constaté aucune anomalie sur sa rémunération française, on explique « ne pas pouvoir interférer dans le conseil d’administration de Nissan ». Sur les neuf membres, « Renault a le droit d’en désigner jusqu’à quatre », et pas plus.

Cependant, la lettre envoyée vendredi par M. Bolloré montre que le constructeur français ne restera pas les bras croisés.

Brexit: Theresa May fustige Tony Blair pour ses appels à un second référendum

La Première ministre britannique Theresa May a accusé l’ancien chef de gouvernement travailliste Tony Blair d’ « insulter » le peuple britannique et de chercher à « saper » le Brexit en appelant à un second référendum.

Theresa May a maintes fois rejeté l’option d’un second référendum sur le Brexit, que défendent plusieurs partis d’opposition, une partie du Labour, et des personnalités, comme Tony Blair.

« Le fait pour Tony Blair d’aller à Bruxelles et de chercher à saper nos négociations en plaidant pour un deuxième référendum est une insulte envers le poste qu’il a occupé et le peuple qu’il a servi », écrit la Première ministre, dans une déclaration transmise aux médias samedi soir.

« Nous ne pouvons pas, comme il le ferait, abdiquer la responsabilité de cette décision ».

Tandis que l’ancien Premier ministre, opposé au Brexit, estime qu’un second référendum permettrait de sortir de l’impasse, Theresa May dit « se battre pour un bon accord pour le Royaume-Uni ». Elle a obtenu un accord avec l’Union européenne après 17 mois de négociations difficiles, mais souhaite encore des « garanties » pour convaincre les députés britanniques, très divisés, de voter le texte.

« Je n’ai jamais perdu de vue mon devoir, à savoir mettre en oeuvre le résultat du référendum » de juin 2016, lors duquel 52% des Britanniques avaient voté pour sortir de l’UE.

La cheffe du gouvernement regrette que « trop de personnes veuillent saboter le processus (du Brexit) pour défendre leurs propres intérêts politiques – plutôt que d’agir dans l’intérêt national. »

Selon certains médias britanniques, plusieurs membres du gouvernement, dont le numéro 2, David Lidington, œuvreraient en coulisses pour un second référendum.

Le chef du personnel de Theresa May, Gavin Barwell, a démenti dimanche sur Twitter ces rumeurs, tandis que David Lidington a renvoyé à ses déclarations au Parlement mardi.

Il avait déclaré que le résultat d’un second référendum « serait certainement une source de divisions et ne pourrait garantir de mettre définitivement fin au débat ».

Le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt a aussi soulevé les risques de divisions posés par un second référendum dans une interview au Sunday Times.

Il a par ailleurs affirmé qu’en cas de sortie de l’UE sans accord, le Royaume-Uni, « prospérerait », « même si nous ne pouvons pas affirmer qu’il n’y aurait pas de perturbations ».

M. Hunt a aussi laissé entendre qu’il était intéressé par le poste de Premier ministre, après que Theresa May a annoncé qu’elle quitterait ses fonctions avant les prochaines législatives, prévues en 2022.

Italie: Gênes aura un nouveau pont à Noël 2019 promet le maire

La ville de Gênes aura un nouveau pont pour Noël 2019, a promis samedi son maire Marco Bucci en inaugurant le chantier pour la destruction des ruines de cet ouvrage dont l’écroulement en août avait fait plus de 40 morts.

« L’objectif est d’arriver à un degré de démolition suffisant pour pouvoir débuter dans la foulée les travaux de construction. L’objectif est que les travaux de construction commencent le 31 mars ce qui nous permettra d’avoir un pont pour Noël », a-t-il dit.

La construction du nouveau pont est importante non seulement pour la ville et sa région, mais « pour toute l’Italie du Nord, et j’oserais dire, pour la France et la Suisse », l’ancien pont enjambant Gênes pour faire passer l’autoroute vers la France, a estimé M. Bucci.

Pour le moment deux grues et des instruments de chantier ont été positionnés à proximité des restes du pont dont l’effondrement le 14 août avait fait 43 morts et des dizaines de blessés.

Les coûts de la démolition et du déblaiement sont estimés à 19 millions d’euros, ont indiqué vendredi les autorités.

Un consortium de cinq entreprises italiennes (Fagioli, Fratelli Omini, Vernazza Autogru, Ipe Progetti et Ireos) s’occupera de ce chantier, a précisé le ministère italien des Infrastructures et des Transports dans un communiqué.

Une audience est prévue lundi à Gênes au cours de laquelle un juge doit décider d’autoriser, ou non, le début de la démolition des restes du pont pour permettre la construction d’un autre ouvrage.

Ces ruines, actuellement sous séquestre judiciaire, représentent des éléments de l’enquête judiciaire ouverte pour établir les responsabilités de cet accident et leur destruction pourrait poser problème.

Nouveau revers pour l’EI chassé d’un de ses fiefs en Syrie

Une force syrienne dominée par les Kurdes a bouté les combattants du groupe Etat islamique (EI) hors de leur fief de Hajine, une importante percée dans son offensive d’envergure pour éradiquer l’organisation de l’est de la Syrie avec l’aide des Etats-Unis.

Fer de lance de la lutte antijihadiste dans la Syrie en guerre, des milliers de combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) avaient donné en septembre l’assaut contre le bastion de l’EI dans la province de Deir Ezzor, près de la frontière irakienne.

Avec ce nouveau revers, l’EI ne contrôle plus que les villages de Soussa et al-Chaafa dans cette région de l’est de Syrie, appelée « la poche de Hajine », le dernier réduit du « califat » autoproclamé en 2014 par le groupe jihadiste sur des régions conquises en Syrie et en Irak voisin.

« Au bout d’une semaine de combats acharnés et de raids aériens, les FDS sont parvenues à chasser l’EI de Hajine », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui s’appuie sur un vaste réseau de sources locales.

L’opération s’est achevée à l’aube, a-t-il précisé, au lendemain du déploiement des FDS dans ce grand village de la vallée du fleuve Euphrate.

Les derniers combattants de l’EI sont désormais confinés dans un réseau de tunnels et à la lisière de Hajine, située à une trentaine de km de la frontière irakienne.

– Force de frappe –

Depuis le début de l’offensive le 10 septembre dans ce fief jihadiste, plus de 500 combattants des FDS ont été tués, contre plus de 900 membres de l’EI, selon l’OSDH. Plus de 320 civils ont également péri.

Outre cet ultime réduit, les jihadistes de l’EI se trouvent dans un secteur du désert syrien qui s’étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor et où des affrontements sporadiques les opposent par ailleurs aux forces du régime syrien.

L’EI a vu son « califat » auto-proclamé se réduire comme peau de chagrin face à de multiples offensives, après une montée en puissance fulgurante en 2014. Mais cette organisation reste redoutable vu sa capacité à frapper fort avec des attentats particulièrement meurtriers dans des pays de la région et à l’étranger.

Elle vient de revendiquer l’attentat au marché de Noël de Strasbourg (est de la France), qui a fait trois morts et treize blessés mardi.

Au fur et à mesure de ses défaites, l’EI a entamé sa mue vers une autre organisation non moins redoutable, selon des experts. Il s’était préparé à perdre les territoires de son « califat » et est déjà retourné à l’action clandestine.

– « Sous terre » –

« L’EI avait anticipé sa défaite sur le champ de bataille, la perte de son califat, et s’était préparé en conséquence », a expliqué Bruce Hoffman, professeur à l’université Georgetown aux Etats-Unis. « Des centaines de combattants jihadistes ont pu fuir la Syrie, ont soudoyé des garde-frontières pour entrer en Turquie et, de là, ont disparu. Sous la surface, l’EI a toujours joué le temps long ».

Pour Brandon Wallace et Jennifer Cafarella, de l’Institute for the Study of War (ISW), l’EI « a trouvé de nouvelles sources de revenus » et « se prépare à une future insurrection à grande échelle, à la fois en Irak et en Syrie ».

En novembre, le leader kurde irakien Massoud Barzani, dont le pays a chassé les jihadistes de l’ensemble des centres urbains, a affirmé que l’EI ne serait pas « aisément » vaincu. « Ils étaient sur terre, maintenant ils sont sous terre ».

Le nouveau succès des FDS survient alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé mercredi de lancer dans « les prochains jours » une nouvelle offensive en Syrie contre les forces kurdes qualifiées de « terroristes » par Ankara.

Déclenchée en mars 2011 par la répression brutale de manifestations pro-démocratie dans le sillage du Printemps arabe, la guerre dévastatrice et complexe en Syrie a fait plus de 360.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

Centrafrique: chute d’un chef de milice et dirigeant du footbal africain

Malgré un lourd passif en Centrafrique à la tête des milices antibalaka, Patrice-Edouard Ngaissona, arrêté mercredi en France, avait réussi à se faire élire dans les instances dirigeantes du football africain, provoquant l’indignation des défenseurs des droits de l’homme.

M. Ngaïssona a été arrêté à la suite d’un mandat d’arêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour sa responsabilité présumée dans des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’ouest de la Centrafrique entre septembre 2013 et décembre 2014.

« Si ces allégations étaient vraies, je ne serais pas là aujourd’hui », avait-il déclaré au moment de son élection au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), début février à Casablanca au Maroc.

Igor Lamaka, porte-parole des antibalaka, allait même jusqu’à affirmer que « sa nomination prouve que ce n’est pas un criminel, pas un assassin, c’est un homme du fair play, un sportif de haut niveau ».

Après cette élection, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) avait estimé que « vu les crimes dont les antibalaka se sont rendus coupables, la place de leur ancien coordinateur est probablement moins dans une réunion de la CAF ou la tribune d’honneur d’un stade de football, que dans un tribunal ».

Mercredi, la FIDH et d’autres organisations de défense des droits de l’homme ont salué l’arrestation d’un « acteur majeur de la crise centrafricaine ».

Car son nom est régulièrement cité dans les rapports de l’ONU et dans les notes d’enquête de la justice centrafricaine comme l’une des têtes pensantes des milices antibalaka qui ont semé la terreur dans le pays.

Créées en 2013 après la prise de pouvoir par la force de la coalition musulmane de l’ex-Séléka, ces milices peu structurées ont pris les armes en prétendant défendre les intérêts des chrétiens, en représailles aux exactions des groupes armés musulmans.

– Chasse aux musulmans –

A la chute du président issu de la Séléka, Michel Djotodia, en 2014, les antibalaka se sont livrés à à une chasse aux musulmans dans Bangui et ses environs, faisant des centaines de morts.

Depuis, les milices antibalaka continuent de combattre dans une large partie du territoire, tantôt contre des groupes armés issus de l’ex-Séléka, tantôt contre d’autres milices antibalaka, pour le contrôle des territoires et ressources du pays.

« Il faut une reconnaissance de ce qu’ont fait les antibalaka », affirmait pourtant à l’AFP en 2014 M. Ngaissona qui se disait « porte-parole » de ces milices et qui, avant son arrestation, était encore leur « coordonnateur politique ».

Il affirmait « ne pas vouloir mélanger politique et sport », mettant en avant son rôle de président depuis 2008 de la Fédération centrafricaine de football, lui qui a été éphémère ministre des Sports en 2013.

« C’est le fruit d’un travail bien fait depuis de années au sein de la jeunesse centrafricaine », selon Igor Lamaka, alors même que l’enrôlement de mineurs dans les groupes armés est une pratique répandue dans ce pays en conflit depuis 2012.

Plusieurs fois déjà, M. Ngaissona avait été dans le viseur de la justice: en 2014, une vaste opération de l’armée française pour l’appréhender dans son fief de Boy-Rabe, quartier du nord de Bangui, avait échoué.

Il a bien été incarcéré au début des années 2000 pour enrichissement illicite, mais semblait passer entre les mailles de tous les filets depuis.

A Bangui, ses détracteurs avaient lié son inexorable ascension – jusqu’à se présenter à l’élection présidentielle de 2015 – à ses liens avec l’ancien président François Bozizé (2002-2013), et ses connexions présumées avec l’actuel président Faustin-Archange Touadéra.

La candidature à la présidentielle de celui qui avait été député dans son fief de Bangui sur les listes du parti de M. Bozizé, sera néanmoins rejetée, ce qui provoqua barricades et échauffourées dans des quartiers de la capitale centrafricaine.

Brexit: May expose les doléances de son Parlement aux dirigeants européens

La Première ministre britannique Theresa May entame mardi des consultations auprès des dirigeants européens pour tenter d’obtenir des assurances supplémentaires sur l’accord de Brexit dans le but de convaincre son Parlement, remonté contre le texte, de le ratifier.

Quasiment assurée de voir l’accord retoqué par les députés, la cheffe du gouvernement a pris lundi la décision de reporter sine die le vote prévu ce mardi à la Chambre des Communes pour avoir un nouveau round de discussions avec ses homologues européens.

Elle s’entretient dans la matinée avec son homologue néerlandais Mark Rutte à La Haye avant de se rendre à Berlin pour échanger avec la chancelière Angela Merkel.

Theresa May souhaite discuter avec eux des « préoccupations exprimées par le parlement » britannique, a expliqué un porte-parole de Downing Street.

La marge de manœuvre est étroite pour la dirigeante britannique.

Elle est confrontée d’un côté à la fermeté des dirigeants des 27, qui ont répété leur refus de rouvrir les négociations qui avaient abouti fin novembre après 17 mois de discussions âpres et techniques entre Londres et Bruxelles.

De l’autre, elle fait face à l’opposition des députés de la Chambre des Communes qui, dans l’opposition comme dans la majorité, réclament que le texte soit retravaillé, notamment la disposition très controversée du filet de sécurité, ou « backstop » en anglais, qui prévoit un traitement spécifique pour la province d’Irlande du Nord afin d’éviter le retour d’une frontière physique avec la république d’Irlande.

A Bruxelles, le président du Conseil européen Donald Tusk a annoncé la convocation jeudi d’un sommet consacré au Brexit pour répondre aux préoccupations britanniques, au premier jour du conseil européen des 13 et 14 décembre.

« Nous sommes prêts à discuter de la manière de faciliter la ratification britannique », a déclaré Donald Tusk. Mais « nous ne renégocierons pas l’accord, y compris le filet de sécurité », a-t-il prévenu.

– « Formulation cosmétique » –

Auprès des dirigeants européens, Theresa May « tentera d’obtenir des concessions sur la déclaration politique », plutôt que sur l’accord en lui-même, analyse pour l’AFP Anand Menon, professeur de politique européenne au King’s College de Londres.

Texte non contraignant juridiquement, la déclaration politique dessine les contours de la relation future que vont tenter de nouer les deux partenaires après le divorce. Elle a été approuvée par Londres et Bruxelles en même temps que l’accord de retrait, qui, lui, engage ses signataires.

Surtout, « Theresa May ne doit pas se contenter d’obtenir des concessions. Elle doit faire en sorte que l’UE annonce clairement que ce sont les seules concessions possibles, quel que soit le Premier ministre en poste », insiste Anand Menon. « Car aujourd’hui, beaucoup de discussions au parlement n’ont aucun sens, elles viennent de députés qui disent +Je pourrais faire mieux+, mais c’est faux ».

Côté européen, le terme de « concession » semblait un peu trop fort pour désigner les aménagements espérés par la dirigeante britannique. « Il faut voir quelles sont les assurances que souhaite Theresa May, si les Brexiters intransigeants seraient satisfaits d’une formulation cosmétique », a commenté auprès de l’AFP une source diplomatique.

– Vers un « no deal » ? –

Cette nouvelle péripétie complique encore un peu plus le calendrier: après le sommet européen sur le Brexit, jeudi à Bruxelles, le parlement britannique siège pendant trois jours avant de suspendre ses activités du 20 décembre au 7 janvier 2019. Selon les analystes, cette courte fenêtre ne permettra pas d’organiser le vote des députés sur l’accord de retrait, qui devrait donc, à ce stade, être renvoyé en janvier.

Pour Anand Menon, ce retard pourrait « accentuer la pression » sur les députés britanniques quant à leur positionnement par rapport au texte, face au scénario d’un Brexit sans accord, redouté dans les milieux économiques.

« Tant que nous échouons à convenir d’un accord, le risque d’une sortie accidentelle sans accord augmente », a mis en garde Theresa May lundi. Elle a annoncé que son gouvernement, qui a déjà publié des dizaines de notes techniques pour préparer la population à cette éventualité, « prolongera ses travaux sur cette issue potentielle » au cours de la semaine.

Cette préoccupation est partagée par les dirigeants de l’UE. Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar et Donald Tusk se sont mis d’accord lundi pour « intensifier » les préparatifs en vue d’un éventuel « no deal ».

RDC: l’UE prolonge ses sanctions, notamment contre le dauphin de Kabila à la présidentielle

L’UE a annoncé lundi la prolongation pour un an, jusqu’à décembre 2019, de ses sanctions visant 14 responsables du régime du président congolais Joseph Kabila accusés de violations des droits de l’homme, dont son dauphin pour la présidentielle Emmanuel Ramazani Shadary.

Ramazani Shadary, désigné cette année pour représenter le camp Kabila à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre, a été ministre de l’Intérieur entre décembre 2016 et février 2018.

A ce titre, l’Union européenne le considère comme un des responsables de l’arrestation d’opposants et de la « violente répression » de manifestations survenues en janvier-février 2017 à Kinshasa, selon un document officiel de l’UE.

Il est aussi question d’un « usage disproportionné de la force » pour réprimer le mouvement religieux Bundu Dia Kongo (BDK) et d’autres manifestations au Kasaï, dans le centre du pays.

En mai 2017, le nom de Ramazani Shadary comptait parmi ceux de neuf responsables de l’appareil sécuritaire congolais ajoutés à une liste de sept personnalités déjà sanctionnées à la suite de violences survenues en septembre 2016.

Ce total de 16 sanctionnés est ensuite tombé à 14 en février 2018 quand deux noms ont été transférés sur une autre liste, sous la responsabilité des Nations Unies, selon une source européenne.

Les sanctions consistent en un gel d’éventuels avoirs et une interdiction de visa pour l’Union européenne.

Elles ont été prolongées jusqu’au 12 décembre 2019, lundi à l’occasion du réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.

Parmi les 14 hauts responsables visés figurent aussi le ministre de la Communication, Lambert Mende, le chef de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Kalev Mutondo, et Evariste Boshab, prédécesseur de Ramazani Shadary au ministère de l’Intérieur.

En octobre, M. Ramazani Shadary avait protesté par la voix de ses avocats belges contre ces sanctions, jugées « injustes », et avait demandé leur levée.

M. Ramazani Shadary a été désigné par le président Kabila et sa famille politique élargie au Front commun du Congo (FCC) candidat de la majorité à l’élection présidentielle qui doit se tenir le même jour que les législatives et les provinciales.

Au total, 21 candidats sont en course pour la succession du président Joseph Kabila qui ne peut briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.

Lundi, le Conseil de l’UE – instance représentant les 28 pays membres – évoque dans son communiqué ce contexte électoral, et réaffirme « l’importance de la tenue d’élections crédibles et ouvertes à tous » dans le respect du peuple congolais.

« Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence », est-il aussi souligné.

Il y a dix jours, Joseph Kabila avait qualifié ces sanctions de « tout à fait illégales, injustes, arbitraires, orientées politiquement », dans un entretien avec le quotidien belge Le Soir.

« Moi, je fais pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés, et surtout les officiers; je sais qu’ils défendent l’Etat de droit », avait affirmé le président.

Et d’enchaîner: « On me dit que si tout se passe bien lors des élections, les sanctions pourraient être levées. Mais moi je m’en fous. Pour les élections, tout va très bien se passer, et cela ne dépendra pas des sanctions ».

En Afrique du Sud, les cimetières débordent

C’est une scène devenue familière dans les cimetières d’Afrique du Sud. La population n’en finit pas de croître et la place manque. Alors les fossoyeurs n’ont pas d’autre choix que d’y inhumer les morts dans les tombes existantes.

Dans les cimetières de la plus grande ville du pays Johannesburg, 45 à 60 sépultures sont ainsi rouvertes chaque semaine. Les autorités locales s’en inquiètent, au point d’envisager de rendre les incinérations obligatoires.

« Nos cimetières étouffent. C’est le résultat des très forts mouvements de population, aussi bien internes qu’externes, qui affectent Johannesburg », constate, fataliste, Reggie Moloi, responsable municipal du secteur.

La situation des autres grandes villes n’est guère plus enviable. Sur les rives de l’océan Indien, Durban (nord-est) a tiré la sonnette d’alarme de la surpopulation funéraire il y a déjà une dizaine d’années.

Au début des années 1990, les violences politiques qui ont accompagné la transition de l’apartheid à la démocratie et les ravages de l’épidémie de sida ont considérablement accru la mortalité dans la capitale de la province du KwaZulu Natal.

« Nous avions alors constaté que les cimetières se remplissaient très vite et que (…) nous allions manquer rapidement de place », se souvient Thembinkosi Ngcobo, responsable des parcs pour la municipalité d’eThekwini, qui inclut Durban.

Les craintes se sont depuis confirmées. Et les familles de l’agglomération sont menacées de se voir fermer la porte des cimetières municipaux au nez.

« Nous sommes confrontés à un sérieux problème », résume, inquiet, Thembinkosi Ngcobo.

– « Des cimetières pleins » –

« La situation est grave et difficile à comprendre par le citoyen moyen et les décideurs qui, à la vue des grands espaces inoccupés de notre pays, présument que nous disposons encore de beaucoup de place », abonde Denis Ing, vice-président de l’Association sud-africaine des cimetières.

La crise a forcé les autorités locales à réfléchir en urgence à des alternatives innovantes.

Le recyclage des tombes anciennes en est une, la crémation une autre. Mais cette dernière solution se heurte aux réticences d’une population encore très attachée à ses traditions.

Dans le quartier de Roodeport, à Johannesburg, la famille Sipamla a fait le choix d’enterrer la grand-mère Caroline, 87 ans, dans la même sépulture que son fils.

« Les cimetières sont complètement pleins », constate, elle aussi, la fille de la défunte, Puleng Sipamla. « Il nous a semblé plus facile et surtout bien moins cher de rouvrir la tombe (de son frère) que d’en faire creuser une autre ».

Caroline avait explicitement refusé d’être incinérée. « Elle a été très clair », se souvient sa petite-fille Zoleka Sipamla, « elle avait aussi dit +vous pouvez m’enterrer sur mon fils+ ».

Le révérend Harold Ginya, de l’Eglise de Nazareth, recommande sans détour la même solution à ses ouailles.

« C’est clairement ce qu’on préfère. Personne ne viendra jamais se plaindre en disant +vous êtes au-dessus de moi+ », fait remarquer benoitement l’ecclésiastique. « Et puis surtout, on ne croit pas en l’incinération ».

Nombre de Sud-Africains partagent son opinion. Spécialement parmi les plus « anciens », qui associent encore volontiers l’image du feu à celle de l’enfer.

– « Pas d’autre choix » –

« Les gens nous disent souvent +pourquoi enverrais-je en enfer celui que j’aime ?+ », rapporte Reggie Moloi.

D’autres refusent l’incinération car ils sont persuadés que seul un corps complet peut rejoindre l’au-delà.

« La crémation leur est culturellement inimaginable car ils croient en l’importance du corps humain, à son pouvoir », note l’anthropologiste Casey Golomski, de l’université du New Hampshire (Etats-Unis).

« Ils veulent donc à tout prix éviter la crémation », ajoute ce spécialiste des coutumes dans l’eSwatini (ex-Swaziland).

De fait, très peu de Noirs sont incinérés à Durban. Un seul en moyenne chaque semaine, contre plusieurs dizaines d’enterrements traditionnels, selon les autorités.

Pour s’affranchir des réticences qu’elle suscite, « il serait peut-être utile que l’on explique aux gens pourquoi ils doivent choisir l’incinération », suggère la jeune Zoleka Sipamla. « On peut simplement leur dire que l’espace n’est pas infini ».

Que l’on soit pour ou contre, la crémation risque bientôt de s’imposer à tous.

A l’heure où le gouvernement sud-africain souhaite relancer la redistribution des terres au profit de la majorité noire spoliée sous l’apartheid, la pression foncière est telle que les cimetières ne seront sûrement pas servis les premiers.

Certaines municipalités agitent donc publiquement l’idée de rendre l’incinération obligatoire.

« Il y a un moment où les habitants de Johannesburg n’auront pas d’autre choix que le crématorium ou la réutilisation des tombes existantes », prévient Reggie Moloi, « la pression immobilière est telle que nous pouvons plus attribuer de terres aux cimetières ».

sn-pa/jlb

Pétrole: Washington « pas en position » de dicter sa conduite à l’Opep selon le ministre saoudien

Les Etats-Unis ne sont « pas en position » de dicter sa conduite à l’Opep, a estimé jeudi le ministre saoudien de l’Energie, après que le président américain Donald Trump a demandé à l’organisation de renoncer à réduire sa production pour soutenir les cours.

Washington « n’est pas en position de nous dire ce que nous devons faire », a souligné le ministre, Khaled al-Faleh, avant une réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne. « Je n’ai besoin de la permission de personne pour diminuer » la production, a-t-il insisté.

Donald Trump avait exhorté mercredi dans un tweet l’Opep à « maintenir sa production en l’état », alors que l’organisation souhaite réduire celle-ci afin de soutenir les cours après une chute de 30% en deux mois.

Tout en se disant opposé à une baisse de la production de son propre pays en raison des sanctions américaines, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a lui aussi ironisé jeudi sur le tweet de M. Trump.

« C’est la première fois qu’un président des Etats-Unis dit à l’Opep ce qu’elle doit faire », a-t-il relevé, ajoutant qu' »ils devraient savoir que l’Opep ne fait pas partie du département américain de l’Energie ».

Le ministre saoudien a souligné que l’Opep souhaitait s’accorder jeudi sur une « baisse suffisante » de sa production pour équilibrer le marché, estimant qu’elle « devrait être distribuée de façon égale entre les pays » en fonction de leur production.

M. al-Faleh a jugé souhaitable une baisse de production d' »un million de barils par jour », sans préciser s’il s’agissait d’une baisse par rapport au niveau des objectifs fixés fin 2016 ou par rapport à la production du groupe en octobre et novembre.

En octobre, l’Opep a produit 32,99 millions de barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie, et l’Arabie saoudite a annoncé une nouvelle hausse de sa production en novembre.

Alors que plusieurs analystes estiment qu’un million de barils de baisse ne seront pas suffisants pour rééquilibrer le marché, les prix du pétrole ont chuté de près de 5% après les déclarations du ministre saoudien.

Vers 11H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 58,63 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,93 dollars par rapport à la clôture de mercredi.

Selon le ministre iranien, la plupart des pays de l’Opep visent un prix du brut entre 60 et 70 dollars.

Le « traître » Emmanuel Kant déchaîne les passions dans sa ville natale en Russie

Le philosophe Emmanuel Kant est au cœur d’une étrange polémique dans sa ville natale de Kaliningrad, où il a été accusé sans raison évidente de « russophobie » alors qu’il dominait un sondage en ligne destiné à choisir le nom de l’aéroport de la ville.

Le philosophe né en 1724 a passé la majeure partie de sa vie dans la ville prussienne de Königsberg, renommée Kaliningrad après son occupation par l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Kaliningrad est aujourd’hui la principale ville d’une enclave russe qui porte son nom, entre la Pologne et la Lituanie.

Jusqu’à récemment, un sondage en ligne plaçait le philosophe en tête des noms susceptibles d’être choisis pour baptiser l’aéroport de la ville, rénové pour le Mondial-2018.

Mais cela a provoqué la colère de responsables locaux qui ont accusé le philosophe de « russophobie » malgré l’absence de tout élément historique témoignant d’un quelconque ressentiment envers l’Empire russe.

Dans une vidéo publiée lundi et devenue virale, un homme identifié par les médias locaux comme le vice-amiral Igor Moukhametchine, chef d’état-major de la flotte russe de la Baltique, appelle dans un discours les militaires à voter contre Emmanuel Kant, l’accusant d’avoir « trahi sa patrie » mais semblant surtout reprocher au philosophe d’être allemand.

« Il s’est humilié pour obtenir un département à l’université, afin qu’il puisse enseigner et écrire des livres étranges que personne présent ici n’a lu », éructe le militaire.

Le philosophe, figure centrale de la pensée occidentale, a ensuite dégringolé dans le sondage, clos le 1er décembre: c’est l’impératrice Elisabeth Petrovna, dont l’armée a brièvement capturé la ville en 1758 avant de l’abandonner cinq ans plus tard, qui l’a emporté.

Pendant cette brève période de règne russe, Emmanuel Kant a demandé à l’impératrice de le laisser enseigner à l’université locale, mais sa lettre n’a jamais été délivrée.

– « Les gens sont passionnés » –

Interrogé au sujet de la vidéo du vice-amiral Moukhametchine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué mardi ne pas l’avoir regardé, ajoutant que ce débat montre que « les gens sont passionnés » par le programme russe appelant les citoyens à choisir un nom pour chaque grand aéroport du pays.

Ce programme, qui concerne plusieurs dizaines d’aéroports à travers la Russie via un sondage en ligne où plusieurs noms de personnalités étaient proposés, a provoqué plusieurs polémiques dans le pays.

Dans une tribune publiée sur un site internet pro-Kremlin nommé Vzgliad, un député de Kaliningrad, Andreï Kolesnik, a lui aussi estimé que le philosophe est « russophobe » et assuré qu’il serait non patriote de « germaniser » l’aéroport. « L’auteur de « Critique de la Raison Pure » ne peut pas être un grand symbole d’une région russe », a-t-il déclaré.

Signe de la tension autour du choix de ce nom, trois lieux liés à l’illustre philosophe allemand ont été vandalisés par des jets de peinture: sa tombe, un monument en mémoire du philosophe et une plaque commémorant le lieu où se trouvait autrefois sa maison. « Le nom de l’Allemand Kant ne ternira pas notre aéroport », pouvait-on lire sur des tracts déposés autour du monument.

« Pour les habitants de Kaliningrad, pour les gens qui réfléchissent, Kant n’est citoyen d’aucun pays, il est un individu de portée planétaire », a déclaré à l’AFP Vladimir Silinevitch, le porte-parole de la cathédrale de Kaliningrad, qui abrite la tombe du philosophe.

A la tête du département de philosophie de l’Université Emmanuel-Kant de Kaliningrad, Vadim Tchaly a pour sa part déclaré à l’AFP que si les russes s’opposant à Kant avaient lu ses oeuvres, ils découvriraient que ces valeurs sont « les valeurs normales de n’importe quelle société, y compris la russe ».

« Kant est une figure vaguement rejetée par une partie de la société russe qui n’a pas encore déterminé qu’elles étaient ses propres idées, sans parler de celles de Kant », a-t-il ajouté.

Un étudiant de l’université locale a même été interrogé par la police après avoir proposé sur Internet d’organiser une manifestation en soutien au philosophe. Interrogé par l’AFP, il a dit n’avoir jamais reçu l’autorisation malgré plusieurs demandes.

La controverse a éclaté à cause d’une « aversion pour tout ce qui est allemand » entretenue par certains Russes, regrette-t-il: « Kant est allemand, donc c’est un ennemi ».

Premier vol habité à destination de l’ISS depuis le lancement raté

Le cosmonaute russe et les deux astronautes américain et canadien qui décolleront lundi du cosmodrome de Baïkonour vers la Station spatiale internationale (ISS) sont « confiants » avant le lancement de leur fusée Soyouz, le premier depuis l’échec du dernier vol habité en octobre.

Tous en choeur, les trois membres de l’expédition ont assuré avoir « confiance », selon les mots du cosmonaute Oleg Kononenko, en la fusée Soyouz qui les fera quitter l’atmosphère terrestre ainsi qu’en l’équipe de l’agence spatiale russe Roskosmos l’ayant mise au point.

« Le risque fait partie de notre métier », a déclaré dimanche, lors de la traditionnelle conférence de presse de veille de lancement, le commandant de bord Kononeko, 54 ans et déjà trois vols spatiaux à son actif, se disant « psychologiquement et techniquement prêt » pour le décollage.

Lundi matin, David Saint-Jacques, Anne McClain et Oleg Kononenko ont rejoint leur pas de tir quelques heures avant ce décollage très attendu, près de deux mois après l’échec du lancement d’une fusée Soyouz qui avait vu ses deux occupants, Nick Hague et Alexeï Ovitchinine, être contraints à un retour sur Terre agité.

David Saint-Jacques, particulièrement enjoué, a envoyé des baisers à la foule qui saluait et applaudissait le trio alors qu’il partait vers le pas de tir.

Les trois scientifiques décolleront à 11H31 GMT de Baïkonour, le cosmodrome russe situé au cœur des steppes du Kazakhstan, pour une mission de six mois et demi en orbite à 400 kilomètres au-dessus de la Terre.

Le 11 octobre, la fusée emportant l’Américain Nick Hague et le Russe Alexeï Ovitchinine avait connu une défaillance deux minutes après le décollage. Ce lancement raté, le premier pour un vol habité dans l’histoire de la Russie post-soviétique, avait relancé les doutes sur l’industrie spatiale russe, en proie à de nombreux échecs ces dernières années.

« Nous sommes psychologiquement et techniquement prêts pour le décollage », a ajouté l’expérimenté cosmonaute Kononenko dont ce sera la quatrième mission spatiale.

Parmi les missions assignées au Russe figure une sortie dans l’espace, prévue le 11 décembre, pour enquêter sur le trou découvert en août dans un vaisseau Soyouz amarré à la station orbitale, qui avait provoqué une légère décompression de l’ISS.

Aux côtés d’Oleg Kononenko, l’astronaute de la Nasa Anne McClain s’est dit « vraiment prête » pour le lancement. « Nous sommes prêts à partir et nous ne pensons pas à ça », a ajouté l’ancienne pilote de l’air de 39 ans au sujet de l’accident du 11 octobre.

– Un système « incroyablement sûr » –

David Saint-Jacques a pour sa part vanté le vaisseau spatial Soyouz « incroyablement sûr » qui les emmènera en à peine sept heures à bord de la Station.

« Ils sont rentrés sur Terre sains et sauf. Dans un sens, cet événement me rassure sur la conception intelligente du Soyouz et le travail incroyable de l’équipe de recherche ici sur Terre », a expliqué le cosmonaute de 48 ans. La gouverneure générale du Canada, Julie Payette, sera à Baïkonour pour assister à son décollage.

Quelques semaines après l’accident, la commission d’enquête mise en place par Roskosmos avait conclu à la « déformation » d’un capteur lors de l’assemblage de la fusée Soyouz à Baïkonour.

Ce lancement raté illustre les difficultés constantes de l’industrie spatiale russe. La construction du nouveau cosmodrome de Vostotchny, inauguré en avril 2016, a été marquée par de nombreuses affaires de corruption et la cour des comptes russes a épinglé fin novembre Roskosmos pour la disparition de plusieurs centaines de milliards de roubles « volés ».

Le secteur souffre aussi de défauts de fabrication et de conception, comme dans la perte d’un cargo spatial Progress en décembre 2016 à la suite de laquelle les autorités avaient procédé au rappel des moteurs des fusées Proton.

Reste que les fusées Soyouz sont le seul moyen d’acheminer des hommes sur l’ISS, plusieurs responsables ayant souligné la fiabilité de la fusée dont le système de sécurité a permis de ramener sains et sauf sur Terre les deux spationautes.

Depuis l’accident, plusieurs fusées Soyouz ont décollé sans encombre, dont une le 16 novembre emportant un vaisseau cargo Progress de ravitaillement à destination de la station.

Initialement prévu le 20 décembre, le lancement de lundi a été avancé afin d’assurer une présence permanente dans l’ISS, alors que l’équipage actuel composé de Sergueï Prokopiev, Alexander Gerst et Serena Auñón-Chancellor doit revenir sur Terre le 20 décembre.

Ce lundi, l’amarrage à l’ISS de l’équipage est prévu à 17h30 GMT, soit six heures à peine après le lancement.

Rwanda: un journaliste collaborant avec la BBC arrêté pour « terrorisme »

Un journaliste rwandais travaillant comme pigiste pour le service local de la BBC-radio a été arrêté pour possession d’explosifs et participation à un « complot terroriste », a annoncé le Bureau rwandais d’enquêtes (RIB).

Phocas Ndayizera, 39 ans, n’avait plus été vu par ses proches depuis une semaine. Il encourt une peine de 20 ans de prison s’il est reconnu coupable aux termes de la loi antiterroriste rwandaise.

« Il a été arrêté en flagrant délit alors qu’il recevait les explosifs, dont de la dynamite », a déclaré jeudi Modeste Mbabazi, le porte-parole du RIB.

« Nous enquêtions sur lui et avions fait le lien entre lui et des groupes terroristes cherchant à porter atteinte au Rwanda », a-t-il ajouté.

Le RIB a été créé en début d’année pour prendre en charge la mission d’enquête de la police.

Paradé jeudi devant les médias, M. Ndayizera a déclaré n’être « jusqu’à présent, pas au courant des raisons pour lesquelles (il a) été arrêté, ni des accusations qui pèsent sur (lui) ».

L’Organisation rwandaise de la presse a dit espérer qu’il bénéficie d’un procès équitable mais ne pas pouvoir s’impliquer dans le dossier car les accusations ne sont pas liées à son travail de journaliste.

« Nous sommes très inquiets, étant donné la gravité des accusations. Nous espérons qu’il aura droit à un procès juste, équitable et rapide », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Le service radio de la BBC en kinyarwanda est suspendu depuis 2014 au Rwanda, après que la BBC-télévision au Royaume-Uni eut diffusé un documentaire accusant le chef de l’État rwandais Paul Kagame d’avoir été impliqué dans l’attentat de 1994 contre l’avion du président d’alors, Juvénal Habyarimana.

Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés.

Réélu en août 2017 pour un troisième mandat de sept ans, M. Kagame, homme fort du Rwanda depuis 1994, est crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide. Il est aussi régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de museler toute opposition.

La radicalisation dans les prisons belges, « un problème considérable »

Les services de renseignement belges s’inquiètent d’une menace terroriste persistante dans le pays, en raison de la radicalisation en prison et du risque de récidive des condamnés pour terrorisme, « un problème d’une ampleur considérable » selon eux.

La Sûreté de l’Etat, le service civil de renseignement en Belgique, s’exprime ainsi dans son rapport d’activité 2017-2018, consulté vendredi par l’AFP. Une démarche de transparence rare saluée comme « une petite révolution » par les médias belges.

Les prisons belges, note le rapport, « abritent aujourd’hui une population de détenus incarcérés pour terrorisme d’une importance jamais égalée auparavant », ce qui expose à un risque de « contagion » des idées radicales « plus considérable que jamais ».

« Compte tenu de la tendance actuelle et persistante à la récidive chez les anciens détenus incarcérés pour terrorisme, sans parler des prisonniers radicalisés +ordinaires+, la Belgique devra encore faire face pendant un certain temps à une menace terroriste latente », poursuivent les auteurs.

La Belgique a été frappée par plusieurs attaques jihadistes revendiquées par le groupe Etat islamique, notamment en 2016 (32 morts à Bruxelles) et en mai 2018 (3 morts à Liège).

Les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles ont été perpétrés par une cellule également à l’origine de ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Les auteurs avaient pour certains combattu en Syrie, nombre d’entre eux étaient d’anciens condamnés.

La Sûreté de l’Etat présente le conflit syrien comme un « catalyseur » du phénomène de radicalisation des détenus, en partie à l’origine de la récidive.

« Nombreux sont les individus condamnés en Belgique entre 2001 et 2011 dans des affaires de terrorisme et qui récidivent en tant qu’extrémistes islamistes ou que terroristes », est-il souligné.

Et ceux qui sortiront de détention « d’ici 3 à 5 ans », est-il ajouté, « sont susceptibles d’entraîner une nouvelle vague d’extrémisme, voire de jihadisme dans notre pays ».

En proportion de sa population, la Belgique a été un des tout premiers pourvoyeurs de combattants étrangers pour le jihad en Syrie, avec « depuis 2012, plus de 400 » départs recensés, selon ce rapport.

Parmi ces combattants belges, un tiers est revenu, beaucoup sont morts, mais « environ 150 » seraient encore « actifs sur place », un nombre resté « étonnamment stable depuis 2016 ». « L’implosion du califat n’a pas entraîné un retour massif » de ces jihadistes étrangers, est-il indiqué.

Dans un chapitre sur « Le salafisme, numéro un de l’extrémisme », la Sûreté de l’Etat relève que l’enseignement à domicile (EAD) est un vecteur de radicalisation.

« Près de 20% de parents élèves inscrits dans l’EAD seraient liés à des groupes extrémistes », ce qui est « une menace potentielle à prendre au sérieux au vu de la fragilité du public-cible ».

L’ex-avocat de Trump avoue avoir menti sur les contacts avec la Russie

Michael Cohen, ancien avocat et homme de confiance de Donald Trump, a reconnu jeudi avoir menti au Congrès américain sur ses contacts avec des Russes au sujet d’un projet immobilier, une mauvaise nouvelle pour le président américain, qui a balayé ces nouvelles déclarations.

Lors d’une audience devant un tribunal fédéral de Manhattan jeudi, Michael Cohen a affirmé avoir menti au sujet de discussions sur un projet immobilier en Russie. Ce projet avait déjà été évoqué par plusieurs médias américains et implique le conglomérat de Donald Trump.

Ces nouvelles déclarations de l’ancien conseil du président sont un rebondissement important dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, que le milliardaire républicain s’emploie presque quotidiennement à discréditer, affirmant n’avoir eu aucun contact avec des Russes durant sa campagne.

Robert Mueller enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 et sur les soupçons de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump.

Quelques minutes après la fin de l’audience, Donald Trump a contre-attaqué contre son ancien avocat, qu’il a qualifié de « personne très faible » cherchant avant tout à obtenir une peine réduite pour son implication dans des dossiers qui ne sont pas directement liés à lui.

« C’était un projet bien connu (…) Ca n’a pas duré longtemps. Je n’ai pas mené ce projet », s’est défendu le milliardaire républicain, avant de s’envoler pour le sommet du G20 en Argentine, à propos de ce possible investissement en Russie.

« Il n’y aurait rien eu de mal si je l’avais mené », a-t-il ajouté. « Je ne l’ai pas fait pour un certain nombre de raisons. La première, même si rien ne m’y obligeais, est que j’étais vraiment occupé à faire campagne pour la présidentielle ».

Objet de poursuites pénales, M. Cohen avait déjà plaidé fin août coupable de plusieurs chefs d’accusation et, après avoir pris ses distances avec le président américain, coopère avec le procureur spécial Robert Mueller.

Lors d’une audition par la commission du Sénat sur le renseignement, Michael Cohen avait assuré que les contacts relatifs au projet immobilier avaient pris fin en janvier 2016, selon un document versé jeudi au dossier et rendu public.

« J’ai établi que le projet n’était pas réalisable pour une série de raisons et devrait être abandonné », avait alors déclaré l’avocat.

Mais il a avoué jeudi que les discussions s’étaient en réalité poursuivi jusqu’en juin 2016, soit très tard dans la campagne présidentielle.

Michael Cohen aurait même longtemps envisagé de se rendre en Russie, notamment pour s’entretenir avec des officiels russes des autorisations nécessaires à la réalisation du projet, a-t-il admis.

L’avocat indique également qu’un officiel russe lui aurait proposé de rencontrer Vladimir Poutine lors d’un sommet à Saint-Pétersbourg, mi-juin 2016, proposition finalement restée sans suite.

– Cohen veut coopérer –

« M. Cohen a coopéré », a déclaré, à la sortie du tribunal, son avocat, Guy Petrillo. « M. Cohen va continuer à coopérer », a-t-il promis, rappelant que son jugement était attendu le 12 décembre.

« L’histoire n’a pas encore été racontée dans sa totalité », a réagi le vice-président de la commission du Sénat sur le renseignement, le démocrate Mark Warner, relevant « la série de proches de Trump qui plaident coupables, pratiquement toujours pour avoir caché leurs liens avec la Russie et les Russes ».

Après avoir longtemps été considéré comme fidèle d’entre les fidèles, prêt à « prendre une balle » pour son patron, comme il le disait lui-même, Michael Cohen a pris ses distances avec Donald Trump à la fin du printemps, alors que la perspective d’une peine de prison se précisait.

Outre le dossier russe, il affirmé fin août, sous serment, avoir payé deux femmes en échange de leur silence sur une liaison supposée avec l’ancien promoteur immobilier, à la demande de Donald Trump et « pour influencer l’élection » présidentielle.

Jeudi en début de matinée, Donald Trump s’en était encore pris, via Twitter, à Robert Mueller et son équipe, l’accusant de dépenser l’argent du contribuable à des fins partisanes, sans avoir rien pu démontrer.

Lundi, c’est l’ancien directeur de campagne du candidat républicain, Paul Manafort, aux nombreux contacts en Ukraine et en Russie, qui a été accusé d’avoir menti au FBI alors qu’il avait accepté de coopérer en échange d’un accord de plaider-coupable.

Selon les médias américains, M. Mueller serait proche de conclure son enquête après avoir reçu les réponses écrites du président américain, qu’il attendait depuis plusieurs mois.

Le procureur spécial a choisi de mener une enquête au spectre très large, qui a déjà mené à plusieurs inculpations et condamnations, souvent pour des faits qui ne sont pas directement liés aux contacts éventuels entre l’équipe de campagne de Trump et des représentants russes.

Géorgie: un second tour et une élection présidentielle test pour le parti au pouvoir

Les Géorgiens élisent mercredi leur président, un test crucial pour le parti au pouvoir du milliardaire Bidzina Ivanichvili qui soutient la candidature d’une ex-ambassadrice française, Salomé Zourabichvili, arrivée au coude à coude au premier tour avec le candidat de l’opposition Grigol Vachadzé.

Il s’agit du dernier scrutin présidentiel direct dans cette ancienne république soviétique du Caucase avant de passer à un régime parlementaire. Les bureaux de vote ouvriront à 08H00 locales (04H00 GMT) et fermeront à 16H00 GMT, les premiers résultats étant attendus dans la nuit.

Si le poste de président est devenu essentiellement symbolique, l’élection préfigure la confrontation à venir entre le Rêve géorgien, au pouvoir, et l’opposition lors des élections législatives de 2020.

Le 28 octobre, la Franco-géorgienne Salomé Zourabichvili, soutenue par le Rêve géorgien, avait échoué à remporter plus de 50% des voix au premier tour, un score perçu comme un désaveu pour le parti au pouvoir.

Ancienne diplomate du Quai D’Orsay, Mme Zourabichvili, 66 ans, est arrivée au coude à coude (38,64%) avec l’opposant Grigol Vachadzé (37,73%) soutenu par le Mouvement national uni fondé par l’ex-président Mikhaïl Saakachvili – aujourd’hui en exil – et dix autres formations politiques.

M. Vachadzé, 60 ans, est légèrement en tête dans les sondages réalisés avant le second tour. Sa candidature a été fortement renforcée par le soutien annoncé du candidat du parti Géorgie européenne, arrivé troisième du premier tour avec 11% des voix.

Une victoire de Grigol Vachadzé marquerait un tournant dans le paysage politique géorgien, annonçant la fin de la domination du Rêve géorgien au pouvoir depuis 2012.

C’est la raison pour laquelle l’ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, officiellement en retrait de la politique, est sorti de son silence après le score décevant de Mme Zourabichvili. « Je sais que vous n’êtes pas satisfaits car votre vie ne s’est pas améliorée », a-t-il affirmé à la télévision, le visage pâle et au bord des larmes.

M. Ivanichvili a une fortune estimée à 4,6 milliards de dollars par Forbes, soit près d’un tiers du PIB du pays. Il a promis d’augmenter les dépenses sociales et d’effacer les petites dettes bancaires de 600.000 personnes. Cette annonce, selon plusieurs ONG, s’apparente à « un achat de voix sans précédent ».

– Accusations de fraudes –

Signe des tensions autour du scrutin, l’opposition a accusé le gouvernement d’intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti de M. Vachadzé.

Mme Zourabichvili, qui fait profil bas depuis le premier tour, a affirmé de son côté qu’elle et ses enfants avaient reçu des menace de mort, plusieurs députés du Rêve géorgien soulevant même le spectre d’une « guerre civile » si M. Vachadzé l’emportait.

Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé la semaine dernière avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d’identité pour truquer le second tour en faveur de Mme Zourabichvili.

Le cabinet du Procureur général géorgien a annoncé une enquête après ces accusations, rejetées par le parti au pouvoir.

Diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Saakachvili de 2008 à 2012, M. Vachadzé a critiqué « le régime oligarchique » d’Ivanichvili alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté dans le pays.

Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili s’est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme Premier ministre, mais il reste considéré comme le véritable dirigeant du pays.

Sur le fond, les deux favoris de l’élection se rejoignent sur plusieurs points: tous deux militent pour un rapprochement avec l’Union européenne et l’Otan, que la Géorgie demande en vain à rejoindre depuis plus de dix ans.

Plus de 3,5 millions de Géorgiens sont appelé à participer à l’élection pendant laquelle seront présents des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Arrestation à Miami du frère du président hondurien, soupçonné de liens avec le narco-trafic

Juan Antonio Hernandez, frère du président hondurien Juan Orlando Hernandez et soupçonné de liens avec des cartels de trafic de drogue, a été arrêté vendredi à Miami (Floride, États-Unis), a annoncé le gouvernement hondurien dans un communiqué.

« Aujourd’hui (vendredi) le citoyen hondurien Juan Antonio Hernandez, frère de l’actuel président de la République du Honduras, a été arrêté dans la ville de Miami, aux États-Unis », selon le communiqué gouvernemental.

Le 24 octobre dernier, le président du Honduras « a clairement indiqué que pour lui, personne n’est au-dessus des lois », alors que des « rumeurs de plus en plus insistantes » disaient son frère lié au trafic de drogue, a rappelé le gouvernement.

« C’est un coup dur, c’est triste, c’est difficile », a reconnu le président Hernandez d’une voix tremblante à des journalistes à l’occasion du congrès de son parti Parti National (PN, droite). Visiblement affecté, Orlando Hernandez a demandé de respecter la présomption d’innocence, tout en réaffirmant sa détermination à lutter contre le trafic de drogue, en étroite collaboration avec les États-Unis.

L’ancien chef du cartel Los Cachiros, Devis Leonel Rivera Maradiaga, a assuré en mars 2017 devant un tribunal de New York avoir payé Antonio Hernandez pour que le gouvernement hondurien solde une dette contractée envers son organisation de trafic de drogue.

Le narco-trafiquant a également témoigné contre Fabio Lobo, fils de l’ancien président hondurien Porfio Lobo (2010-2014), qui a été condamné à 24 ans de prison pour avoir collaboré avec le cartel Los Cachiros. Devis Leonel Rivera Maradiaga avait précisé que son organisation était en affaires avec le gouvernement par l’intermédiaire de l’entreprise Inrimar, qui servait à blanchir l’argent du trafic.

Le frère de l’actuel président avait déjà été mis en cause en octobre 2016 par un militaire hondurien, Santos Rodríguez. Celui-ci avait dénoncé les liens de Juan Antonio Hernandez avec le narco-trafic et l’avait accusé d’avoir trempé dans un complot visant à assassiner l’ambassadeur américain à Tegucigalpa, James Nealon.

Ces accusations avaient été rejetées par Juan Antonio Hernandez, qui était alors député.

Restitutions: 3 phases proposées, 90.000 objets africains dans les collections publiques

Au moins 90.000 objets d’art d’Afrique sub-sahariennes se trouvent dans les collections publiques françaises et trois phases sont proposées pour les restitutions par le rapport Savoy-Sarr remis vendredi au président Emmanuel Macron.

Plus des deux-tiers des objets d’art –70.000– se trouvent au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, dont 46.000 « acquises » durant la période 1885-1960, donc susceptibles selon le rapport Savoy-Sarr d’être restitués.

Plus de vingt mille autres se trouvent dispersés dans de nombreux musées, notamment dans les villes portuaires.

Ce chiffre n’inclut pas plusieurs milliers d’objets hébergés par les musées des missions, qui rassemblent des objets collectés par les congrégations catholiques en Afrique.

Le rapport cite de grands musées européens qui ont aussi de larges collections africaines: le Musée Royal de l’Afrique Centrale de Belgique (180.000), le British Museum (69.000 objets), le Weltmuseum de Vienne (37.000), le futur Humboldt Forum de Berlin (75.000), le Weltmuseum de Vienne (37.000).

Selon le rapport, les collections dans les musées nationaux africains excèdent rarement 3.000 oeuvres, souvent de peu de valeur artistique.

Au Quai Branly, les pièces venant du Tchad sont les plus nombreuses (9.296), car son territoire est au point de jonction entre l’Afrique du nord et l’Afrique sub-saharienne.

Viennent ensuite Madagascar (7.590), Mali (6.910), Côte d’Ivoire (3.951), Bénin (3.157), Congo (2.593), Gabon (2.448), Sénégal (2.281), Guinée (1.997).

Des pièces proviennent de territoires qui n’ont pas été colonisés par la France: Ethiopie (3.081), Ghana (1.656), Nigeria (1.148), RDCongo (1.428). Celles d’Afrique australe (9.282) et d’Afrique de l’Est (5.343) sont bien moins nombreuses.

Le rapport Savoy-Sarr, que le président Macron peut accepter, rejeter, compléter, amender à sa guise, propose trois phases pour les restitutions:

La première devrait aller de la remise du rapport vendredi au printemps 2019. L’inventaire des pièces majeures bien connues détenues dans des musées français devrait être envoyé aux Etats correspondant aux territoires coloniaux d’où elle proviennent. Ces oeuvres, venant du Bénin, Sénégal, Nigéria, Ethiopie, Mali, Cameroun, réclamées depuis longtemps, sont listées spécifiquement.

C’est « une manière de démontrer la vraie volonté de restitution de l’Etat français », insiste le rapport, selon lequel des mesures législatives devraient être prise dès la première phase pour rendre les restitutions irrévocables.

Le transfert de ces pièces devrait être effectué, si les pays d’origine considèrent déjà qu’ils sont en mesure de les recevoir, et une méthodologie de restitutions élaborée en commun.

La seconde phase, du printemps 2019 à novembre 2022, devrait permettre un inventaire complet, faciliter l’accès et le partage des documents digitaux, mettre en place des commissions et des ateliers dans le cadre d’un « dialogue intensif ».

Aucune date de fin n’est prévue pour cette troisième phase qui commencerait en novembre 2022. Ce serait celle du transfert de la majeure partie des oeuvres, selon les deux auteurs, qui estiment en outre que « les pays africains doivent être assurés que leurs demandes de restitutions seront reçues au delà des cinq ans » (le laps de temps évoqué par Emmanuel Macron dans son discours de Ouagadougou en 2017).

Tunisie: grève générale dans la fonction publique à un an des élections

Les fonctionnaires tunisiens, représentant plus d’un sixième des travailleurs du pays, ont suivi massivement jeudi une grève à l’appel de la puissante centrale syndicale (UGTT), pour réclamer des augmentations salariales et envoyer un fort message de défiance au gouvernement à l’approche d’élections nationales.

C’est la première grève de cette ampleur depuis 2013, et selon l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la première menée par la seule fonction publique dans l’histoire du pays.

Plusieurs milliers de manifestants réunis devant le Parlement à Tunis ont scandé « dégage » à l’adresse d’un gouvernement qu’ils ont qualifié de « mendiants », face aux bailleurs de fonds internationaux prônant une réduction de la masse salariale de l’Etat.

Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. A Sfax (centre), des militants ont défilé dans le calme jusqu’au siège du gouvernorat. A Gafsa (sud), au cœur du bassin minier, plusieurs centaines personnes ont manifesté après un discours du responsable local de l’UGTT, a indiqué un correspondant de l’AFP sur place.

Les transports publics continuaient à fonctionner, mais les ministères, écoles, hôpitaux et autres administrations étaient paralysés.

« Vous avez détruit ce peuple, vous l’avez affamé », a lancé au milieu d’une foule compacte devant le Parlement à Tunis, le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi, qualifiant la classe politique d' »adolescente » après des luttes de pouvoir fratricides.

« Nous n’allons pas céder à vos choix libéraux, nous allons prendre des décisions militantes et mobiliser l’ensemble des secteurs », a-t-il menacé, annonçant une réunion samedi pour décider des suites à donner au mouvement, dans un contexte social tendu.

Il a souligné que les fonctionnaires ne demandaient pas « une faveur », mais le maintien de leur pouvoir d’achat, érodé par une inflation flirtant avec les 7,5%.

Au delà des revendications salariales, M. Taboubi a souligné sa détermination à peser lors des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019.

« J’appelle toutes les catégories de ce peuple à être présentes lors des prochaines élections », a-t-il lancé. « Toutes les étapes nous concernent, nous ne laisserons passer aucune élection ».

– Grogne sociale –

Malgré les avancées de la transition démocratique après la chute du président Zine el Abidine Ben Ali en 2011, et une reprise de la croissance après des années de marasme, la Tunisie peine à répondre aux attentes sociales de la population.

L’inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15%, exacerbent la grogne sociale qui a dégénéré en émeutes en janvier dernier dans plusieurs villes du pays.

La grève a été suivie à 90%, assure l’UGTT qui éclame pour les 673.000 fonctionnaires de l’Etat, des augmentations au moins égales à celles concédées cette année aux salariés des entreprises publiques, qui vont de 45 (15 euros) à 90 dinars (30 euros) par mois.

« Cette augmentation n’a pas été prise en considération dans le budget de l’Etat de 2019 », a affirmé à l’AFP Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’UGTT.

Cette mobilisation intervient alors que le Parlement commence à débattre samedi de la dernière loi de finances de sa mandature.

Les bailleurs de fonds qui maintiennent la Tunisie à flot, appellent à maîtriser les salaires de la fonction publique pour ne pas aggraver le déficit du pays. Ils souhaitent voir diminuer le poids de celle-ci dans le PIB, qui atteint 14%, l’un des taux les plus élevés de la région.

Dans leurs slogans, les manifestants ont pris à parti ces institutions financières internationales, qui sont accusées de dicter une politique libérale au gouvernement, scandant notamment « ô gouvernement de la famine, la Tunisie n’est pas à vendre ».

En difficulté financière, le pays a obtenu en 2016 du FMI un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans, en promettant de mener de vastes réformes.

Une délégation des huit principaux bailleurs internationaux s’était déplacée en juillet pour appeler à poursuivre ces réformes dans « l’intérêt des citoyens », alors que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, peinait à faire consensus autour d’un programme touchant notamment les caisses sociales et les nombreuses entreprises publiques.

Le Maroc et l’Espagne pour un renforcement de la coopération sur l’immigration

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez effectue lundi sa première visite officielle au Maroc, au moment où la question migratoire est devenue centrale dans les relations entre Rabat et Madrid.

« La migration est une responsabilité commune et nous devons renforcer notre coopération sur cette question », a dit M. Sanchez, à l’issue d’entretiens avec son homologue marocain Saad-Eddine el Othmani.

« Le partenariat économique est également important, c’est pourquoi nous avons convenu de l’organisation l’an prochain d’un forum économique maroco-espagnol », a poursuivi le dirigeant espagnol, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement pour sa première visite officielle dans le royaume qui s’achève plus tard dans la journée.

« Le Maroc fait tout ce qui est en son pouvoir en matière de lutte contre l’immigration clandestine », a souligné de son côté le chef du gouvernement marocain, issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste).

« La question migratoire est complexe et ne peut être réglée uniquement par une approche sécuritaire malgré son importance, il faut privilégier le développement des pays de départ en Afrique », a ajouté M. Othmani.

Le socialiste Pedro Sanchez avait annoncé vendredi avoir demandé une audience avec le roi Mohammed VI, mais sa tenue n’était toujours pas confirmée lundi en fin de matinée.

L’Espagne est l’un des principaux alliés du Maroc en Europe et son premier partenaire commercial.

Tout au long de l’année, plusieurs ministres et responsables espagnols se sont rendus à Rabat pour parler lutte antiterroriste et surtout migration, louant « l’excellence » des relations entre les deux voisins.

Devenue cette année la première porte d’entrée des migrants en Europe, l’Espagne plaide depuis des mois pour que l’Union européenne débloque des aides à destination du Maroc afin de mieux gérer les flux clandestins sur la route occidentale de la Méditerranée.

Près de 47.500 migrants sont arrivés en Espagne par voie maritime depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et 564 sont morts ou portés disparus.

Si certains tentent la traversée à bord de bateaux pneumatiques au départ des côtes marocaines, d’autres escaladent les barrières hérissées de barbelés des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe.

Outre les migrants subsahariens, ces derniers mois ont vu se multiplier les tentatives de départ de migrants marocains, prêts à tout pour gagner le continent européen.

Entre janvier et fin septembre, le Maroc a stoppé 68.000 tentatives d’immigration clandestine et démantelé 122 « réseaux criminels actifs », selon un bilan officiel.

Malte : les commanditaires du meurtre d’une journaliste identifiés (presse)

Les commanditaires de l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia, tuée à Malte en 2017 dans un attentat à la voiture piégée, ont été identifiés, ont affirmé des sources policières non identifiées citées par The Sunday Times de Malte.

Selon les sources citées par le journal, un groupe de « plus de deux » Maltais a été identifié comme étant ceux qui ont commandité le crime.

Trois suspects ont déjà été arrêtés pour avoir commis l’assassinat mais l’identité des vrais commanditaires demeure une énigme.

Caruana Galizia, qui a été tuée le 16 octobre 2017 à l’âge de 53 ans par une bombe placée dans sa voiture, s’attachait à révéler des scandales de blanchiment d’argent ou de contrebande de pétrole impliquant des membres du gouvernement ou le crime organisé.

Son blog s’en prenait aussi directement aux hommes politiques maltais.

Le fils de la journaliste Matthew avait dénoncé fin octobre le « système d’impunité » qui, selon lui, protège à Malte ceux qui ont commandité le meurtre.

Les trois hommes arrêtés le 4 décembre 2017, les frères Alfred Degiorgio et George Degiorgio, ainsi que Vince Muscat, ont été inculpés pour le meurtre. Mais pour le fils de la journaliste, « ce ne sont que les exécutants, ils sont tout en bas de la chaîne ». « Nous ne savons pas qui les a envoyés, qui les a payés ».

La famille de Caruana Galizia a déclaré dimanche qu’elle n’avait pas été officiellement informée par la police que les commanditaires avaient été identifiés.

Première attaque en Espagne d’une ourse lâchée en octobre en France

L’une des deux ourses lâchées en octobre dans les Pyrénées-Atlantiques en France a attaqué pour la première fois une brebis en Espagne, en Navarre, a-t-on appris jeudi auprès du gouvernement de cette région du nord du pays.

« Le 12 novembre, un éleveur, propriétaire d’un élevage à Uztarroz » non loin de la frontière française, a « informé (les autorités) d’une probable attaque d’une bête de son troupeau par un ours », a indiqué le gouvernement de Navarre dans un communiqué transmis à l’AFP.

Après des analyses effectuées par les gardes forestiers, « la première attaque d’une des ourses lâchées en France » a été considérée comme « prouvée », a-t-il poursuivi en précisant que la préfecture de Pau (Pyrénées-Atlantiques) en avait été informée.

Les autorités de Navarre indiquent par ailleurs qu’elles vont annoncer une série de mesures la semaine prochaine visant à éviter les attaques et épauler les éleveurs.

Deux ourses slovènes, Claverina et Sorita, ont été réintroduites dans les Pyrénées-Atlantiques les 4 et 5 octobre malgré l’opposition des éleveurs locaux qui ont mené des battues pour tenter de les faire fuir, de préférence vers l’Espagne voisine.

L’arrivée de ces ourses avait été promise par le précédent ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, alors que l’Union européenne avait mis en demeure fin 2012 la France pour avoir manqué à ses obligations de protection de cette espèce.

Israël: le ministre de la Défense démissionne sur Gaza, le gouvernement dans la tourmente

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a annoncé sa démission mercredi, plongeant le gouvernement de Benjamin Netanyahu dans la tourmente au lendemain d’un accord de cessez-le-feu avec les groupes palestiniens dans la bande de Gaza.

Le ministre ultranationaliste a dénoncé le cessez-le-feu comme une « capitulation devant le terrorisme » et appelé à des législatives « le plus tôt possible », avant l’échéance fixée à novembre 2019, jetant l’incertitude sur l’avenir du gouvernement en place depuis 2015, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël.

Un responsable du Likoud, parti de droite du Premier ministre, a indiqué pour sa part que M. Netanyahu reprendrait le portefeuille de la Défense –il détient déjà celui des Affaires étrangères– et jugé que des élections anticipées n’étaient pas nécessaires.

Dès mercredi, Benjamin Netanyahu, en fonctions depuis près d’une décennie, a engagé des discussions avec les caciques du Likoud et les chefs des autres formations alliées en vue de « stabiliser » sa coalition, selon un responsable sous couvert de l’anonymat.

Mais la plupart des commentateurs étaient sceptiques sur ces efforts, tablant sur des élections anticipées déjà dans l’air depuis des mois.

Le retrait de la coalition du petit parti de M. Lieberman, Israël Beiteinou, laisse M. Netanyahu avec une majorité théorique minimale d’un seul siège sur 120.

Dans une période préélectorale propice à la surenchère, les autres partenaires gouvernementaux se sont engouffrés dans la brèche.

Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux, a lancé un ultimatum mercredi soir en réclamant le portefeuille de la Défense.

Le groupe parlementaire de cette formation, dont le soutien est désormais vital pour la survie de la coalition, a, dans un communiqué, « exigé » le portefeuille de la Défense « afin de permettre à Israël de reprendre initiative et d’imposer la dissuasion ».

Sans cette nomination « le gouvernement (actuel) n’a pas de raison d’être », a ajouté le communiqué du Foyer juif qui prône une politique beaucoup plus dure contre les islamistes palestiniens du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre a l’autorité de dissoudre un Parlement hostile. Les électeurs doivent alors être appelés aux urnes dans les 90 jours.

– Le Hamas crie victoire –

Au lendemain de la pire confrontation depuis le conflit de 2014, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza a déjà salué la démission de M. Lieberman comme une « victoire pour Gaza, qui a réussi, par sa résistance, à ébranler la scène politique » israélienne.

Au cœur de la discorde israélienne: le cessez-le-feu conclu indirectement mardi sur intercession égyptienne avec les groupes de Gaza.

La trêve a effectivement été respectée mercredi, après une escalade qui a vu les groupes armés de Gaza tirer des centaines de roquettes et d’obus de mortier sur Israël et l’armée israélienne bombarder des dizaines de positions dans l’enclave.

L’engrenage a été enclenché dimanche avec une incursion dans Gaza des forces spéciales israéliennes qui a apparemment mal tourné.

Mercredi, les écoliers de la bande de Gaza ont repris la classe dans l’enclave sous blocus coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée.

Il en a été de même du côté israélien, où toutes les restrictions ont été levées dans les localités périphériques de Gaza –les tirs de roquettes avaient précipité les résidents aux abris.

Quatorze Palestiniens ont été tués par les tirs et frappes israéliens au cours des derniers jours. Les hostilités ont causé la mort d’un officier israélien et d’un autre Palestinien travaillant en Israël, tué par une roquette.

Plus qu’à aucun autre moment depuis 2014, ces affrontements ont rapproché les protagonistes d’une quatrième guerre en une décennie dans le territoire éprouvé par la pauvreté.

Avec le cessez-le-feu, M. Netanyahu en a éloigné le spectre, mais provoqué une bataille politique.

Quelque 300 Israéliens ont manifesté mercredi soir au cri de « sécurité, sécurité » à Ashkelon et bloqué la route située entre cette ville et la bande de Gaza et qui a été soumise aux tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza, selon un photographe de l’AFP.

Avec le cessez-le-feu, « l’Etat achète le calme à court terme au prix de graves dommages à long terme pour la sécurité nationale », a argué mercredi M. Lieberman.

Il a aussi critiqué la décision du gouvernement de permettre le transfert de dollars qataris dans la bande de Gaza principalement pour payer les salaires des fonctionnaires du Hamas.

Malgré des mois de tensions persistantes le long de la frontière avec Gaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait le choix du cessez-le-feu plutôt que de l’escalade, faute d’options, s’accordent les commentateurs.

Il préfèrerait contenir le Hamas plutôt que de tenter de l’éliminer, inquiet soit du vide que laisserait le mouvement islamiste, soit de l’impossibilité pour Israël d’assumer la sécurité d’un territoire d’où il s’est retiré en 2005.

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Suu Kyi déchue de son prix par Amnesty, colère de son parti

Le parti de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a appelé mardi ses concitoyens à « rester forts face à la pression internationale » au lendemain du retrait du prix d' »ambassadrice de conscience » attribué par Amnesty International à l’ancienne icône de la démocratie.

« Nous devons rester forts face à la pression internationale », a déclaré à l’AFP Myo Nyut, porte-parole du parti de Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

« Ces retraits de prix portent atteinte non seulement à la dignité d’Aung San Suu Kyi mais aussi aux membres de notre parti et à tous ceux qui ont participé à la révolte démocratique » contre la junte au pouvoir en Birmanie pendant des décennies, a-t-il ajouté, dénonçant un complot entre organisations pro-rohingyas pour tenter de faire pression sur son pays.

« Personnellement, je suis triste et déçu de voir que des organisations internationales, notamment celles qui à une époque l’ont soutenue, la traitent de façon si injuste », a commenté de son côté Aung Hla Tun, vice-ministre de l’Information, dénonçant une « désinformation médiatique ».

Le gouvernement birman n’a cependant pas officiellement réagi mardi. Et Aung San Suu Kyi est restée muette mardi sur le sujet lors d’un sommet régional à Singapour. Par le passé, elle avait évoqué dans la presse internationale à propos de la crise des Rohingyas un « iceberg de désinformation ».

Estimant qu’elle avait « trahi les valeurs qu’elle défendait autrefois », Amnesty a retiré lundi à Aung San Suu Kyi le prix que l’ONG lui avait attribué en 2009, à l’époque où elle était encore une dissidente admirée pour avoir tenu des années en résidence surveillée.

Amnesty International entend ainsi dénoncer les « multiples violations des droits de l’homme » observées depuis l’arrivée d’Aung San Suu Kyi à la tête du gouvernement birman en 2016, et notamment la crise, qualifiée par l’ONU de « génocide », ayant poussé plus de 720.000 musulmans rohingyas à fuir depuis 2017 les exactions commises par des militaires birmans et des milices bouddhistes.

Les gestes symboliques se multiplient à l’encontre de la prix Nobel de la Paix 1991: le Canada et plusieurs villes britanniques, dont Glasgow, Edimbourg et Oxford, lui ont notamment retiré ses titres de citoyenne d’honneur et le Musée de l’Holocauste de Washington l’a privée de son Prix Elie Wiesel.

Aung San Suu Kyi est très critiquée pour son manque de compassion et d’action devant le sort réservé à la minorité rohingya par l’armée. Cette dernière nie toute exaction de masse.

Khashoggi: colère de la Turquie accusée de « jeu politique » par la France

La Turquie a laissé éclater sa colère lundi après que la France eut évoqué un « jeu politique » du président Recep Tayyip Erdogan à propos du meurtre de Jamal Khashoggi et démenti avoir reçu des informations de la part d’Ankara.

Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a dit ne « pas avoir connaissance » d’un partage d’informations turques, contredisant des déclarations de M. Erdogan.

Interrogé sur l’éventualité d’un mensonge du président turc sur ce point, le ministre français a observé que ce dernier avait « un jeu politique particulier dans cette circonstance ».

Cette accusation est « inacceptable », a vivement réagi auprès de l’AFP le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun, ajoutant qu’un responsable français avait notamment eut accès à un « enregistrement audio » portant sur le meurtre de Khashoggi.

Le président Erdogan a pour la première fois confirmé officiellement samedi l’existence d' »enregistrements » portant sur le meurtre de Khashoggi, ajoutant qu’Ankara avait partagé ces documents avec plusieurs alliés, dont Washington, Berlin, Paris et Londres.

Si Paris a démenti, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part confirmé lundi que les services canadiens avaient écouté les enregistrements en question et avaient été « pleinement informées de ce que la Turquie avait à partager ».

L’Allemagne a de son côté évoqué un « échange entre services secrets » allemand et turc, se refusant toutefois à fournir davantage de précisions.

Si M. Erdogan n’a pas donné de détails sur le contenu des enregistrements samedi, la presse proche du pouvoir à Ankara évoque depuis plusieurs semaines un enregistrement audio du meurtre de Khashoggi.

Cette affaire a provoqué un tollé dans le monde entier et terni l’image de l’Arabie saoudite, en particulier du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS ».

– « Renseignement français » informé –

Jamal Khashoggi, un éditorialiste saoudien critique du pouvoir à Ryad, en particulier de « MBS », a été tué le 2 octobre au consulat de son pays à Istanbul où il s’était rendu pour effectuer des démarches administratives.

Plus d’un mois après la mort du journaliste à l’âge de 59 ans, son corps n’a toujours pas été retrouvés. Selon la presse turque, les enquêteurs estiment que les meurtriers ont démembré puis dissous son corps à l’acide.

Depuis le début de l’affaire, le pouvoir turc, qui décrit un « meurtre prémédité » commis par une équipe de 15 agents saoudiens, s’est efforcé de maintenir la pression sur Ryad grâce à des « fuites » dans la presse locale largement reprises par les médias internationaux.

Après avoir d’abord fermement nié son meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par affirmer que le journaliste avait été tué au cours d’une opération « non autorisée » par Ryad.

« N’oublions pas que cette affaire aurait été totalement étouffée sans les efforts de la Turquie », a déclaré lundi M. Altun.

M. Altun a affimé que « des preuves » avaient été « partagées avec les institutions concernées du gouvernement français », ajoutant que « le 24 octobre, un représentant des services de renseignement français a écouté l’enregistrement audio ».

« S’il y a un problème de communication entre les différentes institutions au sein du gouvernement français, il appartient aux autorités françaises et non à la Turquie de régler ce problème », a-t-il lâché.

L’onde de choc provoquée par le meurtre de Khashoggi a par ailleurs braqué les projecteurs sur la guerre que livre une coalition emmenée par l’Arabie saoudite au Yémen, au prix d’une catastrophe humanitaire majeure.

Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a rencontré lundi le roi Salmane à Ryad lundi lors d’un déplacement visant à accentuer la pression internationale sur la monarchie pétrolière.

La veille, le ministre américain Mike Pompeo avait appelé à la « fin des hostilités » au Yémen lors d’un entretien téléphonique avec « MBS ».

Selon la porte-parole du département d’Etat Heather Nauert, M. Pompeo a également indiqué que son pays allait « demander des comptes à toutes les personnes impliquées dans le meurtre de Jamal Khashoggi », estimant « que l’Arabie saoudite (devait) faire de même ».

Gaza: échanges de tirs lors d’une opération israélienne, un soldat israélien et 6 Palestiniens tués

Un soldat israélien et six Palestiniens ont été tués dimanche lors d’échanges de tirs ayant opposé des soldats israéliens et des combattants du Hamas dans la bande de Gaza. Cette situation menace de raviver les tensions, après un récent accord qui devait contribuer à restaurer le calme.

Dans un communiqué diffusé tard dans la soirée, l’armée a précisé qu' »un officier des forces spéciales a été tué et un autre a été légèrement blessé ».

Auparavant dans la journée, les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé qu’il s’agissait d’une opération des forces spéciales israéliennes, qui avaient tenté de s’infiltrer à l’est de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, à bord d’un véhicule civil.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé d’interrompre dans la foulée sa visite à Paris, où il était venu assister à la commémoration du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale.

« Au regard des incidents dans le sud, le Premier ministre a décidé d’interrompre sa visite à Paris et de revenir ce soir en Israël », ont annoncé ses services dans un communiqué. M. Netanyahu devait rencontrer lundi le président français Emmanuel Macron.

Initialement, l’armée israélienne avait fait d’un état d’un échange de tirs, dans un communiqué succinct.

« Au cours d’une opération (militaire israélienne) dans la bande de Gaza, un échange de coups de feu a eu lieu », avait-elle indiqué.

Un porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, avait alors assuré que tous les soldats israéliens impliqués dans l’opération étaient rentrés en Israël.

« Tous les soldats sont de retour en Israël. Plusieurs alarmes ont retenti dans le sud d’Israël », avait-il écrit sur Twitter.

Dans la soirée, une dizaine de roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël, avant d’être interceptées par le système de défense anti-missiles, selon l’armée israélienne.

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, est en réunion au quartier général de l’armée, a indiqué le ministère.

– Eviter la guerre –

Selon le porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, Achraf al-Qodra, six Palestiniens ont été tués.

Un responsable local des brigades Ezzedine al-Qassam fait partie des victimes, a précisé le groupe.

Un porte-parole du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a dénoncé une « attaque israélienne lâche ».

Ces échanges de tirs surviennent alors que la situation à Gaza semblait se stabiliser, après des mois d’affrontements meurtriers entre Palestiniens et soldats israéliens près de la barrière séparant l’enclave du territoire israélien.

Les autorités israéliennes avaient ainsi autorisé le Qatar à acheminer 15 millions de dollars afin de payer les salaires des fonctionnaires dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié samedi soir cette décision en arguant que cela contribuerait à ramener le calme.

« Je fais ce que je peux, en coordination avec les services de sécurité, pour que le calme revienne dans les localités du sud (d’Israël), mais aussi pour éviter une crise humanitaire », avait-il dit avant de s’envoler pour Paris

« Je ne reculerai pas devant une guerre nécessaire mais je veux l’éviter si elle n’est pas indispensable », avait ajouté le Premier ministre israélien, lors d’une conférence de presse à Paris.

Au moins 227 Palestiniens, en incluant les six décès de dimanche, ont été tués depuis le 30 mars par des tirs israéliens, principalement lors de manifestations contre le blocus, mais aussi dans des frappes israéliennes en réponse à des tirs de roquettes. Deux soldats israéliens ont été tués, incluant celui décédé dimanche.

Ces flambées de violence ont fait craindre l’éclatement d’une quatrième guerre depuis 2008 à Gaza, où deux millions de personnes se débattent avec les blocus israélien et égyptien, la pauvreté et les pénuries.

Nancy Pelosi, première opposante mal-aimée à Donald Trump

Fine connaisseuse des arcanes du pouvoir, Nancy Pelosi pourrait redevenir la femme la plus puissante de la politique américaine après la victoire des démocrates à la Chambre des représentants, mais elle devra négocier avec ceux qui, dans son camp, appellent au renouvellement.

Le chef de la majorité à la chambre basse du Congrès est en effet le troisième personnage de l’Etat après le président et le vice-président. A 78 ans, la députée de San Francisco a l’expérience du poste, qu’elle a occupé de 2007 à 2010, rendant difficile la fin de mandat de George W. Bush.

Si elle redevenait « Madame Speaker », la démocrate a promis l’enfer à Donald Trump, qui l’a appelée mardi soir avant même que l’ensemble des bulletins ne soient dépouillés.

« Un Congrès démocrate va oeuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions », a-t-elle déclaré devant ses troupes à Washington, en annonçant la « restauration des pouvoirs et contre-pouvoirs constitutionnels ».

La Chambre votant les projets de loi de la Maison Blanche, Mme Pelosi pourra, à la tête de sa majorité, bloquer les textes républicains, comme une nouvelle réforme des impôts ou la construction du mur anti-migrants à la frontière mexicaine.

Plus important, la probabilité d’une procédure de destitution contre Donald Trump augmente grandement alors que les démocrates pourront ouvrir des enquêtes parlementaires sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du milliardaire et la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016.

La septuagénaire s’est dite opposée à cette procédure d' »impeachment », expliquant que la question ne ferait que mobiliser les partisans du président. Mais un revirement n’est pas exclu surtout si le procureur spécial Robert Mueller, qui dirige l’enquête, présentait des éléments concrets à charge.

Malgré le succès de son parti, son retour au perchoir n’est pas assuré, plusieurs dizaines de candidats démocrates ayant dit avant le scrutin qu’ils s’opposeraient à sa candidature.

– La politique dans le sang –

Au coeur de ces dissensions internes: la désaffection d’une grande partie de l’électorat. Selon un sondage diffusé en août, près de trois quarts des personnes interrogées appelaient les démocrates à se choisir un autre chef pour la Chambre.

Mal-aimée par une partie de ses troupes, elle est aussi la tête de Turc des républicains, Donald Trump en tête, qui fait régulièrement huer son nom. Elle est « faible sur la criminalité, les frontières et le deuxième amendement », qui garantit le droit au port d’armes, a tweeté le président en août.

D’autres conservateurs dénoncent l' »arrogance » de cette épouse d’un homme d’affaires millionnaire qui fait selon eux partie de l’élite libérale déconnectée des difficultés de la classe moyenne.

Nancy Pelosi est élue depuis une trentaine d’années dans la très progressiste métropole californienne de San Francisco. Considérée comme une modérée dans ce fief de la gauche, elle porte avec ferveur les valeurs les plus progressistes du parti démocrate, comme la protection des minorités sexuelles, du droit à l’avortement et le combat contre le mur anti-immigration.

Mère de cinq enfants et neuf fois grand-mère, Nancy D’Alesandro est née le 26 mars 1940 à Baltimore (Maryland) d’une famille italo-américaine catholique mordue de politique. Son père et son frère ont été maires de Baltimore.

Diplômée du Trinity College de Washington, elle s’installe ensuite à San Francisco avec son époux, Frank Pelosi, qui fait fortune dans l’immobilier et la finance. Elle monte les marches du parti démocrate et attend que ses enfants soient grands pour remporter à 47 ans sa première élection à la Chambre. En 2003, elle devient la patronne de la minorité démocrate.

Fine tacticienne, elle est habituée aux arcanes du pouvoir et aux luttes politiques. Pour réussir dans le monde politique américain, il faut « porter une armure » et être capable de « prendre des coups », dit-elle. Exactement ce dont elle aura besoin pour vaincre les réticences de son camp et devenir la première opposante de Donald Trump.