Européennes: les libéraux et le parti de Macron feront front commun

Le parti du président français Emmanuel Macron et les libéraux européens ont dit samedi, lors du congrès de la formation européenne à Madrid, leur intention de faire front commun aux élections européennes de mai 2019.

L’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) a adopté samedi un manifeste visant à « construire une alliance large pour lutter contre le nationalisme et le populisme », selon le vice-président de la formation, l’Espagnol Luis Garicano.

Cette alliance doit notamment intégrer le mouvement du président français, La République en Marche (LREM), qui n’est pas membre de l’ALDE.

« En Marche et l’ALDE se sont dit oui », s’est félicité M. Garicano.

La veille, la déléguée de LREM à l’action internationale, Astrid Panosyan, avait proposé une coalition commune.

« Nous pouvons nous mettre d’accord sur un front commun (…) L’ALDE est le coeur avec lequel En Marche veut construire cette coalition », a déclaré la Française, appelant cependant aussi à « atteindre des partis qui ne sont pas là aujourd’hui ».

La coalition vise à intégrer « des partis politiques qui viennent d’autres familles politiques », en particulier les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates, respectivement premier et deuxième groupe dans le parlement européen sortant, a déclaré à l’AFP le député LREM français Pieyre-Alexandre Anglade après le congrès.

L’objectif est à terme de « constituer un groupe pivot, charnière, central, au Parlement européen, qui sera en capacité de renverser le rapport de forces d’une Europe qui aujourd’hui est dominée par le Parti populaire européen », a-t-il ajouté.

Les libéraux européens se sont par ailleurs refusés à présenter un candidat unique à la présidence de la Commission européenne (« Spitzenkandidat »), lui préférant une équipe.

« Nous ferons une campagne sur les idéaux, sur ce que nous pouvons faire pour les citoyens européens », a soutenu vendredi le président de l’ALDE, le Néerlandais Hans van Baalen.

« Nous ne désignerons pas un homme d’un certain âge, (comme) M. Weber, M. Timmermans, qui sont candidats à un poste », a-t-il ajouté, taclant les candidats conservateur et social-démocrate, l’Allemand Manfred Weber et le Néerlandais Frans Timmermans.

Démographie mondiale: déclin pour les pays riches, baby boom pour les autres

La fertilité mondiale a globalement baissé de moitié depuis 1950 mais cela cache de lourdes disparités selon le niveau de vie: si les taux de naissances déclinent dans les pays riches, ils flambent dans les pays en développement, selon une étude parue vendredi.

Selon ces travaux parus dans la revue The Lancet, le nombre global d’enfants par femme dans le monde est passé de 4,7 en 1950 à 2,4 aujourd’hui.

Dans le détail, quatre-vingt-onze nations, principalement situées en Europe et sur le continent américain, n’ont pas un nombre de naissances suffisant pour maintenir leur population actuelle.

A l’inverse, en Afrique et en Asie, les taux de natalité sont en augmentation, selon cette étude de l’Institut de métrologie et d’évaluation de la santé (IHME, Université de Washington), organisme financé par la fondation Bill et Melinda Gates.

Il a compilé plus de 8.000 données de santé pour analyser le passage de la population mondiale de 2,6 milliards d’individus en 1950 à 7,6 milliards l’an dernier.

Chypre est la nation la moins fertile sur Terre, avec une seule naissance par femme en moyenne, selon les données rassemblées par l’IHME. A l’inverse, les femmes du Mali, du Tchad et de l’Afghanistan ont en moyenne plus de six bébés, voire sept pour celles du Niger.

Parmi les facteurs socioéconomiques qui expliquent ces disparités, l’éducation joue un rôle particulièrement important, selon les auteurs de l’étude.

« Plus une femme passe d’années à l’école, plus elle recule ses grossesses et réduit donc son nombre d’enfants », dit à l’AFP Ali Mokdad, de l’IHME.

Il souligne que généralement, l’augmentation de la population des pays en développement s’accompagne en parallèle d’une amélioration de leur niveau de vie, sauf s’ils sont frappés par des guerres ou des troubles. Au final, cela peut influer sur le nombre de naissances.

« Au fur et à mesure de l’amélioration de l’économie de ces pays, il est probable que leur fertilité déclinera », selon M. Mokdad.

Par ailleurs, la durée de vie globale a augmenté avec les années: entre 1950 et aujourd’hui, elle est passée de 48 à 71 ans en moyenne dans le monde pour les hommes et de 53 à 76 ans pour les femmes.

Vivre plus longtemps entraîne des problèmes de santé spécifiques. Ainsi, les maladies cardiaques sont désormais la principale cause de mort dans le monde, selon l’IHME.

« Plus les pays deviennent riches, moins on constate de mortalité due aux maladies infectieuses », selon M. Mokdad. Revers de la médaille, l’invalidité due au grand âge augmente, de même que des affections directement liées au mode de vie, dont l’obésité.

Emeute dans une prison du Tadjikistan : 26 morts

Vingt-quatre prisonniers, un gardien et un soldat ont été tués dans une émeute dans une prison du nord du Tadjikistan qui accueille des membres de l’organisation Etat islamique (EI), ont indiqué jeudi des sources sécuritaires à l’AFP.

Les forces spéciales de cet autoritaire pays d’Asie centrale ont été envoyées pour aider à rétablir l’ordre dans cette prison de haute sécurité située dans la ville de Khodjent qui accueille des détenus condamnés à de longues peines pour des crimes tels que meurtre ou extrémisme, dont des membres de l’EI, ont indiqué ces sources.

Selon l’une de ces sources, 24 prisonniers, un gardien et un soldat ont été tués lors de l’émeute. Au moins six autres gardiens ont également été blessés, selon une autre source sécuritaire.

Les autorités n’ont pas confirmé ces informations dans l’immédiat.

« Une émeute impliquant des dizaines de prisonniers a éclaté mercredi dans la nuit et s’est poursuivie jeudi », a indiqué une source sous couvert de l’anonymat, tandis qu’une autre a précisé que les détenus étaient armés d' »objets coupants » récupérés dans l’atelier de la prison.

Des funérailles pour le gardien et le soldat tués étaient prévues jeudi.

Le Kirghizstan voisin a annoncé avoir renforcé la sécurité à la frontière qu’il partage avec le Tadjikistan en raison de cette émeute.

Les services des garde-frontières des deux pays « ont discuté de la situation à Khodjent », a précisé à l’AFP la porte-parole kirghize Goulmira Boroubaïeva.

La ville de Khodjent, 700.000 habitants, est située à 200 kilomètres au nord-est de la capitale Douchanbé et a fait l’objet de tentatives d’évasion dans le passé.

Un gardien et un prisonnier avaient ainsi été tués dans cette prison il y a deux ans lorsque trois détenus ont tenté de s’échapper. Le ministre de l’Intérieur avait alors affirmé que ces derniers avaient l’intention de « rejoindre les rangs » de l’EI une fois dans la nature.

Le Tadjikistan, un pays laïc dont la population est majoritairement sunnite, fait de la lutte contre l’intégrisme religieux une priorité. Les autorités de ce pays voisin de l’Afghanistan estiment que plus de mille Tadjiks ont rejoint les jihadistes en Irak et en Syrie.

Elles ont pris en 2015 des mesures radicales pour contrer l’influence des extrémistes religieux, parmi lesquelles le rasage forcé des barbes et une campagne contre le port par les femmes du hijab.

Soulagement mais pas d’illusion à New York après les législatives

Au lendemain d’un scrutin aux résultats contrastés, de nombreux New-Yorkais se disaient à la fois soulagés de voir les démocrates en position de contester Donald Trump, mais sans illusion sur l’avenir politique d’un pays toujours très divisé.

Après deux ans en apnée, certains refusant même encore aujourd’hui d’accepter la victoire de Donald Trump, New York, terre démocrate, s’est réveillée mercredi de bonne humeur.

« Je suis contente », assure Kathryn Baron, la cinquantaine, à la sortie de la gare de Grand Central à Manhattan. « Je me sens soulagée. Maintenant (que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants), il va y avoir un équilibre, un contrôle. »

« Ca compense un peu les sensations que tout le monde a eues il y a deux ans », dit-elle. « C’était horrible. »

Les femmes, essentiellement, saluaient le renouvellement d’une partie de la classe politique et l’émergence d’élus plus représentatifs de la population américaine et des minorités.

« C’est vraiment enthousiasmant à voir », réagit Jordan Chin, jeune électrice de 25 ans. « C’est valorisant » pour les minorités, dit-elle.

Pour Maria Jobin-Leeds, militante de Boston, le succès de ces candidats d’un nouveau genre est, pour partie, une réaction au mépris affiché par Donald Trump et d’autres hauts responsables vis-à-vis des minorités.

« Vous pouvez supporter ça pendant un temps », dit-elle, « mais à un moment, il faut faire quelque chose. »

– Le regard tourné vers 2020 –

Qu’ils soient démocrates ou républicains, les New-Yorkais sont néanmoins conscients qu’avec un Congrès divisé, le risque de blocage politique est important durant les deux prochaines années.

« Je ne crois pas que ça fera une grande différence », estime, fataliste, Bill Johnson, qui ne se revendique d’aucun parti mais laisse entendre qu’il a voté Trump en 2016. « Il y avait un blocage avant et cela va continuer. »

« C’est exactement ce que j’anticipe », abonde Brian Jones, démocrate, pour qui le seul développement majeur possible pourrait intervenir au Sénat, où les républicains ont gardé la main et sont à même de confirmer un nouveau juge à la Cour suprême.

Désormais à la tête de la Chambre des représentants, « l’opportunité existe » pour les démocrates de lancer des enquêtes parlementaires sur Donald Trump, notamment pour rechercher d’éventuels conflits d’intérêt, considère Jordan Chin.

« Je ne sais pas s’ils le feront d’entrée », dit-elle, « mais c’est excitant, malgré tout, de voir où cela va aller. »

« La question est de savoir si les démocrates veulent perdre leur temps à cela », prévient Brian Jones. La tentative de faire dérailler le processus de nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême « s’est retournée contre eux », rappelle-t-il. « Je ne suis pas sûr qu’ils veuillent repasser par là. »

Quant à une tentative de destitution, il faudrait de toutes façons en passer, au final, par le Sénat. « Donc quel est l’intérêt? », s’interroge-t-il.

Comme beaucoup, les New-Yorkais ont déjà le regard tourné vers 2020 et la campagne présidentielle à venir. C’est « très inhabituel », souligne Mark Anton. « Je n’ai jamais vu ça arriver si rapidement. »

Et de l’avis général, même s’il a perdu la Chambre mardi, Donald Trump est clairement en position de l’emporter, en l’absence, qui plus est, d’un rival évident à gauche.

« Il faut admettre qu’il a l’économie pour lui », explique Brian Jones. « Si vous regardez les chiffres, c’est difficile de le critiquer. »

Les Américains votent, deux ans après la victoire de Trump

Des dizaines de millions d’Américains votaient mardi aux élections de mi-mandat pour élire un nouveau Congrès, l’opposition démocrate pariant sur un vote sanction contre le président Donald Trump, deux ans après sa victoire.

Les ont ouvert dès six ou sept heures du matin selon les Etats. Des électeurs ont fait la queue parfois très tôt pour remplir leurs longs bulletins de vote, en ce premier mardi suivant le premier lundi de novembre, selon la tradition pour les élections nationales aux Etats-Unis.

La totalité de la chambre basse du Congrès, la Chambre des représentants (435 élus), sera ainsi qu’un tiers du Sénat (35 sièges sur 100) mais aussi 36 des 50 gouverneurs, et des milliers d’élus locaux à divers niveaux. Les républicains ont actuellement la majorité au Congrès.

« Je veux envoyer un message pour dire que je ne suis pas d’accord avec la voie choisie par ce président », dit à Chicago Rory Mabin, une démocrate de 34 ans, confiant avoir « honte » d’être Américaine lorsqu’elle se rend à l’étranger.

Le président américain a fait campagne jusqu’au dernier moment, enchaînant les rassemblements « Make America Great Again ».

« La sécurité et la prospérité sont en jeu dans cette élection! », a-t-il lancé lundi soir tard lors de son ultime meeting, à Cap-Girardeau dans le Missouri, où il était accompagné de sa fille Ivanka.

« Il se passe quelque chose et cela me rappelle l’atmosphère d’il y a deux ans », a-t-il lancé, portant sa célèbre cravate rouge.

« J’ai entendu dire que les démocrates voulaient donner le droit de vote aux immigrés clandestins », disait mardi Jerry, 64 ans, premier à voter avant l’aube dans un bureau de vote de Chicago… pour les candidats républicains.

– Sondages favorables aux démocrates –

Les démocrates sont donnés favoris par les sondages pour emporter la majorité à la Chambre, tandis que les républicains devraient conserver le contrôle du Sénat.

Mais l’incertitude est réelle. Et les enquêtes sont trop serrées dans une vingtaine de circonscriptions pour pouvoir dire avec certitude qui sera le vainqueur, mettent en garde les sondeurs, échaudés par la « surprise » Trump en 2016.

Signe du grand intérêt suscité par ces élections: plus de 38 millions d’électeurs ont voté de façon anticipée, soit 40% de plus qu’aux dernières élections de mi-mandat, en 2014, selon l’expert de référence Michael McDonald à l’université de Floride.

Depuis deux ans, « les gens ont manifesté, ils se sont mobilisés, mais c’est leur première occasion de s’exprimer », dit Diane Vogel, qui a voté démocrate mardi à Arlington, près de Washington.

Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Deux ans après l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, les démocrates avaient ainsi subi une cuisante défaite, payant en particulier les âpres débats autour de la réforme du système de santé.

Mais la perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l’économie américaine, serait un revers personnel pour Donald Trump, tant il a fait de ce rendez-vous électoral un test sur sa popularité.

– « Invasion » de migrants –

Le magnat de l’immobilier, qui avait démarré sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de « violeurs », a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration.

« C’est une invasion », martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.

Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé. Mais ils parient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu’ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes.

Selon le dernier sondage réalisé par SSRS pour CNN, M. Trump a notamment de quoi s’inquiéter du vote des femmes: 62% d’entre elles soutiennent les démocrates.

Semblant anticiper une possible défaite à la Chambre, il affirme depuis quelques jours qu’il s’est essentiellement concentré sur le Sénat.

La carte électorale sénatoriale joue, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concerne cette année des Etats majoritairement conservateurs.

Sur les 35 sièges en jeu, les sénateurs sortants les plus en difficulté sont des démocrates élus dans le Dakota du Nord, l’Indiana, le Montana et le Missouri.

Les Etats-Unis pourraient donc se retrouver, le 3 janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé. Ce qui pourrait paralyser le programme du 45e président des Etats-Unis, jusqu’aux prochaines élections de 2020.

Au coeur de l’un des duels les plus suivis de ces élections, le candidat démocrate pour le Sénat au Texas Beto O’Rourke, qui défie le républicain sortant Ted Cruz.

« Nous sommes un Etat d’immigrés, de demandeurs d’asile et de réfugiés. C’est notre force. Personne ne pourra générer une paranoïa ou des peurs capables de changer cela », a-t-il dit mardi avant de voter à El Paso.

A la veille du scrutin, les agences de renseignement ont mis en garde les Américains contre les acteurs étrangers, « la Russie en particulier », qui continuent d’essayer d’influencer l’opinion publique.

Et Facebook a annoncé avoir bloqué environ 30 comptes, ainsi que 85 comptes sur le réseau de partage de photos Instagram qu’il détient, qui pourraient être liés à des entités étrangères et servir à des ingérences dans les élections américaines.

La vie dans les limbes en Thaïlande pour les chrétiens pakistanais

Comme Asia Bibi, emprisonnée pour blasphème, de nombreux chrétiens pakistanais rêvent de se voir accorder l’asile en Occident. Ils sont des milliers à vivre clandestinement à Bangkok, dans l’attente du précieux sésame.

Le mari d’Asia Bibi réclame l’asile pour sa famille aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada mais le sort de sa femme, acquittée la semaine dernière après avoir été condamnée à mort, demeure très incertain dans son pays.

Après son acquittement, des manifestants islamistes ont paralysé le pays pendant trois jours, signe des tensions religieuses dans un pays où en 2011, un ministre chrétien qui s’opposait à la loi sur le blasphème avait été assassiné à Islamabad.

Les développements de l’affaire symbolique d’Asia Bibi sont suivis de près par les chrétiens pakistanais réfugiés en Thaïlande, dans l’espoir d’être accueillis eux aussi en Occident.

« Nous ne pouvons pas rentrer, notre pays ne nous accepte pas et aucun autre pays ne veut de nous…. alors nous sommes coincés ici en Thaïlande », témoigne un adolescent pakistanais de 15 ans interrogé par l’AFP, qui souhaite se faire identifier sous le pseudonyme de Farooz.

L’adolescent, arrivé en 2013 du Pakistan, parle ourdou, pendjabi, anglais et thaï. Il se souvient de ses années d’école au Pakistan. Ses quatre plus jeunes frères et soeurs n’ont pas eu cette chance: ils n’ont jamais été scolarisés.

De nombreux Pakistanais choisissent de transiter par la Thaïlande, qui n’est pourtant pas signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés, pour y déposer auprès du Haut commissariat de l’ONU un dossier de réfugié.

Nombre d’entre eux choisissent Bangkok pour sa position de carrefour et la facilité d’y entrer avec un visa de touriste.

Mais les places de réfugiés sont chères et de nombreux candidats à l’exil se retrouvent coincés pendant des années, souvent pour ne jamais partir.

Comme Farooz et sa famille, ils vivent clandestinement dans des appartements miteux de la banlieue de Bangkok, sans pouvoir officiellement travailler et se cachant de la police de crainte d’être expulsés vers leur pays d’origine.

L’immigration thaïlandaise durcit sa politique et organise ces dernières semaines des raids anti-immigrés, les Pakistanais étant particulièrement visés.

Quelque 70 chrétiens pakistanais ont ainsi accepté d’être rapatriés récemment, malgré le danger encouru.

– Enfants de nulle part –

« Ils vont se retrouver confrontés à la persécution, certains seront accusés de blasphème…. Ils n’ont plus d’argent ou de maison, ayant tout vendu pour venir en Thaïlande », explique Wilson Chowdhry, de l’Association des Chrétiens pakistanais de Grande-Bretagne, qui vient en aide aux nouveaux arrivants.

Il y a deux ans, les associations d’aide aux migrants recensaient 7.400 chrétiens pakistanais en Thaïlande. Ils seraient aujourd’hui environ 3.000, certains étant enregistrés auprès du HCR, d’autres ne s’en donnant même plus la peine.

Seul un millier a pu en effet être accueilli par un « pays tiers » ces dernières années, que ce soit via le HCR ou d’autres programmes.

La famille de Farooz est arrivée en 2013 de Gojra, du Pendjab, province marquée par un pogrom antichrétien en 2009 ayant conduit à la mort de sept chrétiens brûlés vifs.

Le père de Farooz assure avoir à l’époque fait partie des témoins des meurtres, faisant de lui la cible de menaces de mort et de poursuites judiciaires destinées à le faire taire.

Une fois leurs visas de touristes expirés en Thaïlande, a commencé une vie de clandestinité, qui s’est soldée en 2015 par leur arrestation. La famille a été libérée sous caution, à la condition de se présenter à la police tous les mois.

Ils ont obtenu le précieux statut de réfugiés du HCR, mais pour pouvoir être accueillis dans un pays tiers, ils doivent produire des documents officiels… que l’ambassade du Pakistan à Bangkok leur suggère d’obtenir… au pays.

« Je suis inquiète pour mes enfants. Que va-t-il leur arriver sans éducation? Où se sentiront-ils chez eux? », pleure la mère de Farooz. « Je veux revoir ma mère, ma famille, ma maison. Mais ils nous tueront si nous rentrons ».

Trump aux Américains: votez républicain ou les Etats-Unis seront envahis

Le président Donald Trump a averti les Américains samedi qu’une victoire démocrate aux élections législatives de mi-mandat mardi précipiterait l’avènement du socialisme aux Etats-Unis et l’arrivée de hordes de criminels venus d’Amérique centrale, son argument de campagne final pour sauver la majorité républicaine.

« Ils imposeront le socialisme en Floride. Bienvenue au Venezuela » a lancé Donald Trump samedi soir à Pensacola en Floride, lors d’un meeting de soutien aux candidats républicains au Sénat et au poste de gouverneur, Rick Scott et Ron DeSantis.

L’avion présidentiel Air Force One était garé sur le tarmac de l’aéroport où se tenait le meeting, en toile de fond, comme l’avion Trump figurait en arrière-plan de ses meetings de candidat, il y a deux ans.

A chaque étape, le milliardaire républicain vante les excellents chiffres de l’emploi et les baisses d’impôts adoptées en décembre 2017, avant de se lancer dans une description apocalyptique de la politique migratoire de ses adversaires.

Les démocrates, a-t-il dit, veulent « effacer les frontières » et faire passer « les clandestins avant les citoyens américains ».

« Le programme immigration des démocrates est de faire venir le trafic de drogues, le trafic d’êtres humains, et les cartels criminels », a-t-il aussi lancé dans le Montana.

Depuis des semaines, il parle en termes inquiétants des caravanes de plusieurs milliers de migrants d’Amérique centrale traversant actuellement le Mexique vers les Etats-Unis, et contre qui il a envoyé des milliers de soldats à la frontière mexicaine. Selon lui, 300 d’entre eux sont « très mauvais ». Il a dit avoir reçu des informations du Mexique sur ces migrants.

« Les barbelés peuvent être une bien jolie chose, quand ils sont bien posés », a aussi dit le 45e président américain.

– Obama très demandé –

Le premier rendez-vous électoral national depuis l’élection de 2016 déterminera qui contrôlera les deux chambres du Congrès jusqu’à la prochaine présidentielle, le 3 novembre 2020.

Le républicain n’entretient pas le suspense sur sa candidature à ce scrutin-là, plaisantant sur son prochain slogan (traduisible par « Maintenir la grandeur de l’Amérique »), et assurant que ses débats contre le futur candidat démocrate seront « très faciles ».

Du côté démocrate, c’est son prédécesseur Barack Obama qui a endossé le costume du sauveur, après avoir passé 22 mois dans une relative réserve politique.

Il y a huit ans, Barack Obama s’apprêtait à subir un raz de marée républicain à ses propres premières élections de mi-mandat: c’était la « révolution » de la mouvance conservatrice du Tea Party.

Cette année, le retraité a la cote et est la figure la plus recherchée du parti démocrate, en l’absence de leader naturel.

« Je suis là pour une simple raison: vous demander d’aller voter », a lancé Barack Obama vendredi soir à Atlanta, en Géorgie, pour soutenir la femme qui pourrait devenir mardi la première gouverneure noire élue de cet Etat du Sud, Stacey Abrams.

« Les conséquences de l’abstention sont profondes, car l’Amérique est à la croisée des chemins », a-t-il déclaré. « Les valeurs de notre pays sont en jeu ».

Barack Obama sera à nouveau en meetings dimanche, tout comme Donald Trump.

– Votes anticipés –

Chez les républicains, les candidats recherchent activement le soutien de Donald Trump, qui reste la personnalité la plus rassembleuse et populaire du parti et assume que ces élections soient un référendum sur sa personne.

Echaudés par la surprise de 2016, les médias américains se montrent plus prudents et évitent toute prédiction définitive à partir des sondages qui donnent un avantage aux démocrates pour la chambre basse du Congrès.

Pour les 435 sièges de la Chambre des représentants, renouvelés pour deux ans, la course se concentre sur une soixantaine de circonscriptions, les autres étant assez solidement ancrées chez l’un ou l’autre parti.

Quant au Sénat, 35 sièges sur 100 sont en jeu, pour des mandats de six ans. Hasard du calendrier, ces Etats sont pour la plupart dans des régions conservatrices, ce qui complique toute reconquête démocrate.

Les élections semblent bénéficier cette année d’une mobilisation inédite pour un rendez-vous qui habituellement ne suscite qu’une participation de 40 à 45%, contre plus de 60% aux présidentielles.

Plus de 32 millions d’électeurs ont déjà voté par correspondance ou en personne, selon Michael McDonald, professeur à l’Université de Floride. C’est 20% de plus que l’ensemble des votes anticipés aux élections de mi-mandat de 2014, selon lui.

Le patron de l’ONU appelle à la fin des « violences » au Yémen

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé vendredi à la fin des « violences » au Yémen pour éviter que le pays ne tombe dans un « précipice ».

« La violence doit d’abord prendre fin partout et ce de manière immédiate autour des infrastructures essentielles et des zones à forte population civile », a déclaré M. Guterres à des journalistes à l’ONU.

« Le Yémen est aujourd’hui au bord du précipice », a-t-il ajouté.

La guerre au Yémen oppose des forces pro-gouvernementales aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, une coalition sous commandement saoudien est intervenue militairement au Yémen en soutien aux forces pro-gouvernementales.

L’Arabie saoudite a été accusée à plusieurs reprises de bavures ayant coûté la vie à des centaines de civils.

Jusqu’à 14 millions de personnes –la moitié de la population yéménite– pourraient être menacées de famine dans les prochains mois, contre huit millions actuellement, a averti M. Guterres.

Les Etats-Unis, alliés de l’Arabie saoudite, ont demandé mardi que cessent les frappes aériennes de la coalition « dans toutes les zones habitées du Yémen », une façon de reconnaître en creux des pertes civiles causées par ces bombardements.

« Il y a maintenant une opportunité pour la paix au Yémen », a dit M. Guterres, en appelant à « saisir » cette occasion.

Les Nations unies ont appelé les belligérants à s’asseoir à la table des négociations d’ici un mois, après avoir tenté sans succès en septembre d’organiser des pourparlers de paix à Genève. Des discussions de paix à Koweït avaient déjà échoué en 2016.

Harcèlement sexuel: des milliers d’employés de Google manifestent à travers le monde

De Singapour à New York, en passant par Dublin et Londres, plusieurs milliers d’employés de Google ont observé jeudi un arrêt de travail pour dénoncer la gestion du harcèlement sexuel au sein de l’entreprise, premier mouvement social d’ampleur pour le géant de l’internet.

Le mouvement au sein de cette entreprise symbole de modernité est parti d’un article du New York Times paru la semaine dernière: le quotidien affirmait que Google avait couvert ces dernières années une série de cas de harcèlements sexuels impliquant des hauts responsables, dont Andy Rubin, créateur du système d’exploitation mobile Android, parti du groupe en 2014 avec une indemnité de 90 millions de dollars. M. Rubin a nié ces allégations.

Les organisateurs du mouvement avaient appelé les quelque 90.000 employés de Google dans le monde à sortir de leurs bureaux à 11 heures du matin, dans leur fuseau horaire respectif.

Les rassemblements ont démarré en Asie, à Singapour, où une centaine d’employés se sont rassemblés en interne, selon une photo postée sur un compte Twitter animé par les organisateurs, puis à Tokyo, également en interne, et à Hyderabad, en Inde, selon plusieurs comptes suivant les manifestations.

Il a ensuite gagné l’Europe. Environ 500 employés se sont rassemblés dans un espace extérieur du siège européen de Google à Dublin. Et à Londres, des centaines d’autres se sont réunis dans une grande salle de l’entreprise avant de sortir dans la rue.

« Nous protestons pour soutenir nos collègues qui ont été victimes de harcèlement et pour réclamer que les auteurs ne soient pas protégés ou récompensés », a déclaré à l’AFP Sam Dutton, un développeur.

« Nous sommes ici pour dire ce que nous pensons des structures de pouvoir en place, et pour faire comprendre aux dirigeants actuels que les choses changent et qu’il est temps de revoir ce qui était considéré comme normal », a ajouté sa collègue Anna, sans donner son nom de famille.

D’autres rassemblements ont été organisés à Berlin et Zurich, selon le compte Twitter des organisateurs.

– « Profondément désolé » –

A New York, où Google emploie près de 10.000 personnes, des centaines d’employés, pour la plupart âgés de moins de 40 ans, se sont retrouvés dans un parc tout proche des bureaux de l’entreprise dans le quartier de Chelsea. Certains étaient munis de pancartes affirmant que « L’heure est venue pour la high-tech » (« Time’s Up Tech »), une référence au mouvement « Time’s Up » de défense des personnes victimes de harcèlement sexuel, né dans la foulée du #MeToo en octobre 2017.

Quatre femmes et un homme se sont succédé au mégaphone, debout sur des chaises de jardin, pour pousser les manifestants à exiger un changement de culture chez Google, où les femmes représentaient en 2017 seulement 31% des salariés, et 25% des responsables.

« Nous avons l’ambition d’être la meilleure entreprise au monde », a lancé l’une des organisatrices new-yorkaises, Demma Rodriguez. « Chez Google, on attend de nous qu’on soit exceptionnel, qu’on tienne nos objectifs. Mais nous avons aussi des objectifs en tant qu’entreprise et nous ne pouvons pas décider que nous n’allons pas les tenir », a-t-elle ajouté, soulignant que l’une des valeurs de Google était « le respect ».

Claire Stapleton, une autre organisatrice, s’est félicitée du succès du mouvement, expliquant que l’idée était née lundi et s’était propagée dans l’entreprise via un groupe de mails réunissant quelque 1.500 personnes.

« On s’était dit qu’on serait content si 50 personnes venaient », a-t-elle indiqué à l’AFP. « Je crois que notre collectif est puissant et que nous voulons tous un changement (..) Je crois que la direction nous écoute », a-t-elle ajouté.

Après l’article du New York Times, le patron de Google Sundar Pichai avait envoyé un email aux salariés du groupe, indiquant que 48 salariés, dont 13 hauts responsables, avaient été renvoyés pour harcèlement sexuel ces deux dernières années, sans indemnités.

Il a assuré que le groupe avait changé et ne tolérait plus aucun comportement déplacé.

Mardi soir, dans un autre message interne rendu public par le site spécialisé Ars Technica, le dirigeant s’est dit « profondément désolé pour les actions passées et le mal qu’elles ont causé aux employés ».

Mercredi, Alphabet, la maison mère de Google, a confirmé que Rich DeVaul, un responsable de « X », la division du groupe dédiée aux projets futuristes (ballons pour diffuser internet, drones de livraison…), venait de quitter Alphabet sans indemnités.

M. DeVaul faisait partie des hauts cadres « protégés » par Google alors que le groupe les savait accusés de harcèlement, selon le New York Times. D’après le quotidien, il avait fait des avances en 2013 à une femme qui candidatait chez Google.

La Silicon Valley est depuis plusieurs années accusée de sexisme et de fermer les yeux sur le harcèlement sexuel.

Deux mille Salvadoriens prennent à leur tour la route des Etats Unis

Environ 2.000 Salvadoriens, dont des femmes et des enfants, ont quitté la capitale San Salvador mercredi matin avec l’intention de se rendre aux Etats Unis, à l’instar de milliers de migrants centraméricains déjà en route pour le « rêve américain », ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les migrants, qui disent fuir le chômage, la misère et la violence des bandes criminelles dans leur pays, se sont répartis en deux « caravanes ». Ce départ a été inspiré par l’exemple des milliers de migrants Honduriens qui ont déjà pu franchir la frontière avec le Mexique et se dirigent vers le Nord, vers la frontière américaine où le président américain Donald Trump a déployé l’armée pour leur barrer le passage.

« Nous partons parce qu’ici il y a beaucoup de pauvreté et de délinquance », déclare María Cortez, 36 ans, qui a entrepris le voyage avec son mari Jonás et cinq enfants âgés de trois à 19 ans.

« Ici, il n’y a pas d’espoir. Je suis au chômage depuis février, ma femme n’a pas d’emploi depuis le mois de mai… C’est ce qui nous a décidé à partir », explique Anthony Guevara, originaire de l’est du Salvador.

Un premier groupe a quitté San Salvador avant l’aube après avoir campé sur place, le second dans le courant de la matinée. Ils ont pris la direction de la frontière avec le Guatemala, qu’ils doivent traverser avant d’arriver au Mexique.

Sur leur passage, les migrants sont salués et encouragés par automobilistes et passagers d’autobus.

Les migrants reçoivent en chemin des dons de vivres de communautés catholiques ou d’organisations de la société civile. Ils sont à l’affût de camions dont les chauffeurs accepteraient de les transporter quelques kilomètres.

Une précédente « caravane » d’un demi-millier de migrants a déjà quitté le Salvador dimanche dernier et a pu franchir lundi soir sans encombre la frontière entre le Guatemala et le Mexique, selon des sources officielles.

A leur départ, l’Unicef a également des cartes mentionnant la localisation d’auberges spécialement aménagées sur leur route, ainsi qu’un document énumérant des recommandations pour se protéger des dangers et comment se comporter en cas d’arrestation au Mexique.

Ruben et Lilian, 45 et 38 ans, ont décidé de passer outre aux avertissements des employés de l’Unicef et de partir avec leurs quatre enfants âgés de huit mois, six ans, 18 ans et 21 ans. Ruben, qui se cache sous un prénom d’emprunt, explique que cela fait vingt ans qu’il tente d’exercer normalement son métier de boulanger dans un quartier de la banlieue est de San Salvador où les bandes criminelles font régner la terreur.

L’Unicef « m’a prévenu des dangers, mais nous avons pris le chemin du Nord. Les papiers des enfants sont en règle », affirme Ruben.

C’est aussi la menace des bandes qui a poussé le menuisier Abel Galicia à choisir l’exil à l’âge de 40 ans. Faute d’un emploi fixe, il vendait des noix de coco, et presque tous ses gains lui étaient extorqués par les délinquants.

Cette « migration forcée » va encore s’amplifier si l’Etat salvadorien n’apporte pas une « réponse immédiate » aux besoins de la population pour avoir une « vie digne » en termes de sécurité et de travail, averti Karen Sanchez, chargée des questions migratoires à l’Institut des deoits de l’homme, dépendant de l’université jésuite centraméricaine (IDHUCA).

Brésil : Bolsonaro planche sur la formation de son gouvernement

Au surlendemain de son élection à la présidence du Brésil, Jair Bolsonaro a réuni mardi son état-major pour choisir les membres de son futur gouvernement d’extrême droite, qui va innover avec une fusion controversée des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.

Pour le ministère de la Justice, le président élu a fait un appel du pied à Sergio Moro, figure emblématique de la lutte anticorruption, qui s’est dit « honoré » dans l’attente d’une proposition formelle.

Le président élu a également évoqué la possibilité de proposer au magistrat un poste de juge de la Cour suprême, qui sera à pouvoir durant son mandat.

Le juge Moro s’est notamment illustré en condamnant en première instance l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui purge une peine de 12 ans et un mois de prison depuis avril pour corruption passive et blanchiment.

À l’issue de la réunion de Jair Bolsonaro avec ses proches conseillers à Rio de Janeiro, le député Onyx Lorenzoni, présenté comme le futur chef du gouvernement, a confirmé que le Brésil aurait à partir de janvier « 15 à 16 ministères », contre une trentaine actuellement.

Cette réduction drastique implique la fusion de plusieurs ministères. « L’Agriculture et l’Environnement feront partie du même ministère, comme prévu au départ », a précisé M. Lorenzoni.

Pourtant, Jair Bolsonaro avait indiqué mercredi, quatre jours avant le second tour, être « ouvert à la négociation » sur ce point très controversé de son programme.

– « 80% des postes attribués » –

Les écologistes considèrent que cette fusion reviendrait à sacrifier la protection de l’environnement aux intérêts du puissant lobby de l’agro-business, qui soutient ouvertement le président élu.

Cette mesure inquièterait même des représentants de ce lobby, qui craignent des sanctions commerciales de pays étrangers sur les exportations brésiliennes de viande ou de soja, deux productions à fort impact environnemental.

L’écologiste Marina Silva, elle-même ex-ministre de l’Environnement, a qualifié cette fusion de « désastre », estimant sur Twitter qu’ « une ère tragique s’ouvre où la protection de l’environnement est égale à zéro ».

Autre fusion, autre rétropédalage: Paulo Guedes, gourou ultra-libéral de Bolsonaro, a confirmé qu’il serait à la tête d’un super-ministère de l’Economie, qui réunira les ministère actuels des Finances, de la Planification, de l’Industrie et du Commerce extérieur.

La semaine dernière, après une réunion avec des représentants des secteurs industriels et agricoles, il avait affirmé qu’il maintiendrait les ministères de l’Industrie et du Commerce extérieur séparés de celui de l’Economie.

La Bourse de Sao Paulo a clôturé mardi en hausse de 3,69%. Lundi, les marchés avaient accueilli avec prudence l’élection de Bolsonaro, l’indice Ibovespa clôturant en baisse de 2,24%.

Gustavo Bebianno, autre éminence grise de Jair Bolsonaro qui a participé à la réunion, a assuré par la suite qu' »environ 80% des postes de ministres ont déjà été attribués ».

« Les noms seront annoncés un peu plus tard pour des raisons stratégiques », a ajouté cet avocat, qui a quitté lundi la présidence du Parti social libéral (PSL) de Bolsonaro, pour se consacrer exclusivement à la transition.

Le président élu a indiqué lundi soir qu’il irait la semaine prochaine à Brasilia pour rencontrer le chef d’Etat sortant Michel Temer.

– « Légitime défense » –

Onyx Lorenzoni a par ailleurs affirmé lundi que ses premiers voyages à l’étranger seraient au Chili, en Israël et aux Etats-Unis, des pays « qui partagent notre vision du monde ».

Lundi, lors de sa première interview télévisée depuis son élection, Jair Bolsonaro a insisté sur ses promesses de campagne les plus radicales, notamment la libéralisation du port d’arme, dont il veut entre autres abaisser la limite d’age de 25 à 21 ans.

Pour se justifier, il a donné un exemple: « Si un chauffeur routier est armé et réagit quand quelqu’un tente de voler sa cargaison (…) le voleur est abattu, (dans une situation de) légitime défense. Le chauffeur riposte et n’est pas puni. Ça va diminuer la violence au Brésil, c’est sûr ».

Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des Travailleurs (PT, gauche), dont le candidat Fernando Haddad a échoué au second tour face à Bolsonaro, a affirmé mardi que l’élection avait été « contaminée par les fraudes ». Des appels à la « résistance » lancés par des mouvements de gauche à Rio et Sao Paulo semblaient très peu suivis en début de soirée.

Après Idleb, Moscou et Ankara mobilisés pour une solution durable en Syrie

Un récent accord négocié par la Russie et la Turquie sur le sort du bastion rebelle d’Idleb a permis de revitaliser les efforts diplomatiques en vue d’une solution durable du conflit syrien, mais l’espoir d’un règlement politique reste lointain.

Ces derniers jours, rencontres et visites diplomatiques se sont multipliées. Istanbul a ainsi accueilli samedi un sommet réunissant les dirigeants de Turquie, de Russie, de France et d’Allemagne.

La veille, Moscou avait reçu le chef d’une opposition syrienne affaiblie, Nasr Hariri, qui cherche à établir « le dialogue ». Pendant ce temps, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a présenté au Conseil de sécurité, réuni à New York, les résultats d’un récent déplacement à Damas.

A l’origine de cette effervescence: l’accord dévoilé mi-septembre par la Russie et la Turquie, pour une « zone démilitarisée » aux abords d’Idleb, dans le nord-ouest syrien, qui a permis d’éviter une offensive du régime contre l’ultime grand bastion insurgé du pays.

L’initiative venait illustrer le rôle incontournable de Moscou, allié indéfectible de Damas, et d’Ankara, parrain traditionnel des rebelles, dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.

Les deux puissances, devenues les maîtres du jeu, ont éclipsé de fait les négociations infructueuses que l’ONU parraine depuis plusieurs années entre le régime de Bachar al-Assad et l’opposition.

« Il y a un lien direct entre l’accord d’Idleb et le processus politique », reconnaît Yehia al-Aridi, une figure de l’opposition en exil, notant la « frénésie diplomatique » des derniers jours. « L’accord d’Idleb a ouvert la voie ».

– « Accord tacite » –

Dans un pays morcelé, où les puissances internationales et régionales soutiennent une multitude de forces, « l’option diplomatique semble inévitable », estime Julien Théron, spécialiste du conflit syrien.

« Personne ne peut réellement ni stabiliser ni reconstruire le pays sans le concours, ou au moins l’accord tacite, des autres », explique cet enseignant à Sciences Po Paris.

Car même si le pouvoir d’Assad contrôle près des deux-tiers du pays, de vastes pans du territoire lui échappent toujours.

Outre Idleb, où la Turquie soutient une nébuleuse de groupes rebelles, tout le nord-est, soit près de 30% du territoire syrien, est dominé par les Kurdes, une minorité soutenue par les Occidentaux, notamment les Etats-Unis, qui disposent dans le secteur de forces au sol.

Vendredi à Istanbul, les dirigeants de Turquie, de Russie, de France et d’Allemagne ont appelé à oeuvrer pour une « solution politique » en Syrie.

Ils ont aussi réclamé plus d’efforts pour mettre rapidement sur pied un comité constitutionnel sur lequel planche l’ONU, pour jeter les fondements d’une transition politique.

A ce jour, les rounds de négociation successifs, organisés sous l’égide des Nations unies, ont échoué à mettre fin à la guerre qui a fait plus de 360.000 morts, avec souvent comme principale pierre d’achoppement le sort du président Assad.

De fait, les efforts de l’ONU sont éclipsés par les diplomaties parallèles de la Russie, de la Turquie et de l’Iran –autre allié du régime–, qui supervisent le processus de paix d’Astana initié en janvier 2017.

Mais, ces jours-ci, toutes les tensions se cristallisent autour du comité constitutionnel, dont la formation piétine en raison des réserves exprimées par Damas.

L’idée de ce comité était apparue en janvier 2018, lors d’un « Congrès du dialogue national syrien » organisé par la Russie. M. de Mistura avait été chargé de concrétiser le projet.

– « Gel du conflit » –

L’émissaire spécial de l’ONU, qui doit quitter ses fonctions fin novembre, oeuvre désormais à la composition du comité devant comprendre 150 personnes: 50 choisies par le régime, 50 par l’opposition et 50 par les Nations unies.

Or, le gouvernement syrien refuse que l’ONU joue un rôle « pour identifier ou choisir » les personnes qui composeraient cette troisième liste, a annoncé vendredi M. de Mistura devant le Conseil de sécurité.

De manière générale, Damas considère que le comité doit « discuter » de la constitution actuelle, tandis que l’opposition espère une nouvelle loi fondamentale.

Aron Lund, expert du think-tank The Century Foundation, minimise toutefois l’importance de ce débat, jugeant que la clé du casse-tête syrien est ailleurs.

Dans une Syrie morcelée, il pronostique plutôt des « ententes provisoires sur la façon de gérer les différends, d’éviter la violence, de relancer le commerce ».

Il explique que si les « divisions » imposées par les puissances étrangères se maintiennent, « on peut s’attendre à un gel du conflit » qui apportera une « stabilité » relative.

Sur le long terme, il relève néanmoins que le pouvoir d’Assad n’a jamais caché sa détermination à reconquérir toutes les régions qui lui échappent.

« Je ne pense pas qu’il y ait de grandes chances pour un règlement politique qui réintègre ces zones sans violence », dit M. Lund.

Nigeria: trois morts après des affrontements entre l’armée et des manifestants chiites

Trois partisans d’un groupe chiite radical ont été tués durant le week-end en marge d’une manifestation dans la capitale fédérale du Nigeria après des affrontements avec l’armée, selon un porte-parole militaire.

Selon la version de l’armée, des soldats transportant des armes et des munitions ont été « attaqués » par des membres du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN) samedi à Abuja.

Ils avaient établi « des barricades illégales bloquant le passage des automobilistes » et quand l’armée a essayé de dégager la route elle a rencontré une « résistance farouche » a expliqué dimanche James Myam, un porte-parole militaire.

Des soldats ont ouvert le feu sur les militants après qu’ils eurent « pilonné les troupes avec des pierres » et tenté « de s’emparer de munitions et de lance-roquettes transportés par l’armée », a-t-il précisé.

« Malheureusement, durant cette confrontation trois membres de la secte ont été tués et deux soldats ont subi des blessures à des degrés divers », a-t-il expliqué.

Des responsables de l’IMN ont réfuté la version officielle, qualifiée de « fausse » et « non-fondée ». Le porte-parole de l’IMN Ibrahim Musa a affirmé dans un communiqué que l’armée avait attaqué une marche pacifique.

« Nous réfutons catégoriquement la version de l’armée nigériane », a-t-il affirmé.

La marche était organisée en soutien au leader de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, emprisonné depuis de violentes manifestations en décembre 2015.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé les militaires d’avoir tué plus de 300 chiites lors de ces manifestations et de les avoir ensuite enterré dans des fosses communes, ce que l’armée a démenti.

Ibrahim Zakzaky et l’IMN souhaitent établir un Etat islamique chiite à l’iranienne dans un pays où les sunnites sont majoritaires chez les musulmans et ils ne reconnaissent pas l’autorité d’Abuja.

Ses partisans ont organisé ces derniers mois de nombreuses manifestations dans Abuja pour réclamer sa libération, débouchant sur des heurts avec la police.

Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé la détention du leader chiite illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée par les autorités nigérianes.

Le gouvernement Merkel fragilisé par des pertes lors d’un scrutin régional

Le parti de centre droit d’Angela Merkel et son partenaire social-démocrate de coalition à Berlin ont subi de sévères pertes lors d’élections régionales clés dimanche en Allemagne, rendant un peu plus incertaine la survie du gouvernement de la chancelière.

Selon les projections des chaînes de télévision publique, l’Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière arrive certes en tête du scrutin de l’Etat-région de Hesse avec entre 27 et 28% des voix, mais ce score représente une baisse de plus de dix points par rapport aux précédentes élections de 2013. Elle avait alors obtenu 38,3%.

Le parti social-démocrate (SPD) ressort encore plus éreinté avec autour de 19,5%, contre 30,7% il y a 5 ans en Hesse, où se situe la capitale financière de l’Allemagne, Francfort.

Cette double sanction pour les partis de pouvoir au plan fédéral à Berlin, associés au sein d’une « grande coalition » difficilement mise sur pied en mars, est une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel à un moment elle est déjà politiquement affaiblie.

– 2e revers de rang –

Il s’agit du deuxième scrutin régional décevant pour le camp conservateur allemand, après une élection en Bavière il y a deux semaines qui l’a vu perdre la majorité absolue qu’il y détenait depuis des décennies.

La numéro deux du parti CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, une proche d’Angela Merkel, a parlé dans la soirée d’un résultat « très douloureux » compte tenu de « la perte de tant de voix », même si elle s’est félicitée de voir son mouvement arriver en tête.

Cette situation risque d’attiser le débat en cours au sein du parti CDU sur l’avenir d’Angela Merkel, qui semble usée par 13 ans de pouvoir.

Sa popularité n’a cessé de refluer depuis sa décision d’ouvrir les frontières du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, tandis que l’extrême droite enchaîne les succès en profitant des craintes que suscitent les migrants dans l’opinion.

Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a triplé son score en Hesse avec autour de 12,5% et va entrer dans le dernier parlement régional allemand où il n’était pas encore représenté.

Face à cette évolution, les détracteurs d’Angela Merkel dans son camp réclament un coup de barre à droite et demandent qu’elle prépare sa succession. La chancelière affrontera un test crucial début décembre lors d’un congrès de la CDU où elle doit en principe remettre son poste de présidente du parti en jeu.

Elle a toutefois limité les dégâts en Hesse car le chef conservateur du gouvernement régional sortant, Volker Bouffier, un de ses fidèles, va pouvoir rester en poste à la tête d’une coalition dont les contours restent à définir.

Dans l’immédiat, le danger le plus sérieux vient de son partenaire social-démocrate de coalition qui, scrutin après scrutin, s’enfonce.

– Succès des Verts –

En Hesse, il est rattrapé par les Verts, qui avec une tête de liste d’origine arabe doublent leur score de 2013 à près de 20% et semblent bien partis pour rester dans le gouvernement local en association avec les conservateurs.

La question d’une sortie du gouvernement de coalition droite-gauche à Berlin et d’une cure d’opposition se pose du coup avec encore plus d’acuité pour le SPD, en chute libre dans les sondage nationaux qui le placent désormais derrière l’extrême droite.

« L’état dans lequel se trouve le gouvernement est inacceptable », a estimé dimanche soir la présidente du parti SPD, Andrea Nahles, en référence aux querelles continuelles qui opposent la chancelière à son aile droite sur la politique migratoire.

En conséquence elle a « exigé » une « feuille de route » précise fixant des mesures à prendre d’ici au mois de septembre 2019 par le gouvernement pour améliorer le quotidien de la population. Cette date correspond à un bilan de mi-parcours déjà prévu par les sociaux-démocrates.

« Nous évaluerons en fonction de la mise en application de cette feuille de route (…) si nous avons encore notre place dans ce gouvernement », a-t-elle averti.

Le SPD place ainsi la coalition d’Angela Merkel en sursis. Un départ du parti signerait la fin du gouvernement actuel et probablement celle de la carrière politique d’Angela Merkel, avec des nouvelles élections à la clé.

Plusieurs morts après une fusillade dans une synagogue américaine

Un tireur a ouvert le feu samedi dans une synagogue de Pittsburgh, dans l’Est des Etats-Unis, où les fidèles étaient rassemblés pendant le chabbat, faisant « beaucoup de morts », selon le président Donald Trump.

Le tueur a été appréhendé, placé en garde à vue et hospitalisé, ont indiqué des sources officielles.

Donald Trump a immédiatement dénoncé le climat de « haine » aux Etats-Unis et dans le monde tandis que sa fille, Ivanka Trump, convertie au judaïsme, a jugé que l’Amérique était « plus forte » que les actes d’un « antisémite pervers et sectaire ».

Selon le président américain, cette fusillade, « qui ressemble définitivement à un crime antisémite », a fait « beaucoup de morts » et « beaucoup de blessés graves ».

Les médias américains, citant des sources policières, ont annoncé qu’au moins quatre personnes avaient été tuées. Certains avancent le chiffre de huit personnes décédées.

Le directeur de la sécurité publique de Pittsburgh Wendell Hissrich a précisé qu’il y avait en outre six blessés, dont quatre parmi les forces de l’ordre.

« La scène est terrible à l’intérieur », a-t-il ajouté devant les caméras, apparemment très ému. « C’est l’une des pires scènes de crime sur laquelle je me sois rendu, et j’ai été sur des accidents d’avion », a-t-il confié.

Selon plusieurs médias, le tireur est un homme de 46 ans, nommé Robert Bowers, auteur de messages antisémites sur les réseaux sociaux. Il aurait proféré des menaces à caractère antisémite lors de l’attaque.

– « Evitez le quartier » –

La fusillade s’est déroulée dans la synagogue « Arbre de vie » (Tree of Life) où des fidèles étaient rassemblés pour le jour de repos juif du chabbat.

Tout a commencé peu après 10H00 (14 H00 GMT) quand la police locale a appelé les habitants du quartier à rester chez eux.

« Il y a un tireur dans la zone de Wilkins et Shady. Evitez le quartier », ont tweeté les services de sécurité publique de la ville, qui ont déployé d’importantes forces sur place.

L’agence fédérale chargée du contrôle des armes, tabac et explosifs, ATF, a ensuite précisé que des agents spéciaux se rendaient à leurs côtés. Peu après, la police a expliqué que l’auteur des tirs s’était rendu.

La synagogue Tree of Life avait été fondée il y a 150 ans et elle se situe dans le quartier de Squirrel Hill, où bat le coeur de la communauté juive de cette grande ville de l’Etat de Pennsylvanie.

– « Mon coeur saigne » –

Cette attaque intervient dans un climat très tendu aux Etats-Unis, tant dans le débat politique que dans la société.

Au cours de la semaine, des engins explosifs avaient été envoyés par un sympathisant de Donald Trump à des personnalités démocrates, tandis que le président républicain est régulièrement accusé de souffler sur les braises en employant une rhétorique de division.

« Je suis juste triste. Je ne sais pas quoi vous dire (…) ça ne devrait pas arriver, point. Ca ne devrait pas arriver dans une synagogue », a déclaré sur CNN, Jeff Finkelstein, le président de la « Jewish Federation of Greater Pittsburgh ».

« Nous sommes en contact étroit avec les forces de l’ordre pour comprendre l’étendue de cette attaque antisémite », a de son côté commenté Jonathan Greenblatt, le directeur de l’Anti-defamation league, la principale organisation de lutte contre l’antisémitisme aux Etats-Unis.

Le président Trump a déploré une « chose terrible », contre laquelle « quelque chose doit être fait ». Il a notamment proposé de renforcer la législation sur la peine de mort contre les auteurs d’attaques sur des lieux de culte.

« Quand des gens font ce genre de chose, ils devraient se voir infliger la peine capitale », a-t-il dit à la presse avant de s’envoler pour une rencontre avec des agriculteurs. Il a fait savoir qu’il envisageait d’annuler ces réunions prévues samedi en vue des élections législatives de mi-mandat du 6 novembre.

« Mon coeur saigne après les nouvelles venant de Pittsburgh. La violence doit s’arrêter », a de son côté écrit sur Twitter, la Première dame Melania Trump.

Cette fusillade est une attaque contre la liberté de religion, a dénoncé le vice-président Mike Pence.

Le Premier israélien Benjamin Netanyahu, lui, a déploré une attaque « antisémite horrible ».

Elle survient alors que les Etats-Unis ont enregistré en 2017 une hausse des attaques à caractère antisémite avec quelque 1.986 incidents (harcèlement, vandalisme, agressions) sur l’année en hausse de 57% par rapport à 2016, selon l’Anti-defamation league. Mais les attaques très violentes contre les Juifs y sont très rares.

La police de New York a de son côté fait savoir qu’elle renforçait la sécurité autour des lieux de culte de la ville, avec notamment des patrouilles supplémentaires.

Un homme arrêté en Floride dans l’affaire des colis suspects

La police américaine a annoncé avoir arrêté un homme en Floride dans l’enquête sur les colis suspects visant des personnalités anti-Trump, une avancée saluée par Donald Trump qui avait auparavant déploré l’impact de cette affaire sur les prochaines législatives.

Le président américain a confirmé cette arrestation, annoncée par le ministère américain de la Justice, à l’ouverture d’une réception à la Maison Blanche, saluant « le travail incroyable » de la police fédérale (FBI).

« Nous ne pouvons laisser la violence politique prendre racine en Amérique », a-t-il déclaré. « Les Américains doivent s’unir et montrer au monde que nous sommes unis, dans la paix, l’amour et l’harmonie », a-t-il ajouté, en déplorant des « actes de terreur ignobles ».

Le président n’a pas commenté les détails qui commençaient à émerger sur le suspect, après son arrestation dans la ville de Plantation, près de Fort Lauderdale, en Floride.

– Autocollants –

Une camionnette blanche qui semble lui appartenir a été saisie par la police. Bien que les forces de l’ordre l’aient rapidement bâchée et enlevée pour analyse, plusieurs médias ont montré des photos du véhicule non bâché, zoomant sur une série d’autocollants pro-Trump recouvrant les côtés.

Plusieurs médias ont identifié le suspect comme Cesar Sayoc Jr, 56 ans, avec des antécédents criminels.

S’il se confirmait que le suspect était un partisan de Donald Trump, cela risquerait d’attiser encore davantage des tensions déjà très vives à l’approche des élections législatives du 6 novembre, déterminantes pour la suite de la présidence du milliardaire.

Cette arrestation est survenue juste après la confirmation par la police que deux colis suspects supplémentaires avaient été retrouvés vendredi matin, en tous points similaires aux dix déjà reçus entre lundi et jeudi et contenant des engins qualifiés de potentiellement explosifs.

Les paquets portaient notamment tous la même adresse d’expédition: celle d’une élue démocrate de Floride, Debbie Wasserman Schultz.

L’un a été retrouvé en Floride, destiné au sénateur démocrate Cory Booker, l’autre a été intercepté dans un bureau de poste de Manhattan, adressé à CNN à l’attention de l’ex-directeur des renseignements James Clapper.

MM. Clapper et Booker, cité comme un candidat possible à la présidentielle américaine de 2020, sont tous deux très critiques du président américain.

Ils se sont ajoutés à une liste de personnalités sur laquelle figuraient déjà le financier George Soros, l’ex-président Barack Obama, son ex-vice président Joe Biden, l’ex-secrétaire d’Etat et rivale malheureuse de Donald Trump à la présidentielle Hillary Clinton, l’acteur Robert de Niro, l’ex-ministre de la justice de Barack Obama Eric Holder et l’élue démocrate californienne Maxine Waters.

– « Mauvais pour la dynamique »

Si lors de sa brève allocution vendredi, M. Trump a appelé à l’unité, il n’a cessé depuis mercredi de souffler le chaud et le froid sur cette histoire.

Après l’annonce des deux nouveaux paquets vendredi, il avait déploré que toute cette histoire nuise à ses candidats à onze jours des législatives.

« Les républicains ont de bons chiffres dans les votes par anticipation et dans les sondages, et maintenant cette histoire de +Bombe+ surgit et la dynamique ralentit », a-t-il tweeté. « Ce qui se passe est vraiment regrettable. Républicains, allez voter! », a-t-il ajouté.

Après un premier appel au rassemblement mercredi, il avait repris ses attaques jeudi contre les médias, qu’il accuse régulièrement de vouloir saper sa présidence et qu’il a qualifiés à plusieurs reprises d' »ennemis du peuple ».

« Une grande partie de la colère que nous voyons aujourd’hui dans notre société est causée par le traitement intentionnellement inexact et imprécis des médias traditionnels, que j’appelle les +Fake News+ », avait-il tweeté jeudi.

De nombreux responsables démocrates l’ont accusé au contraire de « cautionner la violence » et d’attiser les divisions.

« Je pense que le président n’a toujours pas mesuré l’importance de la présidence et l’importance de son poste », a affirmé vendredi le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, sur CNN. « Tout est toujours une question de concurrence, de politique, il se sent lésé (…) Tout devient politique et cela relance la colère à chaque fois ».

L’acteur Robert de Niro, qui avait insulté Donald Trump lors de la cérémonie des récompenses de Broadway en juin, a appelé tous les anti-Trump à se mobiliser pour les législatives.

« Il y a quelque chose de plus puissant que les bombes, c’est votre bulletin de vote. Les gens DOIVENT voter », a-t-il indiqué vendredi dans un communiqué.

Un patron britannique rejette des accusations de harcèlement sexuel

Le patron du groupe Arcadia, Philip Green, a rejeté jeudi les accusations de racisme et de harcèlement sexuel portées contre lui par plusieurs de ses employés, et qui avaient fait l’objet d’accords de confidentialité.

Ces accords avaient dans un premier temps empêché la divulgation de son identité par la presse, qui s’était vue imposer le silence par la justice britannique, avant qu’un membre de la Chambre des Lords use de son privilège parlementaire pour dévoiler son nom.

« Je nie catégoriquement les allégations suggérant que je me suis rendu coupable de comportements illégaux », a déclaré dans un communiqué Philip Green, dirigeant du groupe Arcadia, qui emploie plus de 20.000 personnes dans le secteur de la grande distribution et de la mode.

« Arcadia et moi-même prenons très au sérieux les accusations et les griefs des employés, qui sont, le cas échéant, minutieusement examinés », a-t-il ajouté. Il a précisé que « dans certains cas », ces plaintes pouvaient être réglées par des accords « confidentiels, qui ne peuvent donc être commentés ».

La justice britannique, saisie par l’armée d’avocats du milliardaire, avait stoppé temporairement la publication par le quotidien conservateur Daily Telegraph d’un article mettant en cause le patron, dans l’attente d’un procès.

Elle estimait que les informations obtenues par le journal provenaient notamment d’accords de confidentialité signés par cinq employés avec l’homme d’affaires, ayant donné lieu à des versements d’argent « substantiels » et prévalant sur la liberté d’informer.

« Le scandale britannique #MeToo qui ne peut être révélé », avait titré mercredi le quotidien, déplorant, au terme de huit mois d’enquête, d’être empêché par une décision de justice de dévoiler l’identité du milliardaire.

Cet impératif de silence avait provoqué l’indignation dans le pays, bon nombre y voyant un passe-droit permettant aux riches d’échapper à un scandale, dans le sillage du mouvement #MeToo.

« Il semble que nos lois permettent aux hommes riches et puissants de faire pratiquement tout ce qu’ils veulent tant qu’ils paient pour le garder sous silence », avait dénoncé la députée travailliste Jess Phillips mercredi.

– ‘Privilège parlementaire’ –

Mais ce silence a été brisé jeudi après-midi par Peter Hain, membre de la Chambre des Lords, qui a estimé qu’il était de son « devoir » et « dans l’intérêt du public » d’user de son « privilège parlementaire » pour enfreindre la décision de justice et révéler l’identité du mis en cause.

Il a expliqué avoir appris son nom après avoir été approché par une personne « étroitement impliquée » dans l’affaire.

Le Telegraph a précisé que l’homme d’affaires avait dépensé près de 500.000 livres (environ 566.000 euros) pour être représenté par une équipe d’au moins sept avocats du cabinet londonien Schillings, qui compte parmi ses clients la star portugaise du football Cristiano Ronaldo, accusée de viol.

Après ces révélations, la Première ministre Theresa May s’était engagée mercredi devant les députés à revoir les règles entourant les accords de non-confidentialité afin d’empêcher l’usage « immoral » qui en est fait par certains employeurs.

La Society of Editors, qui représente quelque 400 membres des médias, avait dénoncé « une attaque contre la liberté de la presse », estimant que leur « usage croissant » constituait une évolution « dangereuse pour une société libre ».

La réputation du patron d’Arcadia avait déjà été largement ternie par la fermeture, en 2016, de la chaîne de grands magasins BHS, qui avait entrainé la suppression de plus de 10.000 emplois.

Ces nouvelles accusations pourraient s’avérer « très préjudiciable, pour lui comme pour les enseignes de distribution qu’il possède », a analysé Neil Saunders, directeur général de GlobalData Retail, qui a dit s’attendre à des opérations de « boycott ».

Colombie: Ingrid Betancourt demande aux Farc de dédommager leurs victimes

Ingrid Betancourt, séquestrée durant six ans par les Farc en Colombie, a demandé que l’ex-guérilla dédommage ses victimes, mercredi lorsqu’elle a témoigné devant la juridiction spéciale issue de l’accord de paix signé en 2016.

« Il faut des condamnations constructives, en parallèle à tout ce qu’ils ont détruit », a déclaré cette ex-otage colombo-française et ancienne candidate présidentielle, devant les magistrats de la JEP lors d’une visio-conférence depuis Paris.

Il doit y avoir « des faits concrets qui signifient pour eux une réelle prise de conscience et une vraie reconversion suite au mal qu’ils ont fait », a-t-elle ajouté, durant sa déposition de plus de deux heures devant la JEP, chargée de juger les crimes commis pendant plus d’un demi-siècle de confrontation armée entre les Farc et l’Etat colombien.

Ingrid Betancourt, qui a à plusieurs reprises déclaré qu’elle pardonnait à ses ravisseurs, a suggéré que les anciens rebelles construisent « avec leurs propres mains » des maisons pour les Colombiens qui ont perdu leur foyer à cause des actions de l’ex-guérilla marxiste.

Mais elle a admis ne pas savoir comment réparer le mal infligé aux familles des ex-otages.

« Que peuvent-ils faire pour nous rendre le temps qu’ils nous ont confisqué? (…) Je n’ai pas de réponse. Je sais seulement que cela doit être des actions de longue durée, un effort et un engagement de leur part », a-t-elle ajouté.

Mme Betancourt a témoigné à la demande de la JEP dans la procédure pour les enlèvements ouverte à l’encontre des leaders de l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), désarmée et reconvertie en parti politique sous le même acronyme suite à l’accord de paix de 2016.

– La misogynie des Farc –

Les magistrats de la JEP ont commencé à entendre lundi des personnalités politiques et des militaires qui ont été otages des rebelles, afin de faire la lumière sur le degré de responsabilité des leaders Farc dans ces enlèvements.

Dans sa déposition, Ingrid Betancourt a en outre dénoncé la « misogynie » des ex-guérilleros. « Les commandants favorisaient les camarades qui avaient des comportements grossiers, vulgaires, irrespectueux envers les séquestrées (…) Cela ne se produisait pas avec les hommes », a-t-elle souligné.

Elle a également rappelé que durant sa détention elle avait été « enchaînée », contrainte de dormir sur un nid de tiques et que ses geôliers lui refusaient des médicaments.

Mais l’ex-otage s’est dite confiante dans la capacité de « changer » des ex-guérilleros. « Nous devons parier sur le fait qu’il y a en nous un esprit qui nous permette d’être meilleurs. Ainsi comme je le crois pour moi, je le pense des Farc », a-t-elle dit.

L’ancienne candidate présidentielle avait été enlevée le 23 février 2002 par l’ex-guérilla dans le sud de la Colombie et libérée en 2008, en même temps que 14 autres otages, lors de l' »Opération Echec » des forces armées, qui avait eu une importante répercution médiatique.

Après sa libération, elle avait quitté la Colombie pour l’Europe, d’où elle a appuyé l’accord de paix signé par les Farc et l’ancien président Juan Manuel Santos.

Les leaders du parti Force alternative révolutionnaire commune (Farc) ont plusieurs fois demandé pardon pour les crimes perpétrés pendant leur rébellion armée lancée en 1964.

Au moins 37.094 enlèvements ont été commis pendant le conflit, la plupart par les Farc et l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla de Colombie encore active, selon des chiffres officiels.

Les rebelles utilisaient les otages comme moyen de pression politique ou de financement.

L’accord de paix prévoit des peines alternatives à la prison pour les ex-guérilleros comme pour les militaires qui avouent leurs crimes, dédommagent les victimes et s’engagent à ne plus avoir recours à la violence.

Les chefs Farc et quelques militaires ont déjà comparu devant la JEP.

Au fil des décennies, le complexe conflit colombien a impliqué une trentaine de guérillas, des paramilitaires et l’armée, faisant au moins huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.

Les Philippines vont rouvrir Boracay, joyau souillé par le tourisme de masse

Les Philippines permettront à nouveau vendredi aux touristes de fouler les plages paradisiaques de Boracay, île fermée depuis six mois parce que le tourisme de masse l’avait transformée, selon le président Rodrigo Duterte, en « fosse septique ».

Le chef de l’Etat avait ordonné en avril la fermeture de cette île qui est la plus courue de l’archipel, afin de permettre de nettoyer le site, de faire le ménage dans un développement hôtelier anarchique, et de bâtir en particulier des unités de traitement des eaux usées.

Six mois après, Boracay aura moins d’hôtels et de restaurants, ainsi qu’un quota de visiteurs autorisés et de nouvelles réglementations interdisant le tabac et l’alcool sur les plages, afin de ramener de l’ordre sur son littoral.

Le but est de réparer une île qui accueillait ces dernières années jusqu’à deux millions de touristes par an.

La ministre philippine du Tourisme, Bernadette Romulo-Puyat, a espéré que cette « nouvelle » Boracay marque aussi l’avènement d’une « culture du tourisme durable » aux Philippines.

« Il s’agit de prendre en compte les répercussions de nos actions sur la situation actuelle et future de l’environnement », déclarait-elle récemment aux médias.

La ministre a dit avoir adressé par écrit des avertissements à d’autres lieux très prisés de l’archipel, comme El Nido, dans le nord de l’île de Palawan, ou l’île de Panglao.

Certains sites, comme celui d’Oslob dans le sud de Cebu, connu pour ses activités de nourrissage de requins baleines, ont pris les devants en réduisant leur fréquentation touristique.

– 400 hôtels et restaurants en moins –

Boracay, petite île de l’archipel des Visayas dont les plages sont régulièrement classées par certains magazines de voyage comme les plus belles au monde, ne mesure que 10 kilomètres carrés. Mais elle a pu à certaines périodes être fréquentée par 40.000 touristes en même temps.

Si le tourisme a généré un milliard de dollars de revenus par an, il a aussi entraîné l’accumulation de montagnes de détritus dépassant largement ses capacités d’assainissement, ainsi qu’une atmosphère de fête permanente que le gouvernement ne goûte plus.

Désormais, l’île n’aura plus le droit d’accueillir plus de 19.200 touristes en même temps, un quota que les autorités comptent faire respecter en contrôlant notamment l’offre hôtelière de l’île.

Le gouvernement a également chassé du littoral cracheurs de feu, masseuses, vendeurs ambulants, chiens errants et même les bâtisseurs de châteaux de sable emblématiques de l’île. Des constructions sauvages ont été rasées pour créer une servitude de passage de bord de mer large de 30 mètres.

Tous les sports nautiques, à l’exception de la natation, sont pour l’heure interdits et les trois casinos de l’île ont été fermés.

Près de 400 hôtels et restaurants accusés de violer les réglementations environnementales ont dû fermer. Les compagnies aériennes et les ferries ont dû réduire leur desserte de la zone.

Fumer ou boire de l’alcool est désormais interdit sur les plages. Les gigantesques fêtes de plage dites « Laboracay » organisées autour du 1er mai, qui attiraient des dizaines de milliers de personnes, appartiennent également au passé.

La Fondation Boracay, qui représente le secteur touristique de l’île, s’est refusée à commenter la nouvelle règlementation mais a salué le retour prochain des visiteurs.

« Nous sommes heureux que les travailleurs retrouvent leur emploi », a déclaré à l’AFP la directrice générale de la fondation Pia Miraflores. « Tout le monde s’est beaucoup sacrifié pendant ces six mois. »

La surexploitation par le tourisme de masse est loin d’être un problème exclusivement philippin et d’autres pays d’Asie du Sud-Est ont dû prendre des mesures drastiques pour tenter de limiter la casse.

Ainsi, les autorités thaïlandaises ont-elles également fermé pour une durée indéterminée Maya Bay -la baie thaïlandaise rendue célèbre par le film « La plage » avec Leonardo DiCaprio- située sur l’île de Koh Phi Phi Ley près de Phuket.

L’Otan en grandes manœuvres en Norvège au grand dam de la Russie voisine

Quelque 50.000 soldats appuyés par des moyens matériels considérables lancent jeudi en Norvège les plus grandes manœuvres militaires de l’Otan depuis la Guerre froide, une démonstration de force qui irrite la Russie voisine.

L’exercice 18, qui se déroulera jusqu’au 7 novembre, vise à entraîner l’Alliance atlantique à accourir à la rescousse d’un de ses membres.

Il s’agit de « démontrer la capacité de défense de l’Otan face à n’importe quel adversaire », a affirmé l’amiral américain James Foggo, commandant en chef de l’exercice. « Il ne vise aucun pays en particulier ».

La Russie est dans tous les esprits, elle qui a conduit les plus vastes manoeuvres de son histoire en septembre en Extrême-Orient.

« La Russie ne représente pas une menace militaire directe pour la Norvège », note le ministre norvégien de la Défense, Frank Bakke-Jensen.

« Mais dans une situation sécuritaire aussi compliquée qu’aujourd’hui (…) un incident ailleurs pourrait très bien accroître la tension dans le Nord et nous souhaitons préparer l’Alliance à éviter tout incident malheureux », explique-t-il à l’AFP.

Donald Trump a ajouté aux tensions en menaçant lundi de repartir dans une course à l’armement, deux jours après avoir retiré les États-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), conclu en 1987 avec la Russie.

– « Riposte » russe –

Si les manoeuvres se tiendront à distance respectueuse de la frontière russo-norvégienne, longue de quelque 198 kilomètres dans l’Arctique, Moscou a manifesté son courroux.

Indépendamment de Trident Juncture 18, les États-Unis et la Grande-Bretagne intensifient les déploiements dans le pays scandinave pour acclimater leurs troupes au grand froid. À terme, 700 US Marines devraient se succéder par rotation sur le sol norvégien.

« Les principaux pays de l’Otan accroissent leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie », a dénoncé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, fustigeant « des cliquetis d’armes ».

« De telles actions irresponsables mèneront forcément à la déstabilisation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions », a-t-elle dit, en promettant « des mesures nécessaires de riposte ».

Sous la présidence de Vladimir Poutine, l’armée russe a déjà considérablement renforcé ses moyens dans l’Arctique. Des bases militaires aériennes ont été rénovées ou construites, et de nouveaux radars et systèmes de missiles antiaériens installés.

Épine dorsale de la Marine, la Flotte du Nord doit notamment recevoir cinq nouveaux navires de guerre, cinq bâtiments de soutien et quinze avions et hélicoptères d’ici la fin de l’année, selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

– « Chorégraphie » militaire –

« Côté russe, le dispositif militaire est revenu à peu près à ce qu’il était pendant la Guerre froide », analyse François Heibsbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), auprès de l’AFP. « Quelque part, l’Otan est aussi en train de revenir vers les mêmes dispositifs ».

« On a un enclenchement assez mécanique », « un retour à une forme de chorégraphie » mais Trident Juncture 18 n’a « rien de déstabilisant », estime-t-il.

Rassemblant les 29 pays membres de l’Alliance atlantique rejoints par la Suède et la Finlande, l’exercice en impose par l’ampleur des moyens déployés. Les 50.000 soldats seront appuyés par 10.000 véhicules, 250 aéronefs et 60 navires, dont un porte-avions américain.

« Les exercices terrestres vont être menés à 1.000 km de la frontière avec la Russie et les opérations aériennes à 500 km. La Russie n’a aucune raison d’être inquiète », a affirmé le général norvégien Rune Jakobsen.

Deux observateurs russes et deux biélorusses sont invités.

Pour se déployer, le contingent britannique a entrepris un périple routier de cinq jours. « Cela montre (…) à nos alliés de l’Otan que l’armée britannique est prête à traverser l’Europe si nécessaire », a indiqué son porte-parole, le major Stuart Lavery, à l’AFPTV.

Espagne: 55 des 208 migrants entrés à Melilla renvoyés au Maroc

L’Espagne a expulsé lundi vers le Maroc 55 des 208 migrants entrés la veille à Melilla en traversant la clôture entourant l’enclave espagnole, a annoncé la préfecture.

« Le gouvernement a appliqué le traité hispano-marocain de réadmission à 55 personnes, qui ont été reconduites au Maroc », selon un communiqué.

140 autres migrants ont déposé une demande d’asile. Dix se remettent encore de leurs blessures et trois sont des mineurs, a détaillé la préfecture.

Un migrant était mort dimanche peu après avoir pénétré dans la ville espagnole. « L’autopsie indique qu’il n’y a pas de lésion externe ayant provoqué le décès », a souligné lundi la préfecture qui avait évoqué la veille un arrêt cardio-respiratoire comme possible cause.

Un autre migrant est mort lors de la tentative de franchissement de la frontière côté marocain, où les autorités ont annoncé avoir arrêté quelque 141 migrants.

Plusieurs associations catholiques d’aide aux migrants ont dénoncé dans un communiqué commun l’expulsion rapide de ces migrants. « La rapidité n’est pas toujours un signe d’efficacité quand la vie et le futur des gens est en jeu », écrivent-elles.

L’Espagne est devenue la première porte d’entrée de l’immigration clandestine en Europe, avec plus de 47.000 migrants entrés depuis le début de l’année, dont environ 5.000 par voie terrestre selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Elle est régulièrement épinglée par les autorités européennes pour son traitement de l’immigration, en particulier à Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique.

Le Maroc est un pays de transit pour des milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne espérant rejoindre l’Europe.

Les autorités marocaines, qui évoquent 54.000 tentatives de passage avortées depuis le début de l’année, multiplient depuis l’été rafles musclées et déplacements forcés de milliers de migrants subsahariens, suscitant de vives critiques des défenseurs de droits de l’Homme.

Sébastien Lecornu, un politique précoce aux collectivités territoriales

À tout juste 32 ans, le précoce Sébastien Lecornu, nommé mardi ministre chargé des collectivités territoriales, est un ancien des Républicains, proche de Bruno Le Maire, à la fibre très politique.

Jusqu’ici classé parmi les méconnus du gouvernement d’Édouard Philippe, cet élu de l’Eure va monter en grade en prenant un ministère. Il épaulera ainsi Jacqueline Gourault, nommée mardi à la tête d’un grand ministère de la Cohésion des territoires.

Il était en effet depuis mai 2017 secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, sous Nicolas Hulot puis brièvement François de Rugy.

Né le 11 juin 1986 à Eaubonne (Val-d’Oise), le nouveau ministre a battu nombre de records de précocité.

Il a été le plus jeune assistant parlementaire à l’Assemblée nationale lorsqu’il a rejoint l’institution en 2005, le plus jeune conseiller dans un cabinet ministériel – celui de Bruno Le Maire aux Affaires européennes en 2008 – et le plus jeune président d’un département, celui de l’Eure, en 2015.

« J’ai toujours eu un intérêt pour la chose publique », expliquait-il l’an dernier à Ouest France. Et c’est à droite qu’encore lycéen, il s’engage, dans sa ville de Vernon (Eure), dont il sera élu maire en 2014.

« J’aime l’ordre. Pour moi, la gauche représente le désordre. Et malgré mes origines populaires, je n’ai jamais cru à l’excuse sociale. Quand on travaille, on y arrive toujours », affirmait-il dans un entretien à Libération.

– Fessenheim –

Le nouveau ministre a rejoint l’an dernier LREM après son exclusion des Républicains pour avoir accepté un poste dans le gouvernement, « une reconversion opportuniste », tacle Janick Leger, présidente du groupe d’opposition socialiste au département de l’Eure.

Lui qui se définit comme proche du monde agricole et des territoires, n’avait pas vraiment l’écologie dans son ADN. « Je suis tenant d’une écologie pragmatique qui croit plus à la preuve qu’aux slogans », disait Sébastien Lecornu à Libération.

Comme secrétaire d’État, il s’est plutôt approprié les sujets liés à l’énergie, se confrontant aux différents intérêts, souvent divergents, des entreprises, des écologistes et des élus locaux.

Il pilotait ainsi la délicate fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), où il s’est rendu à plusieurs reprises pour rencontrer les élus et les salariés d’EDF, hostiles à l’arrêt du site, tout comme sur le site controversé de stockage de déchets nucléaires à Bure (Meuse).

Il était aussi à la manœuvre sur les Contrats de transition écologique (CTE), censés aider les territoires à organiser leur transition dans l’énergie, le recyclage, la protection de l’environnement, etc.

Il a également encadré les trois groupes de travail sur l’éolien, le solaire et la méthanisation dans le but de faciliter le développement de ces trois énergies renouvelables.

– Giverny et gendarmerie –

Dans ses nouvelles fonctions, il pourra faire valoir sa bonne connaissance des arcanes parlementaires et des sensibilités des élus locaux.

Malgré ses responsabilités nationales, il reste d’ailleurs très proche de ses terres normandes, où il reste adjoint au maire de Vernon et conseiller départemental. « C’est encore lui qui tire toutes les manettes au département », pointe Jean-Pierre Nicolas, ancien député et maire UMP d’Evreux, exclu du parti en 2013 à la demande de Bruno Le Maire.

Cet amateur d’art, très proche de Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, siège aussi au conseil d’administration du musée des impressionnistes de Giverny.

Plutôt direct, voire adepte de « la confrontation frontale », selon Mme Leger, il n’hésite pas à répondre aux invitations pour s’exprimer sur les plateaux de radio et de télévision.

Loin de la formation traditionnelle des responsables politiques, Sébastien Lecornu, diplômé de droit public de l’université Panthéon-Assas, est aussi officier de réserve de la gendarmerie. Il a même commandé dans l’Eure le peloton auquel a appartenu l’ex-monsieur sécurité d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla.

Le Burundi accuse la Belgique d’avoir ordonné l’assassinat d’un héros de l’indépendance

Le Burundi a accusé dimanche la Belgique, son ancienne puissance coloniale, d’avoir commandité l’assassinat en 1961 du héros de l’indépendance et membre de la famille royale le prince Louis Rwagasore, quelque mois avant son accession à l’indépendance.

C’est la première fois que le gouvernement burundais accuse officiellement la Belgique d’être responsable de l’assassinat du prince Louis Rwagasore, risquant de détériorer encore davantage les relations entre les deux pays.

« Le véritable commanditaire qu’est le Royaume de Belgique, puissance coloniale de l’époque qui était farouchement opposée à l’indépendance immédiate du Burundi, n’a pas encore rendu de comptes », dénonce le porte-parole du gouvernement dans un communiqué.

Le gouvernement « envisage de mettre sur pied une commission technique ad hoc pour enquêter sur les assassinats (… ) de Rwagasore et des siens », ajoute-t-il, faisant référence à ses deux enfants morts en bas âge quelques mois après sa disparition.

Le gouvernement accuse également la Belgique d’avoir « une part de responsabilité dans les différentes crises politico-ethniques qui ont endeuillé le Burundi depuis son indépendance ».

Royaume multiséculaire de la région des Grands lacs, le Burundi a été une ancienne colonie allemande avant d’être placé sous tutelle belge après la 2e Guerre mondiale.

Il obtient son indépendance sous l’impulsion du prince Louis Rwagasore, fils aîné du roi Mwambutsa V, qui deviendra Premier ministre avant d’être assassiné par un commerçant grec de Bujumbura le 13 octobre 1961, quelque mois avant la proclamation de l’indépendance le 1er juillet 1962.

Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête.

Mozambique: l’opposition accuse le gouvernement de fraudes électorales

L’opposition mozambicaine a accusé samedi le gouvernement d’avoir inversé les résultats dans quatre villes qu’elle affirme avoir remportées lors des élections locales et l’a menacé de claquer la porte du processus de paix s’il ne les rétablissait pas.

« Nous ne voulons pas la guerre mais nous n’accepterons aucune tentative de changer la volonté populaire », a tonné le chef du Renouveau national du Mozambique (Renamo), Mossufo Momade, lors d’une conférence de presse.

« Si le vote populaire n’est pas respecté, la Renamo rompra les discussions et le président de la République et le Frelimo (Front de libération du Mozambique, au pouvoir) en seront les seuls responsables », a-t-il poursuivi.

Aucun résultat définitif du scrutin disputé mercredi n’a encore été validé par la Commission électorale nationale. Mais la Renamo affirme avoir gagné une dizaines de municipalités, dont celle de Matulo, la plus peuplée du pays, qui jouxte la capitale Maputo, et dénonce depuis des fraudes du Frelimo.

Le Frelimo contrôlait jusque-là 49 des 53 municipalités du pays.

Ancienne guérilla transformée en parti politique à la fin de la guerre civile (1976-1992), la Renamo a repris les armes en 2013 pour dénoncer la mainmise du Frelimo sur le pays, qu’elle dirige depuis son indépendance en 1975.

Son chef historique, Afonso Dhlakama, décédé en mai, avait toutefois repris le fil du dialogue avec le président Filipe Nyusi.

Un accord a été récemment trouvé entre les deux camps sur la décentralisation des pouvoirs dans les provinces puis sur la réintégration des combattants de l’aile armée de la Renamo dans l’armée et la police du pays.

Mais les relations entre Frelimo et Renamo restent tendues, ainsi que l’attestent les incidents violents survenus entre leurs partisans tout au long de la campagne électorale.

« Les violences, arrestations et tirs ordonnés sur nos partisans pendant la campagne et le jour du vote constituent ni plus ni moins que du terrorisme d’Etat », a dénoncé samedi M. Momade, dénonçant la « complicité silencieuse » du président Nyusi.

Des élections générales sont prévues en octobre 2019.

Onze morts et scènes de désolation après le passage de l’ouragan Michael

L’ouragan Michael, qui a causé la mort d’au moins 11 personnes, a laissé dans son sillage des scènes de désolation, certaines localités de Floride ressemblant à un champ de ruines avec des maisons aplaties, des arbres arrachés, alors que les opérations de sauvetage se poursuivaient vendredi.

Rétrogradé en simple tempête, Michael s’éloignait des côtes américaines mais les autorités craignaient un bilan plus lourd.

Au moins quatre personnes sont mortes en Floride où le cyclone s’est fracassé mercredi sur ses côtes, charriant alors des vents à 250km/h.

« Mon sentiment est qu’ils vont trouver davantage de victimes », a estimé vendredi sur CNN Marco Rubio, sénateur de Floride.

Même crainte du côté de l’agence de gestion des situations d’urgence. « Je m’attends à ce que le bilan augmente aujourd’hui et demain à mesure que nous circulons à travers les débris », a confié, également sur CNN, le patron de la Fema, Brock Long.

– « C’était terrifiant » –

Les secours sont notamment à pied d’oeuvre à Mexico Beach, petite cité balnéaire du « Sunshine State », totalement ravagée par Michael. Vidée de ses habitants, la ville ressemblait à un champ de ruines, les images aériennes montrant des maisons soufflées par la force des vents.

On n’entend plus que les alarmes anti-incendies et les engins de chantier qui déblayent les voies d’accès, a constaté un journaliste de l’AFP.

Malgré les consignes d’évacuation qui ont probablement sauvé de nombreuses vies, certains habitants de Mexico Beach étaient restés. Les survivants ont raconté l’enfer.

« On a eu très peur, on n’avait jamais vu quelque chose comme ça », a confié à l’AFP Rose Loth, 53 ans.

« C’était lugubre, sombre, terrifiant, on avait l’impression que ça ne s’arrêterait jamais », a abondé Joyce Overstreet, 61 ans, propriétaire d’une société de fabrication de métaux.

A Panama City, à quelques kilomètres de là, la situation aussi était préoccupante: maisons totalement détruites, toitures arrachées, bateaux encastrés les uns contre les autres, arbres jonchant le sol.

Quelques kilomètres plus à l’est, la base aérienne de Tyndall, a été fortement touchée par l’ouragan.

« Les dégâts sur la base sont importants », a indiqué un communiqué diffusé jeudi.

– Cinq morts en Virginie –

Michael a aussi entraîné la mort de plusieurs personnes dans trois autres Etats.

« 5 morts confirmés liés à Michael », ont écrit sur Twitter les services d’urgence de la Virginie vendredi. La tempête est passée sur cet Etat au sud de Washington jeudi soir en remontant vers le nord depuis la Floride.

En Géorgie, une fillette de 11 ans a été tuée lorsqu’un auvent de garage a atterri sur sa maison, selon les autorités et en Caroline du Nord, Etat déjà durement touché par l’ouragan Florence le mois dernier, une personne a perdu la vie après qu’un arbre s’est effondré sur une voiture.

Le courant n’était toujours pas rétabli vendredi pour des centaines de milliers de foyers à travers plusieurs Etats du sud-est américain: près de 350.000 en Floride et plus de 500.000 en Virginie.

« Inondations, arbres abattus, routes closes et débris vont affecter le trajet du matin », a indiqué vendredi le Virginia Department of Emergency.

Sur les réseaux sociaux, les images postées par les internautes parlent d’elle même: routes et parkings de supermarchés sont submergés par la montée des eaux. Les services d’urgence de Virginie ont indiqué que 1.200 routes avaient été fermées.

Les Etats-Unis ont subi l’an dernier huit tempêtes de forte puissance et trois ouragans majeurs –Irma, Maria et Harvey. Ce dernier a provoqué 125 milliards de dollars de dégâts et partiellement inondé la métropole de Houston.

RDC: au moins 32 tués par l’éboulement d’une mine d’or dans l’est

Au moins 32 mineurs clandestins ont été tués par l’éboulement d’une mine d’or artisanale dans l’est de la République démocratique du Congo le 4 octobre, ont indiqué jeudi des sources locales.

« Le bilan provisoire fait état de 32 morts. C’est le nombre de corps qui ont été retirés du puits en ce début d’après-midi », a déclaré à l’AFP Me Déogratias Musafiri, président de la société civile de Fizi dans la province du Sud-Kivu.

L’éboulement a eu lieu le 4 octobre après une forte pluie qui avait provoqué des inondations dans la cité de Misisi dans le territoire de Fizi.

Faute de moyens, les recherches des victimes ont tardé et c’est un proche collaborateur du président Joseph Kabila, originaire de cette localité, qui a envoyé de l’argent pour les financer.

Selon les déclarations à l’AFP de Tyber Kajemba de l’ONG Observatoire Gouvernance et Paix (OGP), qui oeuvre pour un mécanisme équitable de l’exploitation des minerais au Sud-Kivu, « au moins 37 personnes sont mortes, c’est le bilan provisoire de l’éboulement ».

D’autres corps sont encore enfouis à plus de « 70 voire 80 mètres sous terre. Le mauvais entretien du puits a causé cet éboulement », a-t-il ajouté.

« Il y a eu effectivement accident dans un puits d’or à Misisi. Les vraies recherches ont commencé ce matin (jeudi) », a déclaré, pour sa part, Aimé Mutipula, administrateur du territoire de Fizi, sans livrer un quelconque bilan.

Des creuseurs artisanaux congolais travaillent régulièrement dans des conditions difficiles, sans respecter les normes de sécurité.

Des pluies diluviennes sont habituelles en cette période à Misisi, une localité située à plus de 200 km d’Uvira, deuxième ville du Sud-Kivu.

Les accidents dans les mines exploitées par des creuseurs artisanaux en RDC sont fréquents et souvent très meurtriers, mais largement sous-documentés compte tenu des endroits extrêmement enclavés où ils se produisent.

Fin octobre, l’éboulement d’une mine artisanale d’or dans la province de l’Ituri (nord-est) avait fait cinq morts.

Inondations à Majorque : dix morts et un enfant porté disparu

Dix personnes sont mortes, dont deux Britanniques et une Néerlandaise, et un enfant était toujours porté disparu après des inondations qui ont dévasté dans la nuit de mardi à mercredi une zone de l’est de Majorque, la principale île du très touristique archipel espagnol des Baléares.

Les victimes sont « un couple britannique et une femme néerlandaise », « deux femmes et quatre hommes espagnols » et « un homme probablement étranger qui n’a pas encore pu être identifié », ont expliqué mercredi dans la soirée les services d’urgence des Baléares.

Un enfant restait en revanche porté disparu, avaient dit plus tôt ces services qui informent sur la situation en catalan, espagnol, anglais et allemand, signe du nombre important de Britanniques et d’Allemands présents dans l’île.

– Nadal pour prêter main forte –

Le village de Sant Llorenç des Cardassar, le plus touché, a été dévasté par les eaux d’un torrent, normalement asséché, qui a débordé après des pluies diluviennes et a tout emporté sur son passage, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

De nombreuses voitures étaient complètement détruites, des monceaux de détritus et de débris de meubles jonchaient les rues pleines de boue, des arbres étaient arrachés tandis que les riverains et de nombreux volontaires venus des villages environnant enlevaient l’eau des maisons.

La star du tennis Rafael Nadal, originaire de la ville voisine de Manacor, est venue prêter main forte durant « plusieurs heures », ont indiqué à l’AFP Pedro Sanchez, habitant de Sant Llorenç, et Jose Daniel Capo, venu d’un village voisin.

Située à une soixantaine de kilomètres de Palma de Majorque, capitale des Baléares qui ont reçu l’an dernier 13,8 millions de touristes étrangers, la zone touchée compte de nombreux logements touristiques.

– L’eau est montée en trente secondes –

Les pluies, qui sont tombées en quelques heures, ont pris tout le monde de court par leur intensité. « 220 litres de pluie par mètre carré sont tombés », a détaillé le gouvernement régional des Baléares.

« J’étais en train de filmer la crue avec mon téléphone portable et suis allé chercher ma voiture quand l’eau a commencé à faire bouger la voiture et est montée de deux mètres en trente secondes. Heureusement que j’étais collé à un mur, j’ai pu sortir par la fenêtre et je me suis réfugié sur le toit de la maison d’un voisin », a raconté Pedro Sanchez à l’AFP. Un toit d’où il a vu sa voiture partir avec le courant.

Plus de 600 personnes participent aux opérations de recherche des disparus et de prise en charge des victimes, selon les autorités locales. Une centaine de renforts avec deux hélicoptères, huit véhicules et des chiens sont arrivés mercredi matin sur l’île, selon l’Unité militaire d’urgence espagnole.

En visite sur place, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a souligné les « circonstances absolument extraordinaires du phénomène météorologique d’hier » et promis des fonds pour aider les victimes.

– Trois jours de deuil –

Le Palais royal a lui appelé à la « solidarité (…) de toute l’Espagne » face à la « désolation et la tragédie » vécue par les victimes.

La chambre des députés a observé une minute de silence à Madrid tandis que le gouvernement régional des Baléares a décrété trois jours de deuil.

Les autorités locales ont mis plusieurs gymnases des environs à la disposition des personnes privées de logements tandis que Rafael Nadal a de son côté proposé d’en héberger dans ses installations sportives. Une centaine de personnes avaient déjà dû être hébergées en urgence dans la nuit de mardi à mercredi.

Afrique du Sud: le ministre des Finances tombe, victime du combat contre la corruption

Le ministre sud-africain des Finances, Nhlanhla Nene, a démissionné mardi après sa mise en cause dans une enquête pour corruption, première victime de poids du combat engagé par le président Cyril Ramaphosa pour nettoyer le pays des scandales.

Après plusieurs jours d’incertitudes et de fortes pressions politiques, M. Ramaphosa a annoncé avoir accepté de se séparer de M. Nene, considéré comme un de ses proches.

Il « m’a fait parvenir ce matin une lettre de démission dans laquelle il me demande de le relever de ses fonctions (…) j’ai décidé d’accepter cette démission », a-t-il déclaré devant la presse au siège du Parlement au Cap (sud).

Cette démission intervient juste après l’annonce de l’ouverture d’une enquête administrative sur M. Nene, qui avait reconnu la semaine dernière s’être entretenu avec un trio de sulfureux hommes d’affaires proches de l’ex-président Jacob Zuma.

Ce témoignage « l’a détourné de son important devoir de servir le peuple d’Afrique du Sud au moment où nous travaillons précisément à rétablir la confiance du public envers son gouvernement », a justifié le chef de l’Etat.

Le ministre « n’a été directement impliqué dans aucun méfait » et a « toujours défendu la cause de la bonne gestion financière et de la gouvernance propre », a-t-il tenu à ajouter.

La démission du ministre des Finances constitue un revers politique pour le nouveau chef de l’Etat, qui s’est fait fort depuis son arrivée au pouvoir en début de l’année d’éradiquer la corruption et de relancer l’économie du pays.

Une première fois titulaire du portefeuille des Finances en 2014, M. Nene en a été écarté en décembre 2015 par M. Zuma. Il l’a retrouvé il y a huit mois, nommé par M. Ramaphosa.

Depuis plusieurs jours, les rumeurs allaient bon train sur le sort de Nhlanhla Nene, 59 ans, nourrissant l’inquiétude des investisseurs et des marchés financiers.

L’affaire a démarré mercredi dernier, lorsque le ministre a raconté à une commission d’enquête qu’il avait été remercié par M. Zuma pour avoir refusé la signature d’un juteux contrat nucléaire favorable aux frères Gupta, proches de M. Zuma.

– Témoignage –

L’ancien chef de l’Etat a été contraint à la démission en février, poussé vers la sortie par son parti en raison de nombreux scandales de corruption dans lesquels il est mis en cause. Il a toujours ces accusations.

Lors de son témoignage, le ministre a également reconnu avoir rencontré les Gupta à leur domicile.

Mais il a catégoriquement nié les accusations d’un parti d’opposition, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), qui l’accuse d’arrangements douteux avec le trio lorsqu’il était vice-ministre des Finances puis patron du fonds de pension des fonctionnaires (PIC).

Le lendemain, M. Nene a publié une lettre pour s’en excuser, concédant une « faute et une « erreur de jugement ».

« Je vous dois, en tant que serviteur de l’Etat, une conduite irréprochable (…) Ces visites jettent un doute sur ma conduite. Je les regrette profondément et demande votre pardon », a-t-il écrit.

Loin de calmer les critiques, son courrier n’a fait que relancer les accusations et les appels au départ du ministre.

« Le maintenir à son poste de ministre des Finances n’est pas dans l’intérêt de l’Afrique du Sud », a insisté lundi le porte-parole des EFF, Mbuyiseni Ndlozi, « le Trésor ne peut pas être dirigé par une personne dépourvue d’intégrité ».

Mardi à la mi-journée, le bureau de la médiatrice de la République, une institution administrative chargée de contrôler les pouvoirs publics en Afrique du Sud, avait annoncé s’être saisie du cas de M. Nene, à la demande de l’opposition.

« La médiatrice va enquêter sur les allégations de conduite frauduleuse qui visent le ministre des Finances », a déclaré à l’AFP sa porte-parole, Oupa Segalwe.

L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Tito Mboweni, a été aussitôt nommé et investi pour succéder à M. Nene.

Près d’Idleb, les insurgés retirent leurs armes lourdes mais restent mobilisés

Sur l’une des lignes de front, à l’intérieur de la future « zone démilitarisée » prévue dans la province d’Idleb et des zones avoisinantes, les armes lourdes des insurgés sont évacuées, en vertu de l’accord russo-turc. Mais les rebelles restent pleinement mobilisés.

Cachés dans des tunnels ou derrière des fortifications, ils observent avec beaucoup d’attention le mouvement des forces ennemies du régime positionnées à quelques kilomètres, alors que le silence règne depuis l’annonce mi-septembre d’un accord Ankara-Moscou.

En treillis militaire, un responsable du Front national de libération (FNL) –une coalition de groupes rebelles soutenue par Ankara–, effectue une tournée auprès des combattants dispersés à travers différentes positions, dont celle stratégique de la colline d’Al-Eiss, dans le sud-ouest de la province d’Alep, adjacente d’Idleb.

L’accord russo-turc de Sotchi, dévoilé le 17 septembre, prévoit l’instauration d’une zone-tampon de 15 à 20 km de large à Idleb et sur des parties des provinces voisines de Lattaquié, Hama et Alep.

Selon cet accord, qui a permis de repousser l’imminence d’une offensive du régime contre l’ultime bastion insurgé en Syrie, tous les groupes insurgés doivent avoir retiré de cette zone leurs armes lourdes avant le 10 octobre.

Quant aux jihadistes, qui contrôlent deux tiers de la future « zone démilitarisée », ils doivent, en outre, déserter les lieux avant la mi-octobre, stipule l’accord.

Hayat Tahrir al-Cham (HTS) « ainsi que d’autres groupes jihadistes moins influents ont retiré leurs armes lourdes de larges pans de la zone démilitarisée », a indiqué lundi à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

HTS n’a pas commenté cet éventuel retrait.

De son côté, le FNL avait annoncé samedi avoir commencé à retirer une partie de son arsenal militaire. Son porte-parole, Naji Moustafa, a indiqué lundi à l’AFP que ce retrait était terminé, comme l’avait assuré plus tôt dans la journée l’agence étatique turque Anadolu.

Mais la mobilisation des combattants et leur détermination à répliquer à toute éventuelle attaque du régime demeurent intactes, fait valoir un chef militaire du FNL.

« Le retrait des armes lourdes n’aura aucun impact sur les lignes de contact (…). Nous y poursuivons les travaux de fortifications (…) et les directives sont de rester là. Nous ne reculerons pas », affirme à l’AFP Abou Walid.

A quelques mètres de lui, un combattant de la coalition, arborant une kalachnikov, prend position dans une tranchée tandis que, non loin de là, d’autres frères d’armes ont pris place derrière des fortifications surplombant la localité-clé d’al Hader et sa plaine, contrôlées par les forces loyalistes.

Cette zone est également proche des positions jihadistes: seuls cinq kilomètres séparent Al-Hader de la localité d’Al-Eiss, contrôlée par HTS, principal groupe jihadiste d’Idleb et ses environs.

Les factions rebelles, qui craignent que l’accord russo-turc ne soit le prélude à un retour du régime dans cette région, misent sur la présence turque dans la zone.

Ankara, qui doit surveiller la future zone « démilitarisée » en vertu de l’accord conclu avec Moscou, y possède plusieurs postes d’observation et a envoyé ces dernières semaines divers convois militaires transportant soldats et équipements de guerre.

« Le déploiement de forces turques au niveau de ces postes (…) prend davantage d’ampleur jour après jour », se félicite Abou Walid, faisant état de l’arrivée de « chars et autres armes lourdes » de l’armée turque.

Le président syrien Bachar al-Assad a qualifié dimanche de « mesure temporaire » le marché russo-turc, assurant que la future « zone démilitarisée » « reviendra(it) » à terme au régime.

« Cette province et d’autres territoires encore sous le contrôle de terroristes reviendront à l’Etat », a-t-il assuré, en désignant d’un même vocable rebelles et jihadistes.

Soutenu par la Russie, Damas a enchainé les victoires ces derniers mois face aux rebelles et jihadistes et a déjà repris le contrôle de la majeure partie du territoire syrien.

Haïti: en première ligne du séisme, l’hôpital de Port-de-Paix sans moyens ni courant

Au coeur de la ville la plus proche de l’épicentre du séisme en Haïti, l’hôpital Immaculée Conception de Port-de-Paix peine encore dimanche soir à prendre en charge des blessés, faute de moyens et à cause des dégâts dans l’établissement.

Dans les minutes qui ont suivi la secousse de magnitude 5,9 samedi soir, les blessés ont logiquement afflué vers l’établissement public situé au coeur de la ville côtière mais se sont retrouvés devant porte close.

« Il n’y avait pas d’électricité ici, donc on n’a pas pu recevoir la foule de personnes qui sont venues hier soir », témoigne le docteur Paul Miclaude, en s’activant dimanche midi au service des urgences.

« Ca a été vraiment difficile pour nous de les envoyer vers un autre hôpital. Et faute de temps, certains sont morts ici », ajoute-t-il. « Encore maintenant, on manque presque de tout. Ce sont les patients qui sont en train d’acheter les médicaments, les gants, tout. Malgré leurs traumas et bien que leur maison vient d’être détruite », poursuit-il.

« Clairement, on n’est pas préparé pour une telle catastrophe », juge avec sévérité le médecin.

Le regard vide, Pamelia Donné quitte la petite salle chargée de brancards en traînant la jambe, un pansement au pied. Il y a quelques heures, elle y est entrée avec le corps de son fils de 20 ans.

« Quand ça a commencé à secouer, mon enfant allait sortir de la pièce. Il a volé en l’air, voltigé, et comme les murs tombaient, il a atterri sur un fer de construction. C’est entré dans son dos et c’est sorti au niveau de ses côtes. Il est mort sur le champ », raconte-t-elle d’une voix atone.

-Peur des répliques-

Au creux de sa main, elle a roulé l’ordonnance que lui a remis l’infirmière qui a fait son pansement.

« Je vais aller chercher les médicaments », murmure Pamelia avant de se reprendre: « mais en fait, j’ai aucun moyen d’aller les acheter et mon mari qui est blessé à la cuisse a lui aussi une ordonnance ».

Alors qu’un certain ordre commençait à être établi à l’entrée de l’établissement par des policiers – et que l’arrivée de plusieurs cartons de médicaments envoyés par le ministère de la santé redonnait de l’espoir – une réplique de magnitude 5,3 a replongé l’hôpital dans une ambiance chaotique.

La peur ravivée, immédiatement, personnel et patients se sont rués dans la cour.

Devant les matelas posés au sol, le directeur médical de l’hôpital Immaculée Conception se résigne et espère de l’aide.

« Avec les répliques, on ne peut pas vraiment rester à l’intérieur, donc on est en train de mettre des tentes pour pouvoir recevoir les différents patients qui arrivent », explique Polycarpe Saaely.

« Ce sont des constructions qui datent de l’occupation américaine (entre 1915 et 1934). Deux patients étaient dans le bâtiment de la chirurgie et on a pu les évacuer, parce que le bâtiment est vraiment délabré », raconte le directeur.

De l’autre côté de la cour, le bâtiment en question a été totalement vidé : le plafond s’est écroulé en plusieurs endroits, projetant des éclats de béton au niveau de plusieurs lits, heureusement inoccupés à l’heure du séisme.

-« pas d’Etat »-

Toute la journée, les riverains de l’établissement de santé ont suivi, désabusés, le ballet des ambulances arrivant sirène hurlante et repartant aussitôt vers l’hôpital privé, situé à une trentaine de minutes.

La venue du chef de l’Etat Jovenel Moïse à Port-de-Paix a attisé la colère populaire née d’années à subir la pauvreté extrême, sans connaître de réelles améliorations des conditions de vie.

“Voyez aujourd’hui, tout le monde peut voir qu’on n’a pas de vrai hôpital : ça montre bien qu’on n’a pas d’Etat. Le Président est venu dans la ville mais il n’est même pas venu voir ici”, enrage François Lubensron à proximité de l’entrée de l’Immaculée Conception.

« Il faut que ce comportement cesse : ça suffit qu’un petit groupe privatise le pays et que, nous, on meurt. On est des humains, on a le droit de vivre comme toutes les nations”, assène le jeune homme de 28 ans.

Silencieux mais à l’écoute des débats enflammés du petit groupe autour de François, les plus âgés hochent la tête. Assis au bord de la rue ou encore debout, certains déployant des petites bâches plastiques sous lesquelles s’abriter, tous s’apprêtent à passer la nuit dehors, effrayés par des possibles répliques à venir.