Mali- Journée mondiale de l’Environnement : La biodiversité au cœur des préoccupations

Le monde célèbre ce 5 juin la Journée mondiale de l’Environnement, sur le thème de la biodiversité. Cette édition appelle à l’action pour lutter contre la perte accélérée des espèces et la dégradation du monde naturel. Selon l’ONU, « un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction, en grande partie à cause des activités humaines ». Et, dans les dix prochaines années, une espèce sur quatre pourrait avoir disparu de la planète.

La biodiversité est la multitude d’êtres vivants qui composent la vie sur la Terre. Elle englobe les quelque 8 millions d’espèces présentes sur la planète, des plantes et des animaux aux champignons et aux bactéries, et les écosystèmes qui les abritent, tels que les océans ou les forêts.

La biodiversité est très importante car elle est indispensable au bien-être et à la santé des êtres humains, toutes les espèces dépendant les unes des autres. C’est conscient de cela que le Mali a adopté le 27 mai dernier un projet de loi portant création d’une aire protégée dite « Réserve de biosphère du Gourma », afin de protéger les éléphants de cette zone, située dans le Sahel Nord, qui font partie de ces espèces menacées de disparition depuis 1990. La réserve se situe entre les Régions de Mopti et de Tombouctou et couvre une superficie totale de 4 263 320 hectares.

La Journée mondiale de l’Environnement a été initiée par l’Organisation des Nations Unies en 1972. Elle met en avant un enjeu spécifique important, différent chaque année, concernant l’environnement.

Boubacar Diallo

Biodiversité : Une Charte de plus ?

À l’occasion du G7 Environnement de Metz (France), les 5 et 6 mai 2019, la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union Européenne, que le Chili, les îles Fidji, le Gabon, le Mexique, le Niger et la Norvège, en présence de l’Égypte, ont adopté une « Charte de Metz sur la biodiversité ». C’est un engagement à lutter pour la conservation de la biodiversité par des actions concrètes. Mais vu le climato-scepticisme de Donald Trump and co et les intérêts économiques mondialisés, n’est-il déjà pas trop tard?

Selon la terminologie consacrée, la Charte s’articule autour de trois axes principaux : « accélérer les efforts pour lutter contre l’érosion de la biodiversité; encourager la participation d’autres acteurs et parties prenantes et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 ». Un programme ambitieux, mais très certainement irréalisable à l’horizon évoqué, comme beaucoup d’autres agendas adoptés ces dernières années en matière de « préservation de notre planète ».

Car la première « Évaluation mondiale de l’état de la nature et des biens et services qu’elle fournit à l’humanité », présentée par l’IPBES (Acronyme anglais de Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) le 4 mai 2019, dresse un constat alarmant. Et les dégâts qu’elle liste semblent dans leur grande majorité irréversibles.

« La nature décline de façon globale et à des rythmes sans précédent dans l’histoire humaine », dit l’IPBES. Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million est désormais menacé d’extinction. Depuis le 16ème siècle, au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu. Entre 1990 et 2015, 290 millions d’hectares de forêts primaires ont disparu à travers la planète et plus de 85% des zones humides qui existaient dans les années 1700 n’existaient plus en 2000.

En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères qui seront perdues d’ici 2100. Les forêts et les terres boisées recouvrent 23 % de la surface terrestre du continent et les terres arables 27%, dont environ un cinquième est actuellement cultivé. Le reste se compose de savanes, prairies, zones arides et déserts.

Le continent africain représente 20,2% de la surface terrestre mais abrite 25% des espèces de mammifères, dont la grande diversité de grands mammifères. On y trouve également un cinquième des espèces d’oiseaux et au moins un sixième des espèces de plantes.

L’Afrique, ce sont 369 zones humides d’importance internationale (sites Ramsar), 142 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, 1 255 zones importantes pour la conservation des oiseaux et la biodiversité et 158 sites où se trouvent des espèces menacées ou gravement menacées d’extinction. Le continent compte par ailleurs 8 des 36 points chauds de la biodiversité recensés dans le monde.

Même si la Plateforme biodiversité met en avant les services rendus, nourriture, énergie, médecine, matériaux, dont les humains ne sont pas toujours conscients, surtout dans les pays dits développés, et les atouts dont dispose l’Afrique, plus proche dans ses modes de vie de sa nature, il n’empêche que les trois-quarts de l’environnement terrestre et environ deux-tiers du milieu marin ont été significativement modifiés par l’homme. Plus d’un tiers de la surface terrestre et trois-quarts des ressources en eau douce sont désormais destinées à l’agriculture ou à l’élevage.

En cause la déforestation, les industries extractives, la destruction des habitats, l’industrialisation de l’agriculture, l’utilisation massive de pesticides, la dégradation des sols, la surpêche, la surpopulation humaine, le changement climatique, les déchets plastiques et l’étalement urbain.

Et il n’est pas utopique de penser que, quels que soient les engagements que les dirigeants mondiaux vont signer, et dont on peut être sûrs qu’ils mettront du temps à être « financés » et « mis en œuvre », cf Copenhague et Paris, l’irréversibilité des dégradations n’augure rien de bon ! Si les pays africains n’y prennent garde, ils paieront encore une fois les pots cassés de la « mondialisation heureuse » dont leurs territoires sont en voie de devenir le principal terrain de jeu.

Tourisme : La (pourtant) belle Kidal

Amadou Toumani Touré, qui a invité les touristes à  visiter le riche patrimoine culturel et touristique des régions nord, ne s’est pas trompé en décrivant un univers splendide pouvant être source d’attraction des visiteurs. Il existe aujourd’hui mille raisons d’effectuer un voyage touristique à  Kidal, du Fort colonial, à  la montagne de Tintifinagh, en passant par le Tombeau de Cheick Bayes et Essouk, la région regorge des potentialités touristiques énormes prêtes à  être visitées. Essouk est l’ancienne capitale du puissant empire médiéval du Taddamak o๠les ruines et gravures laissent apparaà®tre l’existence de plusieurs cités voisines. Tamarandant, situé dans le cercle de Tin-Essako, abrite le tombeau d’Attaher Ag Illy, père d’Intala Ag Attaher, l’Amenokal de l’Adagh. Asselar « Aslagh », site archéologique à  80 km d’Aguel-Hoc. C’’est ici que furent découverts en 1928 (ou 1932 selon d’autres documents) de très anciens crânes par le Français Théodore Monod qu’on nomma le « Français nomade ». La montagne de Tintifinagh est un autre site à  50 km de la localité d’Aguel-Hoc o๠la majorité des pierres est décorée d’écritures Tifinagh et des dessins d’animaux ou de personnes. A quelques pas de là , à  45 km également d’Aguel-Hoc, se trouve Intibdock. C’’est ici qu’on peut découvrir les ruines d’une muraille construite par les Iforas (ou Ifoghas) pour protéger les tribus de la zone contre les razzias des Aà¯rs venant du Niger. Pour tous les goûts Les amoureux de la nature comme ceux d’histoire trouveront leur bonheur dans la région de Kidal. Il y a un site historique qui est un témoignage éloquent des grandes batailles intertribales dans la région. Situé à  50 km au sud de Kidal,Teghargart-Tan-Imouchaghs fut le théâtre de nombreuses opérations guerrières au moment des nombreuses démêlées séculaires entre les différentes tribus de l’Adrar des Iforas et des environs. A en croire plusieurs sources, C’’est ici que sont morts et enterrés le nommé Almakadisse, grand guerrier et fine épée de la tribu Kel Taguiwalt, et Fama Ag Ehya ancien chef des Kel Adrar. On peut se rendre également au barrage de d’Amachidiacha, situé près d’Intadeni. Il fut construit par un des administrateurs coloniaux du nom de Jean Clauzel vers les années 1940 pour la récupération des eaux pendant la saison pluvieuse, et qui est devenu par la suite une source d’abreuvement pour les animaux et pour les hommes du secteur. Les montagnes de Tegar-Ghar, elles, sont situées au nord-est de Kidal à  40 km du village sédentaire d’Aguel-Hoc. Elles abritent les mares pérennes (eaux intarissables) et des mouflons, gibiers sportifs et dont la viande est très recherchée. Malheureusement, nous expliqué le directeur régional de l’artisanat et du tourisme de Kidal, cette espèce est en voie de disparition. Le Tombeau de Cheick Bayes, situé à  Abrique, grande vallée dans la zone de Edjerer, cet éminent marabout Kounta a servi d’intermédiaire dans les pourparlers entre colonisateurs français venant de l’Algérie et dirigés par le colonel Laperine et les tribus Ifoghas pour la pacification et la soumission de l’Adrar. Cet accord de soumission et de pacification est devenu officiel en novembre 1903, selon plusieurs chercheurs. A 25 km de Kidal se trouve la première école coloniale construite en 1948. Intadeni, C’’est le nom de l’école, a servi à  la formation des premiers cadres de la région malgré l’hostilité du milieu nomade à  l’école. Voici autant de sites touristiques, susceptibles d’attirer les touristes dans la région et permettre au département de tutelle d’atteindre son objectif des 30.000 visiteurs au titre de la nouvelle saison.

La boucle du Baoulé : Patrimoine naturel et culturel

Créée en 1982, la réserve de la boucle du Baoulé couvre une superficie de plus de 2 500 000 ha dans la région nord-est du Mali. Le Baoulé est un affluent du fleuve Sénégal et la présence de nombreux points d’eau permanents attire une faune diversifiée, notamment pendant la saison sèche, d’octobre à  mai. Elle regorge de richesses touristiques dont le Parc national. Ce dernier est constitué de trois blocs qui forment la zone centrale de la réserve de Biosphère (Fina, Kongossambougou et Badinko) et les réserves naturelles adjacentes constituées de forêts classées. Cette zone possède un patrimoine archéologique important avec plus de 200 sites recensés. Revaloriser le patrimoine Le week end dernier, le ministre de l’environnement et de l’assainissement, Tiémoko Sangaré a effectué une visite dans la réserve de biosphère de la Boucle du baoulé. A côté du vaste parc naturel o๠l’on peut voir des espèces animales et végétales de toutes sortes, la zone est riche en biodiversité. Elle représente pour le pays, un riche patrimoine culturel qui reste à  exploiter. Le ministre, lors de sa visite, a estimé important de développer l’écotourisme qui contribuerait fortement à  l’expansion économique de la zone. Les ressources d’intérêt touristique y sont remarquables. En particulier les sites archéologiques et les paysages. Ces ressources figurent selon le ministère de l’environnement, parmi les plus riches d’Afrique de l’ouest. Dans la boucle du baoulé, on dénombre 86 sites archéologiques attestés comme étant des vestiges d’une civilisation ancienne. On y trouve aussi une riche industrie à  outillage microlitique et géométrique datant du premier millénaire avant Jésus Christ. A tout cela s’ajoutent les abris sous roche qui sont environ une dizaine dont les plus importants sont situés à  Mogoyabougou et Mingaré (Koulikoro). Dans ces abris sous roche, on peut voir de jolis dessins rupestres qui attestent du sens de l’art de nos ancêtres. Ces dessins démontrent qu’ils avaient une parfaite maà®trise des matériaux de la peinture. Selon le journaliste et écrivain Bréhima Touré, ces dessins représentent diverses choses comme des animaux, des fleurs, des lances, des arcs. « Ces artistes ont représenté les objets qui les entouraient à  l’époque »indique-t-il. Ce site touristique et archéologique comporte une trentaine de sites de Tumulus, une douzaine d’ateliers de réduction de fer, des sites d’anciens villages avec des vestiges de rempart. Parmi ces vestiges sont surtout localisés à  Minian et dans la légendaire cité de Dionkoloni, près de Samakoulou (Koulikoro). Par ailleurs, l’on peut noter le fort de Kondou, bâti par l’armée française pendant la conquête coloniale. Autre merveille de la nature qui vaut le déplacement : le pont naturel qui est une voûte de roche suspendu qui laisse passer l’eau. Fasciné par toutes ces merveilles, Bréhima Touré déclare « on aurait dit que des ingénieurs de talent l’ont dessiné pour le poser là . » Néanmoins, quelques difficultés d’exploitation dues à  l’enclavement de la zone existent. En effet, il n’existe pratiquement pas de route d’accès. Encore moins d’infrastructure d’accueil touristique. Intégrer tous les pôles touristiques Les ministères du tourisme et de la culture sont interpellés par de nombreux opérateurs touristiques du fait de leur « peu d’intérêt pour certains sites. » Issa Ouologuèm est responsable d’une agence privée de voyage à  Ségou. Il estime que « nos dirigeants s’intéressent plus aux sites touristiques du nord Mali qu’à  ceux du sud, de l’est ou de l’ouest. C’’est vraiment dommage parce que les autres régions regorgent d’énormes potentialités touristiques. » Il évoque notamment les sites de Kouroukanfouga dans le Mandé, ceux de Ségou, Siby, le fort de Médine… Il ajoute que l’Etat doit décentraliser les choses en amenant les touristes à  s’intéresser à  d’autres destinations autres que le Nord de notre pays. Cependant, la tenue de festivals tels qu’à  Essakane sur le désert, Ségou sur le Niger, Kayes-Médine-Tambacounda, Triangle du balafon et surtout la biennale artistique et culturelle, ont permis et permettront encore ce désengorgement dont parle Mr Ouologuèm. Le ministère de l’artisanat et du tourisme se porte par ailleurs garant de la promotion de la boucle du baoulé, à  en croire le directeur de l’office malien du tourisme et l’hôtellerie (OMATHO), Mr Touré.

Biodiversité à Nagoya, un accord historique?

Un accord historique Ce protocole concerne les conditions d’utilisation et de commercialisation des ressources génétiques et des produits dérivés utilisés principalement dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Ce protocole ouvre la voie à  une nouvelle répartition des bénéfices entre les utilisateurs de ces ressources ou des produits issus de ces derniers comme des médicaments et les détenteurs de ces dernières, comme les pays du Sud ou les communautés autochtones. Pour le Ministre malien de l’Environnement et de l’Assainissement, leader du groupe Afrique à  cette 10e conférence des parties à  la Convention sur la biodiversité, les négociations ont été très ardues autour des représentants du continent. l’Afrique a joué le rôle moteur à  Nagoya en se présentant en front uni. Le Protocole de Nagoya implique des engagements financiers importants de la part de certains pays, dont particulièrement les pays du groupe Europe. L’Afrique est très intéressée par ce Protocole parce qu’elle sera la première bénéficiaire de sa mise en œuvre. L’Afrique est dépositaire de 40 % de la biodiversité et tout protocole qui réglemente l’utilisation des ressources de la biodiversité sera en sa faveur. Nagoya a, pour une fois, été un succès de la communauté internationale. Le Mali, qui assure la présidence de la Conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE), a joué le rôle de coordonnateur de cette dynamique. La conférence de Nagoya a été une consécration pour notre pays. Tous engagés pour le futur Point de blocage depuis la création de la CBD (Convention sur la Diversité Biologique) en 1993, ce protocole enfin adopté va permettre d’accélérer la signature de la création de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent du Giec pour la biodiversité. Cette décision pourrait être prise en novembre de cette année avant la conférence de Cancun sur le climat. Concernant, les autres enjeux de cette conférence, le plan stratégique, non contraignant a été adopté par les pays signataires. La stratégie est déclinée en 20 objectifs qui doivent notamment permettre de réduire au moins de moitié la perte des habitats naturels, incluant les forêts. Il est bien sûr indiqué que l’objectif à  terme est d’atteindre une perte zéro d’habitat naturel. Concernant, les objectifs en termes d’aires protégées, les engagements pris concernent 17% d’aires terrestres à  protéger (pour 12% actuellement sous protection) et 10% pour les zones marines d’ici 2020 (pour 1% de zones actuellement protégée). Cet objectif est en deçà  de l’engagement de 20% d’aire marine protégée pris à  Johannesburg en 2002. Enfin les pays se sont engagés, en termes de conservation et de restauration à  restaurer 15% des terres dégradées. En termes de financement, à  l’exception de quelques engagements importants comme ceux du Japon (deux milliards de dollars) et de certains pays ou régions comme la France et l’Union européenne, les pays ont seulement réussi à  se mettre d’accord sur une stratégie de mobilisation de fonds d’ici 2012. Ce qui gène… Pour les ONG, cet accord est le “fruit d’un consensus” et ne sera donc que “partiellement contraignant“: “sa plus grande faiblesse réside dans la définition trop vague des points de vérification (check-points) dans les pays exploitant ces ressources. Sans davantage de contrôles, les violations des règles éthiques de la Convention sur la diversité biologique vont persister ». En gros, retenez qu’aucune sanction n’est prévue pour celui qui ne respecte pas ses engagements. En outre, les Etats-Unis ne font pas partie des signataires et il est nécessaire de poser la question des financements: la manière dont sera financée les mesures adoptées reste très floue. Les mesures décidées ont un coût, et un groupe de travail en charge d’évaluer les besoins en financement devra rendre ses conclusions en 2012. Le fonds mondial pour l’environnement devrait être sollicité, un fonds finançant « un mécanisme multilatéral de partage des avantages », financé par les entreprises exploitant la ressource génétique, pourrait aussi être créé. Un premier pas au finish positif et de l’espoir pour le futur Au final et très concrètement, “cet accord implique désormais que les pays donnent leur consentement pour l’exploitation de leurs ressources et que les savoir traditionnels qu’ils abritent soient reconnus. Ainsi, une entreprise ou un organisme de recherche devra déposer une demande officielle auprès des autorités du pays concerné, qui donnera son consentement pour l’utilisation de la ressource. Ce consentement pourra également être demandé aux communautés locales le cas échéant. Un centre d’échanges sur l’accès et le partage des avantages enregistrera les dossiers, contrôlés ensuite par une procédure de surveillance mise en place dans chaque pays.” Tout n’a pas été résolu, évidemment, mais une grande étape a été franchie par 193 pays (à  l’exception des Etats-Unis qui n’ont jamais ratifié cette convention) engagés ensemble aux côtés de la biodiversité. Longue vie à  cette décennie de la biodiversité à  venir.

10è Conférence des Nations-Unies sur la biodiversité : l’Afrique fixe ses priorités

La 10è Conférence des Parties à  la Convention sur la diversité biologique est prévue à  Nagoya (Japon) du 18 au 29 octobre 2010. Il s’agira d’une grand’messe qui réunira les représentants du monde entier autour de la diversité biologique. La rencontre de Nagoya est similaire à  celle qui a mobilisé la planète entière pour les changements à  la fin de l’année dernière à  Copenhague. Même si à  l’évidence, Nagoya soulève moins d’intérêt médiatique que Copenhague. Qu’à  cela ne tienne l’Afrique se prépare activement pour la conférence de Nagoya. Après la 13è Conférence ministérielle africaine sur l’environnement que notre pays a abritée en juin dernier, les ministres africains se sont rencontrés à  Libreville du 12 au 17 septembre 2010 à  l’occasion d’une conférence qui avait pour thème : «Â Biodiversité et lutte contre la pauvreté ». l’objectif de la conférence ? Affiner la position africaine, élaborée à  Bamako, en vue de la 10è Conférence des Parties à  la Convention sur la diversité biologique. Cette réunion était présidée par le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Tiémoko Sangaré qui assure actuellement, pour un mandat de 2 ans, la présidence de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE). Dans la capitale gabonaise, les ministres africains de l’environnement ont d’abord présenté la situation de la biodiversité dans leurs pays respectifs. C’’est ainsi que le ministre Sangaré a rappelé que notre pays a ratifié la Convention sur la diversité biologique le 29 mars 1995. Il a laissé entendre aussi que le Mali comporte 5 types d’écosystèmes et présente une grande variété d’espèces. Notre pays compte 1739 espèces spontanées ligneuses reparties entre 687 genres provenant de 155 familles. La faune du Mali ne compte pas moins de 136 espèces de mammifères dont 70 grands mammifères. Tiémoko Sangaré a également fait savoir à  ses homologues africains que la préservation des écosystèmes pourra bénéficier au Mali de l’application de la loi portant sur l’Etude d’impact environnemental et social qui stipule que : «Â les projets, qu’ils soient publics ou privés, consistant en des travaux, des aménagements, des constructions ou d’autres activités dans les domaines industriel, énergétique, agricole, minier, artisanal, commercial ou de transport dont la réalisation est susceptible de porter atteinte à  l’environnement, sont soumis à  une Etude d’impact environnemental et social (EIES) ou à  une Notice d’impact environnemental et social (NIES) ». Plaidoyer du Mali Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement n’a pas manqué d’évoquer les principales menaces qui pèsent sur la conservation de la diversité biologique dans notre pays. Il a cité à  ce propos la désertification qui touche les 2/3 du territoire, la déforestation surtout dans les zones de fort peuplement humain, les feux de brousse qui ravagent les forêts en saison sèche, le surpâturage lié à  l’augmentation des troupeaux et le braconnage qui décime la faune. A ces nombreux défis, il urge de faire face au plus tôt. Pour ce faire, le Mali, au même titre que de nombreux pays africains, a besoin de l’appui des bailleurs de fonds pour financer la mise en œuvre de sa stratégie nationale pour la conservation de la biodiversité, élaborée en 2000. D’o๠la nécessité d’un plaidoyer commun de l’Afrique à  Nagoya pour attirer l’attention sur les défis de notre continent en matière de conservation de la diversité biologique. A l’issue de la conférence de Libreville, les ministres africains de l’environnement ont adopté la «Â Déclaration de Libreville sur la biodiversité et la lutte contre la pauvreté », dans laquelle ils conviennent de renforcer l’intégration et la prise en compte de la biodiversité dans les stratégies et politiques intersectorielles. Ils s’engagent à  actualiser leurs stratégies et plans nationaux d’action en matière de biodiversité. La position africaine commune, adoptée à  Libreville, soutient que le régime international sur l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages issus de leur utilisation doit bénéficier en priorité aux pays en développement, en particulier à  l’Afrique. Convention pour la biodiversité Les ministres africains soutiendront à  Nagoya le Plan stratégique actualisé de la Convention sur la biodiversité pour la période 2011-2020. En ce qui concerne la stratégie de mobilisation des financements, les Africains penchent pour l’amélioration du soutien financier, y compris par des moyens novateurs pour mobiliser les ressources permettant aux communautés locales de préserver leurs écosystèmes. Les ministres africains sollicitent auprès du Fonds mondial de l’environnement et d’autres donateurs, un soutien financier, technique et technologique additionnel pour assurer l’élaboration et la révision des stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité. Les Africains soutiennent l’établissement d’une Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité. A cet effet, un comité panafricain sera créé afin que l’Afrique soit un partenaire à  part entière de cette initiative. l’Afrique s’engage aussi à  Âœuvrer à  la mise en place de programmes d’économie verte avec des technologies propres, le recours aux énergies renouvelables, le développement de systèmes d’approvisionnement en eau, les transports écologiques, la gestion des déchets, l’éco-construction et la promotion d’une agriculture durable.