COMATEX : une relance et des questions

Depuis cMalie mardi 4 avril, la Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX) est détenue à 100% par l’État malien, après la passation de services entre la nouvelle Direction générale et l’entreprise chinoise COVEC. Le gouvernement entend désormais œuvrer à sa relance. Mais la société, basée à Ségou, croule sur une dette de plus 8 milliards de francs CFA et est confrontée, entre autres, au vieillissement de ses équipements et à la concurrence des tissus importés.

La volonté avait été annoncée le 23 novembre 2022. Réunies en Conseil des ministres, les autorités de la Transition avaient adopté un plan « qui nécessite un apport financier de l’État d’environ 6 milliards de francs CFA » pour la relance des activités de la Compagnie Malienne des Textiles. Dans cette perspective, le 10 mars 2023 le gouvernement a doté la COMATEX d’un nouveau Conseil d’administration et d’un nouveau Directeur général. En outre, le ministre de l’Industrie et du commerce, Mahmoud Ould Mohamed, a rencontré fin mars dans la Cité des Balanzans les travailleurs de la société. Un chronogramme de redémarrage de l’usine a été établi. Le 4 avril, l’entreprise chinoise COVEC, qui en détenait 80%, a cédé ses parts pour le franc symbolique à l’État. Le 17 avril prochain se tiendra le premier Conseil d’administration pour dynamiser le processus.

« Les autorités font preuve de beaucoup de volonté et on espère qu’elles réussiront à relancer la COMATEX. C’est un désir du Président de la Transition, nous a dit le ministre lors de sa visite. Il faudra cependant que l’État fournisse beaucoup d’efforts, car la compagnie est confrontée actuellement à diverses difficultés », tient à préciser le Secrétaire général du Comité syndical UNTM de la COMATEX, Abdoulaye Diakité.

Au nombre de ces difficultés, des dettes à outrance. Selon les estimations du syndicat des travailleurs, l’entreprise croule sous une dette de plus de 8 milliards de FCFA. « 200 millions comme arriérés de salaires aux employés, plus de 2 milliards aux fournisseurs de carburant et 600 millions à EDM. En plus, elle doit aussi de l’argent à la BDM et à la SOTELMA », énumère le syndicaliste. Autant de dettes à payer, tout comme une validation du plan à obtenir du Tribunal de Commerce pour aboutir à la relance. Depuis deux ans, la juridiction tarde à statuer sur le redressement judiciaire de la compagnie.

COMATEX : au bord de la faillite

La Compagnie malienne de textile (COMATEX), inaugurée en 1968 à Ségou, est la première usine de textile au Mali. Entreprise d’Etat, devenue privée par la suite, la société a marqué l’histoire du Mali. Les principaux actionnaires restent l’Etat et la société nationale chinoise COVEC. De 1994 à un passé récent, la société s’était développée et a résisté aux ajustements structurels et aux aléas de la concurrence. Mais malgré l’accompagnement de ses partenaires et actionnaires, la société tend chaque année vers la faillite. « Nous avons des contrats de performance signés avec l’Etat, et dans le texte il y a des mesures d’accompagnement  qui sont plus ou moins appliquées rigoureusement. C’est cette application qui fait défaut depuis quelques années et cela fait que nous avons de vives tensions de trésorerie. Nous sommes vraiment au bord de la faillite », alerte Issa Sangaré, directeur général adjoint de la COMATEX. En même temps que l’Etat leur doit « certaines sommes », la société a également des dettes. « D’un côté comme de l’autre ce n’est pas facile », ajoute-t-il.

La société produit du fil à tissé que les artisans utilisent pour leur travail manuel, du tissu percal, du tissu traité mais également du tissu évènementiel comme pour le 22 septembre, le 1er mai, le 8 mars etc.  « Nous nous sommes pratiquement spécialisé dans l’évènementiel parce que nous faisons face à une concurrence très forte de la part des pays asiatiques sur les tissus ordinaires. Nous étions obligés d’abandonner un segment important de notre marché », regrette le responsable de l’entreprise.