De la Conférence d’entente nationale au Dialogue inter-Maliens

Plusieurs fora ont précédé le Dialogue inter-Maliens, dont la phase régionale débute le 20 avril. De grandes rencontres entre les Maliens organisées pour faire le diagnostic de la crise dans le pays et trouver des solutions.

Qualifiée fin 2016 de « jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Mali » par le Président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keita, la Conférence d’entente nationale s’est tenue du 27 mars au 2 avril 2017.Cette Conférence était inscrite au chapitre 2 de l’Accord d’Alger de 2015 (abandonné par la transition en janvier 2024). Avant sa tenue, l’opposition, conduite par Soumaila Cissé, l’avait boycottée, avant finalement de rejoindre la salle où se tenait la rencontre, une présence qu’elle avait jugée symbolique par la suite. Plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de la Conférence, dont notamment d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques ; de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes ou encore de négocier avec Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, les chefs du groupe terroriste JNIM. Alors que ces recommandations peinaient dans leur mise en œuvre, sera organisé deux ans plus tard le Dialogue national inclusif, une initiative censée trouver une solution à la crise sécuritaire et humanitaire que vivait le pays. Une nouvelle fois, l’opposition, par la voix de Soumaila Cissé, disparu le 25 décembre 2020, critiqua ce dialogue. Elle estimait que ce dialogue était « de la pure communication politique » et « une mise en scène ». Pour la plupart, les recommandations épousaient celles formulées lors de la Conférence d’entente nationale. En prenant en compte les phases locales, les participants se sont concertés du 11 au 30 décembre 2019 sur six thématiques (Paix, sécurité et cohésion sociale, Politique et institutionnel, Gouvernance, social, économie et finances et enfin Culture, jeunesse et sport). Les actions à réaliser ont été classées par priorité : court, moyen et long terme. Les participants demandaient, comme lors de la Conférence d’entente nationale, d’engager le dialogue avec les terroristes pour le retour de la paix, de procéder à une relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, selon les mécanismes prévus à l’article 65 dudit Accord, ou encore de renforcer l’armée. Le coup d’État contre le Président IBK interviendra huit mois plus tard, en août 2020. Du 11 au 30 décembre 2021, les autorités de la Transition organiseront les Assises nationales de la refondation, avec pour objectif la naissance d’un « Mali Kura ». À la différence des dialogues précités, négocier avec les terroristes ne faisait pas partie des recommandations des ANR.

Charte pour la paix : nouveau coup d’épée dans l’eau ? 

Au Mali, vingt-quatre mois après la signature de l’accord issu du processus d’Alger, le train de la paix semble toujours à quai. Pendant ce temps, les actes de banditisme, les attaques et les enlèvements se multiplient de façon inédite. C’est dans ce contexte que la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, élaborée à la suite de la Conférence d’entente nationale, a été remise au président de la République mardi 20 juin dernier. Mais nombreux sont les Maliens qui s’interroge sur ce qu’elle apporte au processus, et sur sa capacité, dans le climat de défiance et de division actuel, de mener le pays vers le chemin de la paix.

Deux ans jour pour jour après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, se voyait, le 20 juin 2017, remettre des mains du Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, censée exprimer la volonté et l’engagement de toutes les composantes de la nation à œuvrer à la consolidation de la paix et à l’unité. Ce document rédigé sur la base des conclusions de la Conférence d’entente nationale (CEN) intervient à un moment où le pays traverse une crise sociale et sécuritaire sans précédent, où les divisions et le pessimisme ambiant gangrènent la vie des populations, faisant de cette paix tant souhaitée, un projet intangible.

Une charte de paix qui divise « Cette charte aurait été une bonne base pour consolider la paix, mais vu la situation actuelle et compte tenu de tout ce qui se passe, elle ne reflète aucune réalité. C’est du vide ! », lâche, désabusé, Ibrahim Ag Eouegh de la CMA, membre de la commission spéciale en charge de rédaction de la charte, qui deux semaines durant, avec une quarantaine de membres, a planché pour produire un document final dans le court temps imparti. Selon lui, toutes les missions qui se sont rendues dans le pays et surtout à l’extérieur pour présenter et expliquer le projet de texte aux compatriotes, sont revenues porteuses des mêmes échos : « On n’a rien compris à la CEN, on ne peut rien comprendre à cette charte, on nous parle des Accords, il ne sont pas appliqués, il y a des griffonnages sur le papier mais sur le terrain il n’y a rien ! » « À Kidal, les gens nous ont dit qu’ils ne se reconnaissaient pas dans la Charte pour la paix, et dans l’Azawad, qu’ils ne partagent aucune valeur, aucun principe avec les gens du Sud », poursuit notre interlocuteur. Dans le bastion du Nord, la tentative de vulgarisation de ce texte censé favoriser l’union sacrée a plutôt récolté une fin de non-recevoir. « Ils sont venus nous parler de paix alors que nous sommes en guerre. Ils viennent nous parler de réconciliation nationale alors que le gouvernement envoie ses milices nous attaquer », s’exclame ce membre de la CMA joint au téléphone à Kidal. « Effectivement, la semaine où nous étions là-bas, il y a eu plus de 30 morts dans des conflits intercommunautaires et tout ce que nous sommes venus exposer a évidemment été très mal reçu », explique Ibrahim Ag Eouegh, qui déplore que l’impératif de la date de remise de la charte au président IBK ait primé sur le temps et la qualité du travail et que tous les compte-rendus de mission n’aient pas été utilisés pour l’élaboration de la charte, notamment ceux concernant l’épineux sujet de l’Azawad, passé, selon lui, à la trappe.

Cet autre membre de la commission rédaction, a quant à lui été surpris par le « fort scepticisme » des populations à voir s’installer la paix. « Pour la plupart des gens rencontrés, ce qui est difficile à croire, c’est la capacité de l’État à mettre en œuvre ce qu’on leur a dit. Les gens ne sont plus comme ils étaient il y a trois ou quatre ans. Les populations n’écoutent plus, parce qu’on leur a trop fait de promesses et finalement ils ne croient plus à rien. Je fais parti de ceux qui croit qu’il sera difficile de faire appliquer ces mesures, ce pessimisme est généralement partagé. Pour eux la paix est un mirage ».

Démarrer le train de la paix Depuis sa signature en juin 2015, l’accord de paix fait du sur place. Ce constat globalement admis, même par ceux qui sont le plus enclin à dire qu’il y a des progrès, ne permet pas pour autant, malgré des symptômes connus, d’appliquer les remèdes qui permettraient de le faire avancer. « La réalité c’est que l’accord traite d’un problème entre le Nord et le Sud qui n’a jamais existé, alors que nous avons un problème intercommunautaire et de gouvernance locale. Il y a eu plus de morts chez moi après la signature de l’Accord de paix qu’avant. Les gens pensent que c’est un problème touareg, de racisme, que nous sommes marginalisés. Pourtant, aujourd’hui la CMA est prête à accepter des militaires noirs issus du Mali alors qu’elle n’accepte pas la Plateforme, donc c’est d’abord un problème du Nord et du Nord. Nous contaminons tout le reste des Touaregs dans le Nord du Mali avec nos problèmes communautaires », analyse Abda Ag Kazina, 1er vice-président de l’autorité intérimaire de Kidal, toujours sans exercice et cantonné à Bamako.

Si l’on pouvait désigner un symbole de cette paix à construire, Kidal, « là où tout a commencé et là où tout devra finir », ironise ce membre de la Plateforme, serait celui-là. Ce bastion qui résiste à la souveraineté de l’État pourrait, si l’administration et l’armée y faisaient un retour effectif comme cela est prévu pour fin juillet, devenir un signal fort et un vecteur de paix. « Le gouvernement malien a fait de Kidal le symbole de la restauration de l’autorité de l’État. Tant que le drapeau malien ne flottera pas à Kidal, tant que l’armée ne sera pas de retour, il n’y aura pas de reconstruction de la paix. Or il faut se rappeler, que même lorsque l’État était présent à Kidal, la situation était loin d’être apaisée. Je pense donc que Kidal n’est qu’un symbole politique », objecte cet officiel européen proche du dossier. « Y a-t-il un autre endroit où l’on peut parler de paix dans ce pays ? », s’interroge Ilad Ag Mohamed, qui regrette cette focalisation sur la capitale de l’Adrar des Ifoghas. « Les gens sont plus préoccupés par les symboles que par la vie réelle et le quotidien des populations qui, elles, attendent toujours une attention particulière de la part du gouvernement ».

Pour Oumar Alassane Touré, président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement, la question du Nord ne doit pas être gérée par le gouvernement mais directement de Koulouba, parce qu’il y a des choses sur le terrain qui ne peuvent être réglé sur le plan judiciaire et règlementaire. « Le président a le pouvoir discrétionnaire qui lui permet de réagir sur le plan institutionnel au niveau de la sécurité, de la justice. Un ministre, un préfet ou un directeur au niveau local, ne peut pas s’engager sur certaines choses, ils doivent toujours écrire, mais cela met parfois des mois, une année, pour être traité par les services techniques de l’État, c’est long et la question du Nord est urgente ». Pour le président de la coordination, le fait que les accords de paix aient été signés avec les leaders des mouvements armés qui n’ont pas ou peu de leadership sur le terrain, rend la population inaudible. « Ces leaders peuvent vous dire oui mais le lendemain il y a des attaques et des sabotages, ils ne contrôlent pas le terrain. Tous ces mouvements ont un commandement local, un chef de zone. Ce sont eux qui détiennent la réalité du terrain, sur le plan militaire et sécuritaire. À tout moment, ils sabotent ce que Bamako dit. Il faut une stratégie pour que les décisions prises à Bamako à destination des populations soient appliquées de manière automatique sur le terrain ». Une gageure quand on sait que les décisions de Bamako sont difficilement relayées au niveau des cercles, des communes, des villages car dans beaucoup d’endroits, les services techniques de l’État ne sont plus présents.

Cette instrumentalisation des populations par les groupes armés, les djihadistes mais aussi par les autorités traditionnelles voir par les partis politiques, sont autant d’obstacles qui contrecarrent le processus de paix. « Nous avons vu des gens de l’opposition politique venir dire aux jeunes, chez nous, de ne pas déposer les armes, parce qu’IBK ne contrôle pas l’État. Ils disent de garder les armes jusqu’aux prochaines élections et qu’on verra la situation après. Donc les jeunes, armés, continuent d’attaquer les gens dès qu’ils ont besoin de carburant ou de mouton à manger, car il n’y a pas de loi pour celui qui a faim », confie ce combattant de la région de Gao.

Obtenir la paix localement « Au Mali il y a deux grands problèmes, un problème de gouvernance et un problème d’impunité, il faut mettre un terme à tout cela, il faut que les gens comprennent qu’on est dans un État organisé avec des responsabilités et des lois qu’il faut respecter », estime Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

À cela s’ajoute des décisions trop centralisées à Bamako et déconnectées des régions. « La paix ne se joue pas qu’autour d’une table à Bamako avec des conseillers, à la télé ou dans les médias, mais aussi et surtout là où la population aspire au développement et au progrès. Il faut des actions concrètes, visibles sur le terrain à destination des populations. Il faut s’intéresser avant tout à ce qu’elles demandent. Ces populations seront les meilleurs conseillers du président », assure le leader du CJA.

La responsabilité seule des autorités maliennes ne peut cependant être désignée car pour le gouvernement de Bamako, la situation est aussi délicate à gérer, entre les problèmes locaux et les agendas des partenaires internationaux. « Aujourd’hui sur la zone Sahel et sur le Mali, au niveau international, vous avez au minimum 17 stratégies, et entre ces stratégies, vous n’avez aucune coordination, mais la même méthodologie », confie ce spécialiste de l’Afrique subsaharienne. « À un moment, il faut faire un virage à 360 degrés, voir et énumérer les problèmes au niveau local, ensuite au niveau national et international, pour essayer de les régler concrètement. Pour construire une paix durable au Mali, il faut renverser la table et travailler sans tarder sur ces aspects-là », préconise-t-il.

 

AZAWAD : La pomme de discorde

« L’Azawad », est depuis sa « création », en quête d’une reconnaissance juridique et politique. La Conférence d’entente nationale, qui s’est tenue du 27 mars au 2 avril à Bamako, a, autour de la table des discussions, permis de débattre sur ce terme. Mais le rapport final de la conférence a conclu qu’il ne pouvait faire l’objet d’aucune revendication politique. Un échec pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dont le but est de parvenir à la gestion autonome de ce territoire qui engloberait les 5 régions du Nord. Et ce malgré le fait que les populations se montrent globalement réfractaires à ce projet.

La reconnaissance de l’appellation « Azawad », un concept jugé sensible, cher à certains et rejeté par d’autres, était au cœur des débats parfois houleux, fin mars début avril, lors de la Conférence d’entente nationale à Bamako, sans parvenir à un consensus, entre ceux qui défendent la reconnaissance d’un statut politique et juridique pour ce territoire, et ceux qui ne veulent pas en entendre parler. Cette volonté d’une reconnaissance politique de l’Azawad, portée par la CMA, s’est heurté, aux conclusions de cette rencontre nationale tant attendue : l’Azawad en tant qu’entité mémorielle, humaine et culturelle ne doit renvoyer à aucun projet politique et ne peut englober toutes les régions dites du Nord. Pour autant, la question n’est pas réglée, et ses défenseurs s’activent à faire de ce projet une réalité, sur le long terme, la reconnaissance du nom n’étant qu’une première étape vers une autonomie désirée, pour ce territoire qu’ils veulent voir se distinguer d’un Mali unitaire.

Un projet nommé « Azawad » « Les gens ici utilisent le terme « projet » pour parler de l’Azawad. Ça remonte aux années 90 quand les Touaregs de l’armée de Kadhafi, dont Iyad Ag Ghaly, sont revenus au pays et ont lancé une rébellion, qui s’est rapidement dissoute en plusieurs mouvements et ces mouvements accollaient tous le mot Azawad à leurs noms. C’est à partir de ce moment que l’Azawad est devenu politique, une sorte de produit commercial ou marketing. Le Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) de Iyad, fut le premier mouvement a porté le «L» de libération. Il fallait libérer le territoire nommé Azawad du Mali, bien avant le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) », explique cet habitant de Kidal.

Pour certains, c’est dans les années 70, juste après la grande sécheresse de 1973 qui fit de nombreuses victimes dans la population touarègue, que le mot « Azawad » apparu, un territoire nécessaire pour une rébellion en préparation. « À l’époque, j’avais 20 ans. J’étais stagiaire dans une banque en Algérie. J’ai été approché par des membres actifs de la rébellion de 1963, qui avaient pour mission de créer une rébellion, une résistance. C’était en juin 76. Pour la première fois, j’entendais parler de l’Azawad », se remémore Ibrahim, un cadre de la CMA. « Le terme même m’a paru convaincant. Ils m’ont dit qu’il fallait un nom qui puisse rassembler le maximum dans la partie septentrionale du Mali, un nom fédérateur. J’ai prêté serment pour cet Azawad », ajoute-t-il. À l’époque, le nom de l’Azawad ne souffrait pas de discussion, il était acquis, comme était acquise l’idée d’aller se battre au Mali.

Aujourd’hui, après la crise qu’a traversé le pays, le terme ne semble plus aussi fédérateur, sa défense n’étant soutenue que par certains mouvements armés et des radicaux. « Il y a ceux qui veulent l’indépendance, qui défendent leur territoire. Ceux-là, ils sont là-bas au nord. On ne les retrouve pas sous les climatiseurs à Bamako. Quand vous allez dans les brousses, il y a des gens qui n’ont jamais vu le moindre petit apport de l’État malien. Pour eux, ça n’existe pas. Ils n’ont jamais été soigné, ils n’ont jamais eu l’eau à boire, il n’y a rien qui les poussent à vouloir devenir malien. C’est un raisonnement radical. Ils sont nombreux et ils le pensent vraiment », témoigne cet employé humanitaire de la région de Kidal.

« La question de l’Azawad est à mon avis plus une question à débattre mais davantage un leadership que le gouvernement doit imprimer dans la mise en œuvre de l’Accord : la mise en place du MOC, du DDR, le développement notamment routier, si on arrive à régler ce problème là, les 90 % du problème sera réglé », résume le socio-anthropologue Naffet Keita.

Être ou ne pas être azawadien Pendant les consultations pour la Conférence d’entente nationale dans les régions du Nord, beaucoup se sont interrogés sur la nécessité de faire partie de l’Azawad. À Tombouctou, Taoudéni, Gao et même Kidal, l’identification des terroirs surpasse l’appartenance à cette entité symbolique. « L’Azawad c’est une importation récente pour nous. Je ne me retrouve pas dans ce terme-là. C’est un truc de Tombouctou. Je suis de Kidal et je suis plus fier d’être de là-bas. C’est, en réalité, un terme pour dominer la majorité », affirme Abda Kazina, vice président de l’Assemblée régionale de Kidal. Selon lui, cet avis semble partagé par un grand nombre qui ne se considère pas comme azawadien, mais l’affirmer serait plus compliqué. « La CMA sait que les gens ici sont totalement contre ça et parfois plus que les sudistes. Mais comme c’est la CMA qui contrôle la ville, les gens sont muselés, ils ne peuvent exprimer leur opinion. Pour la CMA qui n’a pas pu atteindre son objectif, la reconnaissance du nom Azawad c’est le minimum qu’ils veulent donner aux radicaux qui les ont soutenus, les femmes, les jeunes gens qui se sont battus, les parents des combattants morts sur le champ de bataille. C’est le minimum qu’ils peuvent donner comme satisfaction aux familles des victimes », explique cet habitant de Kidal sous anonymat. À Tombouctou, beaucoup ne veulent plus entendre parler de ce nom. « Ça crée des problèmes, des divisions. Ça voudrait dire que les accords, la conférence, tout ça n’a abouti à rien », objecte Mohamed Alher, un journaliste de Tombouctou. « Refuser de reconnaître un statut politique et juridique de l’Azawad, va plus galvanisé les gens. Moi je vous assure qu’ils ne déposeront pas les armes pour le DDR. On vous enlève votre Azawad, on vous désarme, où sont les mesures de confiance ? Il n’y a aucune mesure de confiance ! » s’exclame ce combattant de la CMA.

Pour Moussa Ag Acharatoumane, un ancien du MNLA qui a âprement milité pour l’indépendance de ce territoire, le caractère républicain et laïque de l’État malien, n’est plus à remettre en question. « L’appelation « Azawad » ne doit pas cacher la création d’un État. Il y a des pour, des contre, ceux qui voient une sécession derrière ça. Mais il faudra que l’ensemble des Maliens s’assoient pour vraiment discuter par rapport à cette appellation et que son caractère diabolique soit mis de côté pour essayer de trouver des solutions qui soient en harmonie avec les engagements nationaux et internationaux », explique-t-il.

Vers un référendum ? Ce qu’a montré la Conférence d’entente nationale sur le sujet Azawad c’est qu’au delà de la cacophonie des débats entre partisans et détracteurs, la question de l’Azawad est loin d’être tranchée. Pour certains, des concertations voire un référendum dans les régions du Nord doivent avoir lieu pour clore la question. « Il faut faire des concertations locales, au niveau de Kidal, Ménaka et Taoudéni, demander à l’ensemble de ces populations si elles sont d’accord avec le nom Azawad », déclare Oumar Alassane Touré, président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement.

En attendant d’éventuelles concertations, le concept d’Azawad reste vivace dans l’esprit de nombreuses personnes dans le Nord du Mali, qui espèrent que tout ce qui s’est passé de 2012 à maintenant n’a pas été vain. Pour eux, la reconnaissance du nom Azawad est un début satisfaisant, un premier pas qui, s’il est finalisé, mènera à d’autres qui pourront apporter à une forme d’autonomie ou d’autogestion. « Il y a toujours cette idée profonde des gens de ne plus être commandés par Bamako. Ça c’est le fond. Ils ont dit oui à un Azawad mémoriel, culturel mais pas politique. Le gouvernement a raison de se battre sur ce point, comme les Azawadiens ont raison de pousser les choses pour y parvenir. Nous sommes d’accord pour un référendum dans les 5 régions du Nord, mais vous pouvez être sûr que nous n’irons certainement pas au référendum juste pour un Azawad mémoriel », conclut Ibrahim.

 

 

 

 

 

 

Conférence d’entente nationale au Mali : fin de la première phase

La première phase de la conférence d’entente nationale malienne s’est achevée dimanche à Bamako, sans que la question du statut de « l’Azawad », appellation donnée au nord par d’ex-rebelles, ne fasse l’objet d’un consensus, a constaté sur place l’AFP.

Par ailleurs, dans les résolutions de la conférence, il a été demandé « d’engager des négociations avec le prédicateur radical Amadou Koufa, et le chef islamiste touareg Iyad Ag Ghalay » dans le cadre de la recherche des solutions pour le retour de la paix dans le nord du Mali.

« Un comité d’experts doit se constituer pour discuter de la question de l’Azawad », a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keita, dans son discours de clôture de la rencontre, reconnaissant que les débats de la conférence d’entente nationale n’ont pas permis de dégager un consensus.

Le même comité d’experts sera chargé d’élaborer « une charte de l’unité, et de la réconciliation nationale », a poursuivi le président.

Au cours des débats de la conférence, des intervenants membres ou proches de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) ont réclamé que « l’Awazad » soit considéré comme une entité politique et juridique englobant les régions du nord du Mali.

En revanche, d’autres intervenants ont demandé que le terme « Azawad » soit plutôt considéré comme une entité géographique et culturelle.

« Le véritable problème est le suivant.L’accord d’Alger rejette toute idée d’indépendance d’une partie du territoire malien.Mais si +l’Azawad+ est considéré comme une entité politique, ça peut ouvrir la porte à une demande de fédéralisme, du côté des ex-rebelles », a expliqué à l’AFP Oumar Sangaré, juriste et enseignant à l’université nationale du Mali.

Au cours des débats qui ont duré une semaine, d’autres intervenants ont pris la parole pour dénoncer « la corruption », « le manque de vision de l’Etat », « le manque de courage politique », comme figurant parmi « les causes profondes » de la crise malienne.

L’opposition malienne, qui avait effectué une apparition « symbolique » samedi à la conférence d’entente, assistait à la cérémonie de clôture.

Tout comme l’ex-rébellion, l’opposition malienne avait boycotté le début de la rencontre, arguant qu’on ne pouvait pas en une semaine débattre de tous les problèmes du pays et trouver les solutions.

Les deux parties ont obtenu gain de cause, mais le président malien, dans son allocution de clôture, n’a pas donné de dates précises pour la suite des discussions.

Conférence d’entente nationale : Restitutions des travaux en plénière et synthèses générales.

La conférence d’entente nationale, sur laquelle tous les espoirs reposent pour un nouveau soleil levant pour le Mali se déroule depuis le 27 mars et entre dans son cinquième jour aujourd’hui vendredi 31 mars.

Hier déjà lors du 4ème jour des discussions, les thématiques abordées tournaient essentiellement sur la paix, l’unité et la réconciliation. Chaque groupe thématique travaillait dans une salle distincte. Mais ce qui a été remarquable c’est l’omniprésence du terme Azawad, qui n’a épargné aucune thématique ; un concept qui a d’ailleurs fait jaillir des discussions houleuses entre les participants. Cette atmosphère a provoqué la suspension pour un temps des travaux. Pour Abdoul Karim Ag Matta, membre de la CMA et participant à la conférence, «  Le Mali a été construit sans les Touaregs, sans les populations du Nord, sans les populations de l’Azawad, les Maures et les Arabes et aujourd’hui, on est venu dans cette commission pour construire un Mali dans lequel on se voit, dans lequel on a apporté notre touche… ».

Au niveau des groupes traitant le thème de la réconciliation, les travaux étaient dirigés par le Ministre de la réconciliation Mohamed El Moctar. Pour Fatoumata Wallet, femme leader et ancienne responsable des femmes du camp de réfugiés de Burkina Faso « l’Azawad, c’est comme le Wassoulou ou le Macina ». Poursuivant son intervention, Fatoumata Wallet a touché du doigt le problème du chômage des jeunes. Elle a suggéré que l’éducation, la santé, l’eau soit au Nord du Mali. Elle a aussi parlé des conditions difficiles des refugiés qui ont envie de revenir mais dont les conditions ne se sont pas réunies pour leur retour.

Beaucoup d’intervenants ont exposé leurs ressentiments aux rapporteurs ; une manière de contribuer à la décantation des causes profondes qui constituent un obstacle à la paix, à l’unité et à la réconciliation. Parmi les intervenants il faut noter l’intervention de Sabeydi Ag Akado, Président de l’Association malienne pour la sauvegarde de la culture Bellah. Pour lui « les Bellah sont victimes d’un déni d’existence », et «  les Bellah ne sont pas des Tamasheq » même s’il y a une volonté de comptabiliser les Bellah parmi les Tamasheq.

Au niveau de la commission consacrée à la Paix, les discussions ont porté sur la nécessité de parvenir à une paix franche et durable. Les intervenants ont fait des propositions de solutions pour le retour de la paix dans tous le pays. Des recommandations ont surtout porté sur l’accélération du DDR, le retour des réfugiés, la bonne gouvernance, et surtout le développement des régions du Nord. Les participants ont dénoncé l’insécurité régnante au niveau de plusieurs axes aussi bien au Nord qu’au Sud. Pour Haïdara Cissé dite Chato, l’une des solutions « c’est d’aller rapidement au désarmement pour que les gens ne soient plus armés. » La députée de Bourem a aussi parlé de la nécessité de faire revenir les réfugiés. Elle estime aujourd’hui qu’« on ne peut pas continuer à crier pour le retour des réfugiés sans créer les conditions de retour de ces refugiés. »

En ce cinquième des travaux, il était prévu que la restitution des travaux en plénière avec des synthèses générales et des recommandations se fassent. Mais seule la commission réconciliation a pu finir alors que les deux autres, notamment la commission paix et la commission unité, n’ont pas pu terminer. Les restitutions en plénière sont prévues pour demain 01 Avril. La Conférence d’entente nationale doit continuer jusqu’au 02 Avril 2017 au palais de la culture Amadou Hampâté Bâ.

Autorités intérimaires : Tombouctou et Taoudéni toujours en suspens

La mise en place des autorités intérimaires dans les régions du Nord du Mali est bloquée à Tombouctou et à Taoudéni. Une visite du ministre de la Défense ainsi que des engagements fermes des autorités semblent en passe de faire bouger les lignes. Mais la tenue en cours de la Conférence d’entente nationale a reporté l’échéance à la semaine prochaine.

Début mars, l’installation des autorités intérimaires a occasionné un bras de fer entre le gouvernement et les groupes armés ainsi que la société civile, opposés aux nominations perçues comme unilatérales et au fait que des mouvements armés comme le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA) ne soient pas inclus dans les instances régionales. Pour apaiser la situation, les combattants postés aux check points autour de la ville avaient fini par les libérer, même s’ils ne s’en sont pas trop éloignés. « Nous nous sommes positionnés à peu près à 100 mètres. On collabore bien avec les autres forces, notamment avec la MINUSMA qui trop nerveuse au début, avait essayé de nous forcer un peu la main, mais ça n’a pas marché », confie le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad, chef d’état-major du CJA.

Accords de vues Depuis la visite à Tombouctou du ministre de la Défense, Abdoulaye Idrissa Maïga, entre le 17 et le 20 mars dernier, accompagné d’une délégation gouvernementale, la population et les groupes armés ont le sentiment d’avoir été compris. « Ils ont rencontré la société civile, la population, l’armée, et ils ont constaté qu’ils étaient du même avis que le CJA. Le ministre de la Défense n’a pas fait mystère de son engagement à régler les problèmes qui relèvent de lui, c’est à dire mettre quelqu’un de chez nous au niveau du DDR, au niveau de la commission d’intégration ainsi que la validation de notre site de cantonnement. Il doit contacter les autres ministres concernés, et nous attendons maintenant qu’après les promesses, on passe aux actes », explique Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

Même son de cloche à Taoudéni, autre bastion de résistance, qui a aussi reçu la visite du ministre et de sa délégation. « Je crois qu’ils vont accepter nos doléances, parce qu’on ne peut pas tout bloquer quand toute une région demande de changer une personne, sinon c’est la crise », explique Mohamed Attaher El Hadj, maire de la commune de Salam, située dans la nouvelle région. Le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, aurait lui aussi donné des engagements fermes, notamment par rapport à la désignation des conseillers spéciaux du gouverneur et des préfets.

Annulation, rumeurs et incertitudes Mais selon nos informations, le ministre Ag Erlaf serait favorable à une annulation pure et simple de l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou. Le conseil régional y fonctionnant déjà, il serait partisan d’attendre les élections qui auront lieu dans quelques mois. « Pour nous, l’abandon ou le maintien des autorités intérimaires n’est pas notre problème, mais si on les maintient, il faut le faire avec nos exigences. Si on ne les maintient pas, le statu quo reste », affirme le président du CJA, qui n’exclut pas, si les avancées sont probantes, de donner l’ordre à ses effectifs sur le terrain de se replier.

Néanmoins depuis mardi 28 mars, cette relative accalmie a fait place à un regain de tension. La rumeur persistante d’une installation des autorités intérimaires le 30 mars en catimini est parvenue jusqu’à Tombouctou. « Nous avons cherché à savoir si cela était vrai et mercredi matin, des bouches se sont déliées. Certains membres officiels nous ont dit que l’installation était prévue pour ce jeudi 30 mars et que le commandant de cercle de la région de Tombouctou a convoqué les élus pour leur faire part de cette invitation. Ce passage en force est l’une des clauses revendiquée par la CMA auprès du gouvernement et qui conditionnait leur participation à la Conférence d’entente nationale », soutient le chef d’état-major du CJA, qui ajoute que « les gens sont prêt pour manifester, ils n’attendent que le signal ». Selon les contestataires, le responsable de ce « désordre », dont ils demanderont avec force le départ, n’est autre que le nouveau gouverneur, Koina Ag Ahmadou, récemment muté de Kidal et notoirement proche du HCUA, pour son implication dans ce revirement et sa complicité avec la CMA. « Il est impossible que les autorités intérimaires soient installées sans notre consentement. Ils ne pourront pas le faire parce que nous réagirons immédiatement. Nous étions prêts, si nos propositions étaient validées, à lever immédiatement le camp », rappelle le colonel Abass. Mais la tension semble être redescendue, le gouvernement ayant décidé de reporter l’installation des autorités intérimaires après la Conférence d’entente nationale. À Tombouctou, la situation oscille entre attente, vigilance et confusion, avec l’espoir de parvenir à consensus, une possibilité qui reste néanmoins encore fragile.

 

 

Conférence d’entente nationale : Interview de Tièbilé Dramé, président du PARENA

La Conférence d’entente nationale a débuté le lundi 27 mars. La CMA a rejoint les travaux le deuxième jour, alors que l’opposition campe toujours sur sa position de ne pas y participer. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le mardi 28 mars, Tiébilé Dramé, président du PARENA, ne passe pas par quatre chemins pour livrer ce qu’il pense de cet évènement.

Tiébilé Dramé : « Les portes du train ont toujours été fermées à l’opposition »

La Conférence d’entente nationale a débuté le lundi 27 mars. La CMA a rejoint les travaux le deuxième jour, alors que l’opposition campe toujours sur sa position de ne pas y participer. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le mardi 28 mars, Tiébilé Dramé, président du PARENA, ne passe pas par quatre chemins pour livrer ce qu’il pense de cet évènement.

La Conférence d’entente nationale continue sans l’opposition. Pourquoi boycottez-vous un événement aussi vital pour la nation ?

Je veux être franc, nous souhaitions participer aux travaux de la Conférence d’entente nationale. Dans cet esprit, nous avons adressé au comité préparatoire de la conférence des propositions d’amélioration des termes de référence. Nous pensions que des acteurs aussi importants que les dissidents des groupes armés qui étaient à Alger devraient être dans la conférence, tel que le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), le CMPFPR2, etc. Nous pensions qu’il était important que tous les détenteurs d’enjeux puissent être associés à cette conférence comme également le mouvement de résistance civile de Gao. Le nord n’est pas la seule partie du pays qui était en crise, le Centre est également en crise. Nous pensions que les associations d’éleveurs, les organisations de chasseurs et d’autres parties prenantes devaient aussi y prendre part. Nous avons fait des propositions très constructives adressées au comité préparatoire, tel que la question du centre qui devrait être au menu de la conférence. Nous pensions également que les travaux préparatoires sur la constitution devraient être versés à l’ordre du jour pour que les forces vives du pays puisse apporter leurs contributions. À coté d’une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, il nous paraissait important qu’il y ait une charte pour la bonne gouvernance contre la corruption. Nous avons fait donc une série de propositions relatives à la conférence d’entente nationale à fin qu’elle soit une une véritable conférence d’entente nationale. Mais malheureusement nous n’avons même pas reçu d’accusé de réception. Les organisateurs de cette conférence ont ignoré superbement les propositions de l’opposition. Nous n’avons pas reçu les termes de références définitifs, nous n’avons pas reçu de cartons d’invitions, nous n’avons pas reçu le programme de la réunion. Dans ces conditions nous avons estimé que nous n’y avons pas notre place. Quand vous voulez qu’une entité comme l’opposition participe à ces travaux on prend les dispositions qu’il faut. Je crois qu’en réalité la participation de l’opposition n’était pas souhaitée. Donc nous en avons tiré les conséquences.

La CMA a répondu à l’appel du Président de la République. Peut-on s’attendre à ce que l’opposition fasse de même ?

Oui le président a parlé de gare et de train. En vérité, les portes du train ont toujours été fermées à l’opposition. Vous avez une opposition qui est responsable, constructive, animée d’esprit républicain et démocratique, qui depuis trois ans et demi fait des propositions précises pour apporter sa contribution à la sortie de crise. Jusqu’ici, toutes nos propositions, toutes nos contributions ont été ignorées. Nous sommes une opposition responsable, quand ont dit opposition responsable c’est des propositions. Je crois que le pouvoir public doit prêter un minimum d’attention à ce que nous disons, à ce que nous proposons mais ce n’est pas le cas et cette conférence d’entente nationale n’est en fait que la dernière illustration de cette pratique que nous connaissons, nous opposants malien depuis trois ans et demi. Vous savez, les pouvoirs publics discutent avec les groupes armés, ils tiennent compte des demandes des groupes armés jusqu’à la transformation du schéma de la conférence. Comme vous le savez, la charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale ne sera pas adoptée le 02 avril, à la fin de la rencontre, conformément aux souhaits exprimés par les groupes armés. Nous avons des pouvoirs publics en bien de discuter avec les groupes armés mais qui ne prêtent aucune oreille attentive aux contributions positives de l’opposition politique, de l’opposition démocratique et républicaine. Il y a là des questions qu’il faut se poser sur la gouvernance du pays

Vous venez de parlez de la charte de la paix, et à l’issu des travaux, il y aura des recommandations auxquelles vous n’aurez pas participé pour la charte de cette paix ; cela ne serait t-il pas une plaie pour la charte qui sera en tout cas à l’issu de cette rencontre ?

Vous devriez poser cette question aux organisateurs de la conférence d’entente nationale et aux pouvoirs publics qui n’ont absolument rien fait pour que l’opposition participe.

C’est donc un non définitif?

Ecoutez, quand votre journal va paraître, on ne sera pas très loin de la clôture de la conférence. Je pense que les pouvoirs publics, le comité préparatoire n’ont pas créé les conditions pour que l’opposition apporte sa contribution aux débats sur l’état du pays. C’est la réalité. Le président de la République nous a adressé des piques, nous n’allons pas répondre. Nous avons compris qu’il n’était pas content de l’absence d’un certain nombre d’acteurs. Nous prenons acte. Nous avons compris dans son message qu’il souhaite désormais que le train tienne compte de tous les fils du pays. Pour ce faire il faut qu’il veille à ce que les portes des trains soient ouvertes. Il faut qu’il veille à ce qu’il y ait un dialogue républicain indispensable entre le gouvernement et la classe politique, entre la majorité et l’opposition. Cela relève de la responsabilité du président de la République.

 

La CMA a décidé de prendre le train en marche

La coordination a annoncé rejoindre les travaux de la Conférence d’entente nationale, mardi 28 mars, plus conforme au « nouveau format » qu’elle souhaitait. Pour le moment, seul les partis d’opposition n’ont pas rejoint cette rencontre qui doit favoriser la réconciliation nationale.

C’est d’abord par un communiqué du haut représentant du président malien que l’on a appris qu’à compté de ce mardi 28 mars, la CMA rejoindra les travaux de la Conférence d’entente nationale. Ce revirement intervient après un appel du pied du président de la république, hier, lors de l’ouverture des travaux de la Conférence, lors de laquelle le chef de l’État regrettait l’absence de la CMA et de l’opposition en les mettant en garde contre des postures qui n’apportent rien à la démocratie et indiquant que le train qui démarre pouvait être pris en marche.

Le discours d’ouverture du chef de l’État aura porté ses fruits en tout cas en ce qui concerne certaines préoccupations de la coordination, notamment concernant la durée initial des travaux de la conférence qui ne devait pas dépasser une semaine et qui ne sera finalement qu’une première étape de travail menant à un autre round de discussions.

Plusieurs tractations, en marge du la conférence, lundi 27 mars, avec un rôle déterminant de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, ont permis d’obtenir plusieurs compromis permettant de favoriser le retour de la CMA, qui entendait boycotter la conférence jugée précipité, mal organisée et dans un format peu conforme à leurs attentes.

Aujourd’hui, Les ex-rebelles se disent satisfaits. Ils prendront part ce mardi, au deuxième jour de la rencontre à Bamako, ne laissant plus qu’à l’opposition le tâche de maintenir une politique de la chaise vide.

Conférence d’entente nationale : « Un train qui démarre » sans la CMA et l’opposition

La conférence d’entente nationale mentionnée au chapitre 2 et prévue par l’article 5 de l’Accord pour la Paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger s’est ouvert aujourd’hui, lundi 27 mars, au Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ, sous la présidence du Président de la république Ibrahim Boubacar Keita.

Le président de la commission préparatoire de cette conférence et médiateur de la république, le professeur Baba Hakib Haidara, dans son discours d’ouverture, après les salutations d’usage, à saluer la mobilisation de tous les membres de la commission d’organisation de cette conférence. Il a rappelé que différentes concertations ont eu lieu partout dans le pays, au niveau des réfugiés et aussi au niveau de la diaspora, dans le cadre des consultations préparatoires à la onférence, seul Kidal n’a pas participé à ces consultations. Progressant dans son discours Hakib Haidara a souligné que « la conférence d’entente nationale n’est le monopole de personne », et que « chaque participant est censé intervenir en tant que citoyens ».

Un rendez-vous d’importance donc, car c’est « une nouvelle unité nationale » qui est recherchée par cette rencontre de haut niveau, qui devrait accoucher d’ « une charte pour la paix et la réconciliation nationale » a insisté Baba Hakib Haidara. « Le temps joue en défaveur de la paix, ces populations sont lasses des guerres » a-t-il souligné. Le président de la commission a en fin formulé les vœux de voir la charte régler tous les problèmes auxquels le pays est confronté. «  Que la charte soit pour nous un instrument qui nous permettra de mettre fin à ces crises infernales » a-t-il souhaité.

Après le discours du Président de la commission d’organisation de la conférence, ce fut le tour du Président de la République Ibrahim Boubacar Keita qui a , en introduction à son discours, exprimé sa fierté d’être présent à cette rencontre : « me retrouver ici, ce matin, est un privilège sans nom » a-t-il déclaré. Pour le président de la république «  la conférence d’entente nationale est un train qui démarre » et toute la famille doit y prendre part, à défaut de cela, ceux qui ont raté le train peuvent toujours le rattraper, l’essentiel est qu’à l’arrivée la famille soit là », a indiqué le chef de l’État, destinant cette évocation de la « famille» à la CMA et aux partis d’opposition grands absents à l’ouverture de la conférence. Le président de la république a adressé « un immense merci » à tous ceux qui ont « dépassé » leurs « rancunes » en venant prendre part à ce qu’il qualifie d’ « une étape extrêmement importante » et «  qualitativement nouvelle.» «  Il faut mériter de garder la vieille mère : l’État », a dit IBK, ajoutant que c’est « un devoir pour les groupes signataires d’être là aujourd’hui » ; «  nous voulons un Mali uni » a poursuivi le chef de l’État. L’événement est de porté pour IBK et la Mali puisque cet exercice est sans précédent dans l’histoire du pays. Il a invité à cette occasion tous les Maliens à « l’amour vraie de la patrie » pour «  restituer à notre pays sa grandeur ». « La nation se construit sur la durée » a lancé IBK, en ajoutant que « si vous pouvez aider votre patrie, votre peuple, c’est ici et maintenant qu’il faut le faire ». Le président a remercié tous ceux qui ont « cru en le Mali » Il a déclaré ouvert les travaux de la conférence d’entente nationale en « réaffirmant une fois de plus notre détermination commune à maîtriser notre avenir. »

La conférence d’entente est donc bien lancée pour une semaine durant, avec la proclamation de l’ouverture de ses travaux par le Président de la République, qui fonde beaucoup d’espoir sur l’issu de ces travaux qui devront produire la base solide pour la charte de la paix.

Conférence d’entente nationale : Évènement primordial qui divise les acteurs

La conférence d’entente nationale est inscrite au chapitre 2 de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en mai 2015. C’est au cours d’une session extraordinaire du conseil des ministres que les dates de ladite conférence nationale ont été fixées du 27 mars au 02 Avril 2017 à Bamako. Alors que les groupes signataires de paix, l’opposition et les maliens de France affichent clairement leur réticence voire leur opposition à y participer.

En effet, la conférence d’entente nationale prévue de ce lundi 27mars au dimanche 02 avril 2017 à Bamako est un maillon fondamental dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, car elle devrait,selon l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, « permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit » dans sa partie septentrionale.

Mais au regard du désaccord que suscitent les dates retenues par le gouvernement au près des groupes signataires notamment la CMA et la Plateforme et de la posture de l’opposition face à l’événement, on pourrait légitiment se demander s’il s’agira d’une conférence d’entente nationale sans ces principaux acteurs de la question ou de celle de la discorde.

Les groupes signataires de paix parlent de la même voix

La Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont adressé le dimanche 19 mars dernier , une lettre conjointe au président du comité de suivi de l’Accord(CSA) signé pour l’un par Sidi Brahim Ould Sidatt et pour l’autre Me Harouna Toureh, lettre dans laquelle les deux parties dénoncent la décision du gouvernement qui a fixé « unilatéralement » les dates «  sans l’accord préalable des autres parties. »

Les deux parties estiment que la tenue d’un tel événement «  consacrerait davantage la désunion(…) plutôt qu’elle ne consacrerait le retour à la concorde nationale ».

Cette position des deux groupes a été réaffirmée par le porte parole de la CMA, Ilad Ag Mohamed, joint au téléphone, « les conditions ne sont pas conformes » pour la tenue de la conférence. Le porte parole de la CMA se demande « comment une conférence qui devrait regrouper tout le monde, qui devrait parler de la paix et l’entente, de l’unité nationale pourrait se tenir sans l’effectivité de la mise en place des autorités intérimaires, sans le retour des réfugiés qui devront eux aussi être consultés ? » Pour lui, persister à tenir cette rencontre ultime relève de la « mascarade. » Il propose, comme inscrit dans la lettre conjointe adressée au président du Comité de suivi de l’Accord , que la journée du 27 mars soit « le lancement du processus ».

Quant à Fahad Ag Almahmoud , le Secrétaire General du GATIA, groupe membre de la plateforme, il nous a indiqué qu’un atelier de trois jours organisé par la CMA et la Plateforme se tient depuis hier jeudi et ce jusqu’au samedi 25 mars pour aboutir à une résolution commune .

Une opposition réticente

En plus de la CMA et la Plateforme, l’opposition dirigée par son chef de fil Soumeila Cissé est hésitante jusque là à participer à la conférence d’entente. Invitée par le président d’organisation de la conférence à prendre part à une rencontre d’information et d’échange sur l’organisation de la conférence, le jeudi 16 février passé, l’opposition à répondu par une déclaration dans laquelle, elle dit prendre acte de l’invitation. Mais pour le cas de l’ancien premier ministre Zoumana Sacko, membre de l’opposition, le refus est catégorique.

Les Maliens de France dans la danse

Les maliens de France ne sont pas en reste, entre ceux qui crient haut leur désaccord par rapport à la tenue de cette rencontre majeure qui devrait regrouper au moins 300 participants issus des régions, du district de Bamako et de la Diaspora .

A travers un communiqué de presse signé à Paris le 22 mars 2017 par les Maliens de France, à travers différentes associations (APSM, APM, ADVK, CADERCAF JUNIOR, COLLECTIF CITOYEN MALI, COLLECTIF MAINS PROPRES , CMFPAIX , CNJMF, CONVERGENCE NORD-SUD, DYNAMIQUE DE FOYERS, EJM, GAO LAMA, MDDM et SONGHOY GANDA ETC.), les maliens de France comptent organiser un sit-in à Paris devant l’Ambassade du Mali en France le Dimanche 26 mars 2017 à 14 h .

Ils entendent par ce sit-in : Rejeter le caractère non inclusif et inopportun de la conference dite « d’entente nationale » annoncée pour les dates du 27 Mars à Bamako ;

Dénoncer les dérives du processus de paix, nées des insuffisances de l’Accord pour la Paix et la reconciliationdu15 mai 2015 ;

Expliquer les préoccupations la vision des maliens de France pour le désarmement de tous les groupes armés et la restauration sans délai de l’intégrité territoriale du Mali, son unité dans la diversité, la justice et la réconciliation des maliens et le retour des refugiés. Par ce communiqué, les maliens de France tiennent à dire « non à un processus de paix bâclé et illégitime »

Il faut dire que les temps sont durs pour le gouvernement qui, s’il ne prend pas en compte les acteurs de la conférence d’entente nationale, celle-ci pourrait être le début d’une crise qui fera souffrir davantage l’accord de paix. Les grèves des enseignants, du secteur de la santé, et l’insécurité persistante au Nord tout comme au centre du pays suffisent déjà au quotidien des populations.

Quand le gouvernement récapitule

Et enfin, le gouvernement semble entendre de la bonne oreille les réclamations des groupes armés signataires et de l’opposition. Le 27 mars ne sera finalement que le lancement d’un processus qui excédera une semaine. Sidi Brahim Ould Sidatt, un des responsables de la CMA est confiant et explique : « En première phase, il y a une ouverture et une restitution des travaux qui ont été faits en amont, une suspension et maintenant les travaux qui vont se faire au niveau de la base et qui peuvent durer quatre à cinq semaines. Il y a maintenant des travaux de restitution dans lesquels un travail de fond sera fourni et dans lesquels chaque malien se reconnait. »

En plus des groupes armés signataires, l’opposition aussi ne voulait pas entendre parler d’une «  conférence d’entente nationale express ». Comme les autres acteurs de la question l’opposition estime qu’il n’y a pas eu des consultations inclusives. Notons que deux thèmes sont inscrits au programme de la conférence : les causes profondes de la crise du nord et une charte pour la paix.

Une panacée espère t-on pour le Mali !

Conférence d’entente nationale, c’est pour bientôt

Entamé il y a deux mois, les consultations autour de la Conférence d’entente annoncée le 31 décembre 2016 par le président IBK, ont été bouclées par la commission préparatoire. La rencontre tant attendue devrait donc bien se tenir en ce mois de mars.

La Conférence d’entente nationale prévue pour mars 2017 devrait être « une occasion pour le peuple malien de se retrouver ». Annoncée comme un moment d’échanges pour rebâtir le vivre-ensemble, elle devra réaffirmer les nouvelles bases de cohésion et de cohabitation sociales, vider les abcès et surtout permettre à tous d’accepter et de partager les principes républicains. « Toutes les composantes de la nation malienne de Kayes à Kidal, ont été  associées à la préparation à la tenue de ces assises », explique Nouhoum Sangaré, coordinateur de la commission préparatoire. L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger précise le cadre de cette conférence d’entente nationale qui devra produire une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation sur une base consensuelle et prendre en charge les « dimensions mémorielles, identitaires et historiques » de la crise malienne.

Préparation active Déjà, les rencontres sectorielles dans les régions ont planté le décor. En dehors des questions sécuritaires, les populations à la base ont soif de justice et d’équité. « Les membres de la commission font preuve d’une grande capacité d’écoute. Ils font tout pour mettre à l’aise l’intervenant qui n’est soumis à aucune contrainte de temps ou de thèmes abordés », indique Alfousseyni Sidibé, coordinateur du groupe de travail communication et relations publiques de la commission préparatoire. Il ne s’agira certainement pas de faire des procès, mais bien de poser sur la table « nos comportements, nos manquements ». Reçus le 14 février par Baba Akhib Haïdara, président de la commission préparatoire et Médiateur de la République, les délégations de la Plateforme et de la CMA, respectivement conduites par Harouna Toureh et Sidi Brahim Ould Sidati, ont déclaré leur totale adhésion au processus d’organisation de la Conférence d’entente nationale et se sont engagés à tout mettre en œuvre pour la réussite de l’événement. Du côté de certains partis politiques de l’opposition, on émet cependant des réserves. « Nous voulons la conférence souveraine et non celle prescrite dans l’Accord. Nous pensons que la conférence en perspective n’est pas inclusive », déplore Djiguiba Keita, dit PPR, secrétaire général du PARENA.

 

Conférence d’entente nationale, un sujet qui divise

Élément fondamental de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la Conférence d’entente nationale est prévue pour la fin de l’année. Mais elle ne fait toujours pas l’unanimité.

« Nous allons tenir la Conférence d’entente nationale dans le courant du dernier semestre 2016, pour faire émerger une vision commune de notre nation ». C’est ainsi que le Président Ibrahim Boubacar Keïta annonçait lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier, l’imminence de cette étape prévue dans l’Accord pour la paix et la réconciliation pour « permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit. Ce débat devra prendre en charge, entre autre, la problématique de l’Azawad ». Au ministère de la Réconciliation nationale, on assure que le gouvernement se projette sur la fin de 2016, « mais c’est en fonction de l’évolution des préparatifs », confie Attaher Ag Iknane, secrétaire général.

Différences de vues Si l’organisation semble peu avancée, la Conférence d’entente nationale s’avère être une véritable pomme de discorde au sein de la classe politique, et est en permanence brandie par le gouvernement lorsque l’opposition donne de la voix et réclame la tenue des concertations nationales. Pour Djiguiba Keïta, secrétaire général du Parti pour la renaissance africaine (PARENA), contrairement aux concertations nationales, « le cadre de la Conférence d’entente est restreint. C’est exclusif et ne concerne que les trois parties signataires (de l’accord). Et le sujet est très restrictif : ce n’est pas l’histoire de l’Azawad qui nous préoccupe alors que le Mali est au bord de l’effondrement ». « Personne ne sera exclu. Tout ce qui concerne la vie de la nation sera traité de façon inclusive. Il ne faut pas faire d’amalgames. Je crois qu’on fait beaucoup de fixation sur cette conférence. On ne peut pas régler tous les problèmes du pays en même temps et en un même lieu », répond Attaher Ag Iknane. « La conférence, c’est pour répondre à la situation dans le nord et parler de tout ce qui divise les Maliens », ajoute Younoussa Touré, secrétaire général de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance II (CMFPR II), membre de la Coalition des mouvements de l’Azawad. Si la conférence est prévue pour décembre, la commission d’organisation n’a pas encore été mise en place. « Pour le moment, on ne peut rien dire. Un report n’est pas à exclure », confie une source proche du ministère de Réconciliation.