Ras Bath : l’étau se resserre autour du chroniqueur

Incarcéré le 13 mars 2023 suite à des accusations publiques concernant le décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras bath n’est visiblement pas au bout de ses démêlées avec la justice. Fin mars, le célèbre chroniqueur a été de nouveau inculpé pour 3 autres chefs d’accusation.

« Association de malfaiteurs contre autrui de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière », « offense au chef de l’État de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière » et « diffusion de paroles contre les mœurs du pays ». Avant de se présenter le 29 mars 2023 devant le Procureur du tribunal de la Commune IV, Ras Bath ne s’imaginait pas être inculpé pour trois chefs d’accusations plus graves que la « simulation d’infraction » pour laquelle il avait été placé sous mandat de dépôt trois semaines plus tôt. D’autant plus que son Conseil, Me Kassoum Tapo, avait déjà introduit une demande de mise en liberté provisoire en attente du procès, prévu pour le 13 juin prochain.

Du délit au crime

Le Porte-parole du Collectif pour le développement de la République (CDR) qui encourait d’un mois à cinq ans de prison, en risque désormais au minimum 20, selon une source judiciaire. Mais pas que. Ras Bath est également maintenant visé par deux mandats de dépôts différents. Une nette aggravation de sa situation, selon un avocat qui a requis l’anonymat.

« La même personne était déjà placée sous un premier mandat de dépôt. Le Procureur a cru bon de chercher contre lu, d’autres charges. Cette fois ce sont des charges criminelles. Les crimes ne peuvent pas être déférés en citation directe devant le tribunal correctionnel, il faut une instruction préparatoire », confie cette source. Selon elle, le Procureur est tout simplement dans une logique « d’aggraver la situation » du célèbre chroniqueur, en lui reprochant des infractions criminelles et en saisissant le juge d’instruction par rapport  à ces « crimes ».

« La simulation d’infraction est un délit et, dans ce cas, la détention provisoire ne dépasse pas un an, tandis que pour les crimes on peut aller jusqu’à 3 ans », précise l’avocat, craignant que l’animateur de l’émission « Grand Dossiers » ne se trouve à présent dans une situation très complexe.

Musèlement ?

Au CDR, dont Ras Bath porte la voix, les partisans, « très surpris » de la tournure des évènements, pensent que leur « guide » est victime d’un acharnement parce qu’il dérange politiquement. « Nous pensons qu’on veut le réduire au silence et que l’objectif poursuivi est de le maintenir le plus longtemps possible en détention, parce que le juge d’instruction a tout son temps. Ras Bath est un détenu politique, il dérange », accuse Aliou Touré, Secrétaire administratif du Collectif. Il craint que les nouveaux chefs d’accusations qui pèsent sur le chroniqueur ne réduisent à néant l’aboutissement de la demande de mise en liberté provisoire formulée par son avocat.

« Même s’il obtient la liberté provisoire pour le premier mandat de dépôt, par rapport au premier chef d’accusation, nous craignons que cela ne soit pas le cas pour les trois nouveaux chefs d’accusation », avoue-t-il.

Mais le CDR ne compte pas rester sans agir. Il va animer une conférence de presse pour « montrer à l’opinion nationale et internationale notre désaccord », informe le Secrétaire administratif. S’il confirme que d’autres actions vont suivre dans la foulée, Aliou Touré assure que le Collectif ne posera aucun acte qui aille à l’encontre du respect des institutions de la République, « parce que nous avons confiance en notre justice ».

En 2021, après quelques mois de détention, la Cour suprême avait ordonné l’abandon des charges contre le Porte-parole du CDR, ainsi que plusieurs autres personnalités qui étaient poursuivies pour tentative de déstabilisation des institutions. Les affaires diffèrent et leurs issues pourraient également différer.

En attendant la suite que va lui réserver le juge d’instruction et la tenue d’un premier procès, le 13 juin 2023, Ras Bath continue d’être écroué. Le chroniqueur, qui au début  était détenu dans des conditions très peu enviables, a été transféré depuis peu au « 4ème cabinet » de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, où il bénéficie de meilleures conditions et est autorisé à recevoir de la visite.

‘’Combattre l’impunit钒 : Me Brehima Koné en appelle à la justice

Défenseurs des droits de l’homme, hommes politiques, journalistes et autres acteurs de la société civile malienne se sont donnés rendez-vous jeudi 15 janvier à  la Maison de la presse à  l’occasion du lancement du livre de Me Brahima Koné. Intitulé‘’Combattre l’impunité », cet ouvrage de 70 pages est un message fort que ce ferment défenseur des droits de l’homme envoie aux autorités maliennes ainsi que tous les acteurs engagés dans le processus des négociations d’Alger pour ne pas tomber dans le piège de l’impunité. Car, de la conviction même de l’auteur, le chemin de la réconciliation nationale et la paix durable passe par la justice. Le président d’honneur de l’Association malienne des droits de l’homme(AMDH) y fait parler des victimes et des témoins de viols et y dénoncent des crimes odieux à  l’image de ceux d’Aguelhok sur les soldats de l’armée malienne. Sans oublier les crimes commis dans à  Gao. Réparation et justice Dans ‘’Combattre l’impunité », l’avocat évoque également les crimes commis au Sud. Il s’agit notamment de l’affaire des bérets rouges et la mutinerie de Kati. C’’est ainsi que l’auteur met en garde l’Etat contre l’impunité des auteurs et appelle les autorités à  rendre justice et dignité aux victimes. En bon praticien du droit, celui que l’ancien bâtonnier, Kassoum Tapo, appelle le diamant noir, fait des propositions sur la forme de justice transitionnelle adaptée au contexte malien avant d’inviter les autorités à  poursuivre la lutte contre la corruption. « Lorsqu’il y a des victimes, naturellement il y a les auteurs de ces crimes. Il faut que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes. Que les familles des victimes sachent la vérité et que les victimes bénéficient d’une réparation. C’’est après tout cela que la paix peut venir. Le message que je veux faire passer est qu’on tienne compte des aspects de la justice dans le document qui sera issu des négociations d’Alger. On ne souhaite pas qu’il y ait une amnistie pour les auteurs des crimes’, a confié à  la presse Brahima à  l’issue du lancement du livre. ‘’ Combattre l’impunité » a été édité par les Editions Jamana et préfacé par Oumarou Bocar, l’ancien professeur de droit pénal et auteur à  l’Ecole nationale d’Administration du Mali.

Crimes et exactions commis au Nord : Le gouvernement décrète l’impunité pour les auteurs et co-auteurs

Sur les antennes de la télévision nationale, les propos du ministre ne sont pas tombés dans les oreilles de sourd. «A part l’unité nationale et l’intégrité du territoire, je suis prêt à  tout négocier… », a déclaré le président de la République Ibrahim Boubacar Keà¯ta, lors de plusieurs interventions et quand il avait reçu, il y a quelques semaines, les leaders des groupes armés (du nord) dernièrement en conclave. Quand, le président IBK tenait ces propos, rares étaient nos compatriotes qui pouvaient croire qu’il ira jusqu’à  accorder l’impunité à  ceux par qui le malheur a frappé le peuple malien tout entier. Il s’agit, notamment de tous ceux qui, dans les rangs du Mnla, d’Ansar Din, du Hcua ou du Mia, ont pris les armes et plongé le Mali dans la crise la plus grave et la plus profonde de son histoire. Aussi, la prise de mandat d’arrêt contre 26 présumés auteurs ou complices de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Nord du pays, avait été apprécié par une écrasante majorité de nos compatriotes pour qui le temps est enfin arrivé pour mettre un terme à  l’impunité de gens qui, lors de plusieurs rebellions ont tué et commis d’autres atrocités sans jamais en répondre devant la justice. Alors que les Maliens attendaient avec impatience leur comparution devant la justice, plusieurs dizaines d’ex combattants ont été remis en liberté par l’Etat malien. Les commentaires autour de ces libérations n’ont pas fini au sein de l’opinion que, sur les ondes d’une radio étrangère, le ministre de la justice malienne, Me Mohamed Ali Batchily a annoncé, samedi la levée prochaine du mandat d’arrêt frappant certaines personnes soupçonnées d’avoir pris activement part dans les crimes et exactions commis dans les villes du Nord du pays oà¹, plusieurs soldats maliens avaient été torturés lorsqu’ils n’avaient pas été froidement abattu. Sur la liste noir, figurent, entre autres, le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, le président du mouvement arabe de l’Azawad, Algabass Ag Intalla, Ibrahim Ag Mohamed Assaley et tous les chefs politiques et militaires du Mnla, certains députés notamment Hamada Ag Bibi… Le pouvoir impuissant… En élisant IBK à  la tête du pays, en Août dernier, les populations maliennes dans leur écrasante majorité attendaient de lui une solution de rupture dans cette crise du Nord du pays. Au lieu de cela, le président Ibrahim Boubacar Keita, depuis quelques temps semble avoir opté pour la compromission avec les groupes armés. Sans faire jusque là  mieux que ses prédécesseurs (ATT, Alpha) auxquels certains avaient reproché le fait d’avoir négocier, IBK, alors candidat, avait à  maintes reprises déclaré que «la fermeté» demeure la clé la plus efficace pour trouver une solution définitive à  cette crise. Une crise qu’il s’était engagé à  gérer en transmettant à  la justice les dossiers de tous ceux contre qui pèsent des indices graves de culpabilité. Sauf que, sur ce point, la réalité est tout autre : Le président Keita est entrain de botter en touche. En effet, sur la question des détenus et des mandats d’arrêt, sa reculade est manifeste. Le gouvernement multiplie la prise de décisions qui ne sont portées à  la connaissance des Maliens qu’au dernier moment. La méthode est décriée et rejetée par beaucoup de nos compatriotes qui estiment, à  tort ou à  raison, que C’’est une telle approche (reprochée au régime défunt) qui a conduit à  l’occupation de 2/3 du territoire et à  l’effondrement de son outil de défense. Au regard de certaines abominations commises dans le nord sur les militaires maliens et les populations civiles, rechercher et traduire en justice les auteurs de ces actes, était un devoir pour le nouveau Mali émergent. Malheureusement, les propos tenus, hier par le garde des Seaux, faisant état d’une levée prochaine du mandat d’arrêt pris contre certains membres des groupes armés du nord, ont fait froid dans le dos de plus d’un, particulièrement ceux qui ont été mutilés, violé, flagellé ou qui ont perdu un être cher.

Vidéo: Blé Goudé devant le juge

Charles Blé Goudé, proche de laurent Gbagbo et leader de la Jeunesse Patriotique de Côte d’Ivoire avait été arrêté au Ghana après un an et demi de cavale. C’est menotté qu’il a été présenté au juge d’instruction ce lundi 21 janvier à  Abidjan, quelques heures après son extradition. Il est poursuivi pour crimes de guerre commis lors de la crise post-électorale de 2011.

Le Procureur de la CPI ouvre une enquête concernant les crimes de guerre commis au Mali

LA HAYE, Pays-Bas, 16 janvier 2013/ — Aujourd’hui, le Procureur de la Cour pénale internationale (http://www.icc-cpi.int), Mme Fatou Bensouda, a officiellement ouvert une enquête sur les crimes présumés commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012. Cette décision découle de l’examen préliminaire de la situation au Mali que le Bureau a initié en juillet 2012. « Depuis le début du conflit armé qui a éclaté en janvier 2012, les habitants du nord du Mali sont soumis aux grands troubles qui agitent leur région », a-t-elle déclaré. « Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à  la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à  tous les stades du conflit. Je suis parvenue à  la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du Statut de Rome ». Depuis le renvoi de la situation au Mali par l’à‰tat malien, le Bureau du Procureur est habilité à  enquêter et à  engager des poursuites concernant tout crime relevant de la compétence de la Cour, commis sur le territoire malien depuis le mois de janvier 2012. Il a identifié, au cours de son examen préliminaire, d’éventuelles affaires suffisamment graves pour qu’il y donne suite. Mme Bensouda estime qu’il existe une base raisonnable pour croire que les crimes suivants ont été commis : i) le meurtre; ii) les mutilations, les traitements cruels et la torture ; iii) le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens protégés ; iv) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué ; v) le pillage ; et vi) le viol. « Mon Bureau mettra tout en œuvre pour mener une enquête approfondie et impartiale et rendra justice aux victimes maliennes en enquêtant sur les personnes portant la plus lourde part de responsabilité dans les crimes présumés ». D’après les renseignements disponibles à  ce jour, le Bureau se concentrera sur les crimes commis dans les trois régions du nord du pays. « La confusion bat son plein au nord du Mali et les populations sont exposées à  des risques accrus de violence et de souffrance », a indiqué le Procureur. « La justice peut jouer son rôle en soutenant les efforts communs de la CEDEAO, de l’Union africaine et de la communauté internationale dans son ensemble pour mettre un terme à  la violence et rétablir la paix dans la région. Des organisations régionales et internationales clés ont reconnu l’importance de la justice dans la résolution de la crise qui secoue le Mali. Les crimes internationaux commis au Mali ont profondément heurté la conscience humaine ».

Crimes de guerre au Mali, selon HRW

Dans son rapport sur la situation sécuritaire au nord du Mali, l’organisation Human Rights Watch accuse les différents groupes rebelles de crimes de guerre. Elle dénonce des exécutions sommaires, Exécutions sommaires, viols, rapts, embrigadement d’enfants soldats, pillage d’hôpitaux, d’écoles et d’agences humanitaires. Voila la liste d’exactions dont se seraient rendus coupables les groupes armés qui sévissent au nord du Mali. Quels qu’ils soient. C’’est du moins ce qui ressort du rapport publié par l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié en début de semaine. Pour l’élaboration de ce rapport, l’ONG a mené, au mois d’avril dernier, une mission de 10 jours dans la capitale malienne, Bamako. Le document accable le MNLA, Ançar Dine, le Mjuao et Aqmi et leurs alliés. Violences et exode de populations Selon HRW, les crimes de guerre ont été légion durant les quatre dernières semaines, principalement dans les trois grandes villes du nord du pays. Ainsi, un groupe armé islamiste a exécuté sommairement deux hommes, amputé la main d’au moins un autre, effectué des flagellations publiques et menacé des femmes et des chrétiens. Décidés à  faire respecter la charia au Mali, les islamistes d’Ançar Dine sont ainsi dénoncés par HRW. Ils auraient également coupé l’oreille d’une femme vêtue d’une jupe jugée trop courte et fait flageller des hommes qui avaient consommé de l’alcool. Le MNLA ainsi que le groupe islamiste ont participé au saccage d’églises, provoquant l’exode des chrétiens de la région. Ils ont rejoint la cohorte des 177 000 Maliens partis vers les pays voisins, ou des quelque 107 000 personnes déplacées à  l’intérieur du pays. Pillages d’hôpitaux Selon le rapport, le pillage systématique de stocks de nourriture dans des magasins, des marchés et des entrepôts d’organisations d’aide locaux, ainsi que le vol de fournitures médicales dans des hôpitaux et des cliniques, et la fermeture d’écoles, ont sans aucun doute contribué à  la décision prise par des dizaines de milliers de civils de fuir le Nord sous contrôle rebelle pour se réfugier dans le Sud contrôlé par le gouvernement. A Gao et Tombouctou, le saccage des hôpitaux et des structures de soins, o๠les rebelles ont tout emporté (médicaments, ordinateurs, imprimantes, ambulances, matelas) laissant des malades gisant à  même le sol, aurait causé la mort de plusieurs patients. Viols en série et enfants soldats Les viols sont également commis par les membres de ces groupes armés. Au moins 17 femmes et fillettes ont été enlevées et violées, affirma HRW qui décrit des scènes atroces, comme le viol en bande d’une fillette de 12 ans arrachée à  sa mère, dans un bâtiment abandonné de Gao, alors que la population à  l’extérieur, tenue en respect par des armes de miliciens arabes, entendait les pleurs de l’enfant. Selon d’autres témoignages recueillis par l’ONG « des enfants soldats, armés et âgés de seulement 13 ans pour certains, évoluent dans les rangs des groupes rebelles ». l’armée malienne n’est pas en reste HRW a également reçu « des informations crédibles selon lesquelles des soldats de l’armée malienne ont arbitrairement arrêté et, dans certains cas, sommairement exécuté des membres touaregs des services de sécurité et des civils touaregs voyageant entre le Nord sous contrôle rebelle et le Sud contrôlé par le gouvernement ». Fondant ses accusations sur une centaine de témoignages de gens de la région recueillis entre fin mars et mi-avril à  Bamako, l’ONG HRW dit avoir également tenu compte des propos d’autorités locales, religieuses, ou encore de personnel humanitaire et médical. Elle appelle par ailleurs le gouvernement malien à  enquêter sur les allégations de détention arbitraire et d’exécutions sommaires.

Hissène Habré, retour à la case départ

C’est le flou total qui règne en ce qui concerne la procédure juridique qui sera appliquée à  l’arrivée à  N’Djamena lundi par vol spécial de l’ex-président tchadien Hissène Habré, transféré du Sénégal à  la surprise générale. Le président Wade a informé par courrier son homologue tchadien Idriss Deby Itno « de sa décision de renvoyer dans son pays d’origine M. Hissène Habré », selon un communiqué vendredi du gouvernement tchadien qui « prend acte de cette décision ». « Par ailleurs, le gouvernement prendra attache avec l’Union africaine (UA), les ADH (associations des droits de l’homme) intéressées, ainsi que les victimes, pour l’organisation d’un procès équitable au Tchad », assurait le gouvernement. « C’est un coup de foudre. Personne ne s’y attendait. Rien n’est préparé, décidé », a affirmé un officiel tchadien. A l’heure actuelle, aucun officiel tchadien n’était en mesure de préciser ce qu’il adviendra à  Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis sa chute en 1990 et poursuivi pour crimes contre l’humanité, qui doit arriver lundi à  N’Djamena par un vol spécial pour y être jugé. Déception des victimes « On est inquiet car on ne sait pas ce qui va se passer », a estimé Clément Abayefouta, président de l’Association des victimes contre la répression politique (AVRP), qui regroupe les victimes du régime d’Hissène Habré. « C’est une déception pour nous les victimes. On ne s’y attendait pas. Le président sénégalais Abdoulaye Wade n’a pas respecté les clauses internationales », selon lui. « Il n’y a aucune garantie pour faire un procès équitable. Nous sommes en concertation entre nous pour voir ce qu’on va faire », a-t-il poursuivi. « C’est une prise d’otage A Dakar, un des avocats sénégalais d’Habré, El Hadji Diouf a affirmé que l’ex-président tchadien avait « réagi avec étonnement et surprise » à  la décision du gouvernement sénégalais et « il a lui-même utilisé le terme de kidnapping ». »Ce n’est ni une expulsion, ni une extradition, c’est une prise d’otage », a estimé l’avocat qui a ajouté que la défense de l’ancien chef de l’Etat tchadien qui vivait en exil au Sénégal était en train de rédiger « des plaintes » contre le président Wade pour « violation des droits de l’homme ». Ces plaintes seront déposées « au Sénégal, au niveau continental et au niveau international », a-t-il dit, affirmant que le président Wade serait « poursuivi pour complicité d’assassinat et d’actes de torture » au cas o๠il arriverait quelque chose à  Hissène Habré une fois rentré dans son pays. Ses défenseurs et des organisations de défense des droits de l’homme craignent qu’il ne soit porté atteinte à  la vie de M. Habré à  son arrivée au Tchad o๠il a déjà  été condamné à  mort par contumace. Me Diouf n’a pas dit o๠se trouvait actuellement l’ex-président tchadien, s’il avait déjà  été arrêté par les autorités sénégalaises en vue de l’expulsion, ou s’il était toujours dans un de ses domiciles au Sénégal. Accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 jusqu’à  son renversement en 1990, est réfugié au Sénégal depuis sa chute. Il avait été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui après avoir été un des généraux et proche conseiller d’Habré avait été accusé de complot et avait fui le Tchad en 1989 pour fonder sa rébellion et finalement renverser son ennemi juré. En 2006, l’Union africaine avait demandé au Sénégal de juger Hissène Habré « au nom de l’Afrique », ce que le président sénégalais avait accepté, mais aucune information judiciaire n’a été ouverte.