Biodiversité : Une Charte de plus ?

À l’occasion du G7 Environnement de Metz (France), les 5 et 6 mai 2019, la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union Européenne, que le Chili, les îles Fidji, le Gabon, le Mexique, le Niger et la Norvège, en présence de l’Égypte, ont adopté une « Charte de Metz sur la biodiversité ». C’est un engagement à lutter pour la conservation de la biodiversité par des actions concrètes. Mais vu le climato-scepticisme de Donald Trump and co et les intérêts économiques mondialisés, n’est-il déjà pas trop tard?

Selon la terminologie consacrée, la Charte s’articule autour de trois axes principaux : « accélérer les efforts pour lutter contre l’érosion de la biodiversité; encourager la participation d’autres acteurs et parties prenantes et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 ». Un programme ambitieux, mais très certainement irréalisable à l’horizon évoqué, comme beaucoup d’autres agendas adoptés ces dernières années en matière de « préservation de notre planète ».

Car la première « Évaluation mondiale de l’état de la nature et des biens et services qu’elle fournit à l’humanité », présentée par l’IPBES (Acronyme anglais de Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) le 4 mai 2019, dresse un constat alarmant. Et les dégâts qu’elle liste semblent dans leur grande majorité irréversibles.

« La nature décline de façon globale et à des rythmes sans précédent dans l’histoire humaine », dit l’IPBES. Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million est désormais menacé d’extinction. Depuis le 16ème siècle, au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu. Entre 1990 et 2015, 290 millions d’hectares de forêts primaires ont disparu à travers la planète et plus de 85% des zones humides qui existaient dans les années 1700 n’existaient plus en 2000.

En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères qui seront perdues d’ici 2100. Les forêts et les terres boisées recouvrent 23 % de la surface terrestre du continent et les terres arables 27%, dont environ un cinquième est actuellement cultivé. Le reste se compose de savanes, prairies, zones arides et déserts.

Le continent africain représente 20,2% de la surface terrestre mais abrite 25% des espèces de mammifères, dont la grande diversité de grands mammifères. On y trouve également un cinquième des espèces d’oiseaux et au moins un sixième des espèces de plantes.

L’Afrique, ce sont 369 zones humides d’importance internationale (sites Ramsar), 142 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, 1 255 zones importantes pour la conservation des oiseaux et la biodiversité et 158 sites où se trouvent des espèces menacées ou gravement menacées d’extinction. Le continent compte par ailleurs 8 des 36 points chauds de la biodiversité recensés dans le monde.

Même si la Plateforme biodiversité met en avant les services rendus, nourriture, énergie, médecine, matériaux, dont les humains ne sont pas toujours conscients, surtout dans les pays dits développés, et les atouts dont dispose l’Afrique, plus proche dans ses modes de vie de sa nature, il n’empêche que les trois-quarts de l’environnement terrestre et environ deux-tiers du milieu marin ont été significativement modifiés par l’homme. Plus d’un tiers de la surface terrestre et trois-quarts des ressources en eau douce sont désormais destinées à l’agriculture ou à l’élevage.

En cause la déforestation, les industries extractives, la destruction des habitats, l’industrialisation de l’agriculture, l’utilisation massive de pesticides, la dégradation des sols, la surpêche, la surpopulation humaine, le changement climatique, les déchets plastiques et l’étalement urbain.

Et il n’est pas utopique de penser que, quels que soient les engagements que les dirigeants mondiaux vont signer, et dont on peut être sûrs qu’ils mettront du temps à être « financés » et « mis en œuvre », cf Copenhague et Paris, l’irréversibilité des dégradations n’augure rien de bon ! Si les pays africains n’y prennent garde, ils paieront encore une fois les pots cassés de la « mondialisation heureuse » dont leurs territoires sont en voie de devenir le principal terrain de jeu.

Lutte contre la déforestation : Une boulangerie solaire à Bougoula

Partenariat Mali Folk Center… Cette boulangerie est le fruit d’un partenariat entre Mali Folkcenter, le Rotary club international et l’Ong finlandaise Dodo. Ces organisations se sont donnés la main pour appuyer les femmes de la coopérative Sinsinbere qui œuvre pour la préservation de l’environnement. Sinsinbere lutte contre la déforestation par des activités génératrices de revenus. La coopérative forme les femmes dans la fabrique de beurre de karité, de savon. Cela évite qu’elles coupent du bois pour se procurer des revenus. Lors de la cérémonie d’inauguration de la commune, Zan Coulibaly a assuré que dans sa commune la coupe de bois pour produire du charbon destiné à  la vente est formellement interdite. Cette boulangerie s’inscrit donc dans cette logique en évitant d’utiliser le bois pour fabriquer le pain et les gâteaux. Réduire la déforestation Le président de l’ONG Mali Folkcenter Bourama Togola a expliqué que l’exemple de la boulangerie solaire de Bougoula doit être suivi par les grandes fabriques de pain de la capitale qui fonctionnent pour la plupart avec du bois. Pour lui, cette initiative fait partie des actions locales qui peuvent avoir des impacts globaux. Bourama Togola a rappelé que son Ong a noué des relations avec cette communauté depuis 2000 quand elle a constaté que les gens d’ici sont attachés à  la sauvegarde de l’environnement. Abordant la question de la lutte en faveur de l’environnement au plan mondial, le président de Mali Folkcenter a indiqué que l’environnement est global. Selon lui, les pays riches ne doivent paspenser qu’ils se débarrasseront de leurs déchets en nous vendant leurs vieilles voitures et leurs vieux appareils électroménagers. La présidente des femmes de la coopérative Sinsinbere n’a pas tari d’éloges pour l’Ong Mali Folkcenter qui leur a permis d’apprendre des activités génératrices de revenus. Préserver l’environnement Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Pr Tiémoko Sangaré a expliqué le lien entre la boulangerie et l’environnement. La fabrication de pain étant grosse consommatrice de bois, elle contribue à  la déforestation. «Beaucoup de boulangeries fonctionnent avec du bois prélevé sur nos forêts», a constaté le ministre Sangaré tout en louant l’exemple du four solaire de Bougoula. Le ministre Sangaré a rappelé ensuite que le monde entier suit les préparatifs de la conférence mondiale de Copenhague sur le changement climatique. «Tout le monde est d’accord aujourd’hui que l’action de l’homme contribue au réchauffement climatique», a-t-il assuré. Pr Tiémoko Sangaré a promis ensuite que son département accompagnera toutes les initiatives de ce genre. «Vous exportez du beurre de karité au Japon. Je souhaite que dans l’avenir vous fassiez des investissements sans avoir besoin de l’appui des partenaires extérieurs», a souhaité le ministre Sangaré. Le four solaire a coûté environ 11 millions de Fcfa. En plus du pain, il peut fabriquer des gâteaux de diverses formes. Le temps de cuisson n’atteint pas 1 heure. La boulangerie peut transformer plus de 50 kg de farine par jour. De quoi approvisionner les populations de la commune rurale de Bougoula en pain et petites friandises. Source : Ministère de l’Environnement et de l’assainissement