Référendum et Baccalauréat : la difficile équation des dates

18 et 19 juin. Ce sont respectivement les dates retenues pour le scrutin référendaire et le début des épreuves écrites de l’examen du baccalauréat. Un chevauchement qui pose question et suscite déjà l’inquiétude sur l’organisation matérielle des deux évènements. Face aux interrogations, le ministère de l’Éducation n’a pas tardé à réagir. Après des rencontres au sein du département, un communiqué daté du 9 mai détaille les dispositions à prendre. Notamment : épargner tous les centres d’examen du Bac dans les activités référendaires, retenir uniquement les écoles fondamentales comme sites de bureaux de vote, épargner tous les personnels engagés dans l’organisation du Bac. Le département demande également de retenir essentiellement les enseignants du préscolaire, du fondamental 1 et 2 dans les activités référendaires, de rendre disponible et afficher les décisions des présidents et des surveillants de centres d’examen au plus tard mercredi 14 juin. Ces mesures visent à ce que le scrutin référendaire ait le moins d’impact sur le début du Bac. Après l’annonce de la date du référendum, plusieurs acteurs du milieu scolaire avaient émis des réserves sur le délai très serré entre le scrutin et l’examen. Certains ont réclamé que l’un des deux soit reporté. Dans son communiqué, le ministère invite à activer les cadres de concertation avec les associations des écoles privées au niveau local pour la mise à disposition de celles d’entre elles qui répondent aux normes afin d’y passer le Bac. Même si ces dispositions concrètes devraient avoir un impact, elles ne suffisent pas pour autant à rassurer tous les acteurs du milieu scolaire. Certains d’entre eux attendent de juger ces mesures sur la base de l’application.

Élection présidentielle : Vers une nouvelle carte d’électeur

Les préparatifs pour  la  tenue de l’élection présidentielle s’accélèrent. Lors du Conseil des ministres du 21 mars a été adopté un projet de loi annonçant le remplacement de la carte Nina par la carte d’électeur pour l’élection de juillet.  Pour l’heure, cette option reçoit un accueil quasi glacial.

Alors que la carte NINA était le seul document permettant aux citoyens d’exprimer  leur choix aux élections, l’annonce d’une carte d’électeur alternative a semé l’ambiguïté. Ainsi, le projet de loi adopté en Conseil des ministres le 21 mars  souligne qu’ « en cas de non disponibilité de la carte d’électeur pour les électeurs inscrits sur les listes électorales, la possibilité d’utiliser la carte NINA comme carte d’électeur » est prévue. Au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, on rassure. « Nous ferons tout pour que les cartes d’électeurs soient disponibles à temps », affirme Madame Camara Fata Maiga, chargée de communication. Selon le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, qui a annoncé cette mesure sur la BBC, il s’agit ainsi de « mettre fin à la polémique selon laquelle des cartes NINA auraient disparu en 2013 ».

Pour le moment, et malgré ces assurances, l’incertitude plane sur la carte qui servira de pièce de vote. Dans le chronogramme élaboré par le ministère de l’Administration, l’examen du projet de loi  par l’assemblée doit intervenir lors de la session qui s’ouvre le 2 avril et dure jusqu’au 1er mai. «  Le projet n’est pas encore passé devant les élus. Tout dépendra de leur approbation », temporise un agent de la Délégation générale aux élections (DGE).

Du côté de l’opposition, c’est la prudence. Pour  Djiguiba Kéita, Secrétaire général  du Parena, il y a désormais des doutes sur ces cartes. Il déplore le manque de préparation des autorités. « Pour nous, il fallait faire une croix sur la carte NINA et établir une carte d’électeur. Mais ce n’est qu’à trois mois de l’élection  qu’on parle de cela. C’est pour faire des choses bâclées », regrette-t-il. Il admet tout de même les insuffisances de la carte NINA. « Apparemment, on peut la fabriquer facilement ici et  il y a des stocks qu’on ne maitrise pas », dit-il. Djibril Cissé, détenteur d’une carte NINA, a son idée : « le mieux, c’est de confectionner une nouvelle carte d’électeur sur laquelle il y aurait les informations sur le bureau de vote aussi. Mais je ne sais pas si  cela pourra être fait à temps ».

 

DEF 2016 : pas de fuite de sujets, mais des fraudes

Hormis Kidal, 236 694 élèves étaient candidats à l’obtention du diplôme d’études fondamentales cette année. Cette année, comme l’année dernière, le département est arrivé à circonscrire la fuite des sujets et rendre la fraude moindre.

Cette année, à la grande surprise de tous, ou presque, l’organisation des examens de fin d’année du diplôme d’études fondamentales (DEF) et du certificat d’aptitude primaire (CAP) n’ont pas fait beaucoup de bruit, comme ce fut le cas ces dernières années, où les fuites de sujet, les fraudes massives ont montré à quel point l’État malien avait du mal à organiser ces examens dans des conditions correctes. La fraude, ce n’est pas exagéré de le dire, avait atteint un seuil intolérable, ôtant du coup toute valeur à ces diplômes, les premiers du cycle scolaire. À ce phénomène, est venu s’ajouter la fuite des sujets. Ainsi, les sujets d’examens circulaient dans les salons, les rues, entre les quartiers, étaient envoyés par SMS, polycopiés dans les cybercafés avant même la date des épreuves. On se souvient qu’en 2014, les fuites de sujets ont valu au Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, et sa ministre de l’Education, Jacqueline Nana Togola, d’être taxés d’incompétence par l’opposition.

Cette année, comme l’année dernière, « il n’y a pas eu de fuite de sujet au DEF », se félicite-t-on au ministère de l’Éducation de base où des mesures ont été prises avant les épreuves. Ombotimbé Amadou, membre de la cellule de communication du ministère, explique que le ministre a dépêché une mission d’experts composée de l’ancien directeur national du centre national des examens et concours, Hassimi Adama Touré, du directeur national de l’éducation de base, Mamadou Diabaté et de l’actuel directeur-adjoint du centre national des examens et concours, M. Coulibaly. La mission a sillonné 18 académies sur les 19 (mis à part celle de Kidal) que compte le pays pour sensibiliser sur la bonne tenue des examens. Elle a aussi rencontré les acteurs de l’école, à savoir les associations de parents d’élèves, les comités de gestion scolaire, les syndicats, les associations des mères d’élèves, les directeurs d’académies et de centres d’animation pédagogique, les enseignants et les directeurs d’école. De plus, la police de surveillance, le modèle de rédaction des procès-verbaux (en cas de fraude), le code de conduite ont été distribués dans les centres d’examens. Et chacun s’est engagé à accompagner le département dans l’organisation des examens.

« Le message de la bonne organisation a été passée », dit M. Ombotimbé. Il s’est tout de même montré réservé sur les cas de fraude. Selon de nombreux témoignages recueillis auprès de certains candidats, il y aurait eu des fraudes. Au Mali, tout se passe comme s’il y avait une règle non écrite qui veut qu’il n’y ait pas d’examen sans fraudes.

 

Examens 2015 : Objectif zéro fraude !

Lycée Ba Aminata Diallo, 8 heures. En ouvrant la toute première enveloppe des épreuves du Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ce 1er juin, le ministre de l’à‰ducation nationale, Barthélémy Togo donnait le coup d’envoi des examens de fin d’année scolaire 2014-2015. Pour ce premier examen, 22 485 candidats sont répartis dans 52 centres à  travers le pays. Les préparatifs de ces examens ont commencé depuis des mois, « au début de l’année », précise le directeur d’un établissement de la rive droite de Bamako, qui est également centre d’examen. « Nous préparons les enfants mais aussi l’organisation des épreuves pour éviter d’être dans les mêmes situations que l’an dernier ». En effet, les examens de juin 2014 ont traumatisé le monde scolaire. Ils se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles, tant pour les candidats, qui sont restés en salle parfois jusqu’à  minuit, que pour les organisateurs qui ne savaient plus o๠donner de la tête. Fuite des sujets, fraude massive et tricherie flagrante, corruption, toutes les tares du système sont apparues au grand jour. Le 11 juin 2014, lors d’une visite de terrain, la commission éducation de l’Assemblée nationale affirmait avoir eu la preuve que des sujets du baccalauréat se vendaient à  400 000 Francs CFA en gros et 3 000 Francs CFA au détail. La commission a pu acheter celui de philosophie et des numéros de téléphone lui ont été donnés pour avoir ceux des autres disciplines. Tollé, arrestations, interpellation de la ministre Togola Jacqueline Nana à  l’Assemblée nationale… Une chose est sûre : la prise de conscience a été nationale. Eviter la fraude massive de 2014 Et à  en croire le chef de cabinet du ministère de l’à‰ducation nationale, « les choses ont changé. Il y a eu la relecture de nombreux textes, pour moraliser davantage la gestion des examens ». Le ministre a, après cet exercice, rencontré tous ceux qui étaient concernés, au niveau central comme local, pour demander une application correcte de ces textes, pour que « si quelqu’un est en faute, il soit sanctionné », précise Mohamed Sokona. Plus question de se contenter des rapports annonçant que tout va bien, les autorités ont effectué plusieurs visites sur le terrain pour se rendre compte des dispositions mises en place, afin d’éviter les surprises de dernière minute, mais également pour s’assurer que les nouveaux textes étaient partagés avec tous les acteurs. Les gouverneurs de région, les directeurs d’académie, les centres d’examen ont également reçu la visite du ministre Togo qui a rappelé chacun à  ses responsabilités, dans un système o๠la gestion des examens est décentralisée. « En somme, les dispositions prises se résument en quatre points : l’information sur les textes, la sensibilisation afin que chacun soit conscient de son rôle, la moralisation et l’application correcte des textes », résume M. Sokona. Parmi ces textes, il y a eu par exemple, les décisions pour le choix des centres d’examen dont certains n’étaient pas appropriés, comme ceux situés dans des marchés. Il y a eu également un travail sur le choix des agents en charge de la surveillance, de la correction et du secrétariat. La police de surveillance et le règlement des examens n’étaient pas appliqués. Par exemple, le téléphone et les documents sont interdits dans les salles et pourtant les enfants les apportent avec eux. « Tout cela ne sera plus toléré, la loi sera appliquée avec la dernière rigueur », car tous les partenaires et acteurs sont informés, des campagnes de sensibilisation ayant eu lieu il y a plus d’un mois à  l’endroit des élèves et des parents. Les Comités de gestion scolaire et les structures AEEM dans les établissements ont été mis à  contribution pour que l’information passe : objectif « zéro fraude » pour les examens de 2015. Du côté du Centre national des examens et concours (CNEC), on est optimiste quand à  l’atteinte de ce résultat. « Nous avons tiré les leçons du passé », assure son directeur, Mohamed Maà¯ga, nommé il y a quelques mois. « Nous avons mis en place un système qui nous permet d’être informés quasiment en temps réel de toutes les situations sur le terrain. Cela nous permettra de mieux gérer les problèmes éventuels» explique-t-il. Autre nouveauté, pour éviter les fraudes, les enfants n’auront pas le droit de quitter les salles avec le sujet avant la fin de l’épreuve, ceci afin que des corrigés ne parviennent pas à  ceux qui composent encore. « Tolérance zéro » Le 25 juin 2014, le ministre de l’à‰ducation de l’époque Mme Togola annonçait aux députés qui l’interpellait, avoir en sa possession « un ordinateur saisi chez les fraudeurs (au DEF et Bac, ndlr). Vous pouvez voir ce qui est dedans, il y a des faux diplômes. J’ai avec moi une longue liste des élèves admis au Bac et DEF avant même la proclamation des résultats !» Fini les faux admis assure le directeur du CNEC. On précise du côté du cabinet que « les résultats des examens ne sont définitifs qu’après deux mois, par décision administrative prise par le gouverneur pour le DEF et par le ministre pour le Bac ». Pendant ces deux mois, il peut y avoir des réclamations, soit pour rétablir un admis dans ses droits, soit pour recaler un « faux-admis », s’il est prouvé qu’il a fraudé ou triché. Les fruits du travail fait en amont sont déjà  visibles sur le terrain. Modibo Kéà¯ta, directeur adjoint de l’académie d’enseignement de Kita, chef du centre d’examen du CAP à  l’Ecole centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration (ECICA), témoigne que les « candidats sont très consciencieux. Ils sont arrivés à  l’heure, ont respecté toutes les consignes. C’’est satisfaisant ». Il relève cependant un problème au niveau des surveillants qui ne semblent pas très engagés pour l’atteinte de l’objectif assigné. l’un de ceux du centre a même été renvoyé chez lui dès ce lundi pour avoir aidé des candidats. Tolérance zéro donc pour tous les contrevenants. Une rigueur que tous espèrent voir continuer pour la réussite du DEF qui a débuté le 3 juin et pour le Baccalauréat ainsi que le Brevet de technicien qui doivent se tenir la semaine prochaine. Comme l’a dit le chef de cabinet Sokona, il y va de la responsabilité de tous pour avoir des examens sans fraude ni triche. « l’à‰tat a fait l’essentiel, le reste dépend de la bonne volonté de tous ».

Début du DEF 2013

C’’est demain mercredi 5 juin 2013 que débuteront les examens du Diplôme d’études fondamentales(D.E.F) au Mali. En attendant l’heure de vérité, C’’est la veillée d’armes chez les candidats. En effet, depuis déjà  quelques jours des groupes d’exercice collectifs se forment pour des séances de révisions. Les espaces publics ou autres coins calmes sont pris d’assaut par les candidats subitement pris par une frénésie de révision. Les parties de sports, de PlayStation, les virées nocturnes et toutes autres formes de récréation sont abandonnées momentanément pour faire face à  l’essentiel à  savoir l’examen. Le dernier round Amadou Kanté, candidat malheureux de la session dernière est en train de mettre tous les atouts de son côté pour franchir le cap cette année. Depuis une semaine, le pauvre passe des nuits blanches pour ‘’boire » toutes les leçons. Il consacre également une bonne partie de la journée avec des amis à  traiter des exercices en Math et en Physique et Chimie. « Cette année, je ferai tout pour réussir au D.E.F. J’ai tiré les leçons de mon échec de l’an passé, cette année sera la mienne s’il plait à  Dieu », dit-il avec d’un air très confiant. Seul le travail paye. Telle est la conviction de Assétou Coulibaly, élève au second cycle de Sébénicoro. Régulièrement classée dans le top 5 de la classe, l’adolescente préfère une préparation en solo pour, dit-elle, être mieux concentrée. Ce qui ne l’empêche pas tout de même de s’attacher souvent les services de certains grand-frères pour la « dépanner ». Avec 14 comme moyenne annuelle, candidate affiche une grande confiance quant à  sa réussite. « Au regard du travail que J’ai abattu pendant l’année scolaire, je très sûre d’être admise sans problème. Tout le monde sera récompensé par les efforts fournis », lâche-t-elle sans fausse modestie. Contrairement à  Amadou et Assétou, Alassane Touré, élève dans une école privée à  Hamdallaye ACI se veut plutôt fataliste. Selon lui, l’échec et la réussite à  un examen dépendent de la volonté de Dieu. Pourtant il se défend d’être un fainéant ou mauvais élève. Je suis en train de faire de mon mieux, explique le garçon, mais chacun suit son destin. Des arguments battus en brèche par Mamadou Doumbia, maà®tre de Mathématiques, qui estime que tous les candidats sont maà®tres de leur destin. l’examen, explique le matheux, ne se prépare à  quelques jours du jour J, mais depuis le début d’année. Et seuls ceux qui ont travaillé avec courage et abnégation pendant toute l’année vont réussir sans doute. l’examen, poursuit-il, n’a rien de sorcier, et la réussite est au bout de l’effort. Selon un directeur d’école qui a préféré garder l’anonymat, le département de l’éducation à  pris des dispositions pour éviter considérablement les velléités de fraudes. Pour le futur chef d’un centre d’examen, la pratique qui, consistait pour certaines écoles retenues comme centre d’examen de préparer pour les surveillants en vue de bénéficier de leurs faveurs, est interdite cette année. Tout comme d’autres infiltrations étrangères dans les centres d’examens dont l’objectif est de transmettre les sujets à  des candidats. Comme quoi, un candidat averti en vaut deux. Bonne chance!

Session unique à la Flash : Pour les étudiants, il n’en est pas question!

Toujours redoutée par les étudiants, la session unique apparait comme une arme à  double tranchant. Les motivations des étudiants à  rejeter cette forme d’évaluation tient principalement au fait qu’elle minimise leurs chances de passer en classe supérieure. Pour manifester leur désaveu, ils n’ont pas manqué d’initiatives pour afficher leur désaccord. La marche pacifique qui s’est déroulée il y a quelques jours s’inscrivait dans ce cadre. Mohamed El bechir Simaga, 1ère année Histoire : Je pense qu’on perd notre temps dans la protestation. La direction de l’école ne va pas fléchir. On n’a pas le choix. Sirantou Diallo, Maitrisard en aménagement : C’est vrai que la session unique n’est pas une bonne chose pour nous. Mais j’invite mes camarades à  mettre la pédale douce. Je sais que personne d’entre nous n’acceptera la session unique. Mamadou Cissé, étudiant en Licence Philosophie : Jamais nous n’accepterons d’aller vers la session unique. Ce n’est pas de notre faute si l’année universitaire a été tronquée. Nous ne pouvons pas continuer à  être les éternelles victimes du système éducatif actuel. Il faut que ça change! Boulan Traoré, Maitrisard en sociologie : Pourquoi vouloir nous emmener à  l’abattoir. Nous ne le méritons pas! C’est le système qu’il faut remettre en cause, sans oublier le comportement irresponsable des enseignants qui, à  tout bout de champ déclenchent des périodes de grève. Aujourd’hui il est temps que gouvernants, étudiants et enseignants accordent leurs violons et s’assument. Fanta Maà¯ga, étudiante en bilingue (Anglais, Allemand): Je crois qu’il est temps résister face à  certaines situations dans le milieu universitaire. Nous avons pendant longtemps été traités comme le dindon de la farce dans cet établissement. Il est temps de sortir nos muscles pour que les choses ne restent pas telles, étant entendu que nous avons notre partition à  jouer en tant que premiers acteurs.