Interdiction d’importation de farine : un soulagement temporaire

L’importation de la farine de blé et des pâtes alimentaires a été suspendue jusqu’à nouvel ordre par arrêté interministériel n°2023-1960 MIC-MEF du 11 août 2023. Une décision provisoire destinée à booster les unités industrielles locales. Si la décision réjouit les acteurs de la filière, ils espèrent que la production nationale sera augmentée pour faire face aux besoins.

Après la crise en Ukraine, ayant entraîné une augmentation spectaculaire du prix du blé, plusieurs pays ont bénéficié d’octroi de blé par la Russie. Dans ce cadre, le Mali a reçu 50 000 tonnes. Une mesure qui a permis aux autorités de demander aux meuniers de céder le sac de farine de 50 kg à 24 000 francs CFA au lieu de 27 000, voire 30 000 par moment, selon Monsieur Mamadou Lamine Haïdara, Président de la filière Pain.

Si la décision est salutaire pour les distributeurs et les consommateurs, pour lesquels elle permet d’assurer le maintien des prix, elle doit être soutenue par une amélioration de la production pour faire face aux besoins. « Tous les Maliens doivent opter pour les produits locaux », estime Boubacar Yalcoué, Directeur général de MG Distribution. « Parce que les produits importés peuvent menacer des emplois ici. Or, nous avons plusieurs unités industrielles qui concernent des milliers d’emplois. Nos unités sont capables de couvrir les besoins », assure-t-il. Seulement, il insiste sur la qualité des produits. Si nos industries produisent des pâtes de qualité, il n’y a pas de raison que celles fabriquées ailleurs puissent leur faire concurrence.

Maîtriser les coûts

Il est possible d’offrir la farine à un coût raisonnable, assure M. Haïdara. « Seulement les meuniers font de la surenchère », ajoute-t-il. Même s’ils ont du blé à un coût raisonnable. L’augmentation du prix de la farine pourrait entraîner celle du pain, c’est pourquoi l’État intervient pour faire baisser les prix. S’il estime aussi que pour les pâtes, il faut améliorer la qualité, car toutes les unités n’en font pas une priorité. « Il faut une solution à long terme parce que cette mesure ne peut être que provisoire ».

« Il faut mettre en place les mécanismes et nous en avons les moyens », insiste-t-il, pour augmenter la production. Actuellement, le Mali ne satisfait qu’à environ 10% ses besoins en blé annuels. Chez les industriels ou dans la chaîne de distribution, la mesure, bien que provisoire, a un impact positif. « La demande n’est pas plus forte que l’offre et les usines tournent à fond », ajoute Boubacar Yalcoué.

Achcar : Après la farine… bromatée, le thé vert

Estimés à  60, sur toute l’entendue du territoire national, les opérateurs de la filières thé n’auront plus le choix : ou ils deviennent des Agents commerciaux d’Emile Achcar, ou ils mettent la clé sous la porte. Tout a débuté le 14 avril dernier, lorsque la direction nationale du commerce et de la concurrence leur annonce, sans sourciller, que l’octroi des licences d’importation de thé est suspendu. Du moins, jusqu’à  nouvel ordre. Colère et indignation dans les rangs des opérateurs de la filière thé. Après avoir bénéficié, des années durant du monopole sur l’importation de la farine, -monopole levé, suite au scandale lié à  l’usage du bromate de potassium dans ce produit – la famille Achcar s’apprête à  s’arroger un autre monopole : celui sur le thé. Pour Hama abba Cissé, vice –président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) et non moins, président des commerçants détaillants, cette décision vient du ministre de l’Investissement, du Commerce et de l’Industrie, Ahmadou Abdoulaye Diarra ; lequel utilise la direction nationale du commerce et de la concurrence comme son bras armé. « s’ils ont pris de l’argent, pour sortir cette décision, ils nous entendrons. Car, nous ne sommes pas prêts à  nous laisser faire » avertit Hama abba Cissé. Le monopole Achcar ? Selon Mme Ben Baba Djamila, présidente de l’association des intervenants dans la filière thé au Mali, cette décision n’a d’autre but que de transformer les opérateurs de la filière thé en Agents commerciaux d’Emile Achcar : « l’Etat veut qu’ils soient les commerciaux d’Emile Achcar. Et que tous les Maliens soient convertis en consommateurs du thé « Baro », le thé d’Emile Achcar », explique t –elle avec une voix nouée par la colère. Pour Jeamille Bittar, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, cette mesure ne passera pas : « On n’est pas d’accord que Emile Achcar ait un monopole sur le thé ». En attendant, les opérateurs de la filière thé fourbissent leurs armes. Afin que cette décision, « inique » et « cynique », soit abrogée par le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement.