Migration : S’informer pour mieux décider

Le 25 juillet dernier, l’UNESCO, en collaboration avec l’Agence italienne pour la Coopération au développement (AICS) et en partenariat avec le ministère de la Communication chargé des Relations avec les Institutions, porte-parole du Gouvernement, a procédé au lancement du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication » pour renforcer l’accès à l’information migratoire en faveur des jeunes.

D’une durée de trois ans, le projet couvre huit pays d’Afrique et vise à améliorer l’accès à l’information, des jeunes notamment, sur les risques et les opportunités liés à la migration. Le ministre de la Communication, Yaya Sangaré, présent au lancement, s’est félicité de voir naître cette initiative. « Ce projet répond à la nécessité d’informer correctement notre jeunesse, afin que la décision de migrer soit le résultat d’un choix libre et responsable et non une nécessité », a-t-il assuré. Un projet qui pourrait aussi permettre aux médias accroître leur capacité à mieux informer. « Tous les médias ne sont pas au même niveau d’information. Les nôtres relaient pour la plupart ce que la presse occidentale publie. Il faut une formation de nos médias sur les routes migratoires, les acteurs, les dangers », préconise le Pr Fodié Tandjigora, chef du département Sociologie – anthropologie de l’université des Lettres et des sciences humaines de Bamako. Il est prévu un renforcement des capacités des médias, par des sessions de formation notamment, ou encore l’adoption de modules dans les écoles de journalisme. Selon le Professeur, une meilleure information pourrait retarder les candidats au départ dans leur prise de décision, voire, avec le temps, en dissuader certains, qui ne sont pas « informés de l’ampleur réelle des risques ». Spécialiste des questions migratoires, le Pr Tandjigora espère que le projet ne sera pas qu’une campagne, « il ne serait pas efficace dans ce cas ».

Déconstruire le mythe

Il est bien ancré et s’en débarrasser point facile, le mythe de l’Eldorado occidental, « la Terre promise » pour de jeunes africains. Dans un document envoyé par l’UNESCO, les chiffres de la CEDEAO pour 2016 soulignent que 80% des migrations africaines sont internes au continent et concernent près de 19 millions de personnes. « Le tout n’est pas de parler des drames en Méditerranée, il nous faut également conter les histoires de ceux ayant réussi à gagner l’Europe, otages de leurs familles, et qui vivent dans des conditions exécrables », propose Alexis Kalembry, Vice-président de la Maison de la presse.

 

Forum africain pour la résilience : Comprendre la migration

Le Mali a participé au troisième Forum africain pour la résilience (FAR), organisé par la Banque africaine de développement (BAD) du 4 au 6 mars à Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Fragilité, migration et résilience », c’est le thème « pertinent » de cette édition, qui donnera l’occasion à la banque d’analyser notamment les relations entre « migration – humanitaire – sécurité », « jeunesse et création d’emplois », « migration et genre », « changement climatique et impact sur l’environnement ».

Comprendre la migration est essentiel pour la BAD, « car ce travail lui fournit les options pour soutenir des programmes qui réduiront, les flux tout en augmentant les rendements », selon M. Charles Boamah, le Vice-président principal de la banque.

Si la migration intra-africaine représente 70% du phénomène, ce pourcentage atteignant même 80% pour l’Afrique subsaharienne, « les solutions innovantes dans le domaine », qui seront débattues au cours d’une plénière, permettront de mettre en évidence comment la pauvreté et le manque d’emplois deviennent de puissants leviers pour la migration et l’instabilité.

« Les défis de la migration exigent des réponses audacieuses », selon les responsables de la banque. Ce qui justifie la mise en œuvre d’un nouvel outil d’évaluation de la résilience et de la fragilité des pays (ERFP), pour renforcer la résilience des États membres.

Solutions à long terme

Outre la fourniture d’assistance aux réfugiés libyens en  Tunisie et dans d’autres pays du continent, comme Djibouti, le Burundi, le Sénégal, le Nigeria, le Zimbabwe et le Mali, la BAD a lancé le programme « Des emplois pour les jeunes en Afrique » afin d’offrir des opportunités dans le secteur agricole pour leur éviter de tomber dans le piège que constitue souvent la migration. Le thème de la migration est aussi au cœur du travail de la BAD avec l’Union Africaine, la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique, les sociétés civiles et les milieux d’affaires du continent. Pour la BAD, la problématique doit être l’occasion d’un partenariat gagnant – gagnant, non seulement à l’intérieur de l’Afrique, où les flux sont les plus importants, mais aussi avec le reste du monde, parce que le continent a représenté 10% des 258 millions de personnes concernées par le phénomène en 2017.

C’est pourquoi la banque invitera les 400 participants de tous bords et de tous pays à proposer « des actions concrètes pour relever les défis de la migration et renforcer la résilience dans 21 pays africains dits en situation de fragilité ».

Migrants rapatriés de Libye : retour à la case départ

Face à l’horreur des pratiques obscures en Libye, l’État malien a décidé de rapatrier certains de ses enfants, sur la base du volontariat. Le 24 novembre, 124 migrants, sur les 170 initialement attendus, ont pu de nouveau fouler le sol de leur patrie. Comment sont-ils pris en charge ? Quel sort leur est réservé dans leur pays, qu’avaient pourtant fui pour des lendemains supposés « meilleurs » ? Mais surtout, que reste-t-il de ces personnes brisées ?

17 h 50. Pile à l’heure, l’avion s’est enfin posé sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta. Des jeunes hommes dont la moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, visage fatigué et même camouflé pour certains, démarche mollassonne, regards dans le vide, telles sont les premières images de ceux qui reviennent « bredouilles » au pays. Tous vêtus de la même manière : survêtement bleu marine ou gris.

Ils sont accueillis par des membres du gouvernement, des représentants de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et la Protection civile. Malgré la fatigue, certaines langues se délient timidement. « Les conditions étaient très difficiles, vendre des personnes comme des poulets, on voit cela en Libye maintenant. Grâce à Dieu, je n’ai pas connu cette situation. J’ai eu beaucoup de chance, car on était susceptibles d’être vendus partout », nous confie l’un des hommes. Interpellé par un agent de la Protection civile, il part rejoindre le reste du groupe, déjà à bord des cars affrétés en direction de Sogoniko. D’autres ressortissants maliens avaient auparavant pu rentrer volontairement par un vol opéré par les autorités nationales et l’OIM, notamment.

De la prison au camp de réfugiés

A la base de la Protection civile, c’est en file indienne que nous retrouvons ces jeunes hommes. Des médecins et des infirmiers sont là pour les ausculter et leur poser des questions. « Il ne faut pas prendre uniquement en compte les maladies somatique, c’est-à-dire, physiques. Nous avons détecté des infections, des maladies de la peau, des lésions cutanées d’origine traumatique, des infections respiratoires et des infections urinaires qui seront prises en charge ici ou dans les centres de santé », explique Sidiki Togo, Médecin – Commandant de la sous-direction Santé et secours médical de la Direction générale de la Protection civile.

Les arrivants sont ensuite invités à se diriger vers la cour extérieure, où il est procédé à leur identification.  Pour les migrants originaires d’autres localités que Bamako, des lits sont mis à disposition dans les dortoirs. Harouna se confie : « c’est le destin. Je ne m’attendais pas à ça », dit-il, encore secoué par les événements. Des amis du jeune homme de 19 ans l’avaient pourtant rassuré avant son périple. Eux sont en Algérie, où tout se passe bien, d’après Harouna. « Quand nous avons quitté le Mali, à la frontière algérienne cela n’a pas du tout été facile. Nous voulions même repartir, mais comme on nous avait aidés pour le financement du voyage, nous nous devions de continuer ».

Après quelques jours en Algérie, le calvaire atteint son paroxysme en Libye. « Ils nous ont lancé sur l’eau, mais le bateau était percé. La mort nous faisait face. On était 150 au départ, mais il y a  eu des morts. Les Asma Boys [les gangs de Tripoli qui s’en prennent aux Sub-sahariens : NDLR]  » sont venu nous prendre et nous jeter en prison, en nous demandant de l’argent pour sortir. Nous n’en avions pas. Chaque jour, on mettait du courant sur nous, on nous frappait. On nous donnait un pain tous les jours à 16 h, avant de nous dire d’appeler nos familles. Quand appelais plus de 30 secondes, on te frappait pour que ta famille t’entende. Nous sommes restés quelques mois à Sabratha, une ville au bord de l’eau. La police et l’OIM sont venus casser la prison et nous libérer, avant de nous amener dans un camp de réfugiés. J’y suis resté presque deux mois », explique le rescapé. Malgré le récit de ce calvaire, sa joie est manifeste : « aujourd’hui, pour moi, c’est une fête, parce que je suis rentré ».

Issa, un rêve brisé

En attendant de prendre place dans les dortoirs ou de voir leur famille venir les chercher, ces hommes ne se laissent pas abattre. En dépit de la fatigue, de la peur et de l’échec, car leur projet de vie n’a pas pu aboutir, leur foi est intacte. Certains font leur prière à même le sol, faute de tapis. Parmi les plus jeunes, nous discutons avec Issa, 15 ans seulement. Son rêve était de devenir footballeur dans un club européen. « Mes parents m’ont motivé pour partir, parce que je savais jouer au foot. Mon grand frère m’a donné l’argent », dit-il. Son rêve est brisé et sa voix tremblante. Quand l’adolescent se replonge dans ses souvenirs macabres, l’émotion est palpable. « Mon voyage s’est très mal passé. On m’a mis dans le coffre d’une voiture, enfermé, ligoté, avec un grillage et des bâches très sales sur moi. On vous attache à deux ou trois personnes. Dans le désert, les bandits vous agressent et prennent votre argent, quand ils ne vous tuent pas. Il y a beaucoup de morts. On ne peut pas tout dire, wallaye ! ». Deux mois après son arrivée, Issa s’est retrouvé derrière les barreaux pendant six mois. Son message aux potentiels candidats à l’immigration irrégulière est sans appel : «  Même à mon pire ennemi je ne conseillerais pas d’emprunter cette route-là. Je ne veux plus y aller. La Libye, c’est l’enfer. Si vous avez du talent, il faut travailler dans votre pays. C’est Dieu qui donne l’argent. Quand tu marches dans le désert, ce sont des corps couchés que tu enjambes. C’est n’est pas facile », conclut Issa, avant qu’un agent de l’OIM ne l’escorte, car il est trop affaibli pour tenir sur ses deux jambes.

Des « frères » comme bourreaux

Le plus âgé des migrants a bien voulu faire part de son expérience au Journal du Mali. Yaya, 36 ans, éprouve beaucoup d’amertume face aux bourreaux qui règnent en maîtres dans les prisons libyennes. « On a tendance à indexer, à tort, les Arabes pour les exactions commises à l’encontre des Noirs. Ce sont plutôt les Noirs qui se maltraitent entre eux. Ce sont eux qui font les prisons et ce sont eux qui torturent », déplore ce Malien. En maltraitant leurs propres « frères », ces bourreaux espèrent sauver leur peau. « Il est même promis au tortionnaire qui arrivera à obtenir le plus de rançons, un voyage tout frais payé vers l’Italie. Ils ont trois mois pour cela et ils s’en donnent à cœur joie ». Yaya poursuit : « il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. Celle d’un jeune plein d’entrain, toujours le bon mot pour mettre l’ambiance. Il s’est fait égorger et éventrer et ce sont des Noirs qui ont fait ça ».

Une nouvelle semaine vient de commencer à Bamako et la vie reprend son cours dans une famille de Daoudabougou. A l’heure de la sortie des cours, nous retrouvons deux frères, partis sur la route sinueuse de l’Europe tant rêvée. Cette famille avait investi trois millions de francs CFA pour faire partir ses deux fils, mais, de retour de Libye, impossible de remettre la main sur cet argent, prêté par des parents. Ali, le benjamin voulait passer son bac en France, et il peine encore à retrouver ses marques. « À mon retour à Bamako, l’école avait déjà repris. La semaine dernière, j’ai pu m’inscrire pour cette nouvelle année, mais je suis en retard alors que je dois passer le bac ». Son frère aîné, Kodéré, voulait « aider la famille. Nous n’avons pas grand-chose et l’idée était d’aller en Libye pour changer nos conditions de vie ». Délégué par le chef de famille, Mohamed, le grand frère, remercie Dieu d’’avoir retrouvé ses petits frères. Mais « ils sont revenus malades. Nous les avons donc emmenés à l’hôpital où les médecins ont dit qu’ils étaient déshydratés. Nous étions très contents de les voir, car les informations qui nous parvenaient n’encourageaient pas à l’optimisme. Ils ne sont pas totalement guéris, le traitement continue. Nous avons fait beaucoup de dépenses pour les soigner et nous ne sommes pas couverts par l’Assurance Maladie Obligatoire ».

Quid des aides promises ?

« Pour l’heure, nous ne bénéficions d’aucune aide. L’OIM nous a promis d’aider mes frères à monter un projet et de nous rembourser les frais d’ordonnance. Cela fait trois semaines et nous n’avons pas de nouvelles », explique Mohamed. L’organisation assure que des initiatives sont en cours. « Elles vont permettre de bénéficier d’activités de réintégration et aux communautés d’origine des migrants d’avoir des projets productifs. Tout cela est important quand c’est couplé avec des messages de sensibilisation », précise Bakary Doumbia, représentant de l’OIM au Mali. Comme les deux frères de Daoudabougou, Yaya évoque le soutien de l’OIM, sans trop y croire. « Ça ne me dit rien, je sais ce qu’est le Mali. Tu présentes tes documents de projet et ils vont prendre la poussière, à tel point que tu les oublieras toi-même ».

Yaya comptait mettre les voiles sur l’Italie, mais décidera de s’établir en Libye. Après quelques déboires à Sebha, il s’installe à Tripoli, « plus sûre ». « J’ai eu beaucoup de chance. J’étais au service d’un vieil arabe qui m’a traité comme son fils. Il savait ce que c’était que d’être dans un pays étranger. Je vivais dans l’une de ses maisons et j’étais bien payé. Je ne pouvais rêver mieux ». Après un an, la vie de Yaya a basculé lors d’une simple course. « Sur la route, une voiture s’est brusquement arrêtée devant moi. Dedans, il y avait des soldats libyens. Ils m’ont demandé de monter. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont menacé avec une arme. Je me suis donc exécuté et ils m’ont emmené à l’Immigration ». Pendant un mois, ce sera le centre de rétention, avant l’embarquement dans un charter pour Bamako. Yaya a laissé derrière lui ses effets personnels et trois millions de francs CFA. « Cet argent devait me servir à rentrer au Mali en 2018, à me marier et à monter un élevage de volailles. Là, je repars à zéro ». Yaya ne peut compter aujourd’hui que sur lui-même et sur ses proches pour construire au mieux son avenir chez lui, au Mali.

 

123 Maliens arrivent de Libye

Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine le Docteur Abrahamane Sylla a animé une conférence de presse ce 24 novembre 2017, quelques heures avant l’arrivée prévue des 123 Maliens rapatriés de Libye. Tout en rappelant l’importance de la migration dans notre pays, il a affirmé l’opposition du gouvernement à la migration irrégulière et exposé les programmes mis en œuvre pour faciliter la réinsertion de ces Maliens de retour.

Depuis le début de l’année 3 715 Maliens ont été rapatriés de Libye. Un pays aujourd’hui en proie à l’instabilité et l’insécurité exposant les migrants qui y vivent à toutes sortes d’abus et de violence. C’est dans ce contexte difficile que 123 Maliens arrivent à Bamako.

Le 7 décembre 2017, un autre vol est prévu pour rapatrier d’autres Maliens de ce pays. Des Maliens en situation difficile et dont certains sont même en prison selon le ministre Sylla, qui précise que des négociations sont en cours pour leur libération. En raison des conditions difficiles que rencontrent ces Maliens de retour, les autorités ont envisagé des projets de réinsertion à leur intention. « Nous ne sommes pas contre la migration, nous sommes contre la migration irrégulière qui coûte la vie aux jeunes », affirme le ministre Sylla.

« Entre 2016 et 2017, 12 00 jeunes ont été réinsérées à travers des projets mis en place par le ministère », selon le ministre Sylla. Des projets que le gouvernement mène parallèlement avec une politique de sensibilisation pour l’abandon de la migration irrégulière, selon le ministre Sylla.

« Nous disposons d’un fonds de 99 milliards pour aider les jeunes à rester dans leurs localités d’origine et aider à la réinsertion de ceux qui sont de retour », affirme le ministre des Maliens de l’extérieur. Un fond mit à la disposition grâce aux différents partenaires de l’État. Ce sont des projets nationaux pour permettre de maintenir les jeunes, dans le domaine de l’anacarde et d’autres dans le domaine dans le domaine de l’artisanat. Pour ceux qui ne sont intéressés ni par l’anacarde ni par l’artisanat, ils peuvent également bénéficient de financement pour leur projet de réinsertion, précise le ministre Sylla.

 

À la croisée des chemins : la migration au sens positif

Du 17 au 25 Novembre, les chemins se croisent à Bamako, Kayes et Sikasso. A contrecourant, de l’actualité pernicieuse sur la migration, « A la croisée des chemins » souhaite montrer l’apport positif à la culture, sous toutes ses formes,  de la migration.

Ce vendredi débute le programme culturel « A la croisée des chemins », qui vise à montrer la contribution de la migration aux cultures française, allemande et malienne. A l’initiative du fonds culturel franco-allemand, rappelons-le deux pays qui ont réglé leurs différends d’antan en  favorisant le dialogue et la coopération culturelle, le débat d’idées sous forme de conférences thématiques, les manifestations culturelles et artistiques permettront de valoriser l’influence de la migration sur « les scènes culturelles et les pratiques artistiques ».

« On est en train de passer dans un autre monde. Le monde se dé-racialise » souligne Jean-Louis  Duvauroux, écrivain philosophe et l’un des conférenciers au programme, qui se qualifie d’afro-ascendant. Alors qu’encore samedi, un quotidien allemand a établit une liste de 33 293 migrants clandestins morts en essayant de rejoindre l’Europe entre 1993 et 2017, « A la croisée des chemins » consiste à relever les vertus du métissage dans le contexte malien. Qui dit flux migratoire, dit découverte de l’autre et de soi qui a pour conséquence la création d’une identité hybride et métissée. C’est ce métissage et ses conséquences positives sur la culture qui seront à l’honneur pendant toute une semaine dans trois différentes villes maliennes. Si bamako est la capitale du Mali, il est juste de rappeler que Kayes et Sikasso sont les villes d’où le plus grand nombre de migrants maliens entament leur voyage au périple, souvent de leurs vies. Les routes du Mali ont été vecteur de brassage et d’échanges de personnes, mais également des biens artistiques venant d’Europe ou du Mali. Ces routes, chemins empruntés tout au long du voyage est et a toujours été les lieux privilégiés d’échanges d’oeuvres culturels.

Le programme culturel s’adresse à un public le plus large possible et assez diversifié eu égard de la diversité culturelle et artistique des manifestations notamment le cinéma au grand air à Sikasso, la prestation musicale de Fatoumata Diawara, le défilé du célèbre Xuly Bêt, les débats d’idées au sein de l’université des Lettres et de Sciences humaines de Bamako.La double question que se pose les organisateurs, « comment la migration sert la culture, et comment la culture sert la migration » sera discuté, débattu, mis en évidence dans ses différents emblèmes culturels au Mali.

IBK à l’ONU : « La détérioration de la situation sécuritaire au Mali a eu un impact négatif sur la mise en œuvre de l’Accord».

 

Avancée de l’accord de paix, situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel, force du G5 Sahel, migration, le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, a évoqué de nombreux sujets à la tribune de l’ONU, lors de la 72ème assemblée générale des Nations-Unies. Voici ce qu’il faut en retenir.

Durant les premières lignes de son discours, il a tenu a rappelé que depuis sa prise de fonction en 2013, il n’a cessé d’œuvrer en faveur de la paix au Mali. « Je n’ai cessé de m’investir pour porter rapidement la paix et la sécurité à mon peuple à un niveau acceptable, pour créer les conditions véritables d’une vie décente au bénéfice de toutes les populations maliennes et pour améliorer notre environnement de vie ».  Le président IBK a également exprimé sa satisfaction sur l’état d’avancement du processus de paix qu’il juge « satisfaisant ». « A la date d’aujourd’hui, les autorités intérimaires et les collèges transitoires, deux éléments clés de l’Accord, sont opérationnels dans les cinq régions du nord du Mali… je me réjouis particulièrement de la dynamique actuelle qui vise le retour définitif de l’administration à Kidal » soutient-il.

N’occultant pas les difficultés qui ralentissent la mise en œuvre de l’accord de paix, IBK a exprimé sa gratitude envers les Nations-Unies pour les résolutions portant sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA et sur un régime de sanctions contre « ceux qui entravent la mise en œuvre de l’accord ».

Il a profité de la tribune qui lui était accordée, pour juger de l’état de la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel jugé « préoccupante » et profité par la même de plaider pour un financement plus conséquent en faveur de la force du G5 Sahel. « Je voudrais appeler votre attention sur quelques défis qui jalonnent l’opérationnalisation et le maintien de la force. Au nombre de ces défis, figure en bonne place, la mobilisation du financement intégral de la force. C’est donc l’occasion pour moi d’inviter tous les pays amis et les organisations internationales partenaires à la conférence internationale de planification des contributions à la Force, prévue en décembre 2017 à Bruxelles ». Il a annoncé que les premières opérations de la force débuteront en octobre 2017.

Concernant le brûlant sujet de la migration, le président dit « pleinement appuyer le processus qui vise l’adoption en 2018, d’un pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées ». Il a toutefois tenu à saluer « la contribution substantielle de la diaspora malienne au développement économique, scientifique, culturel et social du Mali ». « Cette diaspora constitue à la fois notre fierté et notre richesse » appuie-t-il.

En premier publicitaire pour le Mali, IBK, a présenté avec fierté l’assainissement du cadre macro-économique du pays avant de lancer une invitation à « tous » pour venir faire le pari du Mali les 7 et 8 décembre prochain, à Bamako.

 

 

Quarante pays africains pour un pacte mondial des migrations

Quarante pays africains se sont retrouvés les 28 et 29 août 2017 à Bamako dans le cadre des consultations africaines sur le pacte mondial des migrations. L’objectif était d’aboutir à une position commune du continent sur la question des migrations.

Environ 50 organisations de la société civile du continent ont participé à ces consultations. Les thèmes abordés étaient relatifs aux causes profondes des migrations, aux facteurs de la mobilité en Afrique (la pauvreté, les conflits ou les changements climatiques…), les questions de droit de l’Homme, d’inclusion sociale, d’intégration et aussi les questions relatives à la xénophobie et au racisme entre autres. Il faut rappeler que 80% de la migration en Afrique se fait entre pays africains. Raison de plus pour le ministre malien des Affaires étrangères, Mr Abdoulaye DIOP, « (…) pour que l’Afrique puisse parler d’une seule voix et voir comment faciliter la migration au sein du continent (…) et aussi que la migration ne soit pas seulement perçue comme un problème mais surtout aussi comme une opportunité ».

Le Pacte Mondial sur les Migrations Sûres Ordonnées et Régulières (PMM) est né du sommet de haut niveau sur les Réfugiés qui s’est tenu le 19 septembre 2016 à New York. Pour la première fois les chefs d’État et de gouvernement du monde se sont réunis à l’ONU pour améliorer la coopération et la gouvernance autour des questions de migration et des réfugiés. A l’issue de ce sommet, 193 États se sont engagés à négocier un pacte mondial sur la question migratoire

Parmi ces engagements figurent la protection de la sécurité et de la dignité de tous les migrants quel que soit leur statut migratoire et à tout moment.

Un pacte qui doit être élaboré à travers un processus inclusif impliquant, la société civile, les institutions comme l’OIM (Organisation Internationale Des Migrations). La résolution invite notamment les commissions économiques régionales (CER) en collaboration avec l’OIM notamment d’engager les discussions avec les États et les parties prenantes afin de contribuer aux processus préparatoires et d’inventaire du Pacte Mondial.

Pour ce qui concerne le Continent, la Commission Économique et Sociale pour l’Afrique (CEA), se réunira du 18 au 20 octobre 2017 à Addis Abeba avec les experts de toutes les sous-régions.

Crise migratoire : De nouvelles mesures qui font débat

A l’issue du sommet qui s’est tenu hier lundi à Paris, dirigeants africains et européens ont adopté une feuille de route visant à renforcer le soutien aux pays africains sur la crise migratoire. Ces pays pourraient en outre servir de « hotspot » pour essayer de contenir le flux migratoire à la base.

Le président français, Emmanuel Macron a proposé d’identifier, à partir du Niger et du Tchad, les candidats à la migration qui auront le droit d’asile. « Cette procédure, qui permettra de donner cet asile directement sur territoire africain, sera menée dans des zones identifiées pleinement sûres au Niger et au Tchad, sous la supervision du HCR, le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU » a précisé le président français. Pour justifier cette nouvelle mesure, le chef de l’Etat français met en avant la sécurité des potentiels migrants. « Cela permettra d’éviter à des femmes et des hommes de prendre des risques inconsidérés dans une zone extrêmement dangereuse puis en Méditerranée ». Des annonces qui passent mal auprès du président de l’association malienne des expulsés (AME), Ousmane Diarra. « C’est très dangereux pour l’Afrique, les Hotspots qu’ils entendent mettre en place. Ils ne sont autre chose que des centres de tri, le traitement des dossiers traînent en longueur, et à 90%, les réponses sont négatives » estime-t-il. « C’est une initiative française, c’était un projet de longue date, le président français avait la charge de convaincre ses homologues tchadiens et nigériens, et ce sont des pays qui font partie du G5 Sahel, alors j’imagine mal qu’ils puissent refuser » estime-t-il. « A terme, aucun pays du G5 Sahel ne pourra y échapper, aussi bien le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie, ces pays seront tous concernés à un moment ou à un autre, mais nous qui sommes de la société civile allons dénoncer ces mesures avec lesquelles nous ne sommes absolument pas d’accord » ajoute-t-il.

Une réunion, à laquelle le Mali, pourtant également zone de transit des migrants (Gao) n’a pas été convié. « Depuis 2008, certains pays ont commencé à signer des accords de réadmission, pas le Mali, la position du pays est restée la même, c’est-à-dire inflexible, le président a changé, mais la pas la position de l’État qui sait que la manne financière envoyée par ses ressortissants est énorme et elle ne veut pas s’en priver. Donc inviter le Mali aurait été une perte de temps puisque le président IBK confirmer la position malienne à ce niveau », explique le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie-anthropologie de la faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE).

Une réunion qui regroupe les décideurs africains sur les questions migratoires se tient actuellement à Bamako, de ce rassemblement devrait ressortir un pacte mondial sur la migration. « Je ne puis comprendre qu’au moment où se tient à Bamako cette réunion qui regroupe tout le monde, un petit groupe en France décide de son coté de se consulter. Dans une déclaration finale nous dénonceront et la France et les pays qui y ont participé » conclut Diarra.

 

Un sommet à Paris pour endiguer le flux migratoire

Dirigeants africains et européens se rencontrent aujourd’hui en France pour évoquer une nouvelle fois la problématique de la crise migratoire.

Un énième sommet sur la crise migratoire. Ce lundi 28 août, dirigeants européens et africains se rencontrent à Paris sur invitation du président français Emmanuel Macron, pour discuter de la problématique de l’immigration clandestine. Le chef d’État nigérien Mahamadou Issoufou dont le pays est une zone de transit très utilisée par les migrants et son homologue tchadien Idriss Déby seront accompagnés du chef de gouvernement « d’union nationale » libyen Fayez al-Sarraj pour faire le point sur la question migratoire, et présenter les avancées de leurs différents pays dans la résolution de la ‘’crise’’. Pour l’Elysée, cette rencontre vise à « réaffirmer le soutien de l’Europe au Tchad, au Niger et à la Libye pour le contrôle et la gestion maîtrisée des flux migratoires ».

Pour ce faire la chancelière allemande Angela Merkel, les chefs de gouvernement espagnol et italien, Mariano Rajoy et Paolo Gentiloni et la chef de la diplomatie Européenne Federica Mogherini ont été conviés par le chef d’État français pour participer à la réunion, à l’heure où l’Europe durcit un peu plus le ton à l’encontre des migrants. « L’Europe se sent de plus en plus acculé par les migrants, ils se sentent plus proches des Syriens ou Irakiens qu’ils considèrent comme des réfugiés, à l’inverse de ceux qui viennent d’Afrique, qui sont tous catégorisés comme migrants économiques, c’est discriminatoire. Ils veulent donc se servir de ces pays comme des pays de leurs gendarmes » analyse le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie et anthropologie de la faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE) et spécialiste des questions migratoires. La France envisage notamment l’installation de ‘’Hotspot’’, des centres d’enregistrements de migrants au Niger et au Tchad, pour distinguer les réfugiés des migrants économiques, une mesure impopulaire dans les pays concernés, et sans doute un sujet de discussion tendu au cours de ce sommet. « Les dirigeants africains auront l’occasion de faire part de leurs inquiétudes à l’Europe sur les nouvelles mesures qu’elle veut mettre en place, et qui ne donnerait qu’une mauvaise idée de l’Europe qui serait vu comme voulant se barricader » estime le Dr Dicko.

L’Italie, pays européen directement touché par cette immigration clandestine ne semble plus faire dans la complaisance. Ce mois d’août, le gouvernement italien à tour à tour, placé des bateaux patrouilleurs dans les eaux italiennes, imposé un code de bonne conduite aux ONG, accusées ‘’d’alimenter le trafic’’ et expulsé près de 400 migrants d’un building désaffecté de Rome.

 

Emplois ruraux, pour que les jeunes ne partent plus

Loin de nier l’apport des Maliens de l’extérieur, ceux-ci envoyant dans le pays une manne supérieure à  la totalité de l’aide financière internationale, le gouvernement malien souhaite endiguer ou au moins réduire la migration clandestine. Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Badra Macalou, le déclarait,en visite à  Gao dans le cadre de la toute première campagne d’information sur la migration clandestine, en 2008 : « Le pays voue respect et considération à  ses fils à  l’étranger parce qu’ils présentent trois caractéristiques essentielles : leur attachement viscéral au pays; le souci de leurs parents, parce qu’ils laissent derrière eux de nombreuses familles qui doivent leurs existences souvent à  la part de revenu que, régulièrement, ils leur font parvenir. Ce sont des pans entiers de notre société qui ont une existence décente parce que le Mali a à  sa disposition des émigrés conscients de leurs devoirs; et enfin, l’idée que nourrissent nos compatriotes de retourner un jour au pays. » Cette campagne d’information sur les risques et les dangers de la migration clandestine, conduit désormais chaque année le ministre dans toutes les régions du pays, à  la rencontre des jeunes, principaux candidats au « départ coûte que coûte ». Partir ou…et mourir ! Ils sont des milliers à  quitter chaque année leur famille, leur village, leur pays pour tenter la grande aventure. Autrefois, les jeunes « saisonniers » migraient dans les centres urbains pendant quelques mois. En général, C’’est la saison sèche qui est mise à  profit pour venir gagner quelques sous en ville et préparer le prochain hivernage en achetant du matériel, ou pour préparer les noces. Aujourd’hui, l’exode rural déverse son flot de travailleurs non qualifiés, analphabètes pour la plupart, à  Bamako et dans les capitales régionales. Ils viennent grossir le lot de chômeurs et de «petits boulots». Jeunes et moins jeunes considèrent de plus en plus la capitale comme une transition sur le chemin d’un rêve plus lointain : l’Europe… Rien ne semble inverser la tendance : ni les centaines de morts et de disparitions dans le désert ou les eaux de la Méditerranée ni les aveux d’échec de ceux qui reviennent, d’eux-mêmes ou expulsés, et encore moins les différentes campagnes d’information et de sensibilisation organisées par les autorités. « s’il faut passer cinq ans à  tenter d’arriver (en Europe) moi, je vais tenter. Sauf si je meurs, je vais aller en Europe », confie Ibrahim Bathily, jeune homme issu de la région de Kayes o๠la grande majorité des 20- 40 ans se trouvent à  l’extérieur. Ibrahim Bathily s’est déjà  fait expulser de France puis de Libye, lors d’une tentative de retour en France. « Revenir à  la terre» Dans son Programme pour le développement économique et social, Amadou Toumani Touré, président de la République, annonçait, début 2007, son intention de mettre les jeunes et les femmes au centre du développement et de la lutte contre la pauvreté. Depuis 2007 donc, les autorités mettent un accent particulier auprès des jeunes pour « le retour à  la terre ». Au Mali, il existe une conjonction de facteurs qui, en principe, devraient favoriser l’expansion de l’entrepreneuriat agricole jeune : un potentiel agricole inexploité, des besoins alimentaires de plus en plus importants et parfois insuffisamment couverts, et une multitude de bras non utilisés. Mais le manque d’information des jeunes demandeurs d’emploi sur les opportunités agricoles, l’absence de cadre attractif pour les jeunes en milieu rural, le sous-équipement des systèmes de production primaire et les problèmes de financement des projets des jeunes promoteurs font pencher la balance du mauvais côté. C’’est ainsi qu’il a été décidé qu’au moins 10 % de l’ensemble des surfaces aménagées seront réservés aux jeunes. Afin qu’ils « comprennent qu’il est plus intéressant de travailler à  la campagne en gagnant sa vie que de chômer dans les centres urbains à  la recherche d’un hypothétique emploi », selon le chef de l’état. La volonté politique étant ainsi affichée, reste à  la mettre en œuvre et surtout à  convaincre les premiers concernés, les jeunes, de renoncer à  l’exil. Ainsi, tout en continuant à  informer les jeunes sur les risques de la migration, surtout irrégulière (campagne d’information, conférences, création d’un Centre d’information de gestion des migrations appelé Cigem), les autorités ont pris différentes initiatives pour promouvoir l’emploi rural auprès des jeunes. D’abord, au sein de l’Apej, l’Agence pour l’emploi des jeunes, une part importante est faite à  l’installation des jeunes en milieu rural, et ce, à  travers la valorisation de l’emploi rural. Plusieurs filières ont été recensées comme réservoirs d’emplois pour les jeunes entrepreneurs agricoles, notamment les fruits et légumes, le riz, l’arachide et le coton. Ensuite, différentes opérations ponctuelles sont lancées pour appuyer les efforts déjà  entrepris en faveur des jeunes sans emploi. Au nombre de celles-ci, la dotation de 100 jeunes en équipements agricoles, la Marche vers l’emploi agricole et la Bourse de l’emploi organisée aux mois de juin et juillet 2008 à  Bamako. Lors de cette marche, ils étaient 400 jeunes à  quitter Bamako pour Mbewani, zone de culture sise dans l’office du Niger, dans la région de Ségou. D’autres groupes de jeunes les ont rejoints en chemin. Ensemble, ils ont visité d’autres jeunes déjà  installés, une ferme agropastorale multifonctionnelle à  Ségou et d’autres aménagements agricoles dans la zone. Nombre de ces jeunes ont ensuite été les bénéficiaires des kits pour l’emploi distribués quelques semaines plus tard, lors de la Bourse pour l’emploi, o๠le nombre d’emplois directs créés est estimé à  1 500. Reste à  relever le défi Mettre en œuvre une véritable politique d’installation de jeunes ruraux, au-delà  des déclarations d’intention ou d’actions ponctuelles, reste le véritable défi. La proportion de jeunes bénéficiant des différentes initiatives reste encore minime face à  l’ampleur de la demande. Et les jeunes, quand ils finissent par se laisser convaincre attendent encore beaucoup des pouvoirs publics. l’accès aux équipements est encore marginal et les intrants agricoles font l’objet de spéculation. La non-intégration des jeunes installés dans un terroir o๠ils sont perçus comme des étrangers, voire comme des spoliateurs, est un autre obstacle à  la pérennisation de ces exploitations. Le fait que l’agriculture reste soumise aux aléas climatiques est une source d’incertitude pour les jeunes entrepreneurs agricoles. Le suivi des jeunes installés est problématique aujourd’hui. Ne voit-on pas des jeunes revendre ou louer leur parcelle et revenir en ville, ou pire, reprendre le chemin de l’extérieur avec le fruit de la transaction de sacs d’intrants revendus aussitôt alors qu’ils sont nécessaires pour une production rentable ? Entre sirène de l’exil et retour à  la terre, la jeunesse malienne a peine à  choisir. Les diplômés rêvent d’emploi bien payés à  l’abri de la prise de risque et il est difficile pour eux de s’imaginer échangeant le costume contre la « daba » (houe traditionnelle en milieu bambara). Les « success stories » en milieu rural sont encore trop peu nombreuses pour les pousser à  enterrer le désir de partir voir ailleurs. Même les jeunes ruraux sans qualification semblent réticents à  faire confiance à  la terre. Mais l’espoir est permis de voir l’état s’engager plus fermement aux côtés de ceux qui veulent s’investir dans leur avenir et de voir les jeunes Maliennes et Maliens se donner les moyens de réussir la nouvelle aventure, en gardant à  l’esprit que, quand on lui donne ses efforts, « la terre nourrit son homme »Â…

Crise en Guinée : L’afflux des Guinéens au Mali

Les causes des fuites Les fuites massives de ces populations sont liées aux répressions enregistrées au stade du 28 septembre de Conakry. Les hommes et les femmes de Guinée ne se sentant plus en sécurité, ont trouvé comme seule issue de secours, l’exil. Le Mali et la Guinée partagent une frontière commune. Et cette frontière est non loin du quartier Sébénikoro. C’’est dans cette zone que nous constatons une présence de plus en plus grandissante de nos frères guinéens. Certains ont même inscrits leurs enfants dans des écoles de la capitale avec quand même, un léger retard. Ce retard s’explique par le fait qu’un bon nombre d’entre eux, ont quitté Conakry au lendemain du carnage du stade du 28 septembre. l’instabilité s’est accrue depuis lors et le seul moyen ces personnes, C’’était la fuite. La recherche d’une stabilité longtemps perdue. Le Mali a donc grandement ouvert ses portes à  ses frères de Guinée. Du commerce pour survivre La plupart de ces personnes en provenance de guinée, font de petits commerces pour assurer le gagne pain quotidien. Signalons que 5000 FCFA correspondent à  50.000 francs guinéens. Cela fait donc l’affaire de beaucoup. Surtout que certains vendent leurs véhicules pour ensuite investir les millions obtenus dans des secteurs plus productifs. D’autres par contre, viennent avec des marchandises telles : des chaussures, des habits, des bijoux et autres petits trucs qui marchent assez bien dans le pays. Bamako, capitale de la guinée Bamako est devenue pour les ressortissants guinéens, une seconde capitale. Ils y vivent librement, sans crainte d’être harcelé par qui que ce soit. En fait, le Mali et la Guinée étaient dans le temps, un même Etat. Ce sont à  quelques exceptions près, les mêmes langues et ethnies qui y sont parlées. Les uns et les autres se comprennent mutuellement. C’’est certainement ce qui explique leur affluence au Mali et surtout à  Bamako qu’ils considèrent, comme une ville de chez eux. Effectifs pléthoriques dans les écoles Les écoles de la capitale qui sont déjà  connues pour leurs effectifs pléthoriques, ne peuvent plus en recevoir d’autres. En effet, depuis le début de la rentrée scolaire qui a coà¯ncidé avec la venue massive des guinéens au Mali en octobre dernier, les écoles sont remplies de monde. Les élèves sont trop pour les salles de classe. La plupart d’entre eux, sont des enfants du premier et second cycle de l’enseignement fondamental. Certaines écoles ont même été obligées de construire des classes en plus pour pouvoir contenir les élèves. Dans d’autres écoles, les enseignants font la double vacation et dispensent les cours dans l’enceinte de l’école, sous les grands arbres des cours d’écoles. Cette situation n’est pas prête de s’estomper sous peu puisque, la crise guinéenne est loin d’être terminée. Et les exodes continuent chaque jour qui passe.

Apport des migrants à la région de Kayes

Nous sommes à  Kayes au mois d’octobre, dans la ville comme au village, on remarque des écoles bien tapées, de belles mosquées, des villas inhabitées construites par les migrants dans le but d’exprimer leur réussite. l’émigration à  Kayes est un symbole de réussite dans la première région administrative. Elle constitue même une richesse autant pour le migrant que son pays d’origine. L’apport des migrants participe ainsi à  la construction des projets de développement. Selon un chiffre de la Banque Mondiale plus 230 milliards de francs d’euros constituent l’apport des migrants au développement du Mali. l’extrême pauvreté, cause d’émigration Dans les pays en voie de développement, l’extrême pauvreté pousse une bonne frange de la population à  émigrer vers le nord en quête d’eldorado. Milles chemins sont possibles pour ces candidats à  l’émigration, que ce soit par voie terrestre, aérienne ou fluviale. Les raisons de cette émigration s’expliquaient auparavant par la rareté de la pluie, la récession économique qui pousse la population à  développer une stratégie de survie. l’émigration devient aujourd’hui une alternative pour maintenir la continuité de la famille. Migration et développement, un projet financé par le PNUD et l’Union Européenne Mettre en route un projet économique viable pour le maintien et la consolidation des liens sociaux, c’est l’objectif du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), des projets financés dans le cadre de l’initiative conjointe CE-NU pour la migration et le développement. Ce projet a pour objectif d’aider les organisations de la société civile et les autorités locales à  renforcer le lien entre la migration et le développement. Dans ce domaine, l’initiative conjointe vise également à  mettre en place et consolider les réseaux de personnes et organisations actives, à  identifier les bonnes pratiques et à  partager les informations au niveau local et international, et à  enrichir l’élaboration de politiques en matière de migrations et développement. Apport des migrants à  Kayes Pour ce projet, quatre secteurs prioritaires d’activités ont été retenus : il s’agit entre autres des transferts de fonds des migrants, les communautés migrantes ; les capacités des migrants, les droits des migrants. Dans la région de Kayes le transfert de fonds par an s’élèvent à  230 millions d’euros par an selon une étude de la banque mondiale. Un chiffre supérieur à  l’aide publique au développement. Depuis 2001, des actions spécifiques dédiées aux migrants sont déployées et prennent de plus à  plus de l’ampleur. Il s’agit entre autres des programmes d’appui aux initiatives du développement local qui intervient au Mali dans une vingtaine de cercles.