Moussa Timbiné : quel poids politique avec son parti la Convergence ?

Il avait annoncé sa création en même temps que sa démission du RPM, le 5 janvier 2023. Moins de 3 mois après, l’ancien Président de l’Assemblée nationale  Moussa Timbiné, entouré de  camarades d’horizon politiques divers , a lancé le 18 mars son nouveau parti, « La Convergence », dont l’avènement, annonce-t-il, va marquer un changement sur l’échiquier politique.

Côté pile, la nouvelle formation politique semble être née « avec des dents », portée par des cadres démissionnaires affutés du RPM et des camarades de longue date. Côté face, ce nouveau parti ne fait pas que des heureux, loin de là, au sein du RPM notamment, où certains membres estiment que cela va accélérer l’émiettement du parti. Lors du lancement de La Convergence, son Président, Moussa Timbiné, a voulu donner le ton dès le départ. « Il n’y a pas et il n’y aura pas de place pour les clivages, ni pour   les ethnicistes, encore moins les racistes ou régionalistes ». Au pupitre, Timbiné égrènera des mots-clés très souvent entendus lors de la naissance de partis. « Force de proposition et de changement », « Mali prospère et sécurisé » « Fédérer les Maliens ». Mais le parti souhaite se démarquer en mettant en avant « la souveraineté alimentaire ». Cette dernière est d’autant plus importante pour lui qu’elle est traduite dans son emblème, composé d’une colombe blanche, « symbole de paix », tenant un panier d’épis de riz, de mil, de sorgho et de maïs, soutenus par deux mains « consacrant la force ouvrière et la vitalité du peuple malien ».  Au Mali, à la date du 27 mars, selon des données du gouvernement, 1 246 406 personnes avaient besoin d’assistance alimentaire. Moussa Timbiné et les siens, aujourd’hui tournés vers l’installation du parti sur le territoire national et l’organisation du 1er Congrès, veulent aller vite, quitte à se prendre les pieds dans le tapis. L’objectif, ce sont les prochaines échéances électorales, si elles se tiennent à date. D’ailleurs, selon une source proche de Moussa Timbiné, c’est le souci de préserver sa base électorale et de se préparer pour ces échéances qui a fortement pesé dans sa décision de claquer la porte du RPM, où le Président Bocary Tréta « ne se souciait que très peu » des joutes électorales. Entre Timbiné et Tréta, c’est une relation très ombrageuse depuis plusieurs années. Les deux se sont longtemps disputé le leadership en Commune V, mais Timbiné a toujours eu les faveurs du leader historique du parti, feu Ibrahim Boubacar Keita. Certains membres considèrent d’ailleurs le départ de Timbiné comme une trahison à l’égard de la mémoire du Président-fondateur du RPM. L’éphémère Président de l’Assemblée nationale a retourné ces accusations contre les membres de l’autre clan. « L’héritage d’IBK est en train d’être dévalorisé, vendu à vil prix par certaines personnes dont les comportements interpellent les militants et compagnons de lutte d’IBK », avait-il déclaré lors de sa démission du parti.

Koulouba, un rêve utopique ?

Sur un échiquier politique déjà  bien fourni et en pleine recomposition, et dans un contexte de transition marqué par une relative perte de vitesse des partis politiques, le nouveau parti de celui qui se réclame de l’héritage politique de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keita pourra-t-il rapidement s’imposer et compter parmi les forces politiques  majeures du pays dans les prochaines années ?

« Tout va dépendre des actions des membres du parti, qui doivent se donner les moyens de le porter haut. Je pense qu’il faudra impérativement une idéologie cohérente, qui doit prendre en compte les aspirations profondes des Maliens et être capable de les mobiliser », avance Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à l’USJPB. Toutefois, au contraire de l’analyste, d’autres observateurs estiment qu’il sera extrêmement difficile pour Timbiné de s’imposer. Après la chute d’IBK, il s’était fait discret, se concentrant sur l’Université internationale d’excellence, une école tuniso-malienne dont il est le Président du Conseil. Il mûrissait toutefois son retour, trouvant le temps long pour le feuilleton judiciaire qui l’oppose au Président Dr Bocary Tréta. Il a préféré prendre les devants. Même si le RPM souffre de la disparition d’IBK, Timbiné ne pourra plus bénéficier de ce qui reste de « l’aura » du parti. Ni, plus important, du soutien et de la protection de l’ancien Président, qu’il considérait, selon ses dires,  comme un père. En sus, après Manassa Danioko, ex Présidente de la Cour Constitutionnelle, le nom de Moussa Timbiné est celui qui est le plus associé aux législatives controversées de 2020. La pilule de son « repêchage » a eu du mal à passer. Et, au Mali peut-être plus qu’ailleurs, une mauvaise image s’efface difficilement.

RPM : l’inévitable saignée

L’ancien parti présidentiel est depuis quelques années secoué par des divisions profondes qui se sont accentuées après le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keita, en 2020, et la disparition de ce dernier en janvier 2022. Alors que la bataille judiciaire qui oppose certains membres du Bureau politique national au Président du parti n’a pas encore connu son épilogue, le RPM, déjà fragilisé par ses luttes internes, pourrait voir plusieurs de ses figures majeures quitter le navire à l’approche des futures échéances électorales.

C’était attendu, mais cela a surpris tout de même. Moussa Timbiné, désormais ancien secrétaire général de la section de la Commune V de Bamako et ancien président de l’Union de la jeunesse (UJ-RPM), a annoncé le 6 janvier 2023 sa démission et celle de l’ensemble des membres des bureaux des sections, sous-sections et comités et de l’UF et de l’UJRPM de ladite commune.

L’ancien Président de l’Assemblée nationale a justifié cette démission non seulement par la « dégradation générale de la situation du parti », mais aussi par le « refus catégorique du Président Bocary Tréta d’appliquer la décision de la Cour d’Appel de Bamako », qui annulait les conclusions du Comité central du parti en décembre 2021, et enfin à cause de l’établissement de « sentiments de confusion et de doute » qui suscitent entre autres de l’inquiétude auprès des militantes et militants qui aspirent à se présenter aux élections communales et législatives. Ces futures échéances électorales ont d’ailleurs pesé dans la balance de cette démission et du timing de son annonce, explique un proche de Timbiné, démissionnaire comme lui.

« Bocary Tréta n’a pas de base électorale. Donc il ne se soucie pas qu’il y ait des élections municipales dans 6 mois. Avec la situation d’ambigüité au sein du RPM, les militants désireux de se présenter sous ses couleurs courent le risque d’une invalidation de leurs listes. Beaucoup de carrières pourraient alors tomber à l’eau », glisse-t-il.

D’autres départs en vue ?

Moussa Timbiné faisait partie du Collectif pour la défense des statuts et règlement intérieur (CDSRI-RPM) qui a assigné le camp de Bocary Tréta en justice pour invalidation du Comité central du parti. Ce Collectif, présidé par Me Baber Gano, secrétaire général du parti, compte également en son sein d’autres grandes figures du parti, dont Mamadou Diarrassouba, secrétaire à l’organisation et président de la fédération des sections RPM de Koulikoro, Mahamane Baby, secrétaire chargé de l’emploi et de la formation professionnelle, Issa N. Traoré, secrétaire politique adjoint, Mamédy Sidibé, secrétaire général de la section de Yanfolila, Siaka Batouta Bagayoko, secrétaire chargé de l’Environnement, ou encore Mme Belco Samassékou, 2ème secrétaire chargée des relations avec les élus.

« Ni Baber Gano ni Mamadou Diarrassouba ne sont partis avec Moussa Timbiné. Il y a un combat qui est en cours à l’interne. Si tout le monde sort, cela voudra dire que le combat du Collectif n’aura servi à rien », affirme notre source, en soutenant que ces derniers resteront au RPM aussi longtemps que la bataille judiciaire durera.

Pour autant, à en croire ce désormais ex-militant RPM proche de Moussa Timbiné, la Commune V n’a fait que donner le ton de la vague de démissions à venir. « Chaque commune du district de Bamako va faire une conférence de presse pour sa prise de position. S’ensuivront les sections de l’intérieur et de l’extérieur. Il y a un timing qui a été donné pour tout cela. D’autres déclarations vont suivre », prévient-il.

« Nous ne souhaitons pas de départs. Ces camarades ont l’amour du parti mais veulent imposer une vision qui leur est propre, au détriment de l’ensemble des militants. C’est ce que nous, nous voulons éviter », répond Sékou Niamé Bathily, chargé de communication du parti, rappelant que le RPM a connu de nombreux départs de marque par le passé, au point que beaucoup avaient pensé qu’il était « fini » sans possibilité de rebond. Bocary Tréta a d’ailleurs dans un communiqué appelé les militants à ne pas se « laisser distraire ». Il a aussi été procédé rapidement au remplacement des démissionnaires.

Au RPM, la division s’est accentuée sur l’approche à adopter lors de la future élection présidentielle. Les violons ne s’accordent pas sur la participation du parti à cette importante échéance. Plusieurs tendances se dégagent au sein du Bureau politique national, dont le mandat est par ailleurs expiré depuis 2019.

Si certains, dont ceux du CDSRI-RPM, dénonçant un passage en force, ne sont pas d’accord sur la désignation comme candidat du parti de l’actuel président, Dr. Bocary Tréta, d’autres pensent que le RPM, qui a été chassé du pouvoir, ne devrait même pas se présenter à ces élections de fin de transition mais plutôt soutenir le candidat adoubé par les militaires.

Une autre tendance, incarnée par des militants qui ambitionnent d’être candidats, est quant à elle favorable à l’organisation des primaires pour désigner le porte-étendard du parti.

 

RPM : Moussa Timbiné claque la porte

Depuis le coup d’État contre IBK en 2020 suivi de son décès début 2022, son parti le Rassemblement pour le Mali (RPM) peine à s’en remettre. Les différences de vue au sein de la formation politique conduisent à des défections en son sein. Dernière en date et non des moindres, Moussa Timbiné a annoncé son départ du parti. Paul Yapi N’Guessan.

Une surprise qui n’en est pas une. Moussa Timbiné, cacique du RPM, un des fidèles et proche de feu l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita a annoncé hier jeudi son départ du parti. Cette démission est un autre coup dur pour le parti qui traverse une grave zone de turbulences notamment à cause d’une crise entre le président du parti Bocary Tréta et certains membres du bureau exécutif national dont Me Baber Gano, secrétaire général du parti et par le désormais ancien membre Moussa Timbiné.   Moussa Timbiné, ancien président éphémère de l’assemblée nationale du Mali, justifie sa démission par une volonté des militantes, militants et sympathisants du parti, qui ont aujourd’hui exprimé leur mécontentement contre la gestion actuelle du parti par certaines personnes qui sont entrain de trahir les idéaux du parti de feu Ibrahim Boubacar Keita.  Selon lui, le constat est amer il y a une dégradation générale du parti RPM caractérisée par le dépassement du délai statutaire du congrès initialement prévu pour le 23 octobre 2019. Il a ajouté que le parti RPM est devenu un parti sans perspective claire, miné par les démons du clanisme. Pour continuer la lutte, Timbiné et ses camarades démissionnaires veulent crée un mouvement politique dénommé Convergence 2023, qui répond aux aspirations des Maliens. Le président du parti Bocary Tréta a réagi à travers un communiqué dans lequel il assure « prendre acte » de la démission et « invite les militants et militantes à ne pas se laisser distraire ».  Au contraire du secrétaire politique du RPM Boubacar Touré dit « Bou Touré », pour qui cette démission est douloureuse car cela va surement avoir des impacts sur la vie du parti. Toutefois, il souligne que c’est le plein droit de Timbiné de démissionner car on adhère de façon volontaire à un parti politique. Il est donc libre de le quitter un jour ajoute t-il. Comme le RPM, le parti de feu Soumaila Cissé est aussi confronté à une grave crise interne qui le fragilise déjà. En effet après le décès de Soumaïla Cissé, la cohésion est fortement perturbée par des querelles intestines entre Gouagnon Coulibaly et Salikou Sanogo au sein de l’URD. Une rivalité relancée le 16 janvier dernier, par un congrès extraordinaire organisé pour la désignation d’un nouveau président. Si c’est Gouagnon Coulibaly qui a finalement été porté à la tête du parti, Salikou Sanogo et une partie des membres de l’URD ne reconnaissent pas les résultats de ce qu’ils considèrent comme un non-évènement. La justice ayant donné la plénitude du pouvoir à Gouagnon Coulibaly. Le camp Salikou compté donner sa part des faits demain samedi lors d’une conférence de presse.

Boubacar Bocoum : « Élire un homme est une chose, s’opposer à une politique en est une autre »

L’Honorable Moussa Timbiné a été porté au perchoir de l’Assemblée nationale le 11 mai 2020, lors de a session d’ouverture de la 6ème législature. Une  consécration pour cet ancien leader de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Boubacar Bocoum, politologue, livre à Journal du Mali son analyse de cette élection.

Comment analysez-vous l’élection de Moussa Timbiné ?

Le symbole le plus important est que pour la première fois un jeune de cette envergure arrive à la tête de l’Hémicycle. C’est un signal fort. Au niveau de l’Assemblée nationale,  aujourd’hui il y a également un quota de femmes élevé. Cela montre que la législature sera placée sous le signe de la jeunesse et des femmes.

Il revenait quand même de loin…

Il faut faire le distinguo. Ce sont deux problèmes différents. Celui de l’élection locale et celui au niveau de l’Hémicycle. Ce qu’il est important de retenir est que la Cour constitutionnelle, dans sa composition actuelle, peut prêter à suspicion. Mais le format n’a pas changé et il a profité à cette même classe politique en d’autres lieux et en d’autres temps. Il est convenu par tout le monde que le ministère de  l’Administration territoriale ne donne que des résultats provisoires et que les réclamations sont redressées par la Cour constitutionnelle. Maintenant, si cette loi n’est pas bonne, il faut la changer, mais c’est un autre débat.

Comment expliquer les votes des députés de l’opposition en sa faveur ?

Quand on est élu député, on l’est d’abord au plan national. On n’est pas élu contre tel ou tel parti politique ou individu. Pour l’instant nous n’avons pas de Déclaration de politique générale du Premier ministre. Nous ne savons pas non plus dans quelle direction est en train d’aller le Président de la République. Élire un homme parce qu’on a confiance en ses capacités est une chose, s’opposer à une politique en est une autre. Une fois que le Président de la République va donner ses orientations, les partis politiques et groupes parlementaires se positionneront pour ou contre. Mais il ne faudra pas qu’on entre dans des oppositions systémiques.

Peut-il être à la hauteur des attentes ?

Je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas. Il est jeune et la gouvernance de l’Assemblée, c’est juste du management. Il s’agit de diriger les débats, d’avoir des orientations par rapport à une vision nationale. C’est un poste électif, pas technique. Moussa Timbiné a les capacités de tenir le rôle. Il ne faut pas oublier qu’il a été longtemps 1er Vice-président de l’Hémicycle lors de la législature écoulée.

Germain KENOUVI

Meeting avorté : Ras Bath donne son avis sur le saccage du site

Dans une vidéo postée sur sa page officielle, Mohamed Bathily alias Ras Bath donne son avis sur le saccage d’un site à Kalabancoura où il était attendu pour un meeting dimanche dernier.

« Une vingtaine de moto portant chacune deux ou trois personnes ont débarqué sur le site de la rencontre. Une quarantaine de personnes ont saccagé les chaises et les appareils de sonorisation », explique Mohamed Bathily alias Ras Bath dans une vidéo postée sur sa page le lendemain du meeting avorté à Kalaban coura ACI. « Les témoins sur place déclarent avoir reconnu des membres de l’AEEM. Nous avions déjà été prévenus que l’honorable Moussa Timbiné et son camarde d’université, Abdoulaye Maïga, actuellement conseiller au ministère de l’éducation nationale enverraient des jeunes pour boycotter la bonne tenue du meeting », affirme Ras Bath. Et d’ajouter que c’est « une preuve que les fouteurs de trouble, ce ne sont pas nous (Ras Bath et son équipe) mais plutôt eux ».

Suite au contrôle judiciaire qui pèse sur sa personne depuis octobre dernier dans l’affaire l’opposant au gouvernement, Ras Bath est jusqu’à ce jour interdit de communiquer à la presse, d’animer son émission à la radio… En un mot, il est toujours en attente de son jugement qui semble-t-il peine à arriver quatre mois plus tard. Pour combler le vide, il décide de tenir des meetings. Il sillonne ainsi depuis plusieurs mois, les différentes communes de Bamako pour s’adresser à la population. « Ce dimanche, nous allions expliquer la mission réelle des députés, ses devoirs envers sa population. Chose qui n’arrange pas vraiment des députés comme Moussa Timbiné », déclare-t-il. « Le mois dernier, certains jeunes de la commune de Kalabancoro nous ont convié à un meeting sur le grand terrain de football non loin du lycée sacré Cœur et de la villa de Moussa Timbiné. Il est allé dissuader ensuite les parents de ces jeunes de tenir un tel meeting. Je crois qu’il a peur de nous », explique Ras Bath amusé.

Après l’évènement malheureux de ce dimanche, Ras Bath et son équipe ont décidé de porter plainte pour vandalisme. « Nous demandons que justice soit faite et que la loi soit appliquée », affirme-t-il. Entre temps, Moussa Timbiné dément sur sa page Facebook toute responsabilité dans cette affaire. « J’oppose un démenti formel et catégorique à ces allégations mensongères », a-t-il écrit. Mieux, le député affirme se « réserver tout droit de porter plainte contre toute personne qui s’aventure à ternir l’image de l’Assemblée nationale et celle de sa modeste personne ». Et à Ras Bath, de repondre « nous verrons ». Le Procureur de la commune VI a également été saisi.

PS-Yéelen Kura : Entre survie et déconfiture

Après la première conférence nationale du parti PS-Yéelen Kura, Amadou Koita, le désormais ex-porte-parole de l’opposition, a décidé de rejoindre la majorité présidentielle, pour que la nation malienne se réconcilie avec elle-même. Un choix qui ne fait pas l’unanimité aujourd’hui dans le camp de l’opposition comme de la majorité.

Répondre à l’appel du Président IBK pour sauver le Mali, c’est la litanie inlassablement psalmodiée par les cadres du parti. « Ils ne sont que des prétentieux, des jeunots politiques et leur chef Amadou Koita n’est qu’un opportuniste qui veut gouter toutes les sauces ’’, lâche un cadre d’un parti de l’opposition. Pour ce dernier, un rappel succinct de quelques faits ou évènements permet de se rendre compte que le PS-Yéelen était depuis longtemps dans une logique de ralliement au pouvoir. « Croire le contraire serait étonnant », déclare cet autre cadre de l’opposition. Il s’agit entre autre du fameux communiqué du samedi 07 mai 2016 dans lequel le parti informait l’opinion qu’il suspendait sa participation à la marche de l’opposition prévu le 21 mai, au motif qu’il coïncidait avec le grand meeting pour la paix et la réconciliation nationale. «Les masques sont tombés, après la tenue de la première conférence du parti, lorsque le président Koita a appelé les militants à soutenir les initiatives du Président IBK», ajoute-t’il. Pour cette militante qui était aux côtés d’Amadou Koita au sein du front pour la démocratie et la république (FDR), ce départ qu’elle considère comme un non-évènement était prévisible. «Nous avons senti le départ de Koita. On le voyait chaque fois avec Moussa Timbiné, le président de la jeunesse RPM et président du groupe parlementaire du même parti à l’Assemblée nationale ». Avant d’ajouter « Je suis tellement déçue de lui que je n’ai même pas de qualificatif pour juger son comportement. Moi qui pensais qu’il avait une idéologie, je me rends compte maintenant qu’il n’était finalement pas différent des autres ».

Au sein de la majorité présidentielle pour beaucoup Koita a fait un bon choix. « J’approuve parfaitement ce qu’il a fait, c’est un démocrate qui a répondu à l’appel du président IBK pour construire le Mali », souligne un responsable RPM de la commune IV. Cependant, cette alliance avec le PS-Yéelen Kura, au sein de la mouvance présidentielle, n’inspire pas forcément confiance. «Je pense que Koita n’avait plus le choix. A l’opposition, les grandes formations n’avaient pas accepté de faire alliance avec son parti pour aller aux élections communales. Son parti est aujourd’hui entre la survie et la déconfiture ». Et de poursuivre « même si je suis content qu’il soit un des nôtre, je suis tout de même méfiant », conclut ce cadre du RPM.

Willy : « Un bandit n’aura pas sa place à l’AEEM »

L’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a organisé vendredi dernier son assemblée générale d’informations nationales à  Bamako pour informer les élèves et les étudiants du renouvellement du bureau, des résolutions, amendements écrits dans les textes et décisions prises par le comité directeur. À cette occasion, willy récemment élu secrétaire général de l’AEEM, à  répondu à  nos questions.

Comment fonctionne l’AEEM ?

En tant que syndicat qui a pour but la défense des intérêts matériels et moraux de l’ensemble des élèves et étudiants du Mali ainsi que l’amélioration de leurs conditions d’études, nous avons beaucoup de membres. Nous fonctionnons avec des comités de groupe, il y a le bureau national et des bureaux locaux dans chaque établissement de chaque ville, cela veut dire que chaque établissement privé comme public à  son bureau. Toute personne ayant le statut élève ou étudiant est libre de rentrer dans l’AEEM sans distinction aucune. Tous les membres de l’AEEM cotisent par mois, nous subsistons aussi avec les dons, la vente des cartes de membres, les subventions qui sont les bienvenus et certaines activités que nous organisons.

Avez-vous des bureaux locaux au Nord-Mali ?

Aujourd’hui la seule ville au Mali o๠l’AEEM n’a pas pu renouveler son bureau est Kidal. Le renouvellement est annuel. Nous avons nos comités à  Tombouctou, Gao et toutes les autres régions à  part Kidal.

Beaucoup disent que l’AEEM travaille pour elle-même et non pour défendre les intérêts des élèves et étudiants du Mali, que répondez-vous à  vos détracteurs ?

Il faut dire la vérité, je ne nie pas que le travail de l’association n’a pas toujours été à  la hauteur, ce qui a fait que le mécontentement des personnes ont conduit à  ces rumeurs. Je donne raison aux personnes qui ne sont pas satisfaites du travail de l’AEEM mais j’ajoute aussi que tout n’est pas négatif. Il y a des travaux concrets que nous menons, même si nous ne communiquons pas assez sur cela, c’est d’ailleurs l’un de nos défauts. Je prends l’exemple de l’infirmerie de la Faculté des Sciences et Technique, c’est une revendication faites par l’AEEM il y a de cela deux ans, cette année cette infirmerie est opérationnelle. C’était la résidence des étudiants membres de l’AEEM et nous l’avons donné afin qu’ils puissent en faire une infirmerie parce qu’il y avait un besoin. Tout n’est pas négatif, nous faisons des choses.

Les méthodes de l’AEEM sont décriées, ceux qui osent émettre un point de vue différent lors des assemblées sont menacés, des étudiants sont tabassés, il y a des affrontements armés. Pour maintenir son autorité, l’AEEM a souvent recours à  la violence, pourquoi ?

Je reconnais qu’à  un moment donné, l’AEEM a souvent eu recours à  la violence et la force. En réalité, mon analyse est qu’il y a eu certains responsables, dans cette structure, qui n’avaient pas la capacité de s’imposer ou d’imposer leurs idéologies sans passer par la violence. Un leader qui pense que c’est la violence qui peut le faire régner, cela peut jouer sur la structure de l’association et ça va généraliser la violence car les autres vont suivre cette même idéologie. C’est des problèmes auxquels nous avons été confrontés dans l’histoire et notre travail futur sera de montrer à  ces jeunes que nous avons largement dépassés cette période. Je parle ici de la violence en interne, entre membres de l’AEEM, mais il y a des actions de l’AEEM qui utilisent souvent la force pour faire entendre nos revendications. Par exemple dans nos grèves et nos marches, les étudiants sont souvent incités à  être violents. Car, par exemple, nous pouvons attendre jusqu’à  quatre à  six mois pour obtenir les trousseaux qui sont censés être donnés aux étudiants en début d’année, c’est inadmissible ! Si nos démarches sont pacifiques mais que ça ne donne rien, cela nous forcera à  être violent pour avoir ce que nous voulons. Si toutes nos revendications pouvaient être satisfaites pacifiquement, ce serait une fierté pour le syndicat et ça renforcerait notre bilan.

Votre élection à  la tête de l’AEEM s’est aussi déroulé dans un climat violent, qu’est-ce que votre mandat va changer pour rompre avec cette réputation de l’opinion publique, qui vous assimile plus à  un gang ou une mafia plutôt qu’à  une association d’étudiants ?

Merci pour cette question, je pense que les violences qui ont eu lieu au cours de cette élection, sont les séquelles de la lutte que nous menons depuis longtemps. Vous n’êtes pas trop dans le milieu pour comprendre quel camp défend quel camp, je m’appelle Abdoul Salam Togola, connu sous le nom Willy pour les intimes, qui parle du clan de Willy sur la colline de Badalabougou parle d’un clan qui est contre la délinquance à  l’école, contre les gens qui font rentrer les bandits à  l’école. Nous avons passé une année à  lutter contre l’autre camp et je pense que la violence autour de cette élection en faisait partie. Nous avons toujours tenté d’écarter ceux qui permettent aux bandits de s’ingérer dans les affaires des étudiants, c’était notre défi et ils savent que même après cette élection, un bandit n’aura pas sa place à  l’AEEM. Nous sommes engagés pour ça et j’ai confiance en ce bureau qui a été élu et je suis sure qu’avant la fin de l’année, les gens reconnaîtront qu’il y a une AEEM revendicatrice, mature et responsable.

Le système d’enseignement supérieur au Mali est en échec, on parle de corruption, de clientélisme, quelles sont vos solutions durant votre mandat pour y remédier ?

La lutte contre la corruption en espace scolaire et universitaire est un travail qu’on ne peut résoudre seul. Je pense qu’il faut une synergie d’actions entre tous les acteurs de l’université. je ne nie pas qu’aujourd’hui on parle des notes qui sont vendues et d’autres choses. C’est une réalité, mais je pense que lorsqu’il y aura une synergie d’actions entre les acteurs, notamment les étudiants et les professeurs qui donnent ces notes, pour que chacun comprennent qu’en vendant les notes, l’élève n’obtiendra pas le niveau requis et la qualité du travail du professeur sera mise en cause. Il faut que chacun prenne conscience que ces corruptions mettent les jeunes en retard, et qui si l’on n’est pas capable de former les jeunes il y aura des répercussions sur le marché de l’emploi et ce sera un échec pour l’étudiant, pour le professeur et pour l’administration scolaire.

N’est-ce pas aussi un échec politique ?

J’ai l’habitude de dire dans mes interventions que le problème de l’éducation n’est pas une priorité nationale. Je ne connais pas un pays où l’éducation ne fait pas partie des priorités du gouvernement. Nous étudiants, pensons qu’elle doit être inscrite dans les priorités de l’État. Même les parents d’élèves doivent aussi mettre la formation de leurs enfants dans leurs priorités, ils doivent s’y investir et s’il y a une défaillance au niveau des départements de l’éducation nationale c’est aux parents de les interpeller, et j’interpelle les parents, les autorités tout le monde, car on ne peut pas parler d’avenir pour un pays si la relève n’est pas bien assurée.

Quels ont vos relations avec les politiques, on a dit que l’AEEM était instrumentalisé par les politiques, d’ailleurs de nombreux anciens de l’AEEM sont devenus des politiques, à  l’instar de Moussa Timbiné ?

Les hommes politiques ont peur de l’AEEM parce que c’est une structure entièrement composée de jeunes, si l’AEEM t’apprécie peut-être que cela peut t’arranger. Si tu acceptes une collaboration avec l’AEEM en tant qu’homme politique, si tu fais une petite erreur, l’AEEM peut gâter ton image. Les hommes politiques même disent que nous sommes forts et ils ont peur de nous approcher. Le dénommé Moussa Timbine était secrétaire général de l’AEEM ici à  la FAST, son nom est même écrit sur l’acropole à  l’entrée. Dans l’AEEM, nous avons une commission scientifique des anciens secrétaires généraux que nous avons demandée pour faciliter les travaux lors des congrès et l’organisation des séminaires de formation. En tant qu’anciens, vu leur expérience dans ce mouvement, nous leur donnons souvent un mandat pour qu’ils essaient de trouver un climat d’apaisement ou de consensus entre les potentiels candidats du congrés. À€ ce niveau, aujour’hui le nom Moussa Timbine ressort beaucoup et je pense qu’il y a une ruse politique derrière cela. Il est clair qu’il a des adversaires politiques qui utilisent cela contre lui, cela fait 10 ans qu’il est lié à  l’AEEM, à  chaque congrés il est là , ils n’ont jamais parlé de cela avant. Nous n’avons rien à  avoir avec ces calculs politiques, Moussa était dans l’AEEM avant nous, c’est un grand frère et il y a beaucoup de politiciens dans cette commission à  savoir Amadou Koita qui est le président du parti Yélén Koura et qui opère à  l’opposition, que je sache les gens n’ont pas parlé de lui.

Quelles sont vos priorités d’action pour l’année 2016 ?

L’urgence c’est le problème de régularisation des trousseaux, c’est un problème sérieux. Nous avons remarqué que chaque année c’est les mêmes histoires qui ne sont pas résolues. Il faut aller à  la source du problème, l’année dernière nous avons dû, après la rentrée, rester 5 mois sans avoir le trousseau et c’est ainsi chaque année et nous voulons que ce problème soit résolu définitivement cette année. C’est pourquoi nous avons pensé à  la création d’un cadre de concertation et d’échanges entre l’AEEM, le Centre National des Oeœuvres Universitaires (CENOU), ceux qui traitent de la bourse, et les structures universitaires qui traitent des bases de données. Le Cenou a besoin des fiches pour pouvoir traiter. Nous allons diagnostiquer les problèmes et chercher des solutions. Nous avons aussi demandé la construction d’une bibliothèque dans les universités même s’il y en a dans toutes les facultés, ce ne sont pas des bibliothèques dignes de ce nom vue l’évolution de l’enseignement et le système licence master et doctorat (LMD) qui est en cours d’insertion dans les facultés, demande beaucoup de travail de l’apprenant et si cet apprenant n’est pas dans les conditions favorables pour le faire, est ce qu’il pourra jouer son rôle ? Nous voulons une bibliothèque dans les facultés, adaptée à  l’évolution du monde, pour que nous puissions pleinement jouer notre rôle dans notre formation. Nous voulons aussi préparer dès la 10e année les lycéens au système LMD et à  ses débouchés.