Assistance humanitaire : un besoin de plus de 454 milliards de francs CFA

À travers le Plan de réponse humanitaire, la communauté internationale envisage apporter une assistance multisectorielle d’urgence répondant aux besoins vitaux et permettant aux populations des zones en crise au Mali de rester dignes, en assurant un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et en préparant les bénéficiaires à mieux résister aux chocs. Ce Plan a été présenté le mardi 31 janvier 2023 par le Bureau du Mali de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Visant à apporter une assistance humanitaire à 5,7 millions de personnes affectées par les conflits et les chocs climatiques, le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le Mali nécessite pour sa mise en œuvre la mobilisation de 751,4 millions de dollars américains, soit 454,8 milliards de francs CFA. Malgré les efforts de l’État et de ses partenaires, qui ont assisté plus de 2,9 millions de personnes sur les 5,3 millions ciblées par la réponse humanitaire en 2022, par la mobilisation de 260 millions de dollars sur les 686 millions recherchés, la tendance des besoins est toujours croissante, avec une hausse de 17% par rapport à janvier 2022.

Inondations : quelle prise en charge des sinistrés ?

Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA Mali), au 3 octobre 2022, plus de 41 000 personnes étaient sinistrées par des inondations depuis le début de la saison des pluies dans le pays. Les acteurs humanitaires, en appui à l’État, sont à pied d’œuvre pour porter assistance à ces victimes.

Fin septembre, dans le cercle de Djenné, dans la région de Mopti, le fleuve Bani, sorti de son lit et dépassant  sa cote d’alerte de plus de six mètres et demi, a occasionné des « inondations spectaculaires » dans 13 localités, affectant 12 860 personnes.  Depuis, l’assistance s’organise pour venir en aide à ces populations du centre du Mali.

C’est OCHA Mali qui coordonne les différentes actions d’aide, notamment celles de l’État, à travers la Protection civile, fortement mobilisée auprès des sinistrés et d’autres acteurs humanitaires.

Réponses d’urgence

« Aussi bien les acteurs humanitaires que les partenaires de l’État aident les ONG à venir en aide à ces personnes sinistrés. Il y a eu des tentes distribuées, mais aussi d’autres non vivres, comme les nattes et les moustiquaires », indique Ibrahima Koné, Chargé national de l’Information publique à OCHA Mali.

Des produits pharmaceutiques, des couvertures, des seaux en plastique, des cartons de savon ont été également distribués avec le concours de la Direction régionale de la Protection civile de Mopti et de partenaires comme l’Unicef, le PAM, la Croix-Rouge malienne et les ONG Care et Save the Children.

Les sinistrés du cercle de Djenné bénéficient également d’assistance en vivres. À en croire un rapport du mois de septembre de la Direction régionale du Développement social et de l’économie solidaire (DRDSES), près de 1 500 ménages ont été assistés avec plus de 65 tonnes de riz, 4 500 litres d’huile, 23 tonnes de mil et 460 kg de sel.

Bilan élevé

La région de Mopti n’est pas la seule à être touchée par les inondations. Selon une compilation des données des Directions régionales du Développement social et de l’économie solidaire réalisé par OCHA, à la date du 25 septembre dernier 9 649 personnes étaient sinistrées dans la région de Koulikoro, 9 168 à Ségou, 4 844 dans le District de Bamako, 3 844 dans la région de Gao, 1 269 à Tombouctou, 112 à Sikasso, 77 à Kidal et 64 à Kayes.

Sur l’ensemble du pays, 5 177 ménages sont touchés. 5 632 maisons ont été détruites, 600 points d’eau endommagés et 7 personnes sont décédées.

Centre du Mali : Au bord d’une crise humanitaire sans précédent

La crise sécuritaire qui secoue le centre du Mali a provoqué ces derniers mois une dégradation de la situation humanitaire dans les régions de Mopti et Ségou, où, selon le Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Mali (OCHA), des milliers de personnes seront en insécurité alimentaire dans les prochaines semaines. Insécurité grandissante, conditions de vie précaires, réserves agricoles épuisées, hivernages perturbés, déplacés massifs, le centre du Mali n’a jamais été aussi proche d’une crise humanitaire sans précédent et dont les conséquences pourraient être lourdes pour tout le pays. Si des actions sont en train d’être menées pour éviter le pire, la situation est pour l’heure très préoccupante.

« Durant la période de soudure, plus de 256 000 personnes seront sévèrement affectées par l’insécurité alimentaire, tandis que 668 000 autres seront sous pression dans la région de Mopti, où se trouvent environ 46% des personnes en situation de crise ou d’urgence au Mali », prévient le dernier rapport de situation du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Mali, en date du 6 mai 2019.

Mais déjà, selon les résultats du « Cadre harmonisé » de mars 2019, la crise alimentaire touche actuellement plus de 187 000 personnes et en menace 414 000 autres.  Elle s’est accentuée dans le centre du pays en raison de la perturbation des activités agro-pastorales des populations et de la libre circulation des personnes et des biens, dues essentiellement à l’insécurité, notamment à la menace djihadiste de plus en plus forte.

Situation critique

« Plusieurs dizaines de villages dans les cercles de Bankass, Koro, Bandiagara et Douentza n’ont pas pu cultiver pendant deux hivernages successifs et le cumul du déficit céréalier place systématiquement de nombreuses familles, déplacées ou pas, sous la menace de la famine », indiquait un document de presse de l’association Dogon vision début mai.

La situation au centre du Mali perturbe les circuits des marchés et provoque l’absence de cultures vivrières, mais elle affecte également la mobilité des personnes et des animaux, entrainant ainsi des mouvements inhabituels de populations.

En une année, le nombre de personnes déplacés internes dans la région de Mopti a explosé. Selon la Direction nationale du développement social, à la date du 27 mai 2019, il était de 49 663 personnes, réparties entre les cercles de Bandiagara, Bankass, Djenné, Douentza, Koro, Mopti, Tenenkou et Youwarou.

Victimes pour la plupart des conflits intercommunautaires qui secouent le centre du pays, ces déplacés font face à une forte dégradation de leurs conditions de vie, au point que l’accès à certains services sociaux de base, tels que l’éducation pour les enfants et la disponibilité de l’eau potable et des services nutritionnels est  fortement remis en question.

« Les ménages déplacés ont besoin d’un important soutien, car ils ont généralement peu accès à des moyens de subsistance et disposent d’une capacité d’adaptation limitée. Les personnes actuellement déplacées ne peuvent plus cultiver leurs terres, impactant ainsi leurs conditions de vie futures », relève Silvia Caruso, Directrice et Représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) au Mali.

« La fourniture d’une aide alimentaire d’urgence ne sera plus possible dès le mois de juillet, moment le plus critique de la saison de soudure. Un montant supplémentaire de 18 millions de dollars est dès à présent nécessaire pour assurer une réponse jusqu’à la fin de cette période », ajoute- t-elle.

Causes multiples

De nombreuses causes expliquent la situation plus que jamais déplorable dans laquelle se retrouve aujourd’hui le centre du Mali. L’insécurité qui y règne et qui contribue essentiellement à la dégradation de la situation humanitaire est le résultat de l’accumulation de plusieurs facteurs.

« À l’origine, cette crise est liée à la gestion des ressources naturelles. Les deux types de populations que sont les agriculteurs et les éleveurs cohabitent au centre du Mali et il leur est demandé de se partager et d’exploiter le même espace. L’éleveur tenant  à son bétail et l’agriculteur à sa terre, les incompréhensions ne manquent pas », explique Adama Diongo, Président du collectif des associations des jeunes du pays dogon.

Pour lui, si par le passé, les ancêtres avaient toujours su trouver les arrangements pour que ces incompréhensions ne dégénèrent pas, aujourd’hui, d’autres acteurs, plus radicaux sur le terrain, interfèrent dans les moments de frustrations entre communautés et sont en posture de commandement pour multiplier les exactions. « En plus de cela, il faut relever la faiblesse de l’État malien dans la zone. Il ne contrôle pas la situation et laisse libre cours aux attaques », ajoute-t-il.

Le secteur est devenu le centre de toute la problématique humanitaire depuis 2017, en raison du problème sécuritaire qui s’est progressivement déplacé du nord vers le centre, surtout dans la région de Mopti.

« Il y a le banditisme armé et la criminalité ambiante, sans oublier l’état de siège imposé à certaines communautés. Tous ces éléments empêchent les populations de circuler librement et de mener leurs activités économiques », pointe Ibrahima Sangaré, Directeur national du développement social.

Quelles réponses ?

Pour faire face à la situation, le gouvernement du Mali, en collaboration avec ses partenaires, et de nombreuses ONG et associations sur le terrain conjuguent leurs efforts pour un retour à la normale dans le centre du pays.

L’État vient en aide aux populations touchées à travers divers appuis, dont le renforcement des mesures sécuritaires pour contrer les bandits armés et l’enregistrement des déplacés pour mieux leur porter assistance.

« Déjà, plus de 500 tonnes de mil et 255 tonnes de riz ont été distribuées aux populations victimes de la crise au centre et des actions de sensibilisation sont en cours pour permettre aux résidents de rester sur place, pour encourager le retour des populations déplacées dans des zones de provenance sécurisées », déclare M. Sangaré.

Pour sa part, le Collectif des associations des jeunes du pays dogon, créé il y a un an, s’est fixé comme objectif de contribuer à l’avènement de l’apaisement au centre et mène des actions pour venir en aide aux déplacés internes.

« Depuis que nous avons commencé, nous avons pu récupérer une cinquantaine de tonnes de céréales, que nous avons pu redistribuer dans la région de Mopti. Plusieurs donateurs se sont manifestés et nous ont apporté des céréales et d’autres produits de première nécessité », indique Adama Diongo.

Par ailleurs, la France est également attentive à la situation humanitaire au centre du Mali. Le 9 avril dernier, l’ambassadeur Joël Meyer a signé deux conventions d’un montant d’environ 1 milliard de francs CFA au bénéfice de plus de 65 000 personnes dans les régions de Mopti et Tombouctou.

Ce financement, alloué à deux projets, l’un porté par le PAM et l’UNICEF et l’autre par l’ONG Solidarité Internationale, s’inscrit dans les engagements français au titre de la Convention internationale relative à l’assistance alimentaire.

Le projet « Assistance alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables au centre du Mali », d’un montant de 656 millions de francs CFA, permet des transferts monétaires aux personnes déplacées internes et assure le dépistage et la prise en charge de la malnutrition aigüe, modérée et sévère pour 5 000 enfants dans la région de Mopti.

Selon le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Mali, il « vient de débuter et l’identification des bénéficiaires est en cours, à travers un processus communautaire basé sur des critères de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire ». Un autre programme, dédié au cercle de Bankass et mis en œuvre par l’ONG Première urgence internationale a également été financé récemment.

Malgré les différentes mesures prises, l’horizon ne semble pas près de se dégager. Les besoins en matière d’assistance saisonnière et d’urgence sont loin d’être couverts et l’aide aux personnes en situation de crise alimentaire et nutritionnelle, y compris les déplacés internes, risque d’être fortement réduite. « Aujourd’hui, nous craignons une grande famine. Les villageois n’ont pratiquement plus rien, les réserves de vivres sont épuisées et des greniers ont été brûlés », s’inquiète M. Diongo.

Journée Mondiale de l’aide humanitaire : le Mali dans le besoin

La journée mondiale de l’aide humanitaire  a été célébrée le 15 août à travers une conférence de presse à l’hôtel Kempiski de Bamako. Organisée par la communauté humanitaire, cette activité  a été animée par  la coordinatrice humanitaire résidente des Nations unies au Mali, assistée par le ministre de la Solidarité et de l’action Humanitaire et la chef du bureau OCHA.

« Les civils ne sont pas une cible ». Tel est le thème cette année de la journée mondiale de l’aide humanitaire célébrée le mercredi, avant la date retenue du 19 août. Cette anticipation n’enlève en rien à cet évènement sa substance. L’objectif est de  rendre hommage aux 22 personnes tuées dans l’attentat  du 19 août contre les bureaux des Nations Unies  à Bagdad et par extension à tous les travailleurs humanitaires.

Au Mali, la situation humanitaire ne cesse depuis  2013 de se détériorer. Les violences et les exactions dans le nord et centre du pays ont contraint les populations à une vie de délabrement, de déplacement et de souffrance. Face à cette situation,  les humanitaires en dépit de moyens limités tentent de répondre aux besoins des populations, souvent à leur risque.

L’initiative donc, cadre bien avec la circonstance. « Ce thème vise à rappeler à tous que dans les situations  de conflit, les civils, y compris les humanitaires, ne doivent pas être une cible », indique Mme Mbaranga Gasarabwe, coordinatrice humanitaire des Nations Unies au Mali. L’occasion est un moment de « pensée envers ces personnes dont la vie et la dignité doivent être protégées par les parties en conflit », souligne la coordinatrice, estimant que « les attaques en direction des humanitaires et des infrastructures sociales de base freinent l’assistance et provoquent des retards dans la fourniture de l’assistance humanitaire ».

Pour Mme Ute Kollies, chef du bureau OCHA, le pays a urgemment besoin  de l’aide humanitaire. « Le Mali n’est pas sur la une en ce qui concerne la crise humanitaire, alors que nous  avons 5 millions 200 mille personnes qui ont un besoin aigue », a-t-elle regretté.

La situation d’insécurité dans ces parties du pays a contraint les populations à des déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Dans leur mission d’assistance, le contexte n’est pas toujours favorable aux interventions.  Depuis octobre, la communauté humanitaire dénombre 9 humanitaires  tués, 33 blessés et 7 autres kidnappés. Face à cela, Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité et l’action Humanitaire réagit. « L’objectif est faire cesser  les souffrances et la peur endurée par les civiles en zone de conflit », dit –il déplorant « des épisodes qui laissent des traces » sur les victimes. Selon lui, le gouvernement continuera à réserver une place importante à la  réponse  tout en renforçant des initiatives pour les résiliences des communautés.

L’insécurité provoque des vagues de déplacés dans le Nord

Dans son dernier rapport, le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a mis en lumière une hausse des déplacés dans les régions Nord du Mali. Cette migration forcée serait principalement dû à l’insécurité qui règne dans ces zones.

Selon le rapport, environ 2000 personnes se sont déplacées des régions Nord du pays à cause d’une sécurité toujours aussi précaire. Parmi elles, mille personnes ont quitté Anefif, dans la région de Kidal pour aller à Bourem dans la région de Gao, en raison de l’alerte de combats entre CMA et Plateforme dans la zone. Dans la région de Tombouctou, un conflit entre communautés touaregs a poussé plus de mille autres personnes à l’intérieur du cercle de Gourma Raous. Dans la région de Menaka, des conflits inter-communautaires ont également entraîné le déplacement de plusieurs ménages.

En tout il y aurait 36 690 personnes encore déplacées au Mali dont 24% sont des femmes et 56% des enfants. Par ailleurs, 134 817 Maliens seraient refugiés dans les pays limitrophes. « Les conséquences de la crise politico-sécuritaire qui sévit dans le pays depuis 2012 à entraver l’accès des populations aux services sociaux de base dans certaines zones. Les besoins humanitaires ont augmenté dans plusieurs secteurs, le nombre de personnes dans le besoin est estimé à 3,7 millions en 2017 » s’alarme Mbaranga Gasarabwe, coordinatrice des activités opérationnelles de l’OCHA. Ces déplacements entraînent des situations humanitaires très précaires dans ces zones. « En 2016 déjà, nous avions cherché à mobiliser 354 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires identifiés notamment dans les secteurs de la santé, de l’hygiène, de la sécurité alimentaire, de la protection…En 2017, 293 millions de dollars seront nécessaires pour mettre en œuvre la réponse humanitaire qui ciblera 1,36 millions de personnes sur un total de 3,7 millions dans le besoin » ajoute t-elle.

Le Nord n’est pas la seule zone d’insécurité du pays. Le Centre et même le Sud du pays se retrouve souvent impacté par des actes de violences. Il y a une semaine dans le cercle de Macina, des violences entre peuls et bambaras ont entraîné la mort de 21 personnes. « Nous ne pouvons plus vivre là-bas, nous allons retourner à Konna » déclarait alors Amadou Diallo, dignitaire peul qui vit à Macina. Selon le parti du PARENA, 49 personnes ont été assassinées dans les régions de Mopti et de Ségou durant les six premières semaines de l’année 2017. Un chiffre macabre que l’on peut prêter aux exactions commises par le prédicateur Amadou Kouffa et ses adeptes.

 

Journée mondiale de l’aide humanitaire: les Maliens invités à inspirer l’humanité…

Le thème de l’édition 2015 de cette journée internationale est « Inspirer l’humanité !» Il vise à  célébrer l’esprit qui guide l’action humanitaire et à  rendre hommage aux travailleurs humanitaires héroà¯ques qui ont payé de leur vie pour aider les autres. Aujourd’hui, des dizaines de millions de personnes à  travers le monde luttent au quotidien pour survivre à  l’impact des catastrophes naturelles, des conflits, des déplacements, de la faim ou des maladies. Le Sahel n’est malheureusement pas épargné. La région compte 25 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire – dont 4,5 millions en besoin d’assistance immédiate – 5,8 millions d’enfants malnutris et plus de 3,7 millions de personnes ayant dû fuir leur foyer en raison des conflits. Au Mali, des milliers de travailleurs humanitaires œuvrent jour après jour à  porter secours aux millions de personnes touchées par la crise. Ils travaillent dans des conditions parfois difficiles face à  l’insécurité qui affecte certaines zones du pays. Depuis l’éclatement du conflit en 2012, trois sont morts en service et des dizaines d’autres ont été blessés ou ont subi diverses formes de violence. « En cette solennelle occasion, J’invite au nom du Président de la République et du Gouvernement, tous les Maliens à  rendre hommage au courage et au dévouement des travailleurs humanitaires d’ici et d’ailleurs et à  s’inspirer de leur engagement envers l’humanité», a déclaré le Ministre de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, M. Hamadoun Konaté. « Je rends également hommage à  tous nos compatriotes pour leur esprit de solidarité et d’entraide qui nous a permis de transcender les épreuves difficiles que notre pays a connues ces dernières années et qui nous donne la force de bâtir un Mali prospère et uni.» D’importants progrès ont été réalisés au Mali pour rétablir les services sociaux de base dans les zones touchées par la crise. Cependant, il faut encore combler de nombreux besoins en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, de protection et d’accès à  l’eau, la santé et l’éducation. Les moyens de subsistances des communautés restent par ailleurs affaiblis. En appui au Gouvernement, la communauté humanitaire a élaboré un plan de réponse de 377 millions de dollars (USD) pour répondre aux besoins identifiés en 2015. à€ ce jour, seuls 34 pour cent de ces ressources ont pu être mobilisées. « Le nombre de personnes ayant besoin d’aide en raison des crises et catastrophes dans le monde a presque doublé en 10 ans. Les ressources disponibles pour assurer la réponse humanitaire atteignent leur limite », a souligné la Coordonnatrice Humanitaire au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe. « Pour relever ce défi, avec les organisations humanitaires au Mali, le Gouvernement et les partenaires de développement, nous devons redoubler d’efforts pour accroitre la synergie de nos actions; afin de sauver des vies, en répondant aux besoins urgents, tout en renforçant dès aujourd’hui la capacité de résilience des personnes vulnérables », a-t-elle ajouté. Face à  l’ampleur des crises humanitaires aux quatre coins de la planète, chaque jour qui passe nous rappelle l’urgence d’insuffler un plus grand sens de la responsabilité à  l’autre et un sens de la citoyenneté mondiale. Pour ce faire, l’ONU et ses partenaires ont lancé la campagne digitale #Sharehumanity ou « Inspirer l’humanité »; en partageant les histoires des personnes touchées par les crises, et pour que leur force et leur humanité nous inspire tous, cette campagne nous incite à  participer à  l’avènement d’un monde plus humain. Cette campagne marque aussi le début du décompte d’ici au premier Sommet humanitaire mondial (WHS) prévu à  Istanbul en mai 2016. Ce Sommet, lancé par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon – une première du genre – sera l’occasion pour les chefs d’à‰tat, les acteurs privés, la société civile et les communautés affectées de se réunir pour chercher des solutions aux énormes défis humanitaires d’aujourd’hui et de demain.

377 millions de dollars pour l’aide humanitaire au Mali

Trois ans après le début de la crise au Nord du Mali, encore 2,6 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire au Mali. Pour résumer la situation, il reste environ 60000 personnes déplacées internes et environ 130 000 réfugiés dans les pays voisins. A peu près 400 000 personnes qui avaient fui le nord du Mali après l’invasion des djihadistes sont retournées chez elle, en dépit de l’insécurité alimentaire, de la présence des groupes armés ou encore des tensions intercommunautaires fréquentes. Défis liés à  l’aide humanitaire S’il fallait établir un bilan objectif des actions des agences onusiennes au Mali et leurs partenaires pays, on peut dire qu’au nord, la majorité des écoles ont ré-ouvertes, même si certaines restent fermées, à  Tombouctou par exemple, environ 85% des écoles ont redémarré, à  Gao, un peu plus de 75% , mais à  Kidal, aucune n’a réouvert depuis le début de la crise. Sur le plan alimentaire, près de 650 000 personnes sont menacées de soif, par absence d’accès à  l’eau potable. Quant aux enfants, la malnutrition sévère et aigà¼e est leur lot. On estime à  1 sur 10 enfants, soit 715 000 enfants de 6 à  59 mois qui souffriront de ces maux en 2015, d’o๠l’urgence de mobiliser les fonds. Le plan de réponse stratégique 2015 Le plan de réponse stratégique au Mali, vise donc à  mobiliser 377 millions de dollars pour 1, 5 millions de personnes. Il s’articule autour de 112 projets à  réaliser dans plusieurs régions. Une soixantaine de projets à  Gao et Tombouctou, 25 dans la zone de Kidal et 45 autour de Mopti et environs. Le plan va toucher des secteurs phares come l’eau, l’assainissement l’hygiène, l’éducation, la protection ou même le relèvement précoce, ou cette capacité à  sortir de la crise, par des petites activités économiques. Pour beaucoup, ces aides sont cruciales, C’’est le cas de Zeinabou, ressortissante de Gao et veuve, qui a en charge près de 14 personnes. La dame a passé deux ans à  Bamako après le conflit. Mais elle a choisi de rentrer au nord en 2014 et grâce à  l’appui des Nations Unies, Zeinabou tient un étal de vêtements usagés au marché de Gao. De quoi survivre et se relever doucement de la crise. Appel de fonds Ce sont près de 42 agences des Nations Unies et ONG qui participent à  cet appel de fond. Pour David Gressly, coordonnateur de l’Action Humanitaire au Mali, il faut noter que la mobilisation financière pour 2015 représente 200 millions de dollars de moins qu’en 2014, cela lié à  un baisse du nombre de personnes en besoin d’aide humanitaire. Gressly souligne aussi le contexte difficile : « Malgré l’espoir d’arriver à  un accord de paix, la situation sécuritaire s’est détériorée et les attaques contre la Minusma et les forces de l’ordre se sont multipliées, ce qui entraà®ne malheureusement, la suspension de certaines opérations humanitaires dans le nord ». Aussi la mobilisation des bailleurs doit se poursuivre et penser des solutions durables pour la réinsertion socio-économique des personnes touchées par la crise est primordial, estime Gressly, qui en appelle à  la stabilisation définitive du nord du Mali.

Humanitaire : la réponse stratégique de l’ONU

En 2013, 1,7 million de personnes ont été aidées au Mali, selon les Nations unies. Mais les besoins restent évidemment immenses, et coûteux. Près de 370 000 parmi lesquelles 199500 sont toujours déplacées dans les pays voisins et 170000 réfugiées à  l’intérieur du pays. En outre 800 000 vivent toujours une insécurité alimentaire sévère et nécessitent une aide immédiate notamment des enfants qui souffrent de malnutrition aigue. La liste des besoins humanitaires d’urgence ou de moyen terme est longue. Et pour financer cette aide, évidemment, il faut de l’argent. David Gressly, le coordinateur humanitaire des agences onusiennes avec les ONG présentes au Mali, a présenté mercredi 26 février le nouveau plan stratégique d’aide aux populations maliennes, en présence du ministre malien des Affaires humanitaires, Hamadoun Konaté.  » « Nous recherchons 568 millions de dollars, explique David Gressly, coordinateur au Mali des affaires humanitaires pour les Nations unies. Cet appel de fonds reflète les besoins humanitaires des personnes affectées par l’insécurité alimentaire, la malnutrition récurrente et les conséquences humanitaires de la crise au Nord. Il a aussi pour objectif de promouvoir des solutions durables afin de rendre les communautés plus résistantes au choc ». Ce plan selon le coordinateur vise à  apporter l’assistance d’urgence nécessaires aux personnes affectées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition aigue en priorité, même si en 2013, seulement 477 millions dollars ont été mobilisés. Un chiffre qui reste loin des attentes. Concernant la situation d’insécurité au Nord, et particulièrement sur la résurgence de groupes armés tels que le MUJAO qui a revendiqué l’enlèvement d’une équipe du CICR, Gressly, précise que malgré ce contexte, les humanitaires feront leur travail avec courage et cela même si leur champ d’action est parfois réfuit.

OCHA-Mali: une coordination pour mieux guider les acteurs humanitaires

Katy Thiam, chargée de l’information publique au bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU répond aux questions de Diénéba Dème-Diallo. Journaldumali.com : Quel est le rôle que joue OCHA dans la coordination avec les organisations humanitaires au Mali ? Katy Thiam: OCHA intervient dans le domaine de la coordination qui vise à  rendre efficient les efforts de la communauté humanitaire. Ceci dans le but d’éviter les doublons dans les actions des différents acteurs humanitaires mais aussi de favoriser un environnement permettant la complémentarité entre les différentes interventions. Nous essayons d’identifier les zones ou les secteurs qui sont peu ou pas couverts et de faire un plaidoyer pour que les acteurs puissent y intervenir si les conditions le permettent. Le rôle d’OCHA trouve sa source dans une résolution des Nations Unies qui l’a mandaté à  effectuer la coordination dans les pays en situation de crise. OCHA joue ce rôle en appui aux autorités. Comment OCHA oriente les organisations humanitaires qui arrivent au Mali? OCHA est comme une porte d’entrée pour les acteurs qui veulent intervenir au Mali. En général, les organisations nous consultent et nous les informons sur les besoins actuels. Nous leur faisons le point de la situation humanitaire et les informons sur les zones couvertes par les autres organisations humanitaires et le Gouvernement. En fonction de leurs capacités nous les orientons vers les zones qui nécessitent plus d’intervention. Le Mali a connu une situation difficile ces deux dernières années. Comment se passe l’afflux d’organisations humanitaires sur le Mali ? Un grand nombre d’organisations humanitaires interviennent au Mali. A ce jour, nous avons répertorié dans notre base de données 163 organisations humanitaires au Mali. Elles sont composées d’ONG nationales et internationales, d’agences du système des Nations Unies, d’organisations internationales et des organisations du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Depuis quelques mois, on a constaté que les organisations interviennent de plus en plus dans le Nord parce que la situation s’est améliorée dans beaucoup de localités et l’intervention est devenue plus facile. Récemment, on a enregistré par exemple, l’arrivée d’Internews, qui travaille dans le secteur de la communication. On a aussi enregistré l’arrivée d’organisations qui travaillent dans le domaine de la réconciliation et de la cohésion sociale. C’’est très encourageant de voir tous ces acteurs venir ici au Mali pour soutenir l’action les autorités et de la communauté humanitaire. Au regard de tous ces points, quelles sont les difficultés rencontrées par OCHA ? La principale difficulté à  laquelle nous sommes confrontés, est liée au financement. Pour que les organisations humanitaires puissent exécuter leurs programmes, elles ont besoin de financement et le niveau de financement que nous avons reçu est insuffisant à  ce jour. Sur 477 millions de dollars recherchés à  travers l’appel de fonds humanitaire pour le Mali, nous n’avons reçu que 177 millions soit 37 %. Nous avons encore besoin de l’appui de la communauté internationale, des partenaires techniques et financiers pour pouvoir mener à  bien les programmes que nous avons mis en place pour alléger les souffrances des populations affectées par les crises.

Inondations à Bamako : 37 morts, plus de 19.000 sinistrés (Ocha)

« Selon la Direction générale de la protection civile (DGPC, étatique), le bilan provisoire des victimes des inondations qui ont touché la ville de Bamako le mercredi 28 août 2013 est estimé à  au moins 37 morts, de nombreux blessés et des centaines de maisons détruites ou endommagées », écrit Ocha, qui a établi un « aperçu » de la situation au 3 septembre. Le précédent bilan officiel faisait état de 34 morts. Dans ce document Ocha fait également état d’ »environ 19.000 personnes sinistrées », qui ont besoin notamment « de structures sanitaires adéquates » sur leurs sites d’accueil provisoire, d’ »articles de première nécessité » et d’ »appui aux moyens de subsistances ». Sur le terrain, les autorités maliennes ont été appuyées dans l’assistance aux victimes par plusieurs acteurs humanitaires, dont la Croix-Rouge malienne, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et le Programme alimentaire mondial (PAM). La capitale malienne a enregistré le 28 août des pluies torrentielles qui ont provoqué les inondations. Les zones les plus touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux o๠les habitations sont pour la plupart en banco (terre séchée) ou dans des lits de cours d’eau. Construite dans une cuvette entourée de collines, Bamako (plus de 2,5 millions d’habitants) est située sur les rives du fleuve Niger et comprend de nombreuses zones marécageuses conquises à  la faveur de l’urbanisation. Mercredi, après avoir prêté serment, le nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keà¯ta avait rendu hommage aux victimes des inondations et promis une enquête. « Chers compatriotes, C’’est le lieu de vous dire ma révolte et mon indignation tout en m’inclinant avec la plus grande piété et une compassion réelle sur toutes les victimes récentes de la cupidité de certains et que des eaux maà®trisables ont emportées », avait déclaré M. Keà¯ta. Une enquête approfondie devra établir sans tarder toutes les responsabilités à  l’origine de la tragédie récente », avait-il ajouté.

Crise du Nord: 436 000 Maliens ont fui leurs maisons

En six mois de conflits, plus de 260.000 réfugiés maliens ont trouvé refuge dans les pays voisins et 174.000 autres étaient déplacés internes. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des Affaires humanitaires(OCHA)pour la date du 10 aôut 2012. Depuis le 17 janvier dernier, date de la première attaque de la rebellion touareg du MNLA, les combats ont jetté sur les routes un grand nombre de Maliens. Le coup d’Etat militaire du 22 mars et ses conséquences sur le conflit, avec la partition en deux du pays, n’a guère arrangé la situation. Des conditions de vie très difficiles Qu’ils soient à  l’intérieur ou à  l’extérieur du pays, les personnes qui ont fui le Nord vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Hormis quelques centaines de familles qui ont trouvé refuge chez des parents ou qui ont les moyens de s’assurer un rythme de vie acceptable, la grande majorité dépend de la solidarité des proches ou de l’aide humanitaire nationale et internationale. La situation sanitaire préoccupante des Maliens est également au coeur du rapport de l’OADH qui remarque une augmentation de l’épidémie de choléra depuis quelques semaines. l’organisme recense 140 cas de choléra et 11 décès dans les régions de Gao et d’Ansongo au nord du Mali. l’instabilité actuelle a également aggravé l’une insécurité alimentaire. 360.000 personnes sont aujourd’hui bénéficiaires du Programme Alimentaire Mondiale, et 148.100 personnes le sont dans le nord. l’Ocha précise qu’il est également nécessaire d’offrir un meilleur accès à  l’eau potable pour les déplacés du Nord, « les taux étant déjà  très faibles avant la détérioration de la situation provoquée par le conflit armé. »