« 8 mai » : la Croix-Rouge malienne veut rehausser la visibilité de ses actions

Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge célébré  chaque année le 8 mai, la Croix-Rouge malienne en partenariat avec la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali a animé une conférence de presse mercredi 3 mai 2023 au siège de la société nationale à Bamako pour annoncer les différentes activités prévues pour cette édition.

Comme tous les ans, cette journée en hommage au père fondateur du Mouvement Croix-Rouge / Croissant-Rouge Henri Dunant,  est l’occasion de souligner le travail humanitaire accompli par la Croix Rouge malienne et ses partenaires et de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité nationale.

Elle est également une opportunité pour l’ensemble du mouvement Croix-Rouge / Croissant Rouge de mettre en avant la force du réseau mondial et la contribution des 17 millions de volontaires à travers les 192 pays membres.

Placée sous le thème « Toujours près des communautés avec le Cœur », la célébration de  journée du 8 mai 2023 vise à rehausser la visibilité et la lisibilité des actions du mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge auprès du public.

« Le message que je souhaite passer est de ne pas oublier toutes ces personnes déplacées, réfugiées, blessées, affectées par les conflits ou le changement climatique  et qui sont en besoin d’un minimum d’assistance ou de protection, au nom de notre principe d’humanité. Nous sommes tous des humains, peu importe le statut de la personne dans le besoin, nous devons essayer de nous entraider au maximum », a plaidé Antoine Grand, Chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge au Mali.

Une célébration avec faste

Plusieurs activités sont au programme cette année, en plus de la conférence de presse  du 3 mai. Il s’agit  d’une cérémonie de don de sang en partenariat avec une université publique ou privée prévue le même jour, d’une marche humanitaire le 8 mai précédée d’un dépistage du cancer  du col de l’utérus le 5 mai en collaboration avec le CSREF de la Commune I et d’une collecte et dons d’habits et de tout biens essentiels aux personnes déplacées

Par ailleurs, d’autres activités seront menées auprès du grand public, des médias et des volontaires à l’instar des séances d’orientation sur le mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d’une campagne digitale qui a commencé le 1er mai et se poursuivra jusqu’au pour mettre en lumière l’apport incommensurable des volontaires et du personnel de la Croix-Rouge, et des SMS Flash envoyés aux clients des trois réseaux de téléphonie mobile du pays avec des messages clairs appelant à soutenir les actions humanitaires de la Croix-Rouge au Mali.

« Nous avons plus de 40 projets qui s’articulent autour de la santé, la protection des adolescents, l’assistance humanitaire, le rétablissement des liens familiaux, la lutte contre les VBG, de l’eau, hygiène et assainissement entres autres », a rappelé Mme Assitan Coulibaly, présidente de la Croix-Rouge Malienne

Fondée  le 20 août 1965, la Croix-Rouge malienne fêtera   dans quelques mois ses 58 ans d’actions humanitaires au Mali. Aujourd’hui, elle compte plus de 4000 volontaires actives

Assistance humanitaire : un besoin de plus de 454 milliards de francs CFA

À travers le Plan de réponse humanitaire, la communauté internationale envisage apporter une assistance multisectorielle d’urgence répondant aux besoins vitaux et permettant aux populations des zones en crise au Mali de rester dignes, en assurant un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et en préparant les bénéficiaires à mieux résister aux chocs. Ce Plan a été présenté le mardi 31 janvier 2023 par le Bureau du Mali de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Visant à apporter une assistance humanitaire à 5,7 millions de personnes affectées par les conflits et les chocs climatiques, le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le Mali nécessite pour sa mise en œuvre la mobilisation de 751,4 millions de dollars américains, soit 454,8 milliards de francs CFA. Malgré les efforts de l’État et de ses partenaires, qui ont assisté plus de 2,9 millions de personnes sur les 5,3 millions ciblées par la réponse humanitaire en 2022, par la mobilisation de 260 millions de dollars sur les 686 millions recherchés, la tendance des besoins est toujours croissante, avec une hausse de 17% par rapport à janvier 2022.

Situation humanitaire : une vulnérabilité croissante

La multiplication des affrontements cette année a provoqué de nouveaux déplacements de populations dans les parties centrale et nord du Mali. Ajoutant au nombre de déplacés internes, qui a dépassé les 420 000 personnes. En plus des conflits, les effets du changement climatique et la difficulté pour les populations des zones de conflit d’exercer leurs activités compliquent davantage une situation humanitaire critique qui touche 7,5 millions de personnes.

Estimé à 685,7 millions de dollars, le besoin de financement en 2022 a été couvert à hauteur de 258 millions. Par ailleurs 1,8 million de personnes était déjà en insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2022, avec plus de 370 000 déplacés internes dont 9 000 nouveaux ménages (54 000 personnes) dans la seule région de Ménaka, selon un rapport d’Ocha.

Selon un document de la Commission européenne datant du mois d’octobre, le nombre de déplacés internes a atteint 440 000 personnes. Pour la même source, depuis le début du conflit, en 2012, 1,3 million de personnes ont quitté leurs foyers, 696 000 les ont retrouvés et 85 000 sont revenues de l’étranger. Mais 181 000 continuent de vivre dans trois pays voisins. Des personnes devenues vulnérables.

Nécessaire réorganisation

Le 21 novembre 2022, le gouvernement de Transition malien a annoncé l’interdiction d’opérer pour les organisations bénéficiant d’un financement français, y compris celles agissant dans le domaine humanitaire. Dans un contexte tendu où la situation sur le terrain n’est guère reluisante. Outre l’insuffisance des moyens mobilisés, les acteurs humanitaires déplorent une implication insuffisante des autorités et une confusion entre interventions des gardiens de la paix et des acteurs humanitaires. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga a rencontré les représentants de ces associations et organisations pour leur présenter les nouvelles conditions. Tout appui financier ou subvention accordée à une association ou fondation étrangère doit désormais requérir un avis de non objection du ministère chargé de l’Administration territoriale. En plus, elles doivent fournir tous les mois au ministre chargé de l’Administration territoriale, la situation de leurs comptes en banque au plus tard le 10 du mois suivant. Et ont également l’obligation de préciser l’origine des fonds lorsque leurs comptes sont crédités.      

Dans un rapport datant de fin 2019, Refugees International attirait déjà l’attention sur une inadéquate coordination civilo-militaire. Une coordination indispensable non seulement pour faire la distinction entre les actions civiles et militaires, mais aussi pour « protéger et promouvoir les principes humanitaires, minimiser les incohérences et, le cas échéant, poursuivre des objectifs communs ».

À l’heure du bilan, le plan de réponse humanitaire compte un niveau de couverture des besoins de financement d’environ 30%. Une situation qui laisse plusieurs programmes, comme l’appui à la mise en œuvre du Nexus Humanitaire-développement dans les régions de Mopti et Ségou ou le soutien en informations à la coordination humanitaire pour une meilleure planification, sans financement.

Il est donc urgent pour les autorités de trouver une stratégie adéquate pour gérer la présence « pléthorique d’ONGs et de militaires internationaux » afin que l’État puisse assumer pleinement son rôle de protection et d’assistance aux populations.

Mali – Plan de réponse humanitaire 2021 : Plus de 305 milliards de francs CFA sollicités pour répondre aux besoins

Le Plan de réponse humanitaire 2021 pour le Mali a été lancé mardi 2 mars. Avec 5,9 millions de personnes dans le besoin  dans le pays dont 54% d’enfants, les organisations humanitaires ciblent 4,7 millions et appellent à la mobilisation de plus de 305 milliards de francs CFA pour mettre en œuvre des projets en leur faveur.

Les besoins prioritaires sont relatifs à l’éducation, à la nutrition, à la protection des civils mais aussi à la santé et à la sécurité alimentaire. Plus de 378 000 enfants étaient affectés par la fermeture des écoles en décembre 2020 principalement en raison de l’insécurité.

Environ 1,2 million de personnes ont besoin d’un soutien aux moyens de subsistance en raison de la perte ou de la réduction importante des revenus et des moyens de subsistance des ménages à cause du conflit et des conséquences socio-économiques du coronavirus.

Quelque 950 000 personnes sont en besoin d’assistance alimentaire d’urgence selon les derniers chiffres du Cadre Harmonisé de novembre 2020 et plus de 1,1 million de personnes ont besoin d’une aide nutritionnelle.

« Il faut agir rapidement pour donner une réponse adéquate et efficiente aux besoins de ces communautés affectées », a  déclaré Mbaranga Gasarabwe, Coordonnatrice humanitaire pour le Mali. « Il est important d’augmenter le niveau de financement et surtout d’avoir à temps les contributions financières pour assister les populations dans le besoin et renforcer leur capacité de résistance aux chocs », a-t-elle ajouté.

Le Plan de réponse humanitaire s’inscrit dans le cycle de planification humanitaire 2020-2022. Il s’articule avec les interventions des autres partenaires non humanitaires afin de relier l’urgence au développement en vue de favoriser le relèvement et la résilience des populations.

« Les efforts conjoints de l’Etat et de ses partenaires humanitaires ont permis d’assister plus de 2,2 millions de personnes en 2020. Toutefois, nous devons continuer ensemble sur cette même lancée voire redoubler d’effort en 2021 car l’insécurité persistante, les violences multiformes et le coronavirus, ont détérioré davantage la situation humanitaire », a souligné Dr Fanta Siby, ministre de la Santé et du Développement Social.

En 2020, les organisations humanitaires recherchaient plus de 210 milliards de francs CFA à travers leur appel initial. Après la révision en juillet 2020 et face à la hausse des besoins, ce montant a atteint près de 260 milliards de francs CFA. Au 31 décembre 2020, un total de plus de 120 milliards de francs CFA ont été mobilisés, soit 47% des fonds recherchés.

Germain Kenouvi 

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Solidarité : La star de la NBA Cheick Diallo désormais ambassadeur de l’orphelinat Niaber

La star malienne de la NBA, Cheick Diallo, a été désignée ambassadeur de l’orphelinat Niaber de l’Association pour la Sauvegarde de l’Enfance (ASE Mali). C’était ce mercredi 2 septembre audit orphelinat à Sébénikoro, en Commune IV de Bamako.

Après les terrains de basket américains, Cheick Diallo vient de fouler un autre : l’humanitaire. Il a lancé sa fondation caritative, « CD 13 Fondation »,  au Palais des sports de Bamako ce mercredi 2 septembre. Cela n’est que la concrétisation formelle de longs mois de pratiques humanitaires. L’international malien de la NBA fait des donations depuis longtemps à 156 enfants de l’orphelinat Niaber. Et le jour du lancement officiel de sa fondation, il rempile. C’est avec un tricycle rempli d’huile, de riz, de sucre et de lait que Cheick Diallo est venu poser les yeux, pour la première fois, sur les nécessiteux qui recevaient ses dons depuis longtemps. Et c’est en guise de remerciement que l’Association pour la Sauvegarde de l’Enfance, qui gère l’orphelinat Niaber, a désigné ce philanthrope  « ambassadeur de bonnes volontés ». « Il y a de cela quelques mois on ne savait pas qui était derrière ces dons. 156 orphelins et enfants abandonnés demandaient à Dieu de leur envoyer un sauveur. Et aujourd’hui ce rêve est devenu une réalité. Nous remercions Cheick Diallo », a déclaré Maly Bibi Sangho, promotrice de l’orphelinat Niaber.

Cheick Diallo a encouragé Mme Sangho à continuer de prendre soin des enfants démunis tout en lui assurant son accompagnement. « Je remercie Maly Bibi Sangho car je sais que ce qu’elle fait n’est pas facile. Aux Etats-Unis j’ai vu comment vivent les enfants qu’on abandonne. Personne ne se soucie d’eux dans les centres d’accueil aux conditions modestes. Cette situation m’a inspiré à m’investir dans l’humanitaire afin d’aider les enfants démunis de ma patrie. Je demande à Maly Bibi Sangho de continuer avec cette bonne œuvre et j’apporterai aussi ma contribution dans la mesure du possible », a-t-il rassuré.

L’Association pour la Sauvegarde de l’Enfance (ASE Mali) est née en 1993. Elle œuvre dans la promotion de la santé, la nutrition, l’éducation et le bien-être des enfants.

Dr. Mamadou Moussa Traoré : « La Croix Rouge est neutre et impartiale, elle ne fait que délivrer le service humanitaire »

Le 20 août 2020 a marqué le 55ème anniversaire de la création de la Croix Rouge Malienne. A cette occasion, Dr. Mamadou Moussa Traoré, Secrétaire général de l’organisation, a accordé un entretien au Journal du Mali. Il y évoque entre autres  les grands moments du parcours de la Croix Rouge malienne depuis 1965, les différentes actions humanitaires menées et les perspectives d’avenir de cette structure indispensable dans le maintien du service humanitaire au Mali, la seule dont la fondation a été régie par une signature de l’Etat.

Quels sont les grands moments qui ont jalonné le parcours de la Croix Rouge Malienne?

La Croix Rouge Malienne a été initiée à la suite de la ratification des conventions de Genève le 24 mai 1965 par le  gouvernement du Mali. Ensuite a suivi la fondation proprement dite le 20 août 1965 comme une organisation de secours et d’appui aux communautés. A ce titre elle était chargée de mener des actions humanitaires dans le sillage de l’Etat. Dans ce sens on dit qu’elle est auxiliaire des pouvoirs publics.

La croix Rouge depuis 1965 jusqu’à aujourd’hui a poursuivi avec le maintien de cette mission humanitaire, soulager la souffrance des populations vulnérables et amener à améliorer leurs conditions de vie. De 1965 à 2020, cette mission s’est traduite en différentes étapes et sous différentes formes. Je rappelle que la Croix rouge malienne est membre du mouvement Croix Rouge-Croissant Rouge, donc membre d’une grande famille où les orientations politique, institutionnelles et opérationnelles sont données. Mais chaque société nationale est souveraine. La Croix Rouge malienne dans cette souveraineté a suivi le mode organisationnel du mouvement Croix Rouge mais a maintenu la spécificité sur le territoire malien.

Aussi, de 1965  jusque dans les années 2000, elle fonctionnait sur la base d’actions d’urgences en réponses aux besoins. Il  n’y avait pas une planification et les interventions se faisaient selon les besoins d’assistance. En cette période c’était surtout les urgences liées aux inondations, aux autres catastrophes naturelles et aux autres actions de contingences. A partir de 2004, la Croix rouge malienne a mis en place un plan stratégique. Le premier plan a commencé à être exécuté en 2005.

De 2005 à 2008, la Croix Rouge est rentrée dans l’organisation de ses activités à travers des plans stratégiques.  Mais avant cela, au titre de la gouvernance, notamment de l’organisation, la Croix Rouge malienne a vu son mode organisationnel changer. Au tout départ, il n’y avait pas d’administration. C’était une Croix Rouge dirigée par un Président qui gérait toutes les affaires à la fois. A partir de 2002, il y a eu l’affectation d’une administration proprement dite qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Quel bilan global faites-vous de vos actions sur le terrain ?

Nous sommes satisfaits parce que nous avons pu amener le service humanitaire aux communautés sur toute l’étendue du territoire national. Pendant la première phase, les interventions étaient ponctuelles mais l’accès dans toutes les régions n’était pas assuré. Avec la période de planification, il y a eu une couverture systématique de toutes les régions du Mali et Aujourd’hui, nous pouvons affirmer avec satisfaction qu’il y a  un comité Croix Rouge dans chacun de ses régions. Le service humanitaire est en train d’être donné de façon organisée à travers les projets et les programmes. Nous sommes passés  de l’action d’urgence typiquement à une action de relèvement et de développement. Aujourd’hui nous avons un partenariat diversifié qui nous a permis de faire cela. Nous touchons à l’ensemble des besoins liés aux problèmes de développement des communautés.

Qu’en est-il de vos grandes réalisations ?

Nous intervenons  dans le domaine de la santé notamment la santé maternelle, communautaire, de la reproduction, et  celle lié aux problèmes oculaires. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, nous avons effectué beaucoup d’aménagements agropastoraux, notamment des aménagements liés à la riziculture, à la culture du blé mais aussi des périmètres maraîchers pour permettre aux femmes de façon saisonnière d’entreprendre les activités. Nous avons réalisé des infrastructures comme des puits pastoraux et renforcé la résilience des populations face au changement climatique en adaptant de nouvelles techniques d’exploitation pour assurer leur subsistance. Dans le domaine de la migration, nous sommes la seule structure à intervenir dans le Nord du Mali.

A la frontière entre l’Algérie et le Mali, nous avons assisté des communautés migrantes pour les acheminer jusqu’à Gao. Nous avons apporté beaucoup de réponses en lien avec les déplacements des populations dus aux conflits. Nous aidons à promouvoir le droit international humanitaire au niveau des cibles potentielles mais nous formons également les communautés pour qu’ils assurent les relais. En 2012, lorsque la crise a éclaté, nous étions la première structure à apporter de l’assistance humanitaire à Kidal, Gao et Tombouctou et nous avons continué cela en apportant des vivres et des non-vivres. Nous avons également aidé à la construction des habitats pour le retour des communautés déplacées.

La Croix Rouge malienne a réhabilité beaucoup d’écoles, dans plusieurs régions. Elle a aussi agi spécifiquement dans la lutte contre  les mutilations génitales féminines notamment l’excision. Nous sommes la première structure, avant même la création du Programme national  de lutte contre l’excision, à intervenir dans ce domaine. Aujourd’hui, dans la lutte contre le coronavirus, nous avons agi en termes de sensibilisation des communautés et en termes de prévention et de protection en accompagnant les services techniques de l’Etat.

A quelles difficultés faites-vous face dans l’accomplissement de vos missions ?

L’ampleur des besoins est grande mais les ressources financières à notre disposition ne suffisent pas. Aujourd’hui nous sommes aidés par des sociétés nationales sœurs qui nous amènent l’argent et qui nous permettent à travers les projets de répondre aux besoins des communautés. Mais la capacité de mobilisation des ressources de  la Croix Rouge malienne elle-même est largement en deçà des besoins. L’Etat nous aide beaucoup dans certains sens parce que l’appui institutionnel et l’accompagnement  n’a jamais manqué de sa part. Ce partenariat est étroit entre nous mais en termes d’appui financier, les ressources ne sont pas à la hauteur des besoins.

Nous demandons donc à l’Etat d’élargir la manche sinon, comparé à ce que nous faisons comme activités et vu l’argent qui nous est affecté annuellement, nous sommes largement en deçà. La première difficulté pour nous alors est comment accéder aux ressources nécessaires pour couvrir l’étendue du territoire non seulement en termes géographique mais surtout pour répondre aux multitudes de besoins. C’est le premier défi à relever et avec un appui conséquent de l’Etat nous pouvons maintenir une réponse accrue. Concernant l’aspect physique sur le terrain, la croix Rouge est touchée au même niveau que les mêmes organisations.

L’emblème de la Croix Rouge est connu mais les péripéties sur le terrain ne résultent pas que de l’aspect politique. Il y a aujourd’hui l’appât du gain, les braquages, les vols de véhicules etc. L’insécurité est une réalité mais nous avons travaillé une approche qui permet d’assurer l’acceptation de la société Croix Rouge et ses services sur le terrain. La croix Rouge est neutre et impartiale, elle ne fait que délivrer le service humanitaire.

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

La Croix Rouge malienne est un héritage. Il doit être gardé jalousement. La Croix Rouge est d’abord forte de son partenariat avec l’Etat. C’est la seule structure humanitaire dont la fondation a été régie par une signature de l’Etat. Il y a un partenariat traditionnel et formel avec l’Etat qui la différencie des autres structures d’intervention. Pour les perspectives, la Croix Rouge malienne veut voir avec l’Etat comment développer ce partenariat existant et le formaliser. Tant qu’on ne met pas des cadres formels de collaboration signée, ce partenariat restera un challenge à relever. Par ailleurs, la Croix Rouge est un mouvement populaire qui est forte de l’adhésion des communautés. Nous en appelons à l’appui et à une adhésion accrue des communautés à la Croix rouge.

Nous lançons un appel de volontariat à tous les citoyens, sans aucune distinction, à aider la Croix Rouge malienne à mener son service humanitaire au bénéfice des populations. La Croix rouge ne doit pas vivre de la pitance, notamment des dons. Elle doit savoir développer elle-même des Activités génératrice de revenus. Elle doit s’adapter à l’évolution du contexte mondial, donc entamer une action économique pour qu’elle ait des ressources suffisantes. Le partenariat avec l’Etat peut garantir un montant mais il faut que la Croix rouge elle-même sache développer des stratégies de production de richesse et de ressources pour aider les communautés. La Croix Rouge malienne ambitionne aussi  de mobiliser  la jeunesse.

L’intelligence de la jeunesse doit rencontrer la volonté institutionnelle pour fonder un nouvel ’élan qui permettra de perpétrer l’action humanitaire. La Croix rouge est une organisation centenaire, elle doit être intégrée par la jeunesse pour rajeunir ses branches. Le nouveau plan stratégique de la Croix Rouge malienne va jeter les bases pour des actions humanitaires propres, autonomes, pertinentes et qui répondent aux besoins des communautés avec le maintien du service humanitaire sur toute l’étendue du territoire national.

Propos recueillis par Germain Kénouvi

Ecobank-Mali offre des vivres à un orphelinat

La banque a aussi du cœur. La filiale malienne du groupe Ecobank a procédé ce samedi 17 novembre à une remise de vivres et de dons à l’orphelinat Ashed, sis à Badalabougou. Durant cette journée dénommée ‘’Ecobank Day’’, la banque a choisi de donner du sourire et de l’espoir à de nombreux jeunes orphelins, et à leur protectrice Kadiatou Dem. Très émue, cette dernière, n’a pu contenir ses larmes. Balbutiant, elle cherchait ses mots, submergée par l’émotion.

Elle a tout de même tenu à témoigner de sa gratitude à la directrice d’Ecobank-Mali, Touré Coumba Sidibé, présente pour la circonstance. «Chez Ecobank, nous croyons qu’il est important de changer la vie des communautés en améliorant les services de garde. Nous partageons l’opinion selon laquelle le soutien aux orphelinats améliora le bien-être de ces enfants vulnérables. Nous estimons également que les enfants constituent l’une des plus grandes richesses de l’humanité» s’est exprimée la directrice.  En plus des vivres, la banque a offert un chèque symbolique de 2.500.000 FCFA à ASHED.

Le groupe financier accompagnera également trois enfants de l’orphelinat dans leur parcours académique, « jusqu’à leur insertion dans la vie active ». L’ASHED  héberge près de 74 enfants âgés de 6 mois à 14ans, des orphelins dont certains sont atteints d’handicap.

200 milliards de Fcfa pour la mise en œuvre du plan humanitaire 2016

La baisse progressive du montant de l’appel de fonds humanitaires pour le Mali de 2014 à  2016, atteste des avancées significatives en matière de stabilisation et de réhabilitation des services sociaux dans les zones touchées par le conflit, notamment la région du nord. En effet, en 2014, l’appel de fonds des partenaires humanitaires pour répondre aux besoins identifiés au Mali était de 481 millions de dollar, en 2015, ce montant avait considérablement baissé pour se chiffrer à  377 millions, en 2016, c’est à  dire, cette année ce sont 200 milliards de Fcfa qui seront requis pour mettre en œuvre le Plan de réponse. Cette information a été annoncé lors du lancement officiel du plan humanitaire ce mardi 2 février au grand hôtel de Bamako. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Hamadoun Konate, ministre de la solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du nord. Plusieurs responsables d’organisations ont également rehaussé par leur présence, ce premier grand événement de l’année 2016, qui marque le début des activités du plan humanitaire au Mali. Pour Madame M’Baranga Gasarabwe, coordinatrice humanitaire, il ne reste aujourd’hui plus qu’environ 220 écoles fermées dans les zones touchées par le conflit comparativement à  450 à  la fin de la dernière année scolaire en mai 2015. Alors que plus de 3 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire pendant la période de soudure l’an dernier, il est estimé que ce chiffre sera de 2 millions et demi cette année. Les 200 milliards qui seront répartis entre 44 organisations permettront de lancer 127 projets pour aider environ 1 millions de personnes. La coordinatrice a également annoncé avec joie que les vols des services aériens humanitaires vont pouvoir reprendre sur Kidal, grâce à  la réouverture de la piste d’atterrissage qui était fermée depuis un an en raison de travaux de réhabilitation et de sécurisation. Quant au ministre, il lancera l’ouverture des activités du plan humanitaire de l’année 2016 avant d’inviter les ONG à  solliciter davantage l’action publique à  travers le gouvernement car estime t-il seule une synergie des efforts permettrait d’atteindre les résultats escomptés.

377 millions de dollars pour l’aide humanitaire au Mali

Trois ans après le début de la crise au Nord du Mali, encore 2,6 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire au Mali. Pour résumer la situation, il reste environ 60000 personnes déplacées internes et environ 130 000 réfugiés dans les pays voisins. A peu près 400 000 personnes qui avaient fui le nord du Mali après l’invasion des djihadistes sont retournées chez elle, en dépit de l’insécurité alimentaire, de la présence des groupes armés ou encore des tensions intercommunautaires fréquentes. Défis liés à  l’aide humanitaire S’il fallait établir un bilan objectif des actions des agences onusiennes au Mali et leurs partenaires pays, on peut dire qu’au nord, la majorité des écoles ont ré-ouvertes, même si certaines restent fermées, à  Tombouctou par exemple, environ 85% des écoles ont redémarré, à  Gao, un peu plus de 75% , mais à  Kidal, aucune n’a réouvert depuis le début de la crise. Sur le plan alimentaire, près de 650 000 personnes sont menacées de soif, par absence d’accès à  l’eau potable. Quant aux enfants, la malnutrition sévère et aigà¼e est leur lot. On estime à  1 sur 10 enfants, soit 715 000 enfants de 6 à  59 mois qui souffriront de ces maux en 2015, d’o๠l’urgence de mobiliser les fonds. Le plan de réponse stratégique 2015 Le plan de réponse stratégique au Mali, vise donc à  mobiliser 377 millions de dollars pour 1, 5 millions de personnes. Il s’articule autour de 112 projets à  réaliser dans plusieurs régions. Une soixantaine de projets à  Gao et Tombouctou, 25 dans la zone de Kidal et 45 autour de Mopti et environs. Le plan va toucher des secteurs phares come l’eau, l’assainissement l’hygiène, l’éducation, la protection ou même le relèvement précoce, ou cette capacité à  sortir de la crise, par des petites activités économiques. Pour beaucoup, ces aides sont cruciales, C’’est le cas de Zeinabou, ressortissante de Gao et veuve, qui a en charge près de 14 personnes. La dame a passé deux ans à  Bamako après le conflit. Mais elle a choisi de rentrer au nord en 2014 et grâce à  l’appui des Nations Unies, Zeinabou tient un étal de vêtements usagés au marché de Gao. De quoi survivre et se relever doucement de la crise. Appel de fonds Ce sont près de 42 agences des Nations Unies et ONG qui participent à  cet appel de fond. Pour David Gressly, coordonnateur de l’Action Humanitaire au Mali, il faut noter que la mobilisation financière pour 2015 représente 200 millions de dollars de moins qu’en 2014, cela lié à  un baisse du nombre de personnes en besoin d’aide humanitaire. Gressly souligne aussi le contexte difficile : « Malgré l’espoir d’arriver à  un accord de paix, la situation sécuritaire s’est détériorée et les attaques contre la Minusma et les forces de l’ordre se sont multipliées, ce qui entraà®ne malheureusement, la suspension de certaines opérations humanitaires dans le nord ». Aussi la mobilisation des bailleurs doit se poursuivre et penser des solutions durables pour la réinsertion socio-économique des personnes touchées par la crise est primordial, estime Gressly, qui en appelle à  la stabilisation définitive du nord du Mali.

Le Mali célèbre les héros humanitaires

Au Mali, les activités marquant cette Journée se sont déroulées au Centre international de conférence de Bamako (CICB) ainsi qu’à  Mopti, Tombouctou et Gao. Il s’agit non seulement de rendre hommage à  tous ceux qui à  travers le monde ont perdu leur vie mais aussi de permettre aux acteurs humanitaires de se faire connaà®tre du public. Depuis le début de l’année, les travailleurs humanitaires ont été touchés par près de 130 attaques à  travers le monde. 54 d’entre eux sont morts en service, certains ont été blessés et d’autres victimes d’enlèvement. En mai dernier, deux travailleurs humanitaires de l’ONG Norvegian Refugee Council (NRC) ont perdu la vie au Mali. Selon le Coordonnateur humanitaire pour le Mali, David Gressly, la situation s’est améliorée grâce à  l’engagement des acteurs humanitaires. « Le nombre de déplacés internes a fortement diminué. Depuis juin 2013, il est passé de 350.000 à  125.000 personnes. Près d’un million de personne ont reçu une aide alimentaire. D’ici septembre, encore 2 millions de personnes recevront de l’aide grâce à  l’action du gouvernement et des acteurs humanitaires » a-t-il indiqué. Pour relever les défis d’après M. Gressly, le monde a besoin de plus de héros humanitaires et plus d’engagement. « Nous pouvons tous devenir des humanitaires, dans le monde réel ou sur les réseaux sociaux. C’’est pour cela qu’aujourd’hui, une campagne mondiale sur internet est lancée. J’espère que cette campagne sera une source d’inspiration, et qu’elle suscitera de nouvelles vocations » a-t-il ajouté. Intitulée « Les messagers de l’humanité », les internautes peuvent rencontrer « virtuellement » des centaines de travailleurs humanitaires grâce à  cette campagne. Après un bref historique de cette journée, le ministre de la solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté, a salué le dévouement et l’accompagnement des humanitaires pendant les moments difficiles qu’a connus le pays. Au cours de cette Journée une vingtaine d’organisations humanitaires présente au Mali ont exposé leurs produits d’information. C’’était l’occasion pour les visiteurs d’échanger avec les acteurs humanitaires afin de mieux connaà®tre leurs activités et les différents métiers du secteur. Il faut noter que le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra un débat public sur la protection des travailleurs humanitaires aujourd’hui à  New York.

Crise humanitaire au Mali: les Nations Unies brossent le contour

Le coordonnateur résident des Nations Unis au Mali et coordonnateur humanitaire, David Gressly a tenu une conférence de presse jeudi 12 décembre 2013 à  Ocha en présence des représentants du PAM, de l’Unicef et de la FAO. L’objectif de cette rencontre selon M. Gressly est de « partager avec les journalistes des informations sur la situation humanitaire au Mali, la réponse fournie et les défis rencontrés par les acteurs humanitaires ». Des solutions pour venir en aide aux populations notamment pour garantir une sécurité alimentaire est en cours. Les personnes les plus vulnérables au Nord du Mali peuvent bénéficier des distributions mensuelles de vivres ou non. Le programme alimentaire mondial (PAM) organise cela pour aider à  un meilleur accès à  l’alimentation et une prise en charge de personnes atteintes de malnutrition. « Il existe des cantines scolaires, des distributions de vivres chaque mois pour aider dans un programme d’urgence les personnes nécessiteuses » commente Sally Haydock, représentante du PAM au Mali. M. David Gressly est revenu sur la situation des personnes déplacées, la crise alimentaire et nutritionnelle, l’accès limité aux services de base, la protection des civils ainsi que les contraintes opérationnelles auxquelles les acteurs humanitaires sont confrontés. Pour rappel, le Mali a connu une crise sécuritaire dans les parties septentrionales à  savoir le nord du pays. M. Gressly a souligné que « malgré certains progrès réalisés par les autorités et les humanitaires, l’accès aux services de base demeure limité dans les zones touchées par la crise de ces deux dernières années ». Plan de réponse stratégique pour une sortie de crise Le mouvement des populations déplacées et réfugiées a aussi été évoqué lors de cette conférence de presse. Selon la CMP commission des mouvements de population, environ 170 000 ressortissants du Nord sont réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger. A la date du 31 novembre 2013, le nombre de déplacés s’élevait à  254 822 personnes. Des retours volontaires sont organisés depuis juillet 2013. Les personnes les plus vulnérables sont celles qui n’ont pas de ressources ou peu de ressources pour subvenir aux besoins vitaux de leurs familles. Parmi elles, il peut figurer des déplacés retournés ou des personnes restées sur place durant la période du conflit. En ce qui concerne l’éducation, 781 écoles ont pu rouvrir sur 1 100 à  Gao et Tombouctou. Aucune rentrée scolaire n’a pu s’effectuer cependant à  Kidal. Sur deux millions de personnes ciblées, la moitié a pu avoir accès à  l’eau potable. En perspective pour 2014, un plan de réponse sur une période de trois ans (2014 2016) sera lancé pour continuer le travail déjà  entamé. « L’idée est de mettre en place un plan de réponse stratégique d’une durée de trois ans (2014-2016) pour mieux prévenir les crises et apporter des solutions durables aux défis humanitaires du Sahel y compris à  ceux du Mali. Le plan du Mali, à  l’instar des plans des autres pays du Sahel, sera intégré dans une stratégie régionale » explique David Gressly, coordonnateur humanitaire des Nations Unies au Mali.

Dominique Kouacou :  » La problématique du retour des réfugiés est réelle »

Dominique Koffy Kouacou, chef de mission de Danish Refugee Council (conseil danois pour les réfugiés) DRC est interrogé par Diénéba Dème. Journaldumali.com : Présentez-nous brièvement le Danish Refugee Council Dominique Koffy Kouacou : Le conseil danois pour les réfugiés est présent dans 35 pays du monde. Au niveau de l’activité international, nous avons pour mandat, la protection et la promotion de solutions durables aux problèmes des réfugiés et des déplacés sur la base des principes humanitaires et les droits humains. Cela consiste à  apporter aux déplacés, aux réfugiés ou tout autre groupe concerné, vivant dans des situations de guerre ou de conflit, une assistance en fonction de leurs droits. Cette aide humanitaire consiste aussi à  la réhabilitation de tous les moyens d’existence, à  les soutenir et à  contribuer à  la promotion d’une solution durable. l’autre axe est de contribuer au renforcement des capacités et la coopération entre les autorités locales et nationales ainsi que toutes les organisations compétentes en la matière. Ce travail vise à  renforcer la sensibilisation et la promotion de tout ce qui est solution durable toujours en accord avec la politique du gouvernement. Quelles sont les activités qu’a mené DRC au Mali depuis son arrivée ? Depuis la crise malienne, DRC a fait d’abord une mission exploratoire en septembre 2012. Notre organisation a commencé ses opérations au Mali et au Burkina Faso en janvier 2013. Au Burkina, nous travaillons dans la région du sahel et au Mali, nous travaillons à  Mopti, de Douentza et de Gao, C’’est-à -dire que nous couvrons toute la zone du Sino malien et du Gourma. Nous avons une approche transfrontalière entre le Mali et le Burkina. Cela nous facilite notre action de protection, plus précisément de la protection monitoring, tout en sachant les problématiques et les difficultés que rencontrent les populations déplacées suite aux conflits. Nous apportons une assistance ciblée et adaptée à  leurs besoins. Il faut préciser que DRC est présent en Afrique de l’ouest depuis 1998. Nous avons commencé notre présence au niveau du Libéria, ensuite nous avons ouvert un bureau en Guinée, à  Nzérékoré (Basse Guinée). Depuis 2006, nous avons opté pour une approche régionale sur trois pays : Libéria, Côte d’Ivoire et Guinée Conakry, le bureau régional se situe en Côte d’Ivoire. Qu’avez-vous prévu pour aider les déplacés et réfugiés qui veulent retourner au Nord ? La problématique du retour est réelle. Nous assistons à  des retours spontanés pour le moment. Samedi dernier (5 octobre 2013 ndlr), l’équipe DRC a apporté assistance à  près de 150 ménages retournés de camps de réfugiés du Burkina Faso. Souvent ce sont des cas de « go and see », ils viennent voir dans quel état sont leurs maisons, leurs familles et les biens qu’ils ont laissés ici, avant de prendre une décision définitive. Suite à  la situation actuelle, nous observons de plus en plus de retournés, mais C’’est difficile de prendre une position. La politique de DRC est d’assister aux personnes retournées de façon spontanée. Quand on se rend compte que C’’est des besoins en nourriture ou en santé qui priment, nous prenons en charge ces cas. Par exemple, nous faisons des références vers les structures adaptées. Par rapport aux dernières personnes qui viennent d’arriver, nous avons distribué de l’eau et des vivres. Nous avons aussi fait un plaidoyer pour les autres besoins dont les abris. Que fait le conseil danois pour les réfugiés au long terme pour le Mali ? C’’est vrai que nous faisons une réponse d’urgence mais aussi, selon notre politique, nous nous inscrivons dans tout ce qui est solution durable. C’’est pour cela que nous avons des activités dans ce sens. Par exemple, nous avons inscrit à  Gao plus de 500 jeunes pour le programme «cash for work». Nous faisons la sélection de ces jeunes à  travers des critères de vulnérabilité, bien-sûr, pour leur permettre de trouver de l’emploi, mais nous faisons attention d’inclure toute la population ; non seulement ceux qui sont restés mais aussi ceux qui reviennent. Notre critère de ciblage prend en compte tout le monde, ce qui fait que systématiquement s’il y a des gens qui reviennent et qu’ils sont dans la communauté, ils bénéficient de notre assistance. A Ntilit, nous avons fait une assistance à  plus de 50 ménages dans la zone y compris des enfants. Partant de là , on essaie de cibler les personnes très vulnérables, et on lance des activités génératrices de revenus pour qu’eux-mêmes soient autonomes et prennent en charge leurs familles. Cela pour leur permettre de ne pas vivre uniquement de l’assistance humanitaire.

OCHA-Mali: une coordination pour mieux guider les acteurs humanitaires

Katy Thiam, chargée de l’information publique au bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU répond aux questions de Diénéba Dème-Diallo. Journaldumali.com : Quel est le rôle que joue OCHA dans la coordination avec les organisations humanitaires au Mali ? Katy Thiam: OCHA intervient dans le domaine de la coordination qui vise à  rendre efficient les efforts de la communauté humanitaire. Ceci dans le but d’éviter les doublons dans les actions des différents acteurs humanitaires mais aussi de favoriser un environnement permettant la complémentarité entre les différentes interventions. Nous essayons d’identifier les zones ou les secteurs qui sont peu ou pas couverts et de faire un plaidoyer pour que les acteurs puissent y intervenir si les conditions le permettent. Le rôle d’OCHA trouve sa source dans une résolution des Nations Unies qui l’a mandaté à  effectuer la coordination dans les pays en situation de crise. OCHA joue ce rôle en appui aux autorités. Comment OCHA oriente les organisations humanitaires qui arrivent au Mali? OCHA est comme une porte d’entrée pour les acteurs qui veulent intervenir au Mali. En général, les organisations nous consultent et nous les informons sur les besoins actuels. Nous leur faisons le point de la situation humanitaire et les informons sur les zones couvertes par les autres organisations humanitaires et le Gouvernement. En fonction de leurs capacités nous les orientons vers les zones qui nécessitent plus d’intervention. Le Mali a connu une situation difficile ces deux dernières années. Comment se passe l’afflux d’organisations humanitaires sur le Mali ? Un grand nombre d’organisations humanitaires interviennent au Mali. A ce jour, nous avons répertorié dans notre base de données 163 organisations humanitaires au Mali. Elles sont composées d’ONG nationales et internationales, d’agences du système des Nations Unies, d’organisations internationales et des organisations du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Depuis quelques mois, on a constaté que les organisations interviennent de plus en plus dans le Nord parce que la situation s’est améliorée dans beaucoup de localités et l’intervention est devenue plus facile. Récemment, on a enregistré par exemple, l’arrivée d’Internews, qui travaille dans le secteur de la communication. On a aussi enregistré l’arrivée d’organisations qui travaillent dans le domaine de la réconciliation et de la cohésion sociale. C’’est très encourageant de voir tous ces acteurs venir ici au Mali pour soutenir l’action les autorités et de la communauté humanitaire. Au regard de tous ces points, quelles sont les difficultés rencontrées par OCHA ? La principale difficulté à  laquelle nous sommes confrontés, est liée au financement. Pour que les organisations humanitaires puissent exécuter leurs programmes, elles ont besoin de financement et le niveau de financement que nous avons reçu est insuffisant à  ce jour. Sur 477 millions de dollars recherchés à  travers l’appel de fonds humanitaire pour le Mali, nous n’avons reçu que 177 millions soit 37 %. Nous avons encore besoin de l’appui de la communauté internationale, des partenaires techniques et financiers pour pouvoir mener à  bien les programmes que nous avons mis en place pour alléger les souffrances des populations affectées par les crises.

Organisation humanitaire: de la bataille de Solférino au CICR

Aujourd’hui présent dans près de 200 pays, le CICR est né vers la fin du 19e siècle à  travers l’idée d’un commerçant suisse de passage en France. Henry Duanant s’est porté volontaire et a secouru les blessés de la bataille de Solférino, une ville italienne. C’’était le 24 juin 1859, une bataille qui avait causé la mort de plus de 6 000 personnes et occasionné 40 000 blessés. « Après cela, Henry Dunant a écrit un livre titré « Souvenir de Solferino » dans lequel, il explique que même la guerre a des limites. C’’est à  la suite des règles déterminées dans ce livre pour énumérer les limites de droits liés à  la guerre que la première convention de Genève a été adoptée en 1864 » relate Toaffic Mohamed Touré, assistant communication à  la délégation malienne du CICR. Depuis deux siècles, le CICR se base sur sept principes humanitaires à  savoir l’indépendance, l’humanité, l’impartialité, la neutralité, le volontariat ainsi que l’unité et l’universalité. Ces deux dernières, l’unité et l’universalité sont des principes propres à  la Croix-Rouge. Le principe de l’unité est surtout lié à  la question de l’emblème, « il ne peut y avoir qu’une seule société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à  tous et étendre son action humanitaire au territoire entier » stipule un document sur les principes fondamentaux de cette organisation. Alléger les souffrances humaines l’emblème de la Croix-Rouge est une croix de couleur rouge dessinée sur fond blanc, comme le drapeau suisse renversé. Il y a 150 ans, une idée ambitieuse devenait réalité avec la création du CICR et des sociétés de secours, appelées aujourd’hui Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est un grand réseau humanitaire dans le monde. Sa mission est d’alléger les souffrances humaines, de protéger la vie et la santé et de faire respecter la dignité humaine, particulièrement dans les conflits armés et d’autres situations d’urgence. Ce mouvement est composé de trois entités : le comité international de la Croix-Rouge, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et les fédérations internationales de la Croix-Rouge. Ses principaux donateurs sont les gouvernements, les organisations régionales, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les autorités municipales, le secteur privé et les particuliers. Les Sociétés nationales apportent aussi une contribution importante en termes de personnel spécialisé. Les comptes du CICR sont exposés chaque année dans le rapport annuel. Le CICR emploie plus de 12 000 personnes dans le monde Plus de 1 400 personnes, spécialistes et généralistes, sont actuellement déployées à  travers le monde, en mission sur le terrain pour le CICR. Elles travaillent avec quelque 11 000 employés locaux, et leurs activités sont soutenues et coordonnées par quelque 800 collaborateurs basés au siège, à  Genève. Les collaborateurs expatriés peuvent être originaires de n’importe quel pays du monde ; l’institution garantit l’égalité des chances en matière d’emploi. Le CICR gère différents fonds spéciaux et prix, attribués respectivement aux Sociétés nationales, afin de les aider dans leur travail, et aux collaborateurs de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en reconnaissance des services rendus ou pour leur fournir une assistance pratique en cas de difficultés financières. Le CICR est arrivé au Mali depuis l’éclatement et la recrudescence de la rébellion en 1990. Sa présence est liée aux conflits dans les pays. Il est la tête de file d’une équipe de trois entités au sein du mouvement international de la croix rouge.

Journée mondiale de l’aide humanitaire : une première au Mali

La date du 19 août a été choisie par l’Assemblée générale des Nations Unies en référence à  l’attentat, le 19 août 2003, perpétré contre le Bureau des Nations Unies à  Bagdad, en Iraq, faisant 22 morts. Cette année marque donc les 10 ans de l’attentat de Bagdad. Au Mali, la célébration de cette journée a lieu au Centre international de conférence de Bamako (CICB) o๠plus d’une vingtaine d’organisations humanitaires y participent à  travers une foire. Une première au Mali « Cette année marque la première célébration de la Journée au Mali qui fait face depuis un peu plus de 18 mois à  une crise humanitaire sans précédent. A l’insécurité alimentaire et à  la malnutrition se sont ajoutées les conséquences humanitaires de la crise qui a frappé le nord du pays. Des centaines de milliers de personnes ont été obligées de se déplacer pour leur protection et l’accès aux services sociaux de base tels que l’eau, la santé, l’éducation est devenu limité pour les populations restées dans le nord. » a déclaré Mme Sally Haydock, Coordinatrice Humanitaire par intérim lors de son discours d’ouverture. « L’assistance continue et l’aide fournie aux populations vulnérables au Mali n’est pas seulement circonscrite au nord mais sur toute l’étendue du territoire. Cette aide va même au-delà  des frontières avec l’assistance aux réfugiés maliens qui sont dans les pays voisins. » a t-elle poursuivi. Une occasion pour échanger avec le public Pour le Chargé à  l’information d’OCHA au Mali, Diakaridia Dembélé, « l’objectif de cette journée est non seulement de rendre hommage à  tous ceux à  travers le monde qui ont perdu leur vie mais aussi de nous faire connaà®tre nous acteurs humanitaires au public du Mali. Nous exposons des produits d’information et le public peut nous approcher pour poser des questions. Le plus important pour nous, C’’est d’abord les échanges. » Le 19 Août marque également le lancement officiel d’une campagne mondiale basée sur le thème “Le Monde a besoin de Plus de…”. Cette campagne rassemble les différentes agences de l’ONU et la communauté humanitaire ainsi que des personnalités artistiques, des philanthropes et des entreprises dans le but de transformer les mots utilisés sur les réseaux sociaux en aide humanitaire aux communautés affectées. Les fonds qui seront amassés serviront à  soutenir les programmes humanitaires les moins financés à  travers le monde.

Nord Mali : La situation humanitaire inquiète !

Dans un document rendu public ce jeudi 25 avril 2013, quatre organisations humanitaires attirent l’attention de la communauté internationale sur la dégradation de la situation humanitaire au Nord Mali. “Au moment o๠l’attention de la communauté internationale est tournée sur la mission de la paix des Nations Unies, on risque de perdre de vue la situation humanitaire alarmante. Les parents sautent déjà  des repas pour nourrir leurs enfants. Les familles au nord n’auront pas suffisamment de nourriture pour traverser les prochains mois avant les récoltes. Il faut intervenir vite et plus massivement avant une dégradation certaine de la situation alimentaire et nutritionnelle” a indiqué le Directeur d’Oxfam Mali, Philippe Conraud. Selon Action Contre la Faim (ACF), Solidarités International, Welthungerhilfe et Oxfam, «Â le nord du Mali passera à  un niveau d’urgence en matière de sécurité alimentaire, dans moins de deux mois, si la situation sécuritaire et l’accès humanitaire aux communautés vulnérables ne s’améliorent pas.» Ce constat est fait à  la suite de l’étude des experts du Cadre harmonisé dont la mission est d’analyser la sécurité alimentaire. Ce cadre estime qu’entre 26 et 65 % de la population du nord du Mali, sont menacés par une forte insécurité alimentaire. Des enquêtes de marchés conduites récemment par ces ONG qui interviennent dans ces régions, montrent que les prix de certaines denrées de première nécessité ont fortement augmenté depuis janvier 2013, 36 % à  Gao, 30 % à  Tombouctou et 25 % à  Kidal o๠94 % des ménages doivent acheter leur nourriture sur les marchés. Les deux tiers des commerçants grossistes qui fournissent ces marchés sont partis et le flux de céréales a diminué de 60 %. En plus, les opportunités de travail sont rares et la rémunération de la main d’œuvre journalière a baissé d’environ 2,5 dollars à  1,5 et 2 dollars actuellement pour la région de Gao, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des ménages. Cette situation préoccupante est principalement due aux conséquences du conflit à  savoir l’inaccessibilité des routes, la fermeture de la frontière algérienne, le départ des principaux acteurs économiques. Il faut aussi noter le caractère rudimentaire des systèmes de production et l’insuffisance des aménagements dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage. Toujours selon le Cadre harmonisé, l’assistance humanitaire prévue à  ce jour ne couvrira sans doute pas tous les besoins. l’appel humanitaire des Nations unies pour le Mali est seulement financé à  hauteur de 106 millions au 24 avril 2013. Ce manque de financement agit sur des secteurs prioritaires comme la sécurité alimentaire, l’eau, hygiène et assainissement, la protection, l’éducation, la .santé, et le soutien des moyens d’existence. A cela s’ajoute l’accès difficile aux zones en raison de la présence des groupes armés et des opérations des forces maliennes, africaines et françaises, du banditisme et de la présence de mines et autres engins non explosés. Cependant, ces quatre organisations appellent la communauté internationale et les bailleurs de fonds à  se mobiliser pour apporter de l’assistance aux plus vulnérables. Elles préconisent entre autres la mise en place, à  plus grande échelle, de programmes d’assistance alimentaire, d’appui aux moyens d’existence, etc. Créé par le Comité permanent inter – Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) au début des années 2000, le Cadre harmonisé détermine 5 phases de l’échelle relative à  l’insécurité alimentaire.

Oxfam : la guerre aggrave la crise humanitaire

Le dernier rapport publié par OXFAM en lien avec la situation au Mali est le fruit d’une recherche approfondi et du travail des équipes Oxfam dans les trois pays qui accueillent le plus de réfugiés à  savoir le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie. Y ont également été associés les autres ONG présentes sur le terrain, les réfugiés et les autorités des pays d’accueil. Intitulé «Â Les réfugiés du conflit au Mali : Répondre à  l’aggravation de la crise », il porte sur la dégradation des conditions de vie et de sécurité des populations qui ont dû fuir depuis le début de la crise socio-militaire en 2012. «Â Ces milliers de personnes ont tout quitté, ont tout perdu. Il est important aujourd’hui que nous tirions la sonnette d’alarme sur leur situation. Alors que les puissances internationales se mobilisent pour apporter une réponse militaire au conflit, nous souhaitons qu’on n’oublie pas les dizaines de milliers de personnes qui vivent dans des conditions de plus en plus difficiles » a déclaré Ilaria Allegrozzi, responsable des Campagnes, des politiques et du Plaidoyer d’Oxfam au Mali et auteure du rapport. l’étude s’est déroulée d’ août 2012 à  janvier 2013. «Â C’’est le sauve-qui-peut » Selon Mme Allegrozzi, depuis le début de l’intervention armée, de nouveaux déplacements ont été enregistrés, ils concernent environ 10 000 personnes qui ont franchi les frontières. C’’est surtout pour des raisons de sécurité que les récents départs ont eu lieu. Les populations ont peur des représailles de la part de forces en présence. Comme l’illustre le témoignage de Ali Ould Ahmed, originaire de la région de Tombouctou et réfugié avec sa famille au Burkina Faso. «Â Les islamistes en se repliant peuvent se replier dans note village qui est sur la route de Douentza. Ils pourraient massacrer les populations. C’’est donc le sauve-qui peut ». Ceux qui n’ont pas les moyens de payer le transport marchent sur des centaines de kilomètres pour s’éloigner des cibles potentielles de représailles tant de la part des islamistes armés que de l’armée malienne ou encore les populations locales. «Â Les gouvernements et les organisations humanitaires doivent en toute urgence se préparer à  répondre à  une augmentation des besoins des réfugiés dans les Etats hôtes » demande OXFAM. Réponse humanitaire insuffisante La plupart des réfugiés et des déplacés sont des femmes et des enfants. Ils font face à  des risques particuliers en terme de protection et entres autres à  la promiscuité, le recrutement par les groupes armés, et des dangers divers. Les besoins essentiels des populations ne sont pas couverts de façon uniforme, en particulier dans le domaine de l’alimentation. Dans les camps de réfugiés du Niger, jusqu’à  21% des enfants souffrent de malnutrition. La situation des personnes déplacées à  l’intérieur du territoire malien préoccupe également l’ONG. Environ 46 000 déplacés à  Bamako échappent à  tout suivi humanitaire et vivent dans des conditions difficiles. De même que les 10 000 nouveaux déplacés à  l’intérieur du pays. Le nombre de déplacés atteint aujourd’hui plus de 220 000 personnes, selon les humanitaires. Oxfam souligne les difficultés éprouvées ces derniers mois pour répondre à  la crise humanitaire. Elle demande donc à  tous les acteurs, autorités maliennes et des pays limitrophes, aux organisations humanitaires, aux forces armées en présence républicaine, islamiste et leurs alliés, de prêter une attention particulière à  la situation des populations civiles et au respect des droits humanitaires et des droits de l’homme. Un accent particulier est également mis sur la nécessité de continuer à  mobiliser des ressources pour faire face aux besoins des populations. Vulnérabilité des civils face au conflit armé Ceux qui sont partis sont plus vulnérables parce qu’ils sont déjà  traumatisés par le fait d’être partis, d’avoir du tout laisser sur place ; la maison, le bétail, la famille… « Ceux qui sont restés sont également affectés particulièrement dans l’accès aux services essentiels, à  l’alimentation » a affirmé Philippe Conraud, directeur pays d’Oxfam au Mali. Oxfam essaie d’apporter de l’assistance quel que soit la population, « on ne fait de différence, on essaie d’intervenir o๠on peut. Mais le gros problème, C’’est l’accès. Pour l’instant on essaie de continuer avec nos contacts locaux. En ce moment il y a des distributions à  Bourem. Mais on est inquiets surtout par rapport à  l’évolution armée de la situation. Surtout dans la zone de combat, qui n’est pas du tout accessible » a-t-il ajouté. Aller au-delà  du militaire, il est plus qu’urgent aujourd’hui de mettre en exergue la situation des populations qui se retrouvent piégées par la situation.

Oxfam : au Mali, la protection des civils doit être une priorité

Oxfam s’est dit vivement préoccupée dans un communiqué publié ce 15 janvier, par les conséquences que pourraient avoir l’intensification des combats au Mali. «Les affrontements pourraient en effet aggraver les restrictions qui affectent déjà  l’accès humanitaire, mais aussi accroà®tre considérablement les besoins humanitaires des populations dans le pays et dans les Etats voisins ». La situation des populations civiles s’est dégradée ces derniers jours avec l’intensification des combats. Réduire les dommages aux civils Oxfam attire l’attention de « toutes les forces militaires présentes dans le pays, […] à  respecter les droits de l’Homme et le droit international humanitaire. Cela nécessite de prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire les dommages infligés aux civils ». Cette préoccupation apparaissait déjà  dans la résolution 2085 du Conseil de Sécurité adoptée en décembre 2012. Nicolas Vercken, d’Oxfam France appelle également, tous les forces militaires en présence à  «garantir la sécurité des populations civiles et à  s’abstenir de toute action qui menacerait la capacité des acteurs humanitaires à  fournir de l’aide ou la capacité des civils à  recevoir cette assistance». Sur le front, l’armée malienne bénéficie depuis cinq jours de l’appui des militaires français. Des troupes africaines sont également annoncées dans les prochaines heures pour sécuriser la capitale Bamako et libérer les zones encore sous l’emprise des islamistes armés présents au Mali depuis avril 2012. 30 000 nouveaux déplacés Selon les organisations humanitaires, de nouveaux déplacés et réfugiés ont été enregistrés ces dernières heures. « Les combats récents ont déjà  causé le déplacement de 30 000 personnes, qui viennent s’ajouter aux 345 000 Maliens déjà  déplacés au cours de l’année passée» a ajouté M. Vercken. Durant les dernières 24 heures, près de 500 nouvelles arrivées ont déjà  été signalées dans le camp de transit de Fassala en Mauritanie, tandis que l’on signale des milliers de personnes en route pour ce camp. Le camp principal de Mauritanie, Mbera, héberge déjà  54 000 personnes. Les réfugiés vivent au sein d’une population qui lutte elle-même pour faire face à  un contexte de pauvreté, d’insécurité alimentaire et d’accès limité aux services sociaux. Des communautés d’accueil qui sont aujourd’hui très affaiblies par la pauvreté et se remettent encore de la crise alimentaire régionale de l’année dernière, doivent désormais partager le peu d’eau et de nourriture dont elles disposent. Oxfam demande enfin que des observateurs de l’ONU soient déployés de toute urgence, et « que les autorités maliennes ainsi que la France fassent régulièrement rapport au Conseil de Sécurité sur les victimes civiles et les violations des droits de l’Homme commises par toutes les parties au conflit, ainsi que sur les mesures prises pour lutter contre ces violations ». Comme pour illustrer les inquiétudes de l’organisation, de nombreux témoins vivant à  Diabali, localité au centre du pays et théâtre de combat depuis 48heures, signalent que la population y est prise en otages par les islamistes armés. Ces derniers se serviraient des civils comme de bouclier humain pour empêcher les militaires maliens et leurs alliés français d’agir.

Prodi en Afrique de l’Ouest : crise politique et humanitaire au Sahel

Après avoir passé la journée du lundi à  Dakar, l’ex-président du Conseil italien doit se rendre à  Abidjan ce mardi et à  Niamey demain mercredi, en compagnie du représentant du secrétaire général de l’ONU pour Afrique de l’Ouest, Saà¯d Djinnit. La question de la crise malienne est au menu mais C’’est une perspective plus large qui est prise en compte lors de ce voyage. «L’objectif de cette visite conjointe est de discuter des défis auxquels est confronté le Sahel et comment y faire face », selon le texte, qui précise que cette visite s’inscrit dans le cadre de la « stratégie régionale intégrée de l’ONU pour le Sahel », qui inclut les questions humanitaires, de sécurité, de gouvernance, de droits de l’homme et de développement. Urgence de la question humanitaire « Les populations du Sahel ont été durement touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle 2011-2012, et l’on estime que 8,5 millions de personnes seront encore dans l’insécurité alimentaire en 2013 », a rappelé lundi dans un communiqué l’agence régionale du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), basée à  Dakar. « La situation humanitaire est aggravée par l’impact de la crise du Mali qui a contraint plus de 353 000 personnes à  fuir pour plus de sécurité », ajoute OCHA qui précise que 1,6 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) sont nécessaires pour répondre aux besoins des populations de la zone. Romano Prodi et Saà¯d Djinnit rencontreront lors de leur tournée conjointe le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et son homologue nigérien Mahamadou Issoufou. Les deux chefs d’Etat plaident pour le déploiement rapide d’une force d’intervention internationale au Mali. La Cédéao a adopté un plan pour l’envoi d’une force militaire de 3.300 soldats sous conduite africaine, avec le soutien des pays occidentaux, qui doit être soumis avant la fin de l’année au Conseil de sécurité de l’ONU. M. Prodi s’est déjà  rendu à  deux reprises au Sahel tombé sous la menace jihadiste depuis le déclenchement de la crise au Mali, o๠un coup d’Etat en mars a précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes liés à  Al-Qaà¯da.

Vidéo : Le collectif « Cri de Coeur » dresse l’état des lieux de la situation humanitaire à Youwarou

Cette vidéo montre des images de la mission d’assistance humanitaire du collectif Cri de Coeur dans la ville de Youwarou située dans la région de Mopti. L’état des enfants malnutris, le cheptel décimé ou les populations privées de soins de santé ou de nourriture sont évoquées dans ces images qui peuvent choquer.

Crise humanitaire : les Etats-Unis au secours du Mali

l’aide d’un montant de 40 millions de dollars, est destinée à  répondre aux besoins d’urgence consécutifs à  la sécheresse et au conflit dans le nord Mali. l’information a été donnée par Nancy Lingbord, administratrice déléguée en charge du bureau de la Démocratie, des Conflits et de l’Aide humanitaire (DCHA) lors d’un point de presse le jeudi 1er Août 2012. Le gouvernement des Etats Unis d’Amérique est résolument engagé à  aider les populations vulnérables vivant dans les zones touchées par la sécheresse et celles affectées par le conflit dans le nord. Les bureaux «Food for peace» et «Office of Foreign » de l’USAID (l’agence américaine pour l’aide internationale), ont prévu des fonds pour répondre aux besoins alimentaires d’urgence au Mali. Aide aux déplacés En 2012, le gouvernement américain a prévu 388 millions de dollars américains pour l’aide humanitaire dans la région du Sahel. Selon l’administrative déléguée de l’USAID, les Etats-Unis restent préoccupés par les nombreuses crises qui affectent profondément les populations du Mali. « Je suis venue au Mali pour m’assurer que les Etats-Unis contribuent autant que possible à  l’aide aux populations maliennes affectées par la sécheresse et la violence, ainsi qu’à  celles qui vivent dans d’autres pays touchés par ces mêmes défis ». Les Etats unies ont consenti plus de 355 millions de dollars d’aide humanitaire pour l’année 2012 à  destination de près de 18,7 millions de personnes, parmi lesquels des personnes déplacés dans les pays voisins. Quant aux familles d’accueil des déplacés du nord, ils seront pris en compte dans cette aide américaine.

Toguna SA s’implique dans l’humanitaire

Consciente de l’appui substantiel de l’Etat, et du manque de ressources suffisantes pour les collectivités, dans certains domaines incontournables du développement, la Direction de l’entreprise Toguna s’est donnée les moyens de jouer sa partition. Cette vaste opération qui a commencé par la région de Mopti s’étendra au reste du pays et coutera à  l’entreprise plusieurs centaines de millions de F CFA. En focalisant son intervention sur le domaine prioritaire de l’humanitaire, la société Toguna Agro industrie entend jouer son rôle d’acteur du développement socio-économique du pays Santé et assainissement Dans son élan de solidarité, le Groupe Toguna Agro-industries a offert la semaine dernière, à  la Mairie de Mopti, deux véhicules Benne flambant neuf à  la ville de Mopti pour le ramassage et l’assainissement de la cité. Parallèlement à  l’appui fait à  la région de Mopti, Toguna a fait don de 10 tonnes de riz et 500 moustiquaires imprégnées aux populations déplacées du Nord-Mali. Par ailleurs, Toguna SA a choisi d’intervenir dans le domaine de la santé. A Mopti, son programme consistera à  la construction et à  l’équipement d’un hôpital à  Sangha. «Â La prise en charge du personnel nous incombe également », a affirmé un responsable de l’entreprise. l’intervention de Toguna se fera également dans le domaine culturel à  travers l’organisation et l’accompagnement de Festivals. Dans les prochains jours, indique la Direction de l’Entreprise, «Â un important appui sera fait au monde rural dont nous nous reconnaissons. Ainsi, il sera procédé à  la une opération de remise de matériels agricoles (à  savoir des tracteurs, charrues, motoculteurs, motos…) ».

Walaha lance son projet humanitaire : ‘‘Le désert pour seul refuge »

Les premiers coups de canon au Mali ont fait déplacer des milliers de personnes dans les pays limitrophes. Aujourd’hui cette guerre a fait près de 300.000 réfugiés que l’on retrouve éparpillé en Mauritanie, au Niger et au Burkina-Faso. Des enfants, de jeunes maliens, se sont vus contraints d’abandonner les routes qui mènent au savoir, leurs cahiers et leurs espaces de loisirs pour se retrouver avec leur famille dans le désert burkinabé, entre autres, à  une quarantaine de kilomètre de la frontière de leur pays. Fort d’une expérience de quatre ans dans les écoles maliennes et avec les jeunes non scolarisés de plusieurs localités du Mali, Walaha entend en faire profiter à  tous ces jeunes réfugiés. Leur offrir l’occasion de s’exprimer et de partager leurs opinions, leurs besoins, leurs craintes, leurs ambitions et leurs espoirs à  travers ces outils d’information et ces moyens artistiques. Journaldumali.com : Qu’est-ce que le projet Walaha, à  qui s’adresse t-il ? Fousseini Diakité : Walaha est un groupement de jeunes de diverses qualifications ( arts plastiques, théâtre, animation et technique radio, informatique, design, multimédia). Nous sommes consultants en événementiel culturel et toute rencontre de jeunesse. Créateur et promoteur de spectacles! Nous avons un centre de loisirs pour enfants, un festival d’arts numériques et de technologies mobiles appelé « Ciné à  Dos » qui a deux ans. Walaha s’adresse à  un public jeune/enfant donc aussi aux parents! Vous avez lancé un projet humanitaire «Â  Le désert pour seul refuge » à  l’intention des enfants réfugiés du Burkina ? : Fousseini Diakité : Oui c’est un projet collaboratif, le premier du genre au Mali ou tout le monde peut contribuer et recevoir une contrepartie (voir dans les articles sur le blog)! La première étape sera les provinces du Soum et de Loudalan au nord du Burkina Faso et nous poursuivrons dans d’autres camps si celui-ci marche. En fait c’est plus qu’un centre de loisirs car les enfants feront surtout des reportages vidéo, radio et photo sur leur quotidien dans les camps et ces œuvres seront exposées au Mali et en France pour récolter des fonds en collaboration avec d’autres structures spécialisées. Nous, nôtre boulot sera la production des œuvres de témoignages ! Journaldumali.com : Quel bilan faà®tes-vous des activités de la structure Walaha en 4 ans ? Fousseini Diakité : Houla ! Je dirai un bilan mitigé, car nous avions une certaine ambition en ouvrant ce projet, un Gie (groupement d‘intérêt économique ), mais nous ne sommes toujours pas bien compris par le Mali, je veux dire le gouvernement et les Maliens en général. La plupart des projets que nous avons réussi on été accompagné plutôt par des structures étrangères à  savoir l’Ambassade de France au Mali qui a financé un de nos projets sur 2 ans, le projet « à‰change » qui consistait à  former les élèves aux métiers de la radio, du théâtre, de l’écriture dans une vingtaine de lycées à  Bamako, Koulikoro, Sikasso; et la coopération Suisse, Helvetas, qui a financé le même projet dans les localités de Sikasso, Bougouni, Kolondièba. Et cette année, Orange Mali qa soutenu la 2ème édition du festival « Ciné à  Dos ». Normalement prévu pour le 23 mars passé mais les événements nous ont amener à  annuler l’édition prévue pour Sélingué pour faire une édition spéciale ici à  Bamako. Par la force des choses qui se sont succédées dernièrement, on a perdu la maison que nous avions en location au quartier Hippodrome pour le siège. Nous sommes maintenant à  bacodjikoroni ACI ouest. Malgré tout, nous avons pu toucher plus de 15.000 jeunes et enfants avec nos projets à  travers des formations, voyages et échanges…

Déplacés du nord: OPEN Mali solidaire

Depuis le début de la crise qui sévit au nord Mali, avec son lot de déplacés et de réfugiés, plusieurs actions ont été menées. Avec pour objectif de soulager la détresse de ces milliers de maliens qui se retrouvent loin de chez eux, dépourvus de l’essentiel. l’association Oui Pour une Enfance Noble a apporté sa pierre à  l’édifice de solidarité en remettant ce matin des vivres et des produits de première nécessité. Un convoi contentant ces dons s’est ébranlé du terrain de football de la commune 5 du district de Bamako. Destination Mopti o๠ils seront distribués à  20 000 personnes. Cette première édition du convoi humanitaire est pilotée par Louis Cheick Sissoko, président de l’association. Avec l’espoir d’en faire plus Le président de l’OPEN, Louis Cheick Sissoko a indiqué que ces dons sont composés de 200 sachets pour 100Kg de vitablé, 2500 kg de riz, 10001 litre d’huile, 1000kg du sucre, 1200 unités de l’eau de javel et 1600 d’unités de savons. «Ce convoi était à  l’origine destiné aux régions occupées, mais après avoir pris les renseignements nous avons su que toutes les conditions sécuritaires ne sont pas réunies. C’’est pour cette raison que nous avons décidé d’amener ces vivres à  Mopti pour les déplacés. C’’est la première édition et l’espoir est permis d’élargir nos actions vers les villes occupées » dira-t-t-il. OPEN MALI est une association composée à  100 % d’élèves et d’étudiants. Elle œuvre dans le domaine humanitaire. Elle organisé entre autres des ateliers de sensibilisation de lutte contre le sida, des dons de fournitures scolaires. Son activité phare est le parrainage de plus de 500 enfants démunis qui ont, grâce à  OPEN Mali, retrouver le chemin de l’école.

Tâche herculéenne pour la Croix Rouge au nord

Universalité, impartialité, indépendance, neutralité, volontariat… Les principes de la Croix Rouge sont mis à  rude épreuve au Mali, sous la coupe de groupes armés, de militaires et de partis politiques aux objectifs et aux intérêts divergents depuis le coup d’Etat du 22 mars. Oeuvrer au nord du Mali se fait non sans difficultés, ont expliqué ses représentants au Mali lors d’une conférence de presse le 8 mai à  l’occasion de la Journée mondial de l’ONG. Insécurité et imprévisibilité Quand bien même ses règles et ses principes fondamentaux sont connus «Â la Croix Rouge malienne connaà®t de réelles difficultés dans sa mission d’assistance humanitaire au Nord du Mali », a expliqué son président Abdourahamane Cissé au cours d’une conférence de presse. «Â Dans l’accomplissement de cette mission, les contraintes majeures sont surtout d’ordre sécuritaire. » Un exemple en avait été donné le 12 mars, lorsqu’un convoi du CICR avait été arrêté par des hommes armés à  l’entrée de Tessalit. Ils les avaient forcés à  faire demi-tour. C’est pourtant à  l’invitation des rebelles du Mouvement national pour l’indépendance de l’Azawad qu’ils se rendaient dans la région. La preuve que les humanitaires travaillent sur un terrain aussi dangereux qu’imprévisible. Guidée par son principe cardinal, celui «Â de soulager les souffrances des couches vulnérables sans aucune distinction », la Croix Rouge malienne entend poursuivre sa tâche au Nord. Selon le président d’honneur de la Croix Rouge malienne, Adama Traoré, des vivres sont également acheminés à  Sévaré o๠arrivent tous les jours des populations déplacées de Gao, Kidal et Tombouctou. Missions sous tension Trait d’union entre les populations du Nord et les donateurs, la Croix Rouge est sollicitée pour acheminer des vivres et de produits de première nécessité à  des populations qui manquent de tout. « Dans cette région fragilisée par la pénurie alimentaire, l’accès aux soins de santé, à  l’eau potable et à  des vivres est toujours aussi problématique pour des dizaines de milliers de déplacés ainsi que pour les résidents », avait déclaré fin avril Juerg Eglin, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. Dans les villes de Gao, Tombouctou et Kidal, l’accès à  l’eau reste très difficile. Une première intervention avait conduit des membres de la Croix rouge à  Tombouctou le 21 avril. Des dizaines de tonnes de vivres et des médicaments avaient été distribués à  l’hôpital. Adama Traoré a rapporté les difficultés qui ont jalonné cette première opération. Après avoir peiné à  convaincre les nouveaux maà®tres des lieux, le MNLA et Ançardine, le président et sa délégation avaient pu rallier Tombouctou dans la plus grande peur. l’organisation humanitaire se prépare à  un nouveau voyage tout aussi difficile à  destination des trois régions du Nord samedi 12 mai.

Cri de cœur repart dans le Nord : « Assez de discours, les gens nous attendent ! »

Journaldumali.com : Comment est né le collectif Cri de C’œur ? De façon spontanée. Dès les attaques de Gao et Tombouctou, un groupe de jeunes pour la plupart originaires du nord du Mali, s’est rassemblé pour répondre aux demandes d’aide de nos parents et amis. Nous sommes tous des volontaires, la plupart d’entre nous n’ont jamais été membres d’une association. D’habitude, dans ce genre de situation l’aide humanitaire intervient très rapidement, au bout de 48h. Mais cette fois les populations sont restées plus de deux semaines, abandonnées à  elles-mêmes. D’o๠vient le nom du collectif ? Il vient des SMS que nous recevions de nos parents. Ils nous écrivaient : «Â Ecoutez nos cris et venez nous en aide ». «Â Assez de discours » De quels soutiens bénéficiez-vous ? Nous recevons l’appui de tous ceux qui veulent faire quelque chose. Le collectif rassemble des médecins, des journalistes, des opérateurs économiques. Notre message est un message d’action : «Â Assez de discours, les gens nous attendent et on besoin de nous ». Les gens nous ont écoutés et nous ont apporté leur soutien. Chacun a mis en marche son propre réseau et nous sommes arrivés à  mettre en place notre corridor. Personne ne nous finance, nous recevons des dons. La direction nationale de la santé, la direction de la pharmacie et du médicament, l’ordre des pharmaciens, l’ordre des médecins. Ce sont eux qui nous ont fait confiance et qui nous ont fourni les produits que nous avions demandé. Quelles actions avaient vous pu mener jusqu’à  présent ? Nous avons d’abord fait une marche pour attirer l’attention de l’opinion sur le drame qui se déroule au Nord. Suite à  cela, nous avons fait un sit-in à  la Tour de l’Afrique jusqu’au départ  du premier convoi humanitaire vers les zones en difficulté, le 13 avril. Nous avons collecté  essentiellement des médicaments. Quatorze personnes les ont acheminés à  Gao et 4 autres à  Tombouctou. Quelle situation y ont-ils trouvé ? Sur place, C’’était le chaos, la désolation. Il n’y avait plus aucune structure de soutien aux populations. A Gao, nous nous sommes appuyés sur les bonnes volontés qui sont restées sur place, essentiellement des médecins. Ils ont réussi à  récupérer une partie du matériel dérobé lors de l’attaque. Ils étaient soulagés de nous voir arriver avec des médicaments et du matériel. Ils ont pu venir en aide à  de nombreuses personnes, pour la plupart des femmes enceintes qui avaient besoin d’une césarienne. Vous n’avez rencontré aucun problème de sécurité ? Nous avions pris toutes les dispositions. De toute façon le transport interurbain est assuré. Nous avions des contacts avec la société civile et les quelques représentants de l’administration restés sur place. «Â Nous nous préparons à  repartir le 4 mai » Quelle est la prochaine étape ? Quand on a fait une réunion au retour du premier convoi, les volontaires ont déclaré qu’il fallait retourner sur place dès le lendemain. Ils ont été très touchés par la situation et par les appels des populations. Nous avons alors remis en branle le même réseau et nous nous préparons à  repartir le vendredi 4 mai. Nous allons mettre en place un roulement des médecins qui vont être sur place. Il y a des risques d’épidémies, des gens qui sont malades de tuberculose, de Sida, qui ont besoin d’assistance. La direction nationale de la santé se charge de la partie médicaments. Cela se chiffre en dizaines de millions de FCFA. Des partenaires nous ont offert des véhicules pour le corridor. Il reste à  organiser la logistique sur place. Nous devons prendre en charge le logement, la nourriture et les déplacements vers les centres de santé des villes voisines. Cela coutera environ 6 millions. «Â Un SMS pour soutenir le collectif » Comment soutenir votre action ? Le plus simple aujourd’hui C’’est le mécanisme de levée de fonds par SMS. Vous pouvez envoyez autant de fois que vous le pouvez MALI au 37 373 pour Orange et 35 373 pour Malitel. Le message coûte 300 francs. Tout est reversé au collectif. De nombreuses collectes s’organisent par ailleurs au nom des populations du Nord. Nous voulons dire à  leurs initiateurs que nous sommes des relais et qu’ils peuvent passer par nous pour faire parvenir ces fonds à  ceux qui en ont vraiment besoin.  

« Cris du cœur » pour les populations du Nord

«La communauté internationale a abandonné nos parents, nos amis, mais nous ne resterons pas les bras croisés ». Ainsi s’exprimait ce vendredi après-midi, le porte-parole de Action Jeunes pour Sauver le Mali. Cette organisation a, une semaine durant, occupé le monument Tour de l’Afrique pour informe, sensibiliser, afin que les populations du Nord ne soient pas oubliées. Ce sit-in a attiré l’attention de nombreux maliens et amis de notre pays qui ont tenu à  apporter, qui du soutien moral, qui un appui financier à  cette initiative. Mais C’’est à  une œuvre de plus grande envergure que s’est associée l’AJSN en participant aux côtés du Collectif « Cris du C’œur » à  l’organisation de la caravane humanitaire en direction des régions du Nord. Pas question de rester les bras croisés Ils sont une vingtaine de jeunes volontaires bénévoles (exclusivement des hommes, pour des raisons de sécurité) qui vont convoyer, à  travers les 1500 km qui séparent Bamako de Tombouctou et Gao, des vivres et des médicaments. Il y a deux semaines, le président du Collectif « Cris du C’œur » lançait un appel à  la communauté nationale et internationale. La situation qu’il décrivait alors était catastrophique. Depuis, les choses se sont empirées. « A Gao, pas plus tard que ce matin, trois femmes sont mortes en couches, parce qu’il n’y avait pas le strict minimum nécessaire pour les accompagner. Et ces morts font suite à  celles d’hier et celles des jours d’avant » affirme Almehidi Cissé. Si cet appel ne semble guère avoir ému la communauté internationale, à  l’interieur du Mali, la générosité s’est mise en branle. De nombreuses bonnes volonté se sont mobilisées pour récolter des fonds, des médicaments, qui pour offrir des vivres ou de la logistique, afin de mettre en place au plus tôt cette caravane. Le COREN, l’association Agir et bien d’autres personnes connues ou anonymes ont soutenu l’initiative. Le Cheick Soufi Bilal a également participé au lancement aux côtés de personnalités comme l’artiste Tiken Jah Fakoly. Le premier camion est donc parti ce vendredi et les jeunes de «Cris de C’œur » espèrent qu’il sera suivi de nombreux autres. Côté sécurité, les jeunes qui participent à  cette aventure humaine n’ont aucune garantie. « Nous sommes en contact avec des ONG locales qui sur place se préparent pour nous accueillir. Mais sur le trajet, nous ne comptons que sur vos prières » assure le porte-parole du Collectif, M. Guindo. Des bénédictions, ils en ont reçu dès le départ avec les prières faites par l’assemblée, venue nombreuse saluer ces jeunes qui refusent de céder au fatalisme. Des jeunes qui, par leur action, montrent que le Mali est toujours debout et qu’il peut être fier de ses enfants.

Marche pour la « libération » des régions du Nord

Depuis le massacre des militaires en Aguelhok en janvier dernier, les manifestations se multiplient dans la capitale malienne pour dire non au conflit et aux exactions dans le nord du pays. Ce mardi 10 avril, le Collectif des Ressortissants des régions du Nord et le Conseil National de la Jeunesse ont organisé une marche qui a réuni plus d’un millier de personnes, jeunes, femmes et vieux. Vêtus de tenues traditionnelles, turbans et dampés, comme pour dire encore leur attachement à  leur terre, à  cette partie du Mali que certains nomment désormais Azawad. Leurs slogans et cris de ralliement disent leur colère au monde entier et aux autorités, face au calvaire de leurs parents qui vivent une situation humanitaire et sécuritaire dramatique. « De ma vie, je n’ai jamais participé à  une manifestation, C’’est ma première fois, pour dire au monde entier que notre honneur et notre dignité sont remis en cause », nous confie Assetou Maiga, une sexagénaire. Les marcheurs portaient pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire « libérer nos terres natales», « le Mali est UN et Indivisible», « nous mourrons pour libérer nos populations », « à  bas les bandits armés, les braqueurs, Aqmi et Mnla » ou encore « l’indépendance de l’Azawad est une illusion ». Le Mali « Un et Indivisible » La marche était aussi destinée à  condamner l’attitude incompréhensible de certains Etats, chantres de la liberté, de l’égalité et des droits de l’homme, dont les médias sont les vecteurs d’amplification en même temps qu’ils font l’apologie des actes terroristes dont ils minimisent et couvrent les horreurs. Pour Ousmane Issoufou Maiga , ancien premier ministre et président du collectif, la marche de ce jour constitue une victoire du Mali contre ceux qui œuvrent à  la division de ses enfants et à  la partition de son territoire. « Nous sommes ici aujourd’hui, non pas en tant que ressortissants du Nord mais en tant que Maliens. Débout comme un seul homme pour signifier que le Mali est UN et INDIVISIBLE», a-t-il déclaré. Sur la place de l’Indépendance, le président du CNJ, Abdoulaye Touré s’est montré très clair : la jeunesse Malienne réaffirme que l’intégrité du territoire du Mali n’est pas négociable. Il a également tiré à  nouveau la sonnette d’alarme. « Au nord du Mali, il n’y a pas d’eau, de nourriture, plus d’administration, de services centraux, de services de santé et les femmes sont violées ». Il a annoncé que des corridors humanitaires sont en train d’être mis en place pour soulager les populations du nord. « Ces corridors humanitaires seront sécurisés par les forces armées et de sécurités nationales» explique le président du CNJ. A la fin de cette marche, le COREN a demandé à  ses membres de rester mobilisés pour reconquérir les régions perdues.

Terreur et désolation au nord du Mali

« Nous manquons de tout ! Pas question de traà®ner dehors, à  partir de 16 heures tout le monde est chez soi. Histoire de ne pas attirer l’attention et éviter de se faire agresser ». C’’est le témoignage d’un habitant de la ville de Gao dont nous préserverons l’anonymat. La prise des villes du nord du Mali la semaine dernière s’est accompagnée de pillages et d’exactions, en particulier à  Gao et Tombouctou. Mais dans les trois localités majeures du nord de notre pays, C’’est surtout la situation humanitaire qui est préoccupante. Amnesty International et plusieurs autres ONG ont tiré la sonnette d’alarme et appellent à  ce qu’un corridor soit rapidement mis en place pour venir en aide aux « sinistrés ». Car C’’est véritablement un « désastre humanitaire majeur » qui menace le Nord-Mali, selon l’organisation de défense des droits de l’homme demande aux forces en présence de permettre aux les agences humanitaires d’avoir immédiatement accès à  cette région pour éviter de nouvelles victimes au sein de la population civile. Aujourd’hui, on ne dispose d’aucun bilan, ni humain, ni matériel des combats et des pillages qui les ont suivis la semaine dernière. Depuis, C’’est au quotidien que les habitants de ces villes se battent contre le manque d’eau, d’électricité, de nourriture, de médicament et de soins de santé, toutes les infrastructures de service ayant été systématiquement pillées. «C’’est le chaos» Enlèvements de jeunes filles par des hommes armés, vol systématique de véhicules, saccages des locaux de l’administration, actes de vandalisme multiples…Voilà  le triste tableau qu’offre la vie dans les villes du Nord du Mali. Plusieurs cas de viols ont également été signalés dans les villes de Tombouctou, Gao et Menaka. Un témoin de Gao a confié à  Amnesty International : « Le 2 avril, trois jeunes filles ont été enlevées par des hommes armés dans le 8e quartier appelé Boulgoundié et ont été emmenées dans des véhicules. Elles ont été ramenées le lendemain. Elles étaient trop traumatisées pour raconter ce qu’elles avaient subi ». Minty Ben Barka témoigne aussi : Il y a des viols sur les femmes, surtout la nuit. Deux jeunes filles ont été enlevés par les rebelles et maintenant dans la ville, il n’y a que des hommes parce que tout le monde cherche à  partir. La violence règne ici à  Tombouctou ». Minty attend le lendemain pour quitter la ville. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables face à  cette situation, car ils ont moins les moyens de se débrouiller alors que les choses deviennent de plus en plus difficiles. « C’’est le chaos», nous raconte un habitant de Gao qui a pu quitter la ville. La population fuit en effet, par tous les moyens, ces différentes localités. Peu de bus assurent le transport interurbain et peu de gens ont les moyens d’en payer les frais. C’’est donc à  moto, à  pied ou à  dos d’âne que des familles entières essaient de sortir de l’enfer qu’elles vivent. Depuis le début des attaques du MNLA et de ses alliés au Nord, plus de 200 000 personnes ont quitté la zone dont quelques 100 000 ont trouvé refuge dans les pays voisins (Mauritanie, Niger, Algérie et Burkina Faso). Ce jeudi 06 avril, le Forum des ONG Internationales au Mali (FONGIM), a publié un communiqué révélant que les acteurs humanitaires et les ONG nationales et internationales ont subi ces derniers jours des agressions et pillages notamment à  Kidal, Gao et Tombouctou, qui les empêche de remplir leurs missions d’assistance aux personnes déplacées et aux populations en situation de vulnérabilité. Le FONGIM appelle toutes les parties prenantes à  «défendre l’intérêt des populations» et à  «garantir la protection de couches les plus vulnérables».

« Situation humanitaire critique dans le nord », élection à Kidal

195 000. C’est le nombre chaque jour plus important de déplacés et de réfugiés à  l’heure actuelle, selon les Nations-Unies. Parmi eux quelque 72 000 personnes sont déplacées dans le nord du Mali, estiment le CICR et la Croix-Rouge malienne. Elles vivent souvent dans des conditions extrêmement précaires. Alors que les affrontements armés se poursuivent, l’accès aux déplacés, aux blessés et aux détenus est la première priorité, a déclaré le CICR dans un communiqué publié le 16 mars. En plus des 34 500 personnes déplacées dans la région de Gao, le CICR et la Croix-Rouge malienne ont à  ce jour recensé quelque 25 500 déplacés dans la région de Kidal (dont presque 19 000 dans le cercle de Tessalit et 5 000 dans le cercle d’Abeibara) et 12 000 dans la région de Tombouctou (concentrés dans le cercle de Niafunké). Le CICR empêché de travailler par « des hommes armés » Le CICR est revenu dans son communiqué sur son opération avortée dans les environs de Tessalit. « La semaine dernière, les autorités maliennes et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont sollicité le CICR pour faciliter le transfert de civils hors d’une zone de combats aux environs de Tessalit. Cette opération n’a pu avoir lieu, dans un premier temps à  cause des combats, puis du fait que l’équipe du CICR arrivée sur place a été empêchée de poursuivre sa route par des hommes armés ». « Psychose » à  Kidal Pendant ce temps la population de la capitale régionale Kidal redoute une attaque. « Un climat de psychose s’est emparé de Kidal. La population pense qu’après la chute des casernes d’Aguellok, d’Amachache et de Tinzaouatene, les rebelles vont attaquer la ville », rapporte RFI. L’opposition s’oppose à  la tenue des élections En dépit de cette situation une délégation ministérielle s’est rendue le 15 mars à  Kidal pour évoquer avec l’administration locale l’organisation de l’élection des conseillers nationaux prévue le 25 mars et le scrutin présidentiel prévu le 29 avril. Le gouvernement propose que ce scrutin se fasse à  Kidal, compte tenu de la présence de la rébellion dans les circonscriptions voisines. Le parti Solidarité Africaine pour le Démocratie et l’Indépendance a invité le 15 mars le gouvernement à  « renoncer à  l’organisation des élections dans ce contexte et de consacrer toutes les ressources disponibles à  l’objectif majeur qu’est la défense de notre intégrité territoriale ».