Report des législatives : Voix discordantes

C’était dans l’air depuis un moment. C’est désormais officiel. Les élections législatives sont à nouveau reportées, ouvrant la voie à une prorogation du mandat des députés jusqu’à la fin du premier semestre 2019. Entre respect de la constitution et le climat politico-sécuritaire, les réactions des partis politiques sont partagées.

La Cour constitutionnelle du Mali a donné un avis favorable à la demande de l’Assemblée nationale pour le report du scrutin législatif, constatant non seulement  « le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et légales » mais aussi « la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale ». L’institution précise cependant que « ladite prorogation doit intervenir au moyen d’une loi organique », selon l’avis N° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018, paru dans le Journal officiel de la République du Mali.

Réactions divergentes Face à ce deuxième report des élections législatives, les partis politiques n’ont pas tardé à réagir. Dénonçant une action qui « vise à donner un cadre légal à une action politique destinée à couvrir un vide constitutionnel », Moussa Mara, président de Yèlèma, réitère la position de son parti au maintien de la date constitutionnelle des élections législatives et est donc « opposé par principe au report de cette consultation ». « Le parti Yèlèma rappelle que la situation actuelle du Mali nécessite un dialogue politique inclusif permettant d’aboutir à des solutions consensuelles », peut-on lire dans un communiqué daté du 16 octobre 2018.

Au FARE – An ka wuli, ce report de l’élection des parlementaires est plutôt bien accueilli. D’ailleurs le parti n’avait pas attendu l’officialisation pour se prononcer sur la question. « Le contentieux des élections présidentielles n’étant pas encore vidé et le pays ayant d’autres priorités pour l’heure, on ne peut pas aller aux élections législatives. Aucun Malien ne peut fermer les yeux aujourd’hui sur la situation dramatique que notre pays traverse », constate Bréhima Sidibé, secrétaire général adjoint.

Le président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP), Niankoro Yeah Samaké, évoque pour sa part  un « mal nécessaire ». « Nous n’encourageons en aucun cas la violation de la Constitution. Mais avec la procédure entamée pour aboutir à la prorogation, il y a eu un compromis politique et cela amène un climat plus apaisé. Nous saluons donc ce compromis entre l’opposition et la majorité », affirme le candidat malheureux à la dernière présidentielle.

Niankoro Yeah Samaké : « Nous ne devons pas nous engager dans 5 nouvelles années d’aventure »

A l’issue de sa deuxième conférence nationale, le Parti pour l’Action  Civique et Patriotique (PACP) a investi le 24 février, à la maison des Ainés, son Président d’honneur, Niankoro Yeah Samaké, comme  candidat à l’élection présidentielle de 2018. L’ancien ambassadeur du Mali en Inde ne doute pas de sa force politique et a répondu aux questions de Journal du Mali.

Que vous inspire le fait d’avoir été investi comme candidat de votre parti à la présidentielle ?

Je mesure à leur juste valeur la confiance et l’estime que le Président du parti et tous les militants du PACP, et au-delà les Maliens et Maliennes, m’ont témoignées. Les attentes sont immenses, mais j’affirme que nous avons les ressources nécessaires ici, au Mali pour les relever. Notre pays n’est pas condamné à la fatalité. J’aurai l’occasion de partager ce message d’espoir avec nos compatriotes prochainement.

Par rapport à 2013, votre parti a-t-il pris du poids sur l’échiquier politique ?

Évidemment! Le Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) continue de croître et de s’implanter sur tout le territoire national. Lors des dernières élections de proximité, notre parti a pu étendre son maillage en qualité et en quantité. Cet effort d’implantation se poursuit et se renforcera dans les semaines à venir.

Quels sont les grands axes de votre projet de société ?

Permettez que je respecte le calendrier électoral. La campagne n’est pas officiellement lancée. D’ores et déjà, nous profitons de la précampagne pour mobiliser le peuple malien à participer pleinement à ces échéances capitales pour le devenir de notre nation. Le Mali est à la croisée des chemins, les marges de manœuvres se restreignent chaque jour. Nous devons donc faire le bon choix et ne pas nous engager dans 5 ans d’aventure, dans l’inconnu, avec les mêmes personnes, qui produiront certainement les mêmes résultats décevants. Le Mali a l’occasion unique de faire un choix capital, décisif, pour son futur. Nous pensons qu’il doit basé sur un leadership intègre, avec un homme ayant une haute idée de la notion de servir, avec un sens moral élevé. Le PACP incarne ces valeurs et s’emploiera à convaincre nos compatriotes de faire ce choix.

Envisagez-vous une coalition avec un autre parti ou regroupement ?

Je reste convaincu que seul aucun groupement ou parti ne peut nous sortir de la situation complexe de crise multidimensionnelle que vit notre pays. Le PACP jouera sa partition dans cette quête d’unité, à condition que le choix soit porté vers une véritable alternance, avec des leaders honnêtes, capables de tourner enfin la page d’une mauvaise gouvernance chronique, qui ne fait que retarder le décollage de notre pays vers l’émergence et le développement.

 

Yeah Samaké: « dès que le vainqueur sera connu, je le féliciterai »

En attendant les résultats provisoires officiels, le candidat à  l’élection présidentielle Niankoro Yeah Samaké concède d’ores et déjà  la victoire au candidat qui sera déclaré vainqueur par les autorités compétentes. « En tant que candidat je concède la victoire à  celui qui sera déclaré vainqueur par l’issue des urnes. Ce fut un honneur pour moi de participer à  la course pour la présidence » indique Niankoro Yeah Samaké. « Au moment o๠le processus électoral tire vers sa fin, je demande au peuple malien de rester vigilent dans son combat pour la restauration de notre démocratie. Les contestations post électorales ne sont pas en soient une mauvaise chose, mais la façon de les gérer indique la grandeur ou non d’une nation » a déclaré le candidat Yeah Samaké, alors que des contestations des résultats fusent d’un camp porté favori lors de cette présidentielle. Des résultats partiels sur un tiers des bulletins avaient été communiqués, mardi par le ministre de l’administration terrritoriale sans chiffres précis. Nous allons soutenir un candidat en cas de second tour Après la proclamation des résultats officiels, si aucun des deux candidats favoris, à  savoir Soumaà¯la Cissé et Ibrahim Boubacar Kéà¯ta n’atteint la majorité, un deuxième tour de la présidentielle aura lieu le 11 août. En cas de deuxième tour, le candidat Yeah Samaké va soutenir l’un des deux finalistes. « Nous allons soutenir l’un des candidats au deuxième tour et nous allons battre vigoureusement campagne pour lui. Pour l’instant, nous attendons les résultats officiels. Notre combat est celui du développement du Mali. Nous avons perdu une bataille et nous nous préparons pour la suite » ajoute-t-il. La proclamation des résultats officiels et provisoires par le ministère de l’administration territoriale est imminente. Tout le Mali attend ce moment avec impatience.