Africités 9 : plaidoyer pour le développement des villes intermédiaires

Le président Uhuru Kenyatta a ouvert mardi 17 mai à Kisumu, à l’ouest du Kenya, la neuvième édition du sommet Africités.Clap de départ de l’édition 2022 du Sommet Africités, organisé tous les trois ans par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique). La rencontre se tient du 17 au 21 mai 2022 à Kisumu, troisième ville du Kenya après Mombasa, située à près de 400 km de la capitale, Nairobi. Cet événement est axé cette année sur le thème : « Le rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ».

Tous les intervenants à la cérémonie d’ouverture ont plaidé pour des politiques publiques qui tiennent compte des villes intermédiaires. Celles-ci doivent « être considérées comme des facteurs de développement », a plaidé le chef de l’Etat kényan.

« Les dirigeants politiques, les universitaires et les acteurs économiques doivent tous se mobiliser pour les villes intermédiaires pour accélérer le développement de l’Afrique. Il est temps que nos villes intermédiaires soient prises pour des facteurs de développement car, elles contribuent de 20% au Pib du continent », a affirmé Uhuru Kenyatta.

Selon lui, les politiques publiques doivent tenir compte des villes intermédiaires en faisant de la planification pour satisfaire les besoins émergents des populations. « C’est pourquoi, a-t-il souligné, le sommet Africités 9 doit aboutir sur une feuille de route et une décennie d’actions au profit des villes intermédiaires ».

Insistant sur l’importance d’une politique d’urbanisation pour les villes intermédiaires, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a noté que ces dernières connaissent une croissance démographique galopante.

« Or, nos politiques publiques sont centrées sur les villes principales au détriment des villes intermédiaires. Pourtant, les villes intermédiaires ont d’énormes potentialités », a-t-il constaté.

« Les villes intermédiaires sont le reflet de notre niveau de développement. Elles doivent être des atouts pour promouvoir le développement socio-économique de nos pays », a dit, pour sa part, la présidente de CGLU-A, organisatrice d’Africités et à laquelle 16.000 collectivités territoriales et 51 associations nationales d’élus locaux sont affiliées.

Cela fait dire à John Kerry, ancien secrétaire d’Etat américain, que « les villes intermédiaires doivent être la locomotive du développement ».

Le sommet Africités 9, qui se tient tous les trois ans sur une durée de cinq jours, alternativement dans les différentes régions d’Afrique, est selon ses organisateurs, le plus grand rassemblement démocratique organisé sur le continent africain. L’édition de cette année, organisée en partenariat avec le gouvernement du Kenya, le Conseil des gouverneurs du Kenya (CoG) et le Comté de Kisumu, a lieu pour la première fois dans une ville intermédiaire.

Plus de 5000 personnes y participent pour débattre autour des Agendas 2030 et 2063 qui appellent à l’urgence de réfléchir à une urbanisation résiliente et durable en Afrique. D’ici 2050, la majeure partie de la population africaine vivra dans les villes et la majorité des citadins s’installeront dans des villes intermédiaires, d’après les statistiques.

Zuma impliqué dans une affaire de vente d’armes

L’ancien président sud-africain (2009-2018) Jacob Zuma, est poursuivi pour corruption, dans une affaire de ventes d’armes avec Thalès, le géant français de l’armement.Jacob Zuma, 79 ans, est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin de la part du groupe français Thales, dans un contrat d’armement de près de 4 milliards d’euros attribué en 1999. À l’époque des faits, il était « ministre » provincial puis vice-président d’Afrique du Sud.

Jacob Zuma est retourné à la Haute Cour de Pietermaritzburg ce mardi son procès. Mais l’audience devrait être reportée en raison d’un recours introduit par les avocats de l’ancien président sud-africain. En effet, le mois dernier, le juge de la Haute Cour Piet Koen a accordé à l’ancien président sud-africain, un report du procès dans l’attente du résultat de la demande de ce dernier attribuée au juge-président de la Cour suprême Mandisa Maya. Un report se dessine, car la demande n’est pas encore examinée.

Zuma demande à Mandisa Maya de reconsidérer sa demande de renvoi du procureur principal Billy Downer pour « partialité » présumée contre l’ancien président. La Cour suprême avait précédemment rejeté la demande d’autorisation d’appel de Zuma.

L’ancien président fait face à 16 accusations de corruption aux côtés de Thales, le fabricant d’armes français, qui remontent à 1999. A l’époque, Thabo Mbeki, le président de la République, l’avait même démis de ses fonctions de vice-président en raison de ces allégations de corruption.

Macky Sall fait le procès du système financier international

Le chef de l’Etat sénégalais a durement critiqué les règles régissant la gouvernance économique mondiale « qui ne correspondent pas à nos réalités ».Le président Macky Sall n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer les exigences des institutions financières internationales envers les pays africains. « Tout le monde est d’accord que les conditions actuelles qui régissent la gouvernance économique sont dépassées et inadaptées à la réalité. A quoi bon donc continuer à imposer à l’Afrique de respecter des chiffres de déficit de 5 % ou 6 % dans cette double crise ? Ça n’a aucun sens », a pesté le président en exercice de l’Union Africaine (UA).

Selon ce dernier, les politiques économiques en vigueur ont été adoptées bien avant les indépendances des pays africains. « Nos réalités ne sont prises en compte ni par les agences de notation ni par ceux qui décident. Mais c’est clair que ça ne marche pas. Et ça ne peut pas marcher. C’est ça la vérité. Soit, nous avons le courage de le dire ou on se tait », a soutenu le président Sall.

Macky Sall s’exprimait lundi à l’ouverture à Diamniadio de la réunion ministérielle de la 54e Conférence de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies.

A en croire le chef de l’exécutif sénégalais, si le statu quo perdure « c’est l’atteinte même des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 qui sera définitivement compromise ». Partant de là, il a souligné la nécessité de sortir des schémas classiques qui ont déjà montré leurs limites même en temps normal. « C’est pourquoi, nous plaidons pour l’effectivité des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) pour nos pays », a déclaré Macky Sall.

Sur les 250 milliards de DTS émis par le FMI, seuls 33 milliards, soit 5 % ont été alloués à l’Afrique. « C’est ce que nous pesons selon les règles qui gouvernent le monde. Est-ce que c’est ce que nous pesons réellement sur l’économie mondiale et la population mondiale ? Les règles sont injustes. Elles sont dépassées et il faut que nous ayons ensemble le courage de remettre cela en cause avec ceux qui veulent progresser. Ceux qui ont un humanisme et une solidarité pour faire bouger les lignes », a-t-il martelé.

Soulignant la volonté des Etats africains d’innover en cette période de double crise, le président Macky Sall a invité les initiatives américaines et européennes consacrées à la relance à s’inscrire dans cette approche innovante avec des prêts longues durées en contrepartie de réalisation de projets d’infrastructures structurantes en co-traitance avec le secteur privé africain.

« Cela me parait essentiel et sans conditionnalité parce qu’autrement ces belles initiatives risquent de connaître les mêmes trajectoires », a-t-il averti.

Par ailleurs, Macky Sall a appelé l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) à revoir ses règles d’octroi de crédits aux pays africains. « Les pays développés veulent vendre, nous voulons acheter et construire notre développement alors le dialogue entre nous devrait être facile mais les règles sont difficiles », s’est-il désolé.

Pour le successeur de Félix Tshisekedi à la tête de la présidence tournante de l’UA, « l’Afrique ne parle pas d’aide pour se développer mais de partenariats puisque l’aide ne permet de régler aucun problème mais au moins qu’on discute sur les conditions d’accès aux crédits, aux marchés financiers dans des conditions que les pays développés utilisent pour avoir des ressources ».

Il a ainsi plaidé pour l’allongement des maturités des prêts de l’OCDE pour une meilleure adéquation avec la durée d’exploitation des infrastructures financés par ces crédits import-export.

De même, Macky Sall a dénoncé l’obligation d’acompte de 15 % et la mauvaise notation des pays africains du fait de la perception très élevé du risque par rapport aux risques réels. Ces paramètres entraînent, d’après lui, un renchérissement des crédits qui rend les pays africains moins compétitifs.

Il a ainsi pointé du doigt ces pays qui souvent ont des problèmes de recettes et ont du mal à s’acquitter de l’acompte alors qu’on pourrait se contenter de 5% avec des durées d’au moins vingt ans.

« On ne peut pas construire un chemin de fer et demander un remboursement sur 10 ans, ou une centrale électrique à rembourser sur la même durée, ce n’est pas possible », a soutenu M. Sall.

Le chef de l’Etat sénégalais a enfin réitéré la nécessité de mettre un terme aux congés fiscaux induits dans le secteur extractif afin de renforcer le financement des économies africaines. Selon le président Sall, l’autre enjeu de financement des économies africaines réside dans la justice fiscale notamment dans le secteur extractif, mines, gaz…

« Comme partout ailleurs, l’exigence du paiement de l’impôt là où la richesse se crée, doit être effective en Afrique. Si, on nous paie les taxes dus, on n’aurait même pas besoin de l’aide publique au développement. C’est un enjeu de plusieurs milliards par an, une opportunité de croissance et de prospérité pour nos pays », a-t-il fait savoir.

Un coup d’état déjoué à Bamako, selon les autorités

Cette annonce intervient 24 heures après le retrait du Mali du G5 Sahel, en signe de protestation contre sa non-accession à la présidence de cette organisation.Lundi 16 mai, en début de soirée, le gouvernement malien a affirmé avoir déjoué un coup d’Etat que tentaient « un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes ».

Selon le communiqué du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les faits se sont déroulés dans la nuit du 11 au 12 mai 2022. « Ces militaires étaient soutenus par un Etat occidental », accuse le document qui ne précise pas cependant de quel Etat il s’agit.

Bamako qui « condamne avec la dernière rigueur » ce qu’il considère comme une « indigne atteinte à la sureté de l’Etat », assure que tous les moyens nécessaires et mesures appropriées ont été déployés, dans le cadre de l’enquête et de la recherche des complices. A cet effet, les contrôles aux sorties de Bamako et aux postes frontaliers du Mali ont été renforcés.

« En outre, les personnes interpellées seront mises à la disposition de la justice », conclut le communiqué numéro 31 du gouvernement de la transition, issu lui-même d’un coup d’Etat en mai 2021, après un premier neuf mois plus tôt en aout 2020.

Cette annonce intervient 24 heures après le retrait du Mali du G5 Sahel, en signe de protestation de sa non-accession à la présidence de cette organisation régionale.

Macky Sall attendu à Moscou et Kiev

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) se rendra très prochainement dans les deux capitales pour plaider en faveur de la paix.Dans les pays africains, les impacts de la guerre en Ukraine commencent à se faire rudement ressentir. L’inflation repart de plus belle, menaçant du coup la stabilité de plusieurs nations. Face à cette situation, l’Union Africaine (UA) ne veut plus rester attentiste.

« Nous avons reçu mandat de l’Afrique pour nous déplacer à Moscou et à Kiev pour demander au président Vladimir Poutine de créer les conditions qui permettront à l’Ukraine d’exporter ses graines dont nous avons besoin, mais également pour que certaines sanctions infligées à la Russie soient levées. Cela va nous permettre de commercer avec elle et d’acheter des fertilisants indispensables pour notre agriculture », a déclaré Macky Sall.

Le président en exercice de l’UA s’est exprimé ce lundi à la cérémonie officielle d’ouverture de la 54e session de la Commission économique pour l’Afrique qui se tient du 11 au 17 mai au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, à la périphérie de Dakar.

Après deux années de Covid-19, l’espoir d’un retour à la normale renaissait peu à peu dans le monde. Mais « voilà que la guerre en Ukraine a commencé. Et ses impacts sur la planète entière, surtout sur l’Afrique, vont définitivement compromettre toute perspective de reprise économique. Toutes les solutions préconisées avant sont aujourd’hui obsolètes », a déploré le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence tournante de l’organisation panafricaine.

A en croire Macky Sall, toutes les économies du continent noir « se trouvent dans un état de fatigue générale dont hélas, nous ne mesurons encore ni l’ampleur ni la durée ». Poursuivant, le président sénégalais a fustigé l’impossibilité pour son continent de s’approvisionner dans les deux pays en conflit à cause des sanctions occidentales alors que « les robinets du gaz ne sont toujours pas fermés et continuent d’alimenter certains pays européens ».

Le chef de l’Etat sénégalais a fait remarquer que des projections sont aujourd’hui difficiles car « personne ne sait quand est-ce que cette crise va s’arrêter ». Partant de là, il a réitéré « l’appel pressant
de l’UA
pour
un cessez-le-feu et une solution négociée du conflit pour éviter le pire ».

La 54e Conférence des ministres africains de l’Economie et des Finances (COM2022), organisée à l’initiative de la Commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations Unies, a débuté mercredi dernier ses travaux avec la réunion des experts. Celle-ci s’est déroulée sur trois jours et se poursuit avec la réunion ministérielle qui prend fin mardi au Cicad.

Présidentielle somalienne: Hassan Mohamoud revient aux affaires

Cinq ans après son départ, Hassan Cheikh Mohamoud redevient président de ce pays en proie avec la violence des Shebab après sa victoire, dimanche 15 mai, sur le président sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo.Hassan Cheikh Mohamoud retrouve son perchoir, après un premier passage entre 2012 et 2017. Il a terminé hier premier d’un vote marathon au troisième tour du scrutin, récoltant plus de 165 voix sur les 329 des députés et sénateurs somaliens, selon le décompte effectué par des fonctionnaires du Parlement.

La Somalie, située à l’extrémité orientale de la Corne de l’Afrique, est un pays pauvre et instable de plus de 630.000 km2 ayant connu deux décennies de guerre civile et de chaos politique. Toutefois, le président de la République y est élu par les deux chambres parlementaires. En effet, le candidat doit rassembler au moins les deux-tiers des voix des députés et des sénateurs pour être élu.

Les adversaires de Hassan Cheikh Mohamoud, parmi une dizaine, figuraient le président sortant Mohamed Abdullahi Mohamed et Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, un autre prédécesseur qui a été à la tête du pays de 2009 à 2012. Le nouveau président prend ainsi sa revanche, un fait qui ne s’était jamais produit dans ce pays. Avec ses dynamiques d’alliances complexes, le vote en Somalie n’avait jusqu’à présent pas permis à un président sortant de rempiler pour un second mandat.

Pour ce scrutin, qui devait se tenir initialement en 2021 mais reporté à plusieurs reprises en raison de fortes divergences au sein de l’exécutif, plusieurs analystes avaient prédit que les parlementaires allaient choisir une figure connue plutôt qu’un nouveau visage.

La menace Shebab

Ces derniers mois, Hassan Cheikh Mohamoud a été très présent sur la scène politique et a joué un rôle majeur dans l’opposition au président sortant. Dans sa campagne électorale, il a surtout promis de restaurer les relations entre le gouvernement fédéral somalien et les États membres. Sous Farmajo, elles ont souvent été très conflictuelles au point d’entraver la bonne marche du pays et même de la présidentielle.

Par ailleurs, son premier mandat avait été marqué par quelques avancées sur le plan sécuritaire, dans la lutte contre les Shebab principalement. Ces islamistes radicaux liés à al-Qaïda mènent une insurrection depuis quinze ans contre le pouvoir central, soutenu par la communauté internationale.

La mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), déployée dans le pays depuis 2007, a réussi à les repousser dans les grandes villes comme la capitale Mogadiscio. Toutefois, ce groupe terroriste dispose toujours d’une capacité de nuisance.

Pas plus tard que dimanche dans l’après-midi, des tirs de mortiers ont été entendus près de l’aéroport de Mogadiscio où se déroulait le vote. Récemment aussi, il a été rapporté que les Shebab avaient attaqué une base de la Mission de transition en Somalie (Atmis), en tuant une dizaine de militaires burundais. Une situation qui témoigne de la fragilité et de l’ampleur du défi sécuritaire pour le nouveau chef de l’Etat somalien.

Le Gabon adopte enfin le passeport de la Cemac

Le Gabon devient le dernier pays de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac) à adopter le passeport biométrique.Ça y est ! Il a fallu dix ans au régime d’Ali Bongo Odimba pour adopter le passeport biométrique de la Cemac après plusieurs années d’hésitation. Le nouveau document matérialise la libre circulation des ressortissants entre les six pays de la zone Cemac.

La Cemac est un espace d’environ 45 millions d’habitants, situé en Afrique centrale et regroupant actuellement six pays : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad. Ces six partagent aussi le franc Cfa comme monnaie d’échange et de paiement.

Le nouveau passeport biométrique Cemac est considéré comme sécurisé car disposant d’une « puce plus sécurisée qui comporte une page de données en polycarbonate, une des dernières technologies en la matière », confie Eddy N’Gaba, directeur des systèmes d’information à la Direction générale de la documentation et de l’immigration du Gabon.

Une épine du pied enlevée à Daniel Ona Ondo, le Gabonais qui assure la présidence de la Commission de la Cemac. « Je dois vous avouer que grande était ma gêne, de m’entendre dire, à chaque réunion de la Cemac, que mon pays, le Gabon, était le seul pays à ne pas disposer du passeport biométrique Cemac », indiquait-il, après la signature officielle des documents d’homologation, le 15 mai 2022, à Libreville.

Les premiers passeports seront délivrés aux usagers qui en feront la demande dans les prochains jours. Cependant, en plus de ce passeport, les citoyens de la Cemac devront demander un visa et une carte de séjour pour résider dans un pays membre au-delà de 90 jours. Les passeports en circulation restent valables jusqu’à leur expiration, indique le ministre de l’Intérieur gabonais.

Seuls les passeports ordinaires seront délivrés dans les prochains jours. Des discussions sont en cours pour les passeports de service et diplomatique, a déclaré Bernard Gnamakala, directeur général de la documentation et de l’immigration du Gabon

Contrairement aux cinq autres pays de la Cemac, le Gabon délivrera un passeport biométrique de couleur bleu aux réfugiés.

Pourquoi le Mali se retire du G5 Sahel?

Selon la règle de la présidence tournante c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022.Le Mali a annoncé, dimanche 15 mai dans la soirée, son retrait du G5 Sahel et de sa force militaire antijihadiste pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger. « Le gouvernement de la République du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe. Cette décision sera notifiée aux États membres de l’organisation conformément à la procédure prévue en la matière. Le gouvernement de la République du Mali réaffirme son engagement constant en faveur de l’intégration et de la coopération régionales pour la réalisation d’objectifs qui servent les intérêts majeurs des peuples africains » explique un communiqué des autorités maliennes lu à la télévision nationale par le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement de transition issu du putsch de mai de l’année dernière, le second en neuf mois après l’éviction en août 2020 de l’ex président élu Ibrahim Boubacar Keita (IBK) aujourd’hui décédé  

Désigné en février 2021 a la présidence tournante du G5 Sahel, le président tchadien Mahamat Idriss Deby a vu son mandat s’achever un an plus tard. Mais il s’est trouvé contraint de jouer les prolongations en raison des réticences de certains de ses paris, surtout le nigérien Mohamed Bazoum, à confier les rênes de l’organisation sous-régionale au Colonel Assimi Goïta qu’ils soupçonnent de ne pas avoir envie de remettre le pouvoir des autorités civiles élues. 

Selon la règle de la présidence tournante consacrée par les textes de l’organisation, c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel lors d’un sommet qui devait être organisé au début de l’année 2022 à Bamako. Ce qui s’était avéré, finalement, presque impossible. Le président nigérien Mohamed Bazoum ne se serait jamais déplacé chez le putschiste de Bamako, le colonel Assimi Goïta. La France et l’Union européenne qui sont des contributeurs majeurs au budget du G5 Sahel et dont les relations sont au bord de la rupture avec Bamako n’auraient jamais apprécié une présidence malienne du G5 Sahel  

Pour dépasser le problème, le président tchadien a pensé que la 8 ème Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel pouvait se faire par téléconférence, ce qui aurait permis d’éviter une rencontre physique entre le chef de l’Etat de transition du Mali et le président nigérien.
Mais la démarche aurait inévitablement conduit à la remise de la présidence tournante du G5 Sahel au colonel Goïta.  

En plus de chefs d’Etat sahélien comme Bazoum, la France et l’Union européenne, contributeurs majeurs au budget du G5 Sahel et dont les forces sont en train de se retirer du territoire malien suite à la dégradation de leurs rapports avec la junte de Bamako, n’auraient jamais approuvé la remise de la présidence de l’organisation sahélienne aux autorités maliennes actuelles.

La Namibie crée un fonds souverain

La Namibie a créé un fonds souverain pour protéger le pays contre les chocs économiques futurs, a déclaré jeudi le président Hage Geingob.M. Geingob a précisé que le fonds souverain serait alimenté par les redevances provenant de la vente de ressources minérales et de certaines recettes fiscales, ainsi que par l’argent collecté par le gouvernement en se séparant de ses participations et par les contributions de certaines entreprises publiques.

« Il est impératif de mettre de côté une certaine épargne pour amortir l’économie en cas de catastrophes imprévisibles », a déclaré M. Geingob lors du lancement du fonds dans la capitale.

Comme la plupart des autres pays africains, la Namibie se remet des effets de la pandémie du Covid-19 et de la guerre Russie-Ukraine.

M. Geingob a déclaré que le Welwitschia Fund recevrait une injection initiale de 262 millions de dollars namibiens (environ 16,3 millions de dollars américains) et investirait 2,5% de son portefeuille localement pour combler le déficit de financement des infrastructures du pays.

Le lancement du fonds intervient dans le sillage de la découverte récente de vastes réserves de pétrole offshore par TotalEnergies SE et Shell Plc en février, et des plans du gouvernement pour développer et exporter de l’hydrogène vert.

La Namibie devient le dernier pays africain riche en ressources à créer un fonds souverain. Les autres pays sont l’Angola, le Botswana, la Libye et le Nigeria.

Décès de Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, président des Emirats arabes Unis

Le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats arabes unis et souverain d’Abou Dhabi, est décédé ce vendredi 13 mai, a annoncé le ministère émirati des Affaires présidentielles.« Le ministère des Affaires présidentielles présente ses condoléances au peuple des Émirats arabes unis, à la nation arabe et islamique et au monde pour le décès de Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats arabes unis », indique un communiqué.

Il était président des Émirats arabes unis et souverain d’Abou Dhabi depuis le 3 novembre 2004.

Le ministère des Affaires présidentielles annonce également un deuil officiel de 40 jours et des drapeaux en berne à compter d’aujourd’hui ainsi que la suspension des travaux dans les ministères, départements, institutions fédérales et locales, et le secteur privé pendant 3 jours, à partir de ce vendredi 13 mai.

Côte d’Ivoire : deuil national en hommage à Amadou Soumahoro

Le défunt président de l’Assemblée nationale ivoirienne sera inhumé, demain vendredi à Séguéla, sa ville natale.Le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a décrété trois jours de deuil national allant du 11 au 13 mai 2022, à la mémoire du président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro, décédé le 7 mai 2022 des suites d’une longue maladie.

Le chef de l’Etat a demandé que ces jours de deuil national soient « marqués par la mise en berne des drapeaux dans les institutions de la République et dans les ambassades à l’étranger ».

Un hommage national été rendu, mardi dernier, à Amadou Soumahoro (68 ans), en présence du chef de l’Etat, de son épouse, du vice-président Koné Meyliet Tiémoko, des membres du gouvernement et des autorités politiques et administratives.

Elu le 7 mars 2019 à la tête de l’hémicycle après la démission de Guillaume Soro, Amadou Soumahoro a été réélu en 2021. Il était un homme politique reconnu pour ses positions tranchées et avait une loyauté sans faille à Alassane Ouattara.

A Dakar, les Ouest-africains pensent la démocratie

Autour du jeune think tank Wathi, des chercheurs ouest-africains se réunissent durant trois jours, à Dakar, pour se pencher sur l’état de la démocratie dans la sous-région.Comment va la démocratie en Afrique de l’Ouest ? La question a dominé les discussions mercredi 11 mai lors de l’ouverture de la septième édition de la rencontre « Solution Think Tank » (STT) qui se tient à Dakar, au Sénégal, sous le thème « Les pratiques politiques : Gouvernance politique, économique et stabilité en Afrique de l’Ouest ».

L’évènement qui se tient sur trois jours est une initiative du jeune centre de réflexion ouest-africain Wathi (West african think tank), soutenu par la fondation allemande Konrad Adenauer Stiftung.

Ministre d’Etat auprès de la présidence de la République du Sénégal, Ismaïla Madior Fall, à qui revenait la charge d’inaugurer la rencontre, s’est félicité du choix d’un thème « qui touche les vrais problématiques de nos pays ». « Nous juristes, nous sommes habitués à considérer que c’est l’élaboration des normes, de beaux textes qui nous permettent de régler le problème », déplore celui qui est aussi professeur de droit public à l’université de Dakar.

L’ancien ministre de la Justice du Sénégal (2017-2019) pense que dans le principe, « la démocratie en Afrique de l’Ouest est un acquis ». Mais il regrette que les pratiques politiques ne soient pas toujours conformes aux textes constitutionnels et aux lois. « Les pratiques du pouvoir affectent la structure de gouvernance. Il y a des pratiques politiques qui sont incompatibles avec une bonne gouvernance », martèle l’ancien garde des sceaux sénégalais.

Fondateur et animateur de Wathi, l’économiste et politologue béninois Gilles Yabi, estime, lui, qu’ « il y a des progrès dans beaucoup de pays de la sous-région ». « Si on observe sur la longue durée, il ne faut pas oublier par exemple, qu’il y avait beaucoup plus de coups d’Etat dans le passé et qui, à ce moment-là, ne s’inscrivaient pas dans un cadre de transition », rappelle-t-il. « Aujourd’hui, on envisage plus qu’un militaire s’installe au pouvoir durablement », confirme le ministre d’Etat Ismaïla Madior Fall qui fait remarquer d’ailleurs qu’on assiste de plus en plus à des « coups d’Etat soft », que beaucoup trouvent « plus ou moins sympathique ».

Son hôte trouve néanmoins qu’ « il faut admettre la réalité ». « Lorsque vous avez un coup d’Etat, le mal est déjà fait. Il ne faut plus se focaliser sur le principe. La question c’est comment est-ce qu’on fait pour que les transitions qui sont en place permettent non seulement de revenir à un pouvoir civil et démocratique, mais permettent de changer les institutions », philosophe le jeune président de Wathi.

Pour Ismaïla Madior Fall, il ne faudrait pas limiter les problèmes de la démocratie en Afrique de l’Ouest uniquement à des problèmes d’institutions.  « On a l’impression que les progrès démocratiques accentuent la pauvreté. C’est ça le drame », insiste le ministre d’Etat sénégalais, qui se veut pourtant « d’un optimisme raisonnable ». Selon lui, l’extension un peu partout des problèmes de sécurité liés aux groupes djihadistes ne rend pas les constructions démocratiques faciles dans cette partie de l’Afrique.

Sahara: Les Pays-bas considèrent le plan d’autonomie présenté par le Maroc comme « une contribution sérieuse et crédible au processus politique mené par l’ONU »

Les Pays-Bas considèrent le plan d’autonomie, présenté en 2007 par le Maroc, comme « une contribution sérieuse et crédible au processus politique mené par l’ONU » pour trouver une solution à la question du Sahara.Par cette nouvelle position, exprimée dans le communiqué conjoint publié à l’issue des entretiens, mercredi  à Marrakech, entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue néerlandais, Wopke Hoekstra, les Pays-Bas viennent de s’inscrire clairement dans la dynamique internationale de soutien au plan d’autonomie marocain pour clore définitivement le différend artificiel autour de la question  du Sahara.

La nouvelle position de La Haye intervient ainsi dans le sillage de l’appui exprimé par les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Espagne ou encore les Philippines en faveur de l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 comme seule et unique base pour clore ce différend.

Dans le communiqué conjoint, qui a sanctionné les entretiens Bourita-Hoekstra, les Pays-Bas et le Maroc ont réaffirmé leur soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, et à ses efforts pour poursuivre « un processus politique visant à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable », conformément aux résolutions du Conseil de sécurité ainsi qu’aux objectifs et principes de la Charte des Nations Unies.

La rencontre de M. Bourita avec le chef de la diplomatie néerlandaise a eu lieu en marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale anti-Daech.

Côte d’Ivoire : hommage national à Amadou Soumahoro

Le défunt chef du parlement sera inhumé vendredi prochain à Séguéla (nord), sa ville natale.Un hommage national a été rendu, ce mardi, à Amadou Soumahoro (68 ans), le président de l’Assemblée nationale ivoirienne décédé le 7 mai 2022 des suites d’une longue maladie.

Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, s’est incliné devant sa dépouille, avec à ses côtés, son épouse et le vice-président Tiémoko Meyliet Koné. Des membres du gouvernement, des présidents d’institutions, des autorités politiques et administratives étaient également présents à cette cérémonie.

Elu le 7 mars 2019 à la tête de l’hémicycle après la démission de Guillaume Soro, Amadou Soumahoro a été réélu en 2021. Homme politique reconnu pour ses positions tranchées, le « Tchomba », vieux sage en langue Malinké, comme on l’avait surnommé, avait une loyauté sans faille à Alassane Ouattara.

Fin stratège des questions politiques, ce cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) a été maire de Séguéla Sous-Préfecture, sa ville natale, avant d’être député et plusieurs fois ministre.

Il avait mené beaucoup de combats politiques. Cette hargne l’avait conduit à occuper le poste de président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.

Fragilisé longtemps par la maladie, il avait délégué, il y a un peu plus d’un mois, l’intérim à Adama Bictogo. Après son décès, la députée Aminata Toungara a été désignée présidente de l’Assemblée nationale.

COP 15 : objectif, restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030

La Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification vise la restauration de 1 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030.En restaurant un milliard de terres, l’objectif est d’arriver à « briser les chaînes de la destruction, parce que jusqu’à présent, on a une exploitation linéaire de la nature », a dit à la presse le secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw.

Il a fait savoir que « de manière générale, la lutte contre le changement climatique et la dégradation des terres ne sont pas tout à fait appropriées, parce qu’elle n’est pas suffisamment inclusive dans la mesure où on n’adresse pas les causes profondes ».

« Nous sommes en train de traiter des questions de surface et nous n’adressons pas les causes profondes », a-t-il martelé au terme de la première journée de la 15e session de la Conférence des parties de la Convention des Nations Unies (COP15) sur la lutte contre la désertification.

La secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Mme Amina Mohamed, s’est félicitée de l’engagement des États sur les questions de déforestation et de sécheresse dont l’objectif est de réduire la pauvreté, dans une approche globale.

Pour sa part, le ministre ivoirien de l’Environnement et du développement durable, Jean-Luc Assi, a assuré que l’Etat de Côte d’Ivoire a édité des politiques afin de préserver son couvert forestier et initié des techniques culturales agroforestières qui conservent la richesse des sols.

Quelque 6.000 participants sont enregistrés au terme du premier jour de la 15e session de la conférence des parties Conférence des parties de la Convention des Nations Unies (COP15), un événement mondial qui se déroule du 9 au 20 mai 2022.

La COP 15 s’inscrit dans un contexte d’avertissement sévère émis par les Nations unies. Près de 40% des terres sont déjà dégradées, ce qui affecte directement la moitié de l’humanité et pèse environ la moitié du PIB mondial.

Durant ces prochains jours, les participants échangeront sur la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à l’année 2030. Les résolutions devront aboutir à l’Initiative d’Abidjan, un ensemble de programmes visant à lutter contre la désertification.

Comment Islam et Chrétienté cohabitent au Sénégal?

Le Sénégal est un exemple de coexistence pacifique entre différentes communautés religieuses.« Mon grand-père était musulman. Le jour de mon ordination, il était devant dans l’église à prier avec tout le monde même s’il avait son chapelet. Ce grand-père, pour qui j’ai beaucoup d’estime et à qui je rends encore hommage pour l’éducation qu’il nous a transmise, a des enfants qui sont devenus musulmans et d’autres chrétiens. Ma mère est chrétienne, mais certaines de ses sœurs sont restées musulmanes. Et nous avons toujours vécu en bonne entente et en cohésion », raconte avec émotion l’Abbé Alphonse Birame Ndour, curé de la paroisse Saint-Paul de Grand Yoff à Dakar, dans un entretien avec Apa news vendredi 6 mai. Son témoignage, rare dans le monde, est pourtant fréquent dans son pays le Sénégal où la majorité musulmane s’accommode largement des minorités religieuses, chrétiennes notamment.

« L’histoire du Sénégal est jalonnée de rencontres avec des peuples et des cultures différentes ayant abouti à un métissage au sein des ethnies et des familles », rappelle Cheikh Ahmed Tidiane Sy al Amine, président fondateur du Think Tank GUESS dont le père, Abdoul Aziz Sy Al Amin décédé en 2017 était le sixième khalife générale des Tidjanes (ou Tarika Al Tijaniya, en arabe), une des principales confréries musulmanes soufies au Sénégal, avec les Mourides (Al Mouridiya)  et les Khadres (Al Kadiriya).

Cette particularité sénégalaise « s’explique par le fait que l’islamisation de nos peuples n’a pas été imposée mais acceptée de fait à la suite des brassages culturels entre les caravanes venues d’Afrique du nord et les autochtones », poursuit cet ancien président du Cadre unitaire de l’Islam, une organisation qui regroupe les principales confréries musulmanes soufie au Sénégal.

« Nous devons cette situation non seulement à ce que nous avons en commun, c’est-à-dire la famille, la parenté, le sang, mais aussi grâce à la perspicacité et à la sagesse de nos pères devanciers qui, dès le lendemain des indépendances dans les années 60 ont pu installer dans notre pays un souci de l’autre, ce souci du vivre ensemble…», confirme l’Abbé Alphonse Birame Ndour, qui cite comme exemple récent des relations cordiales entre religieux au Sénégal, cette visite de l’Archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye à Serigne Mountakha Mbacké, le khalife général des Mourides, à l’occasion de l’inauguration en 2019 à Dakar de la splendide mosquée Massalikoul Djinan, la plus grande de la ville avec plus de 30000 places assises. Un geste dont il faut se féliciter d’autant que « le Dieu que nous aimons et adorons, n’est pas le Dieu de la division. C’est le Dieu de l’amour, de la paix, de la Concorde et de l’Unité », insiste le curé de Grand-Yoff.

Pour Cheikh Ahmed Tidiane Sy al amine, il n’y a d’ailleurs pas de « lignes de séparation claires entre les communautés mais plutôt une symbiose ou une émulsion entre les communautés religieuses »,

Cette « cohabitation » ou « coexistence » que magnifient le curé et le leader musulman est parfois secouée par des propos extrémistes.

« Nous notons une tendance à saper l’exception sénégalaise du vivre ensemble en raison de l’émergence de nouveaux courants plus ou moins structurés n’ayant pas les mêmes bases spirituelles que les confréries soufies », regrette Cheikh Ahmed Tidiane Sy.

L’Abbé Alphonse Birame Ndour, lui aussi, déplore « l’émergence de nouveaux prédicateurs qui n’hésitent pas à mettre sur le dos de l’autre des accusations infondées et insensées ». Ce qui, selon le curé, « ne peut pas manquer de susciter l’émoi et l’émotion et même parfois des réactions violentes de la part de ceux qui se sentent visés ».

Pour faire face à ces discussions qui menacent la bonne entente entre confessions au Sénégal, le Catholique et le Musulman souhaite des mesures fortes de la part des autorités politiques.

Pour l’Abbé Alphonse Birame Ndour, il est urgent que le pouvoir fasse « respecter la laïcité de l’Etat sénégalais ». Cheikh Ahmed Tidiane Sy al Amine, «il  faut introduire dans le cursus scolaire l’enseignement obligatoire des valeurs de tolérance et de paix portées par les grandes figures religieuses aux générations actuelles et futures ». Il propose également « la régulation des réseaux sociaux, lieux propices à tous les débordements quitte à durcir la loi sur toutes les formes d’incitation à la violence ou à la haine entre communautés ».

Somalie: présidentielle sur fond de révolte des Shebab

Les députés et sénateurs somaliens, vont choisir le prochain président du pays dimanche prochain, dans un contexte marqué par les attaques des islamistes shebab.La présidentielle somalienne se tiendra le 15 mai 2022 selon le comité parlementaire chargé d’organiser le scrutin dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique.

Le chef de l’Etat sortant Mohamed Abdullahi Mohamed dit Farmajo tentera de briguer un second mandat. Il a officialisé sa candidature à la télévision publique pour dit-il répondre à « l’appel du peuple », afin de poursuivre la « voie de progrès et de développement ».

Farmajo, arrivé au pouvoir en 2017, doit faire face à une dizaine de concurrents dont deux anciens présidents Hassan Sheikh Mohamoud (2012-2017) et Sheikh Sharif Sheikh Ahmed (2009-2012). La présidentielle somalienne qui devait se tenir en 2021, a été reportée à plusieurs reprises, à cause de fortes divergences au sommet de l’exécutif, entre le président sortant et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble.

En Somalie, le président de la République est élu par les députés et sénateurs. Pour être élu, un candidat doit rassembler au moins les deux-tiers des voix des deux chambres, soit 184 voix.

Mais ce scrutin assez indécis, va se tenir dans un contexte de recrudescence des attaques des islamistes radicaux shebab, liés à al-Qaïda. Ces derniers mènent une insurrection depuis quinze ans contre le pouvoir central soutenu par la communauté internationale.

Ces derniers jours, les Shebab ont attaqué une base de la Mission de transition en Somalie (Atmis) tuant une dizaine militaires burundais.

La mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) déployée dans le pays depuis 2007, a réussi à repousser les shebab dans les grandes villes comme la capitale Mogadiscio.

Depuis, l’Amisom rebaptisée la Mission de transition en Somalie (Atmis), tente de maintenir la paix dans ce pays pauvre en proie à la menace jihadiste et la faim.

Sahel: Où en est le dialogue avec les jihadistes?

Longtemps taboue au Sahel, l’idée de discuter avec les jihadistes ne l’est plus. Pourquoi?« On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission », avertissait en juin 2021 le président français, Emmanuel Macron, lorsque les militaires maliens qui venaient de commettre leur deuxième coup d’Etat en neuf mois annonçaient leur intention de dialoguer avec les groupes jihadistes qui sévissent dans le nord et le centre du pays.

La menace du chef de l’Etat français semblait si sérieuse qu’il annonçait d’ailleurs une transformation profonde de l’opération Barkhane, qui depuis l’été 2014 avait pris le relais de Serval lancée en janvier 2013 pour chasser les jihadistes du Mali et les empêcher de s’installer dans les autres pays de la région. L’effet escompté sur les jeunes officiers maliens, -qui entretemps ont fait appel à la Russie ou plus précisément sa compagnie privée controversée de mercenaires de Wagner, selon plusieurs sources locales et étrangères-, n’ayant pas eu lieu, le président français avait fini par ordonner le retrait pur et simple de son armée du territoire malien et l’installation de l’essentiel de ses hommes au Niger voisin. 

« L’action militaire n’ayant pas, à elle seule, réussi à résoudre le problème, l’idée d’envisager d’autres outils devient évidente », estime Hasane Koné, chercheur à l’Institut d’Etudes et de sécurité en Afrique (ISS Africa). 

« Dans un contexte où les groupes terroristes gagnent de plus en plus de terrain, où l’Etat est incapable de garantir la sécurité, la seule solution serait de dialoguer avec les groupes terroristes », ajoute Bah Traoré, analyste politique et sécuritaire au Sahel au Think Thank ouest-africain Wathi. 

Au Mali, l’idée a pourtant germé puis s’est imposée dans le débat public bien avant les coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021. Après y avoir été hostile tout au long de son premier mandat débuté en 2013, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), a commencé dès sa réélection en août 2018 à montrer des signes favorables à la possibilité de discuter avec les jihadistes, les maliens parmi eux notamment. Dans un entretien accordé à Rfi et à France 24 en février 2020, soit six mois avant son renversement par l’armée, IBK confirmait ouvertement son changement de position sur la question. Son représentant pour le centre du Mali, qui a d’ailleurs dirigé le pays durant la période de transition après le coup d’Etat de 2012, Dioncounda Traoré, avait même envisagé publiquement sa volonté de rencontrer les chefs jihadistes. 

Auparavant, une Conférence d’entente nationale avait cautionné cette option, qu’un Dialogue national inclusif organisé en 2019 avait aussi entérinée. Cette évolution du pouvoir malien sur la question, s’explique, selon le chercheur Bah Traoré, par le constat présentant la violence jihadiste au Mali et dans la région comme un « phénomène local porté par des sahéliens eux même ».. 

La disposition au dialogue avec les jihadistes affichée par les officiers putschistes au lendemain de leur second coup d’état en mai 2021 contre le président et le premier ministre de la transition n’est, en quelque sorte, que la suite logique des ces séquences déjà posées sous le régime du président IBK. Dès octobre 2021, la junte chargeait officiellement le Haut conseil islamique (HCI) pour des pourparlers avec les jihadistes de nationalité malienne, comme le touareg Iyad Ag Ghali et le peul Amadou Koufa. Cette instance publique s’était déjà impliquée dans la recherche d’accords locaux entre les autorités, certaines communautés et des combattants islamistes appartenant au JNIM (Jama-atu Nusrat-al Islam wal Muslimin ou Groupe de soutien à l’Islam et aux musulman), la branche sahélienne d’Al Qaida. « L’intervention du Haut conseil à Farabougou, un village dans le centre du pays assiégé par les éléments du Jnim, a permis de trouver un accord oral de cessez-le-feu entre les jihadistes et des responsables communautaires et religieux ainsi que le retrait de l’armée malienne de la localité », rappelle Bah Traoré. L’accord en question a cependant très vite volé en éclats. 72 heures après sa conclusion, le gouvernement s’est rétracté, ouvrant la voie à toute sorte de spéculation sur la suite des discussions avec les jihadistes. Les récents évènements survenus sur le terrain, semblent réduire les chances de les voir relancées dans un délai proche. L’armée malienne, soutenue par des éléments russes, conduit depuis décembre 2021 des offensives dans certaines zones, essentiellement dans le centre, où seraient présents des groupes armés islamistes. A l’issue de la dernière, où l’armée malienne a revendiqué avoir neutralisé plus de 200 jihadistes, des organisations de défense des droits humains ont accusé les soldats maliens d’avoir commis des massacres et graves exactions dont les victimes seraient en grande partie de simples citoyens désarmés.  En guise de réaction, le Jnim, lui, a entrepris dès le 24 avril de mener des attaques simultanées contre trois bases militaires à Sévaré, Bapho et Niono où 6 morts et 20 blessés ont été recensés.

Le même jour, au Burkina, une attaque contre des détachements militaires à Gaskindé et Pobe Mengao, dans la province septentrionale du Soum, région du Sahel, torpille les efforts de plusieurs jours pour lever le blocus imposé autour de la ville de Djibo par les jihadistes appartenant à Ansarul Islam liés à la Katiba du Macina du Jnim. Quinze victimes parmi les militaires, les supplétifs desVolontaires pour la défense de la patrie (VDP) et les civils sont déplorées. 

Quelques jours seulement avant cette double attaque, les autorités du Burkin-Faso avaient affirmé leur volonté de négocier avec les jihadistes locaux. Le 1er avril, le président de la Transition, le lieutenant-colonel Paul Henry Sandaogo Damiba avait déclaré à l’occasion d’un discours à la nation qu’il était prêt à parler avec les fils du pays « en rupture de dialogue avec la nation ». À cet effet, il avait annoncé la création de comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix, lui qui avait pris le pouvoir par la force au mois de janvier, reprochant au président élu, Roch Marc Christian Kaboré, l’absence de réponses appropriées à l’insécurité. 

Mais jusqu’où est-il disposé à aller ? « Il ne faudrait pas avoir peur de proposer l’option du pardon en contrepartie d’un abandon des armes», soutient Hassan Koné de l’ISS Africa. « Le dialogue souhaité pourrait d’ailleurs s’inscrire dans une sorte d’accords politiques, ou de propositions unilatérales de la part des autorités, sous forme de réconciliation nationale. L’essentiel est de faire preuve d’imagination et de courage politique », insiste le chercheur. 

A Niamey, l’idée de discussions avec les jihadistes est aussi à la mode. Un an après son arrivée au pouvoir, le président Mohamed Bazoum a fait libérer une dizaine de membres de Boko Haram. « J’ai cherché les parents biologiques de chacun des jeunes et je leur ai envoyé des émissaires », a assumé le chef de l’Etat nigérien lors d’une réunion sur la situation sécuritaire nationale. Pour réussir cette tâche complexe, le chef de l’Etat nigérien semble avoir quelques atouts. Originaire d’une famille nomade, comme une grande partie des insurgés islamistes dans son pays, il a longtemps été le patron des services de sécurité nigériens à titre de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique sous le magistère de son prédécesseur Mahamadou Issoufou. Un de ses conseillers les plus proches est réputé comme étant un des meilleurs connaisseurs de la galaxie jihadiste dans le Sahel: Moustapha Limam Chafi. Nigérien de naissance et mauritanien d’ascendance, Chafi a longtemps été l’homme de confiance de l’ancien homme fort du Burkina-Faso, Blaise Compaoré, au pouvoir de 1987 à 2014. Du temps où il conseillait l’ancien président burkinabé, ce polyglotte qui parle la quasi-totalité des grandes langues en usage dans le Sahel, était parvenu à négocier avec succès la libération de plusieurs otages occidentaux enlevés dans les années 2000 par Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), organisation à laquelle sont affiliés la majorité des jihadistes dans le sahel. Sera-t-il tout aussi efficace pour son nouveau patron?

Côte d’Ivoire: décès d’Amadou Soumahoro, président de l’Assemblée nationale

Le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Amadou Soumahoro, est décédé samedi à Abidjan à l’âge de 69 ans.L’annonce officielle a été faite par le président Alassane Ouattara dans un communiqué lu sur les antennes de la télévision nationale, première chaîne de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).

« J’ai la profonde douleur de vous annoncer le décès ce samedi 07 mai 2022 du président de l’Assemblée nationale, mon jeune frère Amadou Soumahoro », écrit Alassane Ouattara dans le communiqué lu par le secrétaire général de l’Assemblée nationale, Alain Acakpo Addra. 

« Je rends hommage à un grand homme d’Etat dont l’engagement et le parcours politique ont marqué notre pays », poursuit le chef de l’Etat ivoirien selon qui « la Côte d’Ivoire perd un valeureux fils, un homme de conviction et de devoir ».  

« Je perds un compagnon fidèle, un ami loyal et dévoué », ajoute M. Ouattara, présentant  en cette douloureuse circonstance, ses « condoléances les plus émues » à la famille et aux proches du défunt. 

Elu Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire le 7 mars 2019, Amadou Soumahoro a été éloigné de l’Assemblée nationale par la maladie. Son intérim était jusque-là assuré par Adama Bictogo.

Ancien Secrétaire général par intérim du Rassemblement Des Républicains (RDR), de juillet 2011 à septembre 2017, le député de la circonscription électorale de Séguéla sous-préfecture, Bobi-Diarabana commune et sous-préfecture, a été également Président du directoire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, actuel parti au pouvoir) de février 2015 à septembre 2017. 

Il a occupé plusieurs postes ministériels avant d’être nommé Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires politiques le 4 mai 2018. De 2011 à 2015, il avait occupé le poste de Conseiller du président de la République, ministre du Commerce extérieur en 2002 et ministre du Commerce de 2003 à 2005. 

Guinée : l’inculpation d’Alpha Condé n’est pas un calcul politique (politologue)

Les poursuites judiciaires engagées contre l’ex-président guinéen ne visent pas à noyer les divergences sur la transition, selon le directeur de l’Association guinéenne de Sciences politiques, Kabinet Fofana, interrogé par APA.Que reproche la justice guinéenne à Alpha Condé ?

Ces poursuites portent essentiellement sur des crimes économiques et financiers, mais surtout sur des crimes de sang qui font suite à une plainte déposée par les avocats du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Ces griefs ne sont pas seulement contre Alpha Condé, mais contre tous ceux qui ont directement ou indirectement joué un rôle dans le processus de modification de la Constitution qui lui a permis de briguer un troisième mandat. Selon le raisonnement du FNDC, toutes ces personnes doivent répondre de leurs actes du fait des violences qui ont été subies et des autres actes qui ont concouru à ces crimes de sang.

Pourquoi les nouvelles autorités ont attendu ce moment pour déclencher les poursuites à son égard ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Ce qui me semble pertinent, ce n’est pas de savoir pourquoi ce moment précis. Généralement, une telle question sous-entend l’existence ou non d’un calendrier caché. D’aucuns pourraient se demander si, en donnant une suite favorable à une revendication du FNDC, cela n’amènerait pas celui-ci à édulcorer un peu sa position vis-à-vis du pouvoir notamment sur la question de la durée de la transition et de l’illisibilité de celle-ci. Mais cette crainte est à balayer parce que ces poursuites ne changeront pas la position du FNDC par rapport à la transition. Sékou Koundouno, qui est le responsable de la stratégie de ce mouvement, a d’ailleurs bien dit que ce sont deux choses distinctes. Alors je ne pense pas qu’il y ait un timing qui soit calculé politiquement. Je crois juste que les plaintes déposées par le FNDC rencontrent la conviction du Procureur qui a déclenché  les poursuites judiciaires.

Donc, pour vous, cette inculpation n’est pas une façon de noyer les divergences sur la manière de conduire la transition, et notamment sa durée fixée à 39 mois par la junte ?

Je ne le crois pas. Et même si c’était fait à dessein, je ne vois pas pourquoi cela amuserait les acteurs politiques. Encore qu’il faut considérer ceci comme un timing de la justice qui est différent de celui mis en place par le ministère de l’Administration du territoire qui, lui, est d’ordre politique. Le distinguo me semble important pour avoir une meilleure compréhension de ces deux questions qui ne me paraissent pas interconnectées comme on pourrait le croire.

Comment cette décision a été accueillie par l’opinion publique guinéenne ?

La compréhension de l’opinion guinéenne d’un même sujet peut être assez plurielle. En ce qui concerne ce cas-ci, vous avez ceux qui sont proches de l’ancienne opposition qui estiment que c’est une très bonne chose. Et de l’autre côté, il y a les partisans d’Alpha Condé qui naturellement ne partagent pas cet avis. Mais, d’une manière générale, les Guinéens ont bien envie de savoir davantage les actions des uns et des autres sur les différents crimes évoqués précédemment. Mais encore une fois, ce ne sont pas des avis cristallisés. Ils sont assez parcellaires et varient d’une opinion politisée à une opinion générale.

Jusqu’où pourraient aller éventuellement ces poursuites ?

A ce moment de la procédure, ce sont les instructions qui vont être ouvertes. Ce travail permettra de savoir si les accusations sont fondées ou pas. Nous verrons après ce que cela va donner. Je crois que c’est une très longue procédure qui s’ouvre et elle va certainement durer des mois. Généralement, ces types d’actions se font sur la durée surtout qu’il s’agit, ici, de crimes de sang. Ces derniers sont difficilement traitables sur un temps court. Mais on verra si les choses vont aller aussi rapidement que nous le souhaitons. De toute façon, le plus important est l’ouverture des poursuites et la justice va tranquillement faire son travail.

Gambie : un nouveau gouvernement sans grand changement

Le premier gouvernement du second mandat d’Adama Barrow, formé mercredi dernier, est un mélange d’anciens et de nouveaux visages du champ politique gambien.Six mois, c’est le temps qu’il aura fallu attendre.  Le nouvel attelage gouvernemental est composé de 23 membres dont 3 femmes. Le maintien d’Ebrima Sillah, même s’il a changé de département, a suscité des réactions mitigées.

Au contraire, la nomination de Baboucarr Ousman Joof a été bien accueillie par la population. Ce dernier est très respecté en Gambie, surtout dans le secteur éducatif, en raison de son action pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants.

Il y a également beaucoup d’attente autour de Serign Modou Njie, le nouveau ministre de la Défense en remplacement de Sheikh Omar Faye dans un contexte où la Gambie sert de base arrière à des factions du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Une rébellion séparatiste dans le Sud du Sénégal qui subsiste depuis les années 80 grâce notamment à la coupe illégale du bois et le trafic de chanvre indien.

S’il y a une surprise dans ce gouvernement, elle se nommerait Alieu Badara Joof. Cet universitaire est désormais le vice-président de la Gambie. Peu d’observateurs politiques ont vu venir le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche des cinq dernières années.

Voici la composition du nouveau gouvernement :

Vice-président : Alieu Badara Joof

Chef de cabinet : Modou K. Ceesay

Ministre de la Justice : Dawda Jallow

Ministre des Affaires étrangères : Mamadou Tangara

Ministre des Finances et des Affaires économiques : Seedy Keita

Ministre de la Défense : Serign Modou Njie

Ministre de l’Intérieur : Seyaka Sonko

Ministre du Tourisme et de la Culture : Hamat NK Bah

Ministre des Terres, de la Décentralisation et des Affaires religieuses : Abba Sanyang

Ministre de l’Agriculture : Demba Sabally

Ministre des Transports, des Travaux publics et des Infrastructures : Ebrima Sillah

Ministre de la Santé : Dr Ahmad Lamin Samateh

Ministre de l’Éducation de base et secondaire : Claudiana Cole

Ministre du Genre, de l’Enfance et de la Protection sociale : Fatou Kinteh

Ministre de Pétrole et de l’Energie : Abdoulie Jobe

Ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques : Musa S. Drammeh

Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : Pr Piere Gomez

Ministre de l’Environnement et du Changement climatique : Rohey John Manjang

Ministre de la Jeunesse et des Sports : Bakary Badgie

Ministre du Commerce : Seedy Keita

Ministre du Service public, des Réformes administratives, de la Coordination et de l’Exécution des politiques : Baboucarr Ousman Joof

Ministre de l’Information : Lamin Queen Jammeh

Ministre de la Communication et de l’Economie numérique : Salimatta E. Touray

Libye : le Premier ministre Fathi Bachagha s’installe à Syrte

Après plusieurs tentatives pour s’emparer de la capitale libyenne, Tripoli, le Premier ministre désigné par la Chambre des représentants, Fathi Bachagha, a choisi Syrte, comme siège de son gouvernement.C’est le prix à payer pour éviter une nouvelle guerre en Libye. Fathi Bachagha a décidé de s’installer à Syrte, au centre du pays, laissant à son rival Abdelhamid Dbeibah, la capitale, Tripoli. Ce choix de Fathi Bachagha s’explique par la stabilité de cette ville qui ne connaît pas de « tensions ou d’hostilités avec les autres villes libyennes ».

En proie à une guerre civile depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye s’est enlisée à nouveau dans une nouvelle crise politique majeure en se retrouvant avec deux Premiers ministres rivaux en février dernier.

Le parlement libyen avait élu à l’unanimité l’ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha (59 ans) comme nouveau chef du gouvernement. Ce dernier devait remplacer le Premier ministre sortant Abdelhamid Dbeibah toujours soutenu par la communauté internationale mais dont le mandat a « expiré » depuis décembre, selon le parlement libyen.

Dbeibah, désigné en février 2021 à la tête d’un nouveau gouvernement de transition dans un plan de paix soutenu par l’Onu, a contesté sa destitution et martelé qu’il poursuivra sa feuille de route qui consiste à unifier les institutions et conduire le pays à des élections présidentielle et législatives.

Rwanda : le secrétaire d’Etat à la Culture limogé pour corruption

Le président rwandais Paul Kagamé a limogé jeudi le secrétaire d’Etat chargé de la Culture, Edouard Bamporiki, qui fait l’objet d’allégations de corruption concernant un contrat de construction dans la ville de Kigali.Le ministre a été arrêté par le Bureau des enquêtes du Rwanda (RIB) jeudi matin de bonne heure suite à son implication directe dans une entreprise de corruption.

Le Président Paul Kagamé a suspendu Edouard Bamporiki de ses fonctions de Ministre d’Etat au Ministère de la Jeunesse et de la Culture, « en raison de questions de responsabilité faisant l’objet d’une enquête », selon le communiqué publié par le bureau du Premier Ministre.

« Bamporiki Edouard, qui était secrétaire d’Etat au ministère de la Jeunesse et de la Culture, est assigné à résidence et fait l’objet d’une enquête pour de graves affaires de corruption », a déclaré le Bureau des enquêtes du Rwanda dans un message publié sur son compte Twitter.

L’ampleur de l’enquête n’est pas encore connue. Bamporiki a été nommé secrétaire d’Etat au ministère de la Jeunesse et de la Culture depuis 2019.

Zambie : les Etats-Unis accusés de vouloir installer une base militaire

Le gouvernement zambien est pris dans une tempête politique après l’annonce de cette nouvelle.Selon plusieurs informations, l’administration de Hakainde Hichilema a conclu un pacte en vertu duquel les Etats-Unis établiront une base militaire dans ce pays d’Afrique australe.

Selon ces sources, la Zambie avait accepté d’offrir aux Etats-Unis un espace pour établir une base militaire pour le Commandement des forces américaines pour l’Afrique (AFRICOM).

L’ambassade des Etats-Unis a toutefois déclaré cette semaine qu’il n’y avait « aucune base militaire américaine (ou des plans pour une telle base) en Zambie », insistant sur le fait que Washington avait seulement établi un bureau de coopération en matière de sécurité situé dans sa Mission à Lusaka.

« Un bureau de coopération en matière de sécurité n’est pas une base militaire – le nouveau bureau de coopération en matière de sécurité sera situé à l’ambassade des Etats-Unis à Lusaka et va travailler main dans la main avec les forces de défense zambiennes pour améliorer les relations entre militaires et étendre les domaines de coopération en matière de gestion des forces, de modernisation et de formation militaire professionnelle pour les forces de sécurité zambiennes », a expliqué l’ambassade.

Le président Hichilema s’est rendu sur le site de micro-blogage Twitter cette semaine pour démentir ce qu’il considère comme des mensonges concernant la base militaire proposée par l’AFRICOM. « Il n’y a que des bases militaires zambiennes en Zambie. Ne débattons pas de faussetés ».

Pour sa part, le ministre zambien de la Défense, Ambrose Lufuma, a déclaré que le bureau de coopération en matière de sécurité était l’aboutissement « d’une relation de longue date avec l’US-AFRICOM dans les domaines du maintien de la paix qui est antérieure » à l’administration Hichilema et « a bénéficié à nos militaires ».

« La Zambie n’a aucunement l’intention d’établir ou d’accueillir une quelconque base militaire sur le sol zambien », a déclaré M. Lufuma. Malgré les démentis du gouvernement et de l’ambassade américaine à Lusaka, l’opposition zambienne n’est pas convaincue et accuse Hichilema de trahir les autres Etats africains en offrant prétendument un espace pour la base militaire de l’AFRICOM.

Le leader du Parti socialiste zambien, Fred M’membe, a déclaré que les Etats-Unis fournissent déjà un soutien militaire direct et indirect à la Zambie en utilisant les installations existantes de l’ambassade et son attaché de défense.

« Il n’y a pas eu de besoin ressenti pour un nouveau bureau au sein de l’ambassade », a déclaré M’membe. Il a estimé que le nouvel accord de sécurité entre les Etats-Unis et la Zambie ne ferait qu’accroître le rôle de l’AFRICOM en Zambie et créer des tensions au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

« Un tel développement a des implications pour les initiatives de défense de la SADC et suscite des inquiétudes dans la région », a ajouté M’membe.

L’AFRICOM a été un sujet de discorde en Afrique australe, la plupart des pays craignant que l’installation de bases militaires américaines dans la région ne compromette la sécurité de la SADC.

L’Union africaine condamne les attaques en Somalie

La Commission de l’Union africaine (UA) a condamné mardi dans un communiqué l’attaque contre une base des forces de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS).Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré qu’il condamnait fermement cette attaque terroriste perpétrée par des militants d’al-Shabab contre la base de l’ATMIS dans la région du Middle Shebelle.

« Le président rend hommage aux casques bleus burundais qui ont perdu la vie en contribuant à apporter la paix et la stabilité en Somalie », a déclaré M. Mahamat.

Le président a également déclaré que cette attaque contre la base ATMIS ne fera que réaffirmer l’engagement continu et inébranlable de l’UA à soutenir le gouvernement et le peuple somalien dans leur quête d’une paix et d’une sécurité durable.

Le président de la Commission de l’UA a également appelé la communauté internationale à accroître son soutien aux services de sécurité somaliens et à la mission ATMIS, à la mesure des défis sécuritaires actuels.

Mardi, des responsables locaux de la sécurité ont déclaré à Radio Mogadiscio que deux fortes explosions ont frappé la base ATMIS tenue par les troupes burundaises, suivies d’un échange de coups de feu entre les troupes et les militants.

Le groupe d’insurgés Al-Shabab, qui a revendiqué l’attaque, a mené de nombreuses offensives meurtrières contre les camps de l’Union africaine en Somalie.

Zimbabwe : les députés veulent la comparution de Mnangagwa pour corruption

Les députés zimbabwéens demandent la comparution du président de la République Emmerson Mnangagwa à la Commission parlementaire des comptes publics (PAC) pour les allégations de corruption soulevées par la vérificatrice générale.Le député de l’opposition Themba Mliswa, a soutenu que M. Mnangagwa devrait se présenter devant la PAC pour répondre aux questions sur le manque d’action de son gouvernement sur les allégations de corruption et d’autres questions soulevées par la vérificatrice générale, Mildred Chiri.

Mliswa a déclaré que le président Mnangagwa doit répondre sur l’intégration certains fonctionnaires, notamment des ministres, accusés de corruption. « Nous attendons que le président soit appelé à venir répondre aux questions sur ce qui se passe dans son gouvernement. Ses soldats sont occupés à se remplir les poches avec les fonds publics », a déclaré l’opposant Mliswa. « Certains parlementaires ont peur de convoquer le président sur les questions soulevées par le vérificateur général », a-t-il ajouté.

Mliswa est le président des parlementaires africains contre la corruption, un groupe de lutte contre la corruption, qui souhaite que le gouvernement zimbabwéen fasse l’objet d’une enquête sur les fonds non comptabilisés s’élevant à des milliards de dollars, selon le dernier rapport du vérificateur général.

Dans son rapport publié l’année dernière, Mme Chiri a déclaré que certains ministères ne parviennent pas à rendre compte de millions de dollars et que tout porte à croire qu’ils ne sont pas prêts à le faire dans un avenir proche.

Le président de la PAC, Brian Dube, s’est rangé sur l’avis de Mliswa, affirmant que le dirigeant zimbabwéen devrait « dire aux citoyens ce qui se passe dans son gouvernement ».

Guinée : l’ex président Alpha Condé dans le collimateur de la justice

En Guinée, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry a donné des instructions aux fins de poursuite judiciaire par voie de dénonciation contre l’ancien président de la République guinéenne Alpha Condé et des ténors de son régime. Au total, ils sont 27 ministres, députés et autres hauts cadres à figurer sur la liste rouge du Procureur Général rendue publique mercredi 4 mai 2022. Plusieurs chefs d’accusations sont portés contre Alpha Condé et ses anciens collaborateurs.

Il s’agit entre autres : « des atteintes volontaires à la vie humaine notamment le meurtre, assassinat et complicité de meurtre et d’assassinat ; des atteintes involontaires à la vie et complicité d’atteinte involontaire à la vie et de complicité ; des atteintes à la personne constituées par les disparitions forcées, détention, enlèvement ou tout autre forme de privation de liberté et de complicité ».

Ces poursuites font suite à une plainte déposée par les avocats du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) suite aux tueries et violations des droits de l’Homme enregistrées lors des manifestations contre la modification ou l’adoption d’une nouvelle constitution. Cette dernière avait permis au président Alpha Condé d’obtenir un troisième mandat.

Alpha Condé arrivée au pouvoir en 2010 a été renversé le 5 septembre 2021 par le Groupement des forces spéciales dirigé par le Colonel Mamady Doumbouya qui assure actuellement la fonction de chef de l’Etat.

Nigeria : Antonio Gutteres en visite officielle de deux jours

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, est arrivé au Nigeria mardi pour une visite officielle de deux jours.Selon le Centre d’information des Nations Unies au Nigeria, M. Guterres se rendra dans l’Etat de Borno, dans le nord du pays, qui est en proie à une insurrection qui dure depuis dix ans.

Il doit ensuite rencontrer le gouverneur de l’Etat de Borno, Babagana Zulum, à Maiduguri, la capitale de l’Etat, avant d’entamer une mission sur le terrain où il rencontrera des familles touchées par le conflit de Boko Haram qui ravage la région depuis plus de 12 ans.

Le patron de l’Onu devrait évaluer l’impact du changement climatique sur les communautés vulnérables et évaluer les progrès accomplis ainsi que les défis à relever pour le redressement de la Covid-19.

Il doit également rencontrer le président Muhammadu Buhari, le vice-président Yemi Osibanjo et d’autres hauts responsables du gouvernement à Abuja.

M. Guterres doit également présider une cérémonie de dépôt de gerbe pour les victimes de l’attentat de 2011 à la Maison des Nations Unies à Abuja et rencontrer les délégués des jeunes, les femmes, les chefs religieux, les communautés diplomatiques et les journalistes.

L’armée française va quitter le Mali, mais pas l’Afrique

La présence des armées françaises en Afrique, vieille de plusieurs décennies, a beaucoup évolué avec le temps.La décision annoncée lundi soir par Bamako de dénoncer les accords militaires entre le Mali et la France remet au goût du jour au sein des opinions africaines un vieux sujet de débat. Celui de la présence militaire française en Afrique, héritée de l’époque coloniale, mais régulièrement réajustée depuis les indépendances des anciennes colonies françaises acquises au début des années 1960. 

L’armée française en Afrique n’est plus au temps où elle pouvait se vanter de disposer de grosses bases un peu partout sur le continent. 

Officiellement, Paris n’a plus, aujourd’hui, que deux bases opérationnelles avancées (BOA)  et quelques dispositifs légers ou opérations extérieures temporaires (Opex). 

La première base est celle des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) sur la mer rouge. 

Composée de 1450 hommes et disposant de moyens  logistiques importants, dont un détachement aérien, cette est la plus importante dont la France dispose sur le continent africain. Avec sa position stratégique, cette base est en mesure d’accueillir, mais également de projeter rapidement, des forces vers l’océan indien et le Moyen-Orient.

La deuxième base est située en Côte d’Ivoire. Forte de 900 hommes, elle a un statut de force de présence sur la façade ouest-africaine considérée comme une zone d’intérêt stratégique pour Paris. Les éléments de la Force française en Côte-d’Ivoire (FFCI) sont en mesure d’intervenir sur un très court laps de temps sur toute l’Afrique de l’Ouest. 

Les anciennes bases du Gabon et du Sénégal, elles,  ont été rétrogradées en « pôles opérationnels de coopération » à vocation régionale. Les militaires qui y sont stationnés sont officiellement appelés « éléments français » au Gabon et au Sénégal (EFG et EFS). 

Chacun de ces dispositifs dispose de 350 hommes. Crées en août 2011, les EFS ont effectué lors de leurs deux premières années d’existence 215 missions de coopération dans 13 pays, assurant l’instruction de 8400 militaires africains. En 2019, leur bilan fait état de 6600 soldats africains formés et entraînés.

Pour préserver les intérêts économiques français dans le golfe de Guinée et lutter contre la piraterie maritime et la criminalité, la marine nationale française prépositionne dans cette zone, depuis 1990, une mission maritime permanente dénommée « Mission Corymbe ». Les bâtiments qui la composent se déploient des eaux du Sénégal au nord jusqu’aux côtes de l’Angola, en passant par les rivages de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Ghana, du Togo, du Nigeria, du Cameroun, du Gabon ou encore des îles de Sao Tomé-et-Principe. Ses effectifs peuvent s’élever jusqu’à 250 militaires.

Au-delà de cette présence historique sur le continent, l’Armée française dispose aussi des contingents déployés dans le cadre des opérations extérieures temporaires (Opex) comme c’était le cas en 2013 au Mali avec l’opération « Serval » et depuis 2014 avec Barkhane dont le champ d’action s’étend aux cinq pays formant le G5 Sahel: Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad et Mauritanie. 

La capitale tchadienne N’Djaména accueille le quartier général de la force Barkhane qui, d’ailleurs a intégré l’opération « Épervier » lancée dans ce pays depuis 1987 suite à un conflit entre Le Tchad et la Libye du colonel Mouammar Kadhafi. 

Barkhane dispose de bases provisoires disséminées sur les territoires des autres pays de son dispositif, dont la base de Niamey qui fait office de « hub aérien » abritant des avions de chasse et des drones. 

« Barkhane » a pour mission de mener des opérations contre le terrorisme et le crime organisé dans la bande sahélo-saharienne, en attendant la montée en puissance et l’opérationnalisation de la force conjointe créée par les pays du G5 Sahel. 

Une réorganisation de l’opération Barkhane est actuellement en cours, en raison de la grave dégradation des relations entre Bamako et Paris. Elle remonte au mois de mai de l’année dernière lorsqu’un groupe de colonels a renversé le président et du premier ministre de transition qu’ils avaient pourtant eux-mêmes installés quelques mois plus tôt après un premier coup d’état. La crise a atteint son paroxysme lundi 2 mai avec la dénonciation par les nouvelles autorités maliennes des accords militaires liant leur pays à la France. Une décision qui risque de rendre très complexe le processus déjà engagé «de retrait des militaires français du Mali », estime Julien Antouly, doctorant en droit international au centre international de Nanterre (France).

En réponse à cette décision malienne, la France assuré mardi que le retrait de ses troupes du Mali se fera « conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes ».  

En décembre 2013, la France avait lancé une autre opération militaire d’envergure en République centrafricaine (RCA). Baptisée Sangaris, cette opération avait pour mission de tenter de casser la spirale de tueries intercommunautaires qui endeuillaient alors ce pays.

Épaulée par des soldats de l’Union africaine (UA) remplacés ensuite par une force onusienne, Sangaris a permis de stabiliser la situation sécuritaire, notamment à Bangui, la capitale,  sans pour autant réussir à pacifier l’ensemble du territoire. Au plus fort de tensions, cette opération avait mobilisé quelque 2 500 soldats français.

Quels sont ces accords militaires avec la France dénoncés par Bamako?

Julien Antouly est doctorant en droit international au Centre de droit international de Nanterre (France). Pour Apa news, il décrypte le contenu des accords de défense franco-maliens que Bamako a dénoncé lundi soir.Quelle était la nature des accords de défense entre la France et le Mali que les autorités de Bamako viennent de dénoncer de manière unilatérale lundi 2 mai?

Le Mali et la France étaient liés par trois accords militaires. Le premier, est un Status of Force Agreements, ou SOFA. Il encadrait le déploiement de la force militaire française Serval qui était intervenue pour chasser les djihadistes du nord du Mali en 2013, puis l’opération Barkhane qui a pris le relais à partir de 2014. Le second est un traité de coopération en matière de défense signé en 2014, portant sur la coopération structurelle et générale comme la formation et les dotations en équipements, notamment. Enfin, un protocole additionnel au SOFA de 2013, conclu en 2020, pour étendre les conditions de ce SOFA aux contingents étrangers de Takuba, la task-force formée par des unités des forces spéciales de pays européens créée en mars 2020 à l’initiative de la France.

Pourquoi les Maliens dénoncent aujourd’hui ces accords alors, qu’officiellement, c’est Bamako qui avait sollicité l’arrivée des militaires français sur son territoire ?

L’intervention militaire française au Mali lancée à partir de janvier 2013 était à la demande des autorités maliennes. Les maliens dénoncent aujourd’hui ces accords qu’ils les considèrent désormais comme contraires à leur souveraineté, tout en accusant la France de violation de leur espace aérien.

Concrètement, quelles pourraient être les conséquences immédiates de la décision malienne sur le retrait en cours de l’opération militaire française Barkhane du Mali ?

Les conséquences immédiates pourraient être de complexifier le retrait français: le SOFA prévoit des facilités de visa pour les soldats, de douanes pour l’entrée et la sortie de matériel et surtout la libre circulation des militaires français et de leurs appareils sur le territoire et dans l’espace aérien maliens. La dénonciation du SOFA par le Mali pourrait remettre en question ces avantages.

Quel impact pourrait avoir cette décision sur la présence militaire française dans le reste des pays africains ?

Ces brouilles diplomatiques autour des accords de défense entre Bamako et Paris, entamées dès décembre 2021, ont contribué à médiatiser le contenu de ces accords, habituellement réservés à un cercle très restreint de diplomates, d’officiers d’état-major ou de chercheurs.

Le fait que le gouvernement nigérien ait souhaité soumettre  au vote des députés, le 22 avril dernier, la venue sur son territoire de nouvelles forces françaises et européennes peut être perçu comme un premier impact de cette fâcherie franco-malienne autour de la présence militaire française au Mali. Désormais, il est fort probable que ce genre d’accords qui, habituellement ne fait pas l’objet de débats publics, y compris en France, soit systématiquement soumis à l’appréciation des opinions comme on l’a vu au Niger. Dans ce pays la société civile s’est fortement mobilisée pour que l’arrivée de troupes française envisagée par le gouvernement soit discutée au parlement.