Revenus : les femmes à la traîne dans le secteur informel

Selon les données de l’indice Gini, qui permet de mesurer l’inégalité des revenus dans un pays, le Mali est le pays le moins inégalitaire en Afrique de l’ouest en termes de revenus entre hommes et femmes. Mais si le secteur formel est relativement épargné de la disparité salariale entre travailleurs de sexes différents,  dans l’informel l’écart se creuse.

Au Mali, le Code du travail garantit des salaires égaux pour un travail de valeur égale, quels que soient l’origine, le sexe, l’âge et le statut des travailleurs. Dans la fonction publique de l’État, cela est appliqué : à diplôme égal, salaire égal, même si certains avantages non discriminatoires, liés à la fonction, peuvent créer un écart entre les salaires masculins et féminins.

Mais dans le secteur informel, qui représente plus de 96% des emplois selon un rapport  de Friedrich Ebert Stiftung publié en 2022, cette égalité de revenus n’est pas toujours respectée. Dans ce domaine où pourtant il y a une forte présence de femmes dans la main d’œuvre, on constate une disparité salariale entre femmes et hommes ou garçons et filles, les emplois masculins étant mieux rémunérés que les emplois féminins.

« De manière globale, il n’y a pas vraiment pas d’inégalités salariales significatives entre les hommes et les femmes au Mali pour l’emploi salarié. Paradoxalement, c’est au niveau de l’emploi non salarié que les inégalités se creusent entre les hommes et les femmes », explique l’économiste Cheick M’Baye.

« Quand on prend par exemple le secteur de l’orpaillage traditionnel, les hommes creusent essentiellement des galeries et font remonter la terre. Quant aux femmes, elles exercent des tâches multiples. Elles assurent le transport de la terre, font la corvée d’eau, tamisent des quantités importantes de terre qu’elles trient à la recherche de pépites d’or. Mais elles sont moins rémunérées que les hommes », ajoute Mme Cissé Oumou Ahmar Traoré, Consultante Genre en égalité hommes – femmes.

« Au sein des ménages, C’est le même constat. Le chauffeur est mieux rémunéré qu’une aide-ménagère qui assure pourtant des tâches multiples », poursuit-elle.

Réduire l’écart

Selon Cheick M’Baye, l’économie malienne se porterait mieux si l’État arrivait à réduire les inégalités salariales entre hommes et femmes, parce que plus les femmes auront accès à un emploi bien rémunéré plus elles contribueront à la production de richesses.

Pour y parvenir, Mme Cissé Oumou Ahmar Traoré pense que l’accent doit être mis sur la sensibilisation au niveau des ménages et dans la société. « Dans le secteur informel, il y a lieu de sensibiliser les employeurs, d’attirer leur attention sur les disparités salariales et d’informer les travailleurs eux-mêmes. C’est par la prise de conscience que le changement peut intervenir », recommande la spécialiste.

Salaire des policiers: Coup de sifflet !

Ils n’ont certes pas grevé, mais leur mal-être est bien réel. 105 000 francs CFA, c’est la somme marquée sur les enveloppes distribuées à la fin du mois aux nouvelles recrues de la police nationale. Mais, selon l’une d’entre elles, ces agents perçoivent en réalité entre 80 000 et 90 000 francs, un prélèvement étant fait pour leur nourriture. « Certes, être un porteur d’uniforme, c’est être au service de son pays. Mais, pour ce faire, il faut reconnaître la valeur de cet homme ou cette femme. Ils doivent être mis dans certaines conditions minimales afin de servir avec loyauté et dévouement », estime Souleymane Sacko, sergent de police. Selon lui, le salaire net d’un sergent de la police malienne ne dépasserait pas les 120 000 ou 125 000 francs CFA par mois. « La solde de base de la police est très mauvais, ce sont les primes qui gonflent nos salaires », affirme le sergent.

Il faut huit ans maximum afin de passer du grade de sergent à celui de sergent-chef. Tous les deux ans, il est procédé à un avancement d’échelon, qui permet à l’agent, si il est bien noté d’accéder, au sein du même grade, à un échelon indiciaire supérieur à l’échelon atteint. Il se traduit par une augmentation de traitement de 10 000 francs CFA sur le salaire. En 2004, une nouvelle loi portant statut des fonctionnaires de la police nationale a été adoptée. Elle modifiait la grille indiciaire de la police, faisant notamment passer un sergent de l’échelon 1 de 195 à 210 en indice. En clair, d’un salaire de 78 000 francs sans les primes à 84 000 francs CFA.

Un commissaire de l’échelon 4 toucherait quant à lui 197 200 francs CFA sans les primes, ce que nous n’avons pas réussi à recouper.

En se projetant dans l’avenir, le sergent Sacko appréhende déjà sa retraite, si son salaire ne devait plus dépasser les 125 000 francs CFA mensuels, car, une fois retraité, il ne bénéficierait plus des primes.

Yanfolila : Affrontements autour d’une mine

Un groupe de personnes vivant dans la localité de Yanfolila a tenté hier d’empêcher la société minière « Hummingbird Resources » d’effectuer des travaux de préparation du site pour étendre ses opérations minières dans la zone, occasionnant un affrontement avec les gendarmes. Face à cette violence, les travailleurs miniers ont abandonné le travail et réclament leur salaire.

Les villageois ne sont pas d’accord avec l’occupation de leur terre au profit de l’exploitation minier. En dépit d’un accord qui avait été trouvé avec le gouvernement, la résistance ne faiblit pas. « Nous avons entendu des coups de feu dans le village de Bougoudalé et la situation était vraiment préoccupante » indique un employé de la société. Cette dernière déplore les incidents qui ont survenu hier mardi et ont couté la vie à quelques personnes. « Malheureusement, nous avons été informés que ces affrontements ont entrainé la perte d’au moins trois vies  dont deux ne seraient pas des ressortissants maliens » a déploré la compagnie minière Hummingbird Ressources.

Suite à cet incident, plusieurs employés de la société African Mining Service (AMS) fournissant des services miniers à la société mère ont rejoint Bamako, fuyant l’insécurité sur place à Yanfolila. Arrivés dans la capitale hier dans la nuit, ils réclament leur salaire et des frais de transport pour rallier leurs différentes familles jusqu’à l’apaisement de la situation.

Ce matin dans les locaux de la Société africaine d’études et de réalisations (SAER-EMPLOI), ils étaient nombreux à faire la queue pour pouvoir être payés. Ils affirment avoir passé toute la nuit dehors en espérant obtenir satisfaction aujourd’hui. « Nous sommes dans la galère, nous n’avons rien. Nous avons tout laissé là-bas. Nous voulons qu’on nous paye ce matin parce qu’on ne sait pas quand le travail va reprendre » confie un travailleur sur place. « L’AMS nous a confié à la SAER. Nous avons notre argent avec eux et nous voulons le prendre avant de partir chez nous » ajoute un autre.

La situation commençait par se décanter avec le payement effectif de certains employés, même s’ils ont déploré le manque des frais de transport comme promis par la société. « Ils ont commencé à nous payer et si possible on sera tous servi. Le travail n’est pas fini, si la tension baisse sur le terrain nos supérieurs vont nous rappeler pour la reprise » espère un employé.

Deux poids, deux mesures

Les derniers chiffres fournis par la MINUSMA sur son site font état d’un personnel civil de 1 180 personnes dont 542 nationaux et 648 internationaux (dont 125 volontaires des Nations unies). Dans les rangs du « national staff », on retrouve toutes les compétences, allant de la logistique à la communication, en passant par la gestion financière. Les critères de recrutement sont ceux appliqués à tous les fonctionnaires du système des Nations unies, avec des différences de traitement substantielles entre les agents recrutés sur place et les expatriés. En effet, la grille salariale des employés internationaux commence, avec un salaire minimal de 2 000 000 francs CFA, là où s’arrête celle des agents locaux qui ont un salaire maximal de 2 500 000 francs CFA.

Ce que déplore cependant l’Association nationale du staff de la MINUSMA, c’est l’inégalité dans les opportunités offertes au personnel. « Les étrangers, en plus de leurs meilleurs salaires, sont privilégiés pour les missions à l’extérieur, explique un ancien employé local. Nos durées de contrat ne sont pas les mêmes et sur le terrain nous ne sommes pas logés à la même enseigne ». Témoignage corroboré par l’un de ses collègues, qui assure que dans les zones dangereuses, « les Maliens sont hors du camp, tandis que les autres sont dans le bunker, à l’abri. On nous assure qu’en cas de pépin, on sera pris en charge, mais qui sait ? », s’interroge-t-il. On se souvient qu’au début du mandat, des considérations similaires avaient secoué les rangs de l’effectif militaire. Les Tchadiens, las d’être envoyés avec les autres Africains dans les zones dangereuses et de payer un lourd tribu à chaque attaque des insurgés, avaient protesté contre cette situation.

Le scandaleux salaire du capitaine !

Alors que les Maliens subissent les aléas de la crise économique, le salaire du capitaine Sanogo, fraà®chement investi à  la tête du comité de réformes de l’armée défraie la chronique dans les médias. Et pour cause, Sanogo déjà  largement servi depuis le coup d’Etat du 22 Mars, se paierait des émoluments atteignant 4 millions de francs CFA sans compter les autres avantages : Finalement, le capitaine Sanogo se retrouve avec près de 4 millions Fcfa par mois, auxquels il faut ajouter plein d’autres avantages. Le salaire se divise ainsi : un traitement mensuel de 2 500 000 Fcfa. Il faudra y ajouter une indemnité de responsabilité de 300 000 Fcfa, une prime de sujétion pour risques de 250 000 Fcfa, une indemnité de logement de 500 000 Fcfa, une indemnité forfaitaire d’entretien, au titre de la consommation d’eau, d’électricité et de téléphone de 400 000 Fcfa. Ce qui équivaut à  près de 4 millions Fcfa par mois (exactement 3 950 000 Fcfa par mois). Sans oublier le véhicule de fonction, la gratuité des soins et examens médiaux, un régime d’assurance couvrant les accidents de transport par voie aérienne ou de surface. En plus, lui comme le vice-président, le secrétaire général, les présidents de commission, les chefs de bureau et de cellule, devront recevoir à  l’avance un mois de traitement net sous forme de prime d’installation. Une rémunération de nature à  créer l’ire au sein de la population. « Si on a voulu tenir le capitaine dans ce poste, le prix à  payer dépasser toutes les injustices », commente ce journaliste en poste à  Bamako. Le salaire de celui qui un moment fut affublé du titre éphèmère d’ex Chef d’Etat par la CEDEAO dépasse toutes les supputations. Finalement, faire un coup d’Etat rapporte beaucoup et pendant que le budget de l’Etat est réduit de moitié et que des élections se préparent, il faut se demander si le capitaine avait vraiment besoin de tous ces avantages. Mais il ne devra pas oublier que malgré l’uniforme et les pluies de CFA, un auteur de coups d’Etat est passible de sanctions et cela à  vie !

Administration : la croix et la bannière pour toucher son salaire…

La grogne qui couve, depuis plusieurs mois, au sein des cabinets ministériels ne tardera pas à  éclater au grand jour. En effet, selon certaines informations, les agents nommés dans les cabinets ministériels au lendemain de la formation du Gouvernement d’union nationale, n’ont reçu aucune rémunération. Ces fonctionnaires nommées par décret pris en Conseil des ministres vivent au jour le jour malgré la pression sur eux imposée par la crise. «Â Nous vivons grâce à  des amis qui nous donne un coup de mains pour nous aider à  subvenir à  nos charges familiales », confirme un membre du cabinet du Ministère de la Justice qui conclu que «Â ça ne saurait continuer ! ». Pourtant, comme si de rien n’est, les nominations se poursuivent chaque mercredi au Conseil. Craignant d’être la cible d’une quelconque réaction de la hiérarchie, la plupart des fonctionnaires nommés préfèrent l’anonymat. Ce Chargé de mission nommé au lendemain même de la mise en place du Gouvernement d’Union national, ne faiblit pas de remord.s Idem pour cet attaché de cabinet, de l’un des départements en charge de l’Education, qui lâche vertement : «Â Je ne savais pas que cette nouvelle tâche allait me compliquer les choses. De loin les gens pensent que les gens des cabinets sont les mieux lotis. Qu’ils se détrompent ». «Â s’il faut se faire nommer pour ensuite tomber subir une telle impasse. C’’est grave. Nos salaires ne sont pourtant pas exorbitants. C’’est de l’injustice à  notre endroit. Qu’on nous donne le peu dont on a droit. Nous ne demandons que ça. Comment allons-nous subvenir aux besoins de nos familles ? Et, au même moment, de l’autre côté, on nous exige rigueur et efficacité dans le travail », murmure cet autre chargé de mission nommé il y a 3 mois. Explications… Selon des témoignages concordants, la situation ainsi vécue par ces fonctionnaires n’est aucunement liée à  la crise que le pays connait. Selon une version plutôt officielle, ce retard dans le paiement est imputable à  la seule lourdeur de l’administration malienne. l’on avait pourtant cru que la création par l’Etat du Commissariat au développement institutionnel (CDI) et celle du Médiateur de la République allait ôter la lourdeur qui tient principalement au fait que les décrets tardent à  sortir. «Â Ils peuvent prendre 2, 3 à  4 mois », témoigne un agent du cabinet de la Fonction Publique. Une autre cause en est que l’Etat a décidé de remplacer les Divisions du personnel par les Direction des ressources humaines (DRH). Ces structures qui ne sont que 9 ont en charge la gestion du personnel des 31 Départements ministériels. Ainsi, les dossiers sont plongés dans un long circuit. Ils oscillent entre les DRH, la Fonction Publique et les directions des finances et du matériel (DFM). Un phénomène général ? Aussi, par ailleurs, pour les fonctionnaires relevés, ils devront attendre 8 à  9 longs mois pour toucher leurs indemnités de fin de mission. «Â Ces indemnités devraient permettre au partant de ne pas tomber dans la déchéance », explique Mountaga Cissé, ancien travailleur à  la Direction de la Fonction publique. «Â Ce ne sont nullement des faveurs, mais des droits… », martèle-t-il. Dans les cabinets, on travaille sans heures supplémentaires et à  tout moment le ministre peut faire appel à  ses proches collaborateurs. Le Chef du Gouvernement, Cheick Modibo Diarra, lui même en est bien conscient, d’autant qu’il affirmait sur les antennes de la télévision nationale, il y a 2 mois, qu’aucun de ses ministres n’est encore payé. Le moins que l’on puisse dire, C’’est que cette situation n’est pas de nature à  favoriser un cadre serein de travail pour cette frange montée de toute pièce pour piloter les manivelles de la transition.

Salaire d’ATT : La cerise sur le gâteau

Jeudi 26 janvier, les députés (en session extraordinaire depuis décembre) plancheront sur le projet de loi fixant le régime des émoluments et autres avantages accordés au président et anciens présidents de la République. Adopté le 7 décembre dernier en Conseil des ministres, le texte est l’une des réformes du ministre Daba Diawara. Il vise à  abroger la loi N°92-012 du 17 septembre 1992, jugée «Â obsolète et source de graves distorsions », selon le ministre des réformes de l’Etat lors de sa communication devant le Conseil des ministres. Un salaire porté à  6 millions par mois Avec la loi de septembre 1992, le président de la République perçoit un traitement brut indiciaire de 499.625 francs CFA, majoré d’une indemnité mensuelle forfaitaire de 400.000 francs CFA. Les anciens présidents de la République jouissant de leurs droits civiques bénéficient de la pension de retraite et d’une indemnité forfaitaire mensuelle de 400.000 francs CFA. Avec la nouvelle loi, ce traitement est véritablement revu à  la hausse. Elle prend comme base de calcul la moyenne des indices les plus élevés des fonctionnaires de la catégorie A, soit 988, 75 (900+1000+955+1100/4) et la valeur actuelle du point d’indice (330,75). La situation faite en effet au président de la République, accorde un salaire brut à  l’engagement de 3.515.521, 19, francs CFA et une indemnité mensuelle forfaitaire de 2.636.640,892 francs CFA, soit une salaire brut mensuel de 6.152.162,082 francs CFA. Un ancien président de la République, lui, perçoit une pension mensuelle de 2.460.865,33 francs CFA et une indemnité forfaitaire mensuelle de 1.977.480,67 francs CFA, soit un total salarial de 4.438.346 de francs CFA. Quant à  leurs ayants droit, ils touchent la moitié de l’indemnité forfaitaire accordée à  un président en exercice, soit 1.845.649 FCFA. La décision de la polémique A la séance plénière de ce jeudi, il n’y a pas de doute, les députés devraient adopter le texte à  la majorité écrasante. Avec une Assemblée nationale acquise à  la cause du chef de l’Etat au nom du «Â consensus », les débats s’annoncent très pauvres, et le texte passera comme une lettre à  la poste. D’ailleurs de sources informées, nous apprenons que le texte n’a fait l’objet d’aucun amendement. Mais déjà , le député du parti SADI ne cache pas son opposition au texte. Selon le Dr Oumar Mariko, les nouveaux avantages accordés au président et ancien présidents sont démesurés, et il n’existe aucune commune mesure avec le traitement salarial accordé aux fonctionnaires de l’Etat. Ce point de vue est largement partagé par plusieurs observateurs, qui voient en ce texte «Â une volonté du président ATT de se faire la part belle alors qu’il sera à  la retraire présidentielle dans cinq mois. Pour d’autres en revanche, si lesdits avantages peuvent être acceptés à  cause de «Â la fonction sacrée du président », dans un pays pauvre comme le Mali, la mesure donne à  réfléchir. Bref, le débat est loin d’être clos, et peu importe pour les députés, l’avis contraire des citoyens ne compte pas. C’’est donc un autre texte impopulaire (à  l’image du Code première lecture et de la réforme constitutionnelle) que les élus de la nation s’apprêtent à  voter. A quel prix ?

Assemblée Nationale : le salaire du président de la république en débat

Le communiqué est tombé en catastrophe ce vendredi 16 décembre au cours de l’édition «Â 20 heures » du journal télévisé à  la chaine nationale. Alors que la session d’octobre venait de prendre fin le même jour avec l’adoption du projet de loi relatif à  la modification de la Loi électorale, le président de la République a décidé de convoquer en session extraordinaire les députés à  l’Assemblée nationale. Dès le lendemain, le président de l’institution, Dioncounda Traoré, convoque à  son tour les 147 élus à  se présenter ce lundi 19 décembre. Une vingtaine de projets de loi à  l’ordre du jour Qu’est-ce qui peut bien justifier cette convocation d’urgence des députés par le président ATT ? Le communiqué du vendredi n’en donne pas plus de détails. Mais selon plusieurs observateurs, la session d’octobre de l’Assemblée qui vient d’être bouclée a été sanctionnée par le renvoi de plusieurs projets de loi, non moins importants pour le gouvernement. Lequel, explique-t-on, ne peut attendre la prochaine session (en avril 2012) pour faire adopter lesdits textes. Aussi, la session d’avril 2012 pourrait fortement être perturbée avec l’entrée des députés en campagnes avec leurs états-majors de partis pour les présidentielles du 29 du même mois. Selon ces observateurs, il n’est donc pas surprenant qu’ATT veuille faire adopter certaines lois avant son départ en juin prochain. Ainsi, d’emblée les projets de lois renvoyés au cours de la session écoulée seront prioritaires. Au total une vingtaine de textes reviendront en discussions devant les élus de la nation. Parmi ces textes on peut citer, entre autres, le projet de loi portant abolition de la peine de mort, proposé par le ministère de la justice. Renvoyé à  plusieurs reprises par l’Assemblée depuis 2008, le texte peine à  passer. Tout comme le Code de la famille et des personnes, projet de loi d’abolition de la peine de mort fait l’objet de débat houleux au Mali entre partisans et détracteurs. l’un des textes renvoyés et qui reviendront au cours de cette session, C’’est aussi celui relatif aux services privés de communication audiovisuelle, du ministère de la communication , la proposition de loi portant amendement à  la loi N°96-021 du 21 février 1996 portant autorisation de certains jeux de hasard dans les établissements spécialisés, proposé par le député Ouali Diawara, le projet de loi relatif à  la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (du ministère de la justice), celui portant Code des investissements, la proposition de loi portant institution d’une indemnité temporaire de chômage (introduit par le député Moussa Oumar Diawara), le projet de loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation de granulées et de sachets plastiques en République du Mali (proposé par le ministère de l’environnement et de l’assainissement), celui portant modification du Code minier, le projet de loi autorisant la ratification de l’Accord de prêt, signé à  Bamako le 26 septembre 2011, entre le gouvernement malien et «Â Export-Import Bank of Koréa », pour le financement du projet de mise en réseau des services de l’administration au Mali, le projet de loi portant nouveau découpage territoriale adopté le 7 décembre dernier en Conseil des ministres, etc. Le salaire du président de la République en débats Outre les projets de lois renvoyés, d’autres nouveaux textes seront inscrits à  l’ordre du jour. Parmi ceux-ci, celui portant abrogation de la loi N°92-012 du 17 septembre 1992, fixant le régime des émoluments et autres avantages accordés aux présidents et anciens présidents. Adopté le 7 décembre dernier en Conseil des ministres, ce texte fait l’objet de toutes les passions, quand on sait qu’il procède à  une augmentation substantielle du traitement salarial du président et des anciens présidents de la République. D’ores et déjà , les discussions autour de ce chapitre prévoient des débats houleux entre les députés et le ministre des réformes de l’Etat. Au cours d’un de nos échanges sur le sujet, le député de l’opposition, Oumar Mariko, donnait déjà  le ton, et pense qu’«Â entre le traitement salarial accordé au président de la République et celui réservé par l’Etat à  ses fonctionnaires, il n’y a pas commune mesure ». Comme pour dire que cette session extraordinaire sera celle des passes d’armes à  l’Assemblée nationale, notamment sur ce texte.

Air France Mali : le monopole du « mépris » ?

Le mouvement de grève est largement suivi par l’ensemble du personnel de l’agence Air France de Bamako sise à  l’ACI 2000. Ils sont au total 29 employés à  faire cette grève. Les passants pouvaient lire sur des pancartes affichées sur la devanture : «Le personnel d’Air France en colère contre les injustices et l’esclavage moderne », «Â Non à  la discrimination », « Non à  la violation de la charte sociale et éthique d’Air France », «Â Face au mépris et au manque d’écoute de la Direction d’Air France, le personnel poursuit son mouvement jusqu’à  la satisfaction de ses revendications ». Depuis mardi, les effets de la grève ont été ressentis sur les clients qui devaient partir par le vol de 22h 30. La direction générale de la compagnie a du faire recours à  un personnel externe pour éviter que le pire n’arrive. Notre but, c’était de faire partir l’avion en retard, affirme une déléguée syndicale, qui tient à  rester discrète. Il faut savoir que les faits remontent à  très très loin… Les faits. Depuis 2004, le personnel malien d’Air Mali avait signé un accord d’établissement avec la Direction générale. Selon la Direction générale, ledit accord était identique à  celui signé par le personnel de Dakar. Las d’attendre les effets de l’accord, le personnel d’Air Mali dénonce aujourd’hui ce qu’il qualifie de «Â supercherie et de leurre » orchestré par la Direction générale. De façon succincte, le personnel d’Air Mali réclame des conditions de déroulement de carrière, de primes et régime indemnitaire et d’avantages sociaux identiques à  ceux des travailleurs du Sénégal.  » Nous avons fait confiance aveuglément en signant ce contrat », affirme Mme Keita Salimata, secrétaire administrative du bureau syndical… l’inégalité de traitement est-elle justifiée ? La colère du personnel malien réside dans le fait qu’au niveau du déroulement de carrière, 2 ans suffisent à  un agent d’Air France Dakar pour passer de la catégorie A à  la catégorie B, et pour un agent malien, il faut 4 à  6 ans (même poste même compétence).Et par ailleurs, la révision de la valeur de leur point indiciaire de 987,78 à  1030, l’alignement de leur avancement catégoriel sur la délégation locale de Dakar, la révision de la prime de panier ou repas de 1500 à  4000 Fcfa et l’alignement de la prime locale annuelle de 90 000 à  400 000 Fcfa. A l’heure actuelle, le personnel n’est décidemment pas prêt à  faire marche arrière. « Le personnel malien, compte tenu de son effectif, souffre des conditions de travail difficiles à  l’heure o๠les exigences du passager deviennent de plus en plus grandes », a indiqué Mme Diallo Augustine Sangaré, secrétaire général du syndicat du personnel. « Mais tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, nous resterons en grève… », s’exclame une autre. « Surtout, il faut que les autorités Maliennes, nous soutiennent, lâche un autre,  » On a des enfants, on ne voit même pas nos maris, nos foyers, ceci n’est pas normal ! »