Femmes dans la transition : encore du chemin à faire

Malgré certaines avancées dans  la promotion du Genre ces dernières années, les femmes restent peu représentées dans les organes de prise de décision sous la transition. Si elles ne sont pas complètement en marge du processus de refondation, elles peinent à peser dans les différentes instances.

La faible représentativité des femmes au sein du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens, mis en place le 31 janvier 2024, est venue confirmer une tendance globale depuis le début de la Transition. La loi  N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives peine à être respectée lors des nominations aux postes de responsabilité. Sur 140 membres qui composent ce comité, seulement 28 sont des femmes.

À l’instar du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens, les femmes restent sous-représentées dans toutes les organes de la Transition et au niveau d’autres importantes instances, à commencer par le Gouvernement, où elles ne sont que 6 membres sur 28, soit une représentativité de 21,42%. Plus alarmant, seule une femme est Secrétaire générale au niveau des différents départements ministériels, selon le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires ( REFAMP).

Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la Transition, ne compte de 42 femmes sur 147 membres (28, 57%) et dans la Commission de finalisation de l’avant-projet de nouvelle Constitution mise en place en janvier 2023, les femmes n’étaient que 11 sur les 69 personnes désignées (15,94%). Même constat à  l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), installée le 10 janvier 2023 et qui ne compte que 4 femmes sur ses 15 membres, soit une représentativité féminine de 26,66 %. Au Conseil économique, social, environnemental et culturel, seulement 15 femmes sont présentes sur 68 membres. Par ailleurs, à en croire les données de l’Institut d’études de sécurité (ISS), au sein de l’Administration générale en 2021, lors du début de la 2ème phase de la Transition, les femmes constituaient  15% seulement des directeurs et directrices des services centraux et 11% des ambassadeurs et ambassadrices.

« Les chiffres parlent. Nous avons encore du chemin à faire. Je pense que les femmes sont impliquées dans la conduite de la Transition, mais pas à hauteur de souhait. Le gouvernement a fourni des efforts, mais il faut encore une forte volonté politique pour améliorer la participation et la représentativité des femmes  au niveau des différents organes », souligne Mme Fomba Fatoumata Niambaly, Secrétaire générale adjointe du REFAMP.

Actives malgré tout

Malgré le tableau peu reluisant de leur représentativité au sein des instances de décision, les femmes du Mali ne sont pas restées en marge du processus de refondation enclenché depuis le début de la Transition. Tout en menant des plaidoyers pour l’application effective de la loi 052, elles se sont impliquées à divers niveaux dans les grands rendez-vous décisionnels de la Transition.

« Les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle important dans le processus de paix et de réconciliation pour la refondation du Mali. Elles sont très impliquées dans les différents mouvements de gestion de crise, jouent des rôles stratégiques et sont très actives dans la société civile. Grâce à des organisations de femmes, leur rôle est reconnu dans la gestion des crises et elles sont présentes dans les différentes instances de la Transition », rappelle Mme Doumbia Fatoumata Koité, Présidente du Consortium des femmes leaders du Mali.

Ce consortium, constitué de la Plateforme des femmes leaders du Mali, du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO), du Réseau des femmes leaders du Mali (AWLN-Mali), du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires (REFAMP) et du Réseau plaidoyer et médiation, a contribué à la mise en place d’un mécanisme cohérent pour la participation des femmes aux réformes de refondation du Mali.

« Nous avons travaillé entre autres pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans toutes les décisions concernant la refondation du Mali, pendant la Transition et au-delà, pour faire connaitre leur rôle incontournable dans la vie de la Nation et dans la reconstruction de la cohésion sociale et du vivre ensemble et pour exiger leur présence, à travers des expertes, dans les équipes de réflexion, de rédaction et de proposition des textes devant régir la Transition », affirme Mme Doumbia.

Loi 052, l’interminable  combat»

« À l’occasion des nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics au Mali, par décret, arrêté ou décision, la proportion de personnes de l’un ou de l’autre sexe ne doit pas être inférieure à 30% », stipule l’article 1er de la Loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.

Pour la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, le non-respect des dispositions de cette loi ne peut s’expliquer en partie que par une absence de volonté politique, parce « qu’il y a des femmes compétentes qui peuvent mieux jouer leur rôle que certains hommes ».

Mme Maiga Oumou Dembélé est du même avis. Pour la Présidente du Cadre de concertation des femmes des partis politiques (CCFPP), également, la faible représentativité des femmes au sein des instances de prises de décisions n’est liée qu’à la volonté et à une décision politique de la part des autorités dirigeantes.

« Les décisions politiques n’émanent pas de nous. Il faut que les décideurs aient la volonté de changer les choses pour que cela bouge. Nous, en tant que femmes, nous pouvons juste mener des plaidoyers pour que la loi soit respectée », avance-t-elle.

Mais, à en croire Mme Fomba Fatoumata Niambaly, l’argument de la non disponibilité de femmes compétentes ressort souvent pour justifier leur faible représentativité dans les instances. Face à cela, le REFAMP, explique-t-elle, a initié des projets pour identifier les femmes cadres afin d’avoir un répertoire pour faire des propositions lors des nominations. « Nous allons redynamiser ce cadre d’identification pour réactualiser ce répertoire de toutes les femmes qui peuvent occuper des postes », assure-t-elle.

Si la volonté politique est remise en cause pour l’application de la loi 052, les femmes reconnaissent également des pesanteurs sociales qui freinent leur participation dans ces instances. « Il arrive que les maris s’opposent aux nominations de leurs épouses et les obligent à se désister », se désole la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, soulignant qu’il faudrait donc agir à deux niveaux.

« Nous devons plaider d’une part au niveau du gouvernement et d’autre part agir à notre niveau en tant que femmes pour mieux nous  préparer. Il est incompréhensible que nous nous battions pour avoir des postes et que dans le même temps certaines femmes qui sont désignées se désistent », admet-elle.

« Nous sommes à pied d’œuvre pour renforcer  les capacités des femmes,  pour qu’elles puissent être à la hauteur, parce qu’il ne s’agit pas seulement de désigner, il faut savoir qui désigner. Il faut que les femmes qui sont désignées puissent bien jouer leur rôle », insiste Mme Fomba.

En attendant une totale application de la loi 052, les femmes ont plaidé et obtenu une disposition dans la nouvelle loi électorale adoptée en 2022. L’article 78 de ladite loi est sans équivoque : « les listes de candidatures présentées par les partis politiques, groupements de partis politiques ou candidats indépendants sont irrecevables lorsqu’elles présentent plus de 70% de femmes ou d’hommes ».

FIERES : un projet pour l’autonomisation des femmes

Le projet (Filles et éducation résilientes) FIERES est financé par Affaires mondiales Canada pour une durée de 5 ans (2022-2027). D’un montant de plus de 5 milliards de FCFA, il vise à accroître l’autonomisation des femmes à travers l’éducation.

Depuis 2012, la crise a accru la vulnérabilité des filles plus exposées aux violences basées sur le genre qui les empêchent de jouir de leurs droits à l’éducation. Ces maux sont entre autres le déplacement interne, la pauvreté, la violence .

Né dans ce contexte, le projet FIERES est géré par le consortium constitué de la Fondation Paul Gerin La Joie et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), en partenariat avec 6 ONG locales, ayant des expertises techniques avérées dans les régions d’intervention

Le but ultime du projet est  la prise en compte de l’autonomisation  de 20 442 filles, adolescentes, femmes, ( 13 942 de 8 à 24 ans ; 6 500 de 24 à 60 ans) notamment celles dans des conditions de grande vulnérabilité, comme les déscolarisées, les nomades, déplacées ou ayant vécu des grossesses précoces dans les régions de San, Mopti et Tombouctou. Le projet visera notamment à accroître l’accès à l’éducation pour les filles et adolescentes à une éducation ou un apprentissage de niveau fondamental 1 et 2, améliorer les conditions d’apprentissage et renforcer la participation des filles et des adolescentes dans les processus décisionnels dans les lieux d’apprentissage, les communautés, les lieux de travail.

Cette autonomisation par l’éducation permettra à ces femmes d’être plus résilientes et à devenir des actrices du changement positif au sein de leurs communautés, selon les responsables du projet.

Le nombre total d’écoles fermées dans les zones concernées s’élève à 1 752 sur un total de 9 021 selon un rapport cluster éducation de janvier 2023.

Le nombre total d’écoles fermées représente 19% . Le nombre d’enfants affectés par ces fermetures est de 525 600, le nombre d’enseignants concerné de plus de 10 000. Ces facteurs s’ajoutent à d’autres socio culturels peu favorables à l’éducation et au maintien des filles à l’école.

Le projet veut apporter une amélioration substantielle de 3% par an à la scolarisation des filles soit un objectif de 15% à la fin de projet. Celles qui n’ont pas l’âge scolaire auront accès à des alternatives et des apprentissages adaptés pour les former de façon professionnelle.

Le second objectif phare du projet est de faire des filles, adolescentes, femmes des actrices du développement et de changement de leur milieu de vie.

Le projet interviendra dans 70 écoles des trois zones concernées, 25 465 cibles seront touchées, dont 50,6% sont des adolescentes. L’inscription directe touchera 3 420 dont 45% de filles, les adolescentes bénéficiaires d’alternatives éducatives seront 2 000 dont 1 200 filles de 9 à 14 ans. 765 femmes et filles bénéficieront de formation professionnelle qualifiantes, ainsi que des accompagnements. Et 6 500 femmes seront sensibilisées sur les droits des femmes et enfants. Le programme touchera aussi du personnel administratif et scolaire et des femmes mentors.

Représentativité politique : les femmes à l’épreuve de l’émergence

Le Mali connait des avancées ces dernières années en matière de promotion des droits des femmes. L’institution de certaines mesures a permis une augmentation de leur représentation dans les organes de prises de décisions. Mais du chemin reste encore à parcourir pour une émergence plus importante des femmes dans la sphère politique.

Depuis son adoption, même si elle peine à être strictement appliquée, la Loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives a favorisé l’accès d’un plus grand nombre de femmes aux postes électifs.

De 9% de femmes élues aux communales de 2009 elles sont passées à 25% en 2016 et de 9,52% aux législatives de 2013 à 28,57% en 2020. 227 conseillers communaux sur 670 (33,8%) sont également des femmes. Le Conseil national de Transition, l’organe législatif, compte 42 femmes sur 147 membres, soit 25,61%.

Difficile accès aux nominations

Si le nombre de femmes ayant accès aux postes électifs a augmenté dans les 7 dernières années, au niveau des fonctions nominatives, elles peinent à atteindre les 20%. Selon l’Annuaire statistique sur les fonctions nominatives et électives des services publics du Mali, en 2021 les femmes n’étaient pas  représentées dans les fonctions de Gouverneurs, tandis qu’elles représentaient seulement 15,4% des Directeurs de services centraux et 11,1% des Ambassadeurs.

En revanche, sur la même période, au niveau de l’administration le nombre de femmes nommées aux fonctions de Préfets et de Sous-préfets s’est  nettement amélioré. Pour Mme Maiga Oumou Dembélé, Porte-parole du Cadre de concertation des femmes des partis politiques, la faible représentativité des femmes au sein des instances de prises de décisions n’est liée qu’à la volonté et à une décision politique de la part des autorités dirigeantes.

« Dans le cas des postes électifs, les femmes s’en sortent. Mais, par rapport aux  nominations, nous ne sommes pas au courant. Nous les apprenons seulement et ce ne sont souvent que des hommes », se plaint-elle, saluant toutefois la nomination récente de 5 femmes sur 9 comme Chargées de mission à la Primature.

Accélérer l’émergence féminine

Malgré des acquis à capitaliser dans la situation des droits des femmes au Mali en général et dans celle de leur représentativité en politique, le combat doit se poursuivre, s’accordent plusieurs observateurs. Pour des associations féminines telles que le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires  (REFAMP), le Collectif des femmes du Mali (COFEM) et la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali  (CAFO), cela passera indéniablement par une application effective de la Loi 052, qui « constitue l’une des alternatives pour inverser la tendance et corriger la faible représentation de la femme dans les instances de prises de décisions ».

En collaboration avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, l’ambassade de Grande Bretagne au Mali et le cabinet ACE-Conseil, elles ont lancé début mars une campagne de  mobilisation visant  à interpeller tous  « à faire bloc »  pour  que lors des prochaines consultations électives, telles que les élections  des  députes à l’Assemblée nationale, des membres du Haut Conseil des Collectivités ou des Conseillers des Collectivités territoriales, « aucune liste présentée par  un parti politique, un groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants ne soit validée si elle ne respecte pas  le quota de 30% au moins et 70% au plus de femmes ou d’hommes ».

Au Cadre de concertation des femmes des partis politiques, l’accent est mis sur le plaidoyer auprès des pouvoirs publics qui sont les seuls à pouvoir changer la donne, selon Mme Maiga Oumou Dembélé. « Les décisions politiques n’émanent pas de nous. Il faut que les décideurs aient la volonté de changer les choses pour que cela bouge. Nous, en tant que femmes, nous ne pouvons que plaider pour cette cause, mais nous n’y pouvons pas grand-chose. Nous pouvons juste mener des plaidoyers pour que la loi soit respectée », se résigne la Porte-parole de la plus grande faitière des femmes politiques du Mali.

Nana Aïcha Cissé : « Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal »

Mme Nana Aïcha Cissé est la Porte-parole des femmes du Conseil national de Transition (CNT). Elle a assuré pendant deux ans la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel. Début mars, elle a été classée parmi les 100 femmes impactantes dans le développement de l’Afrique. Entretien.

Vous venez d’être classée 12ème parmi les 100 femmes qui contribuent à l’essor de l’Afrique, selon le site « Les Africaines ». Comment avez-vous accueilli cette distinction ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Je ne connaissais pas le site. C’est donc une très grande surprise accueillie avec un réel bonheur. La reconnaissance du travail fait toujours plaisir

Vous avez assuré la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes (PF) du G5 Sahel. Quel bilan dressez-vous de votre mandat ?

Le Mali a été le deuxième pays (après le Burkina) à assurer la Coordination régionale de la PF. Nous pouvons dire que sous ce mandat la PF a connu des avancées essentielles pour assurer son opérationnalité. Il y a eu la signature d’un Protocole d’entente entre la Plateforme des Femmes et le Secrétariat Exécutif du G5S. À travers cela, le Secrétariat reconnaît la Plateforme des Femmes comme une organisation faitière qui fédère les autres organisations féminines pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs en matière de Genre. Nous avons pu, au cours de notre mandat, amener la Plateforme à élaborer un Plan stratégique, suivi de son Plan d’action pour 5 ans. Nous avons eu la chance d’obtenir des financements pour commencer à le mettre en œuvre. Nous avons pu également organiser plusieurs rencontres d’échanges pour la  visibilité de la PF-G5 Sahel.

Le Mali a décidé en mai dernier de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel. Que pensez-vous de ce retrait ?

Le G5 Sahel a été créé en 2014 mais n’a  connu son rayonnement que  lorsque le Mali a assuré sa présidence, en 2017. Dans le Sahel, le Mali est l’épicentre du terrorisme, à cause des multiples crises que le pays traverse. De ce fait, retirer au Mali ses droits et son leadership au sein du G5 Sahel n’est pas acceptable de mon point de vue. Le retrait du Mali est une décision politique très forte qui a tout son sens. Évidemment, elle exclut  en même temps les Maliennes de la Plateforme G5 Sahel. Il n’était pas souhaitable d’en arriver là, mais nous soutenons notre pays et nous avons immédiatement suspendu notre participation en tant que membres. Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal. La preuve, depuis 2021, la présidence tournante, qui dure un an, est toujours au Tchad.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la représentativité des femmes en politique au Mali ?

Un regard plein d’espoir. Malgré notre Loi fondamentale et les textes auxquels notre pays a souscrit au niveau régional et international, c’est la Loi 052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, qui a amélioré la représentativité des femmes en politique.

La Loi 052 du 18 décembre 2015 n’est pas strictement appliquée depuis son instauration. Selon vous, comment améliorer la position des femmes dans la sphère politique ?

C’est vrai que cette loi, qui constitue un acquis précieux pour les femmes, n’est pas appliquée à hauteur de souhait. Cependant, contrairement à l’administration d’État, c’est dans la sphère politique, à travers le processus électoral, qu’elle est la mieux appliquée. Pour améliorer la position des femmes et faciliter leur accès aux postes de responsabilités dans les organes dirigeants des partis politiques, la prochaine relecture de la Charte des partis doit être mise à profit pour instaurer des mesures contraignantes.

Vous êtes membre du CNT. Avec vos collègues femmes de l’institution, quelles actions menez-vous pour le renforcement de la protection des droits des femmes ?

Au CNT, se sont retrouvés des femmes et des hommes issus de toutes les couches socio professionnelles du Mali. En tant qu’organe législatif de la Transition, le CNT remplace l’Assemblée Nationale. Donc ses membres sont les représentants des populations (hommes et femmes). Chaque membre du CNT  a pour mission la défense des intérêts des populations maliennes.  Ce que nous faisons en plus (certains hommes avec nous), c’est le plaidoyer pour la prise en compte du Genre, chaque fois que cela est nécessaire, dans les lois que nous votons. Nous recueillons également les préoccupations des femmes du Mali, chaque fois que besoin en est, pour les porter au moment des débats. Nous organisons régulièrement des sessions de renforcement des capacités pour que chaque femme au sein du CNT puisse prendre part aux débats parlementaires et voter en connaissance de cause

 Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.

« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. «  On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ».  Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».

Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.

L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.

Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes,  il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. «   L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande  d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié  « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.

Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».

Inégalités hommes – femmes : le fossé se creuse

« Au rythme actuel, il faudrait attendre 300 ans pour atteindre l’égalité des genres ». Cette déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme, ce 6 mars 2023, n’incite guère à l’optimisme. D’autant que les progrès réalisés ne sont plus des acquis. Il faut donc plus que jamais une mobilisation collective pour garantir à la moitié de l’humanité les droits essentiels à sa survie et à l’épanouissement du monde.

« Les droits des femmes sont bafoués, menacés et battus en brèche dans le monde entier. Les progrès réalisés au fil des décennies s’évanouissent sous nos yeux », a également déploré Antonio Guterres. Un constat qui éloigne davantage l’horizon de l’égalité des genres et fait dire à ONU Femmes qu’à ce rythme, elle ne sera atteinte qu’au bout de 3 siècles.

Si elles ne sont pas nulles, les réformes se font à un rythme très lent, affirme Docteur Kontin Marie-Thérèse Dansoko, Professeure d’enseignement supérieur et Point focal Genre au ministère de la Justice et des droits de l’Homme.  La mise en œuvre de la Loi 052 du 18 décembre 2015 sur la promotion du genre, dont l’adoption fut considérée comme un progrès, se heurte à des difficultés dans la pratique.

Lentes réformes

L’une d’elles concerne le manque de profils féminins pour occuper certains postes. Parce qu’il ne s’agit pas de nommer des femmes pour le simple fait qu’elles sont femmes. Elles doivent avoir les compétences requises, explique Marie-Thérèse Dansoko.

S’agissant de la mise en œuvre de la Loi 052 au niveau de la justice, dans la pratique, c’est plutôt du sur place. Pas de nominations ou de mutations qui permettent en effet une mise en œuvre effective. Pourtant, des femmes ayant atteint un certain grade peuvent occuper les postes de Procureurs, par exemple. Malheureusement, à ce jour, on ne compte aucune femme Procureur de la République. La dernière en poste en Commune I est l’actuelle ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles.

Mais les « soucis » par rapport au poste de Procureur de la République ne sont pas qu’au niveau administratif. « Les femmes évoquent les contraintes familiales et sociales » pour ne pas occuper le poste, qui demande une grande responsabilité et un certain engagement. Ce qui rend difficile le combat pour la promotion de l’égalité, admet le Point focal Genre du ministère de la Justice.

Entre temps, les réformes entreprises au niveau du secteur de la Justice concernent principalement le Code pénal et le code de procédure pénale, pour intégrer certaines dispositions afin d’alléger les procédures dans le cas de certaines infractions. Notamment, le viol, qui est un crime que seule la Cour d’Assises est habilitée à juger. Habituellement, pour ce cas, il faut attendre la fin d’une procédure longue et lourde, avec une phase d’instruction. Pendant ce temps, la victime doit patienter. Il a donc été demandé de correctionnaliser certaines infractions criminelles, qui, au lieu de passer devant la Cour d’Assises, seront directement gérées au niveau des juridictions de droit commun.  Cette réforme permettra notamment de diligenter plus rapidement ces infractions.

En ce qui concerne le Code pénal, il s’agit d’intégrer des infractions en lien avec les Violences basées sur le Genre (VBG) – l’avant-projet de loi contre les VBG a vu son processus d’adoption être suspendu par le gouvernement en décembre 2020 – en attendant cette loi, qui crée la polémique, et pour prendre en compte certaines infractions identifiées, comme le harcèlement par exemple.

Des textes sont dans la phase de validation avec l’ensemble des acteurs, les magistrats, la société civile, afin que le document soit mis dans le circuit d’adoption. Il faut noter que d’autres réformes sont en cours au niveau de la Commission législative permanente qui regroupe les acteurs du secteur de la Justice à la Direction nationale de l’Administration judiciaire et procède à une forme de mise à jour des textes existants.

Atteindre l’égalité

Si les réformes, une fois adoptées, peuvent constituer des avancées, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre. Afin d’éviter donc le statu quo, la nomination de Points focaux Genre au niveau des juridictions, avec des hommes et des femmes qui doivent s’impliquer davantage dans la promotion des droits humains, dont ceux de la femme spécifiquement, constitue une étape importante et le cadre d’échanges entre ces relais se mettra bientôt en place.

Les documents de base des magistrats doivent être « révolutionnés », parce que la justice doit s’adapter et prendre en compte les « nouvelles infractions » jusque-là méconnues, suggèrent les acteurs. La justice doit prendre ses responsabilités, mais la loi pénale étant d’interprétation stricte, selon les spécialistes, le dispositif doit se renforcer pour que les magistrats travaillent plus facilement et que les victimes soient protégées en cas de recours à la justice.

Mais, pour atteindre un équilibre entre hommes et femmes dans la pratique, il faut « une discrimination positive », estime Docteur Kontin. Et aussi une sensibilisation à un changement de mentalité, y compris des femmes, qui doivent être conscientes et se sentir concernées. La solidarité féminine est essentielle pour offrir des modèles aux femmes et sortir de la « léthargie ».

Pour se battre à valeur égale, les femmes doivent également accéder à une éducation et acquérir les compétences nécessaires à leur épanouissement personnel et professionnel. Ce qui ne leur sera pas donné sur un plateau d’argent, prévient Marie-Thérèse Dansoko. Il faut s’imposer par le travail et les « femmes battantes » constituent à cet effet une fierté.

Questions économiques

Malgré la présence de femmes dans toutes les sphères de la vie socio-économique, les pesanteurs socioculturelles sont encore présentes et la promotion des femmes est encore perçue comme un danger par certains hommes. Ils y voient une déperdition de nos valeurs sociétales, ou pire une inversion de rôle fatale à notre société. C’est pourquoi les femmes dans leur lutte ont la délicate mission, « tout en conservant nos valeurs traditionnelles », dont il faut « prôner le respect »,  de  se battre pour leur épanouissement professionnel et économique.

D’autant que les réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi ont un impact économique certain, selon le rapport de la Banque mondiale « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit », publié le 2 mars 2023. Selon ce rapport, les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Et le document note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays une jeune femme qui entre aujourd’hui dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes. Dans un contexte  de ralentissement de l’économie mondiale, les États ne peuvent pas se permettre de mettre à l’écart près de la moitié de leur population, poursuit le rapport.

Compter avec nos valeurs

Pour y arriver, il faut se convaincre qu’il s’agit d’un processus où l’on ne peut tout avoir au même moment. Même si des efforts ont été accomplis, il faut un accompagnement et ces efforts doivent être accentués à plusieurs niveaux. D’abord du côté des autorités, qui doivent faire l’état des lieux afin de s’assurer que l’égalité prônée soit une réalité. Elles doivent notamment avoir le regard sur  la promotion des droits des femmes et s’interroger sur les causes des retards ou des reculs afin  d’apporter des mesures pour les booster.

Dans cette lutte, où sont souvent opposés les défenseurs des valeurs sociales et ceux des droits de la femme, les « leaders, notamment religieux » doivent adhérer « au fait qu’il ne s’agit pas d’une lutte contre les hommes. Et assurer que c’est la complémentarité dans le respect des valeurs », suggère Docteur Kontin.

Si l’appui des partenaires peut être nécessaire pour mener la lutte, ils doivent apporter leurs soutiens conformément aux besoins et  ne pas imposer leurs points de vue. Enfin, si toutes ces entités deviennent plus attentives sur les droits de la femme, « peut être que dans  5 ou 10 ans les choses évolueront positivement », espère la responsable Genre du ministère de la Justice.

Revenus : les femmes à la traîne dans le secteur informel

Selon les données de l’indice Gini, qui permet de mesurer l’inégalité des revenus dans un pays, le Mali est le pays le moins inégalitaire en Afrique de l’ouest en termes de revenus entre hommes et femmes. Mais si le secteur formel est relativement épargné de la disparité salariale entre travailleurs de sexes différents,  dans l’informel l’écart se creuse.

Au Mali, le Code du travail garantit des salaires égaux pour un travail de valeur égale, quels que soient l’origine, le sexe, l’âge et le statut des travailleurs. Dans la fonction publique de l’État, cela est appliqué : à diplôme égal, salaire égal, même si certains avantages non discriminatoires, liés à la fonction, peuvent créer un écart entre les salaires masculins et féminins.

Mais dans le secteur informel, qui représente plus de 96% des emplois selon un rapport  de Friedrich Ebert Stiftung publié en 2022, cette égalité de revenus n’est pas toujours respectée. Dans ce domaine où pourtant il y a une forte présence de femmes dans la main d’œuvre, on constate une disparité salariale entre femmes et hommes ou garçons et filles, les emplois masculins étant mieux rémunérés que les emplois féminins.

« De manière globale, il n’y a pas vraiment pas d’inégalités salariales significatives entre les hommes et les femmes au Mali pour l’emploi salarié. Paradoxalement, c’est au niveau de l’emploi non salarié que les inégalités se creusent entre les hommes et les femmes », explique l’économiste Cheick M’Baye.

« Quand on prend par exemple le secteur de l’orpaillage traditionnel, les hommes creusent essentiellement des galeries et font remonter la terre. Quant aux femmes, elles exercent des tâches multiples. Elles assurent le transport de la terre, font la corvée d’eau, tamisent des quantités importantes de terre qu’elles trient à la recherche de pépites d’or. Mais elles sont moins rémunérées que les hommes », ajoute Mme Cissé Oumou Ahmar Traoré, Consultante Genre en égalité hommes – femmes.

« Au sein des ménages, C’est le même constat. Le chauffeur est mieux rémunéré qu’une aide-ménagère qui assure pourtant des tâches multiples », poursuit-elle.

Réduire l’écart

Selon Cheick M’Baye, l’économie malienne se porterait mieux si l’État arrivait à réduire les inégalités salariales entre hommes et femmes, parce que plus les femmes auront accès à un emploi bien rémunéré plus elles contribueront à la production de richesses.

Pour y parvenir, Mme Cissé Oumou Ahmar Traoré pense que l’accent doit être mis sur la sensibilisation au niveau des ménages et dans la société. « Dans le secteur informel, il y a lieu de sensibiliser les employeurs, d’attirer leur attention sur les disparités salariales et d’informer les travailleurs eux-mêmes. C’est par la prise de conscience que le changement peut intervenir », recommande la spécialiste.

Arbres à palabres : impliquer les femmes par le dialogue

Donner la parole aux femmes sous l’arbre à palabres, c’est l’objectif du programme « Femmes, Transition et élections au Mali », lancé le 6 décembre 2022, pour encourager une participation accrue des femmes à la gestion de la cité, aux réformes en cours et au processus électoral, en vue d’une stabilité et d’une sortie durable de crise. Parce que souvent, malheureusement, en cas d’instabilité, ce sont les femmes et les enfants qui sont les premières victimes. Une réalité toujours d’actualité, non seulement par rapport à la violence mais aussi à la vulnérabilité, à la pauvreté, au manque d’éducation. C’est pourquoi des solutions sans écouter les femmes seront inefficaces. Initiative mise en œuvre par ACE Conseil (Afrique, Caraïbes, Europe Conseil), en partenariat avec notamment les ministères de l’Administration territoriale et de la Refondation, le projet « Arbres à palabres » veut permettre une meilleure implication des femmes dans les processus de paix et de développement local de leurs communautés. Il comporte trois axes. Le premier vise à appréhender les enjeux de la Transition et de la paix pour le Mali par une meilleure appropriation par les femmes de la Charte, de la Feuille de route de la Transition et des accords. Le deuxième axe entend mobiliser l’intelligence collective et le potentiel des femmes sur l’analyse de la situation sur les plans social, sécuritaire et humanitaire afin de fournir les réponses idoines aux défis. Le troisième axe veut prévenir les risques de crise à travers un système d’alerte précoce fondé sur un réseau de suivi et d’observation composé de 2 000 femmes issues des 703 communes du Mali et du dispositif Arbres à palabres.

Dembélé Ouleymatou Sow : la présidente de la CAFO est décédée ce 3 août

Mme Dembélé Ouleymatou SOW n’est plus. La présidente de la coordination des associations et organisations féminines (CAFO) et de la fédération nationale des collectifs d’organisations féminines du Mali (FENACOF) est décédée ce mercredi 3 Août 2022 à l’âge de 63 ans. Elle était également commissaire au sein de la commission vérité justice et réconciliation. Sur les réseaux sociaux, les hommages saluant une femme ayant consacré une grande partie de sa vie à la défense des droits des femmes se multiplient.

Lafiabougou : « Vision Nouvelle » inaugure un centre de formation multifonctionnel pour les femmes

Les femmes de la Commune IV du district de Bamako bénéficient désormais d’un centre de formation multifonctionnel et d’une caisse d’épargne et de crédit. Œuvre de l’Association Vision Nouvelle, dont les actions sont « pour un Mali de demain », le nouvel édifice a été inauguré le 17 mars 2021 à Lafiabougou en présence des ministres de la Promotion de la femme Mme Bouaré Bintou Founé Samaké et de la Santé, Dr. Fanta Siby.

Baptisé « Yeta Coura »,ce centre de formation multifonctionnel pour les femmes englobe les formations en transformation agro-alimentaire,couture, savonnerie, teinture, peinture, coiffure et coiffure- esthétique.

«Il va contribuer à augmenter non seulement le nombre de nos femmes travailleuses qualifiées mais aussi à lutter contre le chômage des femmes, assurer  leur autosuffisance, en un mot, leur participation à l’édification de notre nouveau Mali », s’est réjoui Sinaly Traoré, chef de quartier de  Lafiabougou, qui n’a pas manqué de saluer un « geste humanitaire énorme » de l’Association Vision Nouvelle.

« Je suis fermement convaincu que la laborieuse population de la commune IV fera un bon usage de ce centre multifonctionnel », a assuré pour sa part le maire de la commune, Modibo Keita.

D’un coût total de 250 millions FCFA, ce centre « preuve du patriotisme et de l’engagement de l’Association Vision Nouvelle pour la cause des femmes», constitue pour beaucoup de femmes bénéficiaires de la commune IV,un important coup de pousse pour leur épanouissement socio-professionnel. Elles ont gracieusement exprimé leur gratitude au généreux donateur, le président Aliou Badara Traoré. Certaines d’entre elles, ont en outre bénéficié de dons de motos « Jakarta » offerts par le président de « Vision Nouvelle ».

Ce dernier, chevalier de l’ordre national du Mali, a invité les opérateurs économiques du pays à multiplier les réalisations de projets bénéfiques en faveur des populations. « Le Mali notre patrie, nous lui devons tout,  veiller à son développement et à son bien-être général surtout à sa richesse de ressources humaines et matérielles », a-t-il souligné.

Après avoir coupé le ruban symbolique pour la circonstance, Mme le ministre de la Santé, Dr. Fanta Siby qui a salué  l’initiative, a procédé à une visite guidée du bâtiment.

Association à but non lucratif,  « Vision Nouvelle » vise à contribuer aux activités socio-économiques et culturelles du Mali. Elle œuvre activement depuis quelques années à favoriser l’insertion sociale et professionnelle des jeunes à travers des projets de développement, contribue également à l’amélioration de la culture civique et promeut l’égalité entre les sexes surtout dans le cadre professionnelle.

Mali-CAFO : L’heure de la refondation

Créée le 20 octobre 1991, la Coordination des associations et organisations féminines du Mali (CAFO) obtient son récépissé le 24 mars 1992 et devient une ONG. Comptant au 31 décembre 2011 plus de 2 500 ONG et associations membres, elle se positionne comme la faîtière de toutes les organisations féminines. Mais, depuis l’assemblée générale extraordinaire de décembre 2017, contestée par une partie de l’organisation, la CAFO, en bamanankan regroupement, est en porte à faux avec ses idéaux. Une cassure que l’on voit mal se recoudre tant les divergences sont réelles.

« Malheureusement, avec la démocratisation, les partis politiques sont entrés dans la danse », déplore Madame Soumaré Assa Diallo, Présidente du Comité d’action pour les droits de la femme et de l’enfant (CADEF) et du Comité ad hoc de médiation mis en place pour rapprocher les positions. Même si, grâce à la CAFO, plusieurs femmes sont devenues ministres, l’organisation a fini par être victime de son succès. « Les meilleures éléments ayant été récupérées d’une manière ou d’une autre », poursuit Madame Soumaré.

Si elle a refusé de prendre part à une assemblée générale « illégale » pour une partie des membres, c’est à l’issue de celle-ci que sera élue Présidente Madame Dembélé Oulématou Sow. Une décision qui mettra le feu aux poudres et déclenchera une procédure de justice, dont le dernier acte a été posé ce 15 février 2021. La Cour suprême a ainsi rejeté au fond, « comme mal fondée », la requête en rabat d’arrêt de Madame Keita Fatoumata Sissoko.

En clair, la décision qui avait déclaré l’assemblée générale de décembre 2017 irrégulière a été « cassée ».

Statu quo

Malgré cette décision, la situation à la CAFO reste paradoxale. Les bureaux du siège sont fermés et un groupe de femmes disant appartenir aux « 2 camps » est présent dans la cour, dans une ambiance apparemment bon enfant.

Mais; déterminée à préserver l’idéal qui a prévalu à la création de ce regroupement, « l’unique volonté et l’engagement pour la cause des femmes par des femmes unies et solidaires », Madame Soumaré ne veut pas se résoudre à « cautionner la cassure de cet ensemble féminin ».

Plusieurs tentatives de médiation ont déjà été entreprises. Avec les « religieux, les partis politiques, les chefs de quartier, jusqu’à la Primature », précise-t-elle. Mais, alors que le Premier ministre de l’époque avait donné des instructions fermes pour résoudre la crise de la CAFO, l’autre camp a saisi la Présidence. Le dossier a fini par atterrir chez le Médiateur de la République, qui a rendu un rapport, mis en instance jusqu’à la crise institutionnelle de 2020.

Espoirs de réconciliation

Même s’il est mince, Madame Soumaré veut garder l’espoir qu’un jour la CAFO se retrouvera. Avec la médiation désormais soutenue par un consortium des membres fondateurs et élargie aux organisations AJM, APDF, COFEM, CADEF, Panafricaine et Wildaf, les démarches ont repris. Même si certaines qui devaient appuyer le travail se sont replongées dans des considérations personnelles, ce qui a « remis l’affaire de la CAFO aux calendes grecques », regrette-t-elle.

Le consortium, « Cœur de femme », consacrera sa première action depuis décembre à un dialogue intergénérationnel avec les étudiantes afin de trouver une porte de sortie, avec des modérateurs issus du milieu religieux pour rappeler les concepts de l’éducation et mettre en avant les principes de la laïcité, parce que c’est le rôle des leaders de la promouvoir, estime Madame Soumaré.

Refusant donc d’assister « la mort dans l’âme » à cette situation, elle espère qu’un jour la sagesse reprendra le dessus. Même si des voix s’élèvent pour un remplacement de la CAFO, elle estime qu’il s’agit d’un acquis qu’il faut consolider, pour « faire émerger des jeunes avec un esprit différent de l’actuel, vicié. Il est possible de faire renaître la CAFO dans l’optique de la refondation du Mali ».

Fatoumata Maguiraga

 

 

Le Projet RPPFM : Pour une redevabilité publique accrue

Lancé en juillet 2018, le projet  Redevabilité Publique et Participation des Femmes au Mali ( Rppfm) envisage de créer un partenariat avec les acteurs de la société civile, afin d’atteindre ses objectifs. C’est dans ce cadre que les responsables du projet ont rencontré ces « acteurs du changement », ce 30 août 2018 à son siège à Hamdallaye. Une rencontre destinée à expliquer d’abord les objectifs du projet et surtout à établir un partenariat capable de soutenir le changement souhaité.

Financé par « Affaires mondiales Canada », la coopération canadienne, le projet se justifie par un certain nombre de constats. Selon le rapport 2015 de l’indice de perception de la corruption à travers le monde, le Mali se classe 95ème sur 167. Cette situation entraîne un impact sur la livraison des services publics où le Mali se classe 179 ème sur 187. Partant de cela et du fait que les femmes et les enfants, font partie des couches les plus vulnérables et donc, plus durement touchés par cette situation, le projet envisage une approche de solution basée sur plusieurs axes.

D’abord des institutions de contrôle des finances publiques fortes ; des institutions de répression contre la fraude fortes ; une société civile outillée pour exercer un contrôle citoyen et les femmes Fer de lance de la redevabilité au Mali.

La finalité de toutes ces actions est l’amélioration du bien-être socio-économique des femmes et des filles à travers la livraison de services publics au Mali.

Ces actions visent en outre à atteindre certains résultats, selon les responsables du projet. Il s’agit notamment de la surveillance du gouvernement dans la mise en œuvre des politiques et programmes sexospécifiques. L’amélioration et le développement de pratiques de lutte contre la corruption intégrant les manifestations sexospécifiques et la mobilisation accrue des femmes et des membres de la société civile dans la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance.

Existant depuis 13 ans, le bureau du vérificateur général du Mali (BVGM), représente par excellence l’institution de contrôle des Finances publiques. Pour lui permettre de mener à bien ses actions et donc contribuer à l’atteinte de ses objectifs  le projet RPPFM entend renforcer les capacités institutionnelles du BVGM . Ces renforcements permettront notamment au BVGM de mener des vérifications intégrant les questions de genre, conformément aux normes de l’INTOSAI (organisme regroupant les vérificateurs à travers le monde). Ils doivent aussi contribuer à améliorer son influence par la prise en compte de ses recommandations au sein des ministères. Le projet veut également parvenir à renforcer les capacités des comités de veille citoyens (CVC) pour une sensibilisation accrue des citoyens.

Présente à la rencontre, l’Association des Juriste Maliennes ( AJM), tout en saluant ce partenariat a insisté sur la nécessité d’avoir des comités de veille féminins ( CVF), sollicités par le projet, à la hauteur des missions confiées. D’autres acteurs de la société civile comme l’association « Joko ni Maaya », ont exprimé leur réserve quand la mise en œuvre des actions par les femmes en priorité. Elle a souhaité mettre au centre la famille qui est à la base de toute construction sociale.

 

Participation politique des femmes : Une lente évolution

Malgré une présence incontournable dans l’animation de la vie politique, les femmes restent faiblement représentées dans les instances de décision. En cause, des facteurs sociaux, mais aussi une insuffisance de stratégies et de capacités pour inverser la tendance. Si la loi sur la promotion du genre adoptée en 2015 représente un espoir, sa mise en œuvre et la détermination des femmes sont les principaux gages de leur réussite politique.

Généralement sollicités pour leur capacité de mobilisation, les femmes et les jeunes « étaient considérés comme du bétail électoral ». Une période désormais révolue, selon Madame Diawara Aïssata Lady Touré, Présidente de l’alliance « Ensemble pour le Mali » (EMP), car « petit à petit, les femmes sont en train d’acquérir une conscience politique ». Et si elles se sentent autant concernées, c’est grâce à l’évolution de la société, qui admet maintenant qu’une femme puisse parler de politique, mais aussi, selon Madame Diawara, grâce à l’adoption de la loi sur le genre, qui n’est pas « un cadeau » mais la récompense des efforts des femmes.

L’une des conséquences visibles de « ce bon positionnement » sur les listes électorales est l’augmentation du nombre d’élues communales, qui est passé de 900 à plus de 2 000 de 2009 à 2016, mais reste en deçà des attentes de femmes, qui constituent plus de la moitié de la population.

Pour garantir leur émergence politique, les femmes doivent surmonter d’énormes obstacles. En plus de la réticence encore réelle à cette participation aux prises de décision, « celles qui ont le courage de se lancer en politique » doivent souvent se battre sans le soutien de leurs sœurs. « Lorsqu’une élection oppose une femme et un homme, les femmes se mettent derrière l’homme. La femme a tendance à céder, même quand elle est plus compétente », relève Madame Adiawiakoye Ramatou Koné, Présidente du Mouvement national des Femmes de l’URD. Une sous-estimation de ses capacités qui doit faire place « à la culture de l’excellence », selon elle.

Si la loi sur le genre garantit aux femmes une meilleure représentativité sur les listes de candidature, la pratique révèle des comportements contraires à ses dispositions. En effet, pour bénéficier « d’une bonne place sur la liste, les partis exigent un certain montant », déplore la Présidente des femmes de l’URD. Et le faible pouvoir d’achat des femmes les empêche d’y prétendre.

C’est pourquoi, plus que la loi, il faut une « volonté politique » pour assurer la participation des femmes à la gestion des affaires, soutient Monsieur Sidi Mohamed Adiawiakoye, cadre de l’URD. « Car si on ne peut garantir 30% des postes électifs aux femmes, on peut l’assurer aux postes nominatifs ».

Gala du Sadio: 2eme édition sous le signe des TIC

C’est en effet sous le sceau des nouvelles technologies que les organisatrices de la soirée Gala du Sadio, ont placé l’événement cette année. Initiative de l’agence Osmose Events, le Gala en son édition 2018 a permis de reconnaître 8 femmes et une entreprise.

Cette dernière existe depuis 85 ans et est installée dans la région de Segou. Nyeleni Tapis est une entreprise qui marche sous forme de coopérative et regroupe 45 femmes qui tissent des tapis en laine de mouton. « Être ainsi mise en lumière nous permet d’attirer l’attention des clients mais aussi de la jeune génération dont nous espérons qu’elle aurait envie de prendre le relais », à déclaré sa présidente.
Les Sadio,  figure mythique du Mali et qui représente l’excellence de la femme, sont de différents secteurs.  Promotrice de la société d’agrobusiness Faso Kaba, Maimouna Sidibé Coulibaly est la Sadio business 2017, tandis que le trophée dans le secteur du numérique est revenu à Dieneba Traoré, initiatrice du blog culinaire Gabougouni. La jeune femme est suivie par plus de 50000 personnes et réussit le pari de promouvoir une cuisine africaine saine et goûteuse.
Surnommée la Reine des perles, Assetou dire Tetou Gologo est la Sadio culture 2017. La créatrice de bijoux de la marque Tamacali a exhorté les femmes à être authentiques et mettre les valeurs endogènes.
Championne du monde francophone aux derniers jeux d’Abidjan,  Djenebou Danté est la Sadio sport. A ses côtés,  dans la catégorie Politique et société civile, une autre jeune femme, conseillère communale en commune 3 du District de Bamako. Djila Habibatou Niouma Traore, distinguée au plan national comme international est également présidente du Réseau des jeunes femmes leaders. Toujours dans les fonctions publiques, on retrouve la Sadio Haute fonction.  Le Général de brigade Coulibaly Kani Diabaté, médecin militaire, spécialiste en genre et à  l’origine de plusieurs  avancées dans l’intégration et la promotion des femmes dans les Forces armées maliennes.
Professeur titulaire Rokia Sanogo est la Sadio sciences 2017. La cheffe de département Médecine traditionnelle à l’institut national de recherche en santé publique est chercheure en Pharmacognosie,  utilisation des plantes pour la production de médicaments.
La Sadio de l’année est une maman au grand cœur. Fofana Fatoumata Goundourou accueille depuis 40 ans des orphelins et des enfants de familles démunies. Son orphelinat a vu passer des générations d’enfants qui y ont bénéficié d’éducation, d’instruction et d’amour. C’est avec émotion qu’elle a reçu son prix en profitant pour lancer un appel à la générosité. « Aimons les enfants, les nôtres et ceux des autres » a-t-elle déclaré.

L’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa célèbre les femmes

Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme, l’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa a organisé le 10 mars 2018 dans le village de Bougoula, à 60km de Bamako, une cérémonie de distinction dont les lauréates sont en majorité des femmes ayant fait preuve d’innovation dans le cadre de leurs actions en faveur du développement durable et de la protection de l’environnement.


L’objectif visé est non seulement la reconnaissance de l’effort de ces femmes et hommes dans la préservation de l’environnement pour un développement économique local, mais aussi et surtout la promotion de la femme comme pilier central du développement.
Au total, vingt personnes dont 16 femmes et 4 hommes ont reçu des attestations de reconnaissance et des prix symboliques. Elles font toutes parties d’une coopérative de femmes dénommée « Sinsibéré » née à partir d’un projet de l’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa en 2007 et qui compte aujourd’hui plus de 300 femmes venant de 15 villages dans la commune de Bougoula.
Le choix de Bougoula pour la première édition de cette cérémonie de distinction n’est pas anodin. « Notre première activité envers les femmes, deux ans après notre création a été le programme « Sinsibéré », appuyé les femmes afin qu’elles puissent se prendre en charge elle-même et être le moteur de l’économie local. Ici dans cette commune qui est la seule dans l’ex arrondissement de Sanankoroba où les populations ont décidé de ne pas couper le bois. C’est symbolique, il fallait encourager ces femmes. » A expliqué Dr Ibrahim Togola, Président de Mali-Folkecenter Nyètaa.
La cérémonie a réuni plusieurs officiels de la commune notamment le maire de Bougoula, M. Zoumana Coulibaly et le chef du village Hamidou Coulibaly qui se sont dits réjouis par l’intérêt porté par l’ONG à leur localité. Nahawa Doumbia, la chanteuse a rehaussé l’éclat de l’événement par une prestation à la fois chaude et ambiancée.
La coopérative « Sinsibéré » a produit en 2017, plus de 6 tonnes de Beurre de karité amélioré. Trois ans plutôt, son beurre a été désigné meilleur à Abidjan lors du Global Share, conférence globale du beurre de karité. Elle produit aussi le savon, organise les formations pour les autres femmes opérant dans le même domaine et dans la construction des foyers améliorés et sensibilise la population par rapport à des aspects environnementaux.
Pour Mme Coulibaly Aminata Barry, chargée du genre et du développement à Mali-Folkecenter Nyètaa, ces braves dames méritent encore mieux. « Elles travaillent pendant toute la journée. Pendant toute l’année, elles sont là au four et au moulin. Si aujourd’hui, on leur donne un trophée, vraiment elles le méritent. » A-t-elle indiqué à la fin de la cérémonie.
Cette première cérémonie de distinction ne sera pas la dernière, à en croire Dr Ibrahim Togola. « Je suis fier de Mali-Folkecenter qui a pu organiser cela et moi en tant que président du conseil d’administration, je ferai toujours tout pour l’accompagner, pour que cela soit institutionnalisé et que l’année prochaines d’autres institutions puissent se joindre à nous » conclut-il.

Processus de paix au Mali : Où sont les femmes ?

Piliers de la famille et de la société, les femmes sont en marge du processus de paix au Mali. La place qu’elles occupent dans leurs foyers et la puissance de leur approche font pourtant d’elles des actrices indispensables pour que chacun hume le vent de la paix. Elles sont exclues d’un processus qui se doit d’être inclusif, car c’est un leurre sans elles.

Elles sont mamans, épouses, sœurs, tantes, cousines. Elles sont le point focal de toutes les sensibilités, les meilleurs instruments de tous les apaisements. Leurs actes et leurs paroles tracent le chemin qui mène à la paix. Elles, ce sont les femmes. La crise de 2012, dont le pays se relève avec peine, a abouti en 2015, entre le Gouvernement, la CMA et la Plateforme, à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Le texte prône, dans son Chapitre I, l’implication « des femmes et des jeunes », mais les acteurs sont toujours muets quant à la prise en compte de ces dispositions.

Actrices incontournables Fatoumata Maiga, Présidente de l’ONG Association pour les initiatives de paix (AIP), s’insurge contre cet état de fait. « Les femmes sont carrément exclues de toutes les structures de mise en œuvre de l’Accord, alors que sans leur implication et celle des jeunes au niveau communautaire, il n’y aura jamais de paix. Il ne faut pas que les gens se leurrent. Il faut qu’on les associe », plaide-t-elle. Présentes sur le terrain, actives pour faire baisser les tensions intercommunautaires, les femmes, selon elle, qui a participé aux négociations d’Alger en 2014, jouent un rôle prépondérant. « Malgré ce qu’elles font pour dénouer les crises, elles n’ont pas été associées formellement. Mais, quand ça coince, on leur demande de s’investir pour calmer les choses », dénonce-elle, très déçue. Imprégnée de la genèse des crises au Nord du Mali, l’organisation qu’elle pilote vit le jour en 1998, un an après la Flamme de la paix, dont elle fut l’une des protagonistes. Impliquer les communautés à la base semble être l’approche de toutes les associations qui militent pour la paix et la sécurité au Mali et c’est celle que privilégie la Coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre la prolifération des armes légères (CONASCIPAL).

« Ce que femme veut, Dieu le veut », dit l’adage. Si les femmes conservent leur capacité de résolution des conflits, les négliger peut aussi s’avérer fort regrettable. Emprunter un chemin sans elles, c’est risquer de tourner en rond. « La femme, c’est une maman, qui peut dire à son enfant ce qu’aucun homme ne peut lui dire. Une épouse, qui est au courant de ce que fait son mari. Elle a la possibilité de lui exposer les choses comme même sa maman ne pourrait pas », affirme la Présidente de l’ONG AIP. Pour Madame Sacko Kadi Kamissoko, Présidente de l’association des Sœurs unies de Tabacoro, « la femme, c’est le disque dur même de la société. C’est elle qu’on voit en premier lieu. C’est d’elle que viendra le dénouement de cette crise », assure-t-elle. « Si les femmes s’engagent, je vous assure qu’il y aura la paix dans ce pays », prophétise-t-elle.

La paix, un mirage ? S’il y a un vocable qui a été très utilisé ces dernières années c’est bien « paix ». Plus le mot revient, plus la situation se dilue. Des communautés ayant vécu en symbiose sont désormais sur le qui-vive. « Ce qui s’est passé à Gao, on aurait pu l’éviter, mais on a laissé la situation pourrir et dégénérer », regrette Fatoumata Maiga. Les femmes ont l’impression qu’elles ne comptent pas et « quand on les met dans certaines situations, elles le font savoir », avertit-elle. Elle fait partie du Collectif des femmes leaders qui avait, lors de la 23ème session du CSA, réclamé leur prise en compte dans les instances de l’Accord. «Nous voulons que les femmes soient parties prenantes de tout le processus, du sommet à la base », exige-t-elle, évoquant une violation de l’Accord. Selon elle la paix est possible, il suffit d’analyser certaines conclusions de la Conférence d’entente nationale. « On n’a pas dit de parler avec Iyad Ag Agaly ou Amadou Kouffa, mais avec les gens des villages. A Segou ou à Ménaka, pourquoi ne pas ramener sur le droit chemin les jeunes qui se battent pour ces chefs-là ? ». Elle en est certaine : « si les gens veulent sauver le pays, on le sauvera ».

 

La CAFO se déchire

Constituée d’une cinquantaine de démembrements à travers le Mali et de près de 4 000 associations membres, la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO) semble traverser une crise existentielle. Elle a été créée en 1994, mais au moins deux tendances réclament aujourd’hui la présidence de la structure.

Samedi 30 décembre 2017. Une assemblée générale de la CAFO se tient à Bamako et met en place un bureau de 23 membres, avec comme Présidente Madame Dembélé Ouleymatou Sow, ancienne Secrétaire générale, suspendue de ses fonctions en 2010 par le bureau de l’époque. Quelques jours plus tard, le bureau intérimaire, dirigée par Madame Kéita Fatoumata Cissoko, déclare nul et non avenu ce bureau. L’assemblée générale ayant élu Madame Dembélé n’a aucune légitimité, soutient la Présidente par intérim, car elle n’a pas respecté pas les règles de l’organisation qui prévoient au moins 2/3 des membres pour convoquer une assemblée générale. Or, selon elle, seuls 5 membres sur 23 ont adhéré à cette assemblée.

Cette crise au sein de la CAFO n’était-elle pas prévisible, après le départ de sa Présidente, Madame Traoré Oumou Touré, nommée ministre de la Promotion de la femme en avril 2017 ? Si elle refuse de parler de crise, la Présidente par intérim assure que si un bureau n’a pu être mis en place depuis c’est en raison de la situation sécuritaire du pays. « Mais les instances au niveau local sont en train d’être renouvelées. D’ici fin janvier, nous pourrons élire le nouveau bureau », promet-elle. Mais l’image de la CAFO en aura pris un coup et ceci est regrettable, selon certains acteurs.

Même si elle n’est pas membre de la CAFO, cela inquiète Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente de Wildaf Mali et de la Convergence des Femmes du Mali, une structure qui gère un projet avec la CAFO. « Parce que, suite à la crise, le partenaire a souhaité cela ». Tout comme la CAFO a été capable de désigner des membres pour ce projet, les deux tendances peuvent et doivent s’entendre pour mettre en place une instance consensuelle, estime Madame Bouaré. Car, « si la CAFO ne marche pas, c’est une perte pour toutes les femmes du Mali. Pour résoudre la crise, il faut revenir aux textes et c’est aux structures membres de le faire ». Mais, malheureusement, « lorsque les femmes adhèrent à une association, elles ne s’informent pas des droits et devoirs. Quand il y a crise, celles qui veulent se prononcer se rendent souvent compte qu’elles ont perdu leurs droits de membre », constate Madame Boiré.

Violences faites aux femmes : les Amazones disent « stop ! »

Dénoncer les violences commises à l’égard des femmes et exiger une loi contre ces violences, c’est l’objectif que visait le sit-in organisé par le collectif des « Amazones » du Mali ce 12 janvier 2018. Un rassemblement dispersé par les forces de l’ordre, mais qui ne décourage pas ces militantes déterminées à mener leur lutte jusqu’au bout.

« Il faut que ça cesse ! », « Stop aux violences conjugales », ce sont quelques-uns des slogans que l’on pouvait lire sur des pancartes tenues par les manifestants venus répondre à l’appel des Amazones. Alors qu’ils s’étaient donné rendez-vous devant l’Assemblée nationale, les manifestants ont eu la surprise d’y trouver sur place les forces de l’ordre. « Nous n’avons pu rien faire. On était venus pour lire une déclaration. Les forces de l’ordre ont commencé à nous jeter des gaz Lacrymogène », témoigne madame Coumba Ba, proche d’une des victimes de violences conjugales. Souhaitant alors se rabattre sur la Maison de la presse pour lire leur déclaration, les organisateurs en ont été là aussi, empêchés par les forces de l’ordre. Si elle dénonce ces agissements des forces de l’ordre, qui ont fait des blessés parmi les manifestants, notamment des femmes, elle réaffirme la volonté des familles de victimes et du collectif « Amazones » à poursuivre ce combat.

Déterminés

« Demander aux députés qui sont nos représentants de voter cette loi », c’était l’objet de ce sit-in devant l’Assemblée nationale. Ce projet de loi destiné à donner plus de protection et de droit à la femme, qui tarde à voir le jour, selon madame Kadidia Fofana, présidente du collectif « Amazones. » Condamnant ces actes des forces de l’ordre qu’elle juge « révoltants », madame Fofana estime que ces violences conjugales sont subies quotidiennement par les femmes en silence. « C’est seulement quelques cas qui sont médiatisés », c’est pourquoi il faut adopter une loi et dissuader d’éventuels auteurs. « Les députés sont élus par les populations. Nous voulons qu’ils se battent pour nous, afin que plus jamais ces genres de meurtres ne se reproduisent », conclut madame Fofana.

Djingarey Maïga : « Une loi sur les violences doit couvrir les femmes, les hommes et les enfants »

Les 20 et 21 décembre, se tenaient un atelier d’information sur l’avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre, au Centre National d’Information et de Documentation sur la Femme et l’Enfant (CNDIFE). Djingarey Maïga, coordinatrice de l’association Femmes et Droits Humains nous donne plus d’informations sur ce problème de société.

Journal du Mali : Dans quelles circonstances cet avant-projet de loi arrive ?

Djingarey Maïga : C‘est un processus qui a duré, au moins, deux ans. L’avant-projet de loi a été élaboré par la participation des organisations des femmes, des Droits de l’Homme et l’appui technique des ministères de la Justice, de la Sécurité, de la Promotion de la femme, le programme national des luttes contre l’excision et la MINUSMA et ONU Femmes qui avait accordé un financement à l’ONG « Accord International ». L’avant-projet de loi a été déposé au niveau du ministère de la Promotion de la Femme qui est porteur de cette loi. C’est ce même ministère qui doit amener cet avant-projet de loi à l’Assemblée nationale.

Est-ce qu’il y a des dispositifs qui protègent les victimes des violences basées sur le genre ?

Au Mali, nous n’avons pas encore de loi sur les violences basées sur le genre et sur les violences faites aux femmes. Nous avons constaté qu’avoir une loi sur les violences basées sur le genre doit couvrir les femmes, les hommes et les enfants. Il y a aussi des hommes et des enfants qui font face à des types de violences. Dans l’avant-projet de loi, il y a des violences qui sont prises en compte par le Code pénal, mais avec les occupations dans le nord du pays, nous avons remarqué qu’il y a des violences que le Code pénal n’avait pas prévu. Dans la vie de tous les jours, nous avons, également, vu que les victimes font face à des violences de plus en plus violentes que l’on n’avait pas connues au Mali, avant 2012, et qui sont vécues par de nombreuses personnes. Nous nous sommes attachés à prendre en compte des instruments juridiques au niveau national, par exemple la Constitution, mais aussi les lois et les politiques nationales telles que la loi sur la santé de la reproduction, sur le VIH/Sida, la politique nationale genre en plus des instruments juridiques.

On pense souvent aux femmes lorsqu’il s’agit de violence, mais on pense très peu aux hommes. Quelles sont les violences auxquelles ils sont confrontés ?

Ce que l’on appelle les violences domestiques, il y a des hommes qui en subissent. Certains subissent d’autres sévices tels que les viols. Nous avons constaté qu’il y a de plus en plus d’hommes et de jeunes garçons qui sont violés, par des hommes en général. Même si les gens ne sont pas dans les assistances juridiques au niveau des tribunaux, nous savons cela. 

Êtes-vous en mesure de nous communiquer des chiffres ? 

Nous, en tant qu’organisation des femmes en tant qu’organisation des droits de l’Homme, chacun travaille de son côté et chacun dispose de ses chiffres. Au niveau de notre organisation, nous avons mené une réflexion et nous nous demandons si l’on ne doit pas prendre une organisation et en faire la base pour que nous puissions nous mettre ensemble afin de nous compléter pour avoir des chiffres propres au cas du Mali. Au niveau de la société civile, si l’on pouvait prendre une organisation qui enregistre tous les cas chaque année ou chaque trimestre pour que nous puissions arriver à une statistique qui répondrait vraiment aux cas que nous recevons au niveau de nos organisations respectives.

Existe-t-il des structures qui viennent en aide aux victimes maliennes ?

Oui, il y en a tellement. Mais, avec les événements de 2012, il y a un groupe d’organisations qui s’est mis en place pour la défense des victimes, donc, il y a la clinique juridique Deme-So,le WILDAF lAPDF, l’AMDH et d’autres organisations des droits de l’Homme du Mali. Ces structures travaillent pour faire en sorte que les victimes puissent jouir de leurs droits et lutter contre l’impunité de ces cas.

Les victimes qui portent plainte parviennent-elles à avoir gain de cause ? 

Ce n’est pas tout le temps le cas, car la plupart des nouveaux types de violences ne sont pas pris en compte dans le Code pénal et parfois, il est même difficile pour la juridiction de bien stationner ou sanctionner comme le juge le voudrait bien. Cela s’explique par le fait que ces violences d’un nouveau genre ne sont pas répertoriées par nos lois. Il faut reconnaître que parfois la justice elle-même fait face à des contraintes. Par exemple, quand un cas de violence domestique est présenté à la justice, en général, quand le cas est en train d’aboutir, c’est en ce moment que le chef religieux, le chef de famille ou le chef de quartier va intervenir. C’est dans nos mœurs de demander l’abandon de poursuite surtout quand un représentant vient en tant que médiateur. Parfois, il est difficile pour le juge de pointer les cas comme il le voudrait.

En route pour une féminisation de la classe politique ?

Selon le dernier recensement, les femmes représentent 50,4 % de la population malienne. Pourtant, cette majorité n’est pas visible au sein des instances de prises de décisions politiques.

Vendredi, peu avant une plénière à l’Assemblée nationale, Fatimata Niambali vient d’affronter les embouteillages de Bamako. La députée de la circonscription de San s’en excuse. Celle qui a fait ses premières armes politiques aux côtés de sa mère se souvient. « J’ai eu la chance d’avoir une mère qui a milité à l’ADEMA. Je la suivais dans ses mouvements. J’ai eu envie de lui emboîter le pas. Je suis partie à San en 1994 et j’ai tout de suite intégré des associations de femmes. C’est là que tout a commencé ». Le constat sera sans appel : l’absence des femmes dans les instances de prises de décisions est évidente. Car « dans la plupart des décisions prises en politique les femmes ne sont pas mises en avant ». Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation de la gent féminine, comme le poids des traditions, la méconnaissance des rouages des partis et la supposée non-solidarité des femmes. Pour la députée Niambali, c’est le soutien de son époux qui lui a permis de s’épanouir dans ses activités politiques. « Si vous parvenez à convaincre votre époux, vous avez fait le plus gros du travail. Le reste de l’entourage se rangera du côté de votre mari ».

Pourtant, des femmes maliennes dans la lignée d’Aoua Kéïta, il y en a. À l’instar de la Maire de la Commune III de Bamako, Mme Djiré Mariame Diallo, Présidente du Réseau des femmes conseillères municipales du Mali (Refcom). L’avènement de la démocratie a été le point de départ de son engagement. Selon elle, pour susciter des vocations, « il faut informer, éduquer et sensibiliser. Les jeunes doivent avoir une éducation solide, qui se fera avec le temps, car la politique est un apprentissage perpétuel. Entrer en politique, cela ne se décrète pas, cela se prépare ». Madame Djiré Diallo est à ce jour la seule femme Maire d’une commune à Bamako, succédant à Mme Konté, ex Maire de la Commune I.

Une avancée doit être soulignée. La célèbre Loi 052 instituant la promotion du genre, qui instaure aux postes nominatifs et électifs un quota homme / femme de 30 % au minimum pour chaque sexe. Selon les chiffres de la MINUSMA, la part des femmes au sein des postes parlementaires n’était en 2015 que de 9,5%, pour seulement 1,14% au poste de Maire.

Women Techmakers : les femmes au cœur des TIC

Accroitre la représentation féminine dans le monde des NTIC, c’est le souhait de femmes qui se sont regroupés au sein d’une communauté appelée les Women Techmakers.

Que serait la résolution d’une équation de femmes passionnées par les NTIC ? Pour tous ceux qui ont des problèmes avec les mathématiques, ne vous torturez pas. La réponse est simplement les Women Techmakers. « Nous sommes une communauté de femmes qui évoluent dans le domaine des NTIC, mais pas seulement. Nous accueillons aussi des novices qui veulent se lancer dans le monde des nouvelles technologies », dit Fatim Diarra, la Lead organizer de l’organisation. Agée de 28 ans, cette jeune dame, fan absolue de science-fiction depuis son plus jeune âge, ne pouvait rêver mieux. « Dans les nombreux films de SF que j’ai vus plus jeune, j’étais épatée par ce qu’ils montraient. Je voulais faire comme eux ». Même si les mondes futuristes dépeints dans ces productions ne se sont pas encore réels, ces femmes nourrissent l’espoir de participer à « l’évolution ». Et elles y arrivent, à travers innovations et applications bien pensées.  Infiny Design, Yando, Bara 2.0 et autres sont issues de l’esprit brillant de ces jeunes femmes et, qui sait, pourraient bien conquérir le monde. Car ces entrepreneures – développeuses ont de l’ambition. Lancé le 8 mars 2016, date ô combien symbolique, Women Techmakers Bamako, compte aujourd’hui une cinquante de membres aux profils très divers. Infographistes, développeurs web, ingénieures réseau télécom se côtoient et échangent des idées. « Notre communauté ne compte pas uniquement des personnes ayant un rapport avec les NTIC, nous avons aussi une danseuse professionnelle et des juristes », précise Diarra. Ces « novices » bénéficient des qualités de ces jeunes dames, qui ne ménagent aucun effort pour que l’intérêt de ces aspirantes « geeks »ne faiblisse pas.

Jeunes et déterminées

La moyenne d’âge de cette communauté est de 24 ans. Jeunes oui, mais matures dans leur démarche, aider et encourager les femmes à entreprendre dans un domaine d’avenir. « C’est un monde très masculin. Nous nous entourons de femmes qui ont fait leurs preuves. Elles assistent nos membres pour qu’elles évitent les pièges liés à l’entreprenariat », soutient Diarra. Très actives sur les réseaux sociaux, elles profitent des opportunités de formations ou de stages présentes sur les plateformes virtuelles. Les Techmakers allient à la perfection vie quotidienne et passion pour les NTIC. Cette détermination a déjà fait naitre des vocations et les Women Techmakers ont donc initié un jeu concours, « Top Chrono », dont la première édition s’est tenue en novembre.

Des déclarations d’intention aux actes concrets !

La société malienne est une société fortement patriarcale dans laquelle l’autorité politique, économique et religieuse est détenue par les hommes. En général dans les traditions de la société malienne, l’exercice du pouvoir est une question d’homme, le débat et la prise de décision par rapport à la vie de la cité y compris celles affectant la vie des femmes et filles a lieu dans le vestibule du chef, ou sous l’arbre à palabres (sans les femmes bien sûr), alors que dans la constitution malienne il n’existe pas de discrimination basée sur le sexe. Les droits des femmes et filles sont reconnues et protégés par plusieurs instruments juridiques.

Malgré l’existence de ces textes, des programmes et politiques sur le genre, il existe encore des discriminations fondées sur le sexe.

En 2002, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a commandité une étude sur les violences faites aux femmes. Cette étude a identifié une vingtaine de formes de violences : les injures, les coups et blessures, le gavage des jeunes filles en vue du mariage précoce, les viols, les sévices et excès sexuels au sein du couple, l’excision, le harcèlement sexuel, la répudiation, le lévirat et ou le sororat, les mariages forcés ou précoces, le rapt de femmes, etc. L’étude a conclu que toutes les femmes maliennes sont victimes d’au moins une de ces formes de violence identifiées. La situation n’a pas beaucoup évoluée depuis. Or, pour que les femmes puissent s’épanouir, elles ont besoin de jouir de l’ensemble de leurs droits humains et de vivre dans la dignité.

Nous avons aujourd’hui besoin de changement à tous les niveaux pour que l’émancipation des femmes soit une réalité au Mali. Ce changement est social, mais aussi institutionnel.

La société pourrait se montrer réticente car ces changements viennent bouleverser leur quotidien, les habitudes, les croyances. Il faut les convaincre du bien fondé d’un tel processus qui permettra non seulement aux femmes de s’épanouir, mais à la société elle-même d’en tirer partie.

Il faut que les femmes soient des partenaires égales, libres de réaliser leur plein potentiel. L’émancipation sociale, politique, économique de la femme est essentielle à l’essor de la démocratie et au développement durable des nations. Le renforcement des institutions démocratiques est impossible si la couche la plus signifiante de la population est marginalisée et privée de toute participation.

Les autorités doivent s’assumer et passer aux actes concrets en commençant par rendre conforme les textes et pratiques du Mali à ses engagements régionaux et internationaux et ainsi changer les lois discriminatoires et initier des politiques qui encouragent et facilite l’émancipation des femmes. Au niveau communautaire, il faut renforcer le dialogue sur les droits de la femme pour susciter une prise de conscience. Il est également nécessaire d’œuvrer pour la scolarisation et le maintien des filles à l’école et vulgariser les textes relatifs aux droits de la femme.

 

Entrepren’Elles : Entreprendre au féminin

C’est la semaine mondiale de l’entreprenariat. Au Mali, il est question d’entreprenariat numérique mais surtout de la part des femmes dans la création d’entreprises. L’Association Entrepren’Elles a ainsi portée sur les fonds baptismaux.

L’édition 2016 de la semaine mondiale de l’entreprenariat se tient du 14 au 20 novembre .Et dans ce cadre une conférence débat a été organisé au siège du conseil du patronat du Mali ce matin a 9h. Entreprenariat féminine et ère numérique étaient a l’ordre du jour. Etaient présents a cette conférence des entrepreneurs, des organismes comme Impact Hub Bamako, Teteliso, Bamako Incubateur, Jokkolabs qui ont présenté leurs organismes et fait des témoignages sur l’entreprenariat au Mali. Le but de la conférence était  inspirer les jeunes à entreprendre et particulièrement les femmes .Le président du Conseil national du patronat du Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly  a insisté sur l’importance du numérique dans la vie économique.

La conférence a été l’occasion de la présentation d’une association de jeunes femmes entrepreneures dénommée Entrepren’elles. Regroupant exclusivement des entrepreneurs féminins de tous les secteurs d’activité, elle a pour but d’accompagner les porteuses de projets de création d’entreprise. Aminata Bocoum, présidente de l’association annoncera que l’association prévoit d’organiser des sessions de formation, un forum sur l’entreprenariat, des échanges-débats, avec l’aide des partenaires comme Jokkolabs, ONU Femmes, entres autres.