FIERES : un projet pour l’autonomisation des femmes

Le projet (Filles et éducation résilientes) FIERES est financé par Affaires mondiales Canada pour une durée de 5 ans (2022-2027). D’un montant de plus de 5 milliards de FCFA, il vise à accroître l’autonomisation des femmes à travers l’éducation.

Depuis 2012, la crise a accru la vulnérabilité des filles plus exposées aux violences basées sur le genre qui les empêchent de jouir de leurs droits à l’éducation. Ces maux sont entre autres le déplacement interne, la pauvreté, la violence .

Né dans ce contexte, le projet FIERES est géré par le consortium constitué de la Fondation Paul Gerin La Joie et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), en partenariat avec 6 ONG locales, ayant des expertises techniques avérées dans les régions d’intervention

Le but ultime du projet est  la prise en compte de l’autonomisation  de 20 442 filles, adolescentes, femmes, ( 13 942 de 8 à 24 ans ; 6 500 de 24 à 60 ans) notamment celles dans des conditions de grande vulnérabilité, comme les déscolarisées, les nomades, déplacées ou ayant vécu des grossesses précoces dans les régions de San, Mopti et Tombouctou. Le projet visera notamment à accroître l’accès à l’éducation pour les filles et adolescentes à une éducation ou un apprentissage de niveau fondamental 1 et 2, améliorer les conditions d’apprentissage et renforcer la participation des filles et des adolescentes dans les processus décisionnels dans les lieux d’apprentissage, les communautés, les lieux de travail.

Cette autonomisation par l’éducation permettra à ces femmes d’être plus résilientes et à devenir des actrices du changement positif au sein de leurs communautés, selon les responsables du projet.

Le nombre total d’écoles fermées dans les zones concernées s’élève à 1 752 sur un total de 9 021 selon un rapport cluster éducation de janvier 2023.

Le nombre total d’écoles fermées représente 19% . Le nombre d’enfants affectés par ces fermetures est de 525 600, le nombre d’enseignants concerné de plus de 10 000. Ces facteurs s’ajoutent à d’autres socio culturels peu favorables à l’éducation et au maintien des filles à l’école.

Le projet veut apporter une amélioration substantielle de 3% par an à la scolarisation des filles soit un objectif de 15% à la fin de projet. Celles qui n’ont pas l’âge scolaire auront accès à des alternatives et des apprentissages adaptés pour les former de façon professionnelle.

Le second objectif phare du projet est de faire des filles, adolescentes, femmes des actrices du développement et de changement de leur milieu de vie.

Le projet interviendra dans 70 écoles des trois zones concernées, 25 465 cibles seront touchées, dont 50,6% sont des adolescentes. L’inscription directe touchera 3 420 dont 45% de filles, les adolescentes bénéficiaires d’alternatives éducatives seront 2 000 dont 1 200 filles de 9 à 14 ans. 765 femmes et filles bénéficieront de formation professionnelle qualifiantes, ainsi que des accompagnements. Et 6 500 femmes seront sensibilisées sur les droits des femmes et enfants. Le programme touchera aussi du personnel administratif et scolaire et des femmes mentors.

Autonomisation des femmes : un vaste programme

Processus complexe destiné à permettre aux femmes d’accéder à la jouissance de plusieurs droits, l’autonomisation est souvent malheureusement réduite à l’exercice d’activités génératrices de revenus. Ce qui entrave encore plus la possibilité pour les femmes d’espérer une amélioration de leur situation.

Grand acquis pour les femmes afin de s’épanouir, l’autonomisation est un programme leur permettant non seulement de se prendre en charge mais aussi d’être utile à toute la société, estime Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente du réseau Femmes, droit et développement en Afrique (Wildaf Mali).

Il faut donc une véritable politique étatique, capable de mettre en œuvre toutes les problématiques relatives à l’accès des femmes à leurs droits. « Ce n’est pas une question d’argent », insiste Madame Bouaré. Car il faut aborder les questions de l’éducation, de la santé de la reproduction et de l’entrepreneuriat ensemble afin d’y apporter des réponses globales.

Au Mali, plus de 77% des femmes vivent en milieu rural, selon le 4ème Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Malgré un très faible accès aux ressources, comme la terre ou le crédit, elles représentent 49% de la population active agricole et assurent plus de 70% de la production alimentaire. L’appui à la réalisation d’activités génératrices de revenus à l’endroit des femmes n’est donc qu’un volet du vaste chantier de l’autonomisation.

Plusieurs facteurs défavorables hypothèquent l’émergence économique et sociale des femmes. Dans un contexte marqué par l’insécurité alimentaire et le changement climatique, les appuis consistent à leur offrir des moyens innovants de réduire non seulement la consommation des ressources naturelles, sources d’énergie, mais aussi la réduction du temps consacré aux tâches ménagères, afin de donner plus de temps à la production.

Violences persistantes

La question de l’autonomisation des femmes ne peut être abordée sans celle des violences, qui subsistent, surtout dans le contexte conjugal « lorsque tout repose sur une personne et que celle-ci n’arrive pas à tout résoudre », explique la Présidente de Wildaf. Résoudre les violences à l’égard des femmes constitue donc un pas réel vers l’autonomisation. Mais le défi, dans un environnement difficile marqué par de nombreuses crises, est d’assurer non seulement la pérennité des investissements réalisés, mais aussi de garantir une participation efficace des femmes à la vie sociale et leur épanouissement . Une étape essentielle pour l’atteinte de l’Objectif 50-50 d’ici 2030.