Femmes dans la transition : encore du chemin à faire

Malgré certaines avancées dans  la promotion du Genre ces dernières années, les femmes restent peu représentées dans les organes de prise de décision sous la transition. Si elles ne sont pas complètement en marge du processus de refondation, elles peinent à peser dans les différentes instances.

La faible représentativité des femmes au sein du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens, mis en place le 31 janvier 2024, est venue confirmer une tendance globale depuis le début de la Transition. La loi  N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives peine à être respectée lors des nominations aux postes de responsabilité. Sur 140 membres qui composent ce comité, seulement 28 sont des femmes.

À l’instar du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens, les femmes restent sous-représentées dans toutes les organes de la Transition et au niveau d’autres importantes instances, à commencer par le Gouvernement, où elles ne sont que 6 membres sur 28, soit une représentativité de 21,42%. Plus alarmant, seule une femme est Secrétaire générale au niveau des différents départements ministériels, selon le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires ( REFAMP).

Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la Transition, ne compte de 42 femmes sur 147 membres (28, 57%) et dans la Commission de finalisation de l’avant-projet de nouvelle Constitution mise en place en janvier 2023, les femmes n’étaient que 11 sur les 69 personnes désignées (15,94%). Même constat à  l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), installée le 10 janvier 2023 et qui ne compte que 4 femmes sur ses 15 membres, soit une représentativité féminine de 26,66 %. Au Conseil économique, social, environnemental et culturel, seulement 15 femmes sont présentes sur 68 membres. Par ailleurs, à en croire les données de l’Institut d’études de sécurité (ISS), au sein de l’Administration générale en 2021, lors du début de la 2ème phase de la Transition, les femmes constituaient  15% seulement des directeurs et directrices des services centraux et 11% des ambassadeurs et ambassadrices.

« Les chiffres parlent. Nous avons encore du chemin à faire. Je pense que les femmes sont impliquées dans la conduite de la Transition, mais pas à hauteur de souhait. Le gouvernement a fourni des efforts, mais il faut encore une forte volonté politique pour améliorer la participation et la représentativité des femmes  au niveau des différents organes », souligne Mme Fomba Fatoumata Niambaly, Secrétaire générale adjointe du REFAMP.

Actives malgré tout

Malgré le tableau peu reluisant de leur représentativité au sein des instances de décision, les femmes du Mali ne sont pas restées en marge du processus de refondation enclenché depuis le début de la Transition. Tout en menant des plaidoyers pour l’application effective de la loi 052, elles se sont impliquées à divers niveaux dans les grands rendez-vous décisionnels de la Transition.

« Les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle important dans le processus de paix et de réconciliation pour la refondation du Mali. Elles sont très impliquées dans les différents mouvements de gestion de crise, jouent des rôles stratégiques et sont très actives dans la société civile. Grâce à des organisations de femmes, leur rôle est reconnu dans la gestion des crises et elles sont présentes dans les différentes instances de la Transition », rappelle Mme Doumbia Fatoumata Koité, Présidente du Consortium des femmes leaders du Mali.

Ce consortium, constitué de la Plateforme des femmes leaders du Mali, du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO), du Réseau des femmes leaders du Mali (AWLN-Mali), du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires (REFAMP) et du Réseau plaidoyer et médiation, a contribué à la mise en place d’un mécanisme cohérent pour la participation des femmes aux réformes de refondation du Mali.

« Nous avons travaillé entre autres pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans toutes les décisions concernant la refondation du Mali, pendant la Transition et au-delà, pour faire connaitre leur rôle incontournable dans la vie de la Nation et dans la reconstruction de la cohésion sociale et du vivre ensemble et pour exiger leur présence, à travers des expertes, dans les équipes de réflexion, de rédaction et de proposition des textes devant régir la Transition », affirme Mme Doumbia.

Loi 052, l’interminable  combat»

« À l’occasion des nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics au Mali, par décret, arrêté ou décision, la proportion de personnes de l’un ou de l’autre sexe ne doit pas être inférieure à 30% », stipule l’article 1er de la Loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.

Pour la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, le non-respect des dispositions de cette loi ne peut s’expliquer en partie que par une absence de volonté politique, parce « qu’il y a des femmes compétentes qui peuvent mieux jouer leur rôle que certains hommes ».

Mme Maiga Oumou Dembélé est du même avis. Pour la Présidente du Cadre de concertation des femmes des partis politiques (CCFPP), également, la faible représentativité des femmes au sein des instances de prises de décisions n’est liée qu’à la volonté et à une décision politique de la part des autorités dirigeantes.

« Les décisions politiques n’émanent pas de nous. Il faut que les décideurs aient la volonté de changer les choses pour que cela bouge. Nous, en tant que femmes, nous pouvons juste mener des plaidoyers pour que la loi soit respectée », avance-t-elle.

Mais, à en croire Mme Fomba Fatoumata Niambaly, l’argument de la non disponibilité de femmes compétentes ressort souvent pour justifier leur faible représentativité dans les instances. Face à cela, le REFAMP, explique-t-elle, a initié des projets pour identifier les femmes cadres afin d’avoir un répertoire pour faire des propositions lors des nominations. « Nous allons redynamiser ce cadre d’identification pour réactualiser ce répertoire de toutes les femmes qui peuvent occuper des postes », assure-t-elle.

Si la volonté politique est remise en cause pour l’application de la loi 052, les femmes reconnaissent également des pesanteurs sociales qui freinent leur participation dans ces instances. « Il arrive que les maris s’opposent aux nominations de leurs épouses et les obligent à se désister », se désole la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, soulignant qu’il faudrait donc agir à deux niveaux.

« Nous devons plaider d’une part au niveau du gouvernement et d’autre part agir à notre niveau en tant que femmes pour mieux nous  préparer. Il est incompréhensible que nous nous battions pour avoir des postes et que dans le même temps certaines femmes qui sont désignées se désistent », admet-elle.

« Nous sommes à pied d’œuvre pour renforcer  les capacités des femmes,  pour qu’elles puissent être à la hauteur, parce qu’il ne s’agit pas seulement de désigner, il faut savoir qui désigner. Il faut que les femmes qui sont désignées puissent bien jouer leur rôle », insiste Mme Fomba.

En attendant une totale application de la loi 052, les femmes ont plaidé et obtenu une disposition dans la nouvelle loi électorale adoptée en 2022. L’article 78 de ladite loi est sans équivoque : « les listes de candidatures présentées par les partis politiques, groupements de partis politiques ou candidats indépendants sont irrecevables lorsqu’elles présentent plus de 70% de femmes ou d’hommes ».

Mohamed Salia Touré : « Pour l’instant, le mouvement Welé Welé ne soutient aucun candidat »

Le 28 mars, le candidat de l’Alliance pour la Démocratie et la Paix (ADP Maliba), Aliou Boubacar Diallo, recevait Mohamed Salia Touré, Président du mouvement Welé Welé, l’Appel. Après cette  rencontre, le PDG de Wassoul’Or affirmait sur son compte Facebook que l’ancien Président du Conseil national des jeunes soutenait sa candidature à l’élection de juillet. Mohamed Salia Touré affirme le contraire à Journal du Mali et explique sa ligne de conduite.

Comment se porte le mouvement Welé Welé?

Welé Welé se porte très bien. Depuis notre lancement, le 21 octobre 2017, nous avons entamé une vaste campagne de sensibilisation et d’implantation de nos comités, à Bamako et à l’intérieur du pays. Nous avons pu couvrir toutes les communes de Bamako et fait le lancement à Sikasso le 17 mars,  le 24 à Mopti et le 31 mars à Kayes, en plus de la région de Ségou. Koulikoro et les cinq régions du nord, où nous avons pu identifier nos points focaux, suivront.

Le candidat de l’ADP Maliba a affirmé  il y a quelques jours que vous souteniez sa candidature à la présidentielle. Qu’en est-il ?

Le mouvement social Welé Wélé est dans une démarche d’implantation, de promotion de la  citoyenneté, en milieu jeune. Nous sommes fermes, mais pas fermés.  Nous parlons avec tous ceux qui parlent d’alternance, car la finalité de notre action est de parvenir à une alternance générationnelle au sommet de l’Etat. Aliou Boubacar Diallo est une personne respectée et respectable. Il parle d’alternance et porte des nouvelles idées pour le Mali. C’est dans ce sens que je l’ai rencontré et que nous avons échangé. Je me suis rendu compte qu’il y avait une convergence parfaite de vision entre nous par rapport au Mali. Nous avons donc décidé de nous  revoir pour approfondir les échanges et voir dans quelle mesure pouvons mettre en place un cadre de collaboration pour nous mener à cette alternance. Mais, pour l’instant, le mouvement Welé Welé ne soutient aucun candidat.

Beaucoup d’observateurs estiment que vous êtes affiliés à Mamadou Igor Diarra…

Nous ne sommes affiliés à personne. C’est vrai qu’il y a des personnalités du monde politique, économique et culturel qui nous ont aidés dans la mise en place de ce mouvement. Alioune Ifra N’diaye, Président d’honneur du mouvement, est une personnalité connue du monde culturel. Quant à Mamadou Igor Diarra, il nous a aidé et soutient les idées du mouvement, comme d’autres personnalités avec qui nous parlons. Il y en a d’autres, dans l’anonymat, qui nous aident. Le jour où nous  déciderons de nous affilier à un courant politique donné, nous le ferons savoir. C’est la convention nationale des Horons qui décidera.

Sur quels principes  allez-vous opérer votre choix ?

Il y a des points sur lesquels nous ne pouvons transiger, car nous pensons que la crise dans laquelle notre pays a été  précipité est due au manque de sérieux et de responsabilité, souvent même collective. Pour en sortir, il faut que nous devenions des Horons responsables, qui respectent la parole donnée. Un autre point est le programme, les recettes proposées pour faire sortir le Mali de la crise. Nous devons garder à l’esprit que le Mali a besoin d’une personnalité politique nouvelle incarnant de nouvelles idées.

On constate de plus en plus d’implication des jeunes en politique. En quoi est-ce une nécessité ?

C’est une très bonne chose. C’est le discours que je tiens quand je vais dans les milieux jeunes. Je leur dis : « investissez le champ politique. Il faut qu’on déprofessionnalise ce secteur dans notre pays, qu’on cesse de penser que la politique est pour des malhonnêtes ou des gens qui ne tiennent pas parole. Parce que, si vous honnête et que vous vous désengagez, si moi qui suis honnête, je me désengage et que d’autres, qui le sont aussi, font de même, la politique restera entre les mains des malhonnêtes ». Sous d’autres cieux, quand on est menteur et qu’on ne respecte pas la chose publique, on ne peut devenir homme politique. L’exemple le plus patent est le cas de François Fillon en France. Il faut donc une nouvelle génération de jeunes, qui n’ait pas honte de faire de la politique, parce qu’il n’y a pas de travail plus noble que de se mettre au service de la communauté. C’est cette révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux. Si les jeunes s’intéressent à nous, cela veut dire que  le message est en train d’être entendu.

Barack Obama s’implique dans la crise ivoirienne

Prêts pour défendre les institutions et la démocratie ivoirienne Ce n’est pas un hasard si Barack Obama a de nouveau exigé dimanche le départ de Laurent Gbagbo et réitéré son soutien à  la Cédéao. Son Administration s’est beaucoup engagée dans la crise ivoirienne, malgré la modeste présence des à‰tats-Unis dans le pays, car elle y voit un enjeu pour toute l’Afrique. à€ long terme, elle s’inquiète pour l’avenir des institutions démocratiques sur le continent, o๠plus d’une quinzaine d’élections doivent se tenir en 2011. Pour Washington, l’instabilité en l’Afrique, maillon faible de sa «guerre» contre le terrorisme et le narcotrafic, représente aussi une menace globale. L’Administration Obama a déjà  interdit de voyage aux à‰tats-Unis une trentaine de proches de l’ex-président et menace de geler leurs comptes bancaires. Selon l’entourage du président, elle se tient prête à  aider «logistiquement» la Cédéao, si celle-ci décide d’intervenir militairement. Pour le fils de Kenyan qu’est Barack Obama, la bonne gouvernance en Afrique est aussi une affaire personnelle. En 2009, pour son premier voyage en Afrique, il a rendu visite non pas au pays d’origine de son père, le Kenya, mais au Ghana, l’une des rares démocraties du continent. Il y a déclaré que l’Afrique n’a pas besoin «d’hommes forts», mais «d’institutions fortes». En avril dernier, lorsqu’il a organisé un forum à  la Maison-Blanche pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de 17 pays africains, il n’a pas invité un seul leader du continent. Corruption et instabilité Depuis deux ans, l’Administration a considérablement renforcé ses liens diplomatiques avec la Cédéao et l’Union africaine, organisations régionales qu’elle souhaite voir jouer un rôle plus important dans les affaires africaines. Washington a aussi renforcé sa coopération avec la France, l’ancienne puissance coloniale, et coopère étroitement avec elle sur la crise ivoirienne. Les deux pays avaient agi conjointement, par exemple en Guinée l’an dernier, pour écarter du pouvoir le chef de la junte guinéenne, Dadis Camara, et rétablir l’ordre dans le pays. Comme en témoignent les récents C’bles révélés par WikiLeaks, Washington a conscience des dérives autoritaires, de la corruption et l’instabilité dans de nombreux pays africains, de la Tunisie au Liberia, en passant par le Sénégal ou le Nigeria, allié et troisième fournisseur de pétrole des à‰tats-Unis. Pour lutter contre l’influence des trafiquants de drogue et celle d’al-Qaida dans le Sahel et au Maghreb, les Américains fournissent une aide civile et militaire croissante à  plusieurs pays de la région, avec des survols aériens et des coopérations en matière de renseignement. Ailleurs, ils multiplient les partenariats stratégiques avec les puissances régionales comme l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud.