Tchikan : Fousseyni Maiga est de retour

Avec plusieurs réalisations primées à l’international à son compte, dont le court métrage de fiction « Wolonwula » qui a remporté à lui seul 18 prix internationaux, le long métrage « Sira », qui a obtenu un prix spécial lors du dernier FESPACO à Ouagadougou et le 3ème prix du meilleur long métrage de fiction au festival Teranga de Dakar, Fousseyni Maiga, journaliste-réalisateur, revient avec un nouveau long métrage intitulé Tchikan, dont la sortie en avant-première est prévu pour le 3 novembre 2023.

Le film Tchikan raconte l’histoire de Madou Karatô, la soixantaine révolue, un macho égocentrique qui veut épouser trois femmes à la fois. Humilié dans sa propre famille et stigmatisé dans le village, il gagne au loto. Rejeté par tous auparavant, Madou Karatô décide de prendre une revanche sur la vie et de satisfaire ses vieux rêves d’enfance et de jeunesse. Premier long métrage du Mali dédié exclusivement à la thématique des violences basées sur le genre (VBG) et des abus sexuels, le film, de par son approche artistique et intemporelle, transcende plusieurs générations, plusieurs cultures, plusieurs idéologies et aborde les VBG sous le prisme des réalités sociales et de la responsabilité humaine. Le film démontre que les VBG et les abus sexuels sont le fruit d’une faillite sociétale et porte le message d’une action collective et responsable, « Agir avant que les victimes ne réagissent », tout en montrant une nouvelle voie portée vers plus d’actions concrètes en matière de lutte contre les abus.

Le budget global du film s’élève à 70 millions, intégrant les frais de développement, de production, de post-production et la promotion, ainsi que le financement de la tournée nationale pour des projections gratuites. 20 millions est le nombre estimé des personnes qui seront touchées par le film, à travers les diffusions en salles, sur les réseaux sociaux, dans les festivals et lors des projections grand public. Il est prévu 48 semaines de durée pour la tournée dans tous les quartiers du District de Bamako et dans toutes les capitales régionales du pays avant la diffusion TV et sur les réseaux sociaux. Au regard du rythme accru de ses productions, Fousseyni Maiga a été incontestablement le réalisateur malien le plus actif au cours des cinq dernières années.

 Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.

« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. «  On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ».  Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».

Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.

L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.

Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes,  il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. «   L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande  d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié  « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.

Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».

Nogochi : Une fresque fantastique et mystique

L’avant-première du très attendu Nogochi, fresque cinématographique alliant fantastique et mystique, aura lieu ce soir au Ciné Magic. La sortie grand public, quant à elle, se fera le 10 octobre.

Quête de pouvoir, mysticisme, vengeance… La fresque fantastico-historique du réalisateur Toumani Sangaré nous plonge dans le Mali du début de la colonisation. Dans le petit village de Garalo (Mandé), Sibiri, ex-esclave, est recueilli par un chasseur donso qui lui fait intégrer la confrérie. S’en suit une série d’événements devant inexorablement aboutir au destin croisé des trois personnages principaux du film : Sibiri le chasseur, Waraba la vengeresse et le Colon avide de pouvoir. Présenté ainsi, ce tryptique ferait presque penser au cultissime « Le bon, la brute et le Truand ».

Le film emprunte à plusieurs genres. Esthétiquement parlant, il tient du western spaghetti, avec plusieurs plans sur les paysages, magnifiquement représentés. Les images, d’une rare beauté, sont d’ailleurs le vrai plus de ce film, fruit d’un méticuleux travail de deux ans et demi, qui aura permis d’arriver à ce résultat. Les décors sont splendides et les costumes d’époque bien dessinés. Sur ce point, Nogochi rappelle les productions de l’âge d’or cinématographique malien (1980 – 1990), Yeleen et la Génèse des grands maîtres Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko, dont l’influence se sent chez le jeune réalisateur.

Le film enchante également de par sa musique, loin d’être intrusive et pas du tout utilisée pour entretenir des suspens qui n’en seraient pas, comme on le voit ailleurs. Le jeu des acteurs est sobre et efficace. Les interactions sont pour la plupart faites en Bambara. Un point sur lequel le réalisateur a fait preuve d’intelligence.

Cette fiction, que le réalisateur a mis 10 ans à mettre en boîte, perd un peu en rythme au fur et à mesure que l’intrigue se déploie. Le rythme soutenu du début tranchant nettement avec le reste du film, plus cérébral. « Nous avons tendance à prendre la main du spectateur afin de lui expliquer toutes les scènes à la seconde. Nous voulions retourner à un cinéma sensoriel », confie le réalisateur, qui a travaillé avec une équipe à 90% malienne. On ne saurait lui en tenir rigueur, tant l’œuvre apparaît aujourd’hui comme une oasis doublée, d’une fontaine de jouvence, au milieu du désert.

Le film se permet même des effets spéciaux, terrain très souvent glissant pour des productions « low budget », mais ce coup d’essai est un coup de maître.

 

Star Wars : engouement intergénérationnel pour une saga mythique

La saga aux milliards de dollars de recettes et aux millions de fans dans le monde fait son retour sur les écrans ce samedi pour un huitième épisode. Les Maliens vont pouvoir découvrir la suite de l’opposition entre les deux côtés de la Force.

À 26 ans, Sékou Traoré est un aficionado de la saga intergalactique. Tous les épisodes de la « Guerre des Étoiles », imaginée par le réalisateur George Lucas et dont le premier opus est sorti en 1977 sont sur son disque dur. « Chaque fois que j’en ai le temps, je fais un bing watching [tout regarder sans discontinuité : NDLR]. Ce sont des jours où je deviens asocial, mais je ne me lasse pas ».  Cela ne fait « que » cinq ans que Traoré à découvert Star Wars. Dans un grin qu’il fréquente, un ainé, la quarantaine, le surnommait « Jeune Padawan » [Dans l’univers Star Wars, apprenti qui souhaite devenir Jedi : NDLR] Intrigué, le néophyte demande à être édifié. « Pour moi, c’était juste une question, c’est devenu un crime de lèse-majesté », se souvient-il en souriant. « Comment peux-tu te prétendre cinéphile si tu ne connais même pas Star Wars ? », lui rétorquera l’ainé, avant de s’adonner à une longue péroraison pro univers de Lucas, qu’il finira par convaincre Traoré de « tester ». Il aura l’occasion ce samedi, comme les autres fans maliens de la saga, de voir le huitième épisode au Magic Cinéma Babemba. Dix ans après « La revanche des Sith », en 2005, Star Wars faisait son retour avec « Le réveil de la Force », en 2015. « Cela a très bien marché. Il y avait de l’engouement et de la curiosité », explique Mete Siriki, gérant du cinéma. Il espère que les 791 places trouveront toutes preneur. Cinéphile aguerri, il regrette qu’il n’y ait plus de « vraie génération Star Wars ». « Le Babemba a projeté tous les épisodes, de 1977 à maintenant. Ces films sont très bien faits ».  

La der ?

Cet épisode pourrait bien signer la fin de l’épopée. La soixantaine révolue, Mamadou Cissé a découvert le riche univers de la guerre aux sabres laser et aux vaisseaux aux États-Unis. Étudiant au milieu des années 80, il est tombé sous le charme. Cet épisode, sera son « last ». « Plusieurs acteurs qui ont fait la beauté de ce film ne sont plus là. Cet épisode sera pour moi l’occasion d’honorer la mémoire de Carrie Fischer décédée, en 2016 ».

Orange Mali présente en avant première les 4 fantastiques

L’opérateur numéro 1, Orange Mali comme à  l’accoutumée a présidé ce samedi soir au cinéma Babemba, l’avant première du long métrage intitulé les 4 fantastiques, un film de magic cinéma. Avant la projection du film tant attendu, les invités ont eu droit à  plusieurs prestations d’artistes, notamment celle de Baba Niame. Pure science fiction Les 4 fantastiques est l’histoire d’un jeune homme dénommé « Raid Richard » issu du ghetto, rêva dès le bas âge de devenir le premier homme à  se téléporter dans un autre espace grâce à  un appareil scientifique. Disqualifié lors d’un concours scientifique par la brutalité de sa méthode un peu trop forte au goût des jurys, « Raid Richard » sera recruté par la plus grande fondation scientifique des USA. Aux côtés d’autres génies de son espèce, Raid Richard et ses amis finiront par mettre en place une machine de teleportation capable également de ramener à  la source. Après avoir envoyé dans le monde zéro, un singe avec succès, nos héros décident finalement de s’y rendre en personne. Là  également, commence une nouvelle aventure zébrée à  la fois de surprises et de dangers. Véritable film de fiction, les 4 fantastiques est le portrait du film captivant et passionnant.

Aya de Yopougon, un film d’animation gai sur l’Afrique

« Je ne reconnaissais pas l’Afrique de mon enfance quand j’écoutais les médias, alors j’ai décidé de donner une version plus proche de ce que vivaient les Africains au quotidien, qui ne parle pas de guerre, de famine, même si certes cela existe « , expliquait mi-juin, à  l’avant-première au festival d’Annecy Marguerite Abouet, qui a vécu jusqu’à  12 ans en Côte d’Ivoire. Le dessin animé, qui reprend les deux premiers tomes de la BD réalisée en 2005 avec le dessinateur Clément Oubrerie, également co-réalisateur du film dont la sortie est prévue le 17 juillet, raconte la vie dans les années 70 d’Aya, une belle Ivoirienne de 19 ans vivant à  Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan. Sérieuse, la jeune femme ambitionne de devenir médecin. Elle est tout le contraire de ses deux amies, Adjoua et Bintou, qui à  son grand désespoir excellent dans les séries C: Coiffure, Couture et Chasse au mari. Les deux jeunes filles qui vont danser dans les « maquis », sortes de bals populaires, prennent la vie du bon côté jusqu’au jour o๠Adjoua se retrouve enceinte, mais sans mari. Dans une atmosphère douce, aux couleurs chaudes, relevée de chansons populaires, le film s’attache à  décrire la vie des habitants de ce quartier urbain et moderne o๠quelles que soient les circonstances on garde le sourire en s’appuyant sur la solidarité de ses voisins. « Robes de Paris » « Le thème de la recherche de la paternité ferait en Occident le bonheur des psychiatres, en Afrique on apprend à  résoudre les problèmes autrement, on ne s’apitoie pas sur son sort », relève la très souriante Marguerite Abouet. Le film d’une heure trente, au graphisme épuré, présente des personnages dessinés avec des traits très simples, dans une ville foisonnante loin des clichés pessimistes sur l’Afrique. Ici les femmes sont coquettes, s’habillent avec des « robes de Paris » et les hommes, dragueurs invétérés, arborent des jeans et font la queue pour se faire coiffer par le sosie de Michael Jackson. De même, le long métrage s’ouvre sur une publicité à  prise de vue réelle montrant des enfants hilares qui vante les bienfaits d’une bière, alors qu’une seconde fait la promotion d’une banque. Ces pastilles, qui ont permis de donner rapidement le ton du film, selon Clément Oubrerie, sont relayées par le personnage de Sissoko, un riche industriel ayant fait fortune dans la bière, qui habite une grande demeure avec piscine et marbres, entourée de gratte-ciel. De même Aya, figure sage auprès de laquelle ses amies prennent conseil, s’avère une jeune fille indépendante, émancipée, sûre d’elle-même et qui comme la plupart des femmes de ce film prend les décisions pour la famille. Car pour être optimiste, le film n’est pas tendre avec ses personnages. D’un ton direct o๠« chacun en prend pour son grade », la réalisatrice décrit avec un humour féroce les Africains. Les femmes sont vénales et prêtes à  mentir pour trouver une issue favorable. Quant aux hommes, lâches, ils collectionnent les maà®tresses et sont peu présents au quotidien. « Je pensais que les pères africains allaient me tomber dessus, mais ça n’a pas été le cas, car ils reconnaissaient que c’était la réalité », ponctue la jeune réalisatrice qui espère diffuser le film en Côte d’Ivoire.

« Amour ou Amitié », en avant-première ce 8 juin

Le film « Amour ou Amitié » sortira bientôt sur les écrans. Pour le faire connaà®tre au public, l’équipe de la production organise une projection en avant-première, ce samedi 8 juin 2013 au cinéma Babemba. Il s’agit du premier film du jeune réalisateur Sékou Doukouré qui après avoir débuté sa carrière dans le showbiz au Ghana en 2008, a décidé d’apporter sa contribution à  l’industrie du cinéma malien. C’’est ainsi, qu’il créé Onyx Medias, une boà®te de production de film avec son associé Michel Paredes. Composé de jeunes dynamiques, Onyx Medias a pour but de réaliser des films classiques et d’action. Comme film d’action, cette structure à  son actif « Compte à  Rebours », « Live or Die In Africa ». Pour Onyx Medias, il s’agit de donner un autre visage à  l’Afrique à  travers le cinéma et inciter les jeunes à  rester dans leur pays et contribuer à  son développement. Onyx ne travaille pas forcément avec des acteurs professionnels mais ceux qui ont l’amour du métier. Développer une véritable industrie du cinéma au Mali Sékou Doucouré nourri l’ambition de voir une véritable industrie du cinéma au Mali. « Jusqu’à  présent nous avons de grands cinéastes mais pas de véritable industrie. J’aimerai que dans un futur très proche qu’une industrie se crée au Mali comme Nollywood du Nigéria ou Ghalywood du Ghana », affirme t-il. Pour que son rêve se réalise, le jeune réalisateur pense que les cinéastes Maliens doivent se donner la main et que le gouvernement et les sociétés privées accordent plus d’aides financières au 7ème art. Il invite aussi la population à  « consommer » le cinéma malien et à  encourager les acteurs et les cinéastes. Il ne cache pas son admiration pour les grands noms du cinéma malien tels que Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko. Il salue aussi le travail du Centre National de la Cinématographie du MALI (CNCM) pour les films réalisés comme ‘‘Toiles d’araignée » et ‘‘Da Monzon ». « Aujourd’hui, au Nigéria, un figurant dans un film peut nourrir une famille de vingt personnes. Nous pouvons aussi faire de l’industrie du cinéma au Mali un réel vecteur de développement de notre pays et J’ai confiance que nous saurons relever ce défi très bientôt.» conclut-il

« Sababou », l’espoir qu’une autre Afrique est possible

Devant la caméra de Benchikh, on le voit qui s’efforce d’organiser un concert pour la réconciliation en Guinée, entre deux adversaires politiques intraitables, l’actuel président Alpha Condé, et l’opposant Cellou Dalein Diallo. Les deux se déchirent pour diriger le pays, et la présidentielle de 2010 menace de plonger le pays dans le chaos. Tiken Jah Fakoly rêve de rééditer l’exploit de Bob Marley, en 1978, à  Kingston, lorsque celui-ci fit monter sur la scène deux frères ennemis jamaà¯cains… Puis, il y a Diabson, reggaeman, lui aussi. Sauf qu’il aimerait connaà®tre le même succès que ses compatriotes Tiken Jah et Alpha Blondy. Mais il galère et ne peut plus voir la misère en peinture. Alors, avec l’aide des jeunes amis de son quartier d’Abidjan, il se bat pour sortir un disque et encourage tous ceux qu’il croise sur son chemin à  ne «jamais baisser les bras»Â… Le message semble s’adresser à  cette Afrique qu’il dit aimer dans ses chansons, dont l’une d’elles, Sababou, donne son titre au film. Sababou, ou l’espoir. C’’est aussi ce qui motive le troisième personnage de Samir Benchikh. Michel est un militant des droits de l’homme. Tous les jours, bénévolement, il se rend à  la prison centrale d’Abidjan, pour venir en aide aux détenus qui croupissent dans les cellules sans aucun jugement. Enfin, il y a la jeune Rosine. Une lycéenne qui tente de mobiliser ses camarades et les enseignants sur un décret ministériel interdisant les châtiments corporels à  l’école. Malgré les railleries et de nombreuses incompréhensions, elle a monté une association, DECI (Droits des enfants en Côte d’Ivoire). Lire la suite sur Slate Afrique…

Ibrahima Touré, réalisateur : « ce qu’on montre dans le film est toujours une réalité au Mali »

Ibrahima Touré à  travers son premier long métrage dénonce «Â la dictature faite par les Hommes sur les Hommes ». Son œuvre, raconte les mésaventures de Mariama, une adolescente de 17 ans qui refuse d’épouser le mari choisi par ses parents. Malgré la pression de son entourage, Mariama est restée égale à  elle-même. Dans ce film, le réalisateur part en guerre contre l’oppression, l’humiliation des femmes, la corruption, etc. Filmer le réel Pour Ibrahima Touré, «Â Ce qu’on montre dans le film est toujours une réalité au Mali et en Afrique. Les droits des individus sont toujours réprimés et les tenants du pouvoir restent au pouvoir. Ils refusent la gouvernance, ils refusent l’alternance. C’’est un problème qui mine l’Afrique. » Malgré le fait qu’il ait dénoncé certains maux de la société notamment la corruption, I. Touré affirme qu’il n’a pas été inquiété mais plutôt qu’il a été soutenu. Par ailleurs, ce professionnel du 7ème art affirme que «Â ce film est destiné à  tout le monde. On a commencé à  le montrer à  des étudiants, à  des jeunes, à  des femmes qui sont venues et qui ont pleuré. Elles m’ont dit que C’’est trop dur, mais C’’est comme ça, C’’est la réalité, C’’est la vie. La vie est dure dans le Sahel. » . Tourné en six semaines avec un seul acteur professionnel et un budget de 180 millions francs CFA, «Toiles d’Araignées» est l’un des deux longs métrages produits entre 2010 et 2011 par le Centre national de la cinématographie du Mali. Ce film est une adaptation du roman «Â Toiles d’araignées » écrit en détention, par Ibrahima Ly au moment o๠le Mali était dirigé par la junte militaire dans les années 1970. Ce long métrage de 92 minutes a remporté le prix de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)  dans la catégorie «meilleur long métrage» de la 28ème édition du festival international de cinéma Vues d’Afrique qui s’est déroulée du 27 avril au 6 mai 2012 à  Montréal au Canada.

« N’gunu N’gunu kan » : Soussaba Cissé veut « qu’on nous dise la vérité » !

Chaleureuse et sympathique ! Ce sont les premiers mots qui viennent à  l’esprit quand on rencontre Soussaba Cissé. Fille du célèbre réalisateur malien Souleymane Cissé, Soussaba n’a pas pu échapper au virus familial. Pourtant, le cinéma n’a pas été son premier amour. « En fin de lycée j’ai commencé à  m’intéresser au stylisme car je dessinais déjà  mes habits et les mettais en œuvre moi-même » nous raconte-t-elle. Très vite cependant, elle commence à  changer d’idées, et pense rejoindre la « nouvelle génération de cinéastes » africains. « Je suis allée à  Paris pour faire des études de cinéma au CLCF (Conservatoire libre du cinéma français) o๠je suis restée 4 ans. Et pendant ces années j’ai réalisé mon premier film M’bah Muso et le second Tinye Su, un court métrage de fiction, suivie en fin d’étude par Seben Tan ». Apres avoir terminé son cycle universitaire en France, elle effectue des stages sur plusieurs plateaux en France et aux Etats-Unis. Depuis, Soussaba Cissé totalise 12 films qui traitent des maux de la société africaine mais aussi celle de la France. l’excision, le problème des sans- papiers, l’immigration, la dépigmentation, les enfants mendiants, sont entre autres ses sujets de prédilections. La promotion des valeurs traditionnelles et culturelles tient à  C’œur à  la jeune réalisatrice. s’accepter comme on est avec tout ce qu’on a de bon et travailler à  corrige rce qui ne va pas, C’’est le message qu’elle veut passer à  travers ses œuvres. Un phénomène qui la choque particulièrement, C’’est celui de la dépigmentation. « La dépigmentation me fait très mal. Aujourd’hui tu regardes à  Bamako, tu as l’impression d’être au milieu des métisses. Je n’ai pas trouvé une couleur plus meilleure que la peau naturelle. Noir ou blanc tu es né comme ça. Le problème est que la dépigmentation a une conséquence néfaste sur la santé » explique –t-elle. « Il faut que nos ainés nous disent la vérité sur la question des touaregs » Le dernier long métrage de Soussaba Cissé porte sur la question touareg de Soussaba Cissé. Celle-ci s’interroge sur la question devenue récurrente. « Je pense cette question doit être débattue vraiment, sans faux-semblants, sans tabou. Il faut que nos parents, ceux qui savent, nous disent les fondements de ce problème, parce que nous les jeunes nous ne comprenons pas ce qui se passe ». Soussaba est convaincue que ce sont les non-dits qui aggravent la situation. Et quand le secret entoure quelque chose, la place est faite à  la rumeur, d’o๠le titre de sa nouvelle œuvre, « N’gunu N’gunu kan » («rumeurs de guerre », ndlr) La réalisatrice appelle les maliens à  éviter la division pour avancer sur qu’on avait commencé à  bâtir ensemble. « Je pense que cette guerre va laisser des traces pour les générations futures. Le message fort que je voudrai lancer est que nos ainés nous disent la vérité sur ce qui s’est passé avant. Nous ne sommes plus des enfants. Que le problème touareg soit débattu et voyons comment renouer le dialogue. Et surtout avec le problème de territoire et de race que je ne comprends pas vraiment. Et nous qu’on arrête de poser des questions ou inventer des choses qui n’existent pas». Souleymane Touré, alias « Petit Boua », 26 ans est passionné par le slam et animateur dans une radio de Tombouctou. Il a été laissé pour mort il y a quelques mois par les terroristes occupant le nord du Mali pour avoir motiver les jeunes du nord à  leur résister. Un voyageur en route pour Bamako lui porte secours et le conduit à  l’Hôpital o๠il recevra des soins. Son histoire fait le tour du Mali, les médias internationaux en parlent et Petit Boua réalise qu’il peut se servir de cette mésaventure pour aider dans le sens de la sortie de crise, de la réconciliation. « N’gunu N’gunu kan » est son témoignage, enrichi de nombreux autres, pour que la vérité soit dite pour que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il traverse actuellement.

Afrique Noire, l’éternelle « oubliée » du Festival de Cannes

C’’est ce mercredi 11 mai que va s’ouvrir en France la 64ème édition du Festival de Cannes. Haut lieu de compétition entre les cinéastes du monde entier, cette fête constitue un cadre et d’échanges entre les professionnels du 7ème art. Très présent l’année dernière sur la croisette, l’Afrique semble être la grande oubliée dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2011. Au vu de la sélection officielle, annoncée le 14 avril, aucun de ses réalisateurs ne peut prétendre suivre la trace du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, dont le film «Â Un homme qui crie » (premier film africain en compétition pour la Palme d’or depuis 1997), avait remporté le prestigieux prix du jury. Tout au plus le Maroc apparaà®tra-t-il sur l’immense écran du Palais des festivals grâce à  «Â La Source des femmes », de Radu Mihaileanu, un réalisateur français d’origine roumaine. Entièrement tourné dans l’Atlas, ce long-métrage raconte comment, des femmes, lasses d’accomplir des tâches éreintantes, décident de faire la «Â grève du sexe » jusqu’à  ce que les hommes amènent enfin l’eau au village. Dans la sélection officielle non compétitive, «Â Un certain regard » représentera le continent pour la deuxième année consécutive, avec Skoonheid, du jeune Oliver Hermanus, déjà  remarqué en 2009 avec Shirley Adams. Le cinéma égyptien à  l’honneur l’Afrique peut néanmoins se consoler avec une nouvelle. Car, l’Egypte sera cette année le premier pays invité du festival de Cannes qui inaugure ainsi un hommage annuel aux grands pays du cinéma, avec un programme spécial de projections et de festivités le 18 mai. « Cette journée, sur laquelle planera le souvenir du regretté Youssef Chahine (mort en 2008), permettra de mettre l’accent sur les forces vives du cinéma égyptien qui sera représenté par des réalisateurs, des acteurs, des producteurs, des techniciens », ont indiqué jeudi les organisateurs du festival dans un communiqué. Mais, a précisé à  l’AFP le délégué général du festival, Thierry Frémaux, « le choix de l’Egypte n’est pas seulement motivé par les événements récents dans toute la région : il s’agit d’abord de rendre hommage à  un grand pays de cinéma ». Le président égyptien Hosni Moubarak a été contraint de quitter le pouvoir le 10 février après plus de deux semaines de manifestations populaires. Ces dix-huit jours de manifestations ( à  partir du 25 janvier ) ont d’ailleurs inspiré la première œuvre projetée le 18 mai : « 18 jours » réunit les courts-métrages de dix réalisateurs (Sherif Arafa, Yousry Nasrallah, Mariam Abou Ouf, Marwan Hamed, Mohamed Aly, Kamla Abou Zikri, Sherif El Bendari, Khaled Marei, Ahmad Abdallah et Ahmad Alaa), tournés dans l’urgence, « sans budget et de manière complètement bénévole », précise le festival de Cannes. L’histoire du cinéma égyptien est un véritable conte, o๠se mêlent larmes et sourires, et o๠les drames s’entrelacent au chant et à  la danse Deux longs-métrages égyptiens seront également présentés, l’un dans la sélection « Cannes Classics », avec une copie neuve du Facteur (Al Bostagui) d’Hussein Kamal (1968) et « Le Cri d’une fourmi » de Sameh Abdel Aziz (2011). Par ailleurs, le festival proposera un documentaire inédit sur la révolution de jasmin, en Tunisie, « Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh (Tunisie), et « The Big Fix » (Surdose) de Josh Tickell (USA), documentaire environnemental produit par Peter Fonda. En choisissant l’Egypte comme pays invité d’honneur de cette 64ème, le Festival de cannes rend un hommage mérité au cinéma africain. On se rappelle qu’on 2009, le film «Â Minyé » de notre compatriote Souleymane Cissé avait été projeté en hors compétition.

Solidarité Haiti : une projection cinéma en faveur des enfants d’Haiti

Le vaste élan de solidarité envers Haiti continue sur le continent Africain et cette fois, c’est le cinéaste Malien, Souleymane Cissé qui a organisé une projection de film sur la place rouge de Bozola, samedi dernier pour récolter des fonds en faveur de Haà®ti et de ses sinistrés. Les enfants, notamment, un frange vulnérable de la population, exposée aux maladies et aux violences. Le séisme qui a secoué Haiti le 12 janvier est une catastrophe sans précédent dans l’histoire de l’à®le. « Déjà  lors du tsunami, explique, Ismael Maiga, chargé de communication à  l’Unicef Mali, Souleymane Cissé avait mobilisé des fonds pour les victimes du Tsunami. Sa démarche pour Haà®ti ne me surprend donc pas et nous serons toujours là  pour le soutenir ». « 100 francs » symbolique, pour les enfants d’Haiti Le droit d’entrée à  cette projection était de 100 francs CFA par spectateur pour voir « DEN MUSO », un film réalisé en 1975 par le cinéaste, une oeuvre sensible et qui a réuni du monde sur la place rouge de Bozola, quartier central de Bamako. Pour Souleymane Cissé, cela était normal: « Nous vivons dans l’angoisse depuis des jours, pour nos frères haitiens et vous savez, quelque soit le geste que l’on fait, cela compte. Même si on obtient une petite somme, cela peut toujours servir à  acheter des médicaments pour quelques sinistrés. Et surtout pour les enfants. » Et Souleymane Cissé d’appeler à  une mobilisation encore plus grande : » Je profite de cette projection pour lancer un appel à  tous les maliens afin de multiplier les actions de solidarité pour Haiti. », explique le Président de l’Union des cinéastes et des entrepreneurs et créateurs de l’audiovisuel d’Afrique de l’Ouest(UCECAO). Le Mali se mobilise Rappelons que le Mali a aussi aidé Haiti par un don substantiel en millions de francs. Les fonds récoltés lors de la projection de Souleymane Cissé seront remis à  l’Unicef Mali et envoyés sous forme de médicaments aux enfants d’Haiti. Une initiative qui, si elle pouvait se multiplier, pourrait faire la différence pour nos frères haitiens.

Nyamina, un festival du film pour décloisonner le cinéma

Sur la route de Nyamina, les étoiles strient le ciel de nuit, mais de Sirakorola à  Nyamina centre, la route est mauvaise, très mauvaise, c’est une piste faite de rocailles et de crevasses, mais qui n’empêchent pas les amoureux du 7è art de s’y rendre, pour visionner de belles images dans le cadre du festival du film initié par le réalisateur Malien Souleymane Cissé.  » J’ai voulu faire ce festival international du film de Nyamina, (FINA) en parallèle avec les Rencontres Cinématographiques de Bamako (RCB) pour décloisonner cette ville, oubliée de tout et aussi pour ne pas enfermer la culture du cinéma aux villes seules…  » explique Souleymane Cissé, par ailleurs président de l’UCECAO, l’union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest. Les 5 premières éditions du festival ont ainsi bénéficié du parrainage de l’ancien ministre de la culture Cheikh Oumar Sissoko, des réalisateurs français Costa-Gavras et même l’Américain Martin Scorsese. Un soutien qui a donné à  ces rencontres cinématographiques une dimension extra africaine. Mais comme l’a souhaité le minsitre de la Culture du Mali, Mohamed El Moctar il faut que pour les prochaines éditions, les habitants de Nyamina s’approprient leur festival… » Quand Nyami Sako fonda Nyamina Riche de 5000 âmes, le village de Nyamina est situé dans le cercle de Koulikoro, à  170 km de Bamako. La ville aurait été créée par un chasseur du nom de Nyami Sako et sa population se compose des ethnies Soninkés, Bambaras, Peulhs et Somonos, avec l’élevage, l’agriculture et la pêche comme moyens de subsistance. Après Sirakorola, le fleuve Niger borde cette charmante bourgade, o๠les maisons en banco cotoient des bêtes gambadant dans les ruelles sablonneuses de la ville. On se croirait quelques siècles plus tôt, à  l’ère du Mandé. Et entre deux allées, surgiraient des cavaliers, de Soundjata Keita à  la conquête du Manding. Mais à  Nyamina, c’est le mausolée de Sory Nyamina qui en impose. Au milieu d’une cour ensablée, s’érige ce dôme peint en blanc, et en son centre, la tombe immaculée de ce jeune érudit, qui apprit le Coran avec grâce mais mourut trop tôt à  16 ans.  » Aujourd’hui, Nyamina est soumis à  des problèmes d’ordre écologique, l’érosion des berges du fleuve Niger et la destruction de l’écosystème, alors, il fallait interpeller l’opinion internationale », ajoute Souleymane Cissé, hôte infatigable de ce festival à  dimension humaine et rurale. Bayrou, l’invité de marque « Le cinéma permet de toucher au coeur, là  o๠les autres arts ne peuvent toucher et ce festival est une aubaine, car à  travers lui, il permet le développement de Nyamina grâce à  la culture. Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, a déclaré François Bayrou invité d’honneur de ce festival :  » Vous savez, je suis née dans un petit village des Pyrénées, et je me sens proche des gens d’ici, a ajouté le député Français et président du Mouvement Démocrate (MODEM), visiblement séduit par le soleil vibrant de Nyamina. François Bayrou, un hôte de marque qui a honoré de sa présence les nombreux marabouts venus bénir Sory Nyamina, en récitant quelques versets du Coran. A côté, les femmes étaient là  pour accompagner la cérémonie… « Les morts ne sont pas morts », disait le poète sénégalais Birago Diop. Ils sont le vent qui gémit, dans l’arbre qui frémit, dans le buisson en sanglot, alors, nous vois-tu Mandé Sidibé, toi à  qui cette 6è édition du festival de Nyamina est dédiée : « Je revois Mandé, l’an dernier, venu assister à  ce festival et qui donne la chance à  de jeunes vidéastes de s’exprimer et de montrer leurs oeuvres », raconte nostalgique, Clarence Delgado, producteur sénégalais. Cette année, la compétition portait sur le thème de la  » Danse Soninké ». L’onjectif étant de mettre en valeur de jeunes talents capables de reprendre en main le flambeau du cinéma Ouest-Africain. Les potentialités de Nyamina Après le Mausolée de Sory Nyamina, le ciel reste d’un bleu pur, un air serein plane sur cette place centrale o๠la délégation de marque ( François Bayrou, le ministre de la culture du Mali Mohamed el Moctar, le maire de Nyamina, l’ambassadeur de France, Michel Menthon de Reyverand), sont de passage pour honorer cette dernière journée. Direction le lycée central pour visiter les oeuvres de quelques artistes locaux et assister à  la cérémonie sur la place publique o๠folklore local et chants de griottes égayent l’atmosphère déjà  festive : Amy Koita est là , les chasseurs tirent le fusil, les marionnettes s’agitent et les femmes dansent avec grâce, tandis que les fillettes s’élancent sur la piste pour imiter leurs mères, sous le regard attentif des visiteurs. Sur les traces de son père, l’une des filles Cissé, Soussaba, filme la scène, sous l’ombre des arbres. On se sent bien à  Nyamina, l’accueil est chaleureux et c’est l’heure de la pause déjeuner. Conférence sur le développement et Course de pirogue L’un des grands moments du festival du film de Nyamnina a été la projection du film qui honore la mémoire de Mandé Sidibé, ex premier ministre du Mali, mais aussi un habitué du festival.  » Mandé était un humaniste », explique Souleynane Cissé. Et pour ne pas s’arrêter au rêve seul de l’image, une conférence sur le développement réunit au bord du fleuve, François Bayrou, le professeur, et l’intellecteul Malien Youssouf Tata Cissé, pour un débat face à  la jeunesse, sur le développement par la culture. Après le débat d’idées, place à  la course de pirogue. La vision de ces bras vigoureux pagayant sur le fleuve avec le soleil couchant, vaut le déplacement à  Nyamina. Remise des prix aux jeunes vidéastes et le rideau tombe sur la 6è édtion du festival; Si Souleymane Cissé et son jury ne sont pas très satisfaits de la qualité des oeuvres récompensées, il espère que Nyamina sortira davantage de son isolement, notamment grâce à  la rénovation de la piste Sirakorola-Nyamina et qui fait bien 70km. A l’année prochaine !