Tchikan : Fousseyni Maiga est de retour

Avec plusieurs réalisations primées à l’international à son compte, dont le court métrage de fiction « Wolonwula » qui a remporté à lui seul 18 prix internationaux, le long métrage « Sira », qui a obtenu un prix spécial lors du dernier FESPACO à Ouagadougou et le 3ème prix du meilleur long métrage de fiction au festival Teranga de Dakar, Fousseyni Maiga, journaliste-réalisateur, revient avec un nouveau long métrage intitulé Tchikan, dont la sortie en avant-première est prévu pour le 3 novembre 2023.

Le film Tchikan raconte l’histoire de Madou Karatô, la soixantaine révolue, un macho égocentrique qui veut épouser trois femmes à la fois. Humilié dans sa propre famille et stigmatisé dans le village, il gagne au loto. Rejeté par tous auparavant, Madou Karatô décide de prendre une revanche sur la vie et de satisfaire ses vieux rêves d’enfance et de jeunesse. Premier long métrage du Mali dédié exclusivement à la thématique des violences basées sur le genre (VBG) et des abus sexuels, le film, de par son approche artistique et intemporelle, transcende plusieurs générations, plusieurs cultures, plusieurs idéologies et aborde les VBG sous le prisme des réalités sociales et de la responsabilité humaine. Le film démontre que les VBG et les abus sexuels sont le fruit d’une faillite sociétale et porte le message d’une action collective et responsable, « Agir avant que les victimes ne réagissent », tout en montrant une nouvelle voie portée vers plus d’actions concrètes en matière de lutte contre les abus.

Le budget global du film s’élève à 70 millions, intégrant les frais de développement, de production, de post-production et la promotion, ainsi que le financement de la tournée nationale pour des projections gratuites. 20 millions est le nombre estimé des personnes qui seront touchées par le film, à travers les diffusions en salles, sur les réseaux sociaux, dans les festivals et lors des projections grand public. Il est prévu 48 semaines de durée pour la tournée dans tous les quartiers du District de Bamako et dans toutes les capitales régionales du pays avant la diffusion TV et sur les réseaux sociaux. Au regard du rythme accru de ses productions, Fousseyni Maiga a été incontestablement le réalisateur malien le plus actif au cours des cinq dernières années.

« Chitane » : Bientôt la sortie ?

Prévu pour représenter le Mali dans la catégorie des longs métrages lors de la 26ème édition du Fespaco, du 23 février au 2 mars 2019 à Ouagadougou, le film « Chitane », largement financé par le budget national du Mali, n’est toujours pas achevé. Sujet de nombreuses interrogations sur ce blocage, il en serait aujourd’hui au stade de la postproduction et ne devrait plus tarder à sortir.

Difficile d’en savoir plus sur les nombreux problèmes de financement qu’avait suscité « Chitane » par le passé, tant les voix autorisées au Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) restent silencieuses, par « devoir de réserve », nous a-t-on dit.

D’aucuns avaient évoqué une somme de 448 millions de FCFA qui aurait été débloquée par le ministère de la Culture mais n’aurait pas été utilisée à bon escient par l’ex-directeur du CNCM, ce qui aurait  considérablement retardé la finalisation du film bien avant le début du Fespaco.

À en croire des sources à la production technique du long métrage, le retard accusé est en fait dû à plusieurs raisons et le blocage réside aujourd’hui essentiellement au niveau de la postproduction.

« Le retard est dû à beaucoup de manquements à plusieurs niveaux. Et tout d’abord au retard dans la motivation concernant l’effectivité du papiement des cachets », note Souleymane Konaté, monteur du film.  « Il y a eu tellement de problèmes d’argent autour de la production qu’à un certain moment l’équipe technique avait perdu toute confiance face au département concernant les payements », ajoute t-il.

À quand la sortie ?

« Tout est bouclé et un premier montage du film a été fait à Paris. Maintenant, nous espérons, avec le nouveau directeur du CNCM, trouver d’autres partenaires pour le financement afin de terminer la postproduction », explique Assane Kouyaté, le réalisateur, pour qui 4 à 5 semaines de travail de plus devraient suffire pour la mise au point finale de « Chitane ».

Les problèmes de payement des artistes et techniciens qui ont travaillé sur le film étant en passe d’être entièrement réglé par la nouvelle direction du CNCM, toutes les voix semblent désormais s’accorder sur un achèvement rapide de « Chitane », qui a déjà largement dépassé les délais de production normaux d’un long métrage.

« Je pense que si l’on s’y met maintenant avec tous les moyens matériels, le film pourrait être achevé dans les trois mois à venir, pour être présenté dans d’autres festivals. C’est juste une question de temps et de moyens techniques et financiers », estime Mohamed Lamine Touré, le cameraman.

Cinéma : De la relance des infrastructures

Avec l’essor de la piraterie, les salles de cinéma font grise mine. Seul le Magic Cinéma (Ex-Babemba) fait de la résistance. Afin de pallier à cette anomalie, plusieurs projets sont en cours pour la renaissance cinématographique au Mali.

Nostalgique, Ousmane Koné, grand fan de cinéma, se remémore sa jeunesse. Ce presque cinquantenaire tout en amertume regrette cette époque qu’il qualifie de « dorée ». En dépit d’un accès difficile, les places étant très limitées, Koné était un adepte des salles de cinéma. « Une vraie cacophonie régnait pour pouvoir accéder aux salles, mais c’était une passion. Je ne pouvais me passer des films hindous, de karatés ou d’actions comme Rambo, une programmation qui donnait envie », raconte-t-il.

Cette période semble aujourd’hui bien loin. Le Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) ne dispose que de six salles de cinéma à travers le pays. La Salle Elhilal de Medina Coura, les salles de cinéma de Kati, Mopti et San, le Meketan de Koulikoro et le Miérouba de Ségou. « La salle de MedinaCoura marche un peu, mais pour faire plus de recettes, nous accompagnons les films hindous, américains avec des productions classés X », confie, amer, Tièkoura Sangaré, gérant de salle. Cela fait plus d’une décennie que le Miérouba de Ségou n’attire plus grand nombre, les cinéphiles s’y font rares et la salle est désormais dévolue aux rencontres politiques, conférences et concerts assure Mamadou Sangaré, directeur général adjoint du CNCM.  Le Vox, le Rex, ABC ou encore le Lux à Bamako ont tout simplement disparus. Afin d’impulser la relance, le CNCM mise sur des opérateurs avec lesquels contracter un contrat de bail. « Nous avons une seule exigence, que l’opérateur mette au cœur de ses activités l’exploitation cinématographique », explique Mamadou Sangaré. La salle de Kati a déjà trouvé preneur et des travaux de réfection sont en cours.

Projets en perspective Pour faire face aux problèmes que connaissent les salles de cinéma au Mali, l’Etat a mis en place un fonds d’appui à l’industrie cinématographique est sur le point d’être finalisé. De plus, les deux rives du district de Bamako devraient bénéficier chacune d’un complexe cinématographie d’ici fin 2019. Le groupe Canal, quant à lui, prévoit d’étendre son projet Olympia au Mali. Ce dernier sera composé d’une salle de cinéma de 300 à 700 places et d’une salle de spectacle. « Nous sommes convaincus que le cinéma joue un rôle dans le développement de la culture et de l’art d’un pays » assure Moussa Thiemoko Dao, directeur général de Canal+ Mali.

FESPACO 2011 : « Da Monzon » en compétition

La biennale du cinéma africain se tient régulièrement dans la capitale burkinabé Ouagadougou. C’’est l’occasion beaucoup de faire connaitre et reconnaitre leurs œuvres sur la toile panafricaine et mondiale du cinéma. Le FESPACO 2011 regroupera cinéastes, réalisateurs, acteurs, jeunes talents, bref, toute la crème du cinéma africain du 26 février au 05 mars prochain. Le cinéma malien est très apprécié, ce qui fit son succès dans bon nombre de rencontres cinématographiques. Il est connu particulièrement grâce à  de célèbres cinéastes et réalisateurs tels Cheick Oumar Sissoko, Adama Drabo, Souleymane Cissé et bien d’autres. Le centre national de cinématographie du Mali (CNCM) existant depuis 2005, se donne pour tâche principale, la promotion du cinéma malien. Le directeur adjoint du centre et également réalisateur du film Da Monzon, Sidi Diabaté rappelle que depuis les indépendances, un service national de cinéma, rattaché à  l’époque au ministère de l’information. En 1977, il a été érigé en service central sous le nom de centre national de production cinématographique (CNPC). A la suite de la mise en œuvre de la loi instituant l’industrie du cinéma en 2005, que le CNCM verra le jour. « Nous sommes chargés de produire pour l’Etat, des films documentaires, des numéros d’actualités et des films de fiction long métrages et courts métrages» indique Sidi Diabaté. Pour l’année 2010, le CNCM a produit deux longs métrages qui sont notamment « Da Monzon », « Toile d’araignée » et un feuilleton de 52 épisodes « Les concessions » coproduit par le CNCM et trois pays de la sous région, le Burkina Faso, le Niger et le Togo. Le Mali en produira 40 épisodes et les 12 autres seront partagés entre le Niger, le Burkina Faso et le Togo. Le tournage devrait prendre fin en avril prochain et au plus tard au mois de juin, il sera sur le petit écran. En ce qui concerne « toile d’araignée », C’’est une adaptation du livre du même nom, de l’écrivain Ibrahima Ly. l’adaptation a été faite le réalisateur Ibrahima Touré. « Da Monzon » à  l’affiche Pour cette édition 2011 du FESPACO, le Mali aura un film en compétition dans la catégorie « long métrage ». C’’est le film « Da Monzon » du réalisateur Sidi Diabaté (aussi coscénariste) qui a été choisi. « Da Monzon » est une production exclusive CNCM, comme nous le précise l’auteur. Le tournage s’est déroulé entre 2008 et 2010 et la post-production s’est faite à  Copenhague. « Da Monzon » est un long métrage de fiction historique de 110 mn (1h50mn). Sidi Diabaté explique que « C’’est un film qui traite pour la première fois de l’histoire de Ségou. » Il explique que le casting des acteurs s’est imposé de lui-même au moment de l’écriture du scénario. « J’ai écrit l’histoire en pensant déjà  à  certaines personnes telles que Hélène Maimouna Diarra (Grand-mère), Abdoulaye Diabaté (Tiènetiguiba Danté), Amadou Kassogué dit Kass (chef des Tondjon). Heureusement ces trois personnages ont répondu à  notre appel. » Il aura fallu deux ans pour écrire le film qui retrace l’histoire du fabuleux roi de Ségou nommé Da Monzon. Aussi vavait la royauté à  cette époque, les mœurs, coutumes et traditions de l’empire ségovien, le rôle et la place du griot…Dans le film, figurent certes les grands acteurs du cinéma malien mais aussi de jeunes acteurs du conservatoire de Bamako et l’institut national des arts (INA). Sidi Diabaté explique que « nous avons fait un mélange de jeunes et vieux talents et nous ne sommes pas déçus du résultat». Il ne cache pas sa joie pour la sélection de son tout premier long métrage au FESPACO 2011. « Chaque réalisateur africain qui fait un film, rêve que celui-ci soit présenté au festival du film de Ouagadougou qui est le forum le plus important d’Afrique au sud du Sahara. Parce que C’’est le lieu o๠tous les grands hommes du cinéma mondial se rencontrent. Le jugement de ces gens-là  est très important pour nous. » Le rôle principal est joué par Namory Diabaté, sortant de l’INA en section théâtre. Da Monzon, C’’est une « grosse production » comme on n’en voit pas souvent au Mali. Le plateau de tournage enregistrait parfois plus de 400 personnes. Le tournage du film s’est fait à  Sékoro, Dougoukouna, Somonoso (Ségou) et 10% du tournage dans le Mandé, notamment à  Samalé ( à  2 km de Samagnana) et Sindala (à  2 km de Sibi). Ces lieux ont été choisis à  cause de leur topographie parce que comme l’indique Sidi Diabaté, le gros problème qui se pose aux films historiques aujourd’hui, C’’est la restitution du décor. « Nous n’avons pas les moyens de fabriquer des décors de cette taille et de cette complexité. Nous sommes obligés d’utiliser les décors naturels. l’urbanisation étant très rapide, la ville de Ségou ne ressemble plus à  celle des années 1800. » Donc, il y a eu la construction des sept vestibules du roi de Ségou Da Monzon à  Sékoro par le ministère de l’artisanat et du tourisme ainsi que la rénovation du quartier Somonoso.