URD – EDR : forces et faiblesses

L’un veut maintenir l’Union, l’autre, insuffler un nouvel Espoir avec la création d’un nouveau parti politique. Le divorce étant désormais acté entre les partisans de Gouagnon Coulibaly et ceux de Salikou Sanogo, que peuvent représenter les deux tendances ? Focus sur leurs atouts et handicaps.

Ce que l’on annonçait comme « inévitable » s’est produit : l’URD se scinde en deux. Le 20 mai dernier, Salikou Sanogo et ses partisans ont annoncé la création d’un nouvel appareil politique, Espoir pour la Démocratie et la République (EDR). En attendant son lancement officiel, les statuts et le règlement intérieur du parti ont déjà été adoptés. Les logo et nom également. Irréconciliables, les deux tendances doivent désormais faire cavalier seul sur l’échiquier politique. Quels sont les forces et faiblesses de chacune ?

Prenons Gouagnon Coulibaly en premier. L’ancien député de Kati conserve l’URD, vieux parti de 20 ans dont le nom est très connu sur l’ensemble du territoire malien. Une des raisons pour laquelle plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats aux élections à venir jouent encore la carte de la prudence.

« Tout ceux qui espèrent un poste électif vont vouloir consulter leurs sections avant de faire un choix. En plus, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau national. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont officiellement quitté le parti de la Poignée de mains.

Financièrement aussi, le camp Gouagnon pourrait s’en sortir. Plusieurs grands bailleurs de fonds lui sont restés fidèles, notamment Sékou Abdoul Kadri Cissé, oncle maternel de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Ancien député de Djenné et voix influente à l’URD, selon une source interne, il était du temps de Soumaïla Cissé l’un des principaux bailleurs de la formation politique. Boubou Cissé lui-même, ainsi que l’ancien ministre de l’Économie Mamadou Igor Diarra, sont du côté de Gouagnon Coulibaly et représentent des bailleurs potentiels pour son camp.

Capacités

Autre atout pour la tendance Gouagnon, elle est soutenue par de nombreux cadres du parti qui ont une forte capacité de mobilisation. Au nombre desquels le 5ème Vice-président, Amadou Cissé dit Djadjiri, qui jouit d’une grande popularité, principalement dans la zone de Ténenkou, ou encore Abdrahamane Diarra. Longtemps Président de la Jeunesse de l’URD, ce dernier est en mesure de mobiliser les jeunes militants. Tout comme l’expert en communication Racine Thiam, qui s’est également engagé auprès de l’actuel Président de l’URD.

Le camp Gouagnon a toutefois des faiblesses, dont certaines pourraient sérieusement l’impacter. Il ne semble pas bénéficier du soutien de la famille de l’ancien Chef de file l’Opposition du Mali, bien que ses militants se réclament « héritiers de feu Soumaïla Cissé » animés d’une volonté de « perpétuer ses idéaux ». Sans se prononcer publiquement, sa veuve, Mme Cissé Astan Traoré, s’est plusieurs fois affichée aux côtés du camp Salikou Sanogo, notamment le 20 mai, lors de l’annonce de la création de l’EDR. Des nostalgiques de Soumaïla Cissé s’indignent contre le camp Gouagnon Coulibaly, qu’ils accusent « de vendre l’URD au plus offrant ». Certains d’entre eux ne digèrent toujours pas l’adhésion à l’URD de Boubou Cissé, qui a été partisan du pouvoir d’IBK qu’ils ont combattus.

Ténors

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. De son côté, la grande force du camp Salikou Sanogo est bien évidement la famille de Soumaïla Cissé. « Sa femme est présidente d’honneur du nouveau parti EDR et l’un de ses enfants est Secrétaire national chargé des Maliens de l’Extérieur dans le Directoire provisoire. Aujourd’hui, personne ne peut revendiquer le nom de Soumaïla Cissé plus que sa femme et ses enfants », estimait dans Journal du Mali (N°424) Nouhoum Togo, un ancien très proche du défunt politicien. La tendance Salikou Sanogo peut se targuer en plus de bénéficier de l’accompagnement de plusieurs ténors de longue date de l’URD, dont Daouda Touré, membre fondateur et Secrétaire général du parti, ou encore de l’éloquent avocat Me Demba Traoré, à l’URD depuis 2007. Mais la faiblesse du camp Salikou Sanogo réside aussi dans sa force. « La plupart de ces anciens ténors sont des vieux du parti qui ne pèsent plus lourd au niveau de leur base et ne possèdent pas de fonds conséquents pour financer une campagne électorale », signale un membre du BN. Incapables de rester ensemble, les deux camps doivent à présent batailler dur l’un sans l’autre, avec leurs forces et faiblesses respectives, pour peser sur la scène politique malienne.

URD : Gouagnon Coulibaly confirmé président

La Cour Suprême du Mali a confirmé ce mercredi 12 avril Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD. Fin d’un feuilleton judiciaire qui aura duré plus d’une année entre les héritiers de feu Soumaila Cissé, l’ex-chef de file de l’opposition disparu le 25 décembre 2020. 

C’était attendu depuis plusieurs mois. Le verdict final dans le litige opposant M. Gouagnon Coulibaly au Pr. Salikou Sanogo pour la prise en main de l’Union pour la République et la démocratie (URD)  est tombé hier mercredi.

La Cour Suprême, délibérant publiquement et contradictoirement en son audience de ce 12 avril 2023, a rejeté le pourvoi en cassation introduit par le Professeur Salikou Sanogo  contre l’arrêt du 07 septembre 2022 de la cour d’appel de Bamako.

Pour rappel, cet arrêt confirmait le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD.

En conséquence, ce rejet de la Cour suprême valide toutes les dispositions de l’arrêt  du 7 septembre 2022 qui avait confirmé la légalité et la légitimité de l’élection de M. Gouagnon Coulibaly en qualité de Président de l’URD.

Mais cette confirmation de l’ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé à la tête de l’URD continue de diviser le parti de la poignée de mains. «  Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaila Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu cher parti. Dieu, que je t’ai bien aimé », a indiqué Moussa Seye Diallo, Secrétaire-adjoint à la communication du parti, proche du Professeur Salikou Sanogo.

Selon une source au sein de ce camp, une réunion devrait se tenir en fin de semaine suivie d’une Conférence de presse dans la foulée pour expliquer leur position par rapport au dernier développement du différend qui secoue le parti depuis le décès de Soumaila Cissé.

De son côté, Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse du parti, proche de Gouagnon Coulibaly  a réagi en rappelant le caractère démocratique de l’URD. « Un parti politique est et demeure l’association d’hommes et de femmes ayant une convergence de vue. Sa conduite obéit à la volonté de la majorité de ses membres. L’Union pour la République et la Démocratie (URD), notre parti est démocratique. Sous le leadership de son président Gouagnon Coulibaly nous ne comptons pas déroger à cette règle fondamentale », a-t-il répliqué.

 

 

 

 

URD : un an après la disparition de Soumaïla Cissé, l’unité fragilisée

Le 25 décembre 2020, l’URD perdait son Président, Soumaïla Cissé. Un an après, le parti, déchiré par des guerres de positionnement, peine toujours à lui trouver un successeur. Et l’unité et la cohésion au sein de la formation politique de l’ancien Chef de file de l’opposition en souffrent.

Le 18 décembre dernier, la famille de Soumaïla Cissé lançait une fondation à son nom. La structure caritative, qui va soutenir l’accès à l’eau et l’excellence, a été créée pour entretenir la mémoire de l’homme politique. Cependant, elle ne suffira pas à rappeler des valeurs importantes pour Soumaïla Cissé, l’unité et la cohésion qu’il incarnait au sein de l’URD, envolées après son décès.

Aujourd’hui, le parti bouillonne sur deux choix, celui du candidat à la présidentielle et celui du successeur du défunt président.

Pour la présidentielle, une dizaine de candidatures, toutes portées par leurs « clans », ont été enregistrées par le Secrétariat général de la formation politique. « Un candidat s’est retiré de la course pour préserver l’esprit de cohésion », nous a dit une source.

En outre, une grande majorité des cadres de l’URD demande la tenue d’un Congrès extraordinaire afin d’élire un nouveau président. Certains membres, proches de l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, se sont même regroupés en « Collectif pour la sauvegarde de l’URD (CPS-URD) » qui exige, à travers une pétition, la tenue d’un congrès extraordinaire avant toute désignation du futur porte-étendard du parti à la prochaine présidentielle. L’ex-Premier ministre d’IBK a officiellement rejoint le parti en juin 2021 en tant que secrétaire aux questions économiques de la section URD de Djenné. 

Selon une source, seul Me Demba Traoré, également en lice pour être candidat à la présidentielle, serait du côté du Pr. Salikou Sanogo, le 1er Vice-président, qui assure l’intérim. Selon certaines sources, la famille de Soumaila Cissé, qui se tenait à l’écart au début, est en train de se manifester. Sa veuve soutiendrait Me Demba Traoré, qui a rejoint l’URD en 2007 après avoir quitté le CNID dont il fut député et verrait en lui le successeur de son défunt époux, ce qui n’est pas du goût de beaucoup. Selon eux, choisir l’avocat serait synonyme de défaite future.

Contrôle du parti

Pour le Secrétaire général de l’URD, ces bisbilles sont normales au regard du vide laissé par le décès du Président. « Après le départ d’un homme comme Soumaila, il est tout à fait normal qu’il y ait de tels soubresauts, que nous sommes justement en train de gérer au mieux pour préserver le parti », explique Daouda Touré. « Tout le monde s’attendait à ce que ce soit difficile. Chacun pense que c’est son tour, les ambitions émergent», renchérit Houssey N’douré, un proche de la famille de Soumaïla Cissé.

Cependant, le Secrétaire général n’écarte pas « des velléités de contrôle du parti » de la part de certains membres et exclut toute idée de Congrès extraordinaire. « Il y a des camarades qui veulent ce Congrès extraordinaire pour élire quelqu’un à la tête du parti. Nous avons 27 Vice-présidents pour cette transition, pas besoin d’élire quelqu’un. La priorité, c’est le choix du candidat de l’URD pour la présidentielle à venir. Y ajouter un problème de succession à la tête du parti participe vraiment de l’aggravation de la situation ».

Le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, appelle à l’unité et se veut confiant quant à l’issue de la situation. « Si nous perdons l’unité, nous perdrons tout. Aujourd’hui, l’esprit d’unité avance. Continuons à le cultiver. Nous sommes tous des héritiers de Soumaïla Cissé et, si Dieu le veut, le parti va avancer ».

Mopti : L’URD prône l’union lors de sa conférence régionale

L’Union pour la République et la démocratie (URD) a tenu, samedi 7 août, sa conférence régionale de Mopti. Les militants ont rendu hommage à Soumaïla Cissé et appelé à plus d’union face à la polémique qui sévit dans le parti quant au nom du futur candidat à l’élection présidentielle.

Après la brutale disparition de Soumaïla Cissé, qui sera le futur porte-étendard de l’URD à la présidentielle de 2022 ? C’est la question qui taraude tous les esprits et qui a fait installer un semblant climat de discorde et de polémique à l’URD. Les récentes adhésions au parti de Boubou Cissé ainsi que de Mamadou Igor Diarra font planer la suspicion d’une probable candidature de l’un des deux à la présidentielle prochaine, mal perçue par certains qui voudrait voir un  militant de la première heure porter les couleurs du parti. Et c’est face à cette polémique que les cadres du parti ont tous appelé à l’union à Mopti lors de la conférence régionale afin de resserrer les rangs pour les élections générales à venir. « Je me dois de vous dire qu’un débat anachronique s’est installé autour du candidat prochain du parti à la présidentielle. Nous regrettons les propos désobligeants dont ont été victimes certains sur de simples insinuations et de procès d’intention. Des propos condamnables. C’est l’occasion de vous informer qu’au sein de l’URD, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation de candidature à la présidentielle et qu’à cet instant précis, le processus n’a pas encore été enclenché. Arrêtons les  polémiques vaines. L’intérêt de chaque militant dépend de l’unité du parti », a conseillé le Pr.Salikou Sanogo.

Le vice-président du parti a également rendu hommage à Soumaïla Cissé et rappelé une de ces citations invitant à la cohésion au sein du parti. « De beaux jours sont devant nous à condition que nous sachions préserver les acquis. Permettez-moi de vous rappeler ce propos de Soumaïla Cissé qui semble s’adresser à nous aujourd’hui. « N’ayons aucun doute sur le fait que l’attraction actuelle pour notre parti vient de l’image d’union avec laquelle il rayonne aux yeux des populations. Si nous perdons cet appel, nous perdrons et nous ferons perdre les Maliens. S’il vous plaît, arrêtons les polémiques vaines. Faisons en sorte que chaque militante et chaque militant sache que son propre avenir dépend de l’unité du parti. Combattons la discorde comme un mal commun, qui  viendrait décimer la maison commune », a-t-il poursuivi.

Boubou Cissé acclamé

La salle de spectacle Sory Bamba a acclamé Boubou Cissé présent à la conférence régionale. L’ancien Premier ministre, qui a adhéré au parti à la section de Djenné, a été distingué citoyen d’honneur de la commune urbaine de Mopti. « Merci Boubou Cissé d’avoir choisi le parti de ta famille, l’URD. Bienvenue chez toi camarade secrétaire chargé des questions économiques de Djenné », a félicité Amadou Cissé, président de la fédération régionale URD de Mopti.

Boubou Cissé qui a rendu hommage à Soumaïla Cissé a également appelé à l’union et à la cohésion. « En ce jour important de notre fédération et de notre parti, je veux penser à nos défunts. J’ai une pensée toute particulière pour Soumaïla Cissé. Je rends hommage à l’illustre disparu, à l’âme qu’il a donnée au parti et au leadership qu’il a incarné au sein de l’URD. Durant des années, Soumaïla a travaillé à vivifier cette union, il l’a dynamisée et a veillé à ce que chaque militant incarne l’union pour la République et la démocratie », a t-il rappelé.

L’ancien cadre de la Banque mondiale a aussi expliqué aux militants la cause de son adhésion à l’URD. « L’URD est un parti politique où on peut discuter. En outre, sa philosophie et ses directives politiques s’accordent avec mes convictions. C’est aussi un parti politique où militent des hommes et des femmes dont je suis proche, à commencer par son fondateur Soumaïla Cissé, il m’a conseillé et même parfois grondé, mais toujours avec bienveillance. Il y a aussi des membres de ma famille qui sont des militants de premières heures. L’URD est enfin un parti d’ouverture et d’engagement. Voilà quelques raisons qui m’ont poussé à adhérer à l’URD, ma famille politique, ma famille tout court. L’URD est une chance pour le Mali », a-t-il expliqué.

Selon nos informations, un travail de de conciliation est en cours afin de mettre les militants d’accord sur le nom du futur candidat de l’URD à la présidentielle.

Pr. Salikou Sanogo : « Nous avons l’obligation d’honorer la mémoire de Soumaïla Cissé »

Le 1er Vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), le Pr. Salikou Sanogo, livre sa pensée sur l’actualité politique et la vie de son parti, trois mois après la disparition de son fondateur, Soumaïla Cissé.

Trois mois après la disparition de Soumaïla Cissé, comment va l’URD ?

La disparition subite de notre Président, Soumaïla Cissé, a constitué un choc terrible pour l’URD. Quand vous avez un dirigeant de cette envergure, qui a bâti pendant des années la maison URD, et que cette personne disparaît, cela est source de désarroi pour les militants. Beaucoup sont désorientés et se posent des questions quant à l’avenir du parti. Saura-t-il résister à la disparition de son leader ? Après le deuil, nous avons demandé aux militants de reprendre les activités avec courage. Nous avons l’obligation morale et politique d’honorer la mémoire de Soumaïla Cissé. Ce n’est pas pour rien que nous avons comme slogan « La force montante ».

En 2018 vous avez été deuxième de l’élection présidentielle. Avec la disparition de Soumaïla Cissé, pensez-vous pouvoir conserver ce rang ou faire mieux  lors de la présidentielle 2022?

En 2018, nous avons été officiellement deuxièmes, mais nous pensons que nous étions les premiers et nous l’avons démontré. Notre ambition est naturellement de faire mieux, de relever les défis et de faire honneur à la mémoire de Soumaïla Cissé.  Nous allons participer à toutes les élections. Et j’ai dit l’autre jour à nos militants à Ségou que toutes les élections sont à gagner.

Qui sera le candidat de l’URD à la présidentielle prochaine ?

Nous avons des procédures. Pour le moment, on ne peut pas préjuger de celui qui sera le candidat du parti.

Des informations selon lesquelles l’ancien Premier ministre Boubou Cissé serait le candidat de l’URD à la présidentielle de 2022 font de plus en plus la Une de certains médias. Cela est-il est possible ?

Pour le moment, nous n’avons pas choisi de candidat. Nous en aurons quand même un. Nous avons des procédures et, d’après nos textes, ce candidat doit être un militant de l’URD. Nous allons respecter nos procédures.

Mamadou Igor Diarra a-t-il adhéré à l’URD sous conditions ?

Il n’y a pas eu de conditions préalables. Nous avons rencontré le parti de Mamadou Igor Diarra, qui en est le Président d’honneur. Nous avons enregistré la volonté de son parti de se joindre à l’URD et nous avons accepté, compte tenu de notre philosophie de rassemblement.

Abdrahamane Diarra : « Les portes de l’URD restent grandes ouvertes »

L’Union pour la République et la Démocratie (URD) s’est remis dans le sens de la marche après la disparition, il y a près de 3 mois de son leader Soumaïla Cissé. En quête de son prochain porte-étendard, le parti de la poignée de mains cristallise les attentions. Dans cet entretien, Abdrahamane Diarra, Président de son mouvement national des jeunes se prononce sur l’avenir de la formation politique.

Comment se porte le parti URD aujourd’hui ?

Le parti se relève du choc du départ brutal de son Président feu Soumaïla CISSÉ. Les responsables et les militants ont pris l’engagement d’honorer la mémoire de feu Soumaila Cissé par des victoires éclatantes aux élections prochaines. Donc je vous informe que le parti se porte très bien.

Qu´en est-il des activités du parti depuis la tenue de la première réunion post-Soumaïla  le 9 février 2021?

Le parti a repris normalement ses activités politiques comme instruit par son 1er vice-président le Pr Salikou Sanogo lors de la réunion du 09 février 2021. Comme vous avez dû le constater vous-même, depuis quelques semaines les rencontres populaires du parti se multiplient à l’intérieur du pays et dans le district de Bamako. Des rencontres qui ont également servi de cadre pour enregistrer de nombreuses adhésions de qualités. D’ailleurs je profite de cette occasion pour vous informer que mon bureau, celui du Mouvement National des Jeunes de l’URD se rendra dans les régions les jours à venir pour aller à la rencontre des militants. Donc nous menons toutes ces activités pour mieux préparer les victoires futures du parti.

Le Pr. Salikou Sanogo avait annoncé lors de cette réunion  la mise en place d´une commission auprès du Secrétariat Général du parti pour se pencher sur les enjeux et questions concernant la vie du parti. Où en est cette commission ?

C’est plutôt quatre (04) commissions. Elles ont été mises en place et elles travaillent, elles déposeront leurs rapports sur la table de la direction du parti dans les jours à venir.

Le prochain congrès ordinaire du parti doit se tenir en 2024. Mais avec le contexte actuel, est-ce qu’un congrès extraordinaire pour une réorganisation est envisagé?

Vous savez à l’URD la démocratie est une réalité, il appartiendra au parti de faire un tel choix, et auquel cas ce ne serait pas un secret et l’opinion sera informée. Entre deux congrès le parti organise une conférence nationale chaque année qui statue sur les urgences.

Le parti a enregistré l´adhésion de Mamadou Igor Diarra et de son mouvement, « Mali En Action ». Cette adhésion présage t-elle d´une candidature de ce dernier pour porter l´étendard de l´URD?

Je salue l’initiative de Mamadou Igor Diarra et de son mouvement politique d’adhérer au parti, ainsi que les nombreuses autres adhésions et je leur souhaite la bienvenue à l’URD. En ajoutant qu’à l’URD il n’y a pas d’anciens et de nouveaux militants, il y a tout simplement militants URD. Les portes restent grande ouvertes pour accueillir toutes les énergies positives qui souhaitent intégrer la famille. Mamadou Igor Diarra et le MEA  ont précisé qu’ils adhéraient sans conditions, pour le reste je vous invite à la patience, seul Dieu sait l’avenir.

Concernant justement le candidat du parti à la prochaine présidentielle, des noms circulent. Par quel mécanisme, l´URD désignera-t-il ce candidat ?

Le choix des candidats aux élections, qu’elles soient présidentielles, législatives et autres respectent un processus qui est prévu et encadré par les textes du parti. Au moment opportun l’opinion sera suffisamment édifiée.

De nouvelles alliances en vue?                                                                       

Pourquoi pas ? Notre parti a toujours privilégié le dialogue, et il est en de bons termes avec l’ensemble de la  classe politique.

 

Mali – URD : La perpétuelle quête de la première place

Crée en juin 2003 par des militants dissidents de l’Adema, à la suite des élections de 2002, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) anime aux premiers rangs la vie politique malienne depuis près de deux décennies. Retour sur quelques temps forts qui ont jalonné la vie du parti, de sa création au décès de Soumaïla Cissé.

« Le parti (Adema, ndlr) avait choisi Soumaïla Cissé comme candidat. Cela avait été fait dans les règles de l’art. Mais, au moment d’aller aux élections, nous avons vu qu’il y avait des camarades de l’Adema qui ont préféré aller soutenir un autre candidat, majoritairement d’ailleurs au niveau du Bureau exécutif national. Nous avons alors décidé de quitter l’alliance et de créer notre propre parti », explique Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, ancienne 4ème Vice-présidente de l’URD.

Le nouveau parti se fixait comme objectif l’émergence d’une société de paix, de liberté, d’égalité, de justice, de travail et de solidarité. Plusieurs autres partis politiques ayant les mêmes objectifs et mus par la même philosophie politique le rejoignent.

Lors des toutes premières  élections auxquelles il participe neuf mois après sa création l’URD arrive en deuxième position lors des communales de 2004, avec 1 636 conseillers communaux élus. Le parti confirme son statut aux élections législatives 3 ans plus tard en 2007 avec 34 députés élus à l’Assemblée nationale.

Deux plus tard, aux élections municipales de 2009, l’URD grimpe à 2 173 conseillers municipaux, mais en 2013, lors des législatives, seuls 17 députés sont élus pour le parti de la Poignée de mains, qui conserve toutefois sa place de 2ème force politique du pays derrière le RPM.

Soumaila Cissé est investi candidat de l’URD en juin 2013 pour la présidentielle, après l’avoir été dans un premier temps pour celle avortée de 2012, suite au coup d’État du 22 mars. Il se hisse au second tour mais est battu par Ibrahim Boubacar Keita, dont il reconnaitra la victoire le 12 août 2013, avant même la proclamation officielle des résultats.

En 2014, au troisième congrès ordinaire du parti, Soumaïla Cissé est élu Président et succède à  Younoussi Touré, qui dirigeait l’URD depuis sa création, en 2003. En 2018, il participe de nouveau à l’élection présidentielle et arrive encore en 2ème position.

L’URD traversera des moments difficiles en 2020, suite à l’enlèvement de son président, retenu en otage pendant plus de six mois par des djihadistes. Libéré le 8 octobre, il décèdera moins de 3 mois après, le 25 décembre 2020.

La période de deuil observée, le parti a repris ses activités politiques en février 2021 pour parachever le combat de son regretté leader.

Mali – URD : Quel porte-étendard après Soumaïla Cissé ?

Près de 3 mois après le décès de son leader, Soumaïla Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) se remet en marche pour « perpétuer son combat » et honorer sa mémoire. Après la période de deuil, le parti a relancé ses activités politiques avec une première réunion du Bureau exécutif national, début février. Même si la procédure de sélection d’un candidat à la prochaine présidentielle n’est pas encore enclenchée, toutes les attentions se cristallisent sur ce parti, 3ème  force politique du pays en mal  de leader incontesté. Entre les compagnons de longue date de Soumaïla Cissé à l’URD et certaines personnalités politiques en quête de soutien dans la course à Koulouba, la « bataille » de la succession de l’ex-chef de file de l’opposition s’annonce âpre.

 À 12 mois de l’élection présidentielle qui devrait mettre fin à la transition, l’URD est toujours sous le choc de la disparition de Soumaïla Cissé. Mais ce choc « propulse » le parti, qui est en phase de « reprise en main » pour aller vers l’avant. Une marche en avant dont le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, qui assure l’intérim à la tête du parti, a rappelé aux militants la nécessité, lors de la réunion du Bureau exécutif national du 9 février 2021. « N’oublions jamais que c’est ensemble, en acceptant d’autres, que nous pouvons perpétuer le combat de notre défunt président afin d’honorer sa mémoire », avait-il affirmé, appelant à « aller à la rencontre de plus de Maliens encore, plus de groupements de Maliens ». Si le parti peut en effet se réjouir d’avoir suscité ces dernières semaines de nombreuses adhésions, dont la plus notable est celle de l’ancien ministre de l’Économie et candidat à la présidentielle de 2018, Mamadou Igor Diarra, le 6 février dernier, il reste tout aussi confronté à la gestion de l’après-Soumaïla.

 Reprendre le flambeau

Au sein de l’URD, malgré des craintes, on affirme que la succession de l’ancien président de l’UEMOA ne posera pas de problèmes puisque les textes règlent la question et que, conformément à ces textes, le porte-étendard sera désigné au moment opportun. « Les gens doivent savoir que l’une des forces de l’URD est son collectif. Nous travaillons tous ensemble, nous formons une équipe et nous voulons gagner ensemble. C’est ce crédo qui anime tous les responsables et militants de l’URD et qui fait en réalité notre force », affirme Demba Traoré, Secrétaire à la communication du parti. « Soumaïla était le candidat naturel. Mais il a toujours été désigné suivant une procédure. Ce sont les sections qui désignent leur candidat et leur choix se portait sur lui. Cela a toujours été respecté. Soumaïla n’étant plus, la procédure est là et elle sera suivie. Les candidats vont se présenter dans les sections et un collège désignera, en fonction du choix des sections, celui qui sera le candidat de l’URD », renchérit Moussa Seye Diallo, son adjoint.

Parmi les noms évoqués en interne, ceux de l’actuel Président par intérim, le Professeur Salikou Sanogo, 77 ans, d’Ibrahim N’diaye, 72 ans et 2ème Vice-Président, tous deux anciens ministres, mais dont l’âge est un handicap dans une élection ouverte où la nouvelle génération compte bien s’imposer. De là à imaginer Bocar Cissé, fils aîné de feu Soumaïla, porter les couleurs du parti ? Ce dernier, quadragénaire et cadre de banque, a démenti l’information selon notre confrère Jeune Afrique. Quant à l’avocat Demba Traoré, qui fut ministre pendant la transition de 2012 et député, il indique avoir toujours joué collectif. « J’ai occupé de hautes fonctions dans ce pays. A chacune de ces occasions j’ai été proposé par mes camarades politiques. Pour moi c’est cela le plus important. Je ne me suis jamais porté candidat à quoi que ce soit, alors que j’en ai le droit. Aujourd’hui je peux vous affirmer que je n’ai dit quoi que ce ne soit à personne par rapport à une éventuelle candidature pour présider le parti ou quelque chose d’autre », déclare sans ambages celui qui ne souhaite pas que le débat soit focalisé sur les personnes. « C’est ensemble que nous pouvons aller à Koulouba. Je veux m’appesantir sur l’existant. Et en termes de candidature, la procédure que le parti prévoit n’est pas encore enclenchée », ajoute t-il.

À ces potentiels prétendants internes est venu s’ajouter Mamadou Igor Diarra, suite à son adhésion à l’URD et la fusion avec le mouvement politique qui avait porté sa candidature en 2018, Mali En Action. Une adhésion « sans conditions » et « entamée bien avant le décès de Soumaïla Cissé », mais qui suscite toutefois beaucoup d’interrogations, même si pour les responsables actuels de l’URD elle ne fait pas de facto de l’ancien ministre de l’Économie, 54 ans et dirigeant du Groupe BOA Bank, le futur porte-étendard du parti. « Maintenant qu’il est membre de l’URD, s’il veut être candidat du parti, il va devoir suivre la procédure. Chez nous, il n’y a pas de nouveaux ni d’anciens adhérents »,  confie Moussa Seye Diallo.

« L’adhésion de Mamadou Igor Diarra n’indique quand même pas qu’il prendra la tête de l’URD. À l’interne, beaucoup de personnes estiment qu’àprès Soumaïla cela devrait être leur tour. Il va donc être très difficile qu’Igor vienne et d’un coup de baguette magique, prenne les rênes. Mais je sais qu’en adhérant à l’URD il n’est pas seulement dans une optique de renforcement du parti. Il a aussi des ambitions personnelles à faire prévaloir », souligne pour sa part l’analyste politique Salia Samaké.

 Le salut par l’extérieur ?

D’autres personnalités externes à l’URD, qui ne possèdent pas d’appareil politique  capable de les mener vers Koulouba en 2022, tenteraient de s’appuyer sur le parti de l’ex-chef de file de l’opposition, implanté à travers tout le territoire et disposant d’un important stock d’élus et de relais locaux. .

Le PDG de Cira Holding SAS, Seydou Mamadou Coulibaly, 56 ans, récemment porté à la tête d’un mouvement aux fins de conquête du pouvoir, Benkan – le pacte citoyen, est en quête d’une base politique solide. Même s’il est aussi annoncé du côté de l’Adema, il serait en discussion avec certains cadres de l’URD et se serait rendu au domicile de Madame Cissé Astan Traoré, veuve de Soumaïla Cissé.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, 47 ans, à qui certains prêtent une ambition présidentielle, pourrait obtenir le soutien d’une frange du parti, dont sont issus plusieurs membres de sa famille, notamment son oncle Sékou Cissé, influent député élu à Djenné pendant plusieurs législatures. « Bien qu’ancien PM d’IBK, il a toujours respecté l’opposition et Soumaïla Cissé, dont il s’est battu pour obtenir la libération », affirme un cadre de la Primature.

Ces potentiels futurs candidats auraient d’ailleurs plus de chances de porter les couleurs du parti à la prochaine présidentielle, selon les confidences sous anonymat d’une source interne. « Aucun membre du bureau actuel ne pourra être candidat et supporter les frais qui vont avec. C’est pourquoi les personnalités avec de gros moyens financiers ont le plus de chances de porter son étendard ». Selon Salia Samaké, «parmi les têtes présentes actuellement à l’URD, il sera très difficile d’avoir un représentant qui puisse porter l’étendard et obtenir l’adhésion populaire comme Soumaïla. Mais, avec une analyse poussée, on se rend compte que l’opportunité de personnalités externes peut aider le parti à trouver le cheval sur lequel miser », pense également Salia Samaké. Toutefois, l’analyste politique estime que ce sont ces personnalités qui ont besoin de l’URD pour atteindre leur objectif, et non le contraire.

« Ils se disent qu’en termes de poids politique l’URD est un parti assez représentatif. Il est plus facile pour quelqu’un qui a les moyens, en adhérant aujourd’hui à l’URD, de tirer la machine et d’aller de l’avant plutôt que de commencer par un parti qui n’est pas bien implanté. Toutes les personnes à l’affut savent que les difficultés de succession de Soumaïla leur offrent une opportunité pour essayer de gagner de la place. La porte est ouverte à ce niveau », soutient-il.

Soumaila Cissé : le Mali lui a fait ses adieux

Soumaïla Cissé repose désormais au cimetière de Sogoniko, à Bamako. Décédé le 25 décembre dernier à Paris, l’ancien député et chef de fil de l’opposition a été inhumé ce 1er janvier 2021, après une cérémonie funéraire tenue au palais de la culture Hamadou Hampaté Ba.

Plusieurs personnalités politiques dont le Premier ministre Moctar Ouane et des anciens Premiers ministres du Mali, des chefs de partis politiques, des membres du corps diplomatique, des autorités religieuses, des délégations venues de l’étranger entre autres ont assisté à ces funérailles, aux côtés de la famille et de nombreux militants et sympathisants de l’URD.

Au pupitre se sont succédés divers témoignages et hommages sur la vie de l’illustre disparu, celui-là même qui, deux mois et treize  jours plutôt était libéré des mains des djihadistes qui le tenait en captivité depuis six mois.

« Tu as survécu à cet enlèvement si long et si pénible. Nous nous sommes battus becs et ongles pour ta libération. Tu nous es revenu six mois et treize jours après. Comment pouvions-nous imaginer que tu allais nous quitter juste quelques temps après ? Comme si u étais revenu juste pour faire tes adieux », s’attriste Bocar Cissé, son fils ainé.

« Papa a aimé le Mali, il a aimé les Maliens et les Maliens l’ont aimé en retour », soupire celui pour lequel  le meilleur hommage est de « continuer la réalisation de ton idéal avec le même état d’esprit, dans l’unité et la cohésion ».

Pour le président de la jeunesse de l’URD, Abdrahamane Diarra, « Soumaila Cissé était un travailleur acharné, distinct, méthodique, intelligent et très humble, qui croyait en l’union et aux vertus de la démocratie ».

C’est pourquoi il a exprimé l’engament  « sincère » de la jeunesse URD « d’honorer et de perpétuer la mémoire et l’œuvre de celui qu’il décrit comme « l’absent le plus présent ».

« Pour nous, ta disparition sera une formidable leçon de vie. En tout et pour tout, nous ferons tout pour te ressembler », promet-il.

Né le 20 décembre 1949 à Tombouctou, Soumaïla Cissé aura marqué pendant une trentaine d’année la vie politique malienne. Trois fois finalistes malheureux des élections Présidentielles, en 2002, 2013 et 2018, il était considéré par plusieurs analystes politiques comme le favori des prochaines échéances électorales à la fin de la transition en 2022.

Mais, comme le regrette Bocary Tréta, président du RPM, il s’en est allé  au moment où le Mali pouvait compter sur sa capacité de proposition.

Mali – Soumaila Cissé : la dépouille attendue à Bamako ce jeudi, les obsèques se tiendront le 1er janvier 2021

La dépouille de Soumaila Cissé, décédé le 25 décembre dernier à Paris de la Covid-19 est attendue à Bamako ce jeudi 31 décembre. Les obsèques de l’homme politique auront lieu le vendredi 1er janvier 2021 au palais de la Culture Amadou Hampaté Bah.  Quelques heures après le décès, les autorités de la transition avaient annoncé prendre en charge les opérations de rapatriement de la dépouille mortelle, une offre acceptée selon le gouvernement par la famille du défunt.

Né à Tombouctou, ingénieur-informaticien de formation, Soumaïla Cissé avait étudié au Sénégal et en France puis travaillé dans de grands groupes tels qu’IBM, Péchiney ou Thomson, avant de rentrer au Mali. Figure de la vie politique dans son pays depuis le début des années 1990, président de l’Union pour la République et la démocratie, Soumaïla Cissé avait été enlevé par des jihadistes le 25 mars 2020 dans la circonscription électorale de Niafunké (région de Tombouctou) alors qu’il était en campagne pour les législatives.

Après plus de six mois en captivité, il avait été libéré en octobre, notamment avec l’otage française Sophie Pétronin.

Depuis 2002, Soumaïla Cissé avait à plusieurs reprise tenté d’accéder à la présidence malienne, arrivant deuxième de l’élection à trois reprises. Aux scrutins de 2013 et 2018, il s’était incliné face à Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par des militaires.

Mali : Soumaila Cissé libéré

Enlevé depuis le 25 mars dernier dans le nord, alors qu’il était en campagne pour les législatives, Soumaila Cissé a été libéré ce jeudi 8 octobre 2020.

Un communiqué signé du président de la cellule de crise, Ousmane Issoufi Maiga précise que la libération a été obtenue grâce aux efforts conjugués des services de renseignement, des forces armées et de sécurité, des partenaires du Mali et de la cellule de crise. Alors que l’enlèvement n’avait pas été revendiqué, le communiqué révèle qu’elle était l’œuvre de filiales du groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM). Trois autres ex-otages dont Sophie Petronin ont également été libérés.

Six long mois

À la tête d’une délégation de 16 personnes, comprenant des membres de son parti et se rendant à Koumaira, dans la région de Tombouctou, Soumaila Cissé et ses accompagnants seront attaqués le 25 mars 2020 entre 16h et 17h par des hommes armés, qui les ont kidnappés.

Un groupe de cinq personnes, comprenant deux blessés par balles ainsi que la dépouille du garde du corps de Soumaila Cissé, sera  libéré quelques jours plus tard. Par la suite, dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 avril 2020, huit autres compagnons de Soumaila Cissé recouvreront la liberté.

Quant au maire URD de Koumaira, lui aussi kidnappé dans sa tentative d’établissement de liens avec les ravisseurs, il sera libéré le dimanche 10 mai 2020 sans avoir vu, ni parlé avec, Soumaila Cissé.

Soumaila Cissé : Cent jours de trop

Enlevé le 25 mars 2020 dans la région de Tombouctou, alors qu’il était en campagne pour le 1er tour des élections législatives, l’Honorable Soumaila Cissé, Président de l’URD et chef de file de l’opposition, est toujours aux mains de ses ravisseurs, plus de trois mois après. Si des efforts, à plus d’un niveau, ont été déployés pour obtenir sa libération, plus les jours passent, plus l’attente devient interminable pour sa famille, ses proches et l’ensemble du peuple malien. 100 jours après, les interrogations suscitées par ce rapt inédit restent sans réponses.

« Sachez que Soumaila Cissé est en vie.  Nous savons qui sont ses ravisseurs. Des contacts sont établis. Inchallah, il sera de retour parmi nous dans les meilleurs délais ». Cette déclaration du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, le 16 juin dernier au CICB, devant les membres du Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile, avait suscité un grand espoir et du soulagement chez beaucoup de Maliens qui attendaient incessamment la libération du chef de file de l’opposition.

Mais l’espoir se transformera de nouveau en inquiétude. Deux semaines après cette annonce, Soumaila Cissé est toujours en captivité. « Bientôt, c’est quand ? ». C’est la question que se posent sans cesse dorénavant les militants et sympathisants de l’URD et des mouvements engagés pour sa libération.

« Quand un chef de famille de la trempe de Soumaila est dans une telle situation difficile, le Président de la République, se disant son frère aîné, doit, s’il ,a des informations rassurantes sur sa situation, les communiquer d’abord à sa famille avant d’en faire une adresse publique », déplore Abdrahamane Diarra, Président de la jeunesse de l’URD, qui précise que, depuis le 16 juin, le Président IBK n’a pris contact ni avec la famille de Soumaila Cissé ni avec l’URD pour leur fournir des informations plus détaillées.

« Je pense que la libération de Soumaila Cissé demande des préalables. Aujourd’hui, qu’on nous montre un signe de vie de sa part, une preuve qu’il est en bonne santé. Sinon, à mon avis, la déclaration du Président de la République ne sera qu’une promesse de plus », renchérit Issa Diallo, Président du mouvement des jeunes URD de France.

Un enlèvement intriguant

À la tête d’une délégation de 16 personnes, comprenant des membres de son parti et se rendant à Koumaira, dans la région de Tombouctou, Soumaila Cissé et ses accompagnants seront attaqués le 25 mars 2020 entre 16h et 17h par des hommes armés, qui les ont kidnappés.

Un groupe de cinq personnes, comprenant deux blessés par balles ainsi que la dépouille du garde du corps de Soumaila Cissé, sera  libéré quelques jours plus tard. Par la suite, dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 avril 2020, huit autres compagnons de Soumaila Cissé recouvreront la liberté.

Quant au maire URD de Koumaira, lui aussi kidnappé dans sa tentative d’établissement de liens avec les ravisseurs, il sera libéré le dimanche 10 mai 2020 sans avoir vu, ni parlé avec, Soumaila Cissé.

Quid des ravisseurs ?

Aucun groupe terroriste sévissant dans la zone de l’enlèvement n’a revendiqué le rapt. Des informations non vérifiables avaient circulé, faisant de la Katiba Macina, notamment des hommes d’Amadou Kouffa, les ravisseurs. Mais elles n’ont jamais été confirmées.

Face à cette situation, certains proches de Soumaila Cissé n’écartent pas la piste d’un enlèvement politique. « Je veux éviter d’accuser qui que ce soit, mais mon père est un homme politique. Il est le chef de file de l’opposition, le principal challenger du président actuel du Mali. Un enlèvement le concernant a forcément un volet politique », confiait son fils Bocar Cissé le 30 avril dernier à la BBC.

Si l’identité des ravisseurs n’est pas connue officiellement, il nous revient d’une source qui a enquêté dans la zone du rapt, à Niafunké, que de nombreuses pistes sont avancées. Mais elles sont difficilement vérifiables, les hypothèses étant souvent très différentes.

100 longs jours d’angoisse

Pour la famille et les proches de l’Honorable Soumaila Cissé, ces 100 jours sans nouvelles du mari, du père, du frère, de l’oncle, du grand-père, sont une très douloureuse épreuve. Contacté, son frère Samba Cissé n’a pas souhaité, visiblement angoissé, s’exprimer sur les dures épreuves que traverse la famille depuis le 25 mars 2020.

Selon Moctar Sy, porte-parole du Collectif pour la libération de Soumaila Cissé et très proche de la famille, c’est une situation difficile pour les enfants de Soumaila Cissé et pour sa femme, Mme Cissé Astan Traoré,  parce que, depuis, certains des enfants sont empêchés de venir auprès de leur mère à Bamako, à cause de la fermeture des frontières.

« N’avoir aucune nouvelle de son père pendant plus de trois mois, c’est insoutenable. Mais la famille garde espoir et elle prie. Les amis et les soutiens que nous sommes restons mobilisés autour d’eux pour traverser cette période difficile et en sortir par le haut », soupire M. Sy.

« Son épouse Astan Traoré Cissé, ses enfants Bocar, Moussa, Mamoudou, Amadoun et ses petits-enfants ont le sommeil hanté et la vie dure depuis plus de 3 mois. Ses frères et sœurs et toute sa famille vivent dans une angoisse indescriptible depuis lors », renchérit Abdrahamane Diarra, pour lequel l’ensemble du peuple malien, « très préoccupé et inquiet »,  réclame le retour du chef de file de l’opposition depuis 100 jours difficiles.

L’exigence d’une libération immédiate

La cellule de crise mise en place par le Président de la République pour coordonner les actions visant à la libération de l’Honorable Soumaila Cissé n’a pas voulu communiquer sur les dernières informations à son niveau sur l’évolution de la situation. Joint par nos soins le 29 juin, son Président, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, a indiqué que la cellule travaillait sérieusement et déclaré « nous évitons toute surenchère pour ne pas brouiller nos pistes ».

En parallèle, plusieurs actions, initiées par différents mouvements engagés pour la libération de l’Honorable Soumaila Cissé depuis le lendemain de son enlèvement, dont le Collectif de jeunes et des femmes de l’URD, ont eu lieu à Bamako, à l’intérieur du pays et même dans la diaspora.

La cellule du Collectif, en collaboration avec la société civile et le Club des amis de Soumaila Cissé, a organisé le 26 juin 2020 à Niafunké une marche pacifique pour soutenir toute action allant vers la libération du député de la ville.

Le lendemain, 27 juin, à Paris, la cellule France a quant à elle manifesté symboliquement, à travers une opération dénommée « Coup de poing » devant l’Assemblée nationale française, pour appeler à une libération immédiate du Président de l’URD et à ce que la France, qui intervient au Mali, « ne se taise pas devant une telle situation ».

La barre des 100 jours de captivité atteinte, l’URD intensifie les actions déjà entamées. Le parti de la poignée de mains a élargi désormais le sit-in organisé au Monument de la Colombe à 14 autres carrefours stratégiques du District de Bamako et à Kati. Des caravanes pacifiques motorisées, dans le District de Bamako et à Kati, ont commencé le 30 juin 2020 et dureront jusqu’à dans la matinée de ce jeudi 2 juillet 2020.

Un grand rassemblement pacifique est prévu ce même jour à partir de 14h sur l’esplanade de la Bourse du travail, pour un objectif unique : « la libération immédiate et sans conditions de l’Honorable Soumaila Cissé ». Une libération sans délai très vivement souhaitée.

Germain KENOUVI

URD : Possibles fissures ?

Alors que son leader Soumaila Cissé est toujours aux mains de ses ravisseurs depuis près de deux mois, l’Union pour la république et la démocratie (URD) traverse une période de flottement intense. Dans un contexte où les décisions du directoire du parti semblent ne pas faire l’unanimité, certains membres pourraient-ils prêter le flanc et intégrer le prochain gouvernement, dont les tractations pour la formation sont en cours ?

Plusieurs militants et sympathisants du parti de la poignée de mains se sont étonnés que les députés élus sous la bannière de l’URD aient voté pour l’Honorable Moussa Timbiné, candidat de la majorité, lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, le 11 mai dernier.

Face à la grogne silencieuse qui montait dans les rangs, le directoire du parti a dû s’expliquer, à travers une note interne qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

« La Direction du parti doit humblement accepter les critiques de ses militants, sympathisants et aussi de ses alliés, dès lors que celles-ci servent à améliorer le travail combien difficile à l’endroit des populations », indiquait la note en date du 15 mai, signée du 1er Vice-président, le Pr. Salikou Sanogo.

Flottement sans envergure ?

Pour Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la communication du parti, cet incident à l’interne est désormais géré et tout le monde est passé à autre chose. Même s’il reconnait que le parti traverse une période de flottement, il écarte toute probabilité de fissures au sein de l’URD.

« Il peut y avoir des moments d’incompréhension, surtout quand un leader qui gérait bien son parti s’absente sans crier gare, sans donner de consignes. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de fissures au sein de l’URD. Les députés ont compris le message de la direction après leur vote à l’Assemblée », soutient-il.

Cette position est également appuyée par l’analyste politique Salia Samaké, qui trouve d’ailleurs que la position actuelle de l’URD se trouve encore plus confortée et qu’elle garde encore sa position de premier parti de l’opposition.

Entrée au gouvernement ?

Certains paramètres semblent aujourd’hui se conjuguer pour un réel rapprochement politique entre l’URD et le RPM, notamment les alliances électorales qui ont prévalu pour les législatives et plus récemment donc le vote des députés URD en faveur du candidat de la majorité, en dépit de la candidature de l’Honorable Moussa Mara.

Mais le cap ne sera pas franchi. L’URD ne participera pas au prochain gouvernement. « L’URD n’a pas été concertée et le parti n’a pas l’intention d’entrer au gouvernement. Il n’y a pas eu de discussions concernant un ou des représentants de l’URD dans la prochaine équipe gouvernementale », clarifie Moussa Seye Diallo.

Concernant l’éventualité de la participation de certains membres du parti au gouvernement en dépit de la directive officielle, le secrétaire adjoint à la communication reste ferme.

« Si quelqu’un de l’URD a été consulté  ailleurs et fait son entrée au gouvernement, cela ne nous concernera pas. Le mandaté qui aura consulté cette personne sera la seule personne à répondre de cela », affirme-t-il.

Mais, du point de vue du politologue Boubacar Bocoum, le directoire de l’URD devrait revisiter sa position par rapport à une éventuelle entrée du parti au prochain gouvernement.

« Ils sont déjà au service du peuple à l’Hémicycle. Le gouvernement également est un exercice en rapport avec le service public », pointe-t-il,  avant de préciser qu’il ne devrait  normalement pas y avoir de raisons objectives qui empêcheraient actuellement le directoire de l’URD d’accepter que ses membres prennent part à ce service public.

Un point de vue que ne partage pas Salia Samaké, pour lequel l’URD n’aurait aucun intérêt à participer au gouvernement. Selon lui, la lecture même de la situation politique actuelle n’incite pas à aller dans ce sens. « Il ne faudra pas y aller, quel que soit ce qui peut leur être proposé », martèle-t-il.

Germain Kenouvi

Cardinal Jean Zerbo : « La meilleure des révolutions est celle qui construit, non celle qui brûle »

En 2017, l’Église malienne était accusée d’évasion fiscale et de détenir des comptes bien remplis en Suisse et ailleurs. Depuis ces révélations, Monseigneur Jean Zerbo évitait religieusement la presse. Quelques semaines plus tard, il devenait le premier Malien de l’histoire créé Cardinal, le dixième Africain. L’occasion était belle pour s’exprimer. Il n’en fit rien, des déclarations circonstanciées mises à part. Pour Journal du Mali, il a accepté de sortir de son mutisme. C’est dans ses appartements privés, au milieu des portraits du jour de sa consécration, qu’il nous reçoit, en prenant le soin de s’asseoir juste en dessous du portrait de Monseigneur Luc Auguste Sangaré, son mentor, un homme pour lequel il a le plus grand respect. À 75 ans, le cardinal se dit en mission pour un Mali retrouvé, un « Mali qui retombe sur ses jambes et non sur son cou ».

Le 28 juin 2017, vous êtes devenu le premier Malien créé Cardinal. Comment l’avez-vécu ?

Ca a été une grande surprise pour moi. Ce jour-là je me trouvais à Faladiè pour une cérémonie qu’on appelle la confirmation. Moi mis à part, tout le monde semblait être au courant de la nouvelle. Ils me regardaient donc d’une certaine façon et j’en cherchais la raison. Une sœur est venue me voir avec un téléphone, me disant que le Secrétaire de la Conférence épiscopale voulait me parler. J’ai pensé que c’était pour la nomination de l’évêque de Mopti. Celui qui occupait cette fonction était décédé en 2016, je m’attendais donc à ce que l’on parle de cela. Il m’a vite fait savoir que ce n’était pas pour cela, avant de m’apprendre que j’avais été retenu pour être créé Cardinal. Je l’ai pris avec beaucoup d’humilité. Qu’ai-je fait pour mériter cet honneur ? Je n’en sais rien.

Le Mali est dans une période difficile. Qu’un ressortissant de ce pays ait été choisi comme une ressource pouvant aider l’humanité… Pour servir à relever la réputation du Mali, de ma famille, de la communauté chrétienne, j’ai accepté cette fonction avec humilité.

Votre mission a-t-elle évolué ?

Les problèmes qui concernent la communauté chrétienne du Mali, et même la communauté humaine en général, nous les portons. Nous le faisons à deux niveaux. Nous devons tout d’abord nous poser en sentinelles, en veilleurs. La sentinelle doit scruter, relever, tous les signes. Faire le tri entre ceux qui pourront causer préjudice par la suite et ceux qui ne sont que des bruits. Le leader religieux doit d’abord être une sentinelle. Ensuite, il faut être un intercesseur. À deux niveaux également, entre les humains tout d’abord. Cultiver le vivre ensemble entre les parents et les enfants, entre les époux, au sein du service, sur le plan politique. Partout où se trouvent les humains naissent des conflits, mais le plus important est de les aider à faire le dépassement et à se comprendre.

En second lieu, il faut prier. C’est pourquoi il est demandé aux religieux d’être des personnes recueillies, afin qu’ils puissent présenter les besoins des humains devant Dieu. Être recueilli d’abord pour soi-même. Quand on est leader religieux, les gens peuvent vous rendre orgueilleux. Chacun de nous se connait. Plus tu t’approches de Dieu et plus tu te rends compte que tu es un pêcheur. Nous avons des religieux qui, parce qu’ils ont adulés, deviennent de petits dieux. Cela ne se devrait pas. À ce moment, tu sors de ton rôle et tu deviens une idole. Une fois, une personne m’a dit que j’étais son idole. Je lui ai répondu que non, car une personne qui croit en une idole n’est pas un croyant. Il a par la suite précisé le sens dans lequel il avait employé le mot, mais je souhaitais lui montrer que je n’étais qu’un homme simple. Je peux poser un acte qui lui plaira aujourd’hui et demain en poser un autre avec lequel il sera en total désaccord.

Avez-vous des responsabilités au sein du Vatican ?

Être créé Cardinal signifie que vous êtes un collaborateur direct du Pape. Une de nos tâches est de participer à l’élection du nouveau Pape. Dès ma nomination a été créé un ministère spécial chargé de la Famille. Je suis dans ce dicastère.

Quels sont les problèmes de la communauté chrétienne du Mali ?

Toute communauté doit miser sur sa jeunesse. Au point que le Pape a tenu une grande réunion en 2018, où étaient rassemblés les délégués des jeunes à travers le monde. Une des préoccupations de notre pays est sa jeunesse. C’est une chance, mais également un défi. Faute de pouvoir être absorbée par le gouvernement, cette jeunesse se résout à emprunter la route du désert, à tenter l’aventure, et ce avec toutes les conséquences que nous connaissons. C’est un grand défi que toute Église doit gérer avec la société. Nous faisons face également à l’équation de la famille. Nous entendons des histoires qui convergent vers la fragilité actuelle des foyers. Et quand la famille n’est plus solide dans une société, cette dernière va à sa perte.

Chacun de nous, à un moment de notre vie, connait des crises. Mais ces crises passagères ne nous définissent pas. Il n’est pas rare de voir une personne que l’on croyait irrécupérable changer pour le mieux quelques années plus tard. Donc cette crise de la jeunesse ne doit pas nous effrayer, elle devrait nous appeler à davantage de responsabilité. Et cela commence au sein de la famille. C’est pourquoi, tous les samedis, je dis une messe pour les familles. Je me suis pour cela inspiré du chant d’Amadou et Mariam « Les dimanches à Bamako, c’est le jour des mariages ». Que d’accidents ces jours-là! Les jeunes qui font les fous sur des motos ou avec des voitures, des gens excédés qui les maudissent. A contrario, nous faisons des bénédictions. Que Dieu bénisse le foyer de ceux qui se marient. Que, dans les familles où les choses vont bien, cela puisse continuer, que dans les familles dans lesquelles il y a des crises, il y en a partout, les membres arrivent à s’entendre. Les jeunes qui n’arrivent pas à se décider, que le Seigneur les conduise vers le partenaire adéquat. Et les autres, ceux qui ne veulent pas se marier, qu’ils sachent que dans l’Église, il y a les prêtres et les religieuses, qui restent célibataires, se consacrent à Dieu et prient pour les familles.

Le rôle d’un leader religieux est très important, notamment en période de crise. Quelle approche prônez-vous afin d’aider le pays à se relever ?

C’est au moment des crises que nous devons, particulièrement la jeunesse, montrer notre capacité de résilience. Nous ne pouvons baisser les bras et tenir des discours abattus. Moi, je m’engage afin que l’on puisse sauver la situation et j’accepte ma nomination comme une mission à mener dans ce sens. Comment y arriver ? Je l’ai évoqué plus haut, en étant une sentinelle.

Mais je ne puis le faire seul. C’est pourquoi que les leaders religieux doivent travailler de concert. Cette mission, nous l’avons hérité de nos ainés, Mgr Luc Sangaré, Balla Kallé et Oumar Ly. C’étaient les trois, quand j’étais jeune évêque, que j’admirais. Ce sont eux qui, quand ça n’allait pas au Mali, allaient voir le Président de la République. Ils ne sont plus là. Nous sommes donc investis de cette mission et je compte bien la mener je suis. Je ne veux pas égaler personne, je veux simplement faire avec ce que je suis. Sans compter que les temps ont changé. À l’époque, tout le monde ne pouvait pas parler, mais aujourd’hui nous sommes en démocratie, l’expression est plus libre. J’ai suivi la tournée d’Ousmane Chérif Haidara (en janvier et février), je l’ai écouté. Son discours est un discours de tailleur. Pas celui qui coupe et jette. Mais le tailleur avec l’aiguille et les fils. Ça fait mal, mais quand il a fini de raccommoder, ça guérit. Il tient un discours fédérateur. Les religions ne sont pas là pour mettre les gens dos à dos. Fédérer, c’est ce qui sauvera ce pays, et non tirer à boulets rouges sur les autres. Aimer son prochain comme Dieu le demande, car le seul jugement est celui de Dieu. Nous n’avons pas de leçons à lui donner, nous devons plutôt avec humilité recevoir les siennes. Et les médias doivent nous aider en faisant des analyses non partisanes des situations. Ce n’est pas le cas pour l’heure. Beaucoup nous disent de nous méfier des journalistes. Je me méfie, mais j’ai confiance.

Après la présidentielle de 2018, vous avez entrepris, avec d’autres chefs religieux, de concilier les positions des leaders politiques. Alors que d’habitude vous vous faites discret…

J’étais ici au moment du coup d’État de 1991. Le jour de l’arrestation de Moussa Traoré la ville était au bord de l’implosion. J’étais chez mon frère quand j’ai reçu un coup de téléphone disant que Moussa avait été arrêté. Aussitôt nous avons entendu des coups de feu. Il y a eu des tueries qui m’ont laissé sans voix. Ça m’a fait mal. Notre démocratie a été acquise sur de nombreux péchés, puissions-nous les expier. Ce jour-là, ce sont nos enfants qui ont été les martyrs et c’est terrible. Quand j’y repense, j’ai mal. Qui était responsable ? Moussa Traoré ou les acteurs du mouvement démocratique ? Qui a utilisé les enfants comme boucliers ? En général, quand ça chauffe, c’est au chef de famille d’aller s’enquérir de la situation. C’est ma réflexion personnelle. J’ai 75 ans passé, mais je me dois de pousser cette réflexion, afin que ce qui s’est passé en 1991 ne se répète plus jamais dans notre pays. Jamais !

Si nous sommes obligés de sacrifier nos enfants pour la démocratie ou je ne sais quelle dénomination politique, c’est comme si nous nous crevions un œil afin que notre voisin devienne aveugle (Banyengo). Je parle avec mon cœur.

L’URD m’a envoyé les conclusions de son congrès. Elles disaient : « nous ne partirons plus en guerre, nous pensons que ce serait irresponsable de tenter un coup de force. Nous déplorons la manière dont les élections se sont passées, mais nous assumons ». J’ai relevé cette partie et j’ai dit au Président de l’URD que je partageais ce point de vue. Ça nous évitera une crise postélectorale qui ne nous mènera nulle part. Nous devons changer les ressentiments en amour et en sacrifice pour ce pays. Nous serons jugés sur la manière dont nous gérons cette crise. Il nous faut nous atteler à ce que l’histoire qui en sera contée ne soit pas une tragédie.

Vous avez vécu plusieurs évolutions du Mali. Quel est votre regard sur le pays aujourd’hui ?

En dépit de tout ce qui se dit, je reste optimiste. L’unité nationale doit être préservée. C’est d’ailleurs au nom de cette unité que nous devons mettre de côté nos différends. Des personnels de certaines ambassades sont venus me voir afin que nous explorions l’idée d’imiter la Suisse. Je leur ai opposé un non ferme. « Vous avez votre modèle, ne venez pas nous l’imposer. Respectez notre choix. C’est ce qui avait été décidé au moment de l’indépendance. Nous sommes des partisans de Modibo Keita. C’était un grand homme. Chaque année, le 22 septembre était consacré jour de la rentrée scolaire pour tous les établissements. Il rassemblait tout le monde ce jour-là et tenait des discours marquants. Il disait : « nous avons pris un risque, un grand. Ce risque c’est l’indépendance. Nous n’avons rien, mais nous avons tout ».  Nous nous demandions tous ce qu’il voulait dire. Après, il précisait : « ce tout, c’est vous, en regardant chacun de nous et en nous montrant du doigt. « Retournez dans vos établissements, étudiez et revenez construire ce pays. Nous avons pris le risque de l’indépendance pour vous ». Tu sortais de là en ayant l’impression que ta vie avait un sens. Mais aujourd’hui nous avons oublié toutes ces valeurs. À notre époque, quand nous finissions, nous étions aussitôt pris dans la fonction publique. Mais sachez que l’année de mon baccalauréat nous étions 13 à le passer, toutes séries confondues. Les chiffres ont explosé depuis. Il fallait préparer les gens à l’auto-emploi car le gouvernement ne pourra jamais absorber tous ceux qui passent par l’école malienne. Et, tant que la jeunesse ne sera pas convaincue de s’engager sur cette voie, aucune révolution ne nous fera sortir de l’ornière. Le Mali doit s’assumer et nous devons accepter cette montée de la jeunesse et la préparer à faire face.

Vous vous dites confiant. Pourtant ce sont les acteurs du mouvement démocratique qui sont aujourd’hui les leaders du pays ?

La meilleure des révolutions est celle qui construit, non celle qui brûle. À chaque rencontre que j’ai avec eux, je leur dis sans ambages qu’ils se sont battus ensemble contre Moussa Traoré et pour l’avènement de la démocratie. « Et, aujourd’hui, vous ne pouvez plus vous sentir. C’est inconcevable. Moussa est toujours en vie, il sera le plus heureux de voir que ceux qui l’ont combattu se font face. C’est malheureux ». En les écoutant, ils affirment tous faire pour le Mali, pour le peuple. Mais ce qui intéresse le peuple, c’est de pouvoir se nourrir, se loger, en soi de pouvoir vivre. Les querelles politiques ne sont pas ce qui les intéresse. Mais, je le répète, j’ai confiance, en notre jeunesse notamment. Faites mieux que nous, construisez, je les exhorte. J’en suis persuadé, ce pays retombera sur ses jambes et non sur son cou.

Mali : Le FSD dresse un tableau sombre du pays

Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a tenu ce jeudi à la maison de la presse une conférence de presse sur l’Accord politique de gouvernance, la prorogation du mandat des députés, la révision de la constitution du 25 février 1992 et le dialogue national inclusif. Devant les médias, l’honorable Soumaila Cissé et ses camarades ont fait le tour des sujets brûlants du moment. Le début d’un retour à la charge.

« L’heure est grave !», interpelle dès le début de son discours le président du FSD et chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé. Dans une salle pleine de militants et journalistes, l’élu de Niafunké peint un sombre tableau de la situation sécuritaire du pays. Selon lui, « l’actualité s’est accélérée  avec les recompositions politiques qui ont abouti à la formation du gouvernement actuel et surtout, avec une accélération incroyable, des actes des violences qui endeuillent les populations semant le désespoir », dresse-t-il. Le principal conférencier a aussi évoqué le nombre de tués depuis le premier trimestre 2019 établi par le rapport de la MINUSMA.  « Aujourd’hui, l’insécurité a atteint un seuil intolérable  qui menace la survie voire l’existence même de notre pays », s’inquiète le président de l’URD.

Désaccords avec le gouvernement                              

Lors de cette rencontre avec la presse, Soumaila Cissé a tenu à clarifier la position de son regroupement politique sur l’Accord politique de gouvernance signée le 2 mai par certains partis de l’opposition, la Plateforme Ensemble pour le Mali et le gouvernement.  Même s’ils ont participé à son élaboration le document final ne prenait pas en compte les préalables soulignés par le FSD. « Le document a été remplacé par un texte où était purement et simplement  biffé toute la partie relative au « partage de responsabilité », révèle le principal challenger du président IBK en 2013 et 2018. Et de lever toute confusion : « le FSD n’est pas signataire de l’Accord politique de gouvernance ! ».  Il souligne toutefois « que c’est à la  suite du constat de graves périls planant sur la Nation et la nécessité subséquente d’une union sacrée autour du Mali que le FSD a demandé avec insistance, l’instauration d’un « dialogue national inclusif avec toutes les forces politiques et sociales  significatives du Mali … »

Le deuxième sujet qui mobilise les membres du FSD est la prorogation du mandat des députés qu’ils  perçoivent comme « une violation flagrante de la constitution ».  Le conseil des ministres extraordinaire du vendredi 7 juin 2019 a prorogé d’un an le mandat des députés qui prend fin le 30 juin. Pour le FSD, il s’agit là « d’une violation grave de l’Accord politique de gouvernance mais aussi et  surtout  une négation des prérogatives du dialogue politique inclusif », car le dit Accord indiquait que le programme d’action du gouvernement devait être axé autour de « l’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ».  Aussi, pour l’honorable Soumaila Cissé, le constat d’absence de l’avis de la Cour Constitutionnelle est cette fois ci « symptomatique ».

Sur l’autre sujet sensible qu’est la révision de la Constitution, les membres du FSD parlent de la même voix et se réfère à l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur stipulant que « aucune procédure de la révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. »  Leur demande est formelle. « Il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir  dans le giron national. »

Mais la discorde entre le pouvoir en place et ces partis et associations de l’opposition tient sur le dialogue national inclusif. La désignation  « unilatérale » par le président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue inclusif ne trouve pas non plus l’adhésion du FSD qui estime que cette décision est contraire à « toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique ».

Pour le président du Mouvement patriotique pour le Renouveau MPR, Choguel Kokala Maiga,  « c’est au vu des graves périls qui pèsent sur notre pays, autrement dit si cette spirale continuait après ce qui s’est passé dans le courant du mois de janvier, février, mars, nous allons nous retrouver avec un Etat totalement effondré et on ne parlera plus ni de l’opposition ni de la majorité. C’est à cause de tout cela que nous avons décidé de laisser tomber tous les éléments de contestation précédente pour nous donner la main avec le chef de l’Etat et faire l’union sacrée des Maliens pour sauver le Mali », explique-t-il.

Enfin, le FSD assure que « la plus urgente mesure de sortie de crise était la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précèdent ».

Ballan Diakité : « Ce n’est pas un simple dialogue qu’il faut, mais un débat national »

La semaine dernière, le Président de la République a reçu le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaila Cissé, son challenger lors des deux dernières présidentielles. Un geste pour décrisper le climat politique. Mais que vaut cette rencontre ? Ballan Diakité, analyste politique au CRAPES, la décode.

Quel sens peut-on donner à cette rencontre ?

Donner un sens à cette rencontre c’est voir si elle peut nous fournir des éléments de réponse à la crise sociopolitique. On a assisté à un simple jeu de langage entre un ainé et son cadet. La rencontre devait réunir un Président de la République et le chef de file de l’opposition. Elle ne répond pas au problème de légitimité du Président IBK, longtemps contesté par Soumaila Cissé. Dire j’ai été reçu par mon ainé, n’est-ce pas une manière de refuser de dire j’ai été reçu par le Président ?  Ce fut un coup de communication politique, car, depuis la dernière élection présidentielle, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé semblent être en perte de vitesse en termes de la visibilité. L’omniprésence de Soumeylou Boubeye Maiga « efface » IBK. Et Soumaila aussi l’est depuis quelque temps. C’est une manière d’affirmer leur existence aux yeux d’autres acteurs, notamment le Premier ministre et les religieux, qui ne cessent d’influencer le jeu politique.

Que va-t-elle changer ?

Elle ne changera rien. Les enjeux sont ailleurs. Ce n’est pas d’un salon présidentiel qu’on va résoudre les problèmes cruciaux de ce pays, d’un tour de magie. Il faut aller sur le terrain. Il y a une crise de démocratie, les opinions des populations ne sont jamais prises en compte. Il faut leur donner la possibilité de parler, de dire ce qu’elles pensent. Ce qu’il faut, ce n’est pas un simple dialogue, mais un débat national. Que la parole soit donnée à un vendeur de couscous, à un chauffeur de Sotrama, à un chef de village dans un coin reculé. En France, le Président Macron fait un débat national. Pourquoi notre Président ne ferait-il pas de même ? 

IBK prévoit aussi de rencontrer « ses autres frères ». Pourquoi maintenant ?

Parce qu’actuellement ce qui fait débat c’est la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. IBK en est à son deuxième mandat et n’a pas l’ambition d’en briguer  un  autre. Ce qui lui donne  quelque audace pour aller à la rencontre d’autres personnalités.

Est-ce que l’opposition pourrait être intéressée à entrer au gouvernement ?

Je ne saurais répondre. Mais au regard des propos de Soumaila Cissé ou Tiebilé Dramé, ils demandent un dialogue national, une politique de consensus. Cela peut sous-entendre un gouvernement de consensus.

Mody N’Diaye : « Le dialogue doit se faire entre IBK et Soumaila Cissé »

Alors qu’ils devaient s’accorder une relâche jusqu’au mois d’avril, les parlementaires maliens rappelés à l’Hémicycle en session extraordinaire. Le Président du groupe VRD, Mody N’Diaye, se prononce sur cette convocation et sur la possibilité d’un dialogue entre l’opposition et la majorité.

Par un décret, le Président de la République a convoqué l’Assemblée nationale en session extraordinaire jusqu’au 29 décembre. Comment cela est-il perçu ?

Cela fait partie des prérogatives du Président. Nous n’avons donc pas d’observations particulières à faire, c’est constitutionnel.

Certains y voient un passage en force du gouvernement pour la loi d’entente nationale…

Il ne saurait y avoir de passage en force. Dans les affaires qui sont inscrites à l’ordre du jour de cette session extraordinaire, elle figure bien. Dans nos délibérations, nous n’hésiterons pas, en tant que groupe politique responsable, à faire connaitre nos opinions.

Lors de la 9ème conférence nationale de l’URD, le 15 décembre, Soumaila Cissé s’est dit ouvert au dialogue. Pourquoi donc avoir refusé de recevoir le Premier ministre en novembre ?

Après la présidentielle, il y a eu une contestation politique. Aujourd’hui, s’il y a un dialogue à faire, ce doit être entre les deux finalistes de cette présidentielle. Il faut un dialogue franc entre ces protagonistes, un dialogue politique de haut niveau. Si l’idée est de trouver une solution, et c’est dans cette logique qu’IBK a tendu la main, ce ne doit pas être le Premier ministre qui va vers l’opposition. Il ne servira à rien de dialoguer avec quelqu’un qui n’a pas de mandat, qui n’est pas l’acteur principal. Politiquement, cela doit se passer entre Soumaila Cissé et Ibrahim Boubacar Keita.

La contestation de  l’opposition n’est-elle pas un frein au dialogue ?

Quelle que soit la nature de la contestation, et on le dit souvent, même pour régler définitivement une guerre, il faut s’asseoir et dialoguer. C’est de bon ton pour Soumaila Cissé et sa coalition, démocratiquement, de mener ces actions. Lorsque le Président de la République a tendu la main, si cela s’était concrétisé nous ne serions pas dans cette situation. Tant que nous allons rester dans cette posture, les seuls moyens légaux de contester, les marches et les meetings, ne devraient pas poser de problèmes. Au fort de la contestation contre la révision constitutionnelle, des milliers de personnes ont manifesté sans le moindre dégât. Certains nous appellent même des politiciens « trop polis ». Les problèmes ne se créent que lorsque le gouvernement veut interdire les rassemblements. Soumaila Cissé et ses partisans ont toujours dit être ouverts au dialogue, mais il faut que les insuffisances relevées trouvent leur solution. Ceux qui pensent que la situation devrait perdurer ainsi se trompent.

Partis politiques au Mali : Que de leaders sans relève !

Au Mali, de grands partis ont émergé depuis l’avènement du multipartisme intégral, en 1992. La plupart d’entre eux n’ont qu’un seul leader visible sur la scène, sans une figure pour le seconder et assurer la relève.  

« À part l’Adema, qui est en train de faire sa mue, aujourd’hui tous les partis politiques ne tiennent qu’à une seule personne, ou presque ». C’est le constat dressé par Woyo Konaté, Docteur en philosophie politique et enseignant à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako. Au Mali, chaque parti politique est sous le monopole de son leader. À part lui, rares sont les membres du parti qui sont mis en lumière. « C’est la nature même de la politique qui veut que les différentes formations qui s’expriment sur le terrain démocratique soient tirées par des personnalités très charismatiques. Au Mali, en Afrique et ailleurs, ces partis sont identifiés à des personnes plutôt qu’à des formations politiques pures et dures », tente de plaider Cheick Oumar Diallo, Secrétaire politique de l’ADP Maliba. « Aux États-Unis, quand on parle du parti républicain on pense à Trump et pour le parti démocrate à Hillary Clinton. Les visages ont pris le dessus sur les partis, de telle sorte que quand on parle de l’ADP, c’est Aliou Diallo, de l’URD, c’est Soumaila Cissé et du RPM, c’est IBK. C’est une tournure des choses qui pose le problème de la pluralité des personnalités au sein des différentes formations », poursuit-il. Le multipartisme a été pourtant une exigence fondamentale en 1991, mais il a abouti aujourd’hui à « un désordre ».  « Tous les statuts et règlements des partis politiques sont les mêmes. Leur objectif, c’est d’obtenir le financement de l’État », dénonce Cheick Diallo, Secrétaire administratif chargé des structures au parti ASMA. Il en appelle à un « centralisme démocratique » et non à « des partis unipersonnels ».

Quelle incidence ?

Les partis deviennent orphelins quand l’étoile de leur chef s’éteint, faute de dauphin. « Quand ATT a laissé le pouvoir, le PDES est allé en déconfiture. C’est la même chose avec les soubresauts que connait l’Adema depuis le départ d’Alpha Oumar Konaré », affirme Cheick Oumar Diallo, ajoutant  que « cela pose la question de l’organisation et du fonctionnement des partis politiques ». Pour le Dr Woyo Konaté « les valeurs et l’idéologie sont reléguées  au profit de celui qui finance ». Des réalités qui biaisent l’animation de la chose politique. Pour  un renouveau  politique, « il faut laisser s’exprimer des visages différents de ceux qu’on connait depuis des dizaines d’années », souhaite le Secrétaire politique de l’ADP Maliba, qui estime que son parti est un exemple.

Présidentielle 2018: Rideau sur le 2ème tour

Les opérations de vote de la présidentielle de 2018 au Mali ont pris fin ce dimanche 12 aout auquel étaient qualifiés les candidats Ibrahim Boubacar Kéita président sortant (41,7 % des suffrages au premier tour) et Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition (17,78 %). Le dispositif sécuritaire a été renforcé en fin  de journée dans les centres de vote où l’accès a été restreint, avec un remarquable déploiement des forces de sécurité.

« Nous avons observé 300 bureaux de vote et dans tous les bureaux, nous avons constaté la présence des agents électoraux, des assesseurs, les urnes étaient bien scellées. Mais nous déplorons malheureusement que devant plusieurs bureaux de vote, les listes électorales n’étaient pas affichées », a déclaré Mme Cecile Kyenge, cheffe de la Mission d’observation  électorale de l’Union européenne, lors de son point de presse en fin de journée.

Incidents dans le centre et le nord

Plusieurs attaques ont été signalées au centre et au nord du Mali. Dans la région de Tombouctou, cercle de Niafunké, un président de bureau de vote a été assassiné par des présumés djihadistes, ont annoncé les autorités. Dans la même région, dans le cercle de Diré, des urnes ont été enlevées et détruites, tout comme dans le cercle de Douentza (région de Mopti, dans le centre du pays) où deux bureaux de vote ont été saccagés et les agents électoraux molestés.  6 000 éléments supplémentaires des forces de défense et de sécurité avaient pourtant été déployés pour ce second tour, venant s’ajouter aux 30 000 hommes déjà en place lors du premier. Le Pool d’observation Citoyenne du Mali (POCIM) qui a déployé plus de 2000 observateurs sur le terrain, a rapporté que le vote n’avait pas pu avoir lieu dans d’autres bureaux de vote du pays en raison de la « menace sécuritaire » mais n’a pas fait état d’autres victimes.

Faible mobilisation

Si à l’intérieur du pays, les raisons sécuritaire pourraient expliquer la faible mobilisation, certains bureaux de vote ont fermé avant l’heure face à l’absence de votants, à Bamako, les électeurs semblent « être passés à autre chose ». « Les dés sont déjà jetés, alors à quoi ça sert? » se demandait Aboubacrine A., jeune diplômé sans emploi. La proximité de la fête de Tabaski focalise désormais les préoccupations des Maliens, « fatigué de toutes les histoires depuis le 1er tour », à l’instar de Aissata Sidibé,  employée de bureau, qui n’a pas été voter ce dimanche. La plupart des bureaux de vote où nos équipes se sont rendues en fin de journée, de Bamako à Tombouctou en passant par Sikasso, affichaient à peine plus de 10% de taux de participation. Dans le centre de vote de Djélibougou, une  présidente de bureau de vote annonce que sur les 480 inscrits, une cinquantaine ont fait le déplacement. Les bureaux de vote à l’étranger ont également connu une affluence bien moindre à celle du 1er tour.

La centralisation qui a démarré en fin  de journée, avec la compilation des résultats des plus de 20 000 bureaux de vote.

 

Présidentielle 2018: un 2ème tour sous la pluie

A Bamako, où l’intérêt pour cette présidentielle s’était essoufflé depuis le premier tour du 29 juillet, faisant craindre une faible mobilisation, les opérations pour le second round sont fortement perturbées par la météo.

Très faible affluence dans les bureaux de vote ce matin à Bamako, capitale du Mali. Depuis l’ouverture des bureaux de vote à 8 heures GMT, sans incident particulier signalé pour l’instant, très peu de monde se présente devant les urnes. Alors que des soupçons de fraude planent sur le scrutin, la sécurité a été renforcée et les centaines de badauds qui flânaient dans les centres de vote au premier tour sont désormais « personae non grata » sur place. « Je n’irai pas », déclare tout de go Boubacar, un jeune trentenaire, tenancier de boutique à Kalabancoura, en commune  6 du District de Bamako. Selon lui, « c’est déjà fini. On connait la fin de cette histoire », évoquant ce second tour qui oppose le président sortant, candidat pour un second mandat, Ibrahim Boubacar Kéita et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé. La coalition  autour de ce dernier maintient la pression et a assuré lors de la dernière déclaration à la presse, avoir mis en place un système pour réduire les risques de fraude, fraude qui selon elle a tronqué les résultats du 1er tour.

Si au Mali, en cette saison  hivernale, le ciel couvert et la pluie sont de bon augure, les acteurs de cette journée électorale, structures organisatrices comme acteurs politiques ne se réjouissent guère du climat pluvieux de cette matinée qui décourage plus d’un électeur. De Hamdallaye à Sébénikoro sur la rive gauche en passant par Kalabancoura de l’autre côté du fleuve en commune 5 du District, l’élément marquant de cette matinée est la « très faible affluence. Nous sommes là et depuis 8h jusqu’à 10h nous avons eu à peine 30 votants dans notre bureau », confie un assesseur au centre « Ecole fondamentale de Sabalibougou », lui aussi en commune 5. « Nous avons ouvert à 8h, avec tout le matériel bien  en place. A 10h36,  le nombre de votants s’élève à 36 », déclare Gaoussou Coulibaly, président du bureau de vote 06 au centre de l’Hippodrome, école Nelson Mandela, en commune 2.

A Yirimadio, en Commune 6 du District, ce sont les personnes âgées qui ont ouvert le bal. Les jeunes se sont aussi manifestés mais moins que l’ors du premier tour, du moins pour cette matinée. Ce sont en général « les vieux et les jeunes qui viennent le matin. Mais c’est encore un peu timide », explique un agent de bureau de vote.

Les cartes d’électeurs non distribuées étant toujours disponibles, quelques électeurs viennent réclamer les leurs. C’est le cas de Fatoumata Diarra qui était en voyage le 29 juillet et qui recherche ce matin sa carte et son bureau de vote. Dans son centre de vote, le même que celui du candidat Ibrahim Boubacar Kéita, l’affluence a faibli sitôt le vote de ce dernier accompli. Ici aussi la pluie en décourage plus d’un, les accès aux bureaux de vote sont devenu un  vrai parcours boueux.

Au premier tour de ce scrutin, les deux candidats avaient obtenu 41,72% et 17,78% respectivement pour IBK et Soumaila Cissé. Chacun a bénéficié de ralliement de recalés du premier tour et l’autre grande question de ce second tour est de savoir si les consignes de report de voix seront suivies.

Présidentielle 2018 : L’URD alerte sur un « risque de fraude massive »

Alors que le candidat de l’URD est sur le terrain  dans la région de Ségou dans le cadre de  la campagne pour la présidentielle du  29 juillet, son directeur de campagne a tenu une conférence de presse pour présenter les conclusions « des experts qui ont étudié le fichier électoral publié le 04 juillet par la Délégation générale aux élections ».

Tiébilé Dramé, directeur de l’équipe de campagne du candidat Soumaïla Cissé, entouré de plusieurs de ses collaborateurs, a énoncé point par point, les conclusions du travail d’analyse effectué par des experts sur le fichier électoral. La première constatation, selon M. Dramé est la « différence de chiffres entre le fichier dont le rapport d’audit a été remis au Premier ministre en avril dernier et celui publié par la Délégation générale aux élections (DGE).

488 813. C’est le nombre d’électeurs supplémentaires constaté sur le fichier publié le 04 juillet par la DGE. A cela s’ajoute « des milliers de doublons, alors qu’il avait été annoncé après l’audit que le fichier avait été épuré de tout doublons. Tiébilé Dramé ajoute qu’il y a des situations comme à « Ansongo où le fichier électoral publié compte 1803 électeurs,  et où le fichier audité annonce 1499 électeurs, soit une différence de plus de 300 votants. […]On note également des cas de centaines de bureaux de vote additionnel ». Une telle situation n’est pas de celle qui instaure la confiance entre les acteurs d’un  processus. Le directoire de campagne de Soumaïla Cissé qui a rencontré le chef du gouvernement quelques heures avant la conférence de presse attend « que chacun prenne ses responsabilités et il est clair que la responsabilité du gouvernement est entièrement et gravement engagée ».

Corrections sans délai

C’est ce que demande le directoire de campagne du principal candidat de l’opposition. Lors de la rencontre avec le gouvernement, il a été demandé que des mesures soient prises pour lever toute équivoque sur « la gestion de cette affaire ». « Nous attendons non  seulement des mesures correctives pour que les anomalies constatées soient corrigées mais également des mesures politiques et administratives pour restaurer la confiance en  ce processus ». Avec un  « potentiel de fraude que l’on peut estimer à 1.241 574 voix,  sans compter les Maliens de l’étranger », comme le précise le texte publié dans la foulée de la conférence de presse, le camp Soumaïla Cissé appelle la communauté internationale à « plus de vigilance » et se dit à la disposition du gouvernement pour corriger « les manquements et autre bizarreries » constatés dans le fichier incriminé.

Réaction du gouvernement

Cette dernière ne s’est guère fait attendre. La Primature a publié un communiqué en fin  d’après-midi annonçant la rencontre entre le Premier ministre et la délégation du directoire du candidat Cissé. Le texte signale que le Premier ministre a instruit que soit transmis à tous les candidats les « documents relatifs à la remise du fichier audité à l’imprimerie nationale de France, au bon de commande et à la livraison des cartes d’électeurs biométriques », mais également la création d’un « cadre de concertation autour de l’AGETIC et la DGE avec les experts nationaux ayant participé l’audit ».

 

 

Ras Bath rallie le candidat Soumaïla Cissé

C’est lors d’une conférence de presse ce 28 juin au Carrefour des jeunes que l’animateur radio et activiste Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath a annoncé le soutien de son mouvement le Collectif pour la Défense de la République au candidat Soumaïla Cissé. Une satisfaction pour ce dernier et une déception pour certains soutiens du leader du CDR.

« Après le choix du candidat Soumaïla Cissé et son parti, la deuxième phase est la plus importante. Le CDR ne veut pas d’un soutien aveugle », s’est notamment exprimé Ras Bath. Le président du CDR a expliqué que de tous les candidats, c’est celui du l’URD qui présentait le plus de points de convergence avec leurs critères. Relatifs notamment à la connaissance de l’Etat à l’intérieur et aussi des relations avec l’extérieur ainsi que de l’expérience de la gestion, c’est donc Soumaïla Cissé et son programme qui ont convaincu les membres du CDR.

Un soutien qui se veut objectif, a cependant tenu à préciser Ras Bath qui affirme, qu’ils tirent les leçons des échecs des autres associations de la société civile qui apportaient leur soutien à un candidat et appelaient juste à voter pour ce dernier. Pour Ras Bath, c’est une responsabilité partagée désormais entre le candidat et son mouvement qui doivent ensemble porter sur le terrain leurs messages.
C’est en tout cas une satisfaction, et même un motif de fierté pour Maître Demba Traoré, directeur adjoint de campagne du candidat Soumaïla Cissé. Ceci démontre selon lui que « ces jeunes ont à cœur le devenir du pays ».

« J’ai écouté avec attention et intérêt. J’ai été impressionné par la qualité du travail et les critères dégagés par ces jeunes pour le choix du candidat qui répond à leurs yeux aux besoins de changement ». Il s’agit là, selon Maître Traoré, d’une leçon que la société civile donne aux hommes politiques. « Une belle leçon de démocratie », qu’elle démontre ainsi à la classe politique et montre qu’elle veillera désormais au fonctionnement de l’Etat.
Convaincus que ce mouvement démontre ainsi qu’il « y a une autre façon de faire la politique », Maître Traoré ajoute que la démocratie qui n’est pas une fin en soi, mais une source d’épanouissement des citoyens. « Le choix libre des citoyens est la voie la mieux appropriée pour le développement », ajoute-t-il. Avant de souligner le besoin de vérité pour faire avancer le Mali.
S’il exprime le souhait de voir des échéances se dérouler en toute transparence et crédibilité, il ajoute qu’il faut rassembler, ce que son parti continuera à faire.
Ce ralliement n’est pas cependant du goût de tout le monde, notamment des soutiens de l’activiste Ras Bath. « Je continue à soutenir le combat de Ras Bath, mais je ne voterai pas pour Soumaïla », déclare Cheick Oumar Tidiane Doucouré sympathisant du mouvement de Ras Bath. Pour lui, ce ralliement n’est pas une surprise. « C’était planifié, parce que Soumaïla a une chance de battre IBK. Le vœu du CDR est qu’IBK ne soit pas réélu. Mais je pense que Soumaïla n’incarne pas le changement », conclut ce militant.

Soumaila Cissé : « Une élection sans observateurs entacherait la crédibilité du Mali »

L’Union européenne a posé ses conditions aux autorités maliennes pour l’envoi d’une mission d’observation lors du scrutin présidentiel de 2018. Approché par Journal du Mali, le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé nous fait part de ses inquiétudes sur la question.

L’Union européenne vient de poser un ultimatum au gouvernement malien, afin qu’elle respecte les remarques faites à la suite de la présidentielle de 2013, comment analysez-vous cette sortie ?
En 2013, à la suite des élections présidentielles, l’UE a déposé un rapport sur les élections, dans lequel elle a fait une série de remarques en 18 points pour améliorer le processus électoral au Mali. Le gouvernement du Mali depuis quatre ans et demi aurait dû analyser cela, et échanger avec les différents acteurs pour améliorer le système. Cela n’a pas été fait. Dans le rapport, l’UE a particulièrement épinglé la Cour constitutionnelle. Nous avons vu à Niono, Gao, Djenné, pour ne citer que ceux-là des personnes qui ont gagné des élections avec plus de 54% des voix, mais qui au final ont été éliminé par la Cour Constitutionnelle et nous savons tous que c’était profondément injuste.
À l’opposition, nous avons demandé au temps du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, une commission paritaire pour améliorer le système. Il y a 15 experts qui ont été désignés pour travailler sur la question. Cette commission est composée de quatre membres de la majorité, quatre de l’opposition, autant pour les partis dits du Centre et trois du ministère de l’Administration Territoriale. Ces 15 personnes travaillent déjà depuis quelques semaines, mais malheureusement la majorité présidentielle boycotte ces réunions. Ce qui nous amène à penser qu’elle préfère organiser la fraude que de préparer des élections transparentes. Dans d’autres pays, c’est plutôt l’opposition qui boycotte, mais chez nous c’est la majorité. C’est pour vous dire que les remarques malheureusement de l’UE sont fondées.
Estimez-vous que cela représente une menace pour l’élection ?
Ceci introduit une menace claire sur les élections, parce que si l’UE refuse d’assister aux élections, il y a malheureusement des chances qu’elle refuse de financer et dans son sillage elle peut entraîner les autres partenaires, comme les Etats européens, les Etats-Unis ou même les grandes institutions. Ce n’est pas une bonne chose, il appartient au gouvernement de réagir rapidement.
Quelles pourraient être les conséquences d’une élection sans observateurs ?
Cela entacherait la crédibilité du Mali. Une élection non-crédible créée des doutes, des troubles ce qui peut malheureusement aboutir une crise électorale, mais aussi et surtout cela peut créer des difficultés avec nos principaux partenaires pour le financement des projets. Nous serons bien avisés de régler cette situation rapidement, nous avons le temps de l’améliorer, une commission est déjà en place pour cela, à condition bien sûr que tous les acteurs soient intéressés par une élection transparente et crédible.

Mobilisation massive pour le NON au projet de révision constitutionnelle

Vêtus en rouge et noir, accompagné des casquettes rouges, des milliers de personnes, voir un million selon les organisateurs, ont pris part à cette deuxième marche pacifique de protestation organisée par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Parmi les marcheurs, on notait la présence de plusieurs leaders de la classe politique et de la société civile.

Après une grande marche pacifique de protestation effectuée le 17 juin dernier, un grand meeting tenu le 1er juillet dernier, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus de 100 associations de la société civile, des organisations syndicales et une quarantaine de partis politiques sont descendus dans la rue, samedi 15 juillet 2017 à Bamako, pour inviter le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à retirer la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992. Cette marche a débuté aux environs de 10 heures à la place de la liberté, en passant par la place de l’indépendance pour prendre fin aux environs de 12 heures à la bourse du travail. Selon les organisateurs, ladite marche était synchronisée avec celle de certaines localités de l’intérieur et de l’extérieur du pays comme Kayes, Mopti, Ségou, Koutiala, Dakar (Sénégal), les Etats Unis d’Amériques. Par trois fois, les organisateurs ont réussi le pari de la mobilisation qui, selon eux, est un « signal fort, un carton rouge au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la Réforme de l’État qui sont allés chercher à l’étranger une constitution qu’ils voudraient substituer à celle adoptée par le peuple souverain du Mali ».

le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, les anciens Premiers ministres du Mali (Soumana Sako, Modibo Sidibé), Nouhoum Togo du Pdes, Daba Diawara du PIDS, Modibo Sangaré de l’UNPR, Mamadou Oumar Sidibé de PRVM Fasoko, Djibril Tangara du FCD, Pr Salikou Sanogo, Me Demba Traoré, Dr Madou Diallo, honorable Mody N’Diaye de l’URD, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Me Amidou Diabaté et Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, les honorables députés Amadou Thiam et Amadou Araba Doumbia du groupe parlementaire Adp-Maliba/ Sadi, le secrétaire général de la CSTM, Hammadou Amion Guindo, les leaders du Mouvement « Trop c’est Trop » comme Amara Sidibé , Amadou Beidi Daou et bien d’autres y étaient présent.

Les manifestants soulignent que leur attachement à la loi fondamentale de 1992 tient au fait qu’elle est l’émanation d’une lutte qui a été gagnée par le sang des martyrs.

En plus des griefs contre certaines dispositions du projet de Constitution, les opposants soutiennent que le contexte n’est pas propice à l’organisation d’un référendum au Mali.

Ils estiment que l’insécurité est plutôt grandissante dans le pays et rappellent l’absence de l’administration et de l’Armée dans certaines localités du nord et du centre du pays.

Rappelons que la Plateforme «AN Tè ABANA» est un regroupement d’associations et de partis politiques qui s’opposent au projet de révision de la Constitution. Elle est entrée en action après l’adoption du projet de loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. Elle a déjà à son actif plusieurs manifestations demandant le retrait du projet.

 

 Chef de file de l’opposition : et maintenant la démonstration ?

Deux ans après l’adoption de la loi portant statut du chef de file de l’opposition par une écrasante majorité des députés, Soumaïla Cissé est entré en possession des moyens nécessaires à sa charge. Dans ses nouveaux locaux, entouré d’une équipe composée par ses soins, le patron de l’opposition a désormais la tâche de convaincre par l’action les Maliens qui s’interrogent encore sur le contenu de cette fonction inédite. Avec des avantages identiques à ceux du premier vice-président de l’Assemblée nationale, nombreux sont ceux qui pensent en effet que le « pactole » alloué à l’honorable Cissé est un cadeau empoisonné. Le chef de file, et l’opposition avec lui, va-t-il avoir les coudées franches pour jouer son rôle de critique et de contre-proposition au pouvoir ?

C’est au Quartier Mali à environ 50 mètres du siège national de son parti, l’Union pour la république et la démocratie (URD), que Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, a installé le personnel de son cabinet dans un immeuble flambant neuf de trois étages, au bord du goudron. Composé de plusieurs bureaux, l’immeuble a été équipé de matériels et infrastructures dernier cri afin de permettre au personnel de travailler dans les meilleures conditions. Le tout financé par le budget de fonctionnement alloué par le gouvernement, conformément à la loi portant statut du chef de file de l’opposition. Ses quinze collaborateurs sont issus de différentes formations politiques, telles que le PARENA, le PDES ou encore PRVM Fassoko.

Ce statut officiel date déjà de deux ans, et le fait bénéficier des mêmes avantages et prérogatives que le premier vice-président de l’Assemblée nationale. Une première au Mali qui, logiquement, devrait permettre à Soumaïla Cissé, désigné en mars 2015 par son parti, principale formation de l’opposition, d’animer cette dernière et de faire en sorte qu’elle puisse suivre l’action gouvernementale et par-là aider à asseoir la démocratie dans tous ses fondements. « Nous avons besoin d’une opposition forte et responsable (…) », déclarait Soumaïla Cissé à Journal du Mali, lors d’une interview en avril dernier. Investi d’une véritable mission de service public, il est donc depuis 2015 en charge d’animer la vie politique du pays et d’être le porte-parole de l’opposition face à la majorité au pouvoir menée par le Rassemblement pour le Mali, parti du président Ibrahim Boubacar Keïta. Et ce jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle en 2018. « On ne l’a pas beaucoup vu ni entendu depuis, et à chaque fois qu’on le critiquait pour cela, il arguait de l’absence de moyens pour accomplir sa mission. À présent, nous attendons de le voir à l’œuvre », assure Abdoulaye, juriste.

Casquette à double tranchant. « Je n’accepterai pas d’être muselé parce qu’il y a un décret qui dit qu’il va nous donner des avantages », assurait encore Soumaïla Cissé dans nos colonnes. Financé à hauteur de 500 millions de francs CFA sur le budget national, le cabinet du chef de file de l’opposition est en effet attendu au tournant par  les pourfendeurs de cette « innovation démocratique ». Au nombre desquels, certains chefs de partis, notamment d’opposition. C’est le cas d’Oumar Mariko du parti SADI, et député élu à Kolondièba. Il estime que le budget est alloué à la personne du chef de l’opposition et non à « l’opposition elle-même ». Et d’ajouter que c’est « un partage de gâteau entre Soumaïla Cissé et son excellence Ibrahim Boubacar Keïta, dans le seul but de le faire taire ». Souleymane Tiéfolo Koné, premier vice-président des FARE Anka Wuli (Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence) est encore plus radical, puisqu’il conteste l’existence même du statut de chef de file de l’opposition qui est pour lui « une plaisanterie ».

Doter de ses pouvoirs et de ses moyens par l’État, Soumaïla Cissé pourra-t-il travailler de manière indépendante ? L’opposition n’est-elle pas tombée dans un piège visant à mieux la contrôler, voire la museler ? Autant de questions qu’Ibrahima Ndiaye, dit « Iba », ancien ministre et actuellement directeur de cabinet du chef de fil de l’opposition, qualifie de normales. « C’est une première au Mali et nous comprenons ces réactions. Les partis politiques et la presse sont financés chaque année par l’État. Cela n’empêche pourtant pas ces entités d’être libres », assure-t-il.  Moussa MARA, président du parti Yelema, se veut lui aussi clair : « l’aide au chef de l’opposition n’est pas destinée à l’acheter mais à lui donner les moyens de s’opposer justement avec plus d’informations, plus de forces, plus de moyens et plus de capacités ».

Soumaïla Cissé est donc désormais considéré comme l’interlocuteur privilégié du pouvoir exécutif, et lui qui s’est régulièrement plaint d’être ostracisé par l’ORTM, est censé avoir un accès libre et équitable aux médias d’État et peut profiter d’avantages spécifiques. Il peut aussi demander à être reçu ou convoqué par le président de la République et le Premier ministre, qui pourront également le consulter sur les actions et décisions engageant l’État. L’élu de Niafunké ne pourra pas non plus être poursuivi en raison d’opinions qu’il sera amené à exprimer dans le cadre de ses fonctions. Pour Hamadou Maïga, membre de la société civile, l’instauration d’un statut de chef de file de l’opposition est un gain pour la démocratie malienne. Il est bien l’un des rares acteurs de la société civile malienne, censée contrôler l’action politique, à s’exprimer sur le sujet. Elle semble, pour le moment du  moins, plutôt atone sur cette question.

La crainte du « consensus ». Le cabinet du chef de l’opposition n’a pas encore défini un plan d’action pour les mois à venir. C’est du moins ce qu’explique son directeur. « Nous venons d’emménager. L’équipe va se concentrer incessamment sur la question ». Ne connaissant pas encore les axes de travail de la « maison opposition », les supputations vont bon train. Et en particulier celle qui annonce des tractations pour un partage de pouvoir entre majorité et opposition, voire la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Scénario qui donnerait raison à ceux qui parlent de partage de gâteau et appréhendent un « consensus à la malienne », comme ce fut le cas sous Amadou Toumani Touré (ATT), ancien président de la République. « Cela ne relève pas du cabinet », explique Djigui Diabaté, chargé de mission au cabinet. Et pour Madani Traoré, secrétaire général de l’Union pour la république et la démocratie (URD), la question n’a « jamais été évoquée au sein du parti ». Du côté du PARENA, autre parti de l’opposition, le propos est le même, « ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant ce n’est que pure spéculation », affirme Djiguiba Keïta dit PPR, lui aussi secrétaire général de son mouvement. Sur cette question, les partis de l’opposition semblent parler pour l’instant d’une même voix. Est-ce pour autant que l’on doive exclure cette éventualité ? Non, répondent des observateurs de la scène politique malienne, que confortent les réunions de plus en plus fréquentes entre leaders de la majorité et de l’opposition. Moussa Mara, dont le parti appartient à la majorité, estime quand à lui que le statut actuel du chef de file de l’opposition « n’a rien à voir avec un gouvernement d’union nationale, qui obéit à une logique politique de partage de pouvoir ».

Quoiqu’il en soit, les Maliens ont le regard fixé sur le chef de file qui possède désormais les moyens si longtemps attendus. Après avoir perdu deux années depuis sa désignation pour ce poste, c’est à présent le temps de la démonstration par l’action, et surtout le temps de confondre les sceptiques qui ne croient pas encore en cette innovation dans la démocratie malienne.

 

 

 

L’opposition prend une nouvelle fois la rue d’assaut

Les principales formations politiques de lopposition malienne ont organisé une marche ce samedi afin de protester contre les actions du gouvernement en place.

Il était 10 heures quand les principaux chefs de lopposition ont débuté leur marche protestataire. Bras dessus bras dessous, Soumaila Cissé chef de file de lopposition, Modibo Sidibé et les autres représentants des 14 partis frondeurs ont entamé leur parcours devant la chambre de commerce du Mali.

Dénonçant à la fois la nouvelle loi électorale, la non tenue des concertations national, la censure de lORTM et réclamant le retour de lex chef de lÉtat Amadou Toumani Touré, le cortège qui est allé de la place de la liberté, en passant par le boulevard de lindépendance pour finir devant la bourse du travail sest vu tout le long applaudi et félicité par les curieux venus nombreux.

En appelant une énième fois à marcher contes les actions du gouvenement, les organisateurs espéraient rallier un nombre conséquent de personne à leur combat. Selon les chiffres officiels, ils étaient 700 au départ à avoir répondu a lappel, on en dénombrait un millier a lissue du parcours. Les manifestants brandissaient des pancartes où on pouvait lire « Ca va pas » et entonnaient a lunisson « Jo brin » surnom que détesterait le président, ou encore « Le vieux si tu ne peux rien, dégage », les jeunes présents en majorité ont manifesté leur mécontentement et leur désarroi. Dénonçant chômage et misère, ils se sont même permis quelques mots doux a lencontre du chef de lÉtat.

« Dhabitude, je suis peu enclin a participer a ces marches, mais cette fois je ne pouvais rester passif. On en a marre, on est à bout, ce qui me fait le plus mal cest davoir voté pour lui, je suis déçu pestait un marcheur.

Loi électorale

Prenant la parole en premier le président des forces alternatives pour le renouveau et lémergence « FARE » Modibo Sidibé sest dit consterné. « Cette loi nas rien de bon, sils veulent nous barrer la route, qu`ils trouvent autre chose, ça on ne lacceptera jamais ». Avant dêtre rejoint par Soumaila Cissé président de lUnion pour la république et la démocratie (URD) : « Cette loi a été taillée sur mesure, elle est discriminatoire, misogyne, elle na tout simplement pas lieu dêtre ». Ils réclament une révision complète de la loi pour quelle soit selon eux plus équitable.

Concertations Nationales

Les opposants appellent de leurs vœux ces fameuses concertations qui sans elles, ne saurait entériner un accord de paix déjà très fébrile. « Déjà, on a entendu que la mise en place des autorités soient effectives pour le 25 août mais en approchant on n‘a rien vu » ironisait Mr Cissé.

Chômage des jeunes

Avec un auditoire composé majoritairement de jeunes, les contestataires ne pouvaient éluder la question. Modibo Sidibé estimait que pour la paix du Mali, pour aujourd’hui et pour demain, les jeunes devraient avoir du travail afin qu’ils puissent sereinement envisager lavenir. Pour Cissé, le problème est grave, il juge que la fonction publique ne fait plus son travail comme elle le devrait. « On nous dit, je vais créer 200.000 emplois mais au contraire on en détruit 300.000 » estimait il faisant référence aux récentes opérations de déguerpissements menées par la gouverneur du district Ami Kane.

Retour DAmadou Toumani Touré

Pourquoi il ne reviendrait pas ? C’est la question que sest posée le président du FARE soutenant quun processus de réconciliation nationale ayant été enclenché, lancien chef de lEtat devrait être de retour chez lui. « Cest un ancien chef de lÉtat et de ce fait il jouit de tous les avantages de la fonction, trois ans qu’une procédure a été lancée contre lui, sans résultat, pourquoi ne pas le laisser tranquille », sétonnait Soumaila Cissé.

Censure de lORTM

Ils estiment également ne pas être logés à la même enseigne par le service de la télévision dÉtat. Ils se disent boudés par lORTM, d’après eux, en trois ans la télévision publique ne leur a accordé aucun temps dantenne. Quelle est leur mission si ce n’est d`informer?, sétonne Modibo Sidibé.

Choix du Président

« Comment faire confiance à un président qui a changé trois fois de secrétaire général de la présidence, comment assurer la sécurité quand on nomme quatre ministres de la défense en trois ans » sinterrogeait le chef de file de lopposition. Avant dajouter qu’au lieu que le président ne se promène dans le monde, il devrait d’abord aller dans nos régions et aussi à Kidal. Enfin, il conclu par ces mots : « Ce nest ni Barkhane, ni la MINUSMA qui feront le Mali à notre place c’est nous-mêmes qui le feront ».

Mali : l’opposition a battu le pavé contre la gouvernance actuelle

Des milliers de manifestants ont envahi la rue de Bamako pour dire non aux dérives du gouvernement et à la mauvaise gouvernance.

Annoncée en grande pompe, la marche de l’opposition a mobilisé des milliers de manifestants de la Place de la Liberté au Boulevard de l’indépendance, samedi 21 mai 2016. Ils étaient 50 000 Maliens à battre le pavé selon les organisateurs et seulement un millier selon les sources gouvernementale. La manifestation a démarré vers 09 heures sous la direction des chefs de file de l’opposition : l’honorable Soumaila Cissé, de l’URD, Tiebilé Dramé du PARENA, Sadou Diallo du PDES, Daba Diawara du PIDS et Djibril Tangara du FCD.

Cette marche était renforcée par la participation de centaines d’associations comme ‘’Ras-le-bol’’, ‘’An Ta Yafa’’, ‘’An Toro la’’, pas moins de 300 associations avaient répondu à l’appel. Les marcheurs ont quitté la Place de la liberté, en passant par la place de l’OHVN pour rallier le Boulevard de l’indépendance. Tout au long de leur itinéraire, ils ont dénoncé les maux qui minent le quotidien des Maliens, comme « la vie chère », « la corruption généralisée », « la mauvaise gouvernance», « la pénurie d’eau et les coupures d’électricité », « les surfacturations », « l’insécurité », etc. Sur les banderoles, on pouvait aussi lire « Halte à la dilapidation des ressources publiques, non aux autorités intérimaires ».

Au cours de la marche, nombre de manifestants exprimaient leur désaveu de la gouvernance actuelle, « le Mali est devenu la boîte privée du Président IBK et de sa famille avec la bénédiction de certains partis dits de la majorité ». « Ça suffit. Nous marchons pour dénoncer ces malversations financières », ont martelé certains opposants marcheurs.

Un jeune du mouvement « Ras-le-bol », enchaînait : « On en a marre d’un régime qui a montré ses limites dans la gestion du pouvoir ». Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, Tiebilé Dramé, Président du PARENA a pris la parole pour dénoncer les dérives du pouvoir : « Cette marche n’est pas une marche de l’opposition, mais une marche du Mali. C’est une marche pour le retour du Président Amadou Toumani Touré. Les 33 mois de pouvoir d’IBK sont émaillés de scandales. C’est cet immobilisme qui a conduit l’opposition à la marche ».

Sur le haut de la tribune du Boulevard de l’indépendance, en face des milliers de marcheurs, le chef de file de l’opposition a pris à témoin les Maliens. « Nous sommes là parce que ça ne va pas ! Et pourtant nous avons alerté ! Sans cesse alerté ! Oui nous avons toujours dénoncé toutes les dérives qui caractérisent la gouvernance de notre pays ! Et pour toute réponse nous avons eu le mépris des autorités et la diffamation publique. Nous avons été traités d’apatrides, de « hassidi » ! Or, notre peuple n’aspire qu’à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage », a tancé Soumaila Cissé.

Poursuivant son intervention, le chef de l’URD a déclaré que cette marche était la réaction du peuple malien face aux souffrances et au désespoir : « Le cri du peuple est notre cri à tous et c’est ensemble que nous devons désormais nous engager au chevet de notre pays pour le bien-être des populations, au-delà de tous les clivages politiques. Le temps est venu de sortir de l’immobilisme actuel et redonner espoir à nos populations. Les Maliens attendent un État fort, un État solide, stable et juste, un État stratège, capable de donner une direction au pays…»

Et l’honorable Soumaila Cissé d’inviter le public à « Dire non à la mauvaise gestion de la question du Nord, à la mauvaise gouvernance, à la corruption généralisée, à la dilapidation de nos maigres ressources, à l’arrogance et au mépris, à l’absence de dialogue social…».

Cette démonstration de force de l’opposition, visant le régime actuel, à assis, par cette mobilisation populaire, la légitimité réelle des opposants à la gouvernance actuelle, et permettra d’en apprécier l’ampleur et l’éfficacité lors des prochaines échéances électorales.