URD – EDR : forces et faiblesses

L’un veut maintenir l’Union, l’autre, insuffler un nouvel Espoir avec la création d’un nouveau parti politique. Le divorce étant désormais acté entre les partisans de Gouagnon Coulibaly et ceux de Salikou Sanogo, que peuvent représenter les deux tendances ? Focus sur leurs atouts et handicaps.

Ce que l’on annonçait comme « inévitable » s’est produit : l’URD se scinde en deux. Le 20 mai dernier, Salikou Sanogo et ses partisans ont annoncé la création d’un nouvel appareil politique, Espoir pour la Démocratie et la République (EDR). En attendant son lancement officiel, les statuts et le règlement intérieur du parti ont déjà été adoptés. Les logo et nom également. Irréconciliables, les deux tendances doivent désormais faire cavalier seul sur l’échiquier politique. Quels sont les forces et faiblesses de chacune ?

Prenons Gouagnon Coulibaly en premier. L’ancien député de Kati conserve l’URD, vieux parti de 20 ans dont le nom est très connu sur l’ensemble du territoire malien. Une des raisons pour laquelle plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats aux élections à venir jouent encore la carte de la prudence.

« Tout ceux qui espèrent un poste électif vont vouloir consulter leurs sections avant de faire un choix. En plus, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau national. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont officiellement quitté le parti de la Poignée de mains.

Financièrement aussi, le camp Gouagnon pourrait s’en sortir. Plusieurs grands bailleurs de fonds lui sont restés fidèles, notamment Sékou Abdoul Kadri Cissé, oncle maternel de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Ancien député de Djenné et voix influente à l’URD, selon une source interne, il était du temps de Soumaïla Cissé l’un des principaux bailleurs de la formation politique. Boubou Cissé lui-même, ainsi que l’ancien ministre de l’Économie Mamadou Igor Diarra, sont du côté de Gouagnon Coulibaly et représentent des bailleurs potentiels pour son camp.

Capacités

Autre atout pour la tendance Gouagnon, elle est soutenue par de nombreux cadres du parti qui ont une forte capacité de mobilisation. Au nombre desquels le 5ème Vice-président, Amadou Cissé dit Djadjiri, qui jouit d’une grande popularité, principalement dans la zone de Ténenkou, ou encore Abdrahamane Diarra. Longtemps Président de la Jeunesse de l’URD, ce dernier est en mesure de mobiliser les jeunes militants. Tout comme l’expert en communication Racine Thiam, qui s’est également engagé auprès de l’actuel Président de l’URD.

Le camp Gouagnon a toutefois des faiblesses, dont certaines pourraient sérieusement l’impacter. Il ne semble pas bénéficier du soutien de la famille de l’ancien Chef de file l’Opposition du Mali, bien que ses militants se réclament « héritiers de feu Soumaïla Cissé » animés d’une volonté de « perpétuer ses idéaux ». Sans se prononcer publiquement, sa veuve, Mme Cissé Astan Traoré, s’est plusieurs fois affichée aux côtés du camp Salikou Sanogo, notamment le 20 mai, lors de l’annonce de la création de l’EDR. Des nostalgiques de Soumaïla Cissé s’indignent contre le camp Gouagnon Coulibaly, qu’ils accusent « de vendre l’URD au plus offrant ». Certains d’entre eux ne digèrent toujours pas l’adhésion à l’URD de Boubou Cissé, qui a été partisan du pouvoir d’IBK qu’ils ont combattus.

Ténors

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. De son côté, la grande force du camp Salikou Sanogo est bien évidement la famille de Soumaïla Cissé. « Sa femme est présidente d’honneur du nouveau parti EDR et l’un de ses enfants est Secrétaire national chargé des Maliens de l’Extérieur dans le Directoire provisoire. Aujourd’hui, personne ne peut revendiquer le nom de Soumaïla Cissé plus que sa femme et ses enfants », estimait dans Journal du Mali (N°424) Nouhoum Togo, un ancien très proche du défunt politicien. La tendance Salikou Sanogo peut se targuer en plus de bénéficier de l’accompagnement de plusieurs ténors de longue date de l’URD, dont Daouda Touré, membre fondateur et Secrétaire général du parti, ou encore de l’éloquent avocat Me Demba Traoré, à l’URD depuis 2007. Mais la faiblesse du camp Salikou Sanogo réside aussi dans sa force. « La plupart de ces anciens ténors sont des vieux du parti qui ne pèsent plus lourd au niveau de leur base et ne possèdent pas de fonds conséquents pour financer une campagne électorale », signale un membre du BN. Incapables de rester ensemble, les deux camps doivent à présent batailler dur l’un sans l’autre, avec leurs forces et faiblesses respectives, pour peser sur la scène politique malienne.

URD : l’union ne tient plus qu’à un fil

En conflit depuis plus d’un an, les camps Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) sont au bord de la rupture totale. Après la confirmation du premier comme Président du parti par la Cour suprême le 12 avril dernier, les militants du second se mobilisent pour la création d’un nouvel appareil politique.

Des discours séparatistes. De la tension en interne entre partisans des deux camps. Depuis le décès de Soumaïla Cissé, la vie au sein de son parti n’a rien d’un long fleuve tranquille. Ce qui avait débuté par une lutte de pouvoir entre des cadres du Bureau National vire peu à peu à l’effritement du regroupement politique. Pour cause, la confirmation au poste de Président de l’URD de Gouagnon Coulibaly passe mal auprès des partisans du Professeur Salikou Sanogo. « Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaïla Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu, cher parti », a réagi à la suite de la décision judiciaire Moussa Sey Diallo, Secrétaire adjoint à la Communication du parti, proche du camp Salikou Sanogo. Laissant supposer son retrait de l’URD, même si, officiellement, il ne l’a pas encore fait. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont franchi le pas. Le Pr Sanogo, principal opposant à la présidence de Gouagnon coulibaly, ne s’est non plus pas résigné au verdict de la Cour suprême.

Autant de graines de discorde qui ne réduisent plus les dissensions actuelles à une simple difficulté de gestion d’une crise interne. Le point de non retour semble acté et la division du parti, de l’avis de plusieurs analystes, est désormais inévitable.

D’ailleurs, pour le camp Sanogo, l’heure est « à tourner la page » et à « avancer ». Quitte à créer un nouveau parti ? « Tous les responsables, militants, sympathisants de l’URD […] respectueux de nos valeurs sont résolument engagés à perpétuer le combat de nos défunts Présidents sous une forme plus saine et plus conviviale. C’est dans cette perspective qu’il nous faudra rester sur la scène politique et disposer d’un nouvel appareil », a indiqué le 16 avril dernier, lors d’une rencontre avec des militants acquis à sa cause, l’homme politique, qui est longtemps demeuré le second de Soumaïla Cissé.

Cette volonté est aussi partagée par Daouda Touré, le Secrétaire général du parti de la Poignée de main. « Nous nous sommes battus. Mais avec le verdict de la Cour suprême la procédure judicaire est arrivée à son terme. Nos partisans nous ont donc demandé de laisser l’URD et de créer un autre parti. Nous nous attelons à cela », a-t-il fait savoir lors d’une vidéo de présentation de vœux à l’occasion de la récente fête du Ramadan.

À cet effet, selon une source bien introduite, une réunion de travail d’une Commission chargée de la rédaction des textes du nouveau parti a eu lieu dans le local qui servait de bureau du Cabinet du chef de file de l’Opposition à Badalabougou le week-end du 5 au 6 mai 2023, sous la présidence de Salikou Sanogo. Les statuts et règlement, la charte, le nom et le logo auraient déjà été établis.

Dans son ambition de scission, le camp Sanogo risque cependant de se confronter à des difficultés. Plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats à une élection jouent encore la carte de la prudence. « Beaucoup sont en train de voir de quel côté va pencher leur section d’abord. C’est ce qui va beaucoup jouer sur cette histoire, car, pour eux, il ne s’agit pas de suivre la volonté d’un homme, mais plutôt celle de leur base. Tous ceux qui aspirent à un poste électif vont vouloir consulter les directives de leurs sections. En outre, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau National. Pour convaincre les sections, au niveau des deux camps l’ambition demeure la même : « préserver les idéaux de feu Soumaïla Cissé ». C’est tout le paradoxe de ce combat entre deux protagonistes qui se réclament d’un même idéal mais que tout semble séparer pourtant.

Gouagnon Coulibaly : « l’URD n’est ni à moi ni au groupe qui m’a soutenu »

Confirmé Président de l’URD par la Cour Suprême le 12 avril dernier, Gouagnon Coulibaly a reçu le 2 mai 2023 au siège du parti une attestation de reconnaissance et une médaille de la part de l’Association des jeunes engagés pour la cause du Mali (AJECM). À l’issue de la cérémonie, le nouvel homme fort du parti de la Poignée de mains a répondu à nos questions.

Vous avez été confirmé il y a 3 semaines Président de l’URD suite à la longue bataille judiciaire qui vous opposait au Pr. Salikou Sanogo. Quels actes allez-vous poser ?

Nous ne sommes pas braqués contre qui que ce soit, ni triomphalistes. Nous n’avions pas souhaité aller en justice mais les évènements nous y ont contraints. Dieu faisant bien les choses, aujourd’hui nous avons tourné cette page. Alors mettons-nous ensemble parce que le Mali est plus important que tout. Il faut s’unir pour le sauver.

Selon certaines informations, ceux qui étaient opposés à votre présidence vont créer une autre formation politique. Avez-vous des craintes pour l’avenir de l’URD ?

En réalité, parmi ces camarades, il y en a qui ont déclaré qu’ils allaient quitter l’URD pour créer un autre parti et d’autres un mouvement. Mais beaucoup également disent ne pas vouloir quitter l’URD. Pour le moment, au Bureau national, nous n’avons reçu que deux démissions. Avec deux démissions, on ne peut pas parler d’une véritable division. Parmi nos camarades en désaccord avec nous, beaucoup affirment être membres de l’URD et être prêts à continuer le travail entamé avec feu Soumaïla Cissé. Nous les encourageons. L’URD n’est ni à moi ni au groupe qui m’a soutenu, mais à nous tous. Ce qui nous divise est très peu par rapport à ce qui nous réunit.

Quelle est votre position à l’égard de la Transition ?

Nous nous sommes inscrits dans la ligne des autorités de la Transition pour les aider à réussir, à ce que les réformes se passent bien, à commencer par le projet de Constitution, que les gens votent massivement pour le oui et que les autres réformes et les élections se passent dans de bonnes conditions. Nous ne ménagerons aucun effort et nous allons rester disponibles pour les autorités toutes les populations du Mali pour apporter notre pierre à l’édifice Mali, notre bien commun. Dans les jours et les mois à venir, nous allons tout faire pour montrer aux Maliens que l’URD est un parti qui aime le Mali et qui va tout faire pour que le pays se redresse.

URD : Gouagnon Coulibaly confirmé président

La Cour Suprême du Mali a confirmé ce mercredi 12 avril Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD. Fin d’un feuilleton judiciaire qui aura duré plus d’une année entre les héritiers de feu Soumaila Cissé, l’ex-chef de file de l’opposition disparu le 25 décembre 2020. 

C’était attendu depuis plusieurs mois. Le verdict final dans le litige opposant M. Gouagnon Coulibaly au Pr. Salikou Sanogo pour la prise en main de l’Union pour la République et la démocratie (URD)  est tombé hier mercredi.

La Cour Suprême, délibérant publiquement et contradictoirement en son audience de ce 12 avril 2023, a rejeté le pourvoi en cassation introduit par le Professeur Salikou Sanogo  contre l’arrêt du 07 septembre 2022 de la cour d’appel de Bamako.

Pour rappel, cet arrêt confirmait le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD.

En conséquence, ce rejet de la Cour suprême valide toutes les dispositions de l’arrêt  du 7 septembre 2022 qui avait confirmé la légalité et la légitimité de l’élection de M. Gouagnon Coulibaly en qualité de Président de l’URD.

Mais cette confirmation de l’ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé à la tête de l’URD continue de diviser le parti de la poignée de mains. «  Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaila Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu cher parti. Dieu, que je t’ai bien aimé », a indiqué Moussa Seye Diallo, Secrétaire-adjoint à la communication du parti, proche du Professeur Salikou Sanogo.

Selon une source au sein de ce camp, une réunion devrait se tenir en fin de semaine suivie d’une Conférence de presse dans la foulée pour expliquer leur position par rapport au dernier développement du différend qui secoue le parti depuis le décès de Soumaila Cissé.

De son côté, Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse du parti, proche de Gouagnon Coulibaly  a réagi en rappelant le caractère démocratique de l’URD. « Un parti politique est et demeure l’association d’hommes et de femmes ayant une convergence de vue. Sa conduite obéit à la volonté de la majorité de ses membres. L’Union pour la République et la Démocratie (URD), notre parti est démocratique. Sous le leadership de son président Gouagnon Coulibaly nous ne comptons pas déroger à cette règle fondamentale », a-t-il répliqué.

 

 

 

 

URD : Jusqu’où ira la discorde ?

Alors que le tribunal de la Commune V donné les pleins pouvoirs à Gouagnon Coulibaly le 1er novembre et que ce dernier a été installé ce lundi au siège comme nouveau président du parti Union pour la République et la démocratie (URD), les partisans du professeur Salikou Sanago continuent toujours à ne pas reconnaître sa présidence et entendent saisir la cour suprême. Jusqu’où ira le désaccord ?

Entre Gouagnon Coulibaly et Salikou Sanago, la fracture est très ouverte. Après la confirmation par la Cour d’appel, le 7 septembre dernier, du jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD, ce dernier a reçu les pleins pouvoirs de la justice pour l’administration du parti le 1er novembre 2022, via une ordonnance du juge des référés du Tribunal de 1ère instance de la Commune V. Il dispose ainsi d’une autorisation qui lui donne l’accès au siège du parti et fait de lui le « seul habilité à poser tous actes de gestion et d’administration ».

« En conséquence, M. Coulibaly doit sans aucune entrave reprendre la haute et totale direction du parti et continuer de le gérer et de l’administrer conformément aux textes », précise Mamadou Dicko, membre de l’URD.

C’est dans ce contexte qu’il a été installé ce lundi dans ses fonctions de Président au siège du parti. « Ceux qui ne sont pas d’accord, malgré leur minorité en ont le droit, mais franchement et très honnêtement le Président Gouagnon Coulibaly est légitime à l’URD. Avec lui, nous demeurons engagés à redonner à l’URD son éclat et à nous rassembler avec tous ceux qui le souhaitent », affirme le Président de la jeunesse de l’URD Abdrahamane Diarra.

Cependant, malgré la prise de pouvoir de Gouagnon Coulibaly, c’est loin d’être la fin de l’épilogue judiciaire, car les soutiens du 1er Vice-président, le Pr Salikou Sanogo, ont  annoncé un pourvoi en cassation devant la Cour suprême.

Dans un communiqué, le 2 novembre le Secrétaire général du parti, Daouda Touré, réputé proche du Pr Sanago, assure « qu’appel a été interjeté contre l’ordonnance du tribunal de la Commune V », et rappelle que « le pouvoir en cassation exercé contre l’arrêt de la Cour d’appel le 7 septembre suit son cour à la Cour suprême ». En outre, une enquête judiciaire est ouverte contre Gouagnon Coulibaly et autres « pour faux et usage de faux » devant le juge d’instruction du 9ème cabinet du tribunal de la Commune III après une plainte des partisans du Pr Salikou Sanogo. « À ce niveau, avec les affaires superposées, je ne pense pas que le dialogue puisse permettre aujourd’hui de réconcilier les cadres de l’URD. Ils sont déjà passés de tribunal en tribunal », explique le politologue Bréhima Mamadou Koné, qui craint un scenario à l’ADEMA des années 2000 – 2002. Confronté à des luttes d’ego, le parti au pouvoir de l’époque avait  vu plusieurs de ses cadres démissionner du parti et créer le leur. Notamment son ancien Président, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui avait quitté ce parti en 2000 et fondé en 2001 le Rassemblement pour le Mali (RPM). L’ex candidat du Parti de l’abeille aux élections présidentielles de 2002, Soumaïla Cissé, avait lui aussi créé l’URD en 2003, considérant avoir été lâché par une partie de l’ADEMA-PASJ lors de l’échéance électorale.

« C’est le même jeu qui est en train de se jouer aujourd’hui au sein de l’URD, où les soutiens du Pr Salikou Sanogo risque de quitter l’URD pour aller créer un autre parti, parce qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir un consensus. Ce sont des querelles d’intérêts qui opposent les deux parties », indique M. Koné. Selon lui, c’est une question de légitimité qui se pose. « Et quand des questions de légitimité se posent au sein d’un parti politique, il est difficile d’avoir l’union sacrée autour des idéaux du parti », trouve-t-il.

Union à l’URD : la difficile mission de Gouagnon Coulibaly

La Cour d’appel de Bamako a confirmé le 7 septembre 2022 le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, qui avait porté M. Gouagnon Coulibaly à la tête de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Confirmé Président du parti de la Poignée de mains en attendant une nouvelle action en justice du camp Salikou Sanogo, l’ancien député de Kati doit s’atteler à la réunification de l’URD, secouée par de divisions internes depuis la disparition de Soumaila Cissé.

En rendant son arrêt le 7 septembre 2022, la Cour d’appel de Bamako a mis fin à 5 mois d’attente des deux camps protagonistes de la crise au sein de l’URD. Mais le feuilleton judiciaire ne semble toujours pas avoir connu son épilogue. Dans un communiqué, le même jour, signé du Secrétaire général Daouda Touré, proche du 1er Vice-président Salikou Sanogo, « l’URD assure qu’un pourvoi en cassation sera exercé contre ledit arrêt de la Cour d’appel dès sa notification ».

Mais, pour les soutiens de Gouagnon Coulibaly, ce pourvoi en cassation sera « sans effets sur l’application rigoureuse et intégrale de l’exécution de l’arrêt de la Cour d’appel ». Ces derniers sont déjà d’ailleurs tournés vers l’investiture du nouveau Président du parti, « dans les prochains jours ». Mais Gouagnon Coulibaly et ses proches veulent tendre la main aux « camarades » qui s’opposent à eux.

Main tendue

Loin d’un triomphalisme affiché, Gouagnon Coulibaly, après cette confirmation comme successeur de feu Soumaila Cissé à la tête de l’URD, se positionne en rassembleur. S’il évite lui-même de se prononcer avant toute passation officielle de pouvoir au sommet du parti, ses proches, quant à eux, communiquent.

Le Secrétaire politique du Bureau exécutif national de l’URD, Bakary Fomba, affirme que M. Gouagnon Coulibaly, qui est « résolument déterminé à rassembler tous les courants du parti, entreprendra très prochainement, dans un esprit d’ouverture et de mains tendue, les actions idoines, permettant de préserver en toutes circonstances l’unité du parti, si chère aux militants ».

« Je pense que la décision de la Cour d’appel n’est pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais plutôt une opportunité pour nous tous de nous retrouver pour faire de l’URD un parti encore plus grand », confie également Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse URD, proche du camp Gouagnon Coulibaly.

Pour parvenir à ces « retrouvailles » après de longs mois de mésententes, Gouagnon Coulibaly et ses proches comptent sur le dialogue. « Nous allons approcher nos camarades qui ne partagent pas nos avis, leur expliquer le bien-fondé de notre démarche. Nous allons aussi accepter des concessions et des compromis », assure Mamadou Dicko, 2ème Secrétaire politique de l’URD.

« Je suis convaincu que tous les courants peuvent se retrouver, pas forcément être d’accords sur tout mais sur le minimum, pour qu’ensemble nous puissions continuer notre combat pour le Mali », poursuit celui qui rappelle que le Congrès qui a élu Gouagnon Coulibaly, n’a « changé personne » et que le Pr. Salikou Sanogo reste le 1er Vice-président du parti. « L’objectif n’a jamais été d’enlever ou d’exclure quelqu’un. Nous continuons à nous battre pour que l’unité du parti soit préservée ».

Nouvelle cohésion ?

Si le nouveau Président de l’URD veut s’employer à réunifier le parti et à tendre la main à ceux qui s’opposent à lui, ces derniers, même s’ils n’excluent pas de refaire route ensemble, semblent résolus à aller au bout de la bataille judiciaire ouverte, en atteste le pourvoi en cassation annoncé.

« Accepter ou pas la main tendue, cela ne se décide pas au niveau d’une seule personne. Nous allons aviser. De toute façon, personne n’a intérêt à ce qu’on mette ce parti à l’eau. Nous avons intérêt à nous unir », glisse Daouda Koné, 7ème Vice-président, proche de Salikou Sanogo.

Élu à la tête de l’URD lors du Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, avec la participation de plus de 1100 délégués, Gouagnon Coulibaly, 60 ans, ancien député et Président de la Commission des Travaux publics, de l’habitat et des transports de l’Assemblé Nationale de 2007 à 2013, a depuis demandé à la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage du parti de « redoubler d’efforts » dans la recherche de « solutions idoines de conciliation qui soient en adéquation avec les textes et pratiques convenus du parti ».

Ses proches l’affirment, l’ancien Directeur de campagne de feu Soumaila Cissé est « ouvert d’esprit » et « totalement disponible » pour rassembler tous les bords.

Présidence de l’URD : la cour d’appel de Bamako confirme la victoire de Gouagnon Coulibaly

Depuis janvier 2022, le parti de l’ancien chef de file de l’opposition, feu Soumaila Cissé est secoué par une crise. A l’issu d’un congrès extraordinaire organisé le 16 janvier 2022, Gouagnon Coulibaly a été élu, nouveau président de l’URD. Une élection rapidement contestée par le président par intérim, Pr. Salikou Sanogo. Une bataille judiciaire s’est par la suite enclenchée, la Cour d’appel de Bamako vient de statuer en faveur de Gouagnon Coulibaly.

Le tribunal de grande instance de la commune V de Bamako avait dans son délibéré du 4 avril 2022, confirmé l’élection de Gouagnon Coulibaly en qualité de Président du parti URD, à l’issue du congrès extraordinaire du 16 janvier 2022. Le Président par intérim Salikou Sanogo avait contesté l’élection de Gouagnon Coulibaly. Conséquence : l’instauration un bicéphalisme s’est installé à la tête du parti. La cour d’appel de Bamako, en vidant son délibéré ce mercredi 7 septembre 2022, dans l’affaire qui oppose Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly, à, dans un arrêt confirmé l’ensemble des dispositions du jugement du tribunal de la commune 5 du district de Bamako du 4 Avril 2022. Elle valide le congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, confirme la légalité et la légitimité de l’élection de Gouagnon Coulibaly. Contacté, les proches de Salikou Sanogo n’ont pas souhaité répondre à nos questions, toutefois ils ont assuré que des recours appropriés seront exercés contre ladite décision. De son côté, Gouagnon Coulibaly, explique qu’avec cette décision de justice et avec la grosse de justice en main, il va s’atteler à redynamiser le parti très bientôt par des activités sur le terrain. Pour rappel, c’est face au refus du 1er vice-président Salikou Sanogo de convoquer un congrès extraordinaire du parti pour élire un nouveau président du parti après le décès de Soumaila Cissé qu’un Collectif pour la sauvegarde de l’URD a été créé en 2021, présidé par Coulibaly Kadiatou Samaké, 3ième vice-présidente du parti.