BRVM Day : la bourse au service des économies africaines

A l’occasion des Journées BRVM organisées dans plusieurs pays d’Afrique, nous avons rencontré Edoh Kossi Amenounve, le PDG de la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Uemoa. Chaque année, la BRVM, aujourd’hui classée comme la 6è bourse en Afrique, s’illustre avec une capitalisation boursière en hausse constante et des nouvelles introductions de sociétés, qui ont compris tout l’intérêt d’être cotées en bourse et de lever des capitaux pour poursuivre leur développement et leur croissance. Journaldumali.com: Le Mali vient d’organiser sa BRVM Day, parlez-nous de cet évènement? Edoh Kossi Amenounve : Ces journées dont la première de l’année 2015 a eu lieu à  Cotonou au Bénin, ont pour but de sensibiliser à  la culture boursière, d’attirer plus d’investisseurs vers la bourse. Lors de la BRVM day de Bamako, nous avons présenté la BRVM, dont le siège est à  Abdijan face à  un public de financiers, de banquiers, d’assureurs, mais aussi d’étudiants, de journalistes etc… Le message qu’il faut faire passer est le rôle majeur de la finance dans le développement des économies africaines, comment la bourse peut aider à  accélérer la croissance en Afrique quant on sait les prévisions de 5,7% pour le continent en 2015. Journaldumali.com: Quel impact ont ces journées BRVM ? Avez-vous senti un engouement croissant pour le monde de la bourse? Edoh Kossi Amenounve :Vous savez, depuis trois ans, la BRVM est dans un processus de redécollage. Les indices boursiers sont en hausse. Le volume des transactions lui aussi s’accroà®t. Au Sénégal par exemple, nous avons eu deux nouvelles introductions de société avec Total Sénégal et la BOA qui ont connu un franc succès. D’ailleurs, une étude de Havas précise que la BRVM représente la 5è bourse en termes de perspectives, après Lagos, Johannesburg, Casablanca et Nairobi. Journaldumali.com: Comment la Bourse peut-contribuer à  la croissance des économies africaines? Edoh Kossi Amenounve: Des liens certains sont établis entre bourses et croissance économique.Depuis la résorption de la crise financière internationale, les économies américaines ont redémarré, les à‰tats-Unis ont aujourd’hui une bourse des plus dynamiques, avec l’indice Nasdaq des entreprises les plus cotées et une capitalisation de plus de 5000 trillions de dollars. En Europe, il y a un retour net vers les marchés financiers, avec l’indice CAC4 et une embellie favorable même après la crise. Aujourd’hui, si les pays africains veulent booster leur croissance, elles ont intérêt à  s’intéresser à  la bourse, qui leur sera d’un grand apport financier, notamment pour les investissements à  long terme, le développement des infrastructures, qui va à  terme créer de la richesse. Mais ce qu’il faut, c’est que les bourses africaines soient mieux soutenues, mieux organisées et réglementées car les besoins en financement sont très urgents.

La BRVM fait son «Media Day» à Bamako

Edoh Kossi Félix Amenounve, l’actuel Directeur Général de la BRVM, a présidé ce Média Day, destiné à  davantage faire connaà®tre les activités de la bourse régionale au Mali aux côtés de Mamadou Sanogo, président du Conseil d’administration de la BRVM Mali. l’antenne Mali est désormais dans une logique de communication intensive pour faire adhérer les entreprises du privé au monde de la Bourse : « Pour que les marchés boursiers soient efficaces, il faut que l’information donnée au public soit fiable, mais aussi de qualité », a rappelé le patron de l’institution basée à  Abidjan. Un défi de taille lorsqu’on sait la vitesse à  laquelle l’information est donnée grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. De plus, les perspectives 2014 veulent que la BRVM enregistre de plus en plus d’introductions de sociétés. Parmi elles, le groupe hôtelier Azalai pourrait très prochainement faire son entrée sur la place financière ouest-africaine. Démocratiser la bourse Cotation, emprunt obligataires, marchés d’intermédiation, toutes ces notions ont ensuite fait l’objet de questions de la part de la vingtaine de journalistes maliens présents à  ce Média Day, tenu le 12 juin à  l’hôtel Salam de Bamako. Le jargon boursier n’étant pas accessible à  tous, les responsables de la BRVM ont expliqué ces concepts en détail et démontré tout l’intérêt de passer d’une « logique bancaire » pour s’autofinancer à  une « logique de marché boursier » o๠les levées de fonds peuvent être substantielles et directes, tout en boostant la croissance des économies africaines. Lors de ce Média, un bilan des activités 2013 de la BRVM a été présenté. Si la capitalisation globale de la Bourse atteinte désormais les 6000 milliards de francs CFA, la plaçant comme 6è bourse africaine après Johannesburg, Lagos, Casablanca, le Caire et Nairobi, force est de constater que seules deux entreprises maliennes sont cotées jusqu’ici. « D’o๠l’intérêt de ce Média, se réjouit Amadou Djéry Bocoum de l’Antenne Nationale BRVM de Bamako. Le Média Day s’est achevé par la production d’un mini article par les journalistes invités et sur un thème choisi. l’équipe constituée par le Journaldumali.com, Les Echos, Option et Depechesdumali.com a remporté le jeu et reçu une enveloppe symbolique de 200.000 CFA, des mains du Directeur Général de la BRVM, qui espère ainsi pérenniser la relation entre les Médias et la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’UEMOA. Après Bamako, rendez-vous à  Abidjan ?

Le cousinage à plaisanterie : facteur d’unité nationale au Mali

Qu’est ce que le cousinage à  plaisanterie ? Depuis ces temps lointains, le peuple du Mali est uni par un lien sacré, à  savoir le cousinage à  plaisanterie « SINAGUYA » qui nous permet de régler nos différends. Le “cousinage à  plaisanterie” qui naà®t entre deux communautés (et même à  l’origine entre deux individus), laisse la liberté à  tous de s’assimiler à  un groupe social afin d’user de facilités. A la fois école de maà®trise de soi, de rhétorique, de dépassement de soi, de bonne humeur, de conduite surveillée, le cousinage à  plaisanterie est aussi un garde-fou pour la société qui la pratique: on y a recours de façon directe ou indirecte mais il est efficace pour obtenir ce que l’on ne pourrait obtenir par des relations ordinaires. Comment est venu le cousinage à  plaisanterie ? Quant Soundiata Keita fut proclamé le roi du grand Manding après la bataille de Kirina en 1235, une Charte de 44 articles fut adoptée à  l’issue des discussions appelée la charte du Mandé ou Kurukanfuga : Aucun domaine de la vie des hommes n’ y a été occulté : l’organisation sociale, les droits et les devoirs de la personne humaine, l’exercice du pouvoir, les droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux, la place des femmes dans la société, la famille, la gestion des étrangers, la préservation de la nature, la conservation et la transmission de l’histoire, tout y est passé. Parmi les sujets débattus et les résolutions adoptées, beaucoup continuent d’avoir un impact sur la vie quotidienne de tous les peuples de culture mandingue. C’’est le Sanankunya ou cousinage à  plaisanterie. Le Sanankunya ou cousinage à  plaisanterie a un champ d’action plus étendu parce qu’il est intimement lié au nom patronymique des clans concernés. Entre eux, les Sanankuns (les cousins à  plaisanterie) ont tous les droits et peuvent tout se permettre, à  la limite de la décence bien évidemment. Ils n’ont pas besoin de se connaà®tre d’ailleurs et la seule évocation de leurs patronymes respectifs suffit à  décrisper les situations les plus délicates. Au Mandé le « Sanankunya » ne fut pas un phénomène imposé à  telle ou telle tribu vis-à -vis de telle ou telle autre. Il s’est établi selon les affinités entre les clans et les tribus au fil de leur existence quotidienne et a fini par s’imposer avec le temps. Au même moment, il a fini par imposer une ligne de conduite, une discipline à  plusieurs générations de mandénkas, même après la désintégration de l’empire mandingue à  la fin du 15ème siècle. . Son rôle dans la société malienne Lorsque deux personnes se rencontrent, elles commencent par les interminables salutations. Dès lors que l’on s’est reconnu cousins à  plaisanterie, on commence à  se vanner mutuellement. Cela brise la glace et limite le risque de frictions et de fâcheries. Le fait de se reconnaà®tre cousins à  plaisanterie avec celui qui l’on vient d’avoir un accrochage en voiture par exemple, permet d’éviter que le ton monte et que la situation s’envenime. Par exemple les Traoré et les Diarra font le cousinage à  plaisanterie, les Coulibaly sont presque cousins à  plaisanterie de beaucoup de personnes. Il y’a aussi le cousinage à  plaisanterie entre les bozos et les dogons, entre peuhls et forgerons etc…

Pour ou contre le code des personnes et de la famille au Mali ?

En effet, des voix s’élèvent de plus en plus pour clouer au pilori le nouveau code des personnes et de la famille voté le 3 Aout à  l’Assemblée Nationale. Des islamistes de poids (proches de milieux fondamentalistes) voient dans les imperfections du texte une brèche pour s’agiter. Un code qui crée une vive polémique : ceux qui sont contre Des acteurs politiques comme Modibo Sangaré de l’UNPR, Mamaye Kassogué du parti PARI, projettent une marche de protestation et de dénonciation du nouveau code pour le 22 Août prochain. La quasi-totalité des personnes interviewées ont déploré l’attitude des députés pour avoir voté cette loi. Face cette tension qui fait de méfiance, les populations n’entendent pas rester bouche bée. Lors du micro trottoir que nous avons réalisé ce vendredi dans quelques « Grins », certaines familles n’ont pas manqué d’exprimer leur profonde déception d’une part et leur satisfaction d’autre part. Pour beaucoup, ce nouveau code va affecter les valeurs traditionnelles, religieuses, facteurs de stabilité et cohésion sociale. Surtout la part du code qui affirme que :« la femme ne doit plus obéissance à  l’homme » mais que « les deux conjoints doivent se vouer un respect mutuel » et qui fait déjà  l’objet de polémique chez les citoyens. On le sait le Mali est un pays très conservateur et dont il est difficile de faire évoluer les moeurs, par le simple vote d’un texte à  l’Assemblée Nationale. Un code soumis à  la volonté européenne ? Drissa Traoré, assureur dans une agence de la place, rencontré à  Sogoniko, déverse sa bile sur le gouvernement: « le gouvernement fait tout pour charmer l’opinion internationale contre la volonté des citoyens. Le Mali a adopté cette loi sous le dictat de l’Union européenne, Att n’a pas le choix sinon il sera privé des milliards de la communauté internationale, qui pleuvent sur lui et ses proches collaborateurs députés. » Toujours amer : « Maintenant le code a été voté par les députés et il reste la loi contre l’excision et la peine de mort » martèle t-il. Convaincu les députés procéderont sous peu de temps au vote de la loi contre l’excision et la peine de mort ». Sidiki Tangara médecin traditionnel et phytothérapeute pense que ce code entraà®nera l’effritement des valeurs traditionnelles dans la mesure ou les femmes seront libres comme le vent et n’auront plus besoin de respecter leur mari « Ceux qui ont voté ce code n’ont fait que dévaloriser les femmes, puisque ils ignorent que les femmes dans notre société ont été plus respectées que celles d’occident. Elles détiennent les secrets de leurs maris, parce que elles ont accepté d’être femmes, c’est-à -dire rester derrière leur mari » argue-t-il. Amadou Sylla assis devant sa boutique au grand marché de Bamako laisse exploser sa colère contre tous ceux qui ont voté cette loi :  » le contenu de ce code est contraire aux lois fondamentales de la religion musulmane. Dans le coran, il est écrit noir sur blanc que Awa (Eve) est issue de la côte de Adama (Adam). Ce qui veut dire que cette soumission de la femme à  son mari est un fait de Dieu. Mme Konta Fatoumata Sidibé, ménagère de son état n’approuve pas ce code. Selon elle la force d’une femme réside dans la soumission à  son mari. « Si ce nouveau exige que les femmes ne doivent plus respecter leur mari, cela signifie moins d’enfants enfants bénis. On ne peut trouver plus tranché que le témoignage de cette femme, l’argument religieux se confondant avec le fait traiditionnel, tout en donnant lieu à  des interprétations diverses… Ceux qui sont pour…le code Djenèba est secrétaire de direction dans une société. Elle pense que ce code est bienvenue dans la mesure ou les hommes considèrent les femmes comme des marchandises, les marient et les divorcent quand ils veulent et comme ils veulent. « La nature a été injuste envers la femme car dans toutes les sociétés du monde, C’’est la femme qui est reléguée au second rang par les hommes ».  » Auparavant dans la société indienne, le chef de famille a le droit de vie et de mort sur sa fille célibataire ». Salif Guindo est enseignant, il pense que ce code n’est pas contre l’autorité suprême des hommes, mais le moment n’était pas propice pour voter ce code. » Il fallait d’abord procéder à  une sensibilisation pour changer la mentalité, et que les gens puissent adhérer à  ses idéaux avant le vote ».

Quand le code de la famille irrite les religieux…

Les musulmans ont été informés du processus qui a conduit au vote de la loi sur le nouveau code de la famille par les députés de l’assemblée générale. Les représentants du haut conseil islamique qui ont participés aux différents travaux de réalisation dudit document et ont fait le compte rendu de leur mission aux fidèles musulmans. Haute trahison selon certains ] Puisque ce code qui vient d’être voté fait office de loi et s’impose à  chaque citoyen désormais, le secrétaire général de la jeunesse musulmane a demandé aux musulmans de faire face à  cet acte qui s’apparente à  une trahison pure et simple. « ce qui s’est passé devant moi à  l’assemblée nationale, le jour du vote est un acte inquiétant pour l’avenir du Mali ». Le représentant des familles fondatrices de Bamako a indiqué qu’il s’agissait d’un hold-up contre le peule et le pays. Par conséquent, C’’est un acte qui ne doit pas rester impuni : « Ils ont fait ce qu’ils pouvaient faire. Mais ces députés arrivent à  se faire réélire la prochaine fois avec nos suffrages… De son coté Mahmoud Dicko , a dénoncé l’entement des pouvoirs publics du Mali à  vouloir coûte faire passer cette loi dans la précipitation. Cependant tranche t-il, le vote de cette loi apparaà®t à  tout égard comme une trahison, un acte contraire aux engagements pris par le gouvernement de la République lui-même aux musulmans :  » Lorsque J’ai rencontré ATT, je lui ai demandé de ne pas précipiter les choses parce que le code telquel, contenait des atteintes graves à  nos valeurs et à  nos religions. Mais il m’a rassuré qu’il ferait tout pour préserver ces valeurs auxquelles je faisais allusion », a révélé le président. « A ma grande surprise on m’a informé que le code était déjà  sur la table des députés. Lorsque je suis venu voir le président de l’assemblée en personne, pour lui demander de temporiser les choses, il m’a répondu que C’’est difficile… » Activisme politique et convictions religieuses… s’adressant aux fidèles musulmans M.Dicko martèle que « nous ne réagirons pas aujourd’hui. Car selon lui, il s’agit d’une responsabilité partagée ». Les députés sont nos représentants. Nous avons voté pour qu’ils soient à  l’assemblée nationale, vous comprenez maintenant le sens de notre combat, depuis 2002, pour amener les gens à  s’intéresser à  tout ce qui se passe sur le plan politique. Il ne s’agit pas devenir président ou ministre, une façon de préserver ce que nous défendons. C’’est en votant en participant activement à  la vie politique que les musulmans parviennent à  imposer leur choix. , s’est t-il défendu en invitant les musulmans à  user de leur vote comme une arme politique.  » Si on est parvenu à  marcher sur les cadavres au Nigeria sans problème, il faut que nos hommes politiques soient avisés ». Un ultimatum lancé Pour calmer les esprits des fidèles musulmans qui étaient décidés à  en découdre avec l’Assemblée nationale, le président du Haut conseil Islamique a lancé un ultimatum de 10 jours à  ATT afin qu’il considère les amendements proposés par son organisation. Au-delà  de ce délai, il a dégagé toute responsabilité. Que Dieu calme les esprits, car le Mali est pays de paix et d’entente.