Bilan mitigé pour LE 29e sommet l’Union africaine

Tenu du 03 au 04 juillet dernier à Addis ABEBA, le sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine s’est achevé sans véritables acquis. Sur la question du financement qui doit assurer la souveraineté de l’organisation, des réticences demeurent pour faire appliquer la décision de taxer les produits non africains.

Le 29ème sommet de l’Union Africaine a pris fin ce 4 juillet à Addis Abeba. Après deux jours de débats, la volonté de l’Union d’assurer son propre financement a été réaffirmée. Un financement qui reste assuré en grande partie par l’extérieur notamment l’Union Européenne jusqu’à hauteur de 70%. Le prélèvement de taxe sur les produits importés en Afrique reste pour le moment une des pistes pour atteindre cette indépendance financière. Or, cette volonté semble aller à l’encontre des intérêts de certains pays dont La Tunisie, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Egypte principaux partenaires commerciaux de l’Europe.

Le président Guinéen Alpha KONDE, président en exercice de l’Union Africaine reste en tout cas déterminé à faire l’unanimité autour de la nécessité de cette taxe.

Réformer l’union mais comment ?

Sur le chantier des réformes, le sommet veut également avancer avec la proposition du comité des réformes présidé par le président Rwandais Paul KAGAME. Un sommet une fois par an au lieu d’un tous les six mois. Un souhait exprimé par le président en exercice de l’Union le président Alpha KONDE et auquel adhère déjà le président Ivoirien Alassane OUATTARA.

Des grands maux pas encore de grands remèdes

La jeunesse qui était au cœur des préoccupations de ce forum reste cependant confrontée aux énormes défis liées notamment à l’emploi et aux migrations. Le président du Tchad Idriss Deby ITNO, qui président le comité chargé de ce thème a annoncé les différentes initiatives entreprises pour la jeunesse dont « l’avenir » ne se trouve pas au fond de la méditerranée, a-t-il déclaré.

Sur le plan sécuritaire, le président de la commission de l’Union Africaine Moussa Faki MAHAMAT, a affirmé que l’Afrique fera de son mieux pour faire taire les armes d’ici à 2020 et de parler d’une même voix sur les grands problèmes de paix et de sécurité à travers des positions communes convenues. Tout en indiquant la nécessité pour le continent de mettre l’accent sur la prévention des conflits, le président de la commission de l’Union invite les organismes régionaux à coordonner les actions avec l’union africaine.

Parmi les résolutions prises au cours de ce sommet, celle condamnant les « sanctions unilatérales » allusion aux sanctions individuelles des Etats-Unis et de l’Union Européenne contre certaines personnalités de la République Démocratique du Congo, a été saluée par la délégation de ce pays. Autre délégation à se réjouir, celle du Maroc, concernant la résolution adoptant un amendement à une résolution du conseil des ministres qui parlait du Sahara occidental comme d’ « un territoire occupé ».

Pour certains observateurs ce sommet n’enregistre pas de véritables avancées, se contentant de réaffirmer des volontés déjà exprimées. Notamment sur l’auto financement mais qui reste à concrétiser.

La présidente du Libéria Ellen Johnson SIRLEAF a fait ses adieux au sommet. Elle participait à son dernier sommet en tant que chef d’Etat car elle arrive à la fin de son mandat à la tête du Libéria avec un bilan jugé positif alors que ce pays sortait de plusieurs années de guerre civile.

Marine Le Pen en visite au Tchad

La candidate d’extrême droite à la présidentielle en France, a déclaré avoir rencontré mardi au Tchad le président Idriss Déby Itno avec qui elle a évoqué le « fondamentalisme islamique » et la situation en Libye.

« Je lui ai dit que la France remercie le Tchad dans la lutte contre le fondamentalisme islamique », a déclaré à l’AFP Marine Le Pen après avoir rencontré le président tchadien, allié des Occidentaux en Afrique contre les djihadistes, dans sa résidence familiale à Amdjarass.

« Si je suis élue présidente de la République, je m’engage à développer la coopération avec les pays francophones », a poursuivi la candidate du Front national (FN) en tête dans les sondages de premier tour, mais battue d’après ces mêmes sondages au second tour.

« Tout le mal de la Françafrique »

« Je lui ai dit tout le mal que je pensais de la Françafrique », a-t-elle ajouté jointe à son retour à N’Djamena, reprenant l’expression qui désignait les collusions entre les dirigeants français et ceux des anciennes colonies françaises.

Marine Le Pen affirme avoir demandé à son hôte « son analyse sur la Libye et sur le G5 Sahel », groupement de cinq pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) alliés contre les djihadistes dans le Sahara et le Sahel. « Nous avons partagé des inquiétudes sur la situation de la Libye. Le président et moi avions la même analyse au moment de l’intervention française. Nous pensions qu’il s’agissait d’une très grave erreur qui allait avoir de lourdes conséquences. C’est exactement ce qui s’est passé. Nous avons été lui en Afrique et moi en Europe les plus lucides sur cette situation », a-t-elle indiqué à la presse tchadienne. « Peut-être j’inviterai le président Déby à l’Elysée », a conclu Mme Le Pen devant la presse tchadienne.

Rencontre avec des militaires mercredi

La candidate est arrivée mardi à la mi-journée à N’Djamena en provenance de Päris à bord d’un vol privé sur lequel elle n’a pas souhaité donner de précisions. Mercredi, elle doit rencontrer les militaires français de l’opération Barkhane de lutte contre les groupes jihadistes dans le Sahel. L’état-major de la force est installé à N’Djamena.

« Elle prononcera une allocution précisant sa vision des relations franco-africaines à venir. Elle sera également reçue par la première dame, Hinda Deby Itno, présidente de la Fondation Grand Coeur, et visitera avec elle un hôpital pour enfants », indique le FN dans un communiqué. « Enfin, elle sera reçue par le président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, et échangera avec la représentation nationale tchadienne », ajoute le FN.

L’UA soutien Béchir et fait front à la CPI

« Le Rwanda n’a pas ratifié le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, et n’a donc aucune obligation, ni aucun droit d’arrêter Béchir », indiquait Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. Cette sortie de la diplomate est la réponse du Rwanda à la demande de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui avait sollicité le 13 juin dernier du gouvernement rwandais d’arrêter Omar El Béchir. Entre 2009 et 2010, deux mandats d’arrêts ont été lancés contre Béchir par la CPI, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides. Six ans plus tard, l’Union Africaine dirigée par le tchadien Idriss Deby Itno, président en exercice semble ne pas changer d’avis à propos de la CPI. Mieux l’institution souhaite que ses membres s’en retirent tout simplement.

L’UA semble donc être décidé sur la question. Depuis l’émission du mandat d’arrêt contre Béchir par la CPI, le président soudanais à qui on reproche la mort de 30 000 personnes depuis le début des violences survenues au Darfour, continue de voyager dans de nombreux pays sans être inquiété, y compris dans les pays signataires du traité de Rome. On se rappelle en juin 2015  le gouvernement sud-africain n’avait pas arrêté M. Béchir alors qu’il participait dans ce pays à un sommet de l’UA. Ce refus des autorités sud-africaines avait provoqué une vive polémique. Ce n’est certes pas le cas pour le Rwanda qui considère la demande d’extraction de Béchir comme une « distraction».

Retrait des pays membres. Ce n’est plus un secret pour personne que l’UA par la voix de son président souhaite le retrait prochain des pays membres de la CPI. Selon Louise Mushikiwabo, le sujet a été ce lundi 18 juillet, dernier jour du sommet. Après l’Ouganda, Djibouti et l’Afrique du Sud, le Rwanda de Paul Kagamé affiche son désaccord quant à cette cour considérée par beaucoup comme une institution impartiale. Reste à savoir ce que décideront les chefs d’Etats présents au 27ème sommet de l’UA.