Accès des personnes vulnérables à la justice : CapDH lance un projet 

Le Centre d’assistance et de promotion des droits humains (CapDH) avec l’appui financier d’ONU Femmes a procédé jeudi 10 août à Bamako au lancement de la 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women (LAW II).

Avec pour objectif général d’améliorer l’accès des communautés en particulier les personnes vulnérables (femmes filles handicapées) à la justice au Mali, cette 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women – LAW II » couvrira les cercles de Nara, Diéma, Nioro, Yélimané, Koutiala, Yorosso et s’étendra sur 18 mois. Elle a débuté le 1er juillet 2023 et prendra fin le 30 novembre 2024.

Pour y parvenir, plusieurs activités sont menées à l’instar des ateliers de formation des acteurs de la société civile, du renforcement de capacités des magistrats et des parajuristes, des séances d’information, d’éducation et de communication sur les droits humains, les Violences basées sur le genre (VBG) et l’accès à la justice.

Le projet apportera également des appuis aux parajuristes dans l’identification des victimes, l’aide juridique et le rapportage ainsi qu’une assistance judiciaire aux victimes de VBG tout en réalisant et diffusant des messages radiophoniques sur les droits humains, les VBG et l’accès à la justice.

Parmi les groupes cibles du projet « Legal Assistance for Women – LAW II », dont le budget total est de 132.634.500 FCFA, 180 membres de la société civile et acteurs de la chaîne pénale dont 50% de femmes et 70% de jeunes, 2400 personnes qui seront sensibilisés, 630 autres personnes bénéficieront de l’aide juridique et 60 justiciables, d’assistance judiciaire.

La cérémonie de lancement qui a été marquée par des prestations artistiques et un sketch émouvant de sensibilisation sur les VBG réalisé par le groupe de la comédienne Alima Togola, s’est déroulée dans une atmosphère conviviale, en présence de quelques personnalités.

« Suite à la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis une décennie, la situation sécuritaire reste fragile et de nombreuses localités sont devenues un terreau fertile pour les violations et abus des droits de l’homme dont les couches vulnérables et défavorisées sont particulièrement exposées. C’est en ce moment et à ces endroits qu’il faut redoubler d’efforts pour venir en aide aux victimes d’abus et de violations des droits humains », a souligné Negueting Diarra, directeur exécutif de CapDH.

CapDH est une association de droit malien et apolitique créée à Bamako en mars 2008.   Avec pour mission de promouvoir au Mali les droits humains, la culture de la paix et de la citoyenneté et aider les victimes à défendre et à jouir de leurs droits, elle intervient dans 3 axes stratégiques que sont la promotion et défense des droits humains, l’éducation à la culture de la paix et de la citoyenneté et l’assistance aux victimes de violation des droits humains et aux personnes vulnérables.

 

 

 

 

Des initiatives pour améliorer la justice

Devant le tableau peu reluisant que présente la justice malienne, certaines initiatives représentent de véritables bouées de sauvetage. Financées pour la plupart par des bailleurs de fonds étrangers, elles ont comme leitmotiv une justice de qualité, accessible et impartiale. Pour rehausser l’éclat du processus, elles organisent des formations à l’endroit des acteurs de la justice afin d’améliorer leurs capacités.

Le 14 juillet 2015, un consortium composé d’Avocats sans frontières Canada (ASFC), du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et de l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP) procédait au lancement du projet Justice, Prévention, Réconciliation (JUPREC). D’une durée de cinq ans et doté d’un budget de 20 millions de dollars canadiens, le projet JUPREC se donne pour missions, entre autres, de rendre justice aux victimes, de combattre l’impunité et de parvenir à une paix véritable. « Le projet JUPREC marque un pas de plus dans la lutte contre l’impunité au Mali : il donne la parole aux femmes, sensibilise la société malienne autour du respect des droits fondamentaux, suscite un effet d’entraînement auprès des intervenants de la justice et il parvient à mobiliser différents secteurs autour de la nécessité d’éviter la résurgence d’un conflit généralisé », peut-on notamment lire sur le site de l’ONG. A l’instar de cette dernière, Mali Justice Project (MJP), un programme d’assistance judiciaire de l’USAID, œuvre à améliorer l’accès à la justice pour les victimes. « Ces initiatives amènent les acteurs de la justice à réfléchir différemment, à traiter les problèmes autrement », assure Me Sidi Mohamed Diawara. Dans ce sens, des formations sont organisées à l’endroit des acteurs de la justice, afin d’optimiser leurs capacités à traiter de questions délicates. « Les violences basées sur le genre sont par exemple un épineux sujet. Les victimes ne bénéficient le plus souvent pas d’une oreille attentive », constate Me Diawara. « Des formations sont distillées aux magistrats et aux officiers de police judiciaire afin qu’ils revoient et améliorent leurs outils sur cette problématique », ajoute-t-il. Mais le champ d’intervention ne se limite pas aux VBG. « Tous les aspects du droit, du litige foncier à l’héritage, ou même une simple créance entre particuliers, sont concernés. L’objectif est d’avancer vers l’amélioration du service de la justice », poursuit notre interlocuteur.

Mutualiser les efforts Bien que salutaires, ces initiatives gagneraient en impact si elles étaient mutualisées. C’est du moins le constat dressé par Me Diawara, qui a été collaborateur de l’une d’elles. « Il n’y a pas d’approche commune, ce qui est dommage. Nous constaterions résolument plus de résultats si il y avait une meilleure harmonisation des actions », plaide-t-il.