Filière mouton : commerce en quête d’encadrement

Comme chaque année, le prix du mouton flambe pour la fête de Tabaski. Ces animaux foisonnent sur les marchés, mais aussi dans les rues. Ce qui pose la question de l’organisation de la filière.

Partout dans le monde musulman, des milliards de fidèles ont célébré l’Aïd el-Kébir appelée « Tabaski » dans l’Ouest et le Centre de l’Afrique, ou bien encore la « fête des moutons ». Au marché de bétail Grabal de Faladiè 30 mètres, des enclos pour moutons sont installés. Les marchands se ruent sur tout client potentiel pour proposer leurs animaux. « Les moutons sont là, mais les prix sont renversants », confie un acheteur qui discute ferme le montant d’un mouton avec un vendeur, A. Guindo. L’augmentation des prix est dûe au fait qu’il n’y a pas encore d’herbes dans les pâturages, explique ce dernier. Les éleveurs sont donc obligés de se rabattre sur le tourteau de coton, de son et de foin qui « coûtent les yeux de la tête ». Selon El Hadj Moussa Goro, marchand au marché de Sans fil, un sac de tourteau coûte 13 000 francs CFA, contre 11 500 francs CFA l’année dernière. Ainsi, les prix des moutons varient entre 75 000 et 150 000 francs CFA.

Les travers de la libéralisation La plupart des moutons acheminés vers Bamako proviennent essentiellement de Nara, Bandiagara, Banamba ou Niena. Le hic, déplore l’éleveur et marchand de bétail Dioro Diallo, « c’est qu’à l’approche de la Tabaski, tout le monde devient marchand de mouton, ce qui n’est pas normal. Il y en a même qui vendent dans la rue ». Toute chose, ajoute-t-il, qui en dit long sur le déficit d’organisation de la filière. Abondant dans le même sens, Modibo Bâ, membre du Syndicat national des éleveurs et marchands de bétail (SYNEMAB), explique que les professionnels paient des taxes allant de 25 000 à 100 000 francs CFA à la mairie, et sont par conséquent lésés par rapport à ceux qui vendent leurs bêtes hors des marchés formalisés. Il dénonce également le fait que « le gouvernement ne fait rien pour organiser la filière », pas plus qu’il ne subventionne le bétail, dont la vente a été libéralisée depuis 1994. « Une libéralisation à outrance », complète-t-il. Enfin, à cela s’ajoute l’exportation des moutons du Mali vers le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Guinée, que « le ministère du Commerce avait voulu interdire », confie un membre de la Fédération des groupements de la filière bétail viande.