Air France : la reprise des vols au Mali attendra

Oui et finalement non. Air France ne reprendra pas ses vols en direction de Bamako demain vendredi 13 octobre. Mardi, la compagnie aérienne annonçait recommencer à desservir le Mali « en coordination avec les autorités maliennes », avec trois vols hebdomadaires à compter. Ces vols vendus par Air France ne seraient plus assurés par des avions de la compagnie, mais par « un Boeing de la compagnie portugaise Euro Atlantic Airways », spécialisée dans la location d’appareils à des compagnies tierces, a précisé un porte-parole d’Air France à l’AFP. Toujours auprès de l’AFP, la compagnie a précisé que la reprise était « reportée jusqu’à nouvel ordre». Le ministère des Transports a alors expliqué dans un communiqué daté d’hier 11 octobre que la demande de reprise d’Air France était en cours d’examen et que « les vols d’Air France demeurent suspendus pendant cette procédure d’examen ». Le colonel Drissa Koné, directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac) qui avait donné son aval aurait été limogé selon plusieurs informations, mais aucune annonce officielle n’a été faite à ce sujet. Contacté, un responsable du ministère des Transports oriente vers les prochains communiqués du conseil des ministres pour confirmation ou non. Depuis que le ministère français des Affaires étrangères a placé tout le Mali en zone rouge début août, il est techniquement impossible pour la compagnie de se rendre au Mali. « Selon cette classification, il est déconseillé aux ressortissants français, y compris au personnel navigant des compagnies aériennes, de se rendre dans le pays. Le Burkina Faso qui était également concerné par la suspension des vols a fait de la déclassification du pays en zone rouge une condition préalable à la reprise des activités de la compagnie. Pour rappel, le 7 août dernier Air France avait suspendu ses 7 vols hebdomadaires vers le Mali, justifiant cette décision par le « coup d’État au Niger » et « la situation géopolitique » au Sahel. Cette suspension avait ensuite été prolongée à plusieurs reprises. Après la suspension des liaisons Paris-Bamako par Air France, les autorités maliennes avaient décidé, le 11 août, d’annuler l’autorisation de la compagnie d’exploiter cette ligne qualifiant la suspension de « manquement notoire » aux termes de l’autorisation d’exploitation accordée à la compagnie.

Mahamadou Diallo : « Le plus grave serait que l’aéroport soit déclaré à risque »

Environ 15% du site aéroportuaire est illicitement occupé, selon les autorités. Depuis quelques mois, la mobilisation s’accentue pour mettre fin à ces occupations. Le Coordinateur de la commission de surveillance du domaine aéroportuaire, Mahamadou Diallo, fait le point et évoque les mesures prises pour mettre fin au phénomène.

Où en est-on des occupations illicites ?

On peut dire que c’est stoppé, grâce à l’intervention du Premier ministre et des  ministres du  Transport et de l’Urbanisme. Une équipe pluridisciplinaire a été mise en place et est chargée de faire un point exhaustif des occupations. La commission est constituée des représentants du ministère de l’Urbanisme, des forces de sécurité, d’Aéroports du Mali et des Domaines.

Quelles sont les conséquences de ces occupations ?

Il y a tout d’abord les conséquences liées à l’exploitation de l’aviation. Il y a les impacts liés à la prolifération des animaux nuisibles que sont les oiseaux (NDRL : en raison des cultures faites dans l’espace), ainsi que les obstacles que peuvent constituer les installations et les interférences qu’elles peuvent causer avec les appareils de transmission.

Il y a aussi toutes les nuisances liées aux fumées notamment, parce que des pneus sont régulièrement brûlés dans l’espace pour récupérer la ferraille. Même les plastiques qui s’échappent des nombreux déchets peuvent être aspirés par les avions à l’atterrissage.

Sur le plan sécuritaire, il y a tous les risques liés à la présence de populations lorsque les avions volent à basse altitude. Il s’agit des risques sur les habitations qui existent dans la zone (risque de percuter des obstacles, déversement de kérosène, avion en détresse, …). Le moindre mal étant les bruits et autres gaz d’échappement.

L’Aéroport International Modibo Keïta Sénou a été certifié. En quoi consiste cette certification ?

La certification est une exigence de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale). Dans le cas du Mali, l’ANAC (Agence nationale de l’aviation civile) est son correspondant. Dans la certification, il y a des étapes qui sont transcrites dans des lois à travers des règlements aéronautiques nationaux. C’est le gestionnaire d’aéroport qui demande à l’ANAC de le certifier. L’ANAC vérifie alors un certain nombre d’éléments. Il y a une partie infrastructures et une partie procédures. Les infrastructures doivent être conformes aux normes internationales, parmi lesquelles les pistes, les bretelles, les autres voies de circulation, les parkings avion, les balisages, … des éléments vérifiés conformément aux normes. Concernant les procédures, il en existe 17 et elles sont évaluées elles aussi. Lorsqu’elles sont conformes, l’ANAC délivre le certificat. L’obtention de ce certificat rassure donc les clients que sont les compagnies.

Comment conserver la certification ?

Une fois le certificat délivré, il faut mettre en place le SGS (Système de gestion de la sécurité), qui va permettre à ce que le niveau atteint soit maintenu. Ce qui signifie que le système doit être régulièrement diagnostiqué pour détecter les risques et prendre les mesures afin ces risques soient éliminés ou réduits à des niveaux acceptables. Régulièrement, l’ANAC vérifie l’état d’exploitation de l’aéroport et si elle trouve que le niveau s’est dégradé, elle retire le certificat. Le plus grave serait que l’aéroport soit déclaré à risque.

Quelles sont les mesures à court et long terme pour mettre fin aux occupations illicites ?

Il s’agit en fait de respecter les textes. Parce que toute la documentation existe pour maîtriser les occupations. Le domaine a été délimité et il existe des règles qui définissent quelles sont les activités qui doivent être entreprises dessus. Des activités en fait compatibles avec l’exploitation de l’aviation. Il faut juste prendre les dispositions pour faire respecter ces règles.

Quels  sont les enjeux liés à la mise en valeur du site ?

C’est l’augmentation des ressources et des activités. Cela va permettre de développer les activités extra aéroportuaires et de créer un centre de vie autour de l’aéroport. Le défi, c’est de trouver les financements. Compte tenu du contexte, il faut pouvoir mobiliser le financement local pour faire des investissements.