BCEAO : le taux directeur relevé à 3,25%

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, lors de sa session ordinaire du 6 septembre 2023, du relèvement des taux directeurs de la Banque centrale à compter du 16 septembre 2023. Le principal taux directeur auquel la banque centrale prête aux banques commerciales passe de 3 à 3,25%. Une décision destinée à prévenir les risques liés à l’inflation.

Avec une croissance projetée à 5,6% en 2023, l’activité économique dans la sous-région reste plutôt dynamique, selon la BCEAO. Les crédits au financement évoluent au rythme annuel de 16%. Et l’inflation, qui avait atteint 5,8% au premier trimestre 2023, a baissé à 4% au deuxième trimestre, pour se situer à 3,4% en juillet.  Mais pas encore au niveau de la cible, la fourchette de 1 à 3%.

Il y a aussi des risques d’inflation sur les produits pétroliers et il existe des risques dans la sous-région qui peuvent avoir un impact sur la production. L’inflation sur le plan international reste élevée, entraînant des difficultés pour mobiliser les fonds internationaux. Toutes choses qui justifient, selon les responsables de la BCEAO, le rehaussement des taux directeurs.

Prévenir la concrétisation des risques

En ce qui concerne le Mali, l’inflation annuelle moyenne a augmenté pour atteindre 9,7% en 2022, essentiellement en raison des coûts des denrées alimentaires, selon la note de la Banque mondiale sur la situation économique du Mali en 2023. S’agissant des projections, le rapport note que les perspectives 2023 sont soumises à des risques liés au calendrier électoral et au resserrement des conditions financières. L’augmentation du coût du financement sur le marché régional sur les 12 derniers mois est aussi un facteur de risque important, compte tenu des besoins élevés de financement intérieur.

Le resserrement de la politique monétaire a aussi entraîné une hausse des rendements des Bons du Trésor à 6-12 mois et des Obligations du Trésor à 5 ans dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).  « Les risques de liquidité et de refinancement et les difficultés des finances publiques qui en découlent pourraient peser sur l’économie au sens large et sur la société, en réduisant les dépenses sociales et les investissements et en accentuant potentiellement l’accumulation des arriérés ».

La note de la Banque mondiale attire aussi l’attention sur les risques que font peser les chocs climatiques sur l’agriculture et le pastoralisme, mais indique qu’il sera possible de réduire l’impact en renforçant la résilience financière grâce à des instruments pour protéger ces secteurs.

Mali – Banques : Des résultats à la hausse

Pour les banques qui ont déjà publié leurs résultats 2019, la tendance est à l’amélioration. La Banque malienne de solidarité (BMS), qui a tenu son Conseil d’administration en mai 2020, enregistre des résultats en hausse. Au cours de ce conseil, la banque a précisé que son total bilan au 31 décembre 2019 s’était établi à 841 milliards de francs CFA, contre 715 milliards au 31 décembre 2018, soit une augmentation de 17,62%. Son résultat net s’est aussi considérablement amélioré, passant sur la même période de 1,2 milliard, ce qui la classait sur cet indicateur à la 11ème place sur 13 banques en 2018, à 6,8 milliards de francs CFA au 31 décembre 2019. C’est plus que lors de l’exercice 2018, mais moins qu’en 2017, où la BMS avait enregistré 7,5 milliards.

La Banque nationale pour de développement agricole du Mali (BNDA) a elle aussi tenu son Conseil d’administration en mai et le constat est identique à celui de la BMS, les résultats sont à la hausse. Le résultat net de la banque est passé de 7,9 milliards en 2018 à 10 milliards de francs CFA en 2019, son produit net bancaire de 36,5 à 40 milliards et enfin son total bilan de 459 milliards à 498 milliards de francs CFA.

La Banque de développement du Mali (BDM), le leader, a également tenu son Conseil d’administration, mais n’a pas encore communiqué ses chiffres, qui, selon les responsables, doivent d’abord être validés à l’issue d’une Assemblée générale. Le Directeur général de la BDM a tout de même déclaré que « les résultats enregistrés en 2019 consolident notre place de 1ère banque au Mali et de 5ème groupe bancaire de l’UEMOA ».

Boubacar Sidiki Haidara

Banques – Opérateurs de téléphonie : Concurrents ou partenaires ?

À travers le « mobile money », les opérateurs de téléphonie font-ils une concurrence déloyale aux banques ? Non! Les principaux acteurs, qui préfèrent plutôt le vocable partenariat. À Orange Finances mobiles, on met un point d’honneur à se « placer » dans un régime juridique, celui d’établissement de monnaie électronique (EME). Ces entités proposent des services de monnaie électronique à leurs clients, qui disposent donc d’un « portefeuille numérique ».

Régis par la BCEAO, ces établissements ne sauraient offrir les services habituellement réservés aux banques, ne disposant pas de licence. Quid donc des comptes Orange Money ou MobiCash, dont les services ressemblent à ceux d’une banque ? Des différences existent et les démarquent. Avec les entités susmentionnées, il n’est pas possible de stocker dans son compte plus de 2 millions de francs CFA et les transactions ne peuvent également pas dépasser un certain volume (1,5 million par jour, 20 millions par mois).

Bank to wallet

Pour autant, ces EME proposent à leurs clients d’effectuer leurs paiements depuis leur mobile. Segment sur lequel évoluent aussi certaines banques. Concurrence donc. « Toute petite », relativise un acteur, qui admet toutefois que cela pourrait prendre de l’ampleur une fois que l’adhésion au paiement marchand aura atteint un certain seuil. En attendant, des partenariats ont été noués entre certaines banques et Orange Finances mobiles notamment. Ils permettent aux clients d’approvisionner leur compte bancaire depuis Orange Money et inversement. Les banques bénéficient du très large réseau d’Orange Money, qui compte, à en croire ses responsables, 25 000 kiosques et 3,5 millions de clients au Mali. Une aubaine dans un pays où le taux de bancarisation est de 23%. MobiCash, qui n’a pas encore noué de partenariats, prévoit une vaste offensive en 2020, pour se connecter à la totalité des banques du pays.

Boubacar Sidiki Haidara

Banques – Opérateurs de téléphonie : Concurrents ou partenaires ?

À travers le « mobile money », les opérateurs de téléphonie font-ils une concurrence déloyale aux banques ? Non, pour les principaux acteurs, qui préfèrent plutôt le vocable partenariat. À Orange Finances mobiles, on met un point d’honneur à se « placer » dans un régime juridique, celui d’établissement de monnaie électronique (EME). Ces entités proposent des services de monnaie électronique à leurs clients, qui disposent donc d’un « portefeuille numérique ». Régis par la BCEAO, ces établissements ne sauraient offrir les services habituellement réservés aux banques, ne disposant pas de licence. Quid donc des comptes Orange Money ou MobiCash, dont les services ressemblent à ceux d’une banque ? Des différences existent et les démarquent. Avec les entités susmentionnées, il n’est pas possible de stocker dans son compte plus de 2 millions de francs CFA et les transactions ne peuvent également pas dépasser un certain volume (1,5 million par jour, 20 millions par mois).

Bank to wallet

Pour autant, ces EME proposent à leurs clients d’effectuer leurs paiements depuis leur mobile. Segment sur lequel évoluent aussi certaines banques. Concurrence donc. « Toute petite », relativise un acteur, qui admet toutefois que cela pourrait prendre de l’ampleur une fois que l’adhésion au paiement marchand aura atteint un certain seuil. En attendant, des partenariats ont été noués entre certaines banques et Orange Finances mobiles notamment. Ils permettent aux clients d’approvisionner leur compte bancaire depuis Orange Money et inversement. Les banques bénéficient du très large réseau d’Orange Money, qui compte, à en croire ses responsables, 25 000 kiosques et 3,5 millions de clients au Mali. Une aubaine dans un pays où le taux de bancarisation est de 23%. MobiCash, qui n’a pas encore noué de partenariats, prévoit une vaste offensive en 2020, pour se connecter à la totalité des banques du pays.

Financement des PME : Accorder les violons

Adopté par le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) du 29 septembre 2015, le dispositif de soutien au financement des Petites et moyennes entreprises (PME) a été lancé dans les pays de la zone en 2018. Une année après, les résultats de sa mise en œuvre sont loin de satisfaire les acteurs. Trois entreprises sur une centaine, éligibles selon les critères du dispositif, ont bénéficié d’un financement au Mali. L’État, les établissements de crédit, la BCEAO, les PME et les structures d’encadrement doivent réévaluer leurs rôles afin que les PME contribuent davantage à la création de richesse.

« Ceux qui détiennent les fonds sont très frileux. Nous avons souvent des projets viables, qui créent de l’emploi et de la valeur ajoutée mais manquent de financement », déplore M. Sanou Sarr, Président du réseau des PME maliennes.  Alors que les banquiers justifient « ce refus », par le taux important d’échecs, ce responsable note que malheureusement, comme dans beaucoup de domaines, la corruption a un impact négatif sur ce type d’initiative. En effet, entre une entreprise qui présente un projet de transformation de fruits, par exemple, et une autre qui propose d’importer un produit de grande consommation, les fonds seront débloqués pour cette dernière parce celui qui gère le dossier au niveau de la banque « se fera payer » sur le fonds reçu. Une pratique difficile à « prouver », mais qui existe réellement, insiste M. Sarr.

Obstacles au financement

L’autre difficulté que rencontrent les PME est relative aux taux d’emprunt, qui constituent « un véritable frein » pour ces entreprises. Plafonnés à 15% (taux globaux) par la BCEAO, ils sont trop élevés. En effet, avec 8 ou 9% de coût et des délais de remboursement réduits, les conditions ne laissent que peu de place à l’optimisme, estime le responsable de la faîtière des PME. Ces taux d’intérêt sont fonction de la durée et du montant des prêtset sont également impactés par « le taux de casse » enregistré par les banques. Identifié par la BCEAO parmi les facteurs de réticence des établissements financiers au financement des PME, le climat des affaires influence aussi négativement la mise en œuvre de la politique communautaire.

L’exigence d’une garantie, qui est un minimum requis pour la banque afin d’être remboursée, est également pour la plupart de ces structures une contrainte majeure compromettant sérieusement leur capacité à prétendre à un prêt. Mais, plus que ce préalable, ce sont plutôt les insuffisances en matière d’organisation qui constituent pour les PME, le véritable problème, rétorque M. Bassirou Diarra, responsable de la division chargée des PME à la Banque nationale de développement agricole (BNDA).

Dirigées à environ 80% par des personnes peu ou pas scolarisées, les PME maliennes souffrent d’une absence de gouvernance en termes de gestion qui compromet sérieusement leur avenir. « Cette organisation inefficace » rend souvent difficile, voire impossible, le simple remboursement d’une échéance en l’absence du dirigeant.

Déjà souligné par la BCEAO dans l’étude ayant précédé la mise en place du dispositif comme l’une des entraves relevées par les établissements de crédit, le manque de « sincérité de l’information financière » est aussi l’une des grandes faiblesses de ces structures. Les plans d’affaires irréalistes ou Les bilans à la commande, réalisés en fin d’activité, ne sont pas rares.

À cela s’ajoute un réel problème de gouvernance, que reconnaît également le responsable de la faîtière des PME. « Certains pensent que créer aujourd’hui sa structure signifie devenir riche », déplore M. Sarr. Pire, certains projets, lorsqu’ils bénéficient de financements, voient ceux-ci être détournés de leur objet initial.

« De mauvais exemples », qui aggravent le faible taux de survie des entreprises débutantes, selon M. Diarra, le responsable de la BNDA.

Avec un taux de remboursement compromis à 90% pour ces structures, la banque continue donc de préférer financer la croissance des entreprises qui « maîtrisent » déjà leur secteur.

De 80 milliards de financement en faveur des PME en 2018, la BNDA a atteint 92 milliards en octobre 2019. À l’instar de cette banque, dédiée à cette activité depuis 14 ans, plusieurs autres établissements financiers se consacrent au financement des PME avec des services pertinents. Malgré cet engagement, les besoins en financements de ces entreprises, qui constituent environ 80% du tissu économique malien, reste insatisfaits. Un constat qui a abouti à l’adoption du dispositif de la BCEAO.

Pistes de solutions

« Ce dispositif est un outil impeccable, innovant, qui fait suite aux cris du cœur des entreprises », se réjouit le Président du réseau malien des PME. Seulement, il a posé des jalons et établi des responsabilités et « de sa mise en place en août 2018 à maintenant, 3 dossiers, dont 2 de banques, sur 132 ont été financés », un résultat insignifiant, selon le représentant des PME.

Même s’il « est prématuré de faire une évaluation du programme, le financement des PME reste une problématique au niveau des banques », reconnaît-on à la BCEAO, notamment à cause du taux de casse.

Pour permettre aux PME de franchir l’étape essentielle de la formalisation, le dispositif a prévu la mise en place de structures d’encadrement chargées de les accompagner dans ce processus. Le comité d’identification de ces structures, qui a démarré ses activités en septembre 2017, a identifié 8 conseillers chargés de cette mission au Mali.

Parmi les mesures préconisées par le dispositif, l’accès des PME à la commande publique reste à mettre en œuvre, car c’est aux États de déterminer, à travers leur législation le quota à leur réserver.  

Des préalables

Même s’il n’a été mis en place qu’en septembre 2019, une année après le lancement du dispositif régional, le point focal, au niveau du Trésor, destiné faciliter le paiement des mandats est un pas dans la réalisation de ses objectifs. S’il est également mis en place au niveau des banques, « son niveau décisionnel » doit être encore relevé pour les impliquer davantage, suggère le Président du réseau des PME.

Pour les entreprises, il « faut d’abord finaliser la charte des PME, pour convenir d’une définition consensuelle des PME et des types d’appui nécessaires à leur développement »,  explique pour sa part M. Moctar Traoré, économiste au cabinet ADG Consulting.

L’État doit jouer toute sa partition afin de créer un environnement favorable au développement des structures, avec par exemple des avantages fiscaux. Des produits financiers spécifiques adaptés à l’environnement complexe et changeant des PME doivent également voir le jour, selon l’économiste.

En plus du dispositif d’appui et d’accompagnement de la BCEAO, il est essentiel de « faciliter l’accès des PME aux services non financiers, pour leur permettre de soumettre des projets consistants aux institutions de financement ».

Ces mesures permettront d’accroître la confiance entre les banques et lesPME, assure M. Traoré. La création d’un dispositif spécifique de garantie pour les petites entreprises pourrait aussi accroître leurs chances de prétendre au financement bancaire.

Il est impérieux de soutenir la dynamique des banques dans le développement de de départements dédiés et la formation de ressources humaines spécialisées dans le domaine. Une mission qui pourrait revenir à la Banque centrale, dans le cadre de l’accomplissement de ses obligations dans ce partenariat pour soutenir les PME.

Compte tenu de leur particularité, les « PME naissantes » doivent aussi bénéficier de services spéciaux d’encadrement et de prise en charge durant une période déterminée, pouvant aller jusqu’à  2 ans.

Au-delà d’être un cadre de concertation entre les parties prenantes, la structure chargée de suivre l’évaluation de la mise en œuvre du dispositif doit être « institutionnalisée », explique le Président du réseau des PME. Les insuffisances dans la communication, qui est cruciale, autour du dispositif et l’homologation des coûts, qui est une réalité au niveau des structures d’encadrement étatiques, sont aussi des prérequis pour l’atteinte des objectifs du dispositif.