Vague de chaleur : le Mali suffoque

Si les mois de mars et avril marquent habituellement la période de pic pour la chaleur au Mali, cette année s’annonce particulière avec dès ce début avril des jours et des nuits très chauds. Une vague de chaleur qui devrait se poursuivre jusqu’en fin de semaine avec des températures au-dessus de 40°C partout au Mali. Ces températures extrêmes, qui concernent l’Afrique et au-delà, s’expliquent selon les experts par le changement climatique.

Déjà signalée par la World Weather Attribution (WWA), la « chaleur anormale » enregistrée dans la zone sud de l’Afrique de l’Ouest début février est selon les observations l’une des conséquences du changement climatique induit par l’homme. « L’indice de chaleur moyen par zone est aujourd’hui environ 4°C plus élevé dans le climat actuel, plus chaud de 1,2°C. En outre, une telle chaleur humide est devenue beaucoup plus probable. Elle est au moins 10 fois plus probable dans le monde d’aujourd’hui », note le rapport de WWA.

Absence d’anticipation

Alors que le coût de l’adaptation pour les pays en développement se situe entre 215 et 387 milliards de dollars par an au cours de cette décennie, les données et les recherches, limitées, des services de météorologie dans la zone concernée semblent caractériser la situation. Ainsi, beaucoup de pays « ne semblent pas avoir procédé à une planification en cas de chaleur extrême ». Or « des investissements majeurs sont nécessaires en Afrique pour renforcer la résilience face aux chaleurs dangereuses ».

Au Mali, la période coïncide cette année avec le mois de Ramadan et une crise énergétique qui complique davantage la situation. Avec des températures minimales d’environ 30°C, les premières heures de la matinée sont déjà éprouvantes pour les individus. Avec des maximales prévues à 44°C, notamment à Bamako, les nuits, habituellement plus douces, enregistrent aussi des pics.

L’épisode de cette année sera plus intense et plus fort que durant les 30 dernières années, avaient expliqué les services de la météorologie début mars. Un mois d’avril  où les nuits seront aussi chaudes que la journée, surtout dans les régions de l’ouest (Kayes), où la température a atteint 46°C le 2 avril, et dans les régions du nord. Cette augmentation de la chaleur, due à un dérèglement climatique mondial entraînant une hausse globale des températures, est aussi liée à une forte urbanisation, notamment dans la capitale malienne. L’augmentation des émissions de gaz à effets de serre contribuant au réchauffement de l’atmosphère et la « saharisation » de Bamako, avec la diminution significative des arbres, sont aussi des causes évoquées par les spécialistes.

Chaleur et coupures d’eau : Le calvaire continue

En ces périodes de fortes chaleurs au Mali, les populations de certains quartiers de Bamako font face à des pénuries d’eau, notamment à Niamakoro, Yirimadjo, Missabougou et ATTbougou, ou en Commune I, à Boulkassoumbougou, où un incendie a ravagé le marché la semaine dernière.

Selon certains témoignages, les coupures d’eau peuvent durer de 5 à 6 heures. D’autres usagers se plaignent d’être obligés de passer toute une journée sans eau potable. Et le service reprend tardivement et seulement pendant de 30 minutes à 1 ou 2 heures, au maximum 4.

S’adapter ?

Bidons, grandes bassines, longues files et va-et-vient, voilà à quoi ressemble le quotidien de nombre de familles dans ces quartiers. Très souvent, faute de pouvoir attendre, des habitants se rendent dans les quartiers où il n’y a pas de coupures pour s’approvisionner. « Ici, il y a coupure tous les jours, des fois de 5h du matin à la rupture du jeûne. On est obligé d’acheter l’eau aux propriétaires de châteaux d’eau. Et le prix du bidon est passé de 50 à 100 francs CFA. Nous n’avons pas le choix ! Il y a des jours où mes enfants quittent la maison à 5h pour aller chercher de l’eau et reviennent à midi. Il nous est même difficile de rompre le jeûne, vu qu’il n’y a absolument pas d’eau pour faire la cuisine », se lamente Rokia Togola, ménagère de Niamakoro.

Situation d’autant plus inquiétante que la crise de Covid-19 sévit au Mali et que les communes auxquelles appartiennent ces quartiers sont parmi les plus touchées. « Comment penser à nous laver les mains régulièrement si nous n’avons même pas d’eau pour nos besoins fondamentaux ? Il est inconcevable d’être confronté à une pénurie dans une grande ville comme Bamako. L’eau doit être mieux partagée », plaide Amadou Djiré, un jeune de Missabougou.

Aminata Keita

La glace, de l’or blanc à Bamako

Pour les commerçantes, l’occasion faisant le larron « on profite de la chaleur pour vendre nos sachets d’eau fraiche et de la glace » dit Batoma. Employée de maison à  l’ACI 2000, elle passe la journée sur le boulevard Mohamed VI en face du camp militaire de Djicoroni Para. «Je remplis les sachets la nuit pour les mettre au frigo. Après les travaux domestiques, je quitte la maison vers quatorze heures à  bord d’un tricycle pour aller vendre de la glace. Je cède le sachet à  150 francs l’unité. Les clients sont souvent des automobilistes en partance pour Kanadjiguila, Ouinzzin ou Samaya. Parfois aussi des passagers de mini bus Sotrama me prennent deux à  trois sachets » ajoute Batoma. Vente en gros Il est dix neuves heures passées, le soleil disparait du ciel au profit d’une lune qui se fait désirer mais pour autant le thermomètre ne chute pas. l’air est lourd, le vent sec et Bamako garde ses trente six degrés Celsius. Un véhicule utilitaire de marque japonaise s’immobilise devant les vendeuses de glace et demande la valeur marchande du contenu des sacs de 100 kilogrammes massées les uns contre les autres. C’’est le tohu-bohu. Chaque fille se bat des coudes et de la voix pour séduire ce client particulier. Au bout d’un quart de négociation, le monsieur accompagné d’un asiatique maniant bien le bambara extirpe de sa poche 25 000 mille francs qu’il tend à  la plus âgée du groupe. Oumou Kanté, à  l’état civil, explique que « ce client nous facilite la tache puisqu’il achète tout. On le voit trois fois par semaine ». Nous eûmes l’opportunité d’interroger ce client particulier qui assistait au chargement des sacs de glace. « Je travaille avec ce chinois qui évolue dans la restauration et pour ne pas perdre nos produits, nous achetons beaucoup de glaces. Nous sillonnons le boulevard Mohamed VI et la route de Sébénicoro pour ramasser toute l’offre disponible » soutient Sékouba Tamaguilé. Certains ont opté pour la cotisation Les coupures récurrentes d’électricité obligent les consommateurs à  chercher des solutions pour la conservation de leurs aliments et leur rafraichissement. A Taliko Lafiabougou, des chefs de famille mutualisent leurs forces en se cotisant pour acheter des barres de glace à  2500 francs l’unité. Chaque concession se retrouve avec une part qui couvre les besoins quotidiens. Sidibé Abdoul que nous avons rencontré avec ses amis avoue que « ce n’est pas évident de débloquer tous les jours 500 francs pour de la glace mais dans l’impossibilité de s’offrir un congélateur et pour ne pas se retrouver avec des factures salées, nous avons opté pour la cotisation car nous ne comprenons pas que malgré les délestages l’Edm continue à  grever nos budgets ». La nuit du mercredi au jeudi, le ciel a laissé perler quelques gouttes de pluie dans certains quartiers de la capitale. C’’est un bon signal en direction de la saison pluvieuse dont le démarrage est attendu par des Bamakois tenaillés par la chaleur et insatisfaits d’une triste compagnie d’électricité.

Dépigmentation au Mali : la chaleur décourage les pratiquantes

La dépigmentation consiste à  utiliser des produits cosmétiques à  base d’hydroquinone ou de corticoà¯des, dans le but d’éclaircir la peau. La dépigmentation volontaire est une pratique essentiellement féminine en Afrique. Toutefois, les hommes peuvent y recourir également, notamment dans certains pays d’Afrique Centrale. C’’est dans les années 50 que le potentiel éclaircissant de l’hydroquinone a été découvert de façon fortuite, sur des ouvriers à  peau dite noire travaillant dans une usine de caoutchouc aux Etats-Unis (dépigmentation des parties découvertes). Dès lors, la dépigmentation volontaire commence à  se développer dans les années 60 et 70. Historiquement, la pratique de la dépigmentation volontaire prend son essor en Afrique du Sud. Les marchés anglophones africains constituent la destination initiale des produits (descriptions dès 1961 en Afrique du Sud et dès le début des années 70 au Sénégal). Le thermomètre peut grimper en ce mois mai au delà  des 40° dans la capitale malienne. De nombreuses femmes « moi j’ai des moyens limités. Celles qui ont des voitures et maisons climatisées peuvent se permettre de continuer l’utilisation de ces produits. J’arrête momentanément puisque j’ai des boutons un peu partout sur la peau » se désole Maà¯mouna Kanté, commerçante. Mariam Ndiaye est une malienne d’origine sénégalaise, âgée d’environ 50 ans, elle s’éclaircie la peau depuis plus de quinze années. « J’aime m’éclaircir la peau avec les produits. à‡a Ne me pose aucun problème sauf en période de chaleur parce qu’en temps normal je frotte ma peau avec mes mixtures deux à  trois fois par jour » raconte-t-elle avec le sourire. Les agressions contre la peau sont nombreuses Le phénomène se répand rapidement en Afrique subsaharienne à  partir des années 80. La dépigmentation volontaire s’est largement développée au cours de ces 20 dernières années, avec la mise à  disposition, à  la fin du XXème siècle de moyens techniques d’éclaircissement efficaces, faciles d’emploi et bon marché. Cette progression pourrait en partie s’expliquer par l’influence que peuvent exercer certaines industries spécialisées dans les cosmétiques pour peaux fortement pigmentées, par le biais de publicités volontairement agressives et omniprésentes dans certaines presses féminines. A Bamako, « sur dix femmes, huit se dépigmentent la peau » selon les constats du Dr Adama Dicko, dermatologue à  l’institut Marchoux. Ces femmes utilisent différents produits « il n’y a pas que les corticoà¯des, des substances comme le citron est utilisé, même la vaseline contient à  20 % des éléments dépigmentant. Souvent seules les pratiquantes ont le secret de leurs produits ». Les produits utilisés contiennent souvent du mercure. Le phénomène est très répandu et cause d’innombrables problèmes de peau. « Des problèmes esthétiques peuvent survenir, par exemple, des zones résistent aux crèmes et ne s’éclaircissent pas C’’est le cas des doigts, du contour des yeux et du dos. Et même le traitement de ces zones est très difficile » explique le Dr Dicko. D’autres complications peuvent se manifester « il s’agit de complications bactériennes et de complications parasitaires entre autres. Ces femmes peuvent attraper la gale. Chaque produit a son mécanisme d’action » confie le Dr Dicko. En Afrique, les magazines, la publicité et le cinéma, encouragent d’une certaine façon les personnes à  peau fortement pigmentée à  avoir une peau plus claire. Cette pratique est devenue un véritable phénomène de société. Des sensibilisations à  travers la radio et la télévision se font pourtant pour décourager l’utilisation de ces produits vecteurs de nombreuses maladies.

Hypertendus, attention à la chaleur !

Le Docteur Coulibaly Djibril médecin généraliste nous explique les deux méthodes que l’organisme développe naturellement pour se protéger des températures élevées : La dilatation des vaisseaux superficiel, qui va favoriser les échanges thermiques entre le sang et l’extérieur. Ce mécanisme engendre une faible diminution de la tension artérielle dont peuvent résulter quelques malaises hypotensifs comme le voile noir devant les yeux, ou la tête qui tourne, à  la suite d’un changement de position un peu trop brutal. La sudation (transpiration), mécanisme par lequel la peau va fabriquer de la sueur (grâce aux glandes sudoripares). Sueur qui va ensuite se transformer en vapeur d’eau au contact des calories récupérées sur la peau. La disparition de ces calories entraine une baisse de la température de la peau, et par conséquent, du corps. Pour rendre efficace le système de sudation, il est conseillé de porter des vêtements amples, qui vont permettre à  la sueur de se transformer en vapeur d’eau, et claires, car rappelons que le blanc réfléchit la lumière du soleil tandis que le noir l’absorbe. «Vous l’aurez compris, la chaleur peut avoir une incidence sur votre tension artérielle en ce sens qu’elle enclenche un mécanisme de défense naturel de l’organisme. N’allez pas pour autant y voir un moyen régulier de réduire votre tension artérielle en multipliant les épaisseurs vestimentaires pour recréer cette chaleur» conseille-t-il. Pourquoi l’hypertension est-elle dangereuse ? Une hypertension est diagnostiquée quand les 2 chiffres sont trop élevés et surtout quand l’écart entre les deux est trop étroit. Une tension «pincée» indique que le C’œur manque de puissance et qu’il risque de «disjoncter» en faisant un effort. Outre l’accident vasculaire cérébral, le risque courant de l’hypertension est son retentissement sur le C’œur qui se fatigue. Le ventricule gauche grossit, les artères coronaires se fragilisent et on risque l’infarctus. Aussi la norme était-elle de juguler toute anomalie par des médicaments anti-hypertenseurs à  vie. Avec, dans la foulée, leur cohorte d’effets secondaires. Sauvés par les plantes ? L’hypertension artérielle au même titre que l’âge, le surpoids ou encore le diabète font partie des facteurs qui vont rendre la chaleur encore plus difficile à  supporter pour les personnes qui en souffrent. Le mot d’ordre en période d’importantes chaleurs, C’’est de s’hydrater aussi souvent que possible. La soif étant un signe assez tardif de déshydratation, n’attendez pas d’avoir soif pour vous hydrater. On peut utiliser des produits de la phytothérapie pour faire face à  l’hypertension artérielle. Les plantes offrent l’avantage de corriger non seulement l’hypertension elle-même mais aussi les divers troubles qui l’accompagnent. Pour une efficacité optimale, il faut suivre une cure associant plusieurs plantes complémentaires: la feuille d’olivier qui combat aussi le diabète, l’eucalyptus qui aide aussi la respiration, la passiflore qui détend les nerfs, la queue de cerise diurétique, la camomille matricaire qui soulage la migraine, le thé vert qui protège les artères, le thé rose d’Abyssinie qui abaisse la pression sanguine et exerce un effet hormonal pour combattre l’hypertension de la ménopause. Solution pratique, il existe une tisane instantanée dont la formule associe les meilleures plantes et les oligo-éléments nécessaires à  la détente artérielle. La cure doit être suivie pendant au moins 3 mois d’affilée pour être efficace, mais vous pouvez la continuer beaucoup plus longtemps, sans aucun risque, bien au contraire. prenez conseil auprès de votre médecin ou de votre pharmacien.

Restez frais quand il fait chaud !

La première chose, sans doute la plus importante, C’’est de boire ! La déshydratation est inévitable quand il fait très chaud. En transpirant, vous perdez non seulement de l’eau mais aussi des sels minéraux qui sont très importants pour l’équilibre de l’organisme. l’eau est essentielle mais vous pouvez aussi prendre des jus de fruit. Toujours plus de fruits. Saviez-vous que le melon d’eau ou pastèque contient à  lui seul 92 % d’eau ? Eh oui ! Alors pourquoi s’en priver puisque C’’est la saison. Ce fruit filtre l’eau avant de l’absorber. Excellent rafraà®chissant, il prévient la transpiration. De plus, le melon d’eau contient du lycopène qui est la couleur rouge du fruit et qui préserve contre le cancer du sein et agit contre le cancer de la prostate chez l’homme. En abondance dans les bananes particulièrement le potassium se trouve également dans de nombreux fruits et légumes. Vous pouvez, à  chaque repas, manger des fruits et des légumes frais. Manger léger. «Comme tout le monde le sait, les Maliens mangent beaucoup d’épices et de piment mais quand il fait chaud, il faut faire très attention ». Vous ne pouvez pas imaginer votre plat sans un bon petit piment écrasé ? Diminuez au moins la cadence car un plat trop épicé et pimenté peut causer en été une inflammation urinaire et entraà®ner une infection. Par contre, consommez des salades sans modération. s’habiller léger. Pour supporter la chaleur, il est conseillé de porter des vêtements amples, légers, dans des tons clairs. Oubliez le noir : le blanc est la couleur idéale. Lorsque la chaleur est insupportable, bannissez les habits en tissus épais. Privilégiez plutôt les matières qui laissent passer l’air. Le lin en est l’exemple type. Vous pouvez porter des casquettes, des chapeaux et des lunettes de soleil pour éviter une insolation. De l’air…Climatiseur, ventilateur, fenêtres ouvertes… Tous les moyens sont bons pour avoir de l’air frais. Le plus simple, C’’est d’éviter les expositions au soleil. Il faut protéger votre tête et vos yeux surtout. A bon entendeur…

Températures : Kayes sous une forte canicule

Comme d’ailleurs, beaucoup d’autres localités du pays, Kayes situé au sud du pays, vit sous forte canicule. Selon le quotidien national (Essor). « Il fait chaud ! », est la phrase qui revient dans toutes les bouches à  Kayes. Un quotidien difficile A Kayes, en cette période de canicule, les kayésiens dans la majorité, évitent de circuler entre 12 et 16 heures au risque d’être exposés à  un soleil brûlant. C’’est pourquoi dans cette intervalle de temps, les activités tournent au ralenti. Partout dans la ville, on voit des gens torse nu et munis d’éventails sous les hangars et devant les boutiques. Mamoutou Sissoko commerçant de son état se plaint d’avoir peu de clients durant la pause. Et explique que bon nombre de chefs de familles interdissent à  leurs proches de s’exposer au soleil. Amadou Guirou est un « pousse-pousse man » qui se plaint de maux de têtes constants. A 14 heures, un soleil de plomb dans la cité des rails A cette heure, à  cette heure, les rues sont désertées et le vent brûlant et sec balaie la ville. Toutes les activités sont paralysées. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes d’un certain âge qui se promènent peu vêtues. En général, les activités ne reprennent qu’aux environs de 16h, lorsque les températures sont moins tenables. Cette canicule étouffante a commencé vers le début du mois d’avril. Climatiseurs, ventilateurs, frigidaires, T-shirts, casquettes, éventails, entre autres, sont devenus des marchandises très prisées. « Le malheur des uns, faisant le bonheur des autres », les vendeurs de glace, de sachets d’eau fraà®che et autres jus de fruit se frottent les mains. Ils sont assaillis à  longueur de journée par une clientèle qui veut étancher sa soif inextinguible. Les vendeurs de glace, d’eau fraà®che voient ainsi leurs revenus tripler. La canicule rend les Kayesiens noctambules Les moyens manquent pour dormir sous le climatiseur et l’écrasante majorité de la population de Kayes transforme les cours de leurs maisons en vastes dortoirs. Actuellement, il est impossible de dormir dans les chambres, C’’est pourquoi les gens s’attardent dans les rues jusqu’à  des heures très avancées de la nuit, avant de regagner leurs domiciles. Là  bas aussi, les gens dorment à  ciel ouvert sur les nattes, les matelas, on dirait un camp de réfugiés. Autre caractéristique locale : la canicule s’empare de Kayes dès les premières heures du matin. Le citoyen « lambda » se douche deux à  trois fois par jour, mouille ses habits, arrose les lieux de causerie, la cour de la maison pour essayer de réduire l’effet de la chaleur ou se donner une trompeuse impression de fraà®cheur. Des agents des services publics se retranchent dans leurs bureaux o๠ils restent souvent longtemps après les heures de travail. Tout simplement à  cause de la climatisation. Le fleuve Sénégal est actuellement l’endroit le plus fréquenté par les Kayésiens. Hommes, femmes et jeunes se baignent tous dans ce petit paradis à  Kayes.

Période de chaleur : les bébés exposés à la déshydratation

En cette période de forte chaleur les gens transpirent abondamment et un besoin de soif s’installe. Plus que tous, les enfants sont particulièrement exposés car ils ne peuvent exprimer leur besoin en eau comme les adultes. Ce qui fait dire au Dr. Abdoul A Diakité, d’assister les enfants en cette période de forte chaleur. « Vous devez être extrêmement vigilants pour éviter une déshydratation de l’enfant qui peut s’avérer fatale pour lui ». Les signes d’un coup de chaleur Aux dires du Dr. Diakité, les signes d’un coup de chaleur sont entre autres : l’élévation de la température, la fièvre, la respiration élevée, la déshydratation, la diarrhée etc. « Votre bébé peut montrer des signes de mauvaise humeur à  cause de la chaleur, et c’est tout à  fait normal. Mais si vous constatez qu’il a de la fièvre, cela peut être le premier signe d’une déshydratation. Si elle reste légère et qu’elle ne s’accompagne d’aucun autre signe inhabituel, alors il vous suffit de lui donner beaucoup d’eau à  boire par petites quantités et de le maintenir au frais. Par contre, si la fièvre est élevée (au-dessus de 38°C) ou qu’elle s’accompagne de diarrhées importantes, de vomissements, de toux ou d’un état comateux, vous devez aller aux urgences le plus vite possible car ce sont les signes d’une déshydratation importante. Par ailleurs d’autres maladies sont favorisées par la chaleur tels que la méningite, le saignement du nez (épitaxies) », a ajouté le Docteur. Le corps d’un bébé est constitué à  90 % d’eau s’exprimant sur le besoin de l’organisme d’un enfant en eau, Dr. Diakité nous enseigne que le corps d’un enfant de moins de 2 ans est constitué de 90 % d’eau comparativement à  l’adulte qui n’a que 30 % d’eau dans l’organisme. Vu la quantité importante d’eau dans l’organisme de l’enfant, un besoin énorme en eau est constant chez lui. « Il n’y a pas de vie ni de santé sans eau. La canicule nous rappelle que le manque d’eau et la chaleur conjugués ont des conséquences graves pour notre santé, voire mortelles ». Surtout qu’en ce début de chaleur les cas de déshydratation sont majorés au niveau des consultations. « Nous recevons beaucoup de cas actuellement qui sont dus à  la déshydratation, l’évanouissement de l’enfant par confinement (enfermé l’enfant dans un lieu non aéré tel que les véhicules aux vitres hermétiquement fermées sans climatiseur). Contre la chaleur : donner à  boire, boire et reboire aux enfants Le moyen le plus efficace de préserver son bébé de la chaleur est de s’assurer qu’il est bien hydraté. Pour cela, donner lui à  boire toutes les demi-heures, plus souvent si vous voyez qu’il a très soif à  chaque fois que vous le lui donnez. « Les bébés peuvent se déshydrater très vite, et quelques heures sans eau peuvent suffire à  mettre leur vie en danger. En cette période caniculaire, évitez d’exposer les enfants sous le soleil, et humidifier la cour en eau avant de la balayer».

Canicule à Bamako : A qui profite la chaleur ?

Bamako, ville des trois caà¯mans, à  l’instar des autres villes de l’intérieur et même de la sous région, connaà®t actuellement une grosse vague de chaleur. Et ce, depuis déjà  quelques semaines. Les températures montent souvent jusqu’à  45°C. Face à  cette situation, l’on peut facilement imaginer que les populations adoptent de nouveaux comportements pour atténuer, du moins mieux supporter les effets de cette chaleur. Boire à  tout prix Ces changements de comportement concernent les modes vestimentaires, une plus grande consommation d’eau et de boisson fraà®che. A cela s’ajoutent l’utilisation de climatiseurs et autres ventilateurs et la fréquentation de piscines et plages … Comme on peut le constater, si la chaleur peut être pénible pour nombre de personnes, elle peut être une opportunité pour d’autres pour faire des affaires et donc d’en tirer profit. Nous nous sommes intéressés aux vendeurs de climatiseur, ventilateur, d’eau et de boisson fraà®che. De même qu’à  la société Energie Du Mali (EDM SA). A fond la clim ! Interrogé, le commerçant et vendeur de climatiseur Ismaà¯la Sylla des Etablissements Sylla Distribution, nous a révélé que la demande des clims a triplé en cette période comparativement aux autres saisons (saison froide, hivernage). Pour lui, le climatiseur ne doit pas être considéré comme un luxe, mais une nécessité. Pour qu’un plus grand nombre de maliens puissent s’en procurer, Ismaà¯la Sylla demande à  l’EDM de baisser le coût de l’électricité. Le plus difficile, a-t-il estimé, n’est pas d’acheter un clim mais de pouvoir payer ses factures d’électricités. D’après notre interlocuteur, il y a même actuellement une rupture de stock des congélateurs sur le marché, tant la demande est forte. A noter que le prix d’un climatiseur varie selon la puissance, la marque et la qualité. Le prix des clims simple oscille entre 175 000 FCFA et 450 000 FCFA. Tandis que celui des clims armoires va de 900 000 FCFA à  5 000 000 FCFA. Cette même tendance de demande forte concerne les ventilateurs, les boissons, qui ont vu leur vente booster, face aux besoins accrus des consommateurs. Les factures d’eau et électricité s’envolent Si les populations trouvent du confort et du réconfort en utilisant ces commodités, elles doivent s’attendre à  être impactées au niveau de leur facture d’eau et d’électricité. A priori, on pourrait penser que la société EDM SA tire profit de cette situation. « Non, la chaleur ne profite pas à  l’EDM, au contraire chaque abonné nous coûte plus cher depuis bientôt cinq ans » nous a répondu le Directeur à  la Communisation de l’entreprise, Tiona Mathieu Koné. Et d’expliquer que la capacité des barrages de Manantali et Sélingué est saturée. Ce qui oblige la société à  marcher sur le thermique en faisant fonctionner des groupes électrogènes avec du gazoil. Toute chose qui coûte encore plus cher. Consommer intelligent Toujours selon Koné, le 5 mars 2010 sur le réseau interconnecté qui aliment 19 villes, la consommation de pointe était de 172 mégawatts, la société a constaté une augmentation de 14% par rapport à  2009. Cela s’explique par le fait que la chaleur est venue un peu plus tôt que prévu et le nombre de consommateur a aussi augmenté. Concernant l’eau, a-t-il poursuivi, notre ville a un besoin de 200 000 m3 c’est-à -dire 200 millions de litres d’eau par jour. Mais on ne peut dépasser 170 000 m3 soit 170 millions de litres d’eau par jour, a reconnu Tiona. La solution réside dans la sensibilisation pour l’économie d’eau et d’électricité. Seul le comportement de chacun pourra faire en sorte que le maximum de maliens ait accès à  l’eau et à  l’électricité, a-t-il laissé entendre.